SMART BOURSE - Planète marché(s) du mardi 13 juin 2023

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Mardi 13 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Thierry Le Clercq (Président – Fondateur, Alphajet Fair Investors) , Éric Venet (Directeur de la gestion, Montbleu Finance) et Christophe Barraud (Chef économiste et stratégiste, Market Securities)
Transcript
00:00 [Musique]
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Thierry Leclerc est avec nous, le président fondateur d'AlphaJet Fair Investors.
00:16 Bonsoir Thierry.
00:17 Bonsoir Grégoire.
00:18 Merci d'être avec nous. Merci à Éric Venet de nous accompagner également ce soir.
00:21 Bonsoir Éric.
00:21 Bonsoir Gérard.
00:22 Ravi de vous retrouver. Vous êtes directeur de la gestion de Montbleu Finance.
00:25 Et Christophe Barraud avec nous, chef économiste et stratégiste de Market Securities.
00:28 Bonsoir Christophe.
00:29 Bonsoir Gérard.
00:30 Merci d'être là avec nous autour de la table.
00:32 Christophe, je commence avec vous le décryptage, la décomposition de la dynamique d'inflation aux États-Unis.
00:37 Je prends un peu d'avance parce que c'est vrai qu'on a un peu de visibilité quand même sur l'inflation du mois de juin aux États-Unis.
00:42 Là, elle est à 4%. Elle sera peut-être à 3,5% voire moins au mois de juin.
00:47 Je parle de l'inflation globale sur un an, ce qui nous fait dire qu'en un an, justement,
00:52 le rythme d'inflation, le rythme de hausse des prix global aura été divisé par 3 quand même.
00:57 Oui, alors nous, on est plutôt sur 3 que 3,5%.
01:00 Ah oui ? Donc une sacrée marche encore.
01:02 Oui, mais le...
01:03 En deux mois, on n'aura jamais vu autant de désinflation comme ça en deux mois aux États-Unis.
01:07 Exactement. Après, les effets de base sont extrêmement négatifs parce qu'on avait un prix du pétrole très, très élevé.
01:14 Donc la contribution du pétrole en juin, la contribution négative sera très importante.
01:18 Massive.
01:19 Ce qui est aussi intéressant dans le rapport d'aujourd'hui, c'est de voir qu'est-ce qui a permis au CPI d'être en territoire positif.
01:24 Alors vous avez les loyers qui ont rajouté 0,2 points à peu près et les ventes de véhicules existants, c'est 0,1 point.
01:31 Or, on sait via des indicateurs avancés que ces deux composantes sont censées se normaliser,
01:37 soit le mois prochain ou soit dans les deux mois.
01:39 Donc un rapport plutôt encourageant et qui renforce l'idée qu'on sera plutôt aux alentours des 3% au mois de juin.
01:46 Après, la vraie question, à mon sens, elle est plus qu'est-ce qui se passe de juillet à décembre.
01:51 Et la vraie résistance, ce sera de passer de 3 à 2.
01:55 Le seuil de 3 est, à mon sens, pas forcément très important à court terme.
02:01 C'est comment on fait pour redescendre à 2%.
02:04 Quand on regarde, très spécifiquement, ce qui est regardé aujourd'hui par la Fed,
02:08 l'inflation cœur dans les services en enlevant la composante logement,
02:12 est-ce que là aussi, il y a matière à encouragement, Christophe ?
02:16 Alors ça se normalise, mais c'est la composante, de toutes les composantes, qui se normalise le plus lentement,
02:22 si on compare à d'autres composantes, comme l'alimentation,
02:26 qui, pour le coup, commence à, depuis quelques mois, montrer des signes de faiblesse.
02:31 Alors c'est valable aux États-Unis, mais c'est valable quasiment partout dans le monde.
02:34 Le vrai point, c'est celui-là.
02:38 On sait que c'est beaucoup plus dépendant du marché de l'emploi, qui est encore très résilient.
02:43 Et le coup de la Fed, aujourd'hui, c'est de se dire,
02:47 comment on arrive à passer de chiffres qui sont plutôt alentour des 4 et autres,
02:52 à les faire revenir vers, on va dire, 3% dans un premier temps, 2% dans un second temps.
02:57 Et ça, c'est pas sûr qu'on puisse l'observer sur juillet-décembre, comme vous dites, Christophe ?
03:02 Non, puisque les effets de base, pour le coup, sont beaucoup moins favorables que pour d'autres composantes.
03:10 Et on a quand même cette résilience du marché de l'emploi.
03:14 Même si on a, je dirais, une certaine normalisation depuis quelques mois,
03:19 on reste sur des niveaux où on a un taux de chômage très faible.
03:21 On a des salaires qui, certes, la croissance des salaires se normalise, mais c'est encore très lent.
03:26 On a des offres d'emploi qui sont pratiquement le double du nombre de chômeurs.
03:32 Donc, marché de l'emploi, même si c'est un indicateur retardé par rapport au cycle macro,
03:37 on est quand même sur des niveaux encore de légères tensions.
03:42 Donc, sur cette composante du CPI, on sait que ça va être beaucoup plus "sticky",
03:50 et que ça mettra plus de temps à se normaliser que les autres composantes qui sont plus cycliques.
03:55 Du coup, pour la Fed, est-ce que c'est simplement une question de maintien dans la durée
04:02 du niveau de restriction monétaire qui a déjà été atteint,
04:04 ou est-ce que c'est encore une question de niveau de restriction monétaire ?
04:10 Ma conviction, c'est qu'aujourd'hui, la pause pourrait durer,
04:15 avec un petit risque d'avoir un dernier relèvement de taux,
04:18 si les conditions le permettent à 100%, qu'il n'y ait pas de dégâts,
04:23 on va dire, sur le secteur financier, que les publications des bancaires soient solides, etc.
04:28 Mais globalement, j'ai l'impression qu'on a atteint un seuil à partir duquel,
04:33 si on va un peu trop loin, on aura des conséquences sur le crédit d'une part,
04:38 on sait que les conditions de crédit sont déjà dégradées très significativement,
04:41 et ce n'est pas impossible que T2, la croissance du crédit, soit déjà très légèrement négative aux Etats-Unis.
04:47 Et aller un peu trop loin, ça deviendrait assez négatif au T3,
04:52 et potentiellement encore plus négatif au T4, avec tous les risques que ça peut impliquer
04:56 sur des secteurs comme l'immobilier commercial et autres.
04:59 Donc à mon avis, on est à la limite du taux optimal.
05:05 Maintenant, il ne faudra pas aller trop loin, à mon sens.
05:10 – Je pense qu'ils en ont bien conscience, on a déjà ralenti le rythme,
05:13 la pause est plutôt dans les tuyaux pour cette semaine,
05:16 au moins, avec peut-être toujours un petit risque à la hausse derrière.
05:21 L'idée de la pause, qu'est-ce que ça vous inspire à ce stade ?
05:24 On a déjà beaucoup parlé, Eric, mais c'est vrai que le marché,
05:27 là, pour le coup, est de manière assez immédiate, très focalisée sur cette question.
05:30 – Ça veut dire que jusqu'ici, tout va bien ?
05:32 En fait, la Russie sans Paris, c'est-à-dire que si on arrive à 3,5…
05:38 – 3, nous dit Christophe, même.
05:40 – Même 3, ça serait… alors, ça voudrait dire aussi que…
05:44 – Il faut se remettre un an en arrière.
05:46 Si en juin 2022, à plus de 9% d'inflation, où tout accélérait aux Etats-Unis,
05:52 si on vous avait dit, vous verrez, dans un an, on sera à 3,
05:56 je ne suis pas sûr qu'il y en ait beaucoup qui l'aurait dit.
05:58 Il faut juste mettre à côté qu'on n'a pas de chute de la croissance.
06:01 On pouvait faire 3 si on avait explosé un laiteau, mais on n'a pas cassé la machine.
06:06 Ce que j'avais peur, c'est qu'en remontant aussi rapidement,
06:09 on casse la machine, et apparemment, on ne la casse pas,
06:12 puisque la consommation est toujours là, les emplois sont toujours là,
06:18 et la demande est encore soutenue.
06:22 Pour moi, la très bonne nouvelle, c'est qu'on ne casse pas les anticipations.
06:26 Alors après, ce qui me perturbe un petit peu, c'est que,
06:30 comme on a accumulé tellement de stock départ un peu partout,
06:33 ou de liquidités dans les entreprises, est-ce qu'on n'a pas épuisé…
06:39 en fait, qu'il n'y a pas eu un effet retardement de l'utilisation de l'applic monétaire,
06:46 ce qui ferait que d'un seul coup, d'ici quelques mois,
06:49 on se retrouve avec complètement une rupture forte.
06:53 Et on se poserait dès lors la question…
06:56 - Ce risque, on se le pose depuis un an !
06:58 - Exactement.
06:59 - Vu la vitesse et l'intensité de la remontée des taux,
07:01 on se l'est posé à chaque hausse de taux,
07:03 cette idée de la rupture, du truc qui s'arrête d'un coup.
07:07 - Je pense que la question ne se pose pas pour l'instant,
07:10 mais c'est toujours la petite crainte, on n'est jamais content.
07:16 En tout cas, bravo, puisqu'en fait, on ne pensait pas qu'il y a un an qu'on aurait ces conditions-là.
07:23 - Thierry, il est temps pour la fête de prendre le temps d'observer ce qui se passe.
07:28 - Ce n'est pas que nous qui le disons, le marché n'attend plus vraiment de hausses sur les prochains trimestres.
07:33 Le chemin est fait, je suis assez d'accord.
07:38 On a souvent tendance à taper sur les banquiers centraux,
07:43 pour plein de raisons qui appartiennent à chacun qui pratique ça,
07:49 mais finalement, ils ont plutôt bien piloté, comme vous dites.
07:53 Il y a un an, personne ne...
07:55 - Non.
07:56 - Personne.
07:57 On avait à peu près compris les raisons.
08:00 On avait dit qu'il y avait la guerre en Ukraine,
08:04 le fait que les goulets d'étranglement liés au Covid se débouclent tout d'un coup
08:10 et qu'en même temps, la demande est présente.
08:12 On avait à peu près compris.
08:14 Après, le scénario est impossible à prévoir.
08:16 On avait les éléments.
08:18 Il y avait un chemin pour que ça ne se passe pas si mal que ça,
08:21 que les chaînes d'approvisionnement se remettent à fonctionner,
08:24 que la demande se stabilise un petit peu.
08:27 C'est ce qui semble se produire.
08:29 C'est ce qui s'est produit depuis un an.
08:31 Les banquiers centraux, américains et côté européen, ont été plutôt bons.
08:36 Après, ils n'inventent rien.
08:38 Ils suivent des datas toute la journée.
08:40 Ils ne se mouillent pas trop.
08:42 Ils essayent de donner une guidance au marché pour que tout le monde s'y retrouve.
08:46 Finalement, ça se passe plutôt pas mal.
08:49 Donc, chapeau !
08:51 - Petite nuance.
08:53 Le plein impact de ce choc monétaire, il est encore à venir.
08:58 C'est juste maintenant qu'on commence à ressentir les pleins effets de cette...
09:02 - Oui, mais pour les marchés,
09:04 c'est plutôt cette phase qui est très perturbante, stressante.
09:09 Pour l'économie réelle, on va voir ce qui a été dit précédemment,
09:15 l'impact sur l'immobilier, etc.
09:19 Là, on est vraiment dans le cœur du sujet.
09:22 Mais le marché, c'est vrai qu'il se focalise énormément sur les banquiers centraux,
09:27 ce qu'ils disent.
09:29 Et ça, le plus dur, pour le coup, est derrière nous.
09:31 Après, on peut même aussi aujourd'hui avoir...
09:34 Enfin, je ne veux pas paraître suroptimiste,
09:36 mais finalement, ça se passe quand même pas si mal que ça.
09:38 Un chemin sur lequel le PIB ne s'écroule pas complètement.
09:41 Enfin, 2023, on attendait une année difficile en termes de croissance, voire de décroissance.
09:47 Finalement, ce n'est pas fantastique.
09:50 Ce n'est pas du tout mon propos, mais en tout cas, ce n'est pas non plus catastrophique.
09:54 Donc, à nouveau, ça rejoint ce qui a été dit précédemment.
09:58 Il y a eu des dépôts, les banquiers centraux, qui ont réussi à faire baisser l'inflation.
10:02 Alors, il y avait des éléments exogènes qui ont disparu.
10:05 Donc, ça, c'est normal.
10:07 L'inflation-corps, c'est vraiment ça le nerf de la guerre.
10:11 Est-ce que les salaires sont impactés ?
10:13 Est-ce qu'on est dans des boucles ?
10:16 Et là, pour le moment, ça n'a pas l'air de se mettre en place.
10:19 La preuve, c'est que l'inflation-corps baisse.
10:22 Donc, c'est quand même plutôt positif.
10:24 Et puis, sur la croissance, ça ne se passe pas non plus.
10:27 Il n'y a pas d'élément catastrophique aujourd'hui,
10:29 avec quand même une Chine qui n'est pas forcément au rendez-vous,
10:32 une Europe qui est moribonde.
10:34 Donc, ce n'est pas si mal que ça, je trouve, ce qu'on a sous les yeux.
10:38 C'est quoi les indicateurs clés à suivre pour une banque centrale, selon vous, aujourd'hui, Christophe ?
10:42 Qu'est-ce qui fait la décision de Politique Monétaire à ce stade ?
10:46 Ils sont sortis de l'idée un peu automatique des hausses de 75 points de base qu'on a enquillées pendant des mois.
10:52 Donc, on est dans autre chose.
10:54 En même temps, ils veulent rester très dépendants aux données.
10:57 On constate tous, et eux les premiers, j'imagine, l'écart qu'il y a entre les données d'enquête d'un côté,
11:03 les données réalisées, les données dures de l'autre.
11:06 Les écarts entre enquête manufacturière et services, tout ça donne une lecture très, très compliquée.
11:13 Et, vous l'avez dit, il y a l'idée de regarder ce qui se passe dans les services-coeurs
11:17 et donc de s'intéresser au marché du travail,
11:19 dont on nous dit que c'est toujours une variable un peu retardée,
11:23 qui n'est peut-être pas la variable forcément la plus pertinente,
11:26 si on veut faire de la politique monétaire en regardant devant.
11:29 Je pense que déjà, les banquiers sont trop, regardent tout.
11:33 Ça, je suis même certain.
11:35 Maintenant, si je devais donner mon avis sur ce qu'il faut regarder,
11:38 c'est aux États-Unis, du moins, conditions de crédit T2, T3.
11:44 - D'accord. Donc les enquêtes de crédit, distribution, conditions de crédit,
11:47 ça, ça devient clé pour les banquiers ?
11:49 - Taux d'intérêt sur carte de crédit, il faut savoir qu'on est à plus de 20% quand même,
11:53 qu'une grosse partie de la croissance T4, T1 sur la conso se fait sur les ménages
11:58 à faible et moyen revenu qui ont rechargé à la mort les cartes de crédit.
12:02 Donc là, on a eu des taux de défaut qui sont montés T4, T1.
12:06 Je pense que la clé, elle va être sur le taux de défaut sur les cartes de crédit,
12:11 qui sera un très bon indicateur de la conso.
12:14 Provision mise en place par les banques OT2, parce qu'on sait que sur les,
12:19 par exemple, cartes de crédit OT1, on était en hausse de 73%
12:23 pour les quatre grosses banques par rapport au T1 de l'année passée.
12:26 Donc la clé est sur les États-Unis, la conso, elle est là.
12:29 On sait que si la conso flanche, tout le reste suivra.
12:33 Et éventuellement, ce qui peut se passer sur l'immobilier commercial et les ricochets,
12:37 parce que les données sont très opaques, généralement,
12:41 quand on a un événement de crédit, c'est du jour au lendemain.
12:44 Et c'est là où on est toujours surpris, parce qu'on ne peut pas vraiment le suivre.
12:48 Sur une année où il y a à peu près 450 milliards de prêts à refinancer,
12:52 250 milliards dans les bureaux, et où on sait que les maturités sont de plus en plus courtes,
12:58 avec des crédits plus difficiles à obtenir, des taux d'intérêt plus élevés.
13:02 Je pense que là, la clé, c'est les conditions financières
13:06 et ce qui se passe vraiment sur le crédit conso.
13:10 Le reste, le marché de l'emploi, c'est retardé.
13:13 Généralement, 6 à 9 mois, mais je pense que dans ce cycle-là, ce sera encore plus.
13:18 Parce qu'il y a une dichotomie très forte entre l'hospitalité,
13:23 donc tourisme, restauration, etc., qui est en plein boom et qui explose.
13:28 D'autres secteurs, tech, manufacturier, qui, pour le coup, sont à l'inverse.
13:34 Il y a sûrement un rattrapage encore sur l'hospitalité.
13:37 Ce qui fait que le marché de l'emploi, il y a un bout en rattrapage,
13:41 un bout un peu plus cyclique qui a tendance à être sous pression.
13:46 Le marché de l'emploi, je ne sais pas si c'est un bon indicateur pour se projeter à très long terme,
13:52 mais on est obligé de regarder les salaires et voir s'il n'y a pas une boucle.
13:56 Et après, la clé, c'est ce que j'ai tendance à répéter depuis trois ans dans ce US,
14:00 c'est là où je serai beaucoup plus critique sur les politiques monétaires.
14:04 Quand les loyers sont montés en 2021 sur les market rent de 18%,
14:09 personne ne les a regardés alors que c'était la clé.
14:12 Quand ils sont encore montés de 10% en 2022,
14:15 on s'est dit « Ah, mais les loyers ont pris 25% aux États-Unis en deux ans ».
14:18 C'est aussi pour ça que les ménages demandent des hausses de salaire.
14:21 Aujourd'hui, ça tend à se normaliser, les market rent.
14:25 On est d'ailleurs en contraction au rythme annuel sur certains indices.
14:29 Mais ça ne se voit pas encore.
14:32 Le cycle traditionnel, c'est 9 à 12 mois de décalage,
14:37 mais je pense que dans ce cycle-là, ce sera peut-être un peu plus, 12 à 15 mois.
14:41 Mais ça veut aussi dire que la composante Shelter du CPI a fait son pic
14:45 et qu'il y a 18 mois de baisse potentielle ou 18 mois de normalisation sur le CPI.
14:51 Ça, c'est plutôt un bon point.
14:53 Il faut le regarder, mais la Fed a aussi créé ses propres mesures sur les market rent.
14:58 Je ne sais plus si c'est celle de Cleveland, mais il faut vérifier.
15:04 Ils ont créé leur propre tableau de bord là-dessus.
15:09 Ils en ont parlé pour un speech fin novembre, dans lequel ils disaient
15:14 que toute cette composante commence à se normaliser.
15:17 Je pense que c'est quand même un point clé dans la dynamique de salaire.
15:20 À l'inverse, si ça repart à la hausse, ce sera très problématique par la suite.
15:26 Toutes ces tendances vont devoir être confirmées dans le temps,
15:30 avec un décalage et un temps de décalage peut-être un peu plus long que d'habitude pour ces variables
15:36 sur l'immobilier, le logement, les loyers et sur le marché du travail.
15:40 Si on en vient au marché, peut-être...
15:42 Juste avant, je pense que l'accès au crédit financier est la question maintenant.
15:50 On est d'accord que globalement, on a stabilisé l'offre et la demande à des niveaux relativement optimaux
15:56 pour avoir une inflation correcte.
15:59 Ça s'est juste fait avec une rapidité extraordinaire.
16:02 Il y a des secteurs qui vont s'offrir plus que d'autres de renouvellement d'accès au marché financier.
16:08 Je crois que c'est là où ça peut...
16:10 D'ailleurs, si le crédit bancaire est important aux Etats-Unis,
16:13 j'imagine qu'il l'est x10 en Europe,
16:16 où l'intermédiation bancaire reste quand même la clé pour beaucoup de financements,
16:21 de ménage, de logement, etc.
16:23 Donc je pense que c'est ça qu'il faut surveiller.
16:25 C'est plus l'accès au liquide, au renouvellement, au marché financier, etc.
16:30 Bon.
16:31 Pardon.
16:32 Sur les marchés, l'événement de la semaine, c'est quand même ces situations techniques
16:37 sur le marché américain qui sont en train d'évoluer,
16:40 avec des rebonds par rapport au point bas d'octobre 2022 de 20% et plus désormais.
16:45 Pour le S&P 500, qui reste l'indice mondial de référence de ce point de vue-là,
16:49 est-ce que c'est la fin d'un énorme bear market rally ?
16:53 Est-ce que c'est le début d'un bull market ?
16:56 On ne peut pas balayer cette situation technique d'un revers de main, quand même.
17:00 Ça marque les esprits, ça fait les gros titres,
17:03 et puis on voit quand même la dynamique du marché américain, de toute façon.
17:07 Après, c'est la conséquence de ce qu'on vient de dire.
17:10 C'est qu'à partir du moment où on est passé d'un secteur de déflation
17:16 et après surchauffe excessive, où on essaye de politique des inflations,
17:22 sans casser la machine, c'est le meilleur des mondes.
17:26 Si on a toujours accès à la liquidité, on revient à la même chose.
17:31 Donc, dans l'absolu, oui, je ne vois pas pourquoi on ne justifierait pas ça.
17:37 Après, il y a l'effet un peu moutonnier ou comportemental.
17:44 On n'en veut pas, puis après on en veut.
17:48 Ça s'est fait par des très grosses entreprises, la remontée, où on était sûr.
17:54 On achetait la sécurité, en fait.
17:56 Et puis, la sécurité nous...
17:58 C'est la prise de risque minimale, quand même.
18:00 Oui, mais du coup, ça a renforcé le sentiment de sécurité,
18:04 puisque les valeurs sécures continuaient de monter.
18:08 Donc, au fur et à mesure que le scénario microéconomique redevenait intéressant,
18:14 on a diffusé cet optimisme dans l'ensemble de partie des autres secteurs.
18:20 Tout n'est pas remonté, en fait.
18:21 Ah non ?
18:22 On est d'accord.
18:23 Donc, en fait, il y a encore de la place.
18:25 Oui, c'est ça.
18:26 Mais il y a eu un effet d'entraînement psychologique.
18:30 C'est un scénario encore devant nous, en fait, que vous décrivez.
18:33 Possible, j'entends, Éric.
18:34 Oui, parce qu'il y a encore des...
18:37 Les investisseurs se sont focalisés sur des secteurs bien précis.
18:41 Et là, il y a encore des idées de secteurs qui n'ont pas participé à ce renouvellement de hausse.
18:50 Donc, oui, ça peut durer encore.
18:52 Mais en fait, c'est juste normal qu'on...
18:56 Non, mais attends, Éric, on ne peut pas dire que c'est normal.
18:58 Mais non, mais on se pose la question depuis six mois.
19:01 On est toujours au même...
19:02 Mais je sais bien.
19:03 Mais nous-mêmes, on est surpris.
19:04 Moi-même, je suis le premier surpris.
19:05 Pourtant, je suis positif depuis le rallye d'automne.
19:08 Je trouve que c'est normal, effectivement.
19:10 Mais c'est vrai qu'au fur et à mesure, personne n'a vu le S&P à 4 300.
19:14 Maintenant, Goldman est obligé de remonter sa target fin d'année à 4 500.
19:18 Tous les stratégistes se sont fait surprendre, quand même.
19:20 Oui, alors...
19:21 Non, non, mais je veux dire, parce que les gens qui écoutent, ils doivent se dire,
19:24 c'est qui cette bande de dingues qui pensent que c'est normal qu'on ait 30% de hausse comme ça ?
19:29 Mais le Nasdaq avait perdu combien ?
19:30 Mais oui, il a perdu 30% l'an dernier.
19:31 On déteste, moi.
19:32 Oui, oui, non, mais je suis d'accord.
19:33 C'était à la ramasse, en fait.
19:34 Donc...
19:35 D'accord.
19:36 Oui, enfin...
19:37 Non, mais en tout cas, on arrive à justifier cette situation, à la comprendre, en tout cas.
19:40 Oui, voilà.
19:41 Oui.
19:42 Après, est-ce que ça va se poursuivre ?
19:48 Pour l'instant, il n'y a pas de raison que ça ne se poursuive pas.
19:50 Parce qu'on ne va pas changer de mood de marché, ni de changement de stratégie économique,
19:58 qu'on veut dire, donc...
20:00 Sauf accident de liquidité.
20:03 Bon.
20:04 Est-ce que c'est normal que vous inspire la situation des marchés, Thierry ?
20:07 Les records américains, le VIX qui est tombé à moins de 14, quand même, ces derniers jours,
20:11 donc des niveaux, quand même, de volatilité qui commencent à être assez bas,
20:15 plus du tout dans des zones de pessimisme, ça c'est sûr.
20:18 Oui, tout à fait.
20:19 Et puis ce phénomène de concentration, est-ce que c'est un signe de fragilité
20:22 ou est-ce que c'est au contraire l'idée que justement il y a de la place
20:26 pour que la participation s'élargisse ?
20:29 En fait, je pense qu'il y a eu une petite confusion qui s'est faite,
20:33 là, à la fin de l'année dernière, sur la tech.
20:37 Parce que la tech, en fait, s'est renouvelée.
20:41 Et il y a eu, même, il y a des banques, là, vous citiez une grande banque américaine
20:46 qui, aujourd'hui, envoie des paniers à leurs clients, ils appellent ça New Tech.
20:50 Donc on est toujours dans la tech, mais il y a une New Tech dans la tech.
20:53 Et en fait, vous savez, le marché c'est toujours pareil.
20:56 Donc là, est-ce que je suis surpris ? Non.
20:59 Enfin, par le déroulement de ce qui se passe,
21:01 après, évidemment, personne ne peut savoir exactement comment ça va se passer,
21:05 mais le marché a besoin d'un leader, pour sortir de son marasme.
21:10 Donc le leader, c'est la New Tech.
21:12 Et donc, comme c'était le leader précédent qui s'est cassé la figure,
21:17 et c'est très rare que le nouveau leader soit le même que l'ancien leader,
21:21 mais, alors, attendez, je ne veux pas être trop confusant,
21:24 mais il se trouve que c'est toujours dans le secteur de la tech,
21:26 mais il y a eu une prise de relais qui s'est faite,
21:30 donc, entre l'ancienne tech et la nouvelle tech.
21:33 Et donc, c'est ça qui a driveé la croissance qu'on a eue depuis novembre.
21:38 Ok. Et on a dit, le marché, autre que cette partie,
21:42 donc les méga-cap, enfin, les très grandes capitalisations slash tech,
21:47 a porté le marché, a tiré le marché très fort.
21:50 Donc, je voyais l'indice, par exemple,
21:52 donc c'est un indice qui est à New York, le NICE, FANG+,
21:56 donc il y a 10 boîtes là-dedans,
21:59 et il a fait 67% depuis le début de l'année.
22:02 Donc le S&P, on est à +9%,
22:05 et le S&P Equal Weight, on est à 2%.
22:09 Donc, il y a ce leader de marché qui est apparu,
22:12 il se trouve que ça a créé, et moi le premier, je disais,
22:14 "Bah, attendez, la tech, ça va être difficile pour eux."
22:16 Oui, c'est ça. C'est les mêmes noms d'entreprises,
22:18 mais on les retrouve leaders pour d'autres raisons,
22:21 qui ne sont pas les raisons du passé.
22:22 Alors voilà, on mentionnait...
22:23 C'est ça, la new tech.
22:24 Exactement.
22:25 Mais c'est les mêmes boîtes, quand même.
22:26 C'est plus ou moins les mêmes boîtes.
22:27 Il y en a quelques qui apparaissent, qui sont...
22:30 Non, mais ça morte la force de ces entreprises,
22:32 d'être capables, l'agilité qu'elles peuvent avoir
22:34 à ces niveaux et ces tailles d'entreprises
22:36 qu'elles ont atteintes aujourd'hui.
22:38 Parce que c'est des boîtes qui sont...
22:39 Enfin, désolé pour le jargon,
22:40 mais c'est des boîtes qui sont "asset-light",
22:42 c'est-à-dire qu'elles ont la capacité
22:45 à se réinventer, comme ça,
22:47 dans une très courte période de temps.
22:49 C'est des boîtes qui génèrent beaucoup de cash,
22:52 et donc, voilà, ils suivent...
22:55 Enfin, après, à nouveau, c'est toujours très facile,
22:58 quelques mois plus tard,
22:59 mais elles ont fait du bon boulot,
23:00 elles ont coupé les coups,
23:02 elles étaient dans une spirale aussi très...
23:05 d'embaucher, de partir sur tout,
23:08 enfin, voilà, elles voulaient conquérir le monde,
23:10 là, elles ont trouvé un chemin.
23:11 -Oui, il y a un thème, là.
23:12 -Il y a un thème,
23:13 elles savent sur quoi se focuser, se concentrer...
23:16 -On se disperse plus.
23:17 -On se disperse plus.
23:18 -Enfin, on en aura toujours, mais...
23:19 -Elles se sont reconcentrées,
23:21 elles ont du cash pour faire tout ça,
23:23 et on est reparti pour un cycle.
23:24 Et donc, pour déboulonner ça,
23:26 c'est impossible, hein, aujourd'hui,
23:28 il n'y a que le "reculator".
23:29 -Même la politique monétaire n'y arrive pas,
23:31 même la remontée des taux ne casse pas,
23:34 cet enthousiasme pour le thème "tech, new tech".
23:37 -Mais parce que ça a été fait en 2022,
23:40 surtout les +75 points de base, là, dont on parlait,
23:43 là, ça fait quand même très mal au marché,
23:45 mars, tous les six semaines, on se prenait 75...
23:48 À partir de l'automne,
23:50 on a vu, effectivement, que l'inflation
23:52 en avait atteint un pic,
23:53 alors, à nouveau, c'est toujours pareil,
23:55 très malin de dire qu'aujourd'hui,
23:57 on allait être à 3,
23:58 ça, c'était assez compliqué à prédire,
24:00 mais en tout cas, on avait vu
24:01 qu'on avait un pic d'inflation,
24:02 c'était en train de décélérer,
24:04 et donc, on avait les composantes
24:07 pour repartir sur un "bull market",
24:09 il ne manquait plus qu'un leader,
24:10 et il se trouve que le leader...
24:11 -C'est Apple.
24:12 -Renouveleur.
24:13 -Et en plus, c'est la boîte qui parle le moins d'IA,
24:16 je trouve, Apple.
24:17 -Ils le font...
24:18 Après, on a besoin d'un fournisseur,
24:19 enfin, d'un équipementier,
24:20 donc, enfin, je ne sais pas si vous avez regardé,
24:22 enfin, je suppose, quand même,
24:24 que le Apple Visual Pro,
24:26 enfin, moi, j'écoutais la radio le matin,
24:30 oui, 3 500 euros, c'est cher,
24:32 quand on regarde ce que c'est,
24:34 on se dit "Waouh", quand même,
24:36 là, il y a quelque chose...
24:37 Moi, je ne croyais pas avoir un jour un masque
24:39 sur la tête pour faire plein de trucs,
24:41 je me disais "Non, mais ça, c'est des trucs californiens,
24:43 on n'y sera jamais",
24:44 honnêtement, moi, en tout cas, j'avais envie de l'acheter,
24:46 je trouvais que le prix était...
24:48 Quand on voit la tech qu'il y a là-dedans,
24:50 c'est hallucinant, quand même,
24:52 donc, on peut tout faire avec ça, aujourd'hui,
24:55 et là où je pense que c'est très fort,
24:57 c'est pour ça que ça s'appelle Pro,
24:59 c'est pour le business,
25:01 là, on pourra faire des meetings dans des conditions,
25:03 vraiment, toutes les histoires de télétravail,
25:05 enfin, voilà, peut-être que c'est un catalyseur,
25:08 l'histoire le racontera, le dira plus tard,
25:10 en disant "C'était ce qu'on attendait
25:13 pour valider le méta, donc le métaverse,
25:15 peut-être que oui, il y en a qui étaient un peu trop tôt,
25:17 on va repartir sur une nouvelle..."
25:19 Donc, voilà, ça se passe plutôt bien
25:21 pour le monde de la tech,
25:22 la performance est très bonne,
25:24 on a des boîtes qui sont très bien gérées,
25:27 on a du vent dans les voiles,
25:29 +6% de croissance attendue sur cette année
25:32 pour le chiffre d'affaires,
25:34 +11% sur les EPS,
25:36 les bénéfices par action,
25:38 donc il y a de l'effet de levier,
25:39 du vent dans les voiles,
25:40 ça crache de l'argent,
25:42 - Il y a des bonnes raisons, quoi !
25:44 - Voilà, il y a des bonnes raisons,
25:45 c'est un peu chéreau,
25:46 mais quand on regarde,
25:47 ça a pu être beaucoup plus cher,
25:49 et donc, aujourd'hui,
25:51 en tout cas, moi, je ne serais pas...
25:53 je n'irais pas du tout contre ça,
25:55 plus positivement,
25:57 je vais...
25:58 je continue d'aller avec ces acteurs-là,
26:01 et puis, après,
26:02 est-ce que ça va s'écarter au reste du marché ?
26:05 Oui, je pense qu'on a aussi un marché
26:07 qui n'a pas fait grand-chose hors tout ça
26:09 depuis ces derniers mois,
26:11 donc, je ne sais pas,
26:13 peut-être les small cap, par exemple,
26:15 qui sont quand même un vecteur
26:17 de croissance extraordinaire...
26:18 - On a vu l'écart Russell 2000/NASDAQ
26:20 atteindre des niveaux spectaculaires.
26:22 - Jamais vu,
26:23 et donc, je pense que ça interpelle un peu tout le monde,
26:25 tous les professionnels,
26:26 et c'est un gisement extraordinaire
26:29 pour faire du choix de titres, du stock picking,
26:31 donc, je suis assez confiant aussi
26:33 que ça, ça commence à embrayer,
26:35 et il y aura, je pense,
26:37 des bonnes performances à faire
26:38 dans les prochains trimestres
26:40 sur cette classe d'actifs-là,
26:41 donc là, oui, ça peut...
26:42 - Ce n'est pas l'un contre l'autre, en tout cas.
26:43 - Non, non, non, voilà, c'est ça mon message,
26:45 exactement, Grégoire,
26:46 vous avez très bien résumé,
26:47 ce n'est pas l'un contre l'autre,
26:48 on a un leader qui tient le marché,
26:51 et aujourd'hui, une diffusion plus large
26:53 me semble tout à fait possible.
26:55 - On est porté par les performances qu'on a,
26:57 comme on a quand on a du Apple,
26:59 après, on est capable de prendre
27:01 un peu plus de risques ailleurs, en fait,
27:03 et c'est pour ça que je pense que cette confiance
27:05 auto-entretenue par, effectivement,
27:08 des leaders qui ont amené le marché
27:10 là où il est,
27:12 peut après se diffuser sur d'autres secteurs,
27:15 et d'autres niveaux de marché.
27:17 - Alors, on le sent, enfin moi je...
27:20 - Qu'est-ce qui manque ?
27:21 Qu'est-ce qui manque pour que ça se développe
27:23 plus, plus vite, peut-être ?
27:25 - Il faut que cette confiance,
27:26 on l'est pendant plusieurs semaines.
27:29 Là, c'est...
27:31 15 jours, 3 semaines, enfin je ne sais pas.
27:34 - Moi j'ai vu pour la première fois
27:35 le Russell superformer le Nasdaq
27:37 la semaine dernière, voilà.
27:38 - Voilà, donc, on s'était posé la question,
27:41 moi j'ai dit non, non...
27:42 - Et vous étiez beaucoup plus frais
27:44 sur les small caps, il y a encore un mois ou deux.
27:46 - On le fera lorsque l'on aura une pérennité
27:49 et on commence à l'avoir en fait.
27:51 Donc, si on a quelques semaines,
27:54 comme ça, avec ce maintien de confiance,
27:57 pas forcément que les nettes se montent,
27:58 mais bon, le marché est confiant,
28:01 elle va se divulguer au marché,
28:03 au reste du marché.
28:04 Et on voit sur les smalls,
28:06 en française, vous avez davantage
28:08 de spéculateurs qui arrivent.
28:10 - Vous l'avez constaté, oui ?
28:11 - Oui.
28:12 - Oui, c'est vrai.
28:13 - Le Russell est petit parce que justement,
28:15 vous allez sur les moyennes pour rattraper
28:18 lorsque vous n'avez pas fait beaucoup de pertes,
28:21 vous ne croyez pas que le marché va monter.
28:23 Le marché est monté sans vous,
28:24 donc vous vous rattrapez sur les mids.
28:27 Mais lorsque vous avez pris confiance
28:29 parce que vous étiez dans les grosses,
28:31 vous allez aller chercher les toutes petites.
28:33 - Je ne sais pas, qu'est-ce que vous disiez tout à l'heure,
28:34 les banquiers sans trop, ils regardent tout,
28:36 ils doivent bien regarder le Nasdaq, j'imagine.
28:38 Non, mais à un moment, ça a été vraiment un sujet,
28:40 c'est-à-dire qu'à un moment, à l'été dernier,
28:43 on se disait, le Nasdaq qui rebondit,
28:45 qui reprend 20% comme ça en plein milieu d'été,
28:48 d'où Jack Sono derrière, d'où le coup de poing
28:50 sur la table de Jérôme Poel pour dire
28:52 non, non, les conditions financières,
28:53 ce n'est pas ça, resserrer les conditions financières,
28:55 ce n'est pas emmener le Nasdaq 20% plus haut.
28:57 Bon, là, il y a d'autres facteurs qui jouent en ce moment.
28:59 Non, mais sur les marchés et le thème de l'IA,
29:02 est-ce que c'est pour vous un thème macro aussi ?
29:04 Est-ce qu'il y a une lecture macro de ce thème aujourd'hui ?
29:06 - Alors, sur la partie Nasdaq et tech en général,
29:11 je pense qu'il faut distinguer effectivement
29:13 les grosses techs du reste de la tech.
29:16 Pourquoi les grosses techs surperforment ?
29:19 Première chose, elles ont beaucoup baissé l'année dernière,
29:21 ça, c'est un fait.
29:22 Donc, il y a un effet rattrapage.
29:24 D'un point de vue purement facteur qui détermine ça,
29:28 il n'y a pas affecté les grosses par les conditions de crédit,
29:31 donc capacité à se financer, mais personne n'a.
29:33 C'est pour ça que les grosses ont rebondi,
29:35 pas du tout les petites.
29:36 Deuxièmement, il y a le phénomène croissance mondiale.
29:39 La croissance mondiale tient,
29:41 alors qu'aux Etats-Unis, on a un gros ralentissement.
29:44 On peut dire que la Chine n'est pas à la hauteur des attentes,
29:47 mais la croissance double,
29:48 et toutes les boîtes qui ont des points de vente en Chine
29:52 arrivent à convertir.
29:55 On le voit très bien dans le luxe,
29:56 mais on le voit dans tout un tas de domaines.
29:58 Et après, il y a d'autres facteurs.
30:01 C'est ce que, Ting, je rejoins beaucoup ce qui a été dit
30:04 au fait qu'ils ont mis en place des plans extrêmement lourds
30:09 sur la deuxième partie de 2022.
30:11 Et on voit que la finalité des lay-offs,
30:14 donc des licenciements, c'est encore aujourd'hui.
30:17 Donc il y a un potentiel,
30:18 et surtout il y a une capacité à exécuter ce qu'ils ont annoncé.
30:21 Donc ça, ça se retrouve dans les EPS.
30:24 Et après, il y a aussi une capacité d'exécution
30:27 de l'intelligence artificielle dans ces boîtes-là
30:29 qu'à mon avis, les petites et les moyennes n'auront pas.
30:31 Et ça, l'air de rien, c'était pas attendu.
30:35 L'explosion de l'AI, c'est tout récent.
30:38 Mais non, au tout début, on se disait
30:39 "Oh là là, Google, c'est fini".
30:40 C'est ce qu'on se disait quand même il y a six mois
30:42 quand Chadwick est sorti.
30:43 Et il y a des exemples très concrets,
30:45 par exemple de codeurs.
30:46 On avait quatre codeurs.
30:47 Là, on peut en virer un sur quatre
30:49 et demander à une AI de couper le code
30:51 et d'être beaucoup plus efficace.
30:52 Et ça, c'est du réel.
30:54 Tous les parents depuis deux ans,
30:55 ceux qui sont...
30:56 Non mais c'est terrible !
30:57 Tous les parents les plus éclairés depuis deux ans
31:00 essayent de pousser leurs enfants
31:02 en disant "Apprends à coder !
31:03 Tiens, t'apprends l'anglais, t'apprends l'allemand,
31:05 le latin, le grec.
31:06 Essaye d'apprendre le code, tu verras, ça te servira, ça te servira !"
31:09 C'est un peu ça, mais surtout,
31:11 ce qui est impressionnant dans les grosses boîtes de la tech
31:13 pour leur parler, c'est que l'AI,
31:15 il vous en parle depuis un paquet de temps.
31:17 Sauf que, pareil, l'exécution,
31:19 elle n'a pas commencé en avril.
31:21 Et puis là, c'est un usage.
31:22 C'est l'IA générative,
31:23 c'est les modèles de langage statistique, large, etc.
31:26 C'est un domaine de l'AI
31:28 qui explose aux yeux du grand public
31:30 avec la révélation de Chelsea Petit.
31:32 C'est ce que je disais en introduction.
31:34 L'IA, des stratégies d'investissement sur l'IA,
31:37 il y en a depuis peut-être dix ans, évidemment.
31:39 Donc ça, c'est pour la partie,
31:41 l'explication peut-être des grosses techs.
31:43 Maintenant, sur l'impact de l'AI sur la macro,
31:47 à mon sens, c'est potentiellement
31:49 le choc le plus déflationniste.
31:51 Ce sera beaucoup plus fort que l'économie collaborative,
31:53 ce sera beaucoup plus fort que les Amazones, etc.
31:57 Ça, parce qu'il y a des applications très concrètes.
32:01 Je pourrais vous citer des gérants
32:03 qui avaient embauché des traducteurs
32:05 qui les ont supprimés.
32:07 Je pourrais vous citer des gens qui avaient,
32:09 comme je disais, quatre codeurs
32:11 qui n'en ont plus trois.
32:13 Et ça, à un moment ou à un autre,
32:15 ça va révolutionner plusieurs secteurs.
32:17 La presse, à mon avis,
32:19 il y aura d'un côté les journalistes,
32:21 les vrais investigateurs,
32:23 de l'autre côté, l'AI.
32:25 C'est un exemple. Sur la santé,
32:27 on voit que ça peut produire des effets,
32:29 mais sur tout un tas de secteurs,
32:31 ça peut déjà avoir un impact "général".
32:35 Et après, il y a de plus en plus d'AI spécialisé.
32:38 Et ça, à la fin, ce sera ultra-destructeur
32:41 de job, qu'on le veuille ou non.
32:43 Ça sera une source de gain de productivité
32:45 pour certaines boîtes,
32:47 mais il y aura ceux qui mettent en place l'AI,
32:49 qui savent l'utiliser,
32:51 et ceux qui ne le savent pas.
32:53 Pour moi, ça sera potentiellement
32:55 extrêmement déflationniste
32:57 à bien des niveaux.
32:59 Vous avez le FMI,
33:01 la patronne du FMI,
33:03 dont on a parlé.
33:05 Mais pour eux, je pense que c'est très abstrait
33:07 encore aujourd'hui,
33:09 alors qu'on a déjà des cas concrets
33:11 qu'on peut observer au jour le jour,
33:13 ce qui n'était pas le cas
33:15 d'autres "bulles"
33:17 comme la blockchain,
33:19 ce qui est difficile à appréhender.
33:21 Alors que l'AI,
33:23 ça a apporté tout le monde,
33:25 mais d'une manière
33:27 vraiment très simple.
33:29 - Oui, oui.
33:31 Et puis,
33:33 la vitesse d'adoption d'un outil
33:35 comme ChatGPT ou les autres GPT,
33:37 c'était quoi ? 100 millions en quelques mois ?
33:39 Jamais un outil digital n'avait été adopté
33:41 aussi vite, aussi fort
33:43 par autant de personnes dans le monde.
33:45 Ça montre bien, effectivement,
33:47 l'engouement et la démocratisation
33:49 du phénomène.
33:51 C'est juste un thème tech
33:53 à ce stade. En tout cas, le marché est assez,
33:55 je trouve, clairvoyant,
33:57 dans le sens où,
33:59 qui sont les grands gagnants de l'IA
34:01 aujourd'hui ? Les fabricants de puces,
34:03 à commencer par Nvidia,
34:05 et puis on déroule un peu le fil.
34:07 Mais dès qu'on veut aller un peu plus loin,
34:09 le marché est quand même
34:11 très divergent.
34:13 Est-ce qu'une boîte de software
34:15 va être gagnante ? Oui, peut-être,
34:17 mais est-ce qu'elle ne commencera pas par
34:19 peut-être devoir réviser
34:21 son business model, son staff,
34:23 etc. Est-ce qu'il n'y a pas une phase douloureuse
34:25 avant qui mériterait une sanction
34:27 boursière ? Sur le moyen
34:29 et long terme, le marché a beaucoup plus de mal
34:31 à jauger les gagnants et les perdants.
34:33 Vous avez tout à fait raison.
34:35 Le bon terme, c'est clairvoyance.
34:37 Là, les leaders sont
34:39 apparus.
34:41 Le phénix est René...
34:43 René de Sessandre.
34:45 René de Sessandre en quelques
34:47 semaines, quelques mois, et c'est assez
34:49 fabuleux à voir. Et après,
34:51 c'est vrai que les répercussions,
34:53 par exemple, pour donner un exemple
34:55 concret, téléperformance, je ne sais pas si vous pensez
34:57 à ça. Oui, entre autres.
34:59 Dans la pub, c'est pareil. Les acteurs
35:01 de la pub vous dites "ça va être génial pour nous",
35:03 et puis les cours de bourse ne montrent pas tout à fait
35:05 la même histoire. Exactement.
35:07 Là, il y a un manque
35:09 de visibilité.
35:11 Donc, manque de visibilité,
35:13 des ratings.
35:15 Je continue sur mon
35:17 exemple de téléperformance.
35:19 C'était vraiment la Darling
35:21 Absolue x 38,
35:23 je crois, en un peu plus de 10 ans.
35:25 Et puis là, elle a perdu pratiquement 67%
35:27 par rapport aux plus hauts.
35:29 Elle se reprend depuis quelques jours.
35:31 Oui, mais c'est un choc plus dur que l'affaire colombienne
35:33 d'il y a un an. Exactement.
35:35 Le cours de bourse de Téléperf est plus bas avec
35:37 la montée de l'IA qu'avec le truc
35:39 du vice-ministre du Travail colombien.
35:41 C'est pour ça que c'est assez symptomatique
35:43 de la question.
35:45 Quel est l'impact de l'IA pour des boîtes
35:47 qui sont vraiment à la frontière ?
35:49 Ils disent "nous, vous savez quoi, ça va nous aider,
35:51 on va pouvoir apporter
35:53 des services en plus à nos clients
35:55 et avec
35:57 moins de personnes.
35:59 Donc, on va enrichir notre
36:01 contenu sans pénaliser
36:03 nos marges". Et pour le moment,
36:05 le marché dit "non,
36:07 vous allez tout simplement disparaître,
36:09 on ne va plus forcément avoir besoin
36:11 de passer par vous, on va vous
36:13 squeezer et puis directement utiliser l'IA
36:15 parce que si vous utilisez l'IA vous-même,
36:17 à la régale, on sait le faire nous-mêmes".
36:19 Donc là, ils râment vraiment
36:21 Téléperformance. Alors à nous, c'était
36:23 vraiment la "darling".
36:25 Comme de la vie de la société, ils ont eu
36:27 des petits sujets,
36:29 je pense qu'ils les ont plutôt bien traités. Donc, ils font
36:31 un "investor day" dans quelques jours,
36:33 dans une dizaine de jours, pour essayer d'expliquer
36:35 Téléperformance, de prouver
36:37 au marché le bien-fondé de
36:39 leur utilisation. Mais aujourd'hui, en tout cas,
36:41 à part les quelques jours
36:43 où ça semble se stabiliser,
36:45 on ne sait pas. Et donc, pour le coup,
36:47 là, je serais prudent sur ces acteurs-là.
36:49 Il y en a une multitude qui
36:51 essayent d'embrayer sur la vague IA, mais qui n'y
36:53 arrivent pas, qui ne convainquent pas. Et le marché
36:55 est vraiment clairvoyant.
36:57 C'est vraiment le juste terme que vous avez utilisé, Grégoire.
36:59 - Clairevoyant. Moi, je faisais
37:01 l'impossibilité, en fait. Parce que
37:03 l'exemple du Téléperformance, je trouve
37:05 un très clair exemple. C'est-à-dire que, si ça se trouve,
37:07 dans quelques jours, que le patron
37:09 va nous montrer qu'il va...
37:11 Il peut utiliser l'intelligence artificielle.
37:13 Non seulement il peut l'utiliser, mais que ça va
37:15 lui permettre de changer
37:17 beaucoup de choses et de gagner en productivité.
37:19 Et le marché peut repartir
37:21 dans l'autre sens, mais en vitesse grand V.
37:23 Pourquoi ? Parce qu'on ne peut pas savoir.
37:25 Aujourd'hui,
37:27 si le patron, déjà, lui,
37:29 le patron de la boîte, peut déjà avoir
37:31 une idée, mais on ne peut pas demander aujourd'hui
37:33 au marché, c'est trop disruptif, en fait.
37:35 On peut... C'est facile
37:37 d'acheter la boîte qui est dedans.
37:39 - C'est quand même une technologie qui existe.
37:41 C'est dans ces boîtes-là,
37:43 où Capgemini, ils vous disent "attendez, l'IA,
37:45 on ne découvre pas ça depuis ChatGPT. On a déjà
37:47 des outils qui sont basés sur
37:49 des intelligences artificielles."
37:51 - L'ampleur, elle est
37:53 considérable. Parce que tout le monde s'appropriait.
37:55 Donc, en fait, c'est différent. Là, c'est...
37:57 On ne passe pas au passage
37:59 d'Internet. C'est simplement
38:01 un outil qui est en train d'exploser.
38:03 Et il est difficile d'appréhender
38:05 ce que ça va donner pour la boîte.
38:07 Est-ce que ça va lui faire chuter
38:09 ses bénéfices ou les faire exploser ?
38:11 Donc, la première étape, c'était
38:13 de prendre des boîtes qui sont directement...
38:15 Les pelles, hein, les pelles et les pioches.
38:17 Et puis après, on verra.
38:19 - On ne peut pas demander autre chose au marché.
38:21 - Non, non. Mais c'est là où je dis qu'il est clairvoyant.
38:23 C'est-à-dire qu'il est... Il prend un risque limité.
38:25 - On ne peut pas s'arrêter sur les pelles et les pioches.
38:27 Et puis, pour le reste de la rue,
38:29 on a le temps de voir.
38:31 - Et pardon, je rajoute juste un petit truc.
38:33 On a déjà eu des profit-warnings
38:35 liés à l'IA dans l'éducation
38:37 aux Etats-Unis.
38:39 Ils sont arrivés en disant
38:41 "Nos élèves, visiblement,
38:43 ils font moins appel à nous.
38:45 Ils se débrouillent, ils se dépatouillent pour préparer
38:47 leur exam, etc. Ils vont sur ChatGPT."
38:49 Je ne dis pas qu'ils trichent. Mais bon, en tout cas,
38:51 c'est une aide comme un pro...
38:53 Enfin, comme. Voilà. Mais en tout cas,
38:55 ils ont dit "Nous, on manque complètement
38:57 de visibilité. On est obligés de couper
38:59 notre guidance." Donc, il y a déjà des répercussions
39:01 concrètes dans certains secteurs.
39:03 - Il faut qu'on s'arrête là, monsieur, parce qu'on va continuer
39:05 de parler d'IA dans le dernier quart d'heure.
39:07 Merci à vous trois,
39:09 en tout cas, d'avoir été des invités de Planète Marché
39:11 en chair et en os ce soir.
39:13 Eric Venet, Montbleu Finance, Christophe Barraud,
39:15 Market Securities et Thierry Leclerc,
39:17 AlphaJet Fair Investors.

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