SMART BOURSE - Emission du lundi 19 juin

  • l’année dernière
Lundi 19 juin 2023, SMART BOURSE reçoit John Plassard (Spécialiste en investissements, Mirabaud & Cie) et François Cabau (Économiste Zone Euro, AXA IM)

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Musique]
00:07 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Bourse. Smart Bourse, votre rendez-vous
00:11 bourse deux fois par jour en direct sur Bsmart à midi et demi. Tout d'abord une
00:15 demi-heure pour prendre le pouls des marchés à la mi-journée avant la grande
00:18 édition du soir, une heure cette fois-ci pour revenir dans Planète Marché sur
00:23 les grands enjeux financiers, politiques et économiques. Au sommaire de cette
00:28 édition, les banques centrales et les décisions monétaires des banques
00:31 centrales resteront au cœur de nos sujets dans Smart Bourse après les
00:34 décisions rendues la semaine dernière par la Fed, la BCE mais aussi la BOJ.
00:39 La Fed qui semble écarter un scénario récessif sur le sol américain et qui a
00:43 pris la décision de garder ses taux inchangés dans l'attente de voir les
00:47 effets du resserrement de sa politique monétaire sur l'économie. La BCE qui
00:51 de son côté continue sur sa lancée et qui a annoncé en fin de semaine
00:55 dernière une huitième hausse de 25 points de base avec potentiellement une
00:59 nouvelle hausse de taux à prévoir en juillet. La BCE qui revoit à la hausse
01:04 ses prévisions d'inflation et à la baisse ses prévisions de croissance pour
01:08 la zone euro. Nous tirerons ensemble un bilan de la semaine écoulée qui a
01:12 également vu la BOJ, la Bank of Japan, maintenir sa politique monétaire
01:17 inchangée également alors que cette semaine les décisions de politique
01:21 monétaire de la Banque d'Angleterre mais aussi de la Banque Nationale Suisse
01:24 sont attendues. Nous reviendrons également dans Smart
01:26 Bourse toujours sur les perspectives de croissance chinoise alors que Goldman
01:30 Sachs a à son tour abaissé ses prévisions de croissance pour la Chine en
01:33 2023. La Banque anticipe une croissance de
01:36 PIB de 5,4% au lieu de 6% précédemment et revoit également ses prévisions à la
01:41 baisse pour 2024 passant de 4,6% à 4,5%. Nous reviendrons sur cette décision en
01:48 plateau qui intervient juste après une réunion de l'exécutif chinois
01:51 vendredi qui n'a pas abouti à des décisions de relance suffisantes selon
01:56 Goldman Sachs pour relancer la croissance dans le pays. Une prévision
02:00 qui fait écho à celle d'UBS mais aussi celle de Bank of America ou encore celle
02:04 de Nomura qui déplore toute la faiblesse des indicateurs économiques en Chine mais
02:08 aussi la tiède réaction des autorités chinoises. Et à noter également dans la
02:13 séance boursière du jour que le titre Sartorius Steadim Biotech recule
02:17 fortement depuis ce matin à la suite d'une révision à la baisse de ses
02:21 prévisions financières pour 2023. La biotech anticipe en effet une demande
02:25 plus faible que prévue au second semestre en lien notamment avec des
02:29 stocks toujours conséquents chez les clients de l'industrie bio-pharmaceutique.
02:33 La société qui rappelle cependant maintenir ses objectifs à moyen terme
02:37 anticipant un retour progressif à la normale de la demande. On se retrouve
02:40 tout de suite sur le plateau de Smart Bourse.
02:42 [Générique]
02:52 Et c'est parti pour Smart Bourse. Nous allons commencer tout de suite en duplex
02:56 avec John Plassard qui est avec nous. Bonjour John Plassard.
02:59 Bonjour Nicolas.
03:00 Vous êtes spécialiste en investissement chez Mirabo. Nous allons revenir
03:03 ensemble sur la semaine écoulée qui a vu plusieurs décisions de grandes
03:07 banques centrales notamment la Fed, la BCE mais aussi la BOJ. Une semaine
03:12 cruciale avant l'été, avant la saison des résultats. Quel bilan peut-on
03:17 en tirer John Plassard avec cette Fed qui maintient ses taux inchangés
03:21 et la BCE qui continue dans son rythme de hausse de taux ?
03:25 Alors ce que je dirais tout d'abord c'était que c'était totalement en ligne
03:29 avec le consensus. Il n'y a pas de surprise. On sait que du côté européen
03:33 Christine Lagarde n'a jamais surpris les marchés. Ce n'est pas ce qu'elle
03:37 devrait faire mais effectivement elle a toujours été en ligne avec le
03:40 consensus. Mais il y a deux choses que je note. La première si vous prenez
03:45 la BCE, et bien vous l'avez dit avant Nicolas, c'est la très très forte
03:50 remontée des estimations d'inflation pour cette année au niveau CORE c'est-à-dire
03:55 ex énergie et nourriture. Et donc on voit que la vision de la BCE n'est pas
04:01 une décélération mais plutôt une réaccélération dans ses estimations.
04:05 Donc ça c'est la première des choses. On s'attend comme vous l'avez dit à une
04:09 hausse de 25 points de base des taux de la Banque Centrale Européenne en juillet
04:13 et c'est bien évidemment après que ça va poser certainement problème puisque
04:17 la BCE devrait faire une pause en septembre. D'un autre côté si vous
04:23 prenez la Banque Centrale Américaine c'est là où ça pose le plus de
04:27 problèmes parce que lorsque vous lisez ce que disent tous les membres, 100% des
04:32 membres de la Fed vous disent qu'ils ne prévoient pas une récession aux
04:36 Etats-Unis avant la fin de l'année alors que comme vous le savez Nicolas le
04:40 consensus lui prévoit une récession aux Etats-Unis en fin d'année. Donc là il y a
04:45 une très grosse divergence. Et la deuxième divergence c'est que si vous
04:49 regardez ce qu'on appelle les nuages de points, les dot plots c'est-à-dire les
04:53 prévisions économiques des membres de la Réserve Fédérale Américaine, et bien on
04:59 voit que on parie aux Etats-Unis sur encore deux hausses de taux alors que
05:05 d'un autre côté le consensus parie seulement à 7% sur deux hausses de taux
05:11 jusqu'à la fin de l'année. Donc vous voyez ici d'un côté sur la croissance
05:16 donc la question de la récession il y a une divergence du consensus et sur la
05:20 question des hausses de taux il y a aussi une très très nette divergence du
05:25 consensus. Donc c'est là où ça pose problème parce qu'on sait et l'histoire
05:29 nous le raconte, l'histoire récente de l'année passée par exemple, que lorsque
05:32 le consensus doit s'adapter aux banquiers centraux ou lorsque les
05:37 banquiers centraux doivent s'adapter au consensus, eh bien il y a toujours une
05:41 période de volatilité voire une période de baisse des marchés. Mais alors est-ce
05:44 qu'on a quelques éléments explicatifs John Placard sur le fait que entre le
05:48 consensus de marché et effectivement ce qu'ont pu nous dire les banquiers
05:51 centraux les scénarios ne soient pas les mêmes ?
05:54 Bah écoutez c'est une très bonne question parce que je regarde depuis
05:59 août dernier notamment très précisément ce que dit la réserve fédérale
06:04 américaine et surtout Jérôme Powell depuis le symposium de Jackson Hall qui
06:09 était en fin août dernier et il a toujours eu un discours qui était assez
06:14 agressif au quiche dans ces hausses de taux et le consensus n'y a jamais cru.
06:19 Alors la raison c'est quoi ? C'est que on se souvient que l'année passée la
06:24 Banque Centrale Européenne et la Fed en l'occurrence étaient totalement faux dans
06:29 ces projections du cycle inflationniste et du cycle économique. Je vous rappelle
06:34 quand même qu'au début 2022 la Fed pariait sur trois hausses de taux de 25
06:39 points de base sur toute l'année et qu'en fin d'année on a eu 17 hausses de
06:43 taux donc il y a eu une énorme erreur et on a l'impression aujourd'hui que le
06:47 consensus ne croit plus du tout à ce que disent les banques centrales et se
06:52 disent que de toute manière elles auront à un moment ou à un autre, si il y a du
06:56 stress dans le marché, eh bien elles interviendront et qu'elles arrêteront de
07:00 monter les taux. Est-ce que ça peut faire peser un risque sur les marchés ou en
07:05 tout cas sur la volatilité des marchés, cette dichotomie entre les deux et cette
07:08 nécessité peut-être de devoir se réajuster à un moment au scénario des
07:12 banques centrales, John Placard ? Oui tout à fait, clairement c'est exactement ce que
07:16 je pense Nicolas et vous savez que même si ça ne devait pas être le cas, même si
07:20 le consensus devait rester où il est et que les banques centrales devaient elles
07:24 abaisser leurs estimations, eh bien qu'est-ce qu'on se dirait ? On se dirait que
07:29 c'est à nouveau une erreur de politique monétaire aux Etats-Unis et en Europe
07:33 par exemple et ça non plus c'est pas bien parce que pour la crédibilité d'une
07:38 banque centrale, eh bien c'est aussi elle qui maintient l'espoir dans les marchés
07:42 et s'il n'y a plus de crédibilité, il y a moins d'espoir et donc c'est pour ça que
07:47 on devrait certainement voir une consolidation, pas une correction mais une
07:51 consolidation dans les marchés où on a un consensus qui s'approche de la Fed ou
07:57 inversement. Alors un mot toujours de cette décision de politique monétaire de la
08:01 Fed donc la semaine dernière, John Placard, c'est que quand on regarde les
08:04 prévisions économiques de la réserve fédérale américaine, on voit effectivement
08:09 que le scénario récessif s'éloigne, que les perspectives d'inflation restent
08:13 quand même au-dessus du mandat de la Fed et pour autant la Fed n'augmente pas
08:18 ses taux alors qu'on pourrait se dire, on pourrait se surprendre à penser que
08:22 toutes les conditions sont réunies justement pour une nouvelle hausse de taux.
08:26 Oui tout à fait, tout à fait. Bon, on voit quand même qu'il y a une décélération
08:30 lorsque vous regardez les éléments du CPI, on voit qu'il y a une décélération
08:34 notamment dans le prix des loyers, vous savez c'est le plus gros composant de
08:38 l'inflation CPI aux Etats-Unis, aussi dans les voitures d'occasion, ça baisse
08:42 aussi sur les prix de l'énergie mais je pense qu'il y a une autre raison dont on
08:46 ne parle pas assez, c'est le fait que la Banque Centrale américaine et
08:50 potentiellement européenne se sont rendus compte qu'en montant à une telle vitesse
08:55 les taux et je vous rappelle que depuis 1980 la Fed n'avait jamais augmenté
09:01 aussi rapidement ses taux sur une année, eh bien il y a des problèmes secondaires,
09:07 des effets secondaires comme on l'a vu avec les banques régionales américaines.
09:11 Je vous rappelle quand même qu'en mars on était dans une panique, le mot est fort
09:16 mais il est pesé, une panique sur le système bancaire américain puisqu'on
09:22 sait quand même que le poumon de l'économie américaine c'est les petites
09:26 et moyennes banques aux Etats-Unis qui par exemple tiennent 80% de tout ce qui
09:32 est prêt au niveau immobilier commercial. Donc on est dans une situation où il y a
09:36 quand même une prise de conscience que cette hausse de taux si rapide a des
09:41 effets secondaires qui ne sont pas ceux qu'on voulait, c'est-à-dire la Fed avait
09:46 clairement dit que ce qu'elle voulait c'était augmenter les taux pour qu'il y ait
09:49 plus de chômage et moins de demandes et donc moins d'inflation et ça n'a pas été
09:53 le cas ici. Un mot à présent, toujours en lien avec les banques américaines,
09:58 John Placard, alors on a vu effectivement plusieurs grandes banques américaines
10:01 abaisser leurs prévisions de croissance vis-à-vis de l'économie chinoise, que ce
10:05 soit Bank of America notamment mais aussi d'autres banques, UBS ou Nomura, donc
10:10 banque japonaise pour Nomura ou UBS banque suisse. On voit Goldman Sachs à
10:15 présent abaisser elle aussi sa prévision, un peu après tout le monde, mais sa
10:19 prévision de croissance vis-à-vis de l'économie chinoise avec peut-être cette
10:23 question d'une attente un peu plus longue que les autres vis-à-vis d'une réaction
10:28 de l'exécutif chinois, que faut-il en penser John Placard ? Oui clairement c'est
10:32 ça parce qu'on attendait beaucoup de ce week-end, il y avait des rumeurs dans le
10:35 Financial Times comme quoi des nouvelles mesures de relance allaient être
10:39 annoncées, ce qui n'a pas été le cas. Goldman Sachs pense qu'évidemment on est
10:44 déçu par les dernières données économiques mais il faut rappeler que ces
10:48 données économiques sont aussi dépendantes de la demande externe, donc
10:52 c'est-à-dire la demande en Europe et aux Etats-Unis, mais que le côté des
10:56 services tient toujours en Chine avec évidemment la réouverture après la
11:01 politique du Covid-0. Alors il y a aussi une pression sur l'immobilier, maintenant
11:06 ils estiment que ce qui a été fait jusqu'alors et ce qui va être fait si on
11:11 prend des prévisions là-dessus ne seront pas suffisants pour surmonter le plus
11:16 gros problème, ils l'appellent eux le plus gros problème auquel la Chine est
11:20 confrontée, c'est l'affaiblissement du sentiment, c'est-à-dire que les gens
11:25 n'ont plus confiance dans la Chine. Alors il faut juste remettre l'église au
11:30 milieu du village, Nicolas, il faut rappeler ici qu'au début de l'année le
11:34 gouvernement chinois prévoyait 5% de croissance sur cette année et les gens
11:40 se disaient bon 5% c'est déjà assez élevé et vous aviez beaucoup de banques
11:45 dont celle que vous avez signalé en plus de J.P. Morgan qui avaient mis
11:50 leur estimation beaucoup plus haute en imaginant que la réouverture de la
11:54 Chine aurait un effet immédiat sur les marchés. Ce n'était pas le cas, à 5,4%
11:59 on est toujours au-dessus des 5% du gouvernement chinois mais à plus long
12:04 terme je pense que c'est plutôt là où il y a un problème ou de point d'interrogation.
12:08 Vous savez qu'il y a un gros problème dans la démographie, les tensions
12:12 géopolitiques notamment avec Taïwan et puis avec les dettes des gouvernements
12:17 locaux, ça c'est quelque chose à moyen long terme. Mais sur le court terme je ne
12:21 suis pas choqué par ce qui se passe parce que j'ai l'impression que, et on
12:25 parlait avant du consensus, le consensus des banques était beaucoup trop haut
12:29 par rapport aux estimations du gouvernement chinois.
12:32 Avant que l'économie chinoise ne réouvre, on s'attendait à ce qu'elle
12:35 vienne tirer la croissance mondiale comme une nouvelle locomotive et
12:38 finalement on se rend compte aujourd'hui que c'est plus compliqué que prévu pour
12:41 l'année en cours. Oui tout à fait et ce qui est aussi assez intéressant de
12:45 noter c'est que Goldman Sachs, qui vient de baisser ses estimations, avait
12:50 sorti une note en mars en disant en fait que la zone euro pourrait ne pas
12:56 rentrer en récession, on ne parle pas de cette récession technique dans laquelle
13:00 nous sommes mais en fin d'année, pourrait ne pas rentrer en récession
13:04 grâce à la réouverture de la Chine. Alors je suis sûr qu'ils vont baisser un
13:09 peu leur estimation, toujours ne pas penser qu'il y a une récession mais c'est
13:13 dire l'importance qu'avait à leurs yeux et qu'a à leurs yeux j'imagine toujours
13:18 la réouverture de la Chine mais c'est effectivement un peu décevant et on sait
13:22 très bien que les chinois vont regarder à deux fois avant de sortir du pays
13:28 d'aller voyager à l'extérieur. Je vous rappelle quand même qu'en 2019 vous
13:31 aviez 12 millions de chinois qui sortaient du pays pour voyager en tant
13:35 que touristes chaque mois, eh bien ici ça va être moins et je pense que c'est
13:40 très bien que les banques et le consensus s'adaptent cette fois-ci aux
13:46 prévisions du gouvernement chinois. Un mot des marchés à présent, John
13:50 Plassard, qu'en est-il de cette consolidation qu'attendent un certain
13:54 nombre d'experts et d'analystes ? Je l'attends aussi d'ailleurs Nicolas,
14:00 qui ne vient pas aujourd'hui. Alors si vous regardez vous avez beaucoup de
14:05 sentiments contrariants et notamment les sentiments positifs, on voit qu'on est en
14:10 extrême grid, c'est-à-dire les gens sont euphoriques d'une certaine manière sur les
14:14 marchés, on voit qu'on a à vendredi le meilleur démarrage du Nasdaq, de
14:21 l'histoire du Nasdaq, donc on voit évidemment que ça fait suite à la baisse
14:25 qu'on avait eu l'année passée mais qu'il y a une certaine euphorie dans ce marché
14:29 et qu'à un moment ou un autre il faudra qu'il y ait une consolidation.
14:33 Alors le problème, si on prend les statistiques historiques, c'est que
14:39 historiquement si vous prenez le S&P 500 qui terminera logiquement la fin du
14:45 premier semestre au-delà de 10%, et bien si vous avez un S&P qui termine le
14:50 premier semestre au-delà de 10%, et bien historiquement lors du deuxième
14:55 semestre, et bien cet indice américain gagne au minimum 10%. Donc en fait ça
15:02 viendrait contrarier une nouvelle fois ceux qui attendent comme moi une
15:06 consolidation des marchés dans les prochaines semaines.
15:09 A suivre donc dans les prochaines semaines et prochains mois. Merci
15:12 beaucoup John Plassard de nous avoir accompagné à la mi-journée dans Smart
15:15 Bourse. Je rappelle que vous êtes spécialiste en investissement chez
15:17 Mirabeau et quant à nous on se retrouve tout de suite dans la deuxième partie de
15:20 Smart Bourse.
15:21 [Musique]
15:31 Et nous continuons donc dans la deuxième partie de Smart Bourse en plateau avec
15:35 François Cabot qui nous accompagne. Bonjour François Cabot. Bonjour Nicolas.
15:38 Bienvenue dans Smart Bourse. Vous êtes senior eurozone économiste chez AXA IM
15:42 et ça tombe bien puisque c'est justement de la zone euro dont nous allons
15:45 parler. A commencer par la décision de la BCE la semaine dernière de
15:50 continuer donc ces hausses de taux 25 points de base supplémentaires. Une
15:55 hausse qui finalement dans le contexte dans lequel se trouve la zone euro
15:59 actuellement était sans surprise François Cabot. Oui absolument. On était
16:03 vraiment sur une trajectoire largement prédéterminée quelque part par les
16:07 annonces passées. Malgré finalement des prévisions qui sont en vue être revues
16:12 très fortement comme a été évoqué et on va sûrement revenir dessus. Donc là tu as
16:15 à la fois sur la hausse des taux de 25 points de base tout comme l'arrêt de
16:20 l'APP donc du réinvestissement des actifs des obligations d'État. Là-dessus
16:25 c'était vraiment totalement attendu. Donc effectivement le ton agressif
16:32 également. Mais par contre peut-être ce qui était peut-être moins et ce qui
16:36 est la façon dont on a réussi les marchés qui était peut-être plus une surprise
16:38 c'est à la fois le ton sans équivoque on va continuer à la fois en juillet et
16:42 à la fois avec des prévisions agressives côté inflation et en même temps le
16:45 marché disant voilà on ne se focalise que sur juillet donc je m'arrête à
16:49 juillet et donc je ne prête finalement qu'une hausse de taux supplémentaires
16:52 alors que voilà pour nous il y a effectivement un discours latent qui
16:56 effectivement suggère qu'on va probablement aller plus loin que les 375%.
17:00 Et avec une BCE qui nous dit nous sommes data dependent, nous suivons de très
17:04 près les données macroéconomiques mais nous avons déjà plus ou moins
17:06 anticipé qu'en juillet on allait réaugmenter nos taux. Absolument alors
17:10 ceci pour moi c'est deux raisons la première c'est probablement une
17:15 distance faite vis-à-vis des prévisions des banques centrales
17:19 nationales donc ce rang de prévision là a été fait par l'eurosystème non pas
17:23 par le staff de la BCE donc après une certaine distance a opéré de ce côté
17:27 là qui l'empêche finalement de se projeter plus loin mais néanmoins
17:31 effectivement une direction claire et surtout sur la façon dont le discours
17:37 a été fait c'est-à-dire qu'on ne se focalise plus tant sur l'inflation et
17:40 donc au mois le mois est-ce qu'on pourrait pas être surpris à la baisse
17:42 donc du coup je ne m'engage pas plus loin mais par contre sur le marché du
17:47 travail et notamment sur les salaires en disant que maintenant l'inflation n'est
17:51 plus déterminée tant par l'énergie, n'est plus tant émergée par l'alimentaire
17:55 mais vraiment par les salaires et les salaires c'est une donnée qui résulte
17:58 du marché du travail et sur lequel on est sur une dynamique un trimestre réelle
18:02 donc ça prend plus de temps pour faire tourner le bateau quelque part et qui
18:06 a priori est encore largement dynamique et on va prendre du temps pour
18:11 avoir ce retournement là donc de ce côté là effectivement cette déconnexion
18:15 quelque part on va que en juillet, on préannonce juillet ce qui est déjà
18:18 quelque chose en soi en termes de communication mais néanmoins l'ensemble
18:21 de l'analyse et des chiffres, des prévisions indiquent effectivement que
18:26 ces pressions facimistes sont plutôt là pour rester.
18:28 On annonce quelque part que la BCE restera dans cette dynamique là peut-être
18:33 sur plusieurs mois voire plusieurs trimestres encore du fait simplement
18:37 que le pilotage va se faire trimestriellement c'est ce que vous nous dites.
18:39 Effectivement c'est que la BCE prend des gants finalement et essaie de ne pas se mouiller
18:47 et dire on va y aller au mois le mois, meeting après meeting et on est dépendant
18:50 des données et on les tousse mais néanmoins je trouve que cette prise de recul
18:53 de retirer quelque part du poids à l'inflation totale, l'inflation sous-jacente
18:58 et d'en mettre plus sur le marché du travail alors qu'on sait que celui-ci
19:01 est très bien orienté et il y a peu de chances qu'on ait un écroulement
19:05 dans les prochaines semaines voire prochains mois, de mon point de vue
19:08 effectivement quelque part pré-engage d'ores et déjà la BCE à une remontée
19:13 en septembre effectivement.
19:14 Un mot peut-être déjà de votre vision du taux terminal, vous l'avez dit tout à l'heure
19:20 vous estimez qu'on pourrait aller jusqu'à un taux terminal aux alentours de 4%.
19:25 Voilà effectivement, c'est les 25 qui sont quasiment donnés pour juillet
19:29 plus effectivement 25 pour le meeting de septembre ce qui nous amène
19:33 effectivement à 4% donc là-dessus.
19:35 Et ce qui est mon point de vue, il y a une autre façon de le voir quelque part
19:38 c'est qu'une banque centrale qui a une diminution historique de la taille
19:45 de son bilan en juin, ne parle pas de son bilan, indique implicitement
19:52 qu'il y a probablement d'autres hausses de taux supplémentaires à faire
19:54 avant de parler du bilan.
19:56 Donc pour moi il y a aussi ce raisonnement un peu à l'envers quelque part
19:59 de dire qu'il y a juillet quasi sûr, septembre on est bien parti pour
20:03 et effectivement septembre à décembre on parle du bilan et on voit
20:06 où est-ce qu'on atterrit après.
20:07 Donc ça donne effectivement les 4 mois, sachant qu'ils ont un peu préannoncé
20:10 que pour décembre ils devaient annoncer comment est-ce qu'ils piloteraient
20:13 à moyen terme leur bilan.
20:14 Ils ont commencé à en parler dès septembre, les 4 mois avant,
20:16 je pense que tout ça paraît relativement cohérent dans l'environnement
20:20 de données qu'on a aujourd'hui effectivement.
20:22 Dans une séquence de communication bien organisée.
20:24 Alors parlons peut-être un petit peu des prévisions quand même de l'ABCE.
20:27 Donc on s'attend à une inflation qui continue à progresser,
20:31 en revanche des prévisions de croissance qui sont revues à la baisse
20:33 au moins pour cette année 2023.
20:36 Alors oui effectivement, il faut quand même se rappeler que l'année en cours
20:40 est largement déterminée par ce qui se passe au quatrième trimestre
20:43 de l'année précédente et du premier trimestre.
20:45 Or a été revue à la baisse une estimation préliminaire à +0,1 sur le premier trimestre
20:50 et a été revue à la baisse à -0,1 effectivement lié à la révision à la baisse
20:54 notamment sur l'Allemagne et sur l'Irlande.
20:56 Donc là dessus, c'est une révision qui est relativement mineure.
20:59 On reste si j'ai bonne mémoire à 0,8 sur l'année en cours.
21:03 Donc ce n'est pas une diminution si importante que ça.
21:07 Et puis elle n'a pas d'impact sur la Suisse.
21:09 C'est-à-dire qu'on avait 1,6 en croissance 2024-2025.
21:13 Il y en a maintenant 1,5-1,6.
21:16 C'est exactement ça.
21:17 Donc du coup, c'est effectivement un ralentissement modéré
21:23 mais qui n'a pas d'impact sur la suite des perspectives.
21:26 Et ce sur quoi d'ailleurs nous on se pose beaucoup de questions
21:28 sur à la fois le rythme de l'investissement monétaire qui va plus vite que ce qui était prévu
21:33 et d'autre part effectivement un impulse budgétaire qui est toujours très positif cette année
21:39 mais qui va être au mieux neutre l'année prochaine voire aller en territoire restrictif.
21:44 Donc l'interprétation qu'on peut faire des prévisions de croissance en zone euro
21:47 c'est finalement au lieu de regarder que 2023 et de dire
21:49 "Ah ben il y a quand même une prévision revue à la baisse pour 2023"
21:52 c'est se féliciter ou en tout cas se rassurer du maintien des prévisions de croissance pour 2024 et 2025.
21:58 Alors peut-être ou alors s'inquiéter de celles-ci ne sont-elles pas trop optimistes.
22:02 D'accord.
22:03 Et c'est peut-être là où je reviendrai sur ces éléments de prévision de l'eurosystème ou prévision de la BCE
22:09 où est-ce qu'il n'y a pas une distance à prendre par rapport à ces prévisions.
22:14 Je le disais à l'instant, des taux qui montent plus haut que ce qui était prévu il y a 3-6 mois,
22:19 une politique budgétaire qui va de fait être au moins normalisée voire restrictive l'année prochaine.
22:24 Est-ce qu'il n'y a pas "enfin" comme on en parle à l'instant sur les marchés,
22:28 cette correction à attendre de la croissance.
22:30 Qu'est-ce qui va finir par apporter à la croissance l'année prochaine ?
22:32 Autant cette année on est quand même encore relativement dans le début de l'innovation monétaire
22:36 et le stimulus budgétaire est là, donc ça tient relativement bien.
22:40 Par contre à horizon 12-18 mois, effectivement,
22:43 question sur est-ce que l'économie peut accélérer de 0,8 à 1,5 et aller si vite de manière persistante
22:50 2024-2025 à cette vitesse-là.
22:53 Nous on est plus prudent là-dessus effectivement.
22:56 Si on regarde la réaction des marchés depuis ces derniers jours,
22:59 notamment en réaction à cette hausse de taux de la BCE
23:03 mais surtout au discours qui a été porté autour des décisions de politique monétaire,
23:08 quelle interprétation vous en faites ?
23:10 Vous nous avez dit que finalement les marchés ont l'air de regarder jusqu'à juillet pour l'instant.
23:13 Voilà, exactement.
23:14 Et de mon point de vue, c'est en tout cas une mauvaise interprétation.
23:18 Ce n'est peut-être pas une erreur de communication de la part de la Banque Centrale Européenne
23:21 parce qu'effectivement c'est son sujet, on est data-dependent et on ne va qu'au plus près.
23:26 Alors qu'il faut se rappeler que les meetings précédents,
23:28 ils s'engageaient de les deux à trois meetings suivants.
23:31 Donc effectivement, on se rapproche d'une vraie dépendance des données quelque part de ce point de vue-là.
23:37 Ce qui est plutôt cohérent avec le discours.
23:41 Mais par contre effectivement, le sous-jacent de ce que nous racontent,
23:46 on lise à l'instant les prévisions de croissance relativement optimistes
23:49 et tout ça cohérent avec une inflation sous-jacente,
23:52 non pas qui accélère évidemment, mais qui est revue à la hausse
23:54 et qui est une inflation totale qui est au-dessus de la cible à moyen terme,
23:58 indique effectivement que si on se dit qu'il n'y a pas un crash imminent de l'économie de la zone euro,
24:03 soit domestiquement, soit générée par ce qui se passe ailleurs,
24:06 récession américaine ou récession chinoise,
24:08 on est peut-être plus inquiet sur l'économie chinoise que l'économie américaine,
24:11 mais bon, a priori, c'est compliqué de voir ça se matérialiser à court terme.
24:14 Il y a de bonnes chances que le marché du travail continue à relativement bien performer
24:18 et dès lors nécessite une hausse supplémentaire en septembre.
24:20 Et donc voilà, ce discours sans équivoque à court terme,
24:24 que le marché n'intègre pas plus loin que juillet,
24:26 pour moi, une erreur et effectivement, il faut s'attendre à un réajustement à la hausse
24:31 du taux terminal sur le marché court euro, oui.
24:33 Une réaction plus logique aurait été une hausse des taux courts plus agressives sur les derniers jours.
24:39 Exactement. Et en fait, c'est ce qui s'est passé.
24:41 Dans la première partie du meeting, on était quasiment à 3,83, 3,85
24:45 et au moment où elle a dit juillet, en fait, on est repassé à 3,75, 3,80
24:49 et puis là, on se stabilise là.
24:51 Donc effectivement, voilà, un petit événement de marché,
24:53 mais voilà, mais qui de notre point de vue va devoir être corrigé
24:56 avec des taux courts qui vont être amenés, être revus à la hausse,
24:58 comme d'ailleurs, on l'a vu, la crise bancaire a donné des grands ajustements
25:02 et qui finalement, voilà, on s'est rajouté à 3,75.
25:04 Là pour l'instant, on reste là, mais il y a de bonnes chances qu'effectivement,
25:06 le momentum de l'économie de la zone euro et même mondiale
25:09 indique qu'une hausse supplémentaire soit au moins justifiée.
25:13 Et avec des marchés actions qui, eux, ont l'air d'avoir totalement intégré la nouvelle
25:17 et pas de réaction particulièrement agressive dans un sens ou dans l'autre.
25:21 Non, non, absolument, parce qu'ils sont largement guidés par les perceptifs de croissance
25:25 et que les perceptifs de croissance ont plutôt tendance à être revus à la hausse
25:30 alors que les attentes de profit, eux, ont été revus à la baisse,
25:34 mais n'ont pas rattrapé finalement cette prévision de croissance
25:37 qui se tienne mieux que prévu.
25:38 Et là, je parle au-delà de la zone euro, sur les Etats-Unis notamment,
25:40 où on passe finalement notre temps à décaler cette attente de récession.
25:44 Bien sûr.
25:45 Et donc dès lors, en fait, il y a probablement une revision à la hausse
25:47 des profits des entreprises, et donc du coup, qui soutient très certainement
25:53 ce marché actions qui reste dynamique et quasi insensible finalement à ce marché taux
25:59 qui continue à être révisé à la hausse mois après mois.
26:01 Pour finir, François Cabot, si on reste dans la séquence Banque Centrale,
26:05 une nouvelle Banque Centrale va rendre sa décision de politique monétaire cette semaine
26:09 sur le sol européen. Enfin, deux exactement. Il y aura la Banque Nationale Suisse,
26:12 mais la Bank of England, à quoi peut-on s'attendre ?
26:15 Qu'y a-t-il des surprises à attendre cette semaine pour la Bank of England ?
26:18 Alors, je pense qu'à l'image des décisions de la semaine passée,
26:22 la décision qui est due de monter les taux de 25 points de base, je pense, est évidente.
26:28 Donc, il n'y a pas trop d'inquiétude à avoir là-dessus.
26:30 C'est plus par contre sur le message. Et là, pour le coup, le message,
26:33 on est un peu à l'envers de ce qui se passe pour les autres banques centrales,
26:35 quelque part, parce qu'il y a un peu plus de 100 points de base de hausse d'auto
26:38 de price C pour la Banque d'Angleterre d'ici la fin de l'année.
26:40 Donc, marché très agressif.
26:42 Et donc, nous, effectivement, on attend cette hausse qui est donnée et une en août.
26:48 Mais on ne va pas au-delà dans la mesure où l'économie britannique
26:51 marche sur le fil d'ores et déjà la récession,
26:54 elle est dans une situation vraiment compliquée, avec certains marchés de l'emploi très tendus,
26:58 mais qui est plus lié, effectivement, à des raisons structurelles,
27:01 mais qui ne donnent pas lieu, effectivement, à une dynamique de croissance
27:04 qui est amenée à accélérer, comme on peut la voir, notamment en zone euro,
27:07 qui défierait la récession.
27:08 Donc, de ce point de vue-là, effectivement, plutôt, certes, une communication agressive
27:13 de resserrement, mais pas aussi agressive que ce que le marché peut d'ores et déjà anticiper.
27:18 Et donc, du coup, on s'attend à ce que celui-ci retrace, quelque part,
27:22 rallie à la suite de sa décision qui, malgré tout, devrait indiquer les taux
27:26 qui devraient continuer à monter.
27:27 On suivra ça, donc, ensemble, cette semaine.
27:30 Merci beaucoup, François Cabot, d'être venu sur le plateau de Smart Bourse.
27:33 Je rappelle que vous êtes senior eurozone économiste chez AXA-IM.
27:36 Merci à vous, également, de nous avoir suivis.
27:39 Je vous rappelle que vous pouvez retrouver l'émission Smart Bourse en replay
27:42 sur le site bsmart.fr, mais évidemment en podcast aussi,
27:45 sur toutes les plateformes de podcast.
27:46 Et sinon, je vous donne rendez-vous ce soir à 17h pour la grande édition de Smart Bourse.
27:51 [Musique]

Recommandations