SMART IMPACT - Emission du jeudi 15 juin

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Jeudi 15 juin 2023, SMART IMPACT reçoit Éric Defert (marin et cofondateur, Blue observer) , Renan Devillières (Président directeur général, OSS Ventures) , Jean-Marc Guillemet (Directeur des opérations, Petit Bateau) et Arianne Delmas (cofondatrice, Les Marmites Volantes)
Transcript
00:00 [Musique]
00:07 Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission
00:10 des entreprises à impact positif. Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Eric
00:14 Defer, cofondateur de Blue Observer, une plateforme océanographique visant à
00:21 décarboner justement l'océanographie. On viendra notamment sur l'expédition menée
00:25 en Atlantique Nord et Sud l'an dernier. Pour notre débat, on va détailler les
00:29 enjeux de la transformation écologique du secteur du textile avec l'exemple de
00:33 la marque Petit Bateau qui veut rendre son modèle plus circulaire et
00:37 écoresponsable. Et puis dans Smart Ideas, vous découvrirez les marmites
00:42 volantes qui veut, pour l'entreprise, qui veut prouver qu'une restauration
00:46 collective à la fois gourmande et responsable est possible. Voilà pour les
00:50 titres. On a 30 minutes pour les développer. C'est parti, c'est Smart Impact.
00:53 [Musique]
00:59 L'invité de ce Smart Impact, il est avec nous en duplex. Eric Defer, bonjour.
01:05 Bienvenue. Vous êtes navigateur, plusieurs courses au large, quelques records à votre
01:10 actif. D'ailleurs, vous êtes à bord de votre bateau qui est quand même un sacré
01:15 bateau. Il s'appelle Iris aujourd'hui. C'est l'ancienne Adrien de Jean-Luc
01:19 Van Heden, c'est ça ? Oui, un bateau qui a gagné le tour du
01:25 monde à l'envers en 2003 avec Jean-Luc Van Heden et donc a été construit à
01:30 cette fin à l'origine. Et aujourd'hui, on l'a remanié pour
01:35 en faire un navire d'océanographie. Et vous étiez à bord pour ce record du
01:40 monde à l'envers, si je ne me trompe. Il tient toujours ce record ? Alors le record
01:44 en 122 jours, il tient toujours. Et non, je n'étais pas à bord parce que c'est un
01:48 record qui a lieu en solitaire. Et donc normalement, je pense que Jean-Luc
01:52 était tout seul. Sinon ce record n'aurait pas été homologué. Mais vous avez
01:56 vous aussi pas mal de transats, de records à votre actif. Qu'est-ce qui fait
02:02 que vous décidez de vous lancer avec Blue Observer dans cette plateforme
02:09 océanographique d'un nouveau genre ? C'était quoi votre idée ?
02:12 Et bien, comme souvent dans la vie, c'est une histoire de rencontre. Et de mon côté,
02:17 elle a eu lieu en 2016 avec un biologiste qui s'appelle Pierre Mollo et avec
02:22 lequel on a mené différentes expéditions autour du
02:26 plancton entre 2018 et 2020. Et puis, il se trouve qu'en 2021, il y avait
02:35 une demande d'un réseau mondial qui s'appelle le réseau Argo. Donc le réseau
02:40 Argo, il faut imaginer que c'est un ensemble d'instruments de mesure qui
02:45 travaillent tous les jours dans l'océan. Et donc on a répondu
02:50 en gros à un appel d'offres et c'est un peu l'origine de Blue Observer, la partie
02:54 instrumentation physique du coup, prise de mesure. Et avec donc cette logique de
02:59 décarbonation de l'océanographie, c'est vraiment ça l'originalité et même le
03:06 côté unique de cette expédition ? Oui, effectivement. Alors la voile
03:13 présente pas mal d'avantages. Le premier avantage est qu'il n'y a pas besoin de...
03:20 Effectivement, on a une autonomie hyper grande vu qu'on n'a pas besoin, on navigue
03:24 avec le vent, on peut naviguer 100 jours sans s'arrêter, sans avoir besoin
03:30 de refuler et donc ça laisse une grande grande autonomie. Et en plus de ça,
03:35 effectivement, il faut imaginer qu'on a consommé sur une expédition de 100 jours
03:39 700 litres de gasoil, ce qui ne représente même pas un tiers de ce que peut
03:45 consommer un navire à la journée. Donc c'est vraiment dérisoire.
03:48 Ah oui, c'est vraiment incomparable. C'est-à-dire que c'était 120 jours de
03:53 mission, 96 jours de mer, si j'ai bien préparé l'interview. Vous avez
03:59 affronté pas mal de gros temps. Après on reviendra aux objectifs scientifiques
04:03 mais racontez-nous un peu cette expédition.
04:05 Oui, bien alors un des premiers, pour ma part, un des premiers challenges a été
04:10 déjà de monter un équipage et de piloter un équipage dans un cadre haut
04:16 que la performance. Donc là on était dans un cadre d'océanographie et c'est
04:20 vrai que bien imaginez, on a vécu à six pendant 100 jours les uns sur les autres
04:26 dans un espace de 5 mètres carrés et donc la première...
04:30 Tout ça, ça reste quand même des aventures humaines très très fortes et
04:33 mon premier objectif c'était déjà de maintenir une cohésion d'équipage et
04:38 que tout se passe bien.
04:39 Et donc il y a eu quoi ? Il y a eu un peu de gros temps forcément quand on navigue
04:43 pendant 96 jours en Atlantique Nord et Sud, c'est pas forcément une mer calme ?
04:48 Non, il y a eu des tempêtes, il y a eu des tempêtes, on avait pris 40, 50, 55 nœuds.
04:54 Il y a eu des zones d'orage aussi au niveau de l'équateur, on a passé six
04:58 fois l'équateur donc on a vraiment eu des nuits d'orage hyper importantes et
05:02 hyper impressionnantes mais ça va, on avait un des meilleurs bateaux au monde
05:08 pour faire ça avec l'autonomie, un équipage vraiment soudé et on peut dire
05:12 qu'on a fait face à tout ça avec Panache.
05:15 Et donc cet objectif scientifique, vous nous avez présenté le réseau Argo, on va y
05:20 revenir peut-être un peu plus en détail mais votre mission c'était quoi ?
05:23 Notre mission c'est donc de déposer à des endroits précis des systèmes
05:31 autonomes donc des flotteurs, en gros des profileurs qui vont mesurer une
05:35 colonne d'eau et donc nous notre mission c'était d'aller de point en point
05:39 comme les semées si vous voulez dans l'océan afin d'avoir un système, un
05:45 réseau Argo le plus homogène possible sur la partie océan Atlantique Nord et Sud.
05:50 Et ce réseau Argo que vous nous avez détaillé c'est quoi ? C'est une sorte de
05:56 vigie du réchauffement, de son impact sur l'océan, toutes ces
06:01 flotteurs que vous avez déposés de point en point, en quoi ils vont
06:07 nous aider à mieux comprendre le réchauffement climatique aujourd'hui ?
06:11 Alors déjà il faut comprendre que ça a été vraiment une révolution il y a une
06:15 vingtaine d'années dans l'océanographie à la voile parce que du coup on avait
06:18 des prises de mesures constantes et permanentes et autonomes et donc on n'a
06:23 plus besoin d'envoyer des bateaux. Et effectivement c'est des flotteurs
06:28 principalement qui vont mesurer température et salinité donc imaginez
06:32 sur une période de 25 ans ça donne vraiment des graphiques et un
06:37 historique si vous voulez du réchauffement océanique et ça permet,
06:41 alors ça a deux grands points importants qu'il faut retenir, alors le premier
06:45 effectivement ça rentre dans les rapports généraux du GIEC parce que c'est des
06:49 prises de mesures qui sont en open source et souvent utilisées par la
06:52 communauté scientifique et deux ça vient constituer, aider à la
06:58 constitution de vos bulletins météo jusqu'à 40% la donnée de Argo vient
07:02 jusqu'à 40% dans le bulletin météo par exemple il faut bien savoir par exemple
07:06 la température de l'eau au dessus de 30 degrés elle peut être cyclonique et
07:11 donc ça permet de voir les formations cycloniques et les systèmes ainsi.
07:15 Alors vous étiez, vous nous avez dit en équipage, il y avait des scientifiques
07:19 à bord, est-ce qu'il y avait besoin de scientifiques à bord pour une mission
07:22 comme celle-là ? Alors on fait pas de, on n'a pas fait, nous on fait de la, on n'a pas
07:28 un scientifique pur, on a des profils mixtes marins et scientifiques et après
07:34 on fait pas d'analyse en mer, nous on collecte de la donnée, on la
07:40 conserve si c'est de la donnée biologique, si c'est de la donnée physique
07:42 pareil on la conserve comme du data et puis on la ramène à terre mais tout le
07:46 traitement se fait à terre mais c'est vrai que dans l'équipage on a quand même
07:49 des profils mixtes marins et scientifiques, marins et médiamans, marins et cuistots.
07:53 Oui, on est toujours un peu Shiva quand on est sur un bateau, est-ce qu'il y a
07:58 d'autres expéditions, d'autres missions en projet pour Blue Observer ?
08:03 Oui, on doit, il est prévu que nous repartions en fin d'année dans l'océan
08:08 indien via le Cap avec toujours une partie d'instrumentation pour le réseau
08:14 Argo et puis là-dessus il y a associé d'autres missions pour d'autres
08:19 laboratoires scientifiques autour de la microbiologie, des plastiques et d'autres
08:26 projets comme ça. Et alors justement c'est une question qu'on doit assez
08:29 souvent vous poser sur l'évolution de la pollution dans l'océan, alors on la
08:36 voit pas forcément au milieu de l'océan, souvent c'est plutôt aux embouchures
08:41 des fleuves, mais est-ce que vous vous percevez quand même la dégradation de
08:47 la situation et l'accroissement de la pollution plastique dans l'océan ?
08:52 Effectivement, il faut voir que les grosses concentrations sont liées à ce qu'on
08:56 appelle dans les panaches des sorties de fleuves, donc l'Amazonie, le Congo ou
09:01 d'autres plus près de chez nous, mais oui on voit de la partie
09:09 macroplastique dont ce qu'on peut voir à l'oeil nu est quand même plus conséquente
09:12 qu'il y a 20 ans, on en voit plus, tout comme les algues, on parle des
09:18 sargasses, voyez il y a 15 ans, 15-20 ans il n'y avait pas de sargasses, aujourd'hui on
09:24 traverse l'Atlantique au niveau tropical, on tombe sur des bandes sargasses
09:28 impressionnantes, donc oui il y a plus de macroplastique, il y a plus de sargasses et
09:32 on sait que effectivement c'est pas allé dans le bon sens, dirons-nous.
09:36 Un dernier mot Eric de Fer pour parler de cette aventure, on va pouvoir la
09:43 découvrir dans un documentaire intitulé "Le défi d'Iris", c'est ça, il sort
09:48 bientôt, où est-ce qu'on pourra le voir ce documentaire ?
09:52 Alors on a une première diffusion au grand public le 27 juin à
10:01 Brest dans les locaux de La Pâme et d'ailleurs à ce sujet je remercie
10:07 grandement un de notre partenaire à Ludium qui est à nos côtés, qui nous a
10:11 aidés sur toute la post-production du documentaire et donc voilà c'est la
10:15 première diffusion publique le 27 juin à 18h dans les locaux de La Pâme à
10:19 Brest. Voilà pour découvrir votre aventure à
10:21 bord d'Iris pour ce réseau, Argo merci beaucoup Eric de Fer, bon vent à vous,
10:27 bon vent à Blue Observer. On passe à notre débat tout de suite, le secteur du
10:31 textile au programme.
10:33 Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
10:39 Comment la numérisation peut faciliter le passage à une économie plus
10:49 circulaire ? Voilà ce que l'on va voir ensemble dans le secteur du textile avec
10:53 un focus sur le textile tout de suite avec Renan De Villers. Bonsoir, bonjour
10:57 bienvenue, vous êtes le PDG d'OSS Venture et puis avec nous en visioconférence
11:01 en duplex, Jean-Marc Guillemet, directeur des opérations de Petit Bateau, bienvenue
11:05 à vous aussi. Une présentation d'OSS Venture pour commencer c'est quoi ?
11:09 Donc OSS Venture c'est un venture builder qui a été créé il y a trois ans et demi.
11:12 Alors un venture builder c'est le même business model qu'un fonds d'investissement
11:16 donc notre métier c'est de détenir des parts d'entreprises tech à très forte
11:19 croissance. La particularité d'un venture builder c'est que au lieu d'investir dans
11:23 des boîtes qui existent déjà, on crée des boîtes qui n'existent pas. Et la
11:26 petite différence qu'on a c'est qu'on co-crée des entreprises avec des
11:32 industriels et on ne fait de la tech que pour notre tissu industriel en France et
11:36 en Europe. Ok et donc on va voir en détail ce que vous avez créé ensemble
11:40 parce que c'est vraiment un projet commun avec Petit Bateau. Jean-Marc Guillemet,
11:45 Petit Bateau, Marc Santner fondé en 1920 qui fait évoluer son business model
11:50 c'est ce qu'on va raconter ensemble pendant ce débat et ça se
11:55 fait étape par étape. Quelle était peut-être la philosophie de ce
11:59 changement de business model et le premier défi à relever ?
12:03 Bonjour à tous, Petit Bateau, je me permets même de rappeler que nous sommes
12:09 nés en 1893 et le site historique de Troyes où je suis actuellement a été
12:15 fondé en 1893 donc on a le plaisir de fêter nos 130 ans cette année. Petit
12:19 Bateau, pourquoi réinventer le modèle ? Eh bien c'est d'abord un principe qui nous
12:26 saute aux yeux il y a quatre ans maintenant qui est qu'on ne peut plus
12:29 produire comme autrefois dans le textile et produire comme autrefois
12:34 c'était produire sur base de prévision, avoir beaucoup de stocks et puis essayer
12:38 de vendre au mieux et puis après écouler la marchandise comme on
12:43 pouvait via des soldes ou des magasins d'usines. Le modèle il est révolu
12:46 surtout dans un contexte de plus en plus fluctuant, de plus en plus
12:50 incertain et donc nous décidons il y a quatre ans de changer de modèle et de
12:55 se mettre à produire au plus juste c'est à dire d'être capable en cours de
12:58 saison de reproduire les modèles qui vont plaire le plus à nos clientes et
13:03 en particulier en s'appuyant sur cette usine française et donc on est
13:08 capable aujourd'hui de produire 30% de ce qui va être vendu dans une saison
13:13 et bien pendant la saison de commercialisation en ayant
13:17 complètement revu la façon de produire et en particulier en investissant dans
13:23 notre outil industriel vous avez là sous les yeux une imprimante numérique
13:28 une imprimante Gédanque, on a été les premiers en France à être capable d'imprimer
13:31 comme ça sur notre tissu emblématique qu'on appelle la maille et cette
13:37 imprimante nous permet de faire aujourd'hui plus de 400 000 mètres
13:40 d'imprimés tous les ans en étant très rapide on est passé de trois quatre mois
13:45 de développement à un mois on est passé de trois quatre semaines de production
13:49 sur ce genre de tricot imprimé en une semaine et même une journée quand
13:56 nous avons vraiment des urgences donc c'est une révolution.
14:00 - Je vous interromps un petit peu, ça veut dire que vous avez réinternalisé
14:05 cette impression, c'était ça déjà le point de départ ?
14:10 - Oui, on est déjà unique en France puisque nous avons toute la chaîne de
14:15 valeurs intégrée du tricotage en passant par la teinture, l'ennoblissement, la
14:19 coupe et la confection ça n'existe plus du tout en France ce genre d'industrie
14:24 il nous manquait un maillon, l'impression et donc nous avons décidé de réinternaliser
14:30 ces productions qui étaient sous-traitées jusqu'alors en investissant dans le
14:34 futur avec cette machine dont je viens de vous parler.
14:38 - Renan De Villiers, je reviens vers vous avec ce partenariat entre OSS Venture et
14:44 Petit Bateau, à quelle étape de cette évolution, transformation du
14:51 business model vous intervenez ?
14:53 - Je pense qu'on s'est connu il y a deux ans déjà avec Jean-Marc et nous chez
15:00 OSS Venture on est assez pragmatique, on dit c'est les clients qui savent, c'est
15:04 les clients qui ont ce qu'on appelle dans notre jargon les pain points, les
15:07 choses à régler et un des pain points qui est à peu près vrai partout dans le
15:12 textile c'est le contrôle de la qualité du tissu et en fait le contrôle de la
15:16 qualité du tissu c'est beaucoup plus compliqué qu'il n'y paraît notamment
15:20 parce que la taille des mailles en fait un trou c'est quoi ? C'est une maille qui
15:23 est plus grande que les autres mais du coup comment on définit un trou qui est
15:27 trop grand, petit etc et alors c'est encore plus compliqué si jamais il y a
15:31 des retours de clients et que là il n'y a pas de standard et en fait ça c'est le
15:36 cas d'utilisation de l'intelligence artificielle et notamment de ce qu'on
15:38 appelle le computer vision et donc quand on a commencé à collaborer
15:42 avec Jean-Marc on a juste fait le tour de l'usine et on a écouté tout le monde
15:46 et quand on a écouté tout le monde il y avait ce truc là, les trous, le contrôle
15:50 de la qualité du tissu et la deuxième chose c'était les compétences parce que
15:54 ce dont Jean-Marc parle c'est une révolution totale dans une usine de
15:59 remettre des métiers, de réengager des gens sur des métiers qui n'existaient
16:03 peut-être plus en France et dans le tissu industriel donc c'était vraiment les
16:06 deux choses et il se trouve que sur la première en fait c'est une co-construction
16:11 c'est à dire qu'on a fait venir quelqu'un qui était revenu des Etats-Unis qui
16:15 bossait dans un équivalent des gars femmes pour bosser à trois dans
16:20 l'intelligence artificielle pour regarder ça. Pour la deuxième
16:23 partie, la compétence des collaborateurs, on avait déjà vu ça chez les
16:28 industriels et donc on avait une solution Mercatim qui avait déjà été
16:31 développée qu'on a commencé à co-construire.
16:33 Alors on va y revenir en détail sur ces deux aspects, le premier aspect donc
16:37 avec ce rôle de l'intelligence artificielle, vous avez co-créé
16:41 une start-up qui s'appelle
16:43 Otomi, c'est ça ? Et alors qu'est ce qu'elle fait ? C'est quoi ?
16:47 Je vais être basique, c'est quoi ? C'est des caméras reliées à de l'intelligence
16:51 artificielle qui détectent les défauts de la maille ? C'est un peu ça ?
16:54 C'est ça et surtout en fait une caméra ça s'arrête jamais, ça se fatigue jamais,
16:58 c'est répétable, c'est à dire ça fait tout le temps le même boulot et c'est
17:02 capable de détecter tous ces écarts et donc Otomi c'est quoi ?
17:06 Vous prenez n'importe quelle caméra, donc Otomi ne fait pas les caméras, vous prenez
17:09 n'importe quelle caméra et vous mettez le flux vidéo sur Otomi et ce qui est
17:12 très important pour nous c'est que c'est les collaborateurs, les
17:16 collaboratrices qui disent à Otomi ça c'est un trou, ça c'est pas un trou, ça c'est
17:19 un défaut, ça c'est pas un défaut, voilà ce que ça fait, voilà ce que ça fait pas. Pourquoi ?
17:21 Parce que c'est les gens sur le terrain qui savent et une fois que les gens sur
17:25 le terrain ils ont entraîné cette caméra, en fait la caméra elle est 24/7, elle regarde
17:29 tous les défauts et les gens, les collaborateurs, les collaboratrices
17:33 ils peuvent aller sur des tâches à plus haute valeur ajoutée parce que dans ce
17:37 nouveau, cette nouvelle façon de faire dans l'industrie, il y a plein de choses à
17:41 faire et donc rester devant un métier à tisser pour regarder s'il y a des défauts,
17:44 c'est pas comme ça qu'on va créer le futur de l'industrie. Et puis c'est pas le métier
17:47 le plus intéressant, on le compromet. Jean-Marc Guillemet comment ça
17:50 fonctionne ? Vous en êtes à quel stade de l'utilisation d'Automie ?
17:54 Alors on est effectivement sur nos métiers à tricoter avec un essai sur un
17:59 métier et puis après progressivement un déploiement sur une douzaine de métiers
18:05 les plus importants qui produisent les tricots les plus utilisés chez nous
18:10 pour être capable, comme l'expliquait Ronan, de piéger le défaut au plus tôt et puis
18:16 après on va, grâce à cette intelligence artificielle, décider du devenir de ce
18:21 défaut. Est-ce qu'on laisse continuer dans la chaîne de valeur et on va le piéger
18:24 plus tard ou est-ce qu'immédiatement on isole et on met de côté le tricot des
18:28 effectueux. Ce qui est génial c'est que ça nous permet d'améliorer encore plus la
18:32 qualité de nos produits, ça nous permet évidemment de réduire les coûts de
18:39 non qualité matière et puis on fait du bien aussi à l'environnement puisque à
18:43 chaque fois qu'on a un défaut c'est potentiellement la matière qu'on est
18:46 après obligé de jeter donc on a gâché quelque part de l'énergie, des
18:50 matières premières pour rien. Donc c'est vraiment une aide très
18:55 importante pour nous améliorer en termes de performance.
18:59 Ronan De Villiers, l'autre pilier dont vous avez parlé c'est cette
19:03 solution numérique qui s'appelle Mercatim, de quoi il s'agit ?
19:06 Mercatim c'est quelque chose d'assez marrant, c'est la deuxième boîte qu'on a
19:09 créée donc il y a un peu plus de trois ans et on allait dans les usines, nous on est
19:14 encore une fois des gens très pragmatiques, on se fait deux trois usines
19:16 par semaine et on va littéralement dans les usines et on écoute les gens, on leur
19:20 dit qu'est ce qui ne vaut pas. Et en fait on s'est rendu compte que tous les
19:23 managers ils ont un Excel et dans l'Excel en ligne il y a le nom des gens et en
19:28 colonne il y a les postes de ce qu'ils savent faire. Pourquoi ? Parce que quand
19:33 vous avez une équipe de 20 personnes, qu'il n'y a pas tout le monde qui sait
19:36 opérer toutes les machines et qu'il y en a quatre qui demandent les vacances en
19:38 même temps, comment est ce que je fais pour les donner, pas les donner, faire le
19:41 planning etc. On s'est rendu compte qu'ils avaient tous ça. C'est la première
19:44 chose dont on s'est rendu compte. La deuxième chose dont on s'est rendu compte c'est que
19:47 la gestion de carrière de ce qu'on appelle nous les cols bleus, et alors
19:51 nous on est amoureux des cols bleus, c'est un niveau en moyenne qui est nul.
19:56 C'est à dire que c'est pas assez bien géré, on sait pas qui sait faire quoi, on
20:00 valorise pas, il n'y a pas cet amour du beau geste. Alors dans le luxe évidemment ça
20:05 existe mais dans les autres métiers manuels, alors Petit bateau étant un peu
20:07 une exception, mais dans les autres métiers très manuels, il y a cette dévalorisation
20:11 de ce qui pourtant est une énorme richesse dans l'industrie, ils recrutent
20:14 énormément. Donc on a vu ces deux choses là et on a dit ok, on va filer au manager
20:19 la possibilité de reconnaître les compétences de tout le monde et de faire
20:22 son planning de façon automatisée. Et on va filer au col bleu la possibilité de
20:26 reconnaître les compétences de chacun, de dire moi j'ai envie d'aller par là,
20:29 j'ai envie d'évoluer, j'ai envie de savoir faire ça. Et donc de faire cette
20:31 gestion de carrière qui est aujourd'hui un standard chez les cols blancs, vous allez
20:34 dans une tour à la défense, en moyenne il y a ça qui est fait. Vous allez dans une
20:37 usine, dans une des 55 000 usines françaises, en moyenne ça s'est pas fait.
20:40 D'accord. Jean-Marc Guillemet, comment vous l'utilisez ? Je crois que c'est déjà
20:43 déployé sur deux sites de production. Il y a aussi une logique de
20:49 transmission de savoir qui est un enjeu important pour un métier comme le
20:52 autre. Oui exactement, si on parle de la
20:54 confection qui est vraiment un métier de savoir-faire, où on a d'ailleurs
21:00 notre propre école de formation. On va apprendre des gens qui viennent
21:04 d'horizons très divers et on va les former pendant 12-18 mois pour qu'ils
21:09 apprennent ce métier et qu'ils apprennent les 10, 20, 30 opérations
21:14 élémentaires qui vont au final permettre d'avoir une confectionneuse
21:22 expérimentée. Cet outil Mercatim au sein de notre atelier de confection va
21:27 nous permettre de suivre l'évolution des compétences de chacun de nos
21:30 collaborateurs, de penser à du recyclage aussi éventuellement. Donc c'est une aide
21:36 précieuse et comme l'expliquait Ronan, ça va bien au-delà de l'outil Excel qui
21:42 était souvent à l'apanage de chaque chef d'équipe sans avoir une vision
21:45 consolidée au niveau de l'atelier. Là ça nous permet à tout niveau d'avoir le
21:49 bon niveau d'agrégation pour gérer au mieux ses compétences. C'est donc
21:53 effectivement des compétences mieux gérées pour nos opératrices et puis
21:57 une performance globale au niveau de l'atelier qui est accrue, qui est
22:01 simplifiée. - Jean-Marc Guillemet, un dernier mot, il nous reste un peu plus
22:04 d'une minute pour quand même, parce que je parlais des étapes mais ça touche
22:07 encore peut-être plus au business model, vous créez votre place de marché, votre
22:12 marketplace de location de vêtements pour enfants. Donc là on commence à
22:15 passer de la possession à l'usage. - Effectivement, quand on bascule dans un
22:19 modèle d'affaires circulaires, on se dit que quand on fabrique des
22:23 produits durables et des produits qui durent plus longtemps que leur usage, il
22:27 est malin de proposer de nouveaux services. On proposait déjà un service
22:32 omnicanal sur la seconde main, et bien c'est aussi de la location de vêtements
22:35 que nous proposons depuis novembre pour les bébés qui vont changer cinq à six
22:41 fois de taille la première année. Et bien nous, nous proposons de la location
22:44 de vêtements. C'est opéré de notre site logistique de Bucher, donc ici basé
22:49 aussi à Troyes et ça nous permet vraiment de basculer dans ces nouveaux modes de
22:54 fonctionnement. Et ça, c'est issu aussi de discussions qu'on a eues avec Renan
22:58 il y a deux ans pour intégrer ces nouveaux modes de fonctionnement. Donc si je
23:02 peux me permettre de rajouter un mot, au-delà des outils que proposent Renan et
23:07 OSS, pour nous c'est un état d'esprit différent qui est apporté et ça nous
23:13 fait du bien, j'allais dire nous à l'industrie, que des startups, que des
23:16 boîtes qui se créent comme ça s'occupent de nous et nous aident à
23:19 transformer nos modèles. Merci beaucoup, merci à tous les deux et à bientôt sur
23:24 Bsmart. On passe à Smart Ideas, la restauration collective au milieu.
23:28 Merci Jean-Marc.
23:31 La bonne idée du jour, elle est signée Ariane Delmas, bonjour, bienvenue.
23:38 Bonjour. Vous êtes la cofondatrice des Marmides Volantes,
23:41 vous étiez quatre à l'origine, créée en 2012, avec quelle idée de départ
23:45 racontez-moi ? L'idée de départ c'était de créer un restaurant autrement, où on
23:49 travaille pas le soir, pas le week-end, on n'a pas de congélateur et pas de
23:53 micro-ondes dans la cuisine. A l'époque on ne parlait pas de restauration à
23:56 impact, on ne parlait pas forcément de restaurant engagé, mais le mot clé
24:00 c'était un restaurant autrement, où on met aussi le respect des salariés comme
24:05 un point clé de l'entreprise et dans la démarche on s'est très vite
24:11 retrouvés tous les quatre autour de quatre engagements très forts qui sont
24:14 toujours présents dans l'entreprise, qui sont les approvisionnements
24:16 responsables, donc on cuisine des produits bruts locaux de saison
24:19 majoritairement issus de l'agriculture biologique, on fait de la
24:23 livraison en entreprise à vélo avec des livreurs qui sont salariés des
24:28 Marmides Volantes, on livre dans des comptes consignés, donc on est très
24:31 engagés dans une démarche de zéro déchet, à la fois dans la partie vente à
24:35 emporter mais aussi dans la partie livraison et puis enfin voilà, on parle
24:39 de préservation des ressources humaines, la restauration c'est connu pour être un
24:43 univers plutôt impitoyable avec ses salariés et on démontre que c'est pas du
24:48 tout une fatalité. - Et avec un engagement aussi dans la
24:52 restauration collective notamment des cantines scolaires, avec ce défi de
24:58 rendre la restauration collective plus responsable, vous avez ouvert je crois il y a
25:01 six mois une cuisine centrale à Saint-Denis, déjà quand on crée un site
25:08 comme celui-là, quel principe vous avez mis en place et pour en faire quoi ?
25:11 C'est quoi l'idée ? - En fait cette activité de restauration
25:14 collective scolaire qui consiste à livrer des repas dans des écoles
25:18 tous les jours, en fait elle est issue de notre premier métier qui était la
25:21 restauration et la livraison en entreprise, donc aujourd'hui on a
25:24 construit une cuisine centrale effectivement pour faire face aux
25:28 demandes de croissante de clients à la fois d'écoles privées mais aussi de
25:31 marché public et donc on a construit une offre de cantine scolaire avec des
25:35 produits bruts cuisinés avec de l'amour. - C'est les mêmes principes que dans le restaurant ?
25:38 - Les mêmes principes livrés sauf que c'est pas des marmites c'est des bacs inox avec des
25:42 standards de taille et puis on livre à vélo donc on est sur une cantine
25:45 scolaire qui est gourmande, durable et compétitive en prix sur le marché de la
25:51 restauration collective scolaire. - Ça c'est important ce que vous dites, comment
25:53 vous tenez, parce que l'équation elle peut sembler impossible, comment vous
25:57 tenez la durabilité, le fait de vous fournir auprès de majorité d'exploitants
26:02 qui font du bio ou du responsable et des prix compétitifs ?
26:07 - En fait un des aspects de notre modèle économique c'est que dans la
26:11 construction même de l'entreprise on vise pas un profit énorme on vise la
26:16 rentabilité qui permet la pérennité de l'entreprise mais aujourd'hui notre
26:20 objectif c'est de faire une cantine scolaire qui est gourmande, profitable
26:25 mais qui ne rémunère pas forcément beaucoup d'actionnaires et c'est une
26:28 grosse différence avec... - Vous êtes une entreprise Esus ?
26:30 - Absolument, on est une entreprise à statut SAS mais reconnue d'utilité sociale donc avec le
26:36 label Esus donc c'est vrai que notre rentabilité elle est à la fois
26:39 fondamentale parce que c'est ça qui fait qu'on existe depuis plus de dix ans mais
26:43 elle est au service d'une réussite partagée de l'entreprise et pas dans
26:47 l'objectif de verser des dividendes aux actionnaires et ça ça crée un peu un
26:50 modèle économique quand même centré sur une chaîne de valeur qui est plus le
26:55 partage pour les clients c'est à dire les enfants mais aussi les salariés, les
26:58 fournisseurs, c'est tout notre écosystème qu'on emmène dans notre chaîne de valeur.
27:03 - Il y a d'autres cuisines centrales comme ça en perspective ?
27:06 - Absolument, on est en train d'en signer une autre dans l'est parisien puisque
27:09 l'idée c'est d'avoir des cuisines qui soient de taille petite alors bon 2000,
27:13 2500 repas jours ça a l'air gros pour les particuliers mais il faut savoir
27:17 qu'en restauration collective à côté de nous il y a des acteurs qui ont des
27:20 cuisines qui font 60 000 repas jours donc 2000, 2500 repas jours c'est plutôt
27:25 petit et l'idée c'est d'avoir plutôt des entités pas très grandes très
27:28 ancrées dans le territoire pour pouvoir garder la livraison à vélo comme axe
27:31 principal et puis créer de l'emploi sur les territoires pour que les gens ne
27:36 traversent pas forcément l'île de france pour venir travailler c'est des
27:39 horaires qui sont un peu en décalé on commence très tôt pour que pour que les
27:42 enfants puissent se régaler à 11h30 tous les jours.
27:44 - Un mot de la gestion des déchets pour terminer ?
27:47 - Eh bien justement l'idée au départ c'était de
27:50 ça d'être dans des comptes consignés pour notre activité de traiteur on l'a
27:53 décliné donc aujourd'hui on livre les repas dans des bacs en inox qu'on
27:57 dépose dans les écoles et nos livreurs récupèrent les bacs vides de la veille
28:01 du coup dans notre cuisine centrale on a dû dédier une pièce entière qui
28:04 s'appelle la laverie retour pour laver des bacs inox c'est très différent si on
28:10 faisait de la barquette jetable puisqu'on n'aurait pas de retour.
28:12 - Merci beaucoup Ariane Delmas et bon vent aux marmites volantes voilà c'est la fin
28:16 de ce numéro de Smart Impact, je veux remercier Louise Perrin à la
28:19 programmation et à la production assistée de Marie Biya, Raphaël Morel,
28:23 le réalisateur Thibaut Gorilafon pour le son merci à toutes et à tous de votre
28:28 fidélité.
28:30 [Musique]

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