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Samedi 10 juin 2023, SMART DIGITAL reçoit Aude De Thuin (fondatrice et présidente, SISTEMIC) et Bruno Da Sola (DRH, Groupe INETUM)

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00:00 Alors cette première édition de Systemic Forum International pour la promotion d'une nouvelle génération dans les métiers de l'IT,
00:12 pas seulement les métiers, un petit peu partout dans la société sur ces sujets importants des sciences, des technologies, de l'ingénierie et des mathématiques.
00:20 Vous avez eu comme parrain, j'ai envie de dire Cédric Villani, qu'on aime beaucoup ici sur Bismarck, qui a été votre conseiller scientifique et a donné un discours en particulier.
00:31 Il a pointé du doigt la faible proportion des filles dans ces études scientifiques, dans ces filières.
00:38 Peut-être qu'on peut commencer ensemble, Aude de Thun, par dresser un état des lieux aujourd'hui des femmes dans la tech.
00:46 C'est pas bon du tout. C'est pas bon du tout puisque déjà naturellement les femmes n'allaient pas dans la tech.
00:54 Mais nous avons eu en France un second sujet qui s'est rajouté à celui-là et je vais vous expliquer pourquoi déjà elles n'y allaient pas,
01:01 qui est qu'il y a eu le changement, la réforme du BAC dans le premier gouvernement.
01:09 La réforme Blanquer, oui.
01:10 La réforme Blanquer et qui a provoqué des désastres et qu'on vit aujourd'hui. Pourquoi ? Parce que c'était il y a 5 ans, bientôt 6 ans.
01:19 Et donc c'est aujourd'hui où les élèves ont grandi et donc au moment de rentrer dans des études supérieures et de faire des choix,
01:27 elles ne font pas le choix des maths puisqu'elles avaient tellement peu d'études en maths que du coup elles n'ont pas poursuivi ça.
01:35 C'est quelque chose qui conservait aussi bien les jeunes filles que les jeunes garçons.
01:39 Et de plus en plus. Parce que ce qui se passe aujourd'hui...
01:42 Pourquoi chez les filles c'est plus particulièrement marqué ?
01:44 Alors c'est plus marqué parce qu'elles ne sont pas encouragées dans leur famille, ça commence comme ça, et même à l'école.
01:52 Et c'est ça qui est dramatique, c'est qu'aujourd'hui plus de 60% des professeurs, des enseignants disent aux filles "ne te dirige pas dans ces secteurs,
02:03 il n'y a pas de métier pour toi". Parce que leur raisonnement, enfin ce qu'ils observent, et donc c'est une observation assez... avec des œillères,
02:12 c'est que le monde s'est transformé. On a eu deux grandes crises qui ont provoqué une accélération de ces changements.
02:20 La première c'était le confinement. Et le confinement a été un désastre pour les femmes.
02:26 Pourquoi ? Parce que à 80% les hommes travaillaient, moi j'ai appelé ça le phénomène de la salle à manger, dans les maisons il n'y a pas toujours de bureau.
02:34 Et à 80% les hommes travaillaient sur la table de la salle à manger, ce qui veut dire quoi ?
02:38 Qu'à 80% les femmes travaillaient dans la chambre ou dans la cuisine.
02:42 Et donc avec les résultats que ça a donné, c'est-à-dire un grand, pas burn-out général, mais quand même, un manque d'envie pour les femmes de, vous savez,
02:56 de casser le plafond de verre, d'aller plus loin, de se battre quand elles ont vu à quoi elles étaient réduites finalement.
03:02 Parce que tout leur tombait sur le dos. C'est cette fameuse charge mentale dont on parle. On en parlait avant, il y avait eu beaucoup de progrès.
03:09 Moi d'ailleurs j'y ai contribué en créant le Human Forum. Mais là on a eu une marche arrière absolument incroyable.
03:16 Et puis il y a eu le deuxième phénomène lié au premier, c'est-à-dire au confinement, c'est-à-dire un développement des technologies où en gros on a gagné 5 ans en 2 ans de confinement.
03:27 Et donc qui dit technologie déjà dans le mot tech ? Les filles n'y vont pas spontanément.
03:32 Et les parents, quand une fille a 14 ans en maths, disent... Moi j'ai fait des études là-dessus, j'ai étudié ça.
03:38 Et les parents disent "tu n'as que 14 ans en maths donc tu ne vas surtout pas faire ingénieur, tu te diriges vers autre chose".
03:45 Et si leur frère a 14 ans en maths, on dirait "formidable mon fils, tu seras ingénieur".
03:49 Donc entre les professeurs, qui n'encouragent pas les filles parce qu'eux-mêmes sont plutôt des littéraires, c'est comme ça, c'est leur formation.
03:57 Et ce monde qui bouge et qui a été accéléré de façon absolument... C'est inouï ce qu'on a vécu, c'est une véritable mutation et c'est vrai dans le monde entier.
04:08 Et cette accélération a été en plus, donc il y a eu ce phénomène et puis il y a eu la guerre en Ukraine, qui a également amené à un développement encore plus des technologies et donc encore moins de filles.
04:22 Ça veut dire quoi ? Qu'on est en train d'écrire le monde au masculin ? Et ça je ne pouvais pas laisser faire, c'est pour ça.
04:26 Bruno Dassola, en tant que DRH, pourquoi ce sujet de la féminisation de la tech, des métiers de l'IT est important ?
04:35 D'une manière générale, de toute façon il l'est parce qu'on voit qu'il y a une différence abyssale entre les hommes et les femmes dans l'accès à ces formations, à ces métiers.
04:45 Et on ne peut que s'engager vers ce sujet-là à partir du moment où on souhaite qu'il y ait une égalité des chances dans l'accès aux opportunités professionnelles, l'accès aux passions, l'accès au développement personnel.
04:58 Aujourd'hui, on sait qu'on mène des études, 52% des femmes considèrent qu'il n'y a pas de métier pour elles dans la technologie et dans les mathématiques.
05:06 C'est juste absolument incroyable, c'est anormal de se dire, moi je suis l'heureux papa de quatre enfants dont trois filles, de me dire aujourd'hui mes filles n'auront pas les mêmes chances d'accès à des formations que mon fils.
05:19 Donc c'est pour ça qu'il faut absolument s'engager là-dessus et au-delà de ça, en tant que DRH d'une entreprise qui est dans la technologie,
05:26 aujourd'hui on sait que le marché de l'emploi est extrêmement tendu, nous recrutons plus de 3500 personnes en France cette année.
05:33 On sait qu'on a du mal à aller chercher des talents, aller chercher des candidats.
05:37 On a besoin de davantage de profils.
05:39 Effectivement, on a besoin de davantage de profils et le développement des filles et des femmes dans ces filières est un sujet absolument essentiel pour nous en tant qu'entreprise,
05:48 mais d'une manière générale pour moi en tant que société.
05:52 Et juste pour surenchérir sur ce que Haute disait à l'instant, on a connu avec le confinement un développement très très fort de tout ce qui était digital.
05:59 Et un des éléments, et là pour le coup sociétal, qui est absolument nécessaire d'avoir en tête, c'est qu'à partir du moment où nous n'avons que des hommes qui sont en train de faire du code,
06:10 qui sont en train de développer des applications numériques, qui sont en train de travailler sur le digital, qu'on le veuille ou non, il y a des biais qui sont en train de se mettre en œuvre.
06:17 C'est un énorme sujet.
06:19 C'est un énorme sujet. La diversité sur la manière d'aller faire du code, d'aller développer des fonctionnalités dans tout ce qui est digital,
06:26 est un sujet absolument essentiel parce que sinon, effectivement, on va construire le monde de demain qui sera un monde exclusivement masculin, en tout cas avec une vision masculine.
06:33 Alors on a parlé en amont de la formation, de la culture du coup, de la famille, des parents.
06:39 Il y a l'entreprise aussi. Est-ce qu'en entreprise, il y a une discrimination, je dirais, sourde, silencieuse vis-à-vis des femmes dans la tech ?
06:48 Oui et non. Je vais commencer par le non et par les choses positives parce que sinon, c'est un désastre quand on voit les résultats. Réellement, c'est un désastre.
06:56 Mais la prise de conscience est là. Ce que disait Bruno, moi je l'ai constaté, c'est la prise de conscience, elle est unanime.
07:06 Il n'y a plus aucune remise en question sur le fait que notre monde serait écrit au masculin.
07:10 Mais ça veut dire quoi ? Et c'est là où Bruno a raison.
07:13 Ça veut dire qu'on aura un monde écrit au masculin. Ça veut dire quoi ? On le voit dans Tchad GPT aujourd'hui par exemple.
07:19 Aujourd'hui, Tchad GPT fait référence quand on va demander par exemple des métiers pour les filles.
07:26 Ils vont parler, même pas, en plus ce sont des mots américains, ils vont dire "nurse" pour dire infirmière, pas "une seconde", on dira "chirurgienne".
07:34 On va dire "chirurgien". Donc tous les mots pour les métiers de demain sont au masculin. Tous.
07:40 Et en plus avec des mots anglais. Donc vous vous rendez compte l'impact que ça va avoir.
07:46 Et quand on parle de cybersécurité, qui est un des grands sujets du moment aujourd'hui, où il y a, je crois, dans le monde, 3 millions de demandes d'emplois non pourvus dans la cyber.
07:57 Aujourd'hui, les filles entendent parler de cyber, cybersécurité, elles disent "c'est pas pour moi". Elles ne s'imaginent pas une seconde rentrer là-dedans.
08:04 Et puis il y a eu tous les problèmes d'agression sexuelle dont elles ont entendu parler, parce que sur les réseaux, tout ça circule.
08:12 Il y a des écoles qui l'ont subi, parce que dans une école, si vous prenez le plateau de Saclay par exemple, où sont formés beaucoup d'ingénieurs,
08:19 tu sais, les plus grandes écoles françaises, sur 1000 étudiants, il y a 200 filles.
08:23 Et donc, vous imaginez ce que ça peut donner. Et les parents ont peur de ça. Ils ont peur d'amener, d'encourager leurs filles à aller vers des métiers qu'on ne connaît pas encore très bien.
08:36 Donc ils n'ont pas non plus toujours la curiosité d'aller chercher. Et c'est là où on a un rôle à jouer.
08:41 C'est pour ça que j'ai créé Systémic. Parce que moi, j'ai des petits-enfants. Je ne conçois pas une seconde de laisser le monde...
08:48 Je ne me suis pas battue toute ma vie. Moi, je suis une féministe très pragmatique. Je suis pour un monde équilibré, hommes-femmes, ensemble.
08:55 Je pense que c'est beaucoup plus harmonieux. C'est comme le règne animal, vous savez. Sinon, enfin, moi, je suis les pieds sur terre.
09:02 Et là, on est en train, on est au début de quelque chose de gravissime. Et je rajoute une chose.
09:08 C'est qu'aujourd'hui... Alors, ce que je dis, c'est juste intuitif. Mais mon intuition ne m'a pas toujours trompée, rarement trompée même.
09:17 Le phénomène auquel on risque d'arriver dans les mois qui viennent, c'est demain, ça va se passer, ou c'est déjà aujourd'hui.
09:25 Quand on parle de tchad GPT, on parle de suppression d'emplois. On parle moins des emplois créés. On dit que, mais on ne définit pas lesquels.
09:34 Après, on pourra en parler. Parce que vous allez voir pourquoi cet avenir est positif, si on écoute et si on regarde bien les choses.
09:43 Aujourd'hui, ce qu'on entend, ce sont les suppressions d'emplois. Aux États-Unis, on a parlé de 300 millions pour le monde entier, évidemment.
09:50 300 millions d'emplois dans les années qui viennent. Imaginez un homme qui est dans un poste d'ingénieur, dans une entreprise, dans n'importe quelle fonction.
10:00 Il entend ça. Qu'est-ce que son cerveau lui envoie comme message ? Je risque de perdre mon job, puisque tchad GPT, on dit que ça peut remplacer plein de jobs.
10:08 Donc c'est à ça qu'il va penser. Or, quand on a ce genre d'informations et quand on a des intuitions comme ça dans notre cerveau,
10:17 le réflexe va être s'ils ont besoin de recruter, parce qu'il dit « je vais perdre mon job », mais si je dois créer quelque chose, il va le faire systématiquement avec d'autres hommes.
10:28 Il n'aura aucun réflexe d'aller chercher une femme. Et donc on va être dans un entre-soi, comme dans la cour de récréation quand on était petit, où les garçons étaient au milieu de la cour et les filles étaient autour.
10:39 – C'est toujours plus simple, effectivement, de rester au milieu de son cercle familier. – Bien sûr, ça c'est l'autre danger.
10:44 – Ça pose la question donc des actions. Comment est-ce qu'on fait en entreprise, dans une grande ESN comme Inetom, qu'est-ce qu'on peut mettre en place pour éviter de tomber dans ses travers ?
10:55 Et réussir à aller capter ses nouveaux talents, qui sont féminins aussi.
10:59 – Il y a un éventail énorme d'actions qui sont déjà menées d'ailleurs depuis plusieurs années.
11:02 Donc tout l'intérêt aussi du forum systémique, je pense que c'était aussi de se dire « on fait déjà beaucoup de choses, est-ce que ça fonctionne bien ? Non. »
11:10 Et donc il faut encore accélérer. Et il y a vraiment une accélération fondamentale à avoir.
11:15 Et moi ce qui m'a beaucoup plu, et je l'ai dit quand on a fait l'intervention avec les autres entreprises,
11:21 c'est aussi cette idée de coalition entre toutes les entreprises qui participent aujourd'hui au forum.
11:25 Parce qu'il y a quelque chose qui ne peut pas juste relever de l'individu dans l'entreprise, mais aussi de l'individu en tant qu'entreprise.
11:32 Il faut que ce soit un mouvement commun. Donc qu'est-ce qu'on doit faire ?
11:35 On doit commencer dès le plus jeune âge. Aujourd'hui nous sommes avec Inetom, on mène un certain nombre d'actions dans des écoles primaires,
11:42 dans des collèges, pour aller expliquer quels sont les métiers de la technologie.
11:45 Parce que je crois que c'est un sujet hyper important. Aude le disait, aujourd'hui on voit des jeunes filles qui sont…
11:50 Elle est variée.
11:51 Bien sûr.
11:52 Nous on a fait venir des parents avec des enfants.
11:53 Bien sûr. Et on a des jeunes filles aujourd'hui qui sont fortes en maths, qui arrivent au lycée, on leur dit « ben non, finalement, t'as que 14 »,
11:59 l'exemple que tu donnais à l'instant. Et finalement, elles vont aller d'ailleurs sur des filières qui sont parfois plus compétitives encore que la filière ingénieure,
12:07 par exemple, pour aller sur de la médecine et sur ce type de formation qui sont encore plus difficiles.
12:12 Donc il faut aller expliquer quels sont nos métiers, et ça c'est une gageur parce qu'effectivement nos métiers sont en constante évolution.
12:19 C'est ce qui fait la beauté de ce secteur d'activité, mais c'est en constante évolution.
12:23 Donc c'est à nous d'aller expliquer, voilà ce que l'on fait, voilà quels sont les métiers, voilà quelles sont les possibilités,
12:27 quelles sont les opportunités de développement personnel qu'on peut avoir dans ces filières.
12:32 Ça c'est le début. Et c'est absolument essentiel.
12:34 Je pense que dès le plus jeune âge, il faut qu'on explique ça pour éviter les biais, pour éviter vraiment les postulats sociaux qui se mettent en l'air.
12:39 Dans la phase de recrutement, très concrètement, comment est-ce que vous pouvez agir ?
12:42 Alors aujourd'hui on a un certain nombre d'objectifs, on a des objectifs qui sont très transparents, très réels.
12:46 Par exemple, le nombre de femmes que l'on veut avoir dans nos effectifs, aujourd'hui on est à peu près à 30%,
12:50 ce qui est un résultat malheureusement qui est plutôt pas mal, mais je dis bien malheureusement parce que ça ne reste que 30%.
12:57 Donc il faut qu'on aille vers 50% de femmes dans nos effectifs, qui est un objectif extrêmement ambitieux.
13:02 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que systématiquement, dans nos processus de recrutement, on va s'obliger à avoir des CV de femmes avant de prendre une décision.
13:12 Ça veut dire également qu'on va ouvrir les vannes sur l'accompagnement à la promotion en interne.
13:19 Aujourd'hui un chiffre aussi qui n'est pas un bon chiffre, on a 30% de femmes dans nos effectifs et on est à peine à 20% de femmes dans nos fonctions managériales.
13:28 Donc ça c'est aussi un sujet et il faut qu'on casse ces plafonds de verre.
13:32 Donc on a mis en place du mentoring, de la formation, on communique énormément là-dessus et on va obliger aussi nos managers
13:38 à prendre en considération des femmes dans les plans de développement, dans les plans d'IPO, de haut potentiel dans l'entreprise
13:45 et favoriser effectivement les femmes dans l'évolution professionnelle, que ce soit d'ailleurs sur les fonctions managériales ou des fonctions d'expertise très fortes sur le métier.
13:53 Alors moi j'ai une chose à rajouter. Pour créer des nouveaux rôles modèles parce que c'est ça dont on a besoin.
13:58 Justement, alors on s'est rendu compte d'une chose au forum, dans les retours que nous avons eus du forum systémique,
14:04 il y a des mamans qui sont venues ou des pères aussi quelques-uns avec leurs filles et on nous a dit qu'il ne fallait pas mettre des rôles modèles presque inaccessibles
14:13 ou considérés comme inaccessibles. C'est intéressant, on n'en avait pas conscience du tout.
14:17 Donc on a pris ça à le vent. Et puis j'ai, je crois, une bonne nouvelle à vous annoncer, c'est que dans le développement que nous allons donner maintenant à Systémic,
14:25 on a inclus les mairies des villes à Paris, les arrondissements où nous allons aller parler aux parents avec leurs filles.
14:34 Parce qu'on a eu une demande très forte pendant Systémic et il y a des écoles qui nous ont reproché de ne pas les avoir avertis avant.
14:43 Et donc on est en train d'étudier ça et on va le mettre en place. On a déjà deux demandes en dehors de Paris, donc c'est intéressant,
14:52 parce qu'il faut aussi toucher les quartiers, les quartiers difficiles. Là aussi, il y a à repérer, nous on a fait une conférence par exemple,
14:59 pour des filles qui venaient du 9-3, sur pas la peine d'être douée en maths pour entrer dans les métiers du cloud.
15:07 Ça c'est intéressant, c'est-à-dire qu'il faut dédramatiser, il faut leur donner l'impression, et c'est vrai, c'est pas seulement une impression,
15:18 qu'on peut rentrer dans les métiers de demain sans pour autant être douée en maths ou de poursuivre des études.
15:26 Et c'est ça qui n'est pas compris aujourd'hui. Et nous, nous avons, alors ça, on en a pris conscience avant. Pourquoi ?
15:34 Parce que quand on cherchait les speakers, on a rencontré des femmes, une par exemple, qui s'appelle Marion Carré,
15:40 qui a une boîte d'intelligence artificielle, elle a pas loin de 20 salariés, et elle a fait des sciences sociales.
15:47 Donc qu'est-ce qu'elle a fait, elle ? Elle s'est appuyée sur des techniciens, et d'ailleurs elle a pris des hommes comme techniciens,
15:53 et donc ce qu'il faut dire aux parents et aux jeunes femmes, c'est que si elles font des études d'histoire, de sciences sociales, de philosophie,
16:01 d'art, de lettres, toutes les études, elles sont très recherchées. Très très recherchées. Pourquoi ? Parce qu'il faut alimenter la technique.
16:09 Absolument. Et il faut voir ça. Et tous les sujets éthiques aussi autour de l'imprimant de l'intelligence artificielle.
16:14 Oui. Et donc vous voyez, ça ouvre des perspectives, et c'est aussi là où nous, nous avons, avec Systémique, un grand rôle à jouer,
16:22 c'est de leur dire "mais non, l'avenir, vous n'êtes pas condamnés dans cet avenir, au contraire, on a besoin de vous si vous n'êtes pas douée en maths".
16:28 C'est vrai aussi pour les garçons. On va demander, plus il y aura de jeunes créatifs et mieux ce sera. Il faut bien alimenter les tuyaux.
16:35 Je voudrais juste rajouter un petit point. L'accès aux écoles est quelque chose d'hyper important, et il faut qu'on le développe.
16:41 Ça paraît assez incroyable, mais on a parfois des difficultés à avoir accès aux écoles pour aller présenter nos métiers, pour aller discuter avec les enfants.
16:48 Donc ça c'est un point qui est vraiment... Donc il faut qu'on embarque effectivement les mairies, parce que ça c'est quelque chose qui parfois est assez surprenant.
16:54 On a du mal à accéder aux écoles. Sur les rôles modèles, effectivement il nous faut des rôles modèles. Il faut qu'on les mette en avance.
16:59 C'est ce qu'on fait aujourd'hui avec notre programme de mentoring chez Inetum. Et on va prendre les femmes qui ont le plus réussi,
17:04 que ce soit encore une fois du management ou de l'expertise, pour aller raconter leurs histoires.
17:09 Et je pense qu'il y a un point supplémentaire aussi, il ne faut pas que des rôles modèles femmes finalement. Je m'explique.
17:14 Il faut effectivement des femmes, et j'ai eu une discussion il n'y a pas longtemps très intéressante avec des hauts potentiels femmes dans l'entreprise,
17:20 qui nous ont dit "oui on veut être mentorés, mais pas forcément par une femme".
17:24 Et je pense que ça rejoint aussi l'idée de dire qu'il faut que les hommes aujourd'hui qui sont dans les entreprises,
17:29 qui sont à des postes à responsabilité élevée, prennent réellement conscience de ces sujets-là,
17:33 et puissent aussi jouer le rôle de rôle modèle, en allant dire à quel point pour eux c'est important aussi la diversité dans les effectifs.
17:40 Mais est-ce qu'ils vous suivent justement, les hommes, sur ces sujets-là ?
17:43 Ah oui, de plus en plus, je crois.
17:45 Oui, parce que c'est acquis, le sujet est acquis, et les hommes n'ont pas envie d'être entre eux.
17:52 La prise, comme je l'ai dit tout à l'heure, la prise de conscience est là, et donc c'est assez facile maintenant d'y aller.
17:58 Ce qu'il fallait c'était alerter.
18:00 Et ce qu'a dit Bruno tout à l'heure, c'est que moi j'ai réussi à créer une coalition d'entreprises,
18:04 c'est-à-dire des entreprises qui nous ont rejoints, pour développer ce mouvement qu'on va développer maintenant.
18:10 Quel type d'entreprise d'ailleurs ?
18:12 Alors, c'était plus facile au départ. La première, ça a été Inetob.
18:16 C'est pour ça que je suis contente d'être avec toi Bruno, parce que ça a été la première à me faire confiance,
18:20 à penser que mon projet n'était pas fou, parce que beaucoup de gens me disaient,
18:23 mais moi j'ai à peu près entendu ça toute ma vie, quand j'ai créé le Women's Forum, on disait "mais qu'est-ce que c'est que ce truc de nana ?"
18:29 Ils pensaient que j'allais faire un dossier en rose, et que j'allais demander aux filles d'arriver avec des...
18:33 Voilà, c'était juste une incompréhension, mais c'était il y a 20 ans, le Women's Forum.
18:38 Aujourd'hui, les choses ont beaucoup évolué sur ce plan-là. Elles ont régressé sur beaucoup d'autres plans.
18:43 Et là où malheureusement la France a pris du retard, c'est à cause, une fois de plus, de cette réforme du BAC.
18:52 Mais les entreprises qui nous ont accompagnées, ce sont des entreprises essentiellement françaises.
18:57 La première année, on a eu quelques internationales, mais ça c'est le chantier numéro 2, qu'on va démarrer maintenant.
19:02 Ce sont des grandes entreprises qui ont des besoins recrutement ?
19:05 Ah oui, ce sont toutes des entreprises, beaucoup de multinationales,
19:10 beaucoup d'entreprises qui sont dans des métiers où on ne les attend pas.
19:15 Regardez Siemens par exemple, on ne s'attend pas à ce que Siemens recrute.
19:19 Et quand je leur ai parlé, quand j'ai parlé à la présidente de Siemens, qu'on allait faire venir des jeunes filles des banlieues
19:25 pour leur dire "pas besoin d'avoir fait des maths pour travailler dans les métiers de demain",
19:29 elle dit "mais c'est formidable ça". Parce qu'il y a ce manque de compréhension.
19:34 On parle d'intelligence artificielle, on parle de chat GPT, on parle de tech, de cyber,
19:40 des mots qui effectivement ce sont d'ailleurs des mots durs.
19:43 Quand on les prononce, ce sont des mots, j'allais dire presque plus masculins.
19:49 C'est un peu gadget de dire ça, mais c'est une réalité. En tout cas la perception est comme ça.
19:53 Et donc ce qu'il faut aujourd'hui c'est...
19:55 Le numérique est plus accessible.
19:57 Plus doux. C'est expliquer les métiers dans lesquels on a besoin de cette mixité pour faire un monde équilibré.
20:06 C'est-à-dire que là on est sur un enjeu de société. Et c'est ça qui est important.
20:09 Et c'est là où j'aime beaucoup le fait d'avoir lancé Systemic parce que c'est vraiment un enjeu social.
20:16 La particularité de Systemic, si je dois comparer au Women's Forum, c'est que là on adresse la question aux plus jeunes, avec les plus jeunes.
20:24 Avec les plus jeunes, mais on a des femmes qui sont aussi venues, qui sont en recherche professionnelle.
20:30 Donc ils sont... Vous savez, c'est tout le paradoxe des entreprises.
20:34 Moi je connais plein d'entreprises en France qui licencient des femmes parce qu'elles ne sont pas digitales natives.
20:39 Et donc elles ont 40-45 ans et n'ayant pas appris, n'étant pas familières avec le code, avec ces nouveaux outils qui sont indispensables aujourd'hui, on ne les garde pas.
20:50 Et dans le même temps, ces entreprises recrutent beaucoup de femmes aussi.
20:54 Donc aujourd'hui, ça veut dire quoi ? Reconversion.
20:57 Donc c'est là où il faut penser tout ce monde du travail autrement et changer nos fusils d'épaule et être capable d'expliquer ça,
21:07 surtout aux parents, mais aussi ces femmes en reconversion.
21:10 Apprendre le code aujourd'hui, c'est une chose facile.
21:13 Il y a énormément d'associations qui se sont mises sur ce créneau et tout le monde a un avenir formidable.
21:19 Bruno, est-ce que vous avez identifié des points de blocage aujourd'hui qui empêchent véritablement d'accélérer sur ce sujet de la féminisation des métiers de l'IT ?
21:30 Alors je ne sais pas si c'est des points de blocage.
21:32 Par contre, on a identifié des points sur lesquels il faut accélérer, qui nous permettront de réaliser ce qu'on veut faire aujourd'hui.
21:36 On parlait par exemple à l'instant de votre question sur savoir si les hommes nous suivaient sur ce mouvement-là.
21:43 Je pense que de plus en plus, et notamment les plus jeunes générations, mais il y a un exemple qui est très bien pour n'importe quel chef d'entreprise ou chef de business unit
21:53 qui va gérer son business, c'est qu'on sait aujourd'hui de manière très claire qu'une équipe sera beaucoup plus innovante et beaucoup plus efficace lorsqu'elle fait preuve de diversité avec des hommes et des femmes.
22:04 C'est un sujet extrêmement simple.
22:06 L'autre sujet pour moi aujourd'hui, on parlait tout à l'heure du recrutement et de l'explication auprès des écoles.
22:11 Il faut qu'on ait la possibilité, nous en tant qu'entreprise, d'aller parier aussi sur des écoles et d'aller investir dans les écoles pour les obliger au moment du recrutement de leurs candidats et des étudiants,
22:21 les obliger aussi à jouer le jeu de la diversité.
22:23 Parce qu'effectivement, aujourd'hui, ça peut continuer un camp comme ça pendant 20 ans,
22:27 si moi je me présente à la sortie des écoles d'ingénieurs qui auront recruté toujours de la même manière et qui finalement ne me proposent que des candidats qui sont des hommes.
22:35 Parce que c'est une réalité, je crois qu'on doit être à 10 ou 15% des promos qui sont des femmes.
22:39 Et c'est en baisse, c'est ce que disait M. Villani.
22:42 Je crois qu'aujourd'hui, ce qui est important, c'est qu'on puisse aller investir sur ces écoles-là et qu'au-delà des objectifs que les entreprises se donnent,
22:49 il faut qu'il y ait des objectifs qui soient clairs aussi dans les écoles et sur ces sujets-là, parce que sinon on n'y arrivera pas.
22:56 Autre point de blocage, je dirais qu'il y a cet aspect, et c'est le point de blocage le plus difficile finalement, c'est ce dont tu parlais tout au début,
23:04 c'est-à-dire cet aspect un peu sociétal, postulat de départ, qui fait que les filles ne vont pas sur ces fonctions-là.
23:11 Et ça malheureusement, ça passera forcément par une prise de conscience.
23:15 Et quand on a parlé des chiffres au Forum systémique, ils font froid dans le dos.
23:19 Le nombre de femmes dans les formations est un sujet qui fait froid dans le dos.
23:26 Donc il faut qu'il y ait cette vraiment prise de conscience.
23:29 Et pour finir, on parlait de la reconversion.
23:32 Aujourd'hui, nous, on travaille beaucoup sur tout ce qui est, désolé pour l'anglicisme, le reskill ou l'upskill,
23:36 qui effectivement, on a des gens qui ne sont pas digitales natives, qui n'ont pas connu cela.
23:40 On accompagne.
23:41 Et on peut tout à fait les accompagner, on peut tout à fait les former pour aller sur les nouveaux métiers, parce que c'est tout à fait possible.
23:46 Alors ne faites pas totalement la conclusion, parce qu'on a deux minutes justement pour voir ensemble les key points qu'il faut retenir sur ce sujet.