L'interview d'Olivier Véran

  • l’année dernière
Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, était l’invité de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS.
Transcript
00:00 En tout cas, cette grand-mère, c'est un peu notre grand-mère à tous.
00:02 Enfin, ça pourrait être notre grand-mère à tous.
00:03 Et quand on voit les images, on se projette forcément.
00:06 Et je comprends que ça provoque une émotion.
00:08 La mienne est vive et mes premières pensées vont vers sa grand-mère,
00:11 la petite-fille et puis la famille, les amis, évidemment.
00:13 Mais on est au cœur de la décivilisation dont parlait Emmanuel Macron,
00:16 parce que là, c'est gratuit, c'est violent, c'est barbare.
00:18 Des violences gratuites de cette nature, des vols à l'arraché, des vols...
00:22 En l'occurrence, c'est ce qu'on appelle un vol aggravé
00:23 puisqu'il a été commis avec de la violence physique
00:27 et en présence d'un mineur de moins de 15 ans, c'est-à-dire que c'est jusqu'à 10 ans de prison
00:30 qui sont risqués d'un point de vue pénal.
00:32 Sur le papier.
00:32 Ce type de vols, d'agressions, il y en a, hélas d'ailleurs, dans notre pays.
00:37 Je ne sais pas s'il faut l'inclure dans un phénomène plus général.
00:39 Ce qui est certain, c'est que ça illustre le besoin de sécurité pour les Français.
00:44 D'accord, mais il y a une espèce de gradation de la violence, une augmentation de la violence.
00:48 Vous le dites, elle est gratuite, elle est à tout bout de champ, à tous les coins de rue.
00:52 La sécurité, c'est la première des libertés pour les Français.
00:54 Est-ce que le gouvernement que vous représentez aujourd'hui sur notre plateau n'a pas échoué là-dessus ?
00:58 Le gouvernement, il augmente comme jamais le budget de la justice.
01:00 Ça, c'est un fait.
01:01 Alors, je sais que ce n'est pas une réponse très court-termiste aux attentes légitimes des Français,
01:05 mais quand on augmente annuellement le budget de la justice, quand on multiplie par deux,
01:09 comme le fait Éric Dupond-Moretti, le nombre de greffiers, de magistrats, d'officiers de justice
01:14 pour aller fois deux pour la vitesse de rendu des décisions et pour mieux accompagner les victimes, ça compte.
01:19 Quand on augmente, comme le fait Gérald Darmanin, les effectifs de police, de gendarmerie,
01:22 qu'on crée 200 nouvelles brigades de gendarmerie, qu'on a augmenté, qu'on double la présence de policiers
01:29 dans les heures de pointe, dans les endroits où ça craint potentiellement,
01:32 ça veut dire qu'on a une action qui est résolue.
01:33 Maintenant, vous m'interrogez sur un phénomène plus général qui est la montée de la violence.
01:37 Et on pourrait y voir un paradoxe.
01:39 C'est une désinhibition de la violence que l'on voit tous les jours.
01:42 C'est-à-dire qu'à mesure que notre société se modernise, les aspirations à la sécurité grandissent
01:46 et c'est tout à fait normal.
01:48 Et dans le même mouvement, on voit émerger dans les marges de notre société
01:52 une forme de violence, plusieurs formes de violence en réalité,
01:55 parce que vous avez les violences qu'on a pu constater dans certaines manifestations,
01:59 on a les violences gratuites du quotidien,
02:01 on a la violence verbale qu'on constate chaque jour sur les réseaux sociaux,
02:04 on a la violence à l'école, à travers le harcèlement,
02:07 et qui nous invite à avoir une réflexion sur comment peut-on comprendre
02:11 et surtout comment lutter avec efficacité contre toute cette violence.
02:14 Ce que je veux vous dire, Laurence Ferrari, on ne parle évidemment pas de ce fait divers là,
02:18 parce que là, ça n'a rien à voir avec la question me semble-t-il,
02:21 mais de manière générale, aucune violence n'est légitime
02:24 et aucune cause ne justifie qu'on recourt à la violence.
02:27 Aucune cause, la cause climatique, ne justifie pas
02:29 qu'on aille caillasser des gendarmes sur un champ par exemple.
02:33 – Mais vous parlez peut-être en creux des mouvements, les soulèvements de la terre,
02:37 vous aviez annoncé la semaine dernière qu'il y aurait en Conseil des ministres
02:40 la présentation d'un dossier de dissolution des soulèvements de la terre, on en est où ?
02:43 – Nous verrons demain puisqu'il y a un Conseil des ministres,
02:45 la Première ministre a dit la semaine dernière qu'elle comptait,
02:48 qu'elle voulait déposer un dossier dans les plus brefs délais,
02:51 si le dossier est complété, il pourrait être déposé demain,
02:53 nous verrons, je n'ai pas l'information, si ce n'est pas demain,
02:55 ce sera peut-être la semaine prochaine, ou c'est le suivant, ce qui est important…
02:58 – Mais il y a une volonté de le faire, on a le sentiment qu'Elisabeth Borne refuse au fond,
03:02 elle dit que ce sont des "activistes climatiques".
03:05 – Non, la Première ministre est très claire sur la question,
03:07 on différencie et je différencie aussi évidemment l'activisme,
03:11 qui peut prendre plein de formes, et l'activisme violent.
03:14 Et c'est la violence qu'on condamne, ce n'est pas l'activisme,
03:16 ce n'est pas les idées qu'on va condamner, c'est la violence.
03:19 Quand vous militez pour le climat, vous avez le droit,
03:22 si vous avez des idées qui sont les vôtres,
03:24 vous avez le droit aussi de les faire connaître dans la société et dans la cité,
03:27 mais jamais vous n'avez le droit de recourir à la violence,
03:29 il n'y a pas de légitimité du recours à la violence.
03:32 Cette association des soulèvements de la terre a fait montre de violence à Sainte-Sauline,
03:36 en conviant des casseurs qui venaient de toute l'Europe,
03:38 avec des barres de métal, des boules de pétanque,
03:41 pour essayer de tuer des policiers, ce n'est pas de l'activisme écologique.
03:44 – Donc elle doit être dissoute, c'est ce que vous dites sur le plan.
03:46 – À ce titre-là, oui.
03:48 Encore une fois, non pas en fonction des idées, mais en fonction des actions.
03:53 – Vous les soutenez, c'est ça ?
03:55 – Non, on ne dissout pas une association en fonction de ses idées,
03:58 on la dissout parce qu'il y a des exactions ou de la mise en danger de la sécurité publique,
04:02 c'est le cas ici.
04:03 – Aujourd'hui, Jean-Gérard Mélody est reçu par Emmanuel Macron à Paris,
04:06 c'est la première fois que la chef du gouvernement italien l'aide,
04:09 dans un contexte de relation franco-italienne très tendu.
04:11 Gérald Darmanin sera présent, lui qui avait dit de Mme Mélody
04:15 qu'elle était incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle avait été élue.
04:19 – Quand un chef d'État reçoit un chef d'État étranger…
04:22 – Il n'y a pas les ministres.
04:23 – Donc voilà, la question ne se pose pas.
04:25 L'Italie est notre deuxième partenaire économique,
04:27 c'est notre frère européen, ce sont nos voisins.
04:30 Il y a des villes françaises comme la mienne, Grenoble,
04:33 qui sont irriguées par l'histoire italienne.
04:35 Pardonnez-moi, j'ai un petit chat dans la gorge.
04:37 Et donc, évidemment qu'on a envie de progresser avec l'Italie.
04:40 Les annonces qui ont été faites sur le Lyon-Turin, par exemple,
04:42 pour développer du ferroutage entre la France et l'Italie,
04:46 montrent, attestent s'il était besoin,
04:48 que nos relations sont aussi fortes avec les Italiens qu'elles l'ont été par le passé.
04:52 – Alors, ça c'est vos éléments de langage ?
04:53 – Non, c'est de la réalité.
04:54 – En réalité, quand Gérald Darmanin cible Mme Mélody,
04:57 on se doute bien qu'il y a un peu d'eau dans le gaz entre les deux pays.
04:59 – La puissance d'un chantier comme le Lyon-Turin,
05:03 avec la volonté dans la durée d'enterriner le fait que c'est notre partenaire privilégié
05:07 pour le commerce en Europe,
05:09 j'ai dit, est beaucoup plus puissant que n'importe quel mot.
05:12 – D'accord, est-ce que l'Europe doit se serrer les coudes,
05:14 et notamment l'Europe du Sud, face à une Europe de l'Est
05:16 qui tente à basculer vers les États-Unis, je pense à la Pologne notamment.
05:20 Il est urgent que les pays européens du Sud refassent un axe peut-être ?
05:26 – L'aventure européenne aujourd'hui, elle parle à tout le monde.
05:28 Il n'y a plus un pays européen qui est en dehors du coup,
05:31 puisqu'on voit ce que l'Europe nous apporte de la protection,
05:35 à l'heure de la guerre en Ukraine,
05:36 elle nous apporte du développement à l'heure de la réindustrialisation,
05:40 elle nous apporte des avantages sociaux, on le voit aussi,
05:43 donc cette aventure européenne, elle nous concerne tous.
05:45 Ce qu'il faut maintenant, c'est que chacun d'entre nous
05:47 apprenne à aimer l'Europe pour ce qu'elle est capable de nous apporter.
05:50 Et ça c'est un discours qui est un peu nouveau,
05:52 parce que l'Europe, elle a souvent été la personne lointaine
05:57 à qui on reproche tout et n'importe quoi.
05:59 Donc il y a encore des pays qui sont un peu dans cette tentation-là,
06:02 mais en réalité les populations européennes
06:03 sont en train de se rapprocher de cette Europe,
06:06 qui nous apporte énormément.
06:07 Et on le verra à l'occasion des élections européennes,
06:09 vous le verrez d'ailleurs.
06:10 C'est un vrai rendez-vous politique.
06:11 La majorité présidentielle sera le parti europhile
06:13 qui assumera d'avoir cette ligne européenne.
06:15 On imagine bien que Georges Ameloni et Emmanuel Macron
06:17 vont parler d'immigration,
06:18 vu la situation à laquelle doit faire face l'Italie,
06:21 l'afflux de migrants sur ses côtes.
06:23 Est-ce que vous comprenez encore une fois que les Italiens disent
06:26 "on est seuls", en première ligne comme la Grèce,
06:28 pour accueillir des milliers,
06:30 on parle de plus de 40 000 migrants depuis le début du mois de janvier.
06:33 Est-ce qu'il faut aider les Italiens ?
06:34 Mais je vais vous reparler d'Europe.
06:37 Il y a quelques jours, l'Europe a décidé d'adopter
06:39 un nouveau paquet de mesures en matière d'immigration,
06:41 justement pour venir davantage en aide aux pays de la première ligne,
06:45 c'est-à-dire les pays qui font face au premier afflux de migrants,
06:48 et avoir aussi une clé de répartition qui soit plus juste.
06:51 Donc on travaille en européen d'ailleurs,
06:53 et l'ensemble des pays de l'Union sont signataires
06:56 et sont allants pour qu'on aille de...
06:58 Une clé de répartition, ça veut dire qu'il faut qu'on accueille
07:00 plus de migrants chacun par pays ?
07:01 Non, ça veut dire que vous avez des pays
07:03 qui sont des pays de première ligne
07:05 et qui font face à l'afflux de migrants,
07:07 et pour lesquels il y a des règles de traitement de dossiers notamment,
07:10 qui peuvent leur coûter de l'argent,
07:11 qui peuvent leur mobiliser des moyens et du temps,
07:13 et donc on vient les aider pour qu'ils soient aussi plus efficaces,
07:15 pour reconduire à la frontière de l'Europe
07:17 ceux qui n'ont pas vocation à y rentrer.
07:19 L'immigration, ce sera le cœur du prochain projet de loi
07:22 que vous allez tenter de négocier avec les Républicains.
07:24 L'apport des LR est absolument indispensable.
07:27 Quelle concession est-ce que vous êtes prêts à faire ?
07:29 Notamment sur la régularisation des travailleurs sans papier.
07:31 Vous connaissez notre copie,
07:33 vous la connaissez notre copie, notre proposition à la majorité.
07:36 Je la résume en deux traits.
07:39 Permettez-nous l'expulsion.
07:40 Exactement, permettez-nous l'expulsion,
07:42 raccourcissement des délais de recours
07:44 pour les gens qui n'ont pas vocation à rester.
07:46 Aujourd'hui c'est jusqu'à deux ans,
07:47 demain on veut que ce soit terminé en six mois.
07:49 Et puis en parallèle de ça, la demande des chefs d'entreprise
07:52 permet de recruter dans les métiers
07:53 dans lesquels on n'arrive pas à recruter en France,
07:55 pour faire tourner l'économie,
07:56 comme le font d'ailleurs des pays qui nous entourent,
07:58 comme l'Allemagne ou même d'ailleurs le Danemark,
08:00 où vous le saviez, j'étais,
08:01 et eux-mêmes font appel à l'immigration économique.
08:03 Combien de travailleurs sont facturés
08:04 pour être régularisés dans ce cadre-là ?
08:06 On parle du BTP, de l'hôtel et de restauration.
08:08 Je ne fonctionne pas en nombre,
08:08 je fonctionne en termes de secteur économique, de besoins.
08:11 Oui, enfin vous savez que ce sera de toute façon maîtrisé.
08:14 Ça a toujours été maîtrisé, ce sera maîtrisé.
08:16 Qu'est-ce qui a été maîtrisé jusqu'à présent ?
08:17 L'immigration économique, il y a des règles qui existent.
08:20 Vous venez parce que vous avez un emploi
08:22 qui vous garantit un salaire, il faut un CDI.
08:24 Il ne reste pas de vie illégale sur le sol français,
08:26 même quand on n'a pas de travail.
08:27 C'est illégal et ça le restera,
08:29 mais on va le combattre avec plus d'efficacité,
08:31 plus de sévérité.
08:32 Ensuite, les LR arrivent avec un certain nombre de propositions.
08:35 C'est intéressant, ça nous permet de dialoguer,
08:36 de discuter avec eux.
08:38 Vous l'avez dit, on a besoin de trouver une majorité.
08:40 Moi, j'attends aussi que la gauche, elle fasse des propositions.
08:42 Personne ne me demande rien.
08:44 La gauche française, elle n'a pas d'idée sur l'immigration.
08:46 Il faut qu'ils nous disent.
08:46 Est-ce que leur logique, c'est de dire
08:48 il n'y a pas de frontières, on régularise tout le monde
08:49 et on verra plus tard ?
08:51 Est-ce que leur logique, c'est de dire finalement l'intégration,
08:53 l'apprentissage du français, ça ne compte pas ?
08:55 Ou est-ce qu'ils ont un discours à porter
08:56 qui soit à la fois humaniste, mais à la fois réaliste
08:59 dans le contexte que connaît l'Europe et la France ?
09:01 Il faut peut-être aller les chercher aussi un peu.
09:02 C'est dommage, on ne va pas travailler qu'avec la droite.
09:04 Vous incarnez à la gauche de la Macronie,
09:05 vous vous dites "pour une partie socialiste,
09:07 ce qu'il en reste, faites une nouvelle proposition".
09:10 La gauche qui passe à côté du sujet de l'immigration,
09:12 c'est une gauche qui n'a pas compris ce qui est en train de se passer
09:14 et qui va passer à côté de ses chances de reconquérir un jour le pouvoir.
09:15 Donc, ce serait intéressant aussi de les entendre.
09:18 Personne ne les interroge.
09:19 Donc, ils sont muets ?
09:20 Oui, bien sûr.
09:21 Les grands muets de l'affaire ?
09:22 Ils restent dans leur coin et personne ne les interroge.
09:24 Donc, on a besoin aussi d'avoir ce débat-là.
09:26 On a quelques semaines, quelques mois devant nous
09:28 pour arriver à dégager des lignes de consensus.
09:30 Et si ça ne se fait pas 49-3 ?
09:32 Sans renier notre ADN politique,
09:34 c'est-à-dire on accueille bien ceux qui ont vocation à être accueillis.
09:37 Accueillir bien, ça veut dire aussi renforcer les règles
09:39 en matière de pratique du français,
09:41 d'adhésion aux valeurs de la République,
09:43 mais c'est aussi accueillir ce qu'on est capable d'accueillir,
09:45 c'est-à-dire dans les meilleures conditions.
09:47 Le taux de chômage des étrangers en France,
09:49 il est le double que celui du taux de chômage des Français.
09:52 Ce n'est pas le cas partout en Europe.
09:54 Donc, ça veut dire que permettre aussi aux étrangers
09:56 qu'ils le peuvent et quand ça se justifie d'accéder à l'emploi,
09:58 c'est sans doute aussi une manière de participer à l'intégration des étrangers.
10:02 Un mot du Rassemblement national.
10:03 Dimanche, le journal du dimanche publie une longue enquête sur ce parti.
10:06 42% des Français disent avoir voté au moins une fois pour le RN dans leur vie,
10:09 selon notre enquête IFOP.
10:12 C'était 35% en 2021, 30% en 2017.
10:14 C'est le signe d'un ancrage de plus en plus fort du parti de Marine Le Pen en France.
10:17 Ce n'est pas mon cas en tout cas, ça ne vous surprendra pas.
10:19 - Je ne parle pas de votre cas.
10:20 - Non mais quelles sont les causes, quels sont les leviers du vote FN ?
10:22 - 42% des Français comptent avoir voté pour moins une RN.
10:26 - Oui, pardon, pour moi c'est le seul de nom à changer.
10:30 Le seul de nom à changer, Laurence Ferrari.
10:32 Les équipes sont les mêmes, les idées aussi.
10:34 Ce qui peut les motiver, c'est parfois l'absence d'efficacité de l'action publique.
10:38 C'est le recul de certains services publics.
10:41 C'est la volonté qui est peut-être plus de justice et de sécurité.
10:44 C'est le sens de l'action que nous menons avec Emmanuel Macron
10:47 depuis six ans.
10:48 C'est rendre l'action publique plus efficace.
10:50 C'est la France qui a équipé 100% du territoire national,
10:53 quasiment 100% en fibre débit numérique,
10:57 au débit pour éviter que les gens se retrouvent...
10:59 - Vous pensez que ça a fait reculer le vote RN ?
11:00 - Je vous dis que ça participe.
11:02 Rétablir, restaurer des services publics avec les maisons France Service.
11:05 Plus de 2000 ont été construites en seulement quelques années
11:08 pour remettre de la présence humaine.
11:09 Renforcer les moyens de l'école, de la justice, de la sécurité.
11:12 - Donc c'est par des actes concrets que vous continuez
11:16 de faire des comptes d'or, pas par des anatèmes ?
11:18 - On a beaucoup parlé du Nord de la France,
11:20 mais il n'y a pas que le Nord.
11:21 Tous ces territoires qui ont été des bassins d'emplois industriels,
11:24 qui ont été désindustrialisés pendant 20 ou 30 ans,
11:26 où la misère a remplacé l'emploi.
11:28 On n'arrête pas de faire des annonces de réimplantation d'usines.
11:32 On recrée de l'emploi industriel.
11:34 On est en train de s'occuper de territoires
11:36 qui avaient été des laissés-pour-compte,
11:38 et au sein desquels le vote de l'extrême droite est élevé.
11:41 Je vous dis qu'en faisant progresser les services publics,
11:44 en faisant reculer la misère,
11:46 et en redonnant une place à chacun dans la société,
11:48 on redonne confiance aux gens, et on les éloigne de ces chimères,
11:52 que sont les chimères d'extrême droite,
11:54 avec leurs promesses multiformes,
11:55 qui n'améliorent pas l'état des populations
11:57 lorsqu'ils acquièrent le pouvoir.
11:59 - D'accord. Pensez à Mme Mélanine.
12:01 - Non, je ne fais pas de politique diplomatique,
12:04 je suis porte-parole du gouvernement français,
12:05 ça me suffit très largement.
12:06 - Un tout petit mot aux médecins que vous êtes.
12:09 Il y a une grève dans les hôpitaux,
12:10 les personnels sont appelés à la grève aujourd'hui,
12:12 ils demandent des hausses de salaire,
12:13 une amélioration des conditions de travail.
12:15 On a le sentiment que rien n'a changé dans les hôpitaux.
12:17 Il y a eu cette espèce de parenthèse pendant le Covid,
12:19 où les médecins ont été remis, les personnels soignants
12:22 ont été remis au cœur du système,
12:24 et depuis c'est à nouveau un chaos organisé,
12:28 mais un chaos à l'hôpital.
12:29 - Il y a énormément de choses qui ont changé à l'hôpital,
12:31 mais il y a quelque chose qui n'a pas encore changé,
12:33 mais qui va changer.
12:34 C'est la présence en soignant.
12:36 C'est qu'on continue de manquer de médecins,
12:38 il faut 10 ans pour les former,
12:39 le président de la République a supprimé
12:41 ce qui empêchait de former des médecins en France en 2018,
12:43 mais il faut du temps pour les former.
12:44 - 10 ans ?
12:45 - Il faut du temps, oui.
12:46 - Il va falloir attendre 10 ans ?
12:47 - Dans l'intervalle, on a multiplié par 100 la télémédecine,
12:49 on développe des compétences nouvelles
12:50 pour des infirmières, pour des kinés,
12:52 on rend possible l'accès direct
12:53 à certaines professions paramédicales,
12:55 ça veut dire qu'on n'est plus obligé
12:56 de passer par le médecin directement, etc.
12:57 Ensuite, on manque encore d'infirmières
12:59 et d'aides-soignantes, c'est un fait,
13:00 mais nous avons augmenté, j'étais ministre,
13:02 de 30% les formations des jeunes,
13:04 et là, pour le coup, c'est 2 et 3 ans de formation,
13:06 donc ces bataillons de soignants supplémentaires arrivent.
13:09 Par contre, ce qui a changé, c'est le salaire,
13:10 vous parliez du salaire, le Ségur de la santé.
13:12 - Là, il demande des hausses de salaire.
13:13 - Oui, moi j'ai eu un accord syndical,
13:15 y compris avec Forces Ouvrières, l'UNSA, la CFDT,
13:18 il y a 2 ans, personne n'a dit que c'était
13:20 pour solde de tout compte, mais c'est 10 milliards d'euros
13:22 de hausses de salaire par an, 10 milliards,
13:24 il faut quand même se rendre compte,
13:25 je sais qu'avec le Covid, on a perdu notion de l'argent
13:27 parfois, mais ça compte, 300 euros de plus par mois
13:30 pour 2 millions de personnes qui portent la blouse blanche,
13:32 et on a travaillé, et on travaille aussi, le temps
13:36 pour faire en sorte qu'il y ait moins de paprasserie,
13:38 qu'il y ait moins de tracasserie du quotidien,
13:41 et surtout redonner du pouvoir décisionnaire aux blouses blanches.
13:44 On continue ce chantier, François Braun s'y a attelé à son tour,
13:47 et donc les choses changent à l'hôpital.
13:49 Mais encore une fois, il faut encore un tout petit peu de temps,
13:51 c'est vrai, il faut dire les choses,
13:52 pour qu'il y ait davantage de médecins qui arrivent dans nos hôpitaux.
13:55 - Un mois de dépenses sur les médicaments,
13:56 c'est vrai que le gouvernement va relever les tarifs,
13:58 au motif que la quasi-gratuité des médicaments
14:01 déresponsabilise les patients.
14:02 On va augmenter le prix des médicaments dans notre pays ?
14:05 - Alors, ce ne sont pas les prix des médicaments auxquels vous faites allusion,
14:08 je pense, c'est peut-être ce qu'on appelle les franchises médicales,
14:10 sur le reste à charge, sur les boîtes de médicaments,
14:12 qui a été introduit, je crois, en 2004, et qui, parfois, est revalorisé.
14:16 Je n'ai pas d'annonce à vous faire.
14:17 - Pour les Français, ça veut dire augmenter les prix des médicaments ?
14:19 - La différence, c'est que je crois que c'est 50 centimes par boîte,
14:22 aujourd'hui, donc ce n'est pas...
14:24 Mais ce que je veux vous dire, c'est qu'il n'y a pas de projet gouvernemental
14:27 qui ait été annoncé, ça fait partie des pistes de réflexion.
14:30 J'étais en charge de ça à une certaine époque, comme vous le savez.
14:34 Annuel, ça ne veut pas dire que c'est encore arbitré, nous verrons.
14:37 Ce qui compte, c'est que la part des soins pris en charge
14:40 par la sécurité sociale dans notre pays est la plus élevée,
14:43 ou l'une des plus élevées d'Europe, et elle ne fait qu'augmenter.
14:45 C'est-à-dire qu'année après année, l'État, la solidarité nationale,
14:50 prend de plus en plus en charge les soins de tous ceux qui en ont besoin.
14:53 Et c'est aussi la fierté de notre pays.
14:55 - Culs secs, c'est la bière Corona qu'a bu le président
14:58 lors de la finale du top 14 Toulouse-Arrochelle.
15:02 Le médecin que vous dites, dit bravo, monsieur le président ?
15:05 - Alors que le médecin qui n'a jamais fait ça une fois dans sa vie
15:08 me jette la première bière, Laurence Ferrari.
15:10 - Culs secs.
15:11 - Non mais, vous savez, le président de la République,
15:13 c'est un homme politique, c'est donc un homme.
15:15 On nous reproche souvent d'être complètement, nous, les politiques,
15:17 déconnectés, d'agir de manière robotisée, etc.
15:20 - On ne le boit pas avec modération. On oublie tout ça ?
15:22 - On n'oublie pas ça, évidemment.
15:24 Et le président de la République est le président qui porte
15:26 le projet de prévention en santé le plus élevé que j'ai connu
15:30 depuis que je fais de la santé, ça veut dire...
15:32 - Faites ce que je dis, pas ce que je fais.
15:33 - Non, Laurence Ferrari, ça veut dire...
15:35 Mais non, ça veut dire qu'on n'est pas dans une assaise absolue.
15:38 La prévention, de manière générale, ça ne veut pas dire
15:41 le zéro consommation, ça veut dire qu'on fait attention
15:44 à toutes les situations qui peuvent nous mettre en danger,
15:46 ce qui n'est pas le cas du président de la République.
15:48 - Donc vous ne jetez pas la première bière au président de la République
15:50 et ça vous arrive de faire la même chose ?
15:52 - Écoutez, dans mes années de médecine, en tout cas,
15:54 dans les moments collectifs, je crois qu'il y a beaucoup
15:57 de Français qui s'identifient à ça.
15:59 - Bon, donc c'est un exemple à suivre.
16:00 - Je ne dis pas que c'est un exemple à suivre,
16:02 et vous le savez bien.
16:03 [Musique]
16:06 [SILENCE]

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