SMART BOURSE - L'invité de la mi-journée : Nadia Gharbi (Pictet Wealth Management)

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Jeudi 15 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Nadia Gharbi (Économiste, Pictet Wealth Management)
Transcript
00:00 *Musique*
00:10 Mais d'abord, la séquence Banque Centrale en cours avec d'ores et déjà la décision de la Réserve fédérale américaine rendue hier soir et Nadia Garbi qui est avec nous en visioconférence
00:19 économiste chez Pigtay Wealth Management à Genève. Bonjour et bienvenue Nadia.
00:23 Merci beaucoup. La FED donc qui a décidé de passer son tour pour ce meeting du mois de juin pour peut-être repartir de plus belle entre guillemets dès le prochain meeting.
00:34 C'est le message qu'a essayé de faire passer Jérôme Poel. Sement un peu de confusion peut-être auprès des observateurs et des économistes Nadia.
00:42 Oui alors c'est vrai qu'on voit une réserve fédérale qui décide de prendre une pause alors que les données récentes ont tout de même été très fortes.
00:51 Mais je dirais que c'était un peu la meilleure option pour la réserve fédérale attendre d'avoir un peu plus de données macroéconomiques.
00:58 On a du mal un peu à jauger l'impact du resserrement ou du moins le timing de l'impact du resserrement.
01:06 Les économistes aussi divergent sur le scénario aux États-Unis entre récession et no-récession au deuxième semestre.
01:16 Donc je dirais que maintenir des taux inchangés mais garder une communication je dirais très haut quiche était pour eux la meilleure option en ce moment.
01:26 Je dirais que peut-être ce qui a un peu surpris tout de même certains économistes c'est les dotplots avec des projections relativement agressives pour 2023
01:36 avec potentiellement deux hausses de plus cette année à attendre de la part de la réserve fédérale.
01:42 Oui, des dotplots qui sont les trajectoires, les perspectives que chaque membre du FOMC, ils sont 18, peuvent avoir sur les horizons 1 an, 2 ans, 3 ans et sur le long terme.
01:55 Ce qui nous intéresse évidemment c'est 2023. Cette trajectoire de la politique monétaire telle qu'elle est perçue par les banquiers centraux eux-mêmes
02:01 elle est quand même soutenue aussi par des révisions du staff en matière de projection économique Nadia.
02:06 C'est-à-dire que le staff de la FED voit quand même une inflation Corp. PCE finalement plus élevée au terme de cette année 2023 que ce qui était anticipé il y a 3 mois lors des projections du mois de mars.
02:18 Elle voit un taux de chômage plus bas que ce qu'elle voyait précédemment.
02:22 C'est-à-dire que le staff considère, la FED considère que le risque inflationniste reste quand même tilté à la hausse au moins pour 2023.
02:30 Oui tout à fait. Je dirais que vraiment les risques sont orientés à la hausse.
02:36 On a vraiment cette résilience de l'inflation dans les services avec un momentum aussi dans les services qui reste très fort.
02:44 Ce n'est pas seulement le cas aux Etats-Unis mais aussi en Europe.
02:47 Donc on voit vraiment ce processus je dirais de désinflation qui est plutôt très lent quand on parle de l'inflation sous-jacente.
02:56 Et on a un peu effectivement des risques un peu à la hausse non seulement aux Etats-Unis mais aussi en Europe.
03:03 Ce qui explique vraiment la raison pour laquelle la réserve fédérale garde vraiment la porte ouverte à plus de hausses de taux.
03:11 Jérôme Pohel a refocalisé l'attention des investisseurs sur le Corp PCE indiquant qu'il n'y avait pas eu d'amélioration significative à ce stade sur cet indicateur d'inflation.
03:23 Qui est historiquement un indicateur d'inflation très suivi par la Fed.
03:26 Il veut voir un moment décisif de désinflation sur ce Corp PCE.
03:32 Quand on se livre à l'exercice de la prévision Nadia, un moment décisif pour Jérôme Pohel ?
03:39 Est-ce que c'est un moment qui peut intervenir dans les prochaines semaines entre aujourd'hui et le prochain FOMC, celui de fin juillet ?
03:46 Ou est-ce que c'est un moment décisif qui prendra un peu plus de temps ?
03:50 C'est vraisemblablement un processus décisif qui prendra un peu plus de temps.
03:54 Je dirais qu'entre maintenant et juillet, c'est très peu probable de voir ce moment décisif que Pohel attend.
04:03 Donc une hausse de taux en juillet semble très probable.
04:07 Maintenant, vraiment, il faudra voir des données qui déçoivent fortement non seulement le Corp PCE,
04:12 mais aussi l'emploi qui reste un facteur clé dans la politique monétaire aux États-Unis.
04:17 Ces données devront décevoir. Sans cela, une hausse de taux paraît très probable au mois de juillet.
04:24 Bon, une situation qui reste ouverte, une optionnalité, comme on dit, qui est entretenue par la Réserve fédérale américaine après sa communication hier soir.
04:33 Du côté de la Banque centrale européenne, il n'y a pas 36 options possibles, j'ai l'impression.
04:38 Nadia, on reste quand même plutôt sur un schéma de pilote automatique à ce stade, avec un inconfort grandissant,
04:46 même peut-être, concernant le développement de l'inflation sous-jacente en zone euro.
04:50 Oui, alors c'est vrai que ça paraît, je pense qu'il n'y a pas de doute là-dessus.
04:55 Une hausse de taux de 25 points de base cet après-midi.
04:58 Maintenant, c'est vrai que la question de juillet reste ouverte, mais vraisemblablement, Christine Lagarde devrait tout de même aussi,
05:05 comme Powell, laisser la porte ouverte pour de nouvelles hausses, potentiellement en juillet, mais pourquoi pas en septembre.
05:12 Et il y a effectivement, comme vous le disiez, cette inflation sous-jacente qui reste très élevée en Europe.
05:18 On est à 5,3%. Ces prochains mois, elle va rester, selon nos prévisions, au-dessus de 5% ou même très proche de 5%.
05:28 Et dans ces conditions, on voit tout de même une banque centrale européenne qui maintient un discours très au quiche,
05:35 comme le fait la Réserve fédérale, et aussi la porte ouverte à plus de hausses de taux.
05:40 Je dirais que cet après-midi, ce qu'il faudra regarder avec attention, c'est vraiment la mise à jour de ces prévisions de la part de la BCE.
05:49 On a eu des données de croissance qui ont été révisées à la baisse, mais je dirais que l'image globale de la zone euro reste inchangée.
05:56 C'est tout de même une image de résilience dans un contexte très difficile pour la zone euro, avec une inflation qui reste très élevée et bien au-dessus de la cible de la BCE.
06:06 Qu'est-ce qui caractérise cette persistance de l'inflation sous-jacente aujourd'hui en Europe ?
06:12 La question des prix de l'énergie, etc., c'est un sujet qui est quand même derrière nous pour l'instant.
06:18 Aujourd'hui, en tout cas, Nadia, c'est encore et toujours la question des marges et de la reconstitution des marges des entreprises.
06:26 C'est de plus en plus la question des salaires.
06:28 Ce sont quand même des déterminants qui sont lourds pour l'inflation et compliqués pour une banque centrale.
06:34 Tout à fait. Ce sont deux bons points que vous venez de citer.
06:37 Je pense d'ailleurs que La Garde va insister cet après-midi sur la croissance des salaires,
06:43 qui accélère en zone euro avec un marché du travail qui reste très robuste, très fort.
06:49 On a aussi effectivement ces marges qui se reconstituent.
06:53 Je dirais que l'environnement est tout de même propice à des surprises plutôt à la hausse sur l'inflation qu'à la baisse.
07:00 On sait que l'inflation globale va poursuivre sa décélération avec les effets de base liés à l'énergie.
07:07 C'est vraiment cette inflation sous-jacente qui reste le focus principal de toutes les banques centrales,
07:14 pas seulement celle de la BCE mais aussi de la Réserve fédérale, comme on en parlait avant.
07:19 Je dirais que c'est vraiment ce momentum, cette résilience du secteur service qui maintient également les hausses des prix
07:27 dans le secteur des services et qui devrait en tout cas être le cas en Europe jusqu'à la fin de l'été,
07:33 étant donné aussi la saison touristique qui commence.
07:36 Effectivement et qui s'annonce plutôt booming quand on écoute les réservations, les opérateurs
07:43 et quand on regarde les niveaux de prix que l'on est prêt à payer pour partir en vacances aujourd'hui.
07:49 À l'autre bout du spectre, Nadia, il y a un trou noir déflationniste dans ce monde de 2023, plutôt inflationniste, c'est la Chine.
07:57 C'est quand même spectaculaire de voir une absence totale d'inflation en Chine à ce stade.
08:03 On connaît les problèmes structurels bien sûr, mais là il y a une question même conjoncturelle qui se pose
08:08 pour la dynamique de reprise d'activité en Chine, au point qu'on voit de plus en plus la Banque centrale chinoise
08:14 ajouter un peu d'accommodation monétaire. Elle l'a fait par deux fois déjà cette semaine.
08:18 Oui, alors je dirais que ces baisses de taux interviennent dans un contexte où on voit que la croissance chinoise ralentit.
08:26 Au deuxième trimestre, on a aussi eu des données qui étaient plutôt décevantes, des données liées à l'exportation
08:31 mais aussi des données de crédit qui étaient en deçà des attentes. Un taux de chômage aussi des jeunes qui reste très élevé en Chine,
08:37 on est autour de 20% et comme vous le citiez aussi, une inflation qui était à 0,2% au mois de mai.
08:44 Donc dans ce contexte, effectivement, la PBOC, la Banque centrale chinoise, était sous pression pour agir à nouveau.
08:51 Et je dirais que si on écoute un peu le discours du gouverneur chinois, plus d'assouplissement est à attendre ces prochains mois.
09:00 La PBOC est vraiment déterminée à stimuler l'économie réelle et ça passera par plus d'assouplissement.
09:06 Alors ça c'est la politique monétaire mais on peut aussi s'attendre à plus de politique fiscale, à des mesures aussi du point de vue fiscal
09:15 pour stimuler en fait cette croissance qui reste vraiment très très modeste en Chine.
09:19 Est-ce que ça peut répondre à l'un des problèmes que cherche à adresser le régime chinois aujourd'hui, qui est de soutenir la demande finale privée ?
09:29 Alors il y a la partie immobilière bien sûr, mais on a envie de voir le consommateur et la consommation en Chine se développer.
09:37 Une erreur d'analyse qu'on a pu commettre, c'est d'estimer que la surépargne Covid accumulée pendant trois ans était une épargne excessive
09:44 qui allait être dépensée à la mode occidentale. On s'aperçoit qu'une partie de cette épargne est plutôt une épargne de précaution peut-être
09:52 pour le ménage chinois aujourd'hui Nadia.
09:55 Effectivement c'est exactement cela et je dirais que la politique monétaire à elle seule ne peut pas résoudre ces problèmes de demandes.
10:04 On voyait dans les données de crédit publiées récemment que c'est principalement un problème de demande plutôt que d'offre.
10:10 Donc c'est la politique fiscale qui elle doit agir pour stimuler la demande chinoise, mais nous on s'attend vraiment à une croissance qui va rester modeste.
10:19 Je dirais que la Banque centrale et le gouvernement vont faire tout pour arriver à ce target de 5% de croissance en 2023,
10:28 mais le momentum sous-jacent va rester un momentum très très faible en Chine lié à ses problèmes structurels,
10:35 à aussi une dépendance trop forte de l'immobilier.
10:39 Donc voilà je dirais qu'ils vont un peu utiliser les recettes traditionnelles,
10:44 mais ce sera très compliqué tout de même de stimuler cette consommation chinoise
10:49 et d'arriver à des taux de croissance supérieurs à ceux prévus par le gouvernement chinois.
10:55 Autour de 5% ! Voilà ce qui avait été édicté effectivement comme objectif de croissance pour cette année 2023 en Chine.
11:02 Merci beaucoup Nadia.
11:03 Nadia Garbi avec nous en visioconférence depuis Genève, économiste chez Pictet Wealth Management.

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