Jeudi 3 octobre 2024, SMART BOURSE reçoit Andrew Etherington (Head of Multi-Asset Total Return, AXA IM) , Anthony Morlet-Lavidalie (Économiste, pôle Macroéconomie-Conjoncture, Rexecode) et Nicolas Forest (Directeur des investissements, Candriam)
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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Anthony Morley-Lavidelli est avec nous, économiste au sein du pôle macro-conjoncture de Rex&Code.
00:18Bonsoir Anthony.
00:19Bonsoir Grégoire.
00:20Andrew Hetherington est responsable de la gestion diversifiée d'AXA-IM et est avec
00:23nous également.
00:24Bonsoir Andrew.
00:25Merci d'être là et merci à Nicolas Forest d'être à nos côtés également.
00:28Bonsoir Nicolas.
00:29Vous êtes directeur des investissements de Candriam.
00:32Ce sont un peu les trois histoires clés du moment j'ai l'impression Nicolas, je parle
00:36sous votre contrôle à tous les trois.
00:38Il y a évidemment l'histoire des baisses de taux et du rythme que la réserve fédérale
00:42américaine peut mettre dans ce cycle de baisses de taux.
00:45Il y a l'histoire aussi de la baisse du pétrole alors jusqu'à ces derniers jours mais l'histoire
00:51quand même d'une baisse du pétrole et d'un pétrole bon marché qui peut être perçu
00:54comme un facteur de soutien économique.
00:56Et puis la nouvelle histoire de la relance chinoise ou du plan de soutien à l'économie
01:01chinoise dévoilée la semaine dernière.
01:02Est-ce que ces trois amortisseurs vous paraissent des amortisseurs solides pour ceux qui s'inquièteraient
01:08d'un ralentissement économique peut-être un peu plus vif que ce qu'on pouvait espérer ?
01:13Oui, en tout cas ce sont trois histoires qui sont un peu des changements en cette rentrée
01:202024 et qui changent un peu le narratif et qui pourraient être en effet à la fois des
01:26facteurs de soutien potentiellement pour la croissance et aussi vis-à-vis de l'inflation.
01:31Mais enfin chaque histoire est très différente et son impact sur les classes d'actifs n'est
01:34clairement pas le même.
01:35Qu'est-ce qui vous paraît intéressant dans chacune de ces histoires-là puisque c'est
01:39de ça dont on discute ?
01:40Bien sûr.
01:41Si on commence du côté, le point clé quand même c'est l'inflation, on en a tous parlé,
01:45l'hyperinflation.
01:46Cette histoire elle semble vraiment derrière nous et l'investisseur a acheté assez vite
01:52finalement le fait qu'on allait revenir vers les 2% ce qui a permis et ce qui permet
01:56aux banques centrales d'être, ça y est, on est vraiment dans un cycle de baisse.
01:59On n'est pas juste à mettre un petit doigt de pied dans l'eau, on va vraiment plonger
02:03à fond dedans et donc on est sur un des cycles de baisse des taux les plus agressifs comme
02:07on a eu un des cycles de resserrement les plus agressifs et donc oui la banque centrale
02:11européenne va faire de baisse de taux en octobre et en décembre, oui la banque centrale
02:15américaine va baisser les taux, ça c'est vrai.
02:17Maintenant la grande question, peu importe 2024, c'est 2025 et là vous avez raison
02:21de parler du pétrole, c'est est-ce que la hausse du pétrole, même potentiellement
02:26le plan de relance chinois, est-ce que finalement ça ne met pas un peu de fuel dans le moteur
02:35et faire redémarrer quelque part un petit peu même les antiations d'inflation ?
02:40A ce titre je mentionne que les antiations d'inflation à 10 ans aux Etats-Unis, elles
02:44ont monté de 20 points, 0,20%, c'est-à-dire qu'à un moment donné l'investisseur américain
02:48pensait qu'on allait rester toute notre vie à 2% pendant 10 ans et maintenant un
02:52peu moins.
02:53Donc la hausse des taux que nous observons, elle est surtout liée aux antiations d'inflation,
02:57pas du tout aux antiations des taux réels.
02:58Donc oui c'est une nouvelle dynamique, nous nous pensons que pour l'instant l'inflation
03:04devrait continuer à baisser, nous pensons que ça favorise des baisses de taux, maintenant
03:09je pense que l'histoire ne va pas être la même entre les Etats-Unis et l'Europe,
03:13donc il y a certainement un découpling dans le sens où l'Europe, nous sommes quand même
03:17beaucoup plus inquiets sur la croissance européenne que nous le sommes sur la croissance américaine.
03:20De ce point de vue-là, le risque de hausse de taux en Europe nous semble beaucoup plus
03:24limité qu'aux Etats-Unis et nous pensons plutôt que toute hausse de taux est une opportunité
03:29pour acheter la duration européenne et du côté du plan de relance chinois, je crois
03:35que vous en avez su beaucoup parler, on en a tous beaucoup parlé, c'est quand même
03:38un gros changement puisque à la fois un plan sur le plan monétaire de baisse de taux,
03:44sur le plan fiscal de relance, sur le plan effectivement bancaire avec la recrétisation,
03:50donc oui c'est quelque chose d'important, est-ce que ça va changer la phase de la croissance
03:55chinoise ? Certainement pas, ça permettra d'atteindre les 5%, il y a des tendances
03:59de long terme qui sont difficiles, mais enfin force est de constater qu'il y a eu un rallye
04:02monumental et que le rallye peut continuer au moins jusqu'aux élections américaines
04:07et là c'est quelque chose qu'il faut jouer et sur lequel nous jouons, mais c'est vrai
04:11qu'il y a des investisseurs qui ont pu être tentés de dire en deuxième dérivée autant
04:14jouer les actifs européens et là moi je resterai un peu plus prudent parce que l'Europe garde
04:20malgré tout et malheureusement tous ces démons et toutes ces vulnérabilités qui font que
04:25pour revenir à votre question, nos prévisions de croissance en Europe sont timides sur 2025,
04:31ça sera compliqué d'avoir quoi ? 0,6, 0,7, 0,8% de croissance avec une inflation de 2,
04:38ça reste une perspective quand même difficile, on peut acheter des obligations européennes,
04:42est-ce qu'on a envie de prendre beaucoup d'actifs européens à risque et action, ça reste
04:47quand même un point... Trop de vents contraires pour nous en Europe. Je dirais que ce n'est
04:52pas juste le plan chinois qui fait qu'on va avoir des perspectives solides de croissance
04:57car l'Europe a quand même beaucoup de vulnérabilités, il ne faut quand même pas tourner autour
05:02du repos, l'Allemagne est aujourd'hui l'homme malade de l'Europe d'un point de vue économique,
05:07ça c'est un vrai problème de relance, de croissance et puis de l'autre côté, c'est
05:15l'aspect budgétaire et le fait qu'il faille maintenant faire certaines réformes et restrictions
05:19budgétaires et là c'est toute la question de l'élasticité et comment on peut réduire
05:24de 6,2% pour prendre un pays au hasard à 5% sans tuer la croissance et effectivement
05:30cette restriction budgétaire, elle ne va pas quand même amener davantage de croissance
05:35en Europe. Donc c'est un cocktail qui fait que la BCE a la place pour baisser les taux,
05:402 baisses maintenant et nous on pense peut-être 1% de baisse de taux en 2025, croissance quand
05:46même assez faible, il faudrait vraiment de superbes nouvelles chinoises pour que la croissance
05:51soit révisée à la hausse et revenir sur nos actifs européens. Avec un moment de rendez-vous
05:55allemand qui sera très important à l'automne 2025 et les élections fédérales, il y a
06:00aussi cet horizon alors qu'il peut être un point de blocage de la situation jusqu'à
06:05cette date-là mais ce sera un point de rendez-vous important pour 2025. Si l'homme malade de
06:11l'Europe comme vous dites est capable de rebondir au moins... Mais le business model qui consistait
06:16quand même à fabriquer avec de l'énergie pas chère et vendre à des chinois, ce business
06:20modèle-là, il est fini. Donc quel nouveau business model et comment en effet retirer
06:25la croissance européenne, c'est un point en tout cas à surveiller. Fed, Chine, pétrole,
06:30qu'est-ce qui vous intéresse dans ces histoires-là, Andrew ?
06:33Tout nous intéresse évidemment. Si on prend en premier le Fed, on reste persuadé comme
06:42au début de l'année que le marché est trop agressif dans ce que le Fed a besoin de faire.
06:48Cette année, on est dans le début d'une normalisation des taux après une période
06:54exceptionnelle. Donc je comprends leurs besoins de normaliser les taux à court durée. Mais
07:02pour le reste, les États-Unis restent sur une très bonne vigueur de croissance à 3%.
07:07Le chômage vous l'avez cité à 4,2 qui n'a pas l'air d'accélérer, de dégrader. Et depuis
07:15qu'ils ont baissé les taux de 50 BP il y a 15 jours, on entend le discours a déjà
07:20changé. Le discours même de Powell devient plus confortable avec le niveau de croissance et que
07:27même s'ils avaient remis le Fed put dans l'esprit des marchés, ce n'est probablement pas vraiment
07:36nécessaire actuellement. Pour l'Europe, ce n'est pas pareil. Mais sur la Fed, vous dites, parce
07:42qu'elle-même la Fed dans ses projections montre quand même un chemin de baisse de taux, un rythme
07:49assez soutenu au moins sur les 12 prochains mois. C'est une pondération de leur avis. Il y a de la
07:56dispersion autour de ce scénario-là. On a entendu Bowman juste hier pour dire qu'on ne voit pas
08:02vraiment la réalité et réquis les baisses des taux immédiates. Bowman a été dissidente lors du
08:08dernier FOMC sur l'idée de baisser les taux de 50 points de base. Même ceux comme Dudley, l'ex de
08:13New York, qui journaliste aujourd'hui, donc il a besoin que les gens l'entendent quand il dit des
08:17choses intéressantes. Même lui qui avait demandé, réclamait des baisses des taux d'urgence au mois
08:21d'août a dit, juste hier, peut-être il était allé un petit peu trop loin et on n'a pas besoin. Mais
08:28ça, c'est très bien pour l'économie. L'économie se comporte bien. S'il y a moins de baisses des
08:32taux, je ne vois pas pourquoi ça devrait atteindre le comportement, le momentum sur les actifs
08:38risqués. Ils sont toujours bien orientés et pour de bonnes raisons.
08:42Comment vous voyez l'histoire pour la Banque Centrale Européenne ? Alors, si c'est une histoire qui
08:46risque de diverger encore un peu plus ?
08:47C'est clair que ce qu'on témoigne aujourd'hui, c'est qu'il y a une divergence clivant entre nous et les
08:54Etats-Unis, encore une fois. Et le risque, c'est qu'on se renoue avec une période de déflation. On est
08:59à 1,8 de l'inflation actuellement, avec un momentum qui est négatif. Donc, qu'est-ce qu'ils attendent
09:07le BCE ? Il faut baisser les taux.
09:09À la prochaine réunion.
09:10Oui, mais 25 BP, qu'est-ce que ça va faire ?
09:13Il faudrait que la BCE fasse 50 le 17 octobre et que la Fed peut-être ne fasse que 25 le 6 et 7 novembre.
09:19Il faudrait que les rôles se renversent.
09:22C'est ça ce qui va se passer. J'ai eu personne à me tordre sur le premier baisse. Je crois qu'il n'y avait
09:27pas besoin de faire 50. Je comprends le besoin de normaliser les taux.
09:31Le marché l'a pas mal pris.
09:34Très bien pris, mais les taux longs sont plus élevés aujourd'hui qu'à ce moment-là.
09:39Pour l'Europe, c'est plutôt une question d'urgence. Et on voit ça pour l'Europe continentale,
09:44mais pour l'Europe ex-Grand-Bretagne, on a constaté aussi qu'ils commencent à comprendre qu'il y a un peu
09:51d'urgence à mettre un peu de fil dans le système. Et ce n'est pas une remontée du cours du pétrole
09:59de 62 à 75 qui devrait leur faire peur. Parce qu'on est au bout de gouffre.
10:05S'il y a de la croissance, c'est détruire. Je ne suis même pas sûr.
10:08L'État allemand, ils ont abandonné l'idée d'un target de croissance.
10:12C'est-à-dire, c'est un peu contre les Chinois. Ils ont dit qu'on n'en a pas et qu'on ne va pas avoir les chiffres qu'il faut.
10:19Comment vous voyez l'histoire ? Parlons banque centrale et l'idée d'un découplage des politiques monétaires
10:26à un certain moment. Est-ce que c'est ce qu'on peut envisager quand on regarde ça avec un regard d'économiste, Anthony ?
10:32Pour revenir sur les trois points, donc fête, pétrole, Chine. Sur la fête, je pense qu'il y a quelque chose qui n'est pas forcément
10:38pricé. C'est le fait que la fête pourrait soutenir davantage l'économie. Parce qu'il ne faut pas oublier que la croissance américaine,
10:43c'est quand même le levier numéro un pour garantir la soutenabilité de la dette américaine.
10:47On va quand même, peu importe le président qu'on aura en novembre, des déficits publics très importants,
10:52autour de 7 points de PIB. Cette année, probablement l'année prochaine également. Le meilleur levier que vous avez pour assurer
10:58à vos détenteurs de dette que vous êtes toujours soutenable, c'est d'avoir une croissance dynamique.
11:02Donc il est possible que la fête ne laisse même pas atterrir l'avion.
11:04Et donc pour ça, il faut baisser les taux ? Assez vite et assez fort ?
11:07Voilà. Honnêtement, c'est vrai que quand on regarde les tensions sur le marché du travail...
11:11Ça ne va pas inciter le prochain exécutif américain à limiter les dépenses ?
11:17Clairement. Et puis le deuxième point, j'ai été très frappé de la révision qu'il y a eu du PIB américain et de toutes ses composantes.
11:23Finalement, il y a eu plus de consommation encore que prévu, plus d'investissements, plus de tout.
11:27Et donc au départ, il y a été révisé aussi, j'ai vu à la hausse.
11:31Finalement, les tensions inflationnistes, au regard de la demande qu'on a eue, elles n'ont pas non plus été si intenses que cela.
11:36Donc ça veut dire que le risque de nouveau qu'on ait une inflation qui soit durablement plus élevée que 2 %,
11:41peut-être plus faible que ce qu'on avait anticipé jusqu'alors.
11:44Donc ça, ça donne aussi un peu de crédibilité à l'idée que la fête pourrait aller un peu plus vite.
11:48Sur le pétrole, on a un marché qui est bien approvisionné du point de vue de l'offre.
11:53Donc là, il n'y a pas trop de sujets. Quand bien même, il y a eu quelques petites tensions liées au Moyen-Orient sur le prix.
11:57Mais je crois que 70, c'est un bon point d'équilibre.
11:59Et surtout, il faut comprendre que la demande n'est pas dynamique pour une raison essentielle.
12:02C'est qu'on a une croissance mondiale qui tient. On tourne autour de 3 en ce moment de régime de croisière.
12:07Mais c'est une croissance qui est tirée par les services. On a un PMI manufacturier mondial qui est à 48,8.
12:11Donc une industrie mondiale, surtout l'Europe, est très déprimée, mais qui globalement est assez peu dynamique.
12:16Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on a un commerce international en biens qui, lui également, croit beaucoup moins vite que le PIB.
12:21Elasticité autour de 0,5, 0,6. C'est même un peu inférieur à ce qu'on avait par rapport à la décennie précédente.
12:27Donc on a globalement assez peu de tensions sur la demande de pétrole parce que l'activité ne vient pas du tout de la dynamique manufacturière et des échanges de biens mondiaux.
12:34Oui, c'est le PMI manufacturier mondial qui est à 48,8.
12:37Exactement. Alors que les services sont beaucoup plus élevés. On voit bien que dans la plupart des pays, même les États-Unis,
12:40c'est effrayant de constater que c'est un des pays qui a la croissance la plus forte des développés, alors qu'il y a un taux d'ouverture aux échanges mondiaux qui baisse.
12:48Donc ça va un peu à l'inverse de l'idée que normalement, pour avoir une croissance dynamique, il faut s'ouvrir au monde.
12:54Les États-Unis, en l'espace de dix ans, ont perdu six points de taux d'ouverture et c'est une des économies les plus dynamiques des pays développés.
13:00Ce qui est quand même quelque chose qui n'est pas complètement intuitif.
13:02Et sur la Chine, est-ce que le plan de relance est suffisant et surtout va dans le bon sens ?
13:07Dans le bon sens, oui. Suffisant, ce n'est pas sûr.
13:09Trois types de mesures, elles ont été à la fois monétaires, réglementaires et budgétaires.
13:14Ce qui me semble très important, c'est d'une part le fait que le gouvernement a conscience des risques qui pèsent en Chine, notamment financiers,
13:21et est en train de transférer progressivement le risque des collectivités et de tous les fonds qui étaient relativement fragiles vers le gouvernement central et vers la banque centrale.
13:29Et ça, c'est quand même plutôt une bonne nouvelle puisque ça limite le risque, on va dire, de crise financière ou en tout cas de stress financier très important en Chine.
13:37Et l'autre point, c'est évidemment qu'il y a un volet budgétaire qui est quand même important, ça va être 150 milliards injectés, alors il faudra voir comment.
13:43Mais ça va là également plutôt dans le bon sens.
13:46En 2024, il ne faut quand même pas s'attendre à des effets mirobolants, là la croissance, elle est déjà jouée.
13:50Ils vont annoncer 5, mais ils ne feront pas 5.
13:52La réalité, c'est qu'en fait la croissance chinoise, elle est plutôt autour de 4.
13:55Par contre, ce qu'ils vont faire, c'est avoir une cible en 2025 qui sera probablement autour de 4,5, mais la croissance effective, elle sera plus élevée.
14:02Et ça, c'est quelque chose qui est historique en Chine, c'est que la Chine lisse la croissance dans le temps.
14:06Donc quand on a des périodes de creux, très souvent on surestime sa croissance, mais dans les périodes de rebonds, elle a sous-estimé un peu.
14:11De telle sorte que le PIB, il n'est jamais surestimé en niveau, mais en revanche, le cycle conjoncturel lui est lissé.
14:17Et donc ce qui est possible, c'est qu'on voit les effets vraiment en 2025.
14:19Là, à court terme, sur la croissance, il y a eu des effets sur les marchés, mais il n'y aura pas d'effet sur la croissance à très très court terme.
14:24Est-ce qu'il y a une porte ouverte pour que la Chine en remette, en fasse plus, peut-être modulo le résultat de l'élection présidentielle américaine ?
14:31C'était intéressant de les voir quand même dégainer ce package à quelques semaines de l'élection américaine.
14:37Est-ce qu'il y a une vision stratégique de se dire « je me hedge un peu avant le 5 novembre » ?
14:43Ou est-ce qu'on est déjà dans une forme de nécessité urgente qui pourrait avoisiner la panique, Anthony ?
14:48Alors il est possible que la Chine aille plus loin pour une raison, c'est que malgré des exportations qui vont progresser cette année en volume, j'insiste bien, pas en valeur,
14:55de 8 à 10 %, malgré ça, ils ne vont pas atteindre leur cible de croissance.
14:59C'est ce que vous disiez.
14:59Malgré un excédent colossal qui vont se réaliser cette année, donc une contribution du commerce extérieur au PIB très importante, ça ne suffira pas.
15:05Donc ça veut dire qu'il faudra de la demande intérieure en 2025 pour faire la croissance.
15:08Et de ce point de vue-là, tant que ce n'est pas suffisant, probablement ils iront plus loin.
15:12Ils ne vont pas laisser l'économie ralentir infiniment.
15:14Et surtout, ils veulent que le marché immobilier se stabilise.
15:17Il a quand même été bien purgé, on a des prix qui ont déjà bien baissé.
15:19Selon les villes, on est entre moins 15 et même moins 20 %, donc ça y est, il y a quand même eu une bonne purge.
15:24Ça ne veut pas dire qu'on n'a plus de logements vacants, mais en tout cas, on est au stade où c'est le moment de le stabiliser.
15:31On a été bien loin.
15:32Maintenant, il faut redonner un peu de dynamique à ce marché-là et éviter qu'on ait encore toutes les métriques qui baissent,
15:37que ce soit les mises en chantier, l'investissement, qui continuent pour l'instant de reculer.
15:41Ça, ils veulent qu'on touche le plancher.
15:43Je pense qu'ils y arriveront.
15:44Les mesures, honnêtement, sont à peu près bien calibrées sans être non plus démesurées.
15:49Exactement.
15:50Le gouverneur de la Banque centrale chinoise a dit « Nous voulons assurer une croissance stable de l'économie chinoise et un rebond modéré des prix ».
15:59Complètement.
16:00Modération.
16:00Sortir de la déflation, parce que ça fait cinq trimestres consécutifs que le déflateur du PIB est en recul sur un an.
16:06Nicolas, vous disiez tout à l'heure que le marché était peut-être allé un peu trop loin sur l'inflation,
16:12ou en tout cas sur l'idée d'une inflation à 2 % pendant dix ans et qu'on voyait des break-even qui remontaient depuis quelques jours.
16:18Est-ce que c'est un risque devant nous ?
16:19Effectivement, une Fed qui structurellement doviche et pour des raisons peut-être multiples irait un peu trop loin, un peu trop vite, un peu trop fort dans les baisses de taux.
16:31Une Chine qui serait capable d'en remettre un peu à un moment.
16:34Est-ce que ça ramène une histoire ou un risque inflationniste en 2025 ?
16:39Évidemment, ça, c'est pour moi une très bonne question et une question super importante pour les actifs risqués,
16:45puisque quelque part, c'est quand même ça qui peut potentiellement faire dérailler les actifs risqués.
16:50Il faut regarder pays par pays.
16:52Du côté européen, moi, je ne le crois pas, je pense que la croissance est durablement affaiblie
16:57et je ne vois pas vraiment des perspectives que de grosses tensions inflationnistes.
17:01Je pense que ce débat-là au sein de la Banque Centrale Européenne, il est quand même largement...
17:04Les salaires, enfin le taux de chômage au plus bas, 6,4 %, la question des salaires pour ça, tout ça va s'effacer, vous dites, assez vite.
17:10Moi, je trouve que oui, clairement, je pense que le chemin est ouvert pour que la Banque...
17:13Pour l'instant, on ne licencie pas, il n'y a pas de licenciement net, enfin, je veux dire, on est toujours les chefs d'entreprise.
17:19Oui, mais les tensions salariales, on voit quand même que les différentes composantes d'inflation sont plutôt bien orientées.
17:24Du côté américain, moi, je pense que l'éléphant dans le magasin de Portelaine, ce sont les élections américaines.
17:30Et je pense que, pour moi, on en parle un peu moins, on en parle, mais ça reste pour moi le sujet clé.
17:38C'est ce que je dis depuis toute l'année.
17:40Ça peut changer la face du marché pour 2025, à ce point-là ?
17:44Pour rapport à votre question sur l'inflation, je pense que Donald Trump est inflationniste.
17:51Il est foncièrement inflationniste.
17:53Donald Trump, ce sont des baisses d'impôts supplémentaires, donc davantage de croissance.
17:58C'est potentiellement des tarifs supplémentaires, notamment contre la Chine et l'Europe, donc plus d'inflation.
18:04Et c'est aussi des mesures, à voir s'il en est capable, anti-migrants, et qui va sévèrement porter un coup là-dessus.
18:12Ce qui est aussi inflatoire.
18:14Donc aujourd'hui, très compliqué de savoir où est-ce qu'on en est.
18:17Effectivement, Kamala Harris semble quand même, aujourd'hui, être aussi bien orientée.
18:22Mais on sait que les élections américaines peuvent se jouer à pas grand-chose.
18:25Et donc on est quand même à un moins, à peu près, des élections américaines.
18:29Une victoire de Trump...
18:31C'est négatif, actif, risqué.
18:32Je pense qu'une victoire de Trump est clairement un risque pour l'inflation.
18:35Je pense que ça ramène les breaks even à l'inflation, à la hausse.
18:39Et je pense que...
18:40Et donc pas bon pour le marché d'action.
18:41En tout cas...
18:42Parce qu'en 2016, il n'a pas été mauvais pour le marché d'action, Trump.
18:45Il y a eu quelques heures qui ont été mauvaises, c'est plus compliqué.
18:47Je pense que pour l'exceptionalisme américain, ça sera encore favorable.
18:51Parce que, somme toute, comme on l'a dit tout à l'heure, les Etats-Unis d'Amérique se portent bien.
18:56Et je pense qu'avec davantage de baisses d'impôts, ce sera quand même sans doute plus positif.
19:01Maintenant, pour des actifs risqués européens, oui, c'est compliqué.
19:05Je pense que Trump, président des Etats-Unis, avec une administration...
19:09Parce qu'il faudra voir évidemment si l'administration suit.
19:11C'est quand même un scénario qui est aujourd'hui pas le plus probable,
19:14parce qu'il faut aussi qu'il ait le congrès avec lui.
19:16S'il implémente ce qu'il dit, oui, c'est quand même potentiellement plus d'inflation.
19:21Et donc un repricing de ce côté-là, c'est un modèle économique sectoriel sur les actions.
19:26Ce n'est plus la même chose, ce n'est plus la même limonade.
19:29Et donc c'est par rapport à la question et à votre question sur l'inflation,
19:32pour moi c'est Trump qui fait la différence.
19:34Malheureusement du côté européen, aujourd'hui pour moi le risque c'est quoi ?
19:37C'est qu'on retombe dans les affres de la désinflation
19:41dans lesquelles nous étions il y a quelques années et qui posera un autre débat.
19:44Sur l'histoire américaine de 2025, je vous voyais acquiescé, Andrew.
19:48Oui, je suis d'accord avec Nicolas.
19:50En fait, les effets qu'on a eus la dernière fois qui étaient porteurs pour les actions américaines
19:55ont du mal à se reproduire cette fois-ci parce que
19:58d'abord, ça serait une administration, si Trump y passe, il aurait les deux chambres.
20:03C'est la vague.
20:04Si Trump l'emporte, vous pensez que le risque de vague rouge est plus important
20:09qu'un risque de vague bleue démocrate en cas de victoire de Harris ?
20:12C'est quasi certain que s'il remporte la Maison-Gorge, il emporte les deux chambres.
20:18Il sait comment ça marche que la dernière fois, il n'avait pas le moins d'idées.
20:21Il l'a organisé pour.
20:23Les chocs vont être brutaux, je crois, pour l'économie.
20:29Et dans tout cela, je ne vois pas avec un mouvement inflationniste,
20:33avec les taux réels qui vont certainement passer au-delà de 2 % de nouveau.
20:36On avait réestimé là où il y a le point difficile pour les actifs risqués,
20:43mais c'est clairement à partir de 2022-2025.
20:45Et là, je crois que ça va y atteindre très vite.
20:48Et pour là, avec les tarifs qui vont être beaucoup plus efficaces cette fois-ci,
20:52et c'est un taxe inflationniste pour tout le monde,
20:55l'exceptionalisme, ça va perdurer.
21:01Les treasuries, ça va toujours être la référence.
21:03Pour l'instant, ça ne va pas changer, malgré les diversifications qui ont été faites
21:08depuis quelques années, avec l'or qu'on a vu depuis un an surtout.
21:11Mais ça va être compliqué.
21:14Donc les taux, les treasuries plus hauts, on ne peut pas échapper à ça en Europe.
21:19Malheureusement, malgré la déflation, il y a un bêta.
21:22Ça va être moins qu'auparavant, mais il va arriver.
21:25On devrait prendre cher.
21:28C'est bien dit, c'est bien dit, Andrew.
21:32Le marché, le price, un peu, beaucoup, pas du tout.
21:35Parce que j'allais dire, avant que Kamala Harris soit désignée remplaçante de Joe Biden,
21:42il n'y avait pas de match entre Biden et Trump du point de vue du marché.
21:45On parlait beaucoup des Trump Trades, ça se mettait en place dans le marché.
21:49Aujourd'hui, est-ce que le marché est beaucoup plus neutre ?
21:51Il est plus neutre et il ne devrait probablement pas y être, si on était un peu fantasiste.
21:57Parce que par rapport au match avec Clinton, elle avait beaucoup plus d'avance qu'Harris aujourd'hui.
22:03Elle a perdu.
22:04Par contre, on voit que sur les derniers sondages, dans le vote populaire,
22:08qui n'est pas le plus important, mais c'est indéquitatif,
22:11elle lui faut, je crois, 2,5 millions de plus de votes.
22:15Elle a l'air d'y être.
22:16Mais après, c'est comment c'est distribué, parce que ce n'est pas la peine de les avoir en Californie.
22:20Bien sûr, si c'est...
22:21Non, mais non.
22:22Mais il semble que Wisconsin, Pennsylvania, ils sont en jeu.
22:28Après, je me souviens du temps où la Floride était démocrate aussi.
22:30Ça change parfois.
22:32Pour la Californie, peut-être pas encore.
22:34Oui, on s'en rappelle quand le parti républicain était républicain aussi.
22:37C'est parti dans tant que ça.
22:40Bonne question.
22:41Si Trump perd, comment le parti républicain va se recomposer après une défaite de Trump aussi ?
22:49Est-ce qu'il revient à quelque chose de plus traditionnel ou est-ce qu'il migre encore un peu plus vers le trumpisme ?
22:57En Bretagne, c'est comment est-ce qu'il se comporte après avoir déjà changé de comportement
23:03et d'aller plus à droite, si on veut, et de perdre le pouvoir.
23:08C'est ce qui devient de plus en plus rancunieux.
23:10Ça a l'air d'être en Grande-Bretagne, c'est le cas.
23:13Aux Etats-Unis, est-ce qu'il y a une partie, les anciens républicains, ils arrivent à reconstruire la partie ?
23:19Ils ne sont plus dedans.
23:20Donc, est-ce que c'est le temps pour un troisième parti ?
23:23Comme on va parler de la France dans un instant, je veux bien que vous me parliez de votre pays, de l'Angleterre, du Royaume-Uni.
23:27Où est-ce qu'on en est là ?
23:29Il arrive en juin, Kirstarmer, c'est ça ?
23:32Ça fait trois mois.
23:33Entre son arrivée en juin qui avait été saluée par le marché, moi je me souviens.
23:37Enfin, il y avait de la visibilité après les années conservateurs.
23:42On retrouvait en plus un Labour qui avait évacué les personnes et les sujets les plus extrêmes.
23:49Et voilà, le marché était assez enthousiaste en juin.
23:52La réalité, ce n'est pas que le travailliste, à l'époque, comme avec Blair, avait emporté les élections.
23:58C'est les conservateurs qui les ont perdus parce que l'extrême-droite ou la partie négationniste de ce qui était tout avant
24:04a pris le pouvoir sur la partie conservateur et les ont décimés dans les élections.
24:08Parce que le parti travailliste, ils ont passé de 32 à 34 %.
24:13Oui, ils sont stables.
24:14Par contre, ils ont la plus grande majorité.
24:16Donc, je crois que c'était un peu trop tôt pour le saluer.
24:19Et par la suite, ils ont, comme d'habitude, dévoilé que l'état des finances n'était pas du tout ce qui était vendu par la partie précédente.
24:28C'est compliqué.
24:29Et je crois que le sterling va en prendre cher parce que la banque centrale doit baisser les taux.
24:35Et il nous a dit qu'il serait prêt à faire un peu plus vite, peut-être, gouverneur Bailey.
24:39Par le budget qui va arriver en octobre, hausse des taux, hausse des impôts, ça va être difficile pour la population.
24:47Donc, ils vont baisser les taux.
24:49En contrepartie, qui est bon pour le FTSE, mauvais pour le sterling, on verra pour les guildes.
24:54C'est nuancé pour les guildes parce qu'ils vont en avoir beaucoup plus pour tout le monde.
24:57Partant du laboratoire incroyable qu'est le Royaume-Uni, venons-en à la France, Anthony.
25:03Non, mais ma question, c'est est-ce que là, on est dans une émission marché ?
25:06Donc moi, je me mets à la place des créanciers, de ceux qui détiennent de la dette française
25:09et ceux qui ont encore acheté 12 milliards d'OAT ce matin avec des échéances long terme en 10 et 30 ans.
25:17Est-ce que la France ou est-ce que le gouvernement de Michel Barnier parle correctement à ses créanciers aujourd'hui ?
25:24Alors, c'est difficile à dire parce que de toute façon, il n'y a pas de papier allemand, il n'y a pas de papier néerlandais.
25:29Donc honnêtement, vous n'avez pas beaucoup le choix.
25:32C'est-à-dire que si vous voulez du papier zone euro en grande quantité sur des pays quand même importants,
25:37relativement stables, qui ont une bonne structure institutionnelle,
25:39même si à la vacille il y a un petit peu qu'il y a eu de l'incertitude, vous devez acheter de la France.
25:43Ce n'est pas pour ça qu'il faut mal parler à nos créanciers ?
25:46Complètement. Et surtout, là, on rentre dans une phase où on va devoir consolider le budget.
25:50On ne sait pas faire. Donc, on va devoir apprendre.
25:52On ne parlait pas d'hausses d'impôts. En tout cas, c'était la politique Macron.
25:55On va finir par faire un tiers hausse d'impôts, deux tiers baisse de dépenses.
25:59Évidemment, on trouve toujours facilement où faire les hausses de fiscalité.
26:02C'est toujours beaucoup plus compliqué du côté de la dépense.
26:05Mais là, c'est nécessaire. Pour être honnête, je ne m'inscris pas dans le discours qui consiste à dire
26:09si on consolide le budget, il y a un risque sur la croissance.
26:12Il faut regarder ce qui s'est passé. Là, on a laissé filer le déficit.
26:14Zéro impact sur la croissance positive. Enfin, il n'y a pas d'impact positif sur la croissance.
26:18On n'a pas eu beaucoup plus de croissance que ce qu'on aurait eu sans ce déficit supplémentaire.
26:22Les prix de croissance sont très clairs.
26:24Un changé. Et pourtant, on a un déficit qui est 1 à 2 points supérieurs.
26:28On peut consolider, surtout si on consolide aux bons endroits.
26:32Je ne vais pas forcément me faire que des amis en disant ça,
26:34mais en désindexant quand même partiellement ou totalement les pensions,
26:37c'est des grosses économies. Les retraités ont un taux d'épargne
26:40excessivement plus élevé que la moyenne de la population.
26:43Ça fait assez peu de dommages à la consommation.
26:45Pour le coup, là, on réduit vraiment les dépenses significativement.
26:48On envoie un message très clair.
26:50Donc, il me semble que c'est un des leviers, par exemple, à activer.
26:52Pour l'instant, les désindex pour 6 mois.
26:54Pour 6 mois. Mais je pense qu'il va falloir aller plus loin.
26:56Le sujet est compliqué.
26:58Parce qu'en plus, comme les retraités sont quand même la population
27:02qui votent le plus, qui se mobilisent le plus aux urnes
27:04et qui ont tendance à voter en plus pour le gouvernement en place,
27:07c'est très difficile de taper son électorat.
27:09Mais en tout cas, il me semble que c'est une des voies à considérer
27:12puisque sur les hausses d'impôts, il faut être honnêtement assez prudent.
27:14On a déjà une fiscalité.
27:16La limite arrive vite.
27:18On vient de sortir une étude ce jour, justement,
27:20sur la fiscalité des entreprises manufacturières en France
27:22en montrant que depuis 2017,
27:24effectivement, on s'est un peu normalisé
27:26par rapport à la moyenne européenne,
27:28mais on reste bien supérieur.
27:30Donc, on a toujours un problème de compétitivité en France
27:32lié à notre surfiscalité sur l'industrie.
27:34On ne peut pas parler de réindustrialisation
27:36et en même temps remettre une couche,
27:38ou en tout cas repartir dans l'autre sens.
27:40On devait supprimer les taxes sur la production, c'est ça ?
27:42CVE, etc.
27:44Tout ça a été...
27:46Alors évidemment, on peut se dire quand même qu'il y a un peu de stabilité fiscale.
27:48On ne peut pas de nouveau faire des baisses d'impôts,
27:50mais au moins de la stabilité et un peu de visibilité
27:52pour les chefs d'entreprise.
27:54On a fait une enquête, Rex&Code, BPI France,
27:56justement, pour essayer de voir est-ce que ça a un impact
27:58sur l'incertitude politique sur les entreprises.
28:00Donc là, c'est des PME et des ETI.
28:02Et pour plus de 50%, elles déclarent
28:04que c'est un impact fort, quand même, cette incertitude.
28:06Et on a 20% des entreprises
28:08qui déclarent annuler des investissements
28:10et annuler des embauches.
28:12Ce n'est pas rien du tout.
28:14Pour l'instant, on a du mal à estimer concrètement
28:16ce que ça a comme impact sur la croissance au T3, au T4.
28:18Mais je pense qu'on n'est pas à l'abri
28:20de quelques mauvaises surprises, quand même.
28:22Et dans ce contexte-là, Anthony, je reviens
28:24à la Banque Centrale Européenne.
28:26Je veux dire, qu'il y ait une nécessité
28:28pour la BCE de baisser les taux
28:30et de le faire peut-être le plus vite
28:32et le plus fort possible, j'entends.
28:34En revanche, face à ce genre
28:36d'incertitude, d'instabilité,
28:38pourquoi pas politique,
28:40il ne faut pas non plus trop attendre
28:42de ces baisses de taux sur le plan de la conjoncture,
28:44de l'amélioration, etc.
28:46Effectivement, je pense que la BCE devrait aller beaucoup plus vite.
28:48Parce qu'on va lui faire peser beaucoup de poids sur les épaules.
28:50Elle est un peu toute seule,
28:52parce qu'on a une politique budgétaire en Europe
28:54qui est quand même sacrément curieuse.
28:56On a des excédents monumentaux partout qui sont localisés dans certains pays.
28:58Des pays qui, aujourd'hui,
29:00ne sont plus en croissance. A la limite, on pouvait se dire
29:02j'utilise pas mes excédents quand moi-même
29:04je surperforme la zone euro.
29:06Aujourd'hui, quand je suis justement
29:08l'homme malade de la zone euro,
29:10quand je m'appelle l'Allemagne, c'est très étonnant de ne pas mettre
29:12un peu plus de budget sur la table.
29:14Début des années 2000, la France et l'Allemagne, c'était le même
29:16taux d'endettement, 60%.
29:18L'Allemagne, aujourd'hui, c'est 65. Elle est même en train de converger
29:20à 60. On est à 110.
29:22On verra si les élections fédérales
29:24en 2025 en Allemagne permettent de faire sauter
29:26la règle d'or.
29:28France-Allemagne, c'est très difficile de se parler quand il y a eu un tel effet
29:30ciseau. Mais c'est pareil sur les balances
29:32commerciales. On a considérablement divergé.
29:34Début des années 2000, on est tous les deux excédentaires.
29:36On est des pays qui avons profondément...
29:38Mais la zone euro a profondément divergé, en tout cas
29:40ses membres, et ça devient de plus en plus difficile
29:42d'avoir un discours apaisé, puisqu'on n'a pas les mêmes objectifs.
29:44Pas du tout les mêmes.
29:46Avoir un discours porteur et progressiste
29:48devient vraiment très compliqué.
29:50Qu'est-ce qu'on peut dire de l'attitude du marché à ce stade
29:52vis-à-vis de la France, spécifiquement ?
29:56Wait and see.
29:58On s'était vu quasiment au lendemain de la dissolution, je crois.
30:00Oui, c'est ça. Nous, on avait shorté les OAT.
30:0475, 80...
30:06On reste à ce niveau-là.
30:08Aujourd'hui, le marché, il est wait and see, il attend.
30:12Je pense qu'il faut considérer que si
30:14le gouvernement en place
30:16fait cette réduction,
30:18cette amélioration du déficit,
30:20qu'on va être quoi ?
30:22À 6, 6,2 ?
30:24Et qu'il arrive à quoi ? 5,5 ? Quelque chose comme ça ?
30:28Et que le gouvernement est en place,
30:30je pense qu'on peut être
30:32sur un niveau de spread assez stable.
30:34Par contre, il y aura les agences
30:36qui vont agir, nous disent.
30:38Le rating AA+, c'est un peu élevé.
30:40C'est quoi l'écart de rating
30:42entre la France et l'Espagne, puisqu'on est au même niveau
30:44de taux ?
30:46La France peut aller...
30:48Il y a plusieurs croix au-dessus de l'Espagne.
30:50La France peut aller à single et plus.
30:52Ça, c'est une première possibilité.
30:54Et après, la réalité, c'est que la France
30:56est une mauvaise élève de la classe européenne.
30:58La France mérite un taux 0,50%
31:00plus bas
31:02que l'Italie.
31:04À voir.
31:06Le prochain à nous remonter dans le peloton,
31:08c'est l'Italie.
31:10C'est le risque.
31:12Ça va vite. Le spread, il était deux fois plus élevé
31:14il y a encore six mois, entre la France et l'Italie.
31:16On verra. Pour l'instant,
31:18les investisseurs, vous avez parlé de l'adjudication,
31:20c'est quand même plutôt bien passé.
31:22Le spread reste stable. C'est quoi les prochaines étapes ?
31:24C'est les agences d'adjudication,
31:26quand le gouvernement Barnier tombera.
31:28C'est bien.
31:30J'entends toujours les marchés.
31:32Les marchés sont très sages
31:34et raisonnables, je trouve,
31:36à ce stade.
31:38Mais les marchés sont vigilants.
31:40Ils ne sont pas...
31:42C'est une zone monétaire, on ne peut pas l'oublier.
31:44Oui.
31:46Par rapport à ça, ce qui me semble aussi très important,
31:48c'est que même si la France est très importante,
31:50il n'empêche,
31:52il faut avoir en tête que dans cette situation européenne
31:54la France est devenue quand même un mauvais élève.
31:56Elle ne pourra pas demander à jouer
31:58les jokers européens.
32:00Joker 1, la Banque Centrale Européenne achète de la dette française.
32:02Certaines personnes y croyaient.
32:04Ça me paraît improbable.
32:06Joker 2, la mutualisation de la dette que Macron
32:08avait obtenue ou s'était battue,
32:10ça me semble aussi assez improbable.
32:12Donc, sans être dans une situation de crise,
32:14parce que nous ne sommes pas dans une situation de crise,
32:16il y a un repricing lent
32:18et sûr qui se déroule.
32:20Mais néanmoins, il y a un chemin.
32:22Comme vous l'avez dit, moi je suis d'accord,
32:24on peut tout à fait avoir un déficit qui passe de 6,6,2 à 5,
32:26avec une croissance qui se maintient,
32:28si le gouvernement est stable.
32:30Alors là, on peut avoir une dette française
32:32qui reste OK et c'est un peu le chemin
32:34que joue Michel Bardier mais qui est faisable.
32:36Derrière la dégradation de la France
32:38ou du statut de l'OAT,
32:40on voit aussi par effet de contagion
32:42la dégradation du spread par exemple pour des eurobonds.
32:44C'est-à-dire que ça pèse aussi sur les eurobonds.
32:46Du point de vue allemand, évidemment,
32:48tant que la France n'est pas stabilisée,
32:50est-ce qu'on a vraiment envie d'aller
32:52en remettre sur des eurobonds ?
32:54On ne va pas en reparler des eurobonds tout de suite.
32:56Comment vous regardez ?
32:58L'Europe de ce point de vue-là,
33:00parce qu'il y a la France mais il y a aussi ce qui se passe
33:02du côté de la périphérie.
33:04Est-ce que ça, c'est quelque chose en matière d'investissement
33:06qui reste un trait de convergence ?
33:10Est-ce que ça reste intéressant pour vous ?
33:12Les chiffres espagnols, c'est extraordinaire.
33:14On va avoir 2,7 de croissance.
33:16Et c'est solide ?
33:18Est-ce qu'il y a une stratégie là-dessus ?
33:20Ce n'est pas juste l'été et le tourisme en Espagne
33:22qui font que l'Espagne va bien ?
33:24Vous avez eu l'Egeo aussi ?
33:26On a eu l'Egeo.
33:28C'était très positif.
33:30J'ai du mal à ne pas penser
33:32à la crise en France,
33:34à la perception des choses.
33:36On est toujours beaucoup plus préoccupés par ça
33:38à l'intérieur de la France qu'à l'extérieur
33:40parce qu'on n'a pas vu les étrangers
33:42vendre la France pour l'instant.
33:44Ça, ça serait clé.
33:46C'est très long, j'ai l'impression.
33:48Depuis longtemps.
33:50Ils achetaient beaucoup plus de l'Italie.
33:52Financièrement, ils ont très bien joué le jeu
33:54depuis 2-3 ans.
33:56Mais il n'y a pas de crise.
33:58Il y a une crise de croissance.
34:00Je ne suis pas sûr que l'austérité,
34:02c'est la médecine qu'on en a besoin
34:04pour changer ça.
34:06C'est le focus sur la croissance.
34:08Ce que les Etats-Unis ont fait depuis un moment,
34:10je ne dis pas qu'on veut tout ce qu'ils ont chez eux,
34:12mais peut-être qu'il faut rééquilibrer.
34:14Pour cela, évidemment,
34:16il faut que l'Allemagne joue le jeu.
34:18Ils ont beaucoup de marge
34:20pour venir aider avec ça
34:22dans un esprit européen.
34:24Oui, mais ça n'arrivera pas, Andrew.
34:26Ça n'arrivera pas.
34:28Laisse-moi rêver.
34:30Si c'est un anglais qui te le dit.
34:32Ce n'est pas Smart Dream,
34:34c'est Smart Bourse.
34:36C'est vrai que je suis en France.
34:38C'est la règle.
34:40Le bilan de NexGen.EU,
34:42c'est qu'on a donné beaucoup d'argent à l'Italie.
34:44On parle beaucoup de la France qui ne va pas bien,
34:46mais l'Italie a un déficit public qui est à date
34:48et pire que le nôtre.
34:50Ils ont cramé tout dans un super bonus
34:52complètement inefficace.
34:54C'est une bulle.
34:56En même temps, c'est super dur
34:58de convaincre les Allemands
35:00de dire qu'il faut lever un emprunt commun
35:02dès qu'on donne aux pays de périphérie.
35:04L'argent est mal dépensé.
35:06La trajectoire du déficit par Mélanie,
35:08c'est 3% avant la France.
35:10Ils ne sont pas mauvais pour être capables
35:12de projeter une trajectoire de rétablissement.
35:14Ils ont souvent été en surplus primaire.
35:16En supprimant le super bonus,
35:18ça peut tout de suite aller beaucoup mieux.
35:20La France n'a jamais été capable de le faire.
35:22C'est vrai.
35:24Les perspectives de croissance en Italie
35:26restent très faibles.
35:28Ils ont le poids de la dette passée
35:30qui nécessite d'avoir un excédent primaire
35:32comme ils ont réussi à l'avoir.
35:34A quel prix ?
35:36Il n'y a plus beaucoup d'inflation en Italie.
35:38Ça ne va pas aider non plus.
35:40C'est le PIB nominal qui compte dans ces cas-là.
35:42Honnêtement, il n'y a plus grand-chose.
35:44Un mot de l'auto ?
35:46Les enjeux industriels du secteur automobile,
35:48on en reparle beaucoup en ce moment.
35:50C'est la tempête parfaite.
35:52Je ne sais pas si c'est la perfect storm.
35:54Je ne sais pas ce qui manque.
35:56En tout cas, ce qui est sûr pour moi,
35:58c'est que le marché déteste l'incertitude.
36:00C'est vraiment ça
36:02qu'on a sur le secteur auto européen.
36:04On n'est pas du tout sûr
36:06que c'est le scénario du pire.
36:08Le problème, c'est qu'on est quand même
36:10un peu au milieu du guet.
36:12On ne sait pas du tout
36:14à quel point la vague chinoise va tout emporter ou pas.
36:16C'est vraiment ça que le marché n'aime pas.
36:18Se positionner, c'est très compliqué.
36:20Même les analystes, quand on discute entre nous,
36:22ont beaucoup de difficultés à se dire
36:24à quel point il peut y avoir une percée des véhicules.
36:26Trop d'hypothèses qu'on ne maîtrise pas.
36:28A quel point la production va-t-elle continuer
36:30d'être faite en Chine pour être exportée ?
36:32Ou est-ce qu'on va réussir à implanter
36:34des usines chinoises sur le territoire européen ?
36:36On voit bien que pour l'instant,
36:38ça se développe surtout dans les pays
36:40très friendly de la Chine.
36:42C'est la Hongrie, c'est la Turquie, peut-être la Slovaquie.
36:44En tout cas, c'est ces pays qui, politiquement,
36:46sont les plus proches des intérêts chinois.
36:48Ce n'est pas la France du tout qui, pour le coup,
36:50milite pour avoir des tarifs douaniers.
36:52On sait que les tarifs douaniers empêchent
36:54certains véhicules d'être importés,
36:56notamment pour SAIC, parce qu'ils ne font plus de marge.
36:58À 30% de tarifs douaniers, ça devient
37:00plus rentable pour SAIC.
37:02Grosso modo, ça marche.
37:04Donc on n'est pas non plus totalement à côté de la plaque
37:06avec l'ampleur des tarifs discutés en Europe ?
37:08Pour BYD, on est à côté de la plaque.
37:10C'est vraiment marque par marque
37:12qu'il faut regarder ça.
37:14C'est pour ça que c'est objectivement très difficile
37:16à date de se dire, et puis comme c'est très mouvant
37:18en fonction des annonces qui sont faites,
37:20honnêtement, je pense que le marché
37:22n'arrive plus du tout à se positionner.
37:24Et quand on ne se positionne plus, juste on sort.
37:26Et c'est un peu ce qu'on voit aujourd'hui.
37:28Avec une vitesse de renversement
37:30sur le secteur automobile, sur le plan boursier
37:32qui a été spectaculaire.
37:34En termes d'investissement,
37:36quelle est la logique qui vous anime ?
37:38Nicolas, vous avez déjà donné
37:402-3 indices
37:42depuis le début de l'émission.
37:44Je crois que les marchés émergents sont certainement
37:46un marché à regarder, tant sur le plan action
37:48que sur le plan de la dette.
37:50C'est vrai qu'on va voir si le dollar s'apprécie
37:52ou pas, mais
37:54la dette émergente, ça offre une vraie diversification
37:56parce que tout ce qui est crédit est super cher.
37:58Tant le crédit à haut rendement
38:00aux Etats-Unis qui est ultra cher
38:02que le crédit de bonne qualité.
38:04Tandis que la dette émergente, elle offre encore des perspectives
38:06de rendement attractif.
38:08Et du côté des marchés actions, la Chine, certes,
38:10a vachement progressé, a beaucoup progressé.
38:12Vous avez toute une série encore d'entreprises
38:14qui sont sur une vision moyen terme
38:16encore très très bon marché.
38:18C'est tactique la Chine, vous disiez tout à l'heure.
38:20Ou alors ça revient investissable ?
38:22Jusqu'aux élections américaines.
38:24Jusqu'aux élections américaines.
38:26Comme je l'ai dit, ça reste l'élément clé.
38:28Mais une fois que l'incertitude Trump
38:30ou l'incertitude américaine est passée,
38:32ça peut être un thème...
38:34Ça peut redevenir quelque chose d'un peu plus investissable.
38:36Pour 2025, oui.
38:38Si l'hypothèse Trump est retirée.
38:40Et puis sinon, il y a encore des thèmes
38:42qui sont intéressants, notamment sur les marchés
38:44américains, tant sur le secteur
38:46technologique que le secteur de la santé.
38:48Le secteur de la santé qui reste un secteur
38:50assez attractif et peu cher aujourd'hui.
38:52Qu'est-ce qui vous intéresse dans les marchés globaux
38:54les USA ?
38:56Les actions USA.
38:58Et la France européenne.
39:00Et dans les actions USA, il y a des paris
39:02un peu de style à faire aujourd'hui
39:04par rapport au passé récent ?
39:06Est-ce qu'il y a de la rotation ?
39:08Il faut envisager d'autres segments ?
39:10Sur les small cap.
39:12Mais je suis...
39:14On se doute un petit peu.
39:16Mais en revenant sur les small cap,
39:18il va y avoir quand même une normalisation des taux.
39:20Et donc il devrait en profiter.
39:22Il se sent le plus sensible à ça.
39:24Le tech, toujours.
39:26La santé...
39:28La santé tech, c'est presque la même chose maintenant.
39:30Parfois.
39:32Mais pas les autos.
39:34Pas les autos.
39:36Il n'y a pas grand-chose en Europe
39:38pour nous acheter.
39:40Il y a encore
39:42une petite prime sur le crédit.
39:44Mais il y a problème là
39:46pour une bonne raison.
39:48Et donc...
39:50C'est à peu près...
39:52Je suis plus dubitatif
39:54sur les émergents
39:56avec le focus sur les Chines.
39:58Mais dans l'ensemble,
40:00je suis d'accord qu'il y a plus
40:02d'avoir, un peu plus de gras.
40:04Ce n'est pas encore la fin de l'exceptionalisme américain.
40:06Il y a encore un peu de
40:08marge de ce point de vue-là.
40:10Merci beaucoup, messieurs.
40:12Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
40:14Andrew Enterrington, AXA-IM,
40:16Anthony Morley-Lavidali, Rex&Code
40:18et Nicolas Forest, Candriam.