SMART JOB - Bien dans son job du mardi 13 juin 2023
Mardi 13 juin 2023, SMART JOB reçoit Charlotte Bartissol (Directrice, Centre Européen de Musique de Chambre ProQuartet)
Transcript
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00:11 -Bien dans son job pour parler emploi.
00:14 Comme c'est un sujet très original dont nous allons parler,
00:17 commençons par des images.
00:18 Des images et de la musique. Regardez.
00:21 ...
00:49 Que ça fait du bien de démarrer avec des notes de musique,
00:52 avec un quatuor à cordes.
00:54 Charlotte Bartissol, merci d'être avec nous.
00:56 Ces images, vous les connaissez bien.
00:59 Elles sont issues de votre association ProQuartette.
01:02 Vous êtes la directrice du Centre européen
01:04 de musique de chambre ProQuartette.
01:06 Ce n'est pas uniquement pour parler de belle musique,
01:09 c'est pour parler d'insertion professionnelle
01:12 de musiciens et ses musiciens à cordes et au piano,
01:14 puisque vous accueillez aussi des artistes...
01:17 -En trio. -En trio.
01:19 -En trio. Racontez-moi l'esprit de ProQuartette.
01:22 C'est quoi ? C'est de tendre la main
01:25 à des musiciens, pas en herbe, talentueux,
01:28 et de les faire grandir. C'est ça, l'idée ?
01:30 -C'est tout à fait l'idée.
01:32 Je dirais souvent, quand je dois résumer ProQuartette,
01:35 ce qui est une opération compliquée,
01:37 car c'est un énorme octopus avec beaucoup d'activités,
01:40 mais dans ce coeur d'activités, l'insertion professionnelle,
01:44 ce qu'on offre à ProQuartette, c'est du temps.
01:46 -On a des émergés, après des études
01:48 dans les conservatoires européens les plus prestigieux.
01:52 -C'est les meilleurs. -Toujours.
01:53 On a eu des images avec le quatuor Confluence,
01:56 un des jeunes quatuors français les plus merveilleux du moment,
02:00 qui a besoin d'un peu de temps pour éclore et développer un projet
02:03 qui, une fois qu'il aura été abouti,
02:05 au bout de longues années, ils pourront se retourner
02:08 et voir que ce projet est devenu une carrière.
02:11 -On est un peu comme dans le sport de haut niveau,
02:14 on a un talent sur le terrain, et on va lui dire
02:16 qu'on va faire grandir avec toi des artistes de ce niveau,
02:20 des personnes qui joueront sur les plus grandes scènes du monde,
02:23 puisque c'est le cas, de quoi ils ont besoin
02:26 et qu'est-ce que vous leur apportez ?
02:28 -Ils ont besoin, comme vous le voyez,
02:30 d'encore quelques rencontres avec des grands musiciens.
02:33 Ils sont en masterclass avec Mathieu Herzog, du quatuor Eben.
02:36 Ils profitent d'une série de masterclass
02:39 qu'on organise à Paris, avec les plus grands interprètes
02:42 de musique de chambre du monde et de toutes les générations.
02:45 Il y a cette mise en place de ce compagnonnage.
02:48 Au-delà du perfectionnement musical,
02:50 ils ont un accompagnement plus structurel,
02:53 c'est-à-dire qu'on les aide à prendre connaissance
02:56 et à développer des compétences
02:58 dans l'entièreté de cet écosystème...
03:00 -Pas que l'instrument, mais tout.
03:02 -Pas que la scène, tout ce qu'il y a autour.
03:05 -Il faut des cours de droit, il faut connaître ses contrats...
03:08 -Il faut connaître ses contrats, ses droits de musicien,
03:12 d'interprète, il faut savoir comment on discute
03:14 avec un agent, un programmateur.
03:16 Toutes ces petites notions qu'on n'apprend pas
03:19 dans les conservatoires, qui sont concentrées
03:22 sur la performance artistique. -C'est une école
03:24 pour accompagner les talents et les faire pousser
03:27 le plus haut possible. C'est bien ça.
03:29 -C'est une école pour leur donner une boîte à outils
03:32 pour qu'ensuite, eux, puissent construire leur chemin.
03:35 -J'ai vu, c'est des chiffres assez impressionnants,
03:38 parce que musicalement, ce sont des niches,
03:41 c'est des passionnés de quartet.
03:43 65 concerts, il y a eu 3 festivals,
03:47 28 partenaires de diffusion, 119 actions culturelles en une année.
03:51 Vous avez été créée quand, ProQuartet ?
03:53 -En 1987. -Ca fait combien d'artistes ?
03:55 Vous avez calculé ? -Non, pas du tout.
03:58 J'aurais pu, mais ça en fait quelques milliers,
04:00 et parmi les plus grands pour votre public spécialiste.
04:04 -Ils n'oublieront jamais ProQuartet.
04:06 -Ils n'oublieront jamais,
04:08 parce que parmi les plus anciens qui ont connu ProQuartet,
04:11 ils reviennent toujours volontiers pour des masterclass,
04:14 des rencontres, des témoignages,
04:16 le compagnonnage qui est si important.
04:18 -On parle beaucoup de CFA, d'apprentissage,
04:21 de structure éducative.
04:22 Comment ça se passe ? On pousse la porte,
04:24 ProQuartet, c'est un lieu, on s'y assoit,
04:27 on y dort, on y mange, on y apprend.
04:29 C'est comme une école ? -Non, c'est pas comme une école.
04:32 ProQuartet, on y postule, il y a une sélection européenne.
04:35 -Rude ? -Oui, oui,
04:37 parce qu'on en accompagne à temps plein,
04:39 que 10 ensemble, par an,
04:42 et pour des résidences de deux ans.
04:44 Après, concrètement, il n'y a pas un bâtiment
04:46 dans lequel vous entrez et vous êtes à ProQuartet,
04:49 ce sont des bureaux administratifs.
04:51 On a développé suffisamment de partenariats
04:54 pour les accueillir sur une semaine dans un lieu
04:56 pour travailler sur un projet précis de spectacle, de concert.
05:00 Les résidences sont ponctuelles.
05:02 -C'est très liquide. -Exactement.
05:04 Ces musiciens ont déjà un premier pas sur scène,
05:07 et ne sont pas disponibles comme à l'époque de leurs études.
05:10 -Vous nous dites aussi qu'à ce niveau-là de technicité,
05:13 ils ont besoin de se retrouver.
05:15 C'est un lieu de partage,
05:16 des moments où on échange des choses ?
05:18 -C'est un lieu où je cherche, depuis mon arrivée en juin 21,
05:23 j'insiste sur la communauté de musiciens qu'ils doivent former,
05:26 car ces jeunes musiciens de cette génération
05:29 vont s'accompagner toute leur vie, toute leur carrière,
05:32 ils vont se recroiser dans des festivals.
05:34 C'est très important de faire corps dès le début.
05:37 -Et vous, comment vous définiriez, au-delà de votre titre juridique,
05:41 vous êtes directrice de ProQuartets,
05:43 comment vous définiriez, car c'est au carrefour de mille choses,
05:46 c'est quoi ? C'est la nounou, c'est l'écoute,
05:49 c'est celle qui peut taper du poing sur la table,
05:52 rectifier un contrat ?
05:53 -Je fais un peu tout ça.
05:54 C'est déjà une disponibilité assez énorme pour eux tous,
05:59 dont ils usent et abusent avec mon autorisation.
06:02 -Je suis au Japon, j'ai un problème.
06:04 -Par exemple.
06:05 Mais oui, je me mets à leur disposition
06:07 pour que chacune de leurs difficultés
06:10 devienne la problématique qu'on traite en équipe
06:13 et qu'on les sorte de leurs difficultés du moment.
06:16 On sait tout faire ou on essaye de tout faire
06:18 et quand on ne sait pas faire, on cherche pour et avec eux.
06:21 -Je vais être abrupte, mais on est une entreprise,
06:24 une émission qui parle des entreprises.
06:27 Comment ça se passe ? Vous prenez une cote part,
06:29 comme les agents, le fameux 10 % sur leurs gains ?
06:32 Comment ça marche ?
06:34 -On est une association, comme vous l'avez précisé,
06:36 d'intérêts généraux.
06:38 On reçoit notamment des subventions
06:41 de l'Etat, de collectivités territoriales,
06:43 pour une partie de notre mission.
06:45 Ensuite, on a développé un cercle de partenaires,
06:48 de mécènes, qui est très actif et qui nous permet
06:51 de réunir ce budget d'environ 1,2 million
06:53 pour pouvoir monter nos opérations.
06:55 -Donc, ça ne ressemble pas tout à fait,
06:58 puisque je le comparais en préparant l'émission
07:00 aux écrivains en résidence,
07:02 dans un milieu de vie presque monacal,
07:04 pour certains. -Non, c'est pas ça.
07:06 L'idée de la résidence, c'est qu'on emploie cette expression
07:10 parce que pendant deux ans, on s'occupe d'eux à 100 %,
07:13 mais ils ont bien d'autres activités
07:15 et on ne les a pas avec nous.
07:16 -Vous, le rêve que vous portez quand vous accueillez,
07:19 après avoir fait une sélection draconienne,
07:22 il y a quoi ? Il y a un oral ? Il faut qu'il joue ?
07:25 -Comme c'est une sélection européenne,
07:27 c'est une candidature où ils nous envoient une vidéo,
07:30 pardon, une petite vidéo où ils se présentent,
07:32 une petite lettre d'intention,
07:34 qui n'est pas une lettre de motivation,
07:37 mais pour voir comment eux posent des mots
07:39 sur leurs besoins et leur état du moment
07:42 et vers où ils souhaitent aller.
07:43 -C'est l'unique structure qui existe dans ce domaine.
07:46 -Absolument. -J'ai fait du benchmark.
07:49 ProQuartette est unique en son genre.
07:51 -En France, en Europe, et est très enviée partout dans le monde.
07:54 -C'est un modèle incroyable.
07:56 Que dans la musique à cordes et les trios
07:59 avec piano, vous ne dites pas
08:00 "Je vais me lancer dans le rock, dans le heavy metal."
08:03 -Non. -Je vous taquine un peu ?
08:05 -Non, mais vous pouvez, parce que mes goûts personnels
08:08 ne se portent pas principalement sur la musique classique,
08:11 mais je suis très fan d'un groupe comme 52
08:14 ou d'autres musiques électro.
08:16 Je suis une fidèle de plein de festivals,
08:18 mais nous, notre spécificité,
08:20 parce qu'il y a une singularité dans la musique de chambre,
08:23 on se consacre à la musique de chambre.
08:26 -ProQuartette, un moment original pour parler de l'emploi.
08:29 Pas de l'insertion, mais l'évolution de talent.
08:31 C'est de ça dont il est question.
08:33 Merci, Charlotte Bartisseul, de nous rendre visite,
08:36 directrice du Centre européen de musique,
08:39 c'est important, car c'est aussi toutes ces cultures européennes
08:42 qui se rencontrent, de chambre, ProQuartette.
08:45 Merci de nous avoir rendu visite.
08:47 Notre rubrique, "Les entreprises s'engagent",
08:50 c'est comme chaque semaine, à la rencontre d'un partenaire
08:53 du réseau de la communauté des entreprises s'engage,