SMART BOURSE - Planète marché(s) du jeudi 8 juin 2023

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Jeudi 8 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Christophe Dehondt (Gérant obligataire, CPR Asset Management) , Yves Maillot (Président, YAM Capital) et Frédéric Rozier (Co-responsable de la gestion de portefeuille, Mirabaud)

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Transcription
00:00 [Musique]
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Frédéric Rosier est avec nous, co-responsable de la gestion de portefeuille chez Mirabeau.
00:16 Bonsoir Frédéric.
00:17 Bonsoir Grégory.
00:18 Merci d'être là. Merci à Yves Maillot de nous accompagner également.
00:20 Bonsoir Yves.
00:21 Bonsoir Grégory.
00:22 Vous êtes le président de YAM Capital et à nos côtés en plateau Christophe de Honte,
00:25 gérant obligataire chez CPR Asset Management.
00:27 Bonsoir Christophe.
00:28 Bonsoir Grégory.
00:29 Merci beaucoup d'être avec nous et ravi de vous accueillir autour de cette table pour parler politique monétaire.
00:35 Peut-être pour commencer, Christophe, effectivement on est à une semaine des décisions de la Fed et de la Banque Centrale Européenne
00:42 avec toute cette conversation de marché autour du concept de pause,
00:47 un concept alors qu'il a été déjà passablement révisé depuis qu'il a été signalé par Jérôme Powell,
00:53 il y a un mois maintenant, au début du mois de mai à l'occasion de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine,
01:00 un concept qui a été encore même peut-être un peu plus fragilisé depuis quelques jours,
01:04 depuis hier notamment quand on a vu la Banque du Canada,
01:07 après plusieurs mois de statu quo, être obligé de repartir de l'avant en matière de restrictions monétaires.
01:13 Oui. Donc c'était un peu la surprise au début de semaine,
01:16 cette remontée de taux au Canada, en Australie, avec des tensions qui se recréent maintenant sur les taux courts américains,
01:24 on l'a vu avec le repricing des hausses probables la semaine prochaine sur la Réserve fédérale.
01:30 Donc aujourd'hui on est à peu près à 30% de probabilité d'une hausse de 25 BP estimée par les marchés.
01:36 Donc ça ce serait pour la semaine prochaine, mercredi prochain réunion de la Fed.
01:40 Chez CEPER on pense que globalement la Fed devrait être en statu quo,
01:44 étant donné qu'on aurait plus d'informations pour la prochaine réunion qui se tiendrait en juillet.
01:50 On aurait donc deux chiffres d'inflation, l'inflation ce sera aussi la semaine prochaine aux Etats-Unis,
01:54 et on aurait l'inflation de juillet plus le rapport sur l'emploi de juin qui tomberait début juillet.
01:58 Donc ça permettrait à la Fed d'avoir un peu plus d'éléments,
02:01 sachant qu'en même temps elle fait un quantitatif tightening qui va être assez agressif en juin.
02:06 Ça retire des liquidités du marché, elle va peut-être se donner le temps de regarder un peu l'impact
02:11 sur l'ensemble des marchés avant de continuer ses offres de taux.
02:15 Sur l'inflation effectivement, alors le chiffre sera publié mardi je crois si je ne dis pas de bêtises,
02:20 début de semaine prochaine, donc l'inflation du mois de mai,
02:25 le rapport sur l'inflation du mois de mai aux Etats-Unis
02:28 pendant le comité de politique monétaire de la réserve fédérale américaine.
02:31 On peut imaginer avec les indicateurs avancés qu'on peut avoir,
02:35 avec la logique d'effet de base aussi, que la tendance continue de marquer une étape à la baisse
02:42 en matière d'inflation aux Etats-Unis ?
02:44 Mécaniquement avec l'effet de base, on devrait avoir l'inflation globale qui continue de décroître.
02:48 Là on est autour de 4,9%, sur la publication du chiffre de mai on devrait tomber autour de 4,2%.
02:56 Maintenant les inquiétudes c'est effectivement si cette inflation décroît moins vite que ce que devra faire la Fed.
03:02 Est-ce qu'elle va être un peu plus au quiche ou pas ?
03:05 Ça va être plus compliqué dans un contexte où l'inflation reste plutôt orientée,
03:11 déjà elle est au-dessus de sa target banque centrale, elle est au-dessus de 2%,
03:16 on est largement au-dessus, on est quasiment à 5%, donc on va décroître.
03:20 D'ici la fin d'année cette inflation devrait continuer sa décrue et passer sous les 3%,
03:25 donc aux Etats-Unis on serait sous les 3%.
03:28 Mais il faut aussi regarder l'évolution de l'inflation core, hors alimentation et énergie,
03:33 et cette inflation core met un peu plus de temps à décroître.
03:37 Est-ce que c'est juste une question de temps à ce stade Frédéric ?
03:40 Ou est-ce que la question du niveau de restriction monétaire,
03:43 qui a déjà été embarqué, 500 points de base, dose de temps en 14 mois pour la Fed,
03:47 est-ce que cette question reste encore ouverte ?
03:50 En tout cas sur les marchés il y a une sensibilité clairement.
03:54 Il y a une sensibilité, vous l'avez évoqué, mais depuis 2-3 jours on voit que cette interrogation
04:00 suscitée par la réaction de la Banque centrale canadienne sur pause,
04:05 pause, pas pause, est-ce qu'il y a pause, est-ce que ce n'est pas 25 ou 50 derrière,
04:10 ce genre de questionnements qui se sont rajoutés un petit peu,
04:14 a provoqué un petit mouvement significatif depuis 2-3 jours sur les marchés américains notamment,
04:22 mais un peu d'impact sur les marchés européens avec, oui effectivement,
04:26 peut-être que la croissance va tenir aux Etats-Unis,
04:30 que les valeurs de croissance qui ont fortement monté
04:33 ne sont pas forcément compatibles avec une trajectoire encore de hausse des taux,
04:37 et ça a provoqué une rotation sectorielle, un virage à 180 degrés.
04:43 C'est assez rare quand même, la séance d'hier était quand même assez particulière,
04:47 je ne vais pas me souvenir d'avoir ce truc-là.
04:49 On a perdu en gros les 4 GAFA qui ont perdu entre 3 et 4%,
04:53 et le reste était plutôt stable, ce qui est assez étonnant,
04:56 et d'ailleurs les indices ne se sont pas non plus effondrés,
04:58 alors qu'on avait quand même ces valeurs-là qui avaient fortement chuté.
05:02 Donc ça montre aussi que tout le mouvement a été bien sûr impacté par l'intelligence artificielle,
05:08 mais également par des anticipations sur les taux d'intérêt.
05:13 Et voilà, ce sont des réactions qui sont des réactions très court terme honnêtement,
05:18 qui peuvent être mises en cause dès la semaine prochaine,
05:21 mais on voit que ça quand même, en attendant ça dire,
05:23 oui est-ce que c'est vraiment important, on sait que la trajectoire sera plutôt à la baisse des taux,
05:27 est-ce que c'est pour l'année prochaine, quand on investit c'est quelque part un détail sur le moyen long terme,
05:34 mais on voit quand même que ça a des incidences majeures sur le marché, en tout cas sur le court terme.
05:40 Oui, et puis ça montre que le schéma qui a prévalu jusqu'à présent,
05:44 l'idée de se dire que oui la destination est peut-être une destination vers la récession ou un soft landing, etc.
05:52 Ce voyage de toute façon ne prend que toujours plus de temps d'une certaine manière.
05:58 Et cette incertitude sur les banques centrales a provoqué quand même une discussion,
06:03 plus on avance moins on a de certitudes, c'est assez incroyable.
06:07 Aujourd'hui, vous avez autant de gens qui parient sur une récession qu'un truc un peu flat ou légère croissance.
06:17 Donc il y a une vraie incertitude qui est importante dans nos métiers,
06:22 parce que ce n'est pas du tout la même typologie d'investissement qu'on doit faire.
06:26 Et c'est pour ça que je pense que le message qui sera adressé par la Banque Centrale Américaine,
06:31 au-delà du fait de dire 0,25 est-ce que c'est vraiment important,
06:34 c'est peut-être aussi quelque chose qui va driver peut-être la deuxième partie de l'année
06:38 sur ce qu'on doit faire réellement et notamment sur le marché américain.
06:42 Bon, sur les politiques monétaires à ce stade, Yves, effectivement,
06:46 c'est la petite histoire, c'est le petit bout de la lorgnette,
06:48 est-ce qu'il faut encore faire 25, se mettre en pause, rester en pause, combien de temps, etc.
06:53 On sent bien en tout cas quand même qu'une grosse partie du chemin, si ce n'est l'essentiel, a été fait.
06:58 Ça reste toujours valable aujourd'hui ?
07:01 Si on prend un peu de recul, c'est finalement une question assez accessoire.
07:04 Oui.
07:05 Alors au quotidien, à la semaine, effectivement, on voit des mouvements de balancier très très puissants,
07:10 d'autant qu'on a eu sur le secteur technologique quand même des performances assez spectaculaires,
07:15 en particulier sur certains titres.
07:17 Donc ce qui vient d'être mentionné est assez logique aussi,
07:20 on a des effets de rétro, de retour à une forme de moyenne ou de tendance,
07:24 d'ailleurs concernant les technologies, qui me semblent toujours sur un trend très très positif.
07:29 Donc si on prend un peu de recul, ce qui compte,
07:32 alors les gérants à plus court terme sur le marché, les investisseurs sont tous un peu gênés,
07:37 il y a beaucoup d'inconfort parce qu'on sent bien la sensibilité justement,
07:41 pas seulement au niveau des taux et au niveau de la rapidité des tightening,
07:45 enfin de tout ce qui concerne la politique monétaire,
07:47 mais surtout à la perception qu'a le marché de ce que pourraient faire ou comprendre les banques centrales.
07:53 Force est de constater que depuis deux ans, ils ont été quand même systématiquement et notoirement à contre-temps.
08:00 Donc on se dit, est-ce qu'une erreur de politique monétaire,
08:04 en tout cas des actions de politique monétaire qui seraient encore un petit peu trop tardives dans le cycle,
08:11 ne vont pas pervurer et finalement générer des mouvements de marché de retour dans le sens un peu trop brutaux.
08:19 Et donc il faut gérer avec ça quelque part.
08:21 Mais l'erreur à ce stade c'est quoi Yves ?
08:23 L'erreur ce serait d'être trop frileux, d'enclencher un 25 BP la semaine prochaine ou en juillet ?
08:32 Ou l'erreur ce serait de rester un peu dans le biais de confirmation des derniers mois,
08:37 de se dire non non mais c'est l'inflation toujours, la lutte contre l'inflation doit prévaloir sur tout le reste ?
08:43 Ce serait quoi l'erreur à ce stade ?
08:45 Je vais vous décevoir Grégoire, j'en sais rien, parce que justement moi aussi je suis dans l'inconfort.
08:49 Est-ce que l'inflation structurelle qui s'est enclenchée il y a un an va perdurer ? Dans quelle amplitude ?
08:56 C'est assez compliqué en l'état actuel des choses.
08:58 On voit un net mouvement de décélération de l'inflation et qu'on peut se dire qu'à horizon de 12 mois,
09:03 il est logique que les banques centrales fassent une pause.
09:06 Voir si l'activité économique commence à donner des signes un peu plus négatifs,
09:11 comme ça commence à être le cas, de commencer à baisser un peu la garde.
09:14 Pour l'instant, ce n'est pas tellement le discours qu'on a eu, en particulier de la BCE, qui elle-même est partie très en retard.
09:20 Il faut se souvenir que tout ça n'a démarré qu'il y a moins d'un an.
09:24 Oui, bien sûr.
09:25 Donc voilà, on est dans ce moment-là.
09:27 Tout va très très vite, le marché est un animal très rapide, etc.
09:30 Moi je suis personnellement un adepte des politiques de monnaie plutôt forte,
09:35 mais on est allé très très loin depuis 15-20 ans.
09:38 Donc là, il s'agit de gérer aussi une conjoncture et de ne pas faire n'importe quoi à contre-temps.
09:43 Donc voilà un peu la problématique.
09:45 Et il faut essayer de deviner ce que vont faire de bien ou pas bien,
09:49 et de ce que va être la teneur du discours.
09:51 C'est aussi ça, le challenge du marché à plus court terme.
09:55 Après, les fondamentaux sont là, les tendances fondamentales, les tendances sectorielles,
10:00 le changement de technologie, tout ça.
10:02 Mais là, c'est sur un temps beaucoup plus long.
10:05 Oui, même si beaucoup se jouent dès aujourd'hui sur ce thème nouveau de l'IA générative.
10:11 Sur la partie européenne, Christophe, on a vu, et ça a marqué quand même les esprits,
10:16 la publication des estimations d'inflation pour le mois de mai en zone euro,
10:21 avec là une vraie marche à la baisse, qui était prise comme un signal évidemment encourageant de ce point de vue-là.
10:28 Du point de vue des autorités monétaires, Christine Lagarde,
10:31 on ne veut certainement pas décrire ce point d'inflation comme le début d'une tendance.
10:39 Mais quand on est gérant obligataire, quand on est dans le marché,
10:42 et qu'on n'a pas forcément la même retenue de parole que les banques centrales,
10:48 est-ce que oui, c'est le début d'une tendance des inflationnistes en Europe ?
10:52 La banque centrale européenne a commencé à ralentir ses hausses d'auto.
10:56 Elle était à 50 BP ou 75 BP, elle est passée à 50, 25.
11:00 Maintenant, pour la semaine prochaine, il n'y a aucun suspense.
11:03 Le marché s'attend quasiment à 100% de probabilité d'une hausse de 25 BP.
11:08 On ne sait pas à quel point elle sera actée.
11:10 La question va venir pour les prochaines séances.
11:14 On pense que globalement en juillet, il devrait y avoir 25 supplémentaires.
11:18 C'est à peu près le discours de Lagarde.
11:20 Elle pense qu'il y aura encore des hausses avant de se donner du temps pour voir
11:24 est-ce qu'elle continue ou pas les hausses d'auto.
11:26 Donc ça, c'est un premier point.
11:28 Le marché l'a complètement intégré, donc il n'y a pas beaucoup de surprises.
11:31 La surprise viendrait plutôt du retrait de l'équité qui va commencer à partir du mois de juin
11:36 avec les 27 milliards de non-réinvestissement des titres arrivant en échéance.
11:42 Ce retrait de l'équité, on l'a en Europe et on l'aura aussi aux Etats-Unis.
11:47 On a été habitué ces dernières années à avoir un océan de l'équité avec des banques centrales
11:51 qui mettaient sur la table à chaque fois à peu près 100 milliards par mois de l'équité.
11:57 Aujourd'hui, on va avoir ce retrait de l'équité qui va peut-être avoir un impact plus fort
12:01 que juste 25 BP de hausse.
12:03 Si on prend la liquidité banque centrale offerte par les 3, 4, 5 plus grandes banques centrales du monde,
12:10 finalement, jusqu'à il y a quelques mois, je ne dis pas qu'il y avait beaucoup plus de liquidité,
12:15 mais en tout cas, il n'y avait pas vraiment de retrait de liquidité.
12:18 Non, il n'y avait pas de retrait.
12:19 Là, le gros retrait va venir des Etats-Unis avec les émissions de T-Bills, les titres courts américains.
12:25 Le Trésor va essayer de reconstituer son compte auprès de la Réserve fédérale
12:30 et c'est à peu près 400 milliards de liquidités qui vont être retirées du marché en juin.
12:38 Et si on regarde à peu près le planning d'émissions jusqu'à la fin 2023 aux Etats-Unis,
12:43 il y a à peu près encore sur le deuxième semestre 700 milliards de T-Bills qui vont être émis,
12:51 que de la liquidité qui risque d'être retirée.
12:53 Une bonne partie de ces émissions, c'est tout ce qui n'a pas pu être émis par le Trésor
12:58 justement depuis le début de l'année avec le plafond de la dette.
13:02 Mais c'est vrai que ça crée quand même une situation de déluge d'émissions dans un temps assez raccourci.
13:07 C'est assez inédit visiblement de ce point de vue-là, Christophe.
13:10 Donc c'est une forme d'expérience au regard du calendrier,
13:15 de l'appétit que pourraient avoir les investisseurs par rapport aux prix proposés,
13:19 aux rendements qui vont être proposés sur ces papiers.
13:22 Ça passe facilement, ça peut être compliqué, ça peut créer un peu de stress et des poches de stress spécifiques ?
13:29 En début de semaine, ça s'est plutôt bien passé parce que les titres émis avaient des taux de rendement
13:35 qui étaient supérieurs au taux de refinancement après la Fed.
13:38 Donc ça s'est plutôt bien passé.
13:40 Maintenant, à voir comment vont se passer les suivants, les prochaines émissions.
13:45 Et là, c'est l'incertitude la plus totale parce qu'on a abandonné,
13:50 et on va se demander à combien va être refinancé le trésor.
13:54 Et là, ça va être un vrai sujet, sachant que ces liquidités viennent retirer de la liquidité auprès des petites banques essentiellement.
14:00 Oui, c'est ça.
14:02 Et on a vu justement en février ce coup qu'on pouvait avoir sur le marché.
14:06 On a un peu, enfin on n'a pas oublié, mais c'est moins présent dans l'actualité quotidienne de marché,
14:12 effectivement, le stress bancaire.
14:14 Mais là, il y a un vrai sujet ou un vrai risque de remettre une pression sur les banques,
14:20 sur les banques régionales, sur les dépôts des déposants dans ces banques.
14:26 On risque effectivement d'avoir un retrait de liquidités sur les banques les plus fragiles.
14:30 Frédéric ?
14:32 Je pense au gérant qui a 15 ans d'expérience, qui a peut-être jamais connu
14:35 la contraction des bilans de Banque Centrale.
14:39 Je ne savais pas que c'était possible.
14:41 Il faut que ça arrive, effectivement. Ça, c'est la grosse incertitude,
14:44 parce que les bilans sont tirés comme jamais et qu'on n'a pas d'expérience, un peu le Japon,
14:48 sur qu'est-ce qu'un bilan. Alors, il y a eu des petites tentatives,
14:52 mais là, vu l'ampleur du resserrement...
14:55 Il y a beaucoup d'événements qui vont se conjuguer,
14:57 les réductions de bilan passives vont augmenter, etc.
15:01 Donc, ça va être là, pour le coup. Je ne vais pas dire que ça va être marrant,
15:05 mais il va falloir un peu comprendre comment ça fonctionne réellement.
15:09 Autant, on a eu des mouvements sur les taux globaux,
15:13 on a eu des bilans qui se sont alourdis de manière globale.
15:18 Maintenant, si tout le monde resserre au même moment,
15:21 c'est vrai que c'est un vrai questionnement,
15:23 parce que, honnêtement, je ne sais pas du tout comment ça peut se passer.
15:26 Je n'arrive pas à comprendre, par exemple, sur les marchés interbancaires,
15:29 quelles conséquences ça peut avoir.
15:31 Est-ce qu'on va pas avoir des poches de stress à un moment donné ?
15:34 C'est typiquement... On va tester.
15:36 Ce qui est bien, c'est qu'on a vu par le passé, que ce soit en Angleterre aussi,
15:40 qu'il y a eu des mouvements de politique un peu incontrôlés,
15:43 on a vu que ça avait stressé, qu'il a fallu 24h-48h pour mettre les choses en ordre.
15:48 Donc, peut-être qu'on aura effectivement, pendant...
15:51 des trucs qui ne vont pas passer à un moment donné,
15:53 des stresses, des banques qui n'arrivent pas à se refinancer sur court terme,
15:56 on ne se prêtera peut-être plus entre nous,
15:58 et ça va générer de la volatilité sur 24h-48h.
16:01 Je pense qu'on n'est pas à l'abri d'avoir ce genre d'accident
16:04 dans les prochains mois.
16:06 Ce n'est pas dramatique, mais ça peut provoquer aussi des pauses
16:11 ou un reconditionnement du resserrement monétaire.
16:15 - Oui, mais c'est un bon argument pour la fête, dans l'idée d'une pause.
16:19 - Oui, tout à fait.
16:20 - On va quand même voir comment ça se passe.
16:22 - Voilà, on va voir comment ça se passe, et puis si ça fonctionne, on continue.
16:26 - Oui, parce que c'est ce que vous disiez, Christophe,
16:28 ces retraits de liquidités, ça équivaut...
16:30 On peut les mettre en équivalence avec 25-50 BP de hausse d'auto supplémentaire.
16:35 C'est ça l'idée.
16:37 - Oui, et puis on voit que l'impact de février sur SVB a eu comme conséquence
16:42 un resserrement des conditions de liquidités.
16:45 Maintenant, ça reste d'actualité.
16:48 C'est beaucoup plus difficile pour les entreprises et pour les ménages
16:52 d'avoir des prêts auprès des banques.
16:54 Donc tout ça devrait s'amplifier.
16:57 - Le resserrement des conditions de crédit va continuer.
17:00 - Oui, ce qui est l'objectif.
17:02 - Oui, bien sûr.
17:03 - Non mais si, si, après, il faut que ce soit le plus ordonné possible.
17:09 Évidemment, c'est le but pour les banques centrales,
17:12 mais la politique monétaire passe par, à un moment, la restriction du crédit.
17:15 - Sachant que lorsqu'on a vu l'événement de février avec SVB,
17:19 l'impact sur les taux a été assez costaud quand même.
17:23 On a eu un mouvement aussi bien à la baisse des taux
17:26 et des mouvements de courbe qui ont été assez violents,
17:29 aussi bien sur les US que la zone euro.
17:32 En fonction de comment ça avait évolué, je rejoins tout à fait Frédéric,
17:36 on n'a pas trop d'idées de...
17:38 - Non, non, mais...
17:40 - Et le marché price déjà avec sa courbe des taux aux US
17:43 qui est totalement inversée entre le 2,10 et le 2,10 ans.
17:46 On a quand même un pricing qui est assez fort pour se dire
17:50 "On va vers une récession même si Jérôme Pohel n'a pas l'air d'y croire".
17:55 - Non, il l'a dit effectivement il y a encore un mois.
17:58 Il endosse personnellement l'idée qu'on peut encore éviter la récession,
18:03 qu'il y a peut-être une probabilité supérieure qu'il n'y ait pas de récession,
18:06 une probabilité d'avoir une récession.
18:08 Bon, après il faut définir les horizons, etc.
18:10 Il y aura forcément un jour à nouveau une récession.
18:13 On le voit d'ailleurs en Europe, on n'est pas à l'abri à travers le jeu des révisions,
18:17 d'avoir techniquement des PIB un peu négatifs.
18:20 Est-ce que ça fait pour autant une récession ?
18:23 Ou en tout cas, est-ce que ce qu'on observe en zone euro,
18:26 sous l'effet des révisions et de pays spécifiques,
18:28 l'Allemagne bien sûr, mais l'Irlande aussi,
18:30 la volatilité du PIB irlandais liée aux recettes fiscales
18:33 est quand même majeure dans cette histoire de révision du PIB zone euro.
18:37 Est-ce que sur le plan macro, c'est l'idée d'une récession ?
18:41 Est-ce que ça change la lecture macro qu'on avait de la zone euro jusqu'à présent ?
18:44 Non, et puis en même temps, on évoquait la Chine qui desserrait un peu ses conditions.
18:49 On peut avoir une zone qui ralentit un peu.
18:52 Alors, est-ce qu'on va être à 0, -0,10 sur la croissance ?
18:56 Ou aidé par les pays qui desserrent en ce moment.
18:59 Donc, on peut avoir un transfert de croissance temporaire
19:03 et puis avoir une tenue de l'économie mondiale qui tient plutôt bien.
19:07 Le dollar qui remonte depuis le mois de mai,
19:11 depuis le moment où Jérôme Powell nous a signalé l'idée d'une pause,
19:14 on voit le dollar qui rebondit.
19:16 C'est toujours un sujet intéressant.
19:18 Ça l'est peut-être particulièrement en ce moment, je ne sais pas.
19:21 Yves, il y a une réflexion, un commentaire particulier sur ce qu'on a pu voir ?
19:25 Il y a une montée en particulier contre l'euro,
19:28 qui est une zone qui, comme on vient le dire,
19:30 peut-être pas récession, mais on a sur le premier trimestre une baisse du PIB,
19:34 ce qui n'est pas du tout le cas encore aux Etats-Unis.
19:37 Donc rien que ça peut expliquer cette fermeté du dollar.
19:42 Je ne vois pas tellement d'autres raisons non plus.
19:45 Il y a eu aussi le phénomène de stress très ponctuel qu'on a eu au cours du premier trimestre,
19:49 qui, on le sait, favorise aussi toujours le billet vert.
19:53 Voilà les explications.
19:54 Mais c'est vrai qu'au-delà de ça, ça peut paraître un peu étrange, effectivement.
20:00 Devant nous, il y a des facteurs qui plaident plutôt pour une baisse du dollar ?
20:03 Voilà.
20:04 D'accord.
20:05 C'est ce que je voulais dire.
20:06 Ce n'est pas le cas jusqu'à présent pour les raisons mentionnées.
20:08 Non.
20:09 Il y a un petit contre-biais quand même depuis quelques semaines sur l'idée de la grande baisse du dollar,
20:13 avec la pause de la Fed qui débouchera à un moment sur des baisses de taux, etc.
20:17 Tout ça a été un peu mis en parenthèse.
20:19 Si vous vous souvenez, la dernière fois que je suis venu ici,
20:21 c'était un sujet d'ailleurs sur le dollar, trajectoire du dollar,
20:25 et je plaidais effectivement pour un rebond tout court terme du dollar,
20:29 parce que c'est des cycles, on connaît très bien le mode de fluctuation du dollar,
20:33 ce n'est pas nouveau, et qu'on a un point pivot qui doit tourner aux alentours de 1,15, 1,17.
20:38 Donc là, on a des facteurs techniques qui sont liés à des différentiels de croissance,
20:45 qui sont liés aussi peut-être à des anticipations sur les taux d'intérêt.
20:50 A noter par exemple qu'il y a des monnaies comme la livre,
20:52 aussi parce que la trajectoire de remontée de taux est peut-être plus forte encore au niveau de la BOE,
20:57 qui remonte aussi, c'est vraiment une faiblesse.
21:01 Par contre, on voit bien que c'est très désordonné les devises,
21:04 qu'on voit ce qui se passe en Turquie par exemple, il y a des fluctuations.
21:07 Un crack, c'est un vrai crack sur la lire turquielle.
21:10 Oui, j'ai l'impression que c'est tous les 10 ans.
21:12 Oui, mais ce n'est pas nouveau.
21:14 C'est vrai qu'il y a une sorte de bouleversement sur les monnaies,
21:17 on essaie de trouver un point d'équilibre,
21:19 on sent quand même cette un peu stabilisée autour de l'euro dollar malgré la remontée du dollar.
21:25 C'est ce que je disais, depuis quelques jours, on sent quand même des intérêts un peu différents dans le marché peut-être.
21:30 Voilà, puis après il y a ce spate de dédollarisation sur lequel on amplifie un petit peu,
21:34 parce que ça donne un peu de littérature.
21:37 Honnêtement, je pense qu'il faut être honnête,
21:40 je pense qu'on n'a pas vraiment d'idée de la trajectoire.
21:44 La tendance voudrait que dans le cycle, on soit plutôt sur une faiblesse du dollar vers 1,15, 1,17,
21:49 qui sera à peu près la trajectoire de la PPA, la parité des pouvoirs indéfinis.
21:53 Voilà, ça aussi, tant qu'on reste dans ce facteur-là, ce n'est pas très gênant.
21:58 Après, on est dans une phase électorale aux États-Unis aussi.
22:01 On l'a vu avec Trump, c'était souvent des sujets de discussion sur force ou faiblesse du dollar,
22:06 sachant que Trump à l'époque avait changé de foi d'avis.
22:09 Oui, on ne savait plus trop à un moment si c'était pour l'art fort ou s'il fallait faire baisser le dollar.
22:14 Donc, ce n'est pas un sujet majeur, parce que je pense honnêtement que ça devrait être contenu entre 1,05 et éventuellement 1,15.
22:23 Voilà, le gros mouvement a été fait déjà sur le dollar.
22:26 C'est un sujet canalisé, cette histoire du dollar, pour vous aussi, Christophe, chez CPR ?
22:31 Chez CPR, on a deux scénarios de ralentissement modéré de l'économie,
22:37 où les banques centrales montent leurs taux de 25 BP en Europe, et puis une pause du côté de la Fed.
22:44 Et là, on a un dollar qui se maintient plutôt autour de l'indice.
22:47 Ce qu'on voyait au début, mais quoi.
22:50 C'est un autre sérieux central, 70% de probabilité.
22:53 Et le scénario plutôt de risque, c'est le fait que l'inflation tienne un peu plus,
22:58 que les banques centrales aillent un peu plus loin dans leur montée de taux.
23:01 Et là, on a une appréciation du dollar, donc un scénario à 30%, le dollar revient à 0,5.
23:07 Donc à trois mois, on a deux.
23:08 Je comprends, tout dépendra des données, effectivement, dans ce point de vue-là, et des décisions de banques centrales.
23:16 Dans le scénario adverse, l'idée, c'est que les banques centrales sont obligées d'aller plus haut encore que prévu.
23:23 Plus les banques centrales vont haut, plus le risque économique est important à l'arrivée, c'est ça ?
23:27 Exactement.
23:28 Le ralentissement va être un peu plus sévère.
23:30 Plus sévère.
23:31 Et c'est 70-30 ?
23:33 70-30.
23:34 C'est tranché, quand même.
23:35 Il y a un vrai scénario central.
23:37 Il y a une vraie conviction.
23:38 Oui, il y a une vraie conviction à 70% là-dessus.
23:41 Bon, allons-y sur la tech.
23:44 Yves, l'intelligence artificielle générative, qui connaît un buzz, un battage médiatique, comme ça arrive régulièrement.
23:53 C'est ce qu'on se disait avant de commencer, l'IA n'a pas démarré à l'automne dernier avec JGPT.
23:57 Mais il y a cet effet de médiatisation, d'appropriation par le public, avec une vitesse d'adoption de l'outil qui n'a jamais été vue dans l'histoire, etc.
24:09 Et évidemment, ça se retrouve en bourse à un moment ou à un autre.
24:12 On est dans ce moment-là.
24:13 Qu'est-ce qu'on peut dire de la manière dont le marché cristallise cet enthousiasme que seul le marché boursier peut nous apporter ?
24:21 L'essentiel est dit, Grégoire.
24:24 Mais c'est vrai que la caractéristique de ce qui se passe depuis quelques mois, on en avait déjà, je me souviens, parlé il n'y a pas longtemps sur ce plateau,
24:32 c'est que les choses vont très vite, encore plus vite que sur les petites révolutions précédentes, en particulier Internet,
24:43 et même toutes les petites révolutions techniques qu'on a connues entre-temps.
24:47 Et là, la perception du public est dans le vécu quotidien de beaucoup de gens,
24:52 en tout cas qui intègrent dans leurs outils professionnels, dans leurs travaux de tous les jours,
24:58 des professionnels qui intègrent sur des applications spécifiques l'intelligence artificielle,
25:03 les grands de la technologie, du software, qui l'intègrent dans leurs offres.
25:07 Et donc on a une vitesse d'adoption, effectivement, comme on n'a jamais eu jusqu'à présent.
25:12 Donc le phénomène de début de bulle, on va parler comme ça, qui se matérialise sur les valeurs boursières,
25:20 liées de près ou de loin côté matériel ou côté technologie, software, évidemment,
25:27 et d'autant plus justifié que tout ça prend un caractère très très rapide et très universel.
25:34 Voilà, donc tout ça me semble aller finalement répondre à une grande logique.
25:40 Alors jusqu'où vient-on ?
25:41 Et quand vous dites début de bulle, c'est-à-dire qu'est-ce que ça veut dire ?
25:44 C'est un thème qui va prendre beaucoup d'ampleur, qui va embarquer beaucoup plus de secteurs
25:50 que simplement les chips Nvidia et quelques valeurs autour.
25:54 C'est début de bulle, ça veut dire qu'il y a un élargissement de la bulle devant nous ?
25:59 Je dis début de bulle parce qu'on a vu les sociétés les plus impliquées connaître des taux de progression hyper rapides.
26:06 Après, est-ce qu'elles sont survalorisées eux égards à la croissance ?
26:10 On ne sait plus, hein !
26:11 Et au gain de productivité ?
26:12 Ça c'est très compliqué de le dire, j'ai tendance à penser que non.
26:15 Mais c'est la vitesse de progression, d'autant qu'il faut quand même se rappeler, revenir quelques mois en arrière.
26:21 On a des marchés financiers, des marchés actions qui ont commencé à fortement rebondir à partir d'octobre, novembre.
26:27 C'est finalement pas si loin, c'est il y a six mois, dans un contexte où les valeurs technologiques
26:32 avaient connu leur plus mauvaise séquence semestrielle depuis très longtemps.
26:36 Donc là, on a un phénomène de rattrapage qui est d'autant plus fort, qu'on rentre aussi,
26:40 on a la perception de ce phénomène de changement.
26:43 Après, je dirais que la logique, c'est qu'on rentre vraiment en phénomène de bulle,
26:47 c'est-à-dire de survalorisation trop rapide, comme on l'a connu,
26:51 je m'en mémoire très précisément ce qui s'était passé il y a plus de vingt ans avec Internet,
26:57 où finalement, il a fallu attendre après pas mal d'années avant que la réalité perçue,
27:02 anticipée par les valorisations boursières, se retrouve dans la vraie économie.
27:07 Et l'économie et les utilisations de tout à chacun, qui sont même allées au-delà de ce qu'on anticipait à l'époque.
27:14 Voilà. Et donc la logique, c'est qu'on aille même encore beaucoup plus loin sur les Nvidia, les Palantir, etc.
27:22 Sachant que pour ces boîtes-là, contrairement aux dot-com, Nvidia, ce n'est pas une promesse à dix ans de chiffre d'affaires.
27:31 C'est là, dès maintenant, le chiffre d'affaires du T2, c'est 30 à 50% de plus que ce qu'on pouvait signaler il y a trois ou six mois.
27:39 C'est pour ça que je n'ai pas aujourd'hui la sensation qu'on est dans quelque chose de délirant.
27:44 Bien au contraire. Alors je me souviens qu'il y a vingt ans, on parlait d'Internet.
27:47 La société XY, le distributeur, parce qu'il commençait à dire qu'il allait fabriquer son site et peut-être un jour vendre sur Internet,
27:55 c'était l'envolée boursière. On était déjà comme Musk avec Mars. Alors que là, effectivement, on y est déjà sur Mars.
28:05 Je trouve que le marché garde la tête froide. Comme on avait eu le communiqué de Carrefour sur la blockchain,
28:11 nous disant qu'ils utilisaient la blockchain dans la chaîne logistique, ce qui n'a évidemment rien changé au modèle d'affaires de Carrefour.
28:16 Carrefour publie ce matin le même communiqué pour nous dire qu'ils utilisent, mais ils ont raison de le faire, ce n'est pas du tout une critique,
28:22 ils nous disent qu'ils utilisent l'IA génératif, 4GPT, dans les robots conversationnels qu'ils peuvent avoir avec leurs clients
28:29 pour aider à faire nos courses, aider à trouver une recette. Le titre Carrefour ne prend pas 15% sur ce communiqué.
28:36 Vous voyez ce que je veux dire ? Le marché, quand même...
28:39 Parce que justement, ce n'est pas du rêve, c'est de la réalité, précisément. Et on peut le percevoir comme ça.
28:46 C'est aussi peut-être la différence. C'est vrai que le terme "bulle" est peut-être, en tout cas aujourd'hui, inadéquat.
28:53 C'est le début d'une bulle. Oui, parce qu'il y a le phénomène d'exagération, encore une fois.
28:58 Le marché boursier, par nature, peut avoir ce genre d'enthousiasme.
29:02 Et le fait qu'on soit sur le thème "semi-conducteur" aujourd'hui, c'est un thème sur lequel on peut rester positionné, selon vous ?
29:10 Oui, mais alors il faut vraiment l'affaire du stockpicking, parce qu'on sait tous qu'on a des fabricants qui ont des spécialités sectorielles
29:17 et que ce que vend ST Micro Electronics, même si c'est un très bon groupe, ne correspond pas du tout à ce qu'on recherche
29:24 quand on parle des applications liées à l'intelligence artificielle générative.
29:28 Et là, c'est vrai qu'on a un acteur qui est, lui, pour l'instant, positionné, et c'est quasi le seul.
29:34 Donc on est dans une segmentation de l'offre qui est très particulière.
29:39 Bon, Frédéric, vous en avez, comme tout le monde, connu des engouements de marché. Est-ce que celui-là le différencie ?
29:44 C'est un thème, quand même, qui... On comprend que c'est un thème peut-être plus profond, que c'est un thème aussi de long terme,
29:50 qui peut générer des transformations dans nos modes de travail, qui sont déjà perturbés depuis 2-3 ans.
29:58 Donc on a l'impression que c'est quand même un vrai thème qui s'installe, avec ce que ça implique en termes d'univers d'investissement,
30:04 de gagnants, de perdants, sectoriels, etc.
30:09 En début d'année, quand je suis venu ici, j'ai dit qu'il n'y a qu'une chose à faire sur le marché américain, c'est les technos, et notamment les GAFA.
30:16 Par contre, j'avais pas...
30:17 Oubliez Nvidia !
30:18 Non, non, j'avais pas imaginé 30 secondes que ça allait être aussi violent, aussi rapide, et qu'on allait trouver quelque chose d'aussi fort.
30:28 J'ai dit à un confrère, le jour où on parlera de l'intelligence artificielle dans une lessive, c'est que là, on sera vraiment dans le mode bulle.
30:36 Vous voyez qu'à Fourn, on n'en est vraiment pas très très loin.
30:39 La grosse différence, c'est lorsque vous parlez d'intelligence artificielle pour les grands acteurs.
30:44 Je vais vous donner quelques noms pour moi qui sont les plus évidents.
30:46 Bien sûr, Microsoft, Alphabet, Amazon, Adobe, Salesforce.
30:52 Ce sont des gens aujourd'hui qui, finalement, qu'apportent l'intelligence artificielle si ce n'est une optimisation de produits déjà existants,
31:00 une customisation de choses déjà rentables et déjà déployées.
31:06 Quand on parlait de Dotcom, je ne sais pas, il y avait des introductions à l'époque, Père Noël.fr qui voulait révolutionner...
31:11 Comment ça s'appelait ?
31:12 Père Noël.fr.
31:13 Père Noël.fr.
31:14 Qui voulait révolutionner la distribution et tout ça, s'imposer sur le marché mondial.
31:19 Là, on est sur quelque chose de concret.
31:21 On est sur des acteurs qui... Les GAFA ont grosso modo 100 milliards de cash, toutes quasiment 100 milliards de cash.
31:28 Ils ont des modèles hyper rentables et l'intelligence artificielle va rajouter de la rentabilité sur quelque chose déjà existant.
31:35 Définir ce que c'est qu'une bulle, c'est beaucoup plus complexe.
31:40 Parce que là, ce n'est pas un chiffre d'affaires a priori, c'est quelque chose d'existant.
31:45 On le voit immédiatement avec Nvidia.
31:47 Ce qu'on a découvert avec l'intelligence artificielle, c'est bien sûr le véhicule qui va nous faire une exagération boursière.
31:56 Ça peut effectivement nous propulser sur des niveaux relativement élevés.
32:00 Il ne faut pas négliger ce mouvement.
32:02 Là, ce qu'on a vu, c'est effectivement l'hyper concentration de la performance, 10 valeurs qui font le S&P.
32:07 On le voit graphiquement, 10 valeurs cumulées, c'est fait pile-poil la performance du S&P.
32:12 Ça peut nous emmener très loin, ce truc-là.
32:15 La crainte majeure, c'est que ça entraîne des gens qui n'ont rien à y faire.
32:20 C'est ça, peut-être, le plus gros danger, parce que l'intelligence artificielle, ça demande énormément de capex.
32:26 On sait très bien qu'il y a une prime à l'existant, à celui qui est en avance.
32:32 Et ceux qui vont se mettre après, qui vont rater un petit peu le virage, risquent d'être embarqués, concièrement parlant.
32:38 Puis là, ça va faire des dégâts.
32:39 Donc, c'est ça, le plus gros danger.
32:40 Il faut, je pense, toujours être extrêmement sélectif, ne pas se tromper, comme on l'a eu avec le blockchain.
32:47 Effectivement, on a vu des entreprises qui s'appelaient blockchain ou Kirak.
32:50 Mais je ne vois pas cette dérive, justement.
32:52 Je trouve que le marché, encore une fois, exagère beaucoup, mais sur une poignée d'acteurs où c'est très légitime.
32:58 C'est exactement ça.
32:59 Et il n'y a pas, même sur les softwares ou les logiciels, c'est un vrai débat.
33:04 Mais un titre, encore une fois, comme Capgemini, ça fait des mois que le titre baisse.
33:08 Plus le buzz IA monte, plus ces boîtes-là sont attaquées.
33:12 Est-ce que le marché se dit « Attends, je ne suis pas sûr que ces boîtes-là vont être tout de suite gagnantes, ou ça va prendre du temps ? »
33:17 Il va falloir changer les modèles de ces entreprises avant que, peut-être, elles en profitent pleinement.
33:22 Alors que, souvenez-vous, il y a deux ou trois ans, le métaverse, c'était l'inverse.
33:25 Le métaverse, je ne veux pas parler de Cathy, elle a fait son buzz là-dessus, Cathy Wood.
33:31 Les Roblox, vous parliez de GameStop et tout ça.
33:34 Bref, il s'est passé énormément de choses.
33:36 Et on prenait des acteurs, à l'époque déjà, comme Nvidia, qui avaient du business et qui n'avaient pas besoin du métaverse pour exister.
33:43 Et des entreprises qui, structurellement, ne peuvent pas gagner d'argent.
33:46 Et on a pris tout ça.
33:48 Alors aussi parce que les taux d'intérêt étaient à zéro.
33:50 Ça, ça aide aussi dans l'investissement.
33:52 La prise de risque aide effectivement à aller chercher même les nanars.
33:55 Là, le marché, les taux étant beaucoup plus élevés, on est naturellement beaucoup plus sélectif dans notre façon de gérer.
34:02 C'est l'intelligence qui a été provoquée par le contexte monétaire qui nous impose d'être hyper sélectif.
34:08 Et notamment parce que la rentabilité, par exemple, du S&P versus les taux d'intérêt est plutôt négative.
34:15 Donc, ça nous impose, dans la sélection des actions, d'aller chercher les entreprises qui génèrent du cash flow, qui ont un bilan solide.
34:21 Et même sur des thématiques fortes.
34:22 Le plus gros danger, c'est quand des types Roblox ou des choses comme ça partiront à la hausse sur quelque chose où elles n'ont rien à faire.
34:29 Voilà. On en est vraiment très très loin pour l'instant.
34:31 Non, non. Mais attention à la puissance de ce genre de thème.
34:34 Bofa rappelait que pour faire péter la bulle dot-com, ce qui a fait exploser la bulle dot-com, c'est 4% de taux réels.
34:41 Ça a été 3% de taux réels pour la bulle des subprimes.
34:45 Les cryptos, ça a commencé à bien caler.
34:47 FTX, on avait déjà 250 points de base de hausse de taux.
34:51 Là, on a quoi ? 1,5% de taux réels aux Etats-Unis.
34:56 Donc, vu la puissance du thème, il a fallu 4% de taux réels pour la bulle internet.
35:01 On est loin. On est vraiment loin de ça.
35:06 Et ce qui peut provoquer encore 10% par exemple sur le Nasdaq de hausse, ça ne serait pas illogique honnêtement.
35:12 Ce risque existe.
35:13 Oui, c'est un risque pour ceux qui ne sont pas.
35:15 Parce qu'elle a hausse.
35:17 Oui, en l'occurrence, il y a des positionnements qui sont encore vendeurs.
35:20 Comment on peut imaginer la fonction de réaction des régulateurs sur cette technologie IA, IA générative ?
35:26 On a vu déjà beaucoup de prises de parole publiques, de tribunes, etc.
35:30 Londres veut organiser le premier Global Summit sur cette question de la safety, de la régulation de l'IA.
35:36 Dans un monde où tout va plus vite, Yves ?
35:40 Je ne sais pas trop Grégoire.
35:42 Ce que je peux dire, peut-être d'intelligent, je ne suis pas sûr.
35:45 C'est que j'ai l'impression que le sujet est tellement énorme, tellement game changer,
35:51 qu'évidemment ça fait peur à tout le monde et tout le monde veut s'en emparer.
35:55 Alors la réaction naturelle, c'est d'organiser des grands symposiums, conférences, etc.
36:00 Et puis il y a la réponse industrielle où les acteurs présents, ceux qui sont positionnés, essayent de ralentir les autres.
36:07 On a vu les déclarations de Musk, etc.
36:09 En disant "stop stop" parce qu'il a bien vu qu'il avait du retard, il était même dans le projet initialement il y a quelques années.
36:16 Puis ceux qui ont pris de l'avance, essayaient de ralentir de potentiel concurrent.
36:19 Bon ça c'est la position de l'industriel.
36:21 Pour le reste, je pense que c'est encore un peu la panique de ce point de vue-là.
36:26 La panique dans le sens où qu'est-ce que tout ça va pouvoir donner, comment on va essayer de contrôler ça.
36:31 Parce que vraiment tout ça part d'initiatives privées.
36:34 Alors ça demande d'énormes moyens comme ça a été dit.
36:36 Et on sent bien que là on est dans un monde où on veut tout réguler mais tout est compliqué à réguler.
36:42 Et encore plus quelque chose qui va réfléchir de plus en plus à notre place justement.
36:48 Donc je ne sais pas répondre à la question.
36:51 Je pense que personne ne peut.
36:53 Mais voilà un petit peu ce que je peux en dire.
36:56 Non mais on voit que la régulation d'Internet est arrivée assez tardivement.
37:01 Il y a quand même cette idée très américaine de dire "Allez, il y a le laisser faire".
37:04 Il faut que ça prenne son envol, son essor.
37:07 Il faut que cette technologie grandisse, grandisse, grandisse.
37:09 Que les usages arrivent.
37:12 Et puis un jour on a...
37:14 Bon, sauf que quand les groupes font 2000, 3000 milliards de capi,
37:17 qu'ils ont une empreinte mondiale vertigineuse, c'est plus compliqué de venir dire "On va vous réguler".
37:23 On voit qu'avec les cryptos, visiblement aux Etats-Unis, la fonction de réaction est déjà un peu plus rapide.
37:29 Les cryptos existent depuis quelques années mais il y a quand même une...
37:32 En ce moment même d'ailleurs, une campagne assez offensive.
37:35 Oui, oui, oui. Alors la régulation sur les cryptos aux Etats-Unis, le sujet me semble d'une autre nature en fait.
37:42 Il est spécifique à l'environnement américain.
37:46 Il est d'abord parce que le débat juridique sur "Qu'est-ce qu'un actif numérique ?" n'a pas été tranché.
37:51 Est-ce que c'est une valeur mobilière ou pas ? C'est un débat presque de droit boursier.
37:55 Qu'est-ce que c'est ? De ce point de vue-là, l'Europe avance.
37:58 Elle définit ce qu'est un actif numérique.
38:00 Ce qui permet... Il y a plein de problèmes mais qui permettent déjà de résoudre la question.
38:05 Alors qu'aux Etats-Unis, non. Pour des raisons avouables, inavouables, on est dans un imbroglio juridico-politique d'ailleurs.
38:13 En fait, toute cette affaire a beaucoup de ramifications.
38:16 Donc là c'est très compliqué.
38:18 Je distinguerais les éléments d'évolution des technologies, ce qu'on peut en faire
38:24 et ce qu'il se passe sur les plateformes cryptos aux Etats-Unis.
38:30 Christophe, pour finir avec vous, est-ce que l'IA générative sera ou non inflationniste ?
38:36 Est-ce que c'est un game changer pour la productivité ?
38:38 Je ne sais pas si vous avez des réponses là-dessus.
38:40 Non.
38:41 Avec plaisir. Mais est-ce que c'est une conversation qu'on aura un jour, notamment dans les marchés obligataires, au sein des banques centrales ?
38:46 Je pense que les banques centrales regardent ce genre de choses.
38:48 Parce que si forcément ça rajoute de la productivité, ça rajoute de la valorisation action.
38:53 Et ça évite d'avoir plus rapidement une correction boursière et d'avoir à agir plus rapidement.
38:59 Donc ça veut peut-être dire pour les banques centrales des taux qui resteront sur un plateau plus longtemps.
39:04 Si Nasdaq continue de prendre 10% tous les mois, effectivement...
39:09 Non mais le chiffre qui a été donné, et on est toujours dans l'exubérance,
39:13 c'est 7000 milliards de chiffre d'affaires supplémentaires générés par l'intelligence artificielle.
39:18 Donc c'est en gros le PIB de la France et de l'Allemagne cumulés d'ici 2030.
39:22 Si c'est la réalité, il n'y a aucune raison que le marché s'arrête.
39:25 Si c'est vraiment ce qu'on doit arriver sur l'intelligence artificielle, il n'y a aucune raison que ça s'arrête là.
39:30 De toute façon le marché ne va pas s'arrêter.
39:33 Non mais de monter ou de baisser, le marché ne va pas s'arrêter.
39:37 Il y a du potentiel si on applique effectivement ce genre de valeurs.
39:40 Restons sur ces perspectives incroyables à 10 ans devant nous.
39:43 Merci beaucoup messieurs d'avoir été les invités de Palais de Marché ce soir.
39:46 Frédéric Rosier, Mirabeau, Christophe de Ronde, CPR Asset Management et Yves Maillot, YAM Capital.

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