SMART JOB - Emission du mardi 20 juin

  • l’année dernière
Mardi 20 juin 2023, SMART JOB reçoit Cécile Pierrat Schiever (Co-fondatrice et Présidente, Kodiko, réfugiés et salariés en entreprise) , Pascal Hache (Directeur général RH et transformation, Sia Partners) , Benjamin GUICHARD (Chef du service des politiques et de l’accompagnement vers l’emploi, ATIGIP – Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle) , Sylvain Reymond (Directeur Général, Les entreprises s'engagent) , Cécile Prioul (Cofondatrice, Ça ira encore mieux demain) et Sabeiha Bouchakour (Direction QVT Prévention Absentéisme, Diot-Siaci)
Transcript
00:00 Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui dans Smart Job, votre émission
00:11 emploi RH tous les jours du lundi au vendredi sur Bsmart. Débat, analyse, expertise et
00:16 bien sûr vos rubriques habituelles. Bien dans son job aujourd'hui, on parle de l'insertion
00:21 professionnelle des réfugiés en France avec Cécile Piera-Chiver, cofondatrice et présidente
00:26 de CODICO, une asso qui est spécialiste de l'insertion professionnelle des réfugiés
00:31 en France. Les entreprises s'engagent après une saison bien remplie d'initiatives et d'entreprises
00:36 engagées. L'heure est au bilan dans Smart Job, on aura le plaisir de recevoir Sylvain
00:40 Rémond, le directeur général des entreprises s'engage. Le cercle RH, donc dans le cercle
00:46 RH on parle absentéisme au travail, et oui le problème n'est pas nouveau mais il prend
00:50 de l'ampleur selon le baromètre d'AG2R, la mondiale, il est en effet reparti à la
00:56 hausse l'année dernière en 2022, on en parle dans un instant avec Sabéha Bouchakour, directrice
01:01 de QVT Prévention Sociale chez Diot-Ciaci, Cécile Pryoul, PDG de Saïra Encore Mieux,
01:07 Demain et Pascal H, directeur général RH Transformation chez CIA Partners. Et pour
01:12 finir cette émission, fenêtre sur l'emploi, zoom sur le travail en prison. Aujourd'hui
01:19 31% des détenus bénéficient d'une activité rémunérée, le ministère de la Justice aimerait
01:24 passer à 50% d'ici 2027, on reçoit à cette occasion Benjamin Guichard, chef du service
01:30 des politiques et de l'accompagnement vers l'emploi à l'Agence du travail d'intérêt
01:33 général et de l'insertion professionnelle des personnes placées sous main de justice.
01:37 Bienvenue à vous tous qui nous rejoignez, Smart Job c'est parti et on commence tout
01:41 de suite avec bien dans son job.
01:43 Peace Mart.
01:44 Aujourd'hui nous sommes le mardi 20 juin et c'est aujourd'hui la journée mondiale
01:59 des réfugiés, l'occasion de revenir dans cette émission sur l'accès à l'emploi
02:04 de cette population. En 2022 en France, pour vous donner une idée, c'est 139 000 premières
02:10 demandes d'asile qui ont été enregistrées, mais comment les réfugiés trouvent-ils un
02:14 emploi, dans quel secteur, quelles difficultés rencontrent-ils, les entreprises aussi, comment
02:19 aider leur processus de recrutement ? Nous allons poser toutes ces questions à notre
02:24 invité Cécile Piera-Chiveur, cofondatrice et présidente de CODICO, une asso spécialiste
02:29 de l'insertion professionnelle des réfugiés en France. Bonjour.
02:32 Bonjour.
02:33 Alors tout d'abord Cécile Piera-Chiveur, qui sont les personnes réfugiées dont nous
02:37 fêtons la journée aujourd'hui ?
02:39 Alors les personnes réfugiées sont des personnes qui sont persécutées dans leur pays et qui,
02:47 pour des raisons diverses, des raisons de religion, des raisons d'appartenance à une
02:52 ethnie qui est persécutée, des raisons de droit, qu'elles ont des convictions politiques
03:00 qui sont susceptibles de les mettre en danger. Et du coup, comme elles sont persécutées,
03:08 pour se mettre en sécurité, elles ont quasiment l'obligation de quitter leur pays et donc
03:13 de demander refuge dans un pays tiers.
03:15 Donc on a noté ce que je disais tout à l'heure en introduction, 139 000 premières demandes
03:20 d'asile en 2022. Est-ce que vous savez combien il y a de réfugiés au global actuellement
03:25 en France et peut-être dans le monde ?
03:26 Alors déjà ce qui est important de comprendre c'est qu'il y a effectivement 139 000 demandes
03:30 d'asile mais toutes ces personnes n'obtiendront pas l'asile. Il y a environ 40% uniquement
03:37 des personnes qui obtiendront l'asile. Aujourd'hui, en 2023, on a environ 550 000 personnes réfugiées
03:44 statutaires en France, non pas dans le monde. Quand on parle du monde, c'est 34 millions
03:50 de personnes réfugiées dans le monde. Donc voilà, 550 000, on a souvent l'impression
03:57 qu'on est envahi par les réfugiés mais non, en fait, ça ne représente même pas 1% de
04:02 la population française. Donc c'est important de comprendre et de relativiser.
04:06 Est-ce que vous savez à l'échelle française combien sont en emploi aujourd'hui des réfugiés ?
04:11 Je ne sais pas, je n'ai pas le chiffre sur ces 550 000 personnes qui sont en emploi.
04:15 Par contre, ce que je peux vous dire, c'est qu'une personne sur deux est en inactivité
04:22 ou au chômage trois ans après l'obtention du statut, ce qui est considérable en fait,
04:28 ce qui montre combien c'est difficile d'accéder à l'emploi. C'est vraiment un facteur très
04:35 discriminant et qui en fait finalement implique que l'intégration n'est pas si bonne.
04:40 Mais alors comment on fait pour favoriser l'emploi pour ces personnes-là en France ?
04:45 C'est un peu notre activité. D'accord, dites-moi.
04:48 Donc je rebondis là-dessus. En fait, ces personnes, une fois qu'elles ont ce statut,
04:55 elles tombent dans le droit commun, c'est-à-dire qu'elles ont le droit de travailler comme
04:59 tous citoyens français, comme vous et moi. Par contre, c'est très théorique, c'est-à-dire
05:03 qu'elles ont des défis, des handicaps, des obstacles qui font que finalement ça va être
05:08 très compliqué pour elles d'arriver à l'emploi. Ces obstacles en fait, ils s'articulent autour
05:14 de plusieurs choses. Il y a la langue évidemment avant tout. Il y a le fait que les diplômes
05:20 qu'elles possèdent sont pas forcément... Il n'y a pas forcément d'équivalence en
05:23 France. Il n'y a pas forcément d'équivalence, ils ne sont pas reconnus. On sait combien
05:27 le diplôme est important en France. Elles n'ont pas de réseau. On sait aussi combien
05:32 le réseau est discriminant. Elles ont aussi par leur parcours des trous dans les CV importants.
05:38 Elles sont souvent... Elles manquent de confiance et elles ne savent pas tout simplement...
05:42 Elles ne connaissent pas les codes du marché du travail. Comment on fait pour retrouver
05:45 un emploi en France ? C'est compliqué. Imaginez, demain vous arrivez en Chine, il faut trouver
05:49 du travail du jour au lendemain. C'est pas évident.
05:51 - Et ça, c'est le rôle de Codico ?
05:52 - Alors, c'est le rôle de Codico en fait. C'est de leur transmettre ces codes. Et du
05:57 coup, on a un dispositif qui est assez agile et qui a fait ses preuves depuis 7 ans, c'est-à-dire
06:01 qu'on va les mettre en lien avec les entreprises en demandant à des salariés volontaires de
06:07 pouvoir s'engager et d'accompagner individuellement une personne réfugiée pendant 5 mois, tout
06:13 simplement pour leur permettre de réaliser leur projet professionnel. Et voilà, donc
06:18 leur transmettre pendant 5 mois tous ces petits codes, déjà de leur permettre de progresser
06:23 en français, de leur permettre d'avoir les outils de la recherche d'emploi, de pouvoir
06:27 postuler à deux en fait à des offres, de simuler des entretiens.
06:32 - C'est un peu comme un mentor en fait ?
06:33 - C'est exactement, c'est du mentorat. De manière complémentaire, on a tout un accompagnement
06:38 collectif où là on va adresser plus des problématiques de fond comme l'apprentissage
06:43 du français, on a des cours de français, on a des coachs, des équipes de coachs qui
06:47 interviennent pour reprendre confiance et cadrer le projet. Voilà, et notre grosse
06:51 spécificité, et ça c'est important de le comprendre, c'est que nous, on souhaite que
06:55 la personne réalise un projet choisi. C'est-à-dire qu'on n'est pas dans une dynamique où on
07:00 va aller systématiquement vers les métiers en tension. On ne va pas amener un médecin
07:04 à devenir, je ne sais pas, chauffeur de taxi.
07:06 - Oui, parce qu'il y a besoin dans ce secteur de recruter.
07:09 - Voilà, donc on veut que la personne se réalise parce qu'on part du principe que si la personne
07:13 elle se réalise, du coup c'est une valeur pour la France, une valeur pour nos entreprises
07:18 et du coup elle va pouvoir aussi s'intégrer sur le long terme. Elle va pouvoir se réaliser
07:23 professionnellement et ça sera un succès.
07:24 - Est-ce que vous pensez que quand un réfugié arrive dans une entreprise, les autres collaborateurs
07:30 ils ont besoin d'être sensibilisés, on a besoin de préparer l'arrivée de cette nouvelle
07:33 recrue ?
07:34 - Bien sûr.
07:35 - Comment on fait ?
07:36 - En fait une personne réfugiée, déjà c'est un profil atypique, c'est un profil d'une
07:41 culture différente, c'est un profil qui n'a pas les codes de l'entreprise française.
07:45 Donc la mettre dans une entreprise, dans des équipes qui ne sont pas sensibilisées à
07:53 la thématique de l'asile, qui ne connaissent pas ses parcours, qui ne connaissent pas le
07:57 profil, la façon de fonctionner de ces personnes, ça peut amener effectivement des difficultés
08:03 dans une équipe alors qu'on sait combien une équipe diverse est une équipe qui, si
08:09 on se donne les moyens, peut être complètement productive, enrichie parce que ça interpelle
08:15 en fait des façons de penser différentes, ça apporte de l'innovation. Donc c'est vraiment
08:21 un message important, c'est-à-dire que quand on accueille un réfugié, c'est quelque chose
08:25 de gagnant, il faut se donner les moyens de bien l'intégrer, de bien l'accueillir dans
08:31 l'entreprise, que ça soit du côté des accompagnateurs, des managers, mais aussi que ça soit du côté
08:36 de la personne réfugiée, par exemple mettre des cours de français à disposition de la
08:41 personne pour qu'elle puisse progresser plus rapidement, lui permettre de s'approprier
08:46 les codes, d'avoir peut-être un mentor même en entreprise qui lui permette de s'approprier
08:50 les codes une fois qu'elle est dans l'emploi. Ça c'est quelque chose de très important.
08:54 Il y a effectivement la barrière de la langue qui est une grosse difficulté j'imagine pour
08:58 ces réfugiés, mais il y a aussi une autre difficulté, j'aimerais qu'on y revienne très
09:02 très rapidement avant de finir, l'administratif. Est-ce que vous vous accompagnez les réfugiés
09:07 dans leur démarche administrative pour trouver un emploi et pour même après en fait, tout
09:12 ce qu'il faut faire en administratif ? Nous on arrive un petit peu plus en aval, c'est-à-dire
09:16 qu'on n'est pas dans tout ce qui est procédure de demande d'asile. En quelques mots, une
09:21 procédure de demande d'asile peut prendre plusieurs mois, donc la personne en fait va
09:26 passer à l'OFPRA, l'Office français des réfugiés et des apatrices, où elle va devoir
09:31 défendre le fait qu'elle a le droit de bénéficier de l'asile, elle passe devant un officier
09:37 de l'OFPRA. Toutes ces démarches administratives qui sont assez fastidieuses où il faut remplir
09:41 des dossiers qui demandent en fait l'accompagnement aussi, c'est vraiment un organisme spécialisé,
09:46 c'est des associations dédiées qui sont sur plus l'accompagnement social administratif.
09:51 Nous on est plus en aval, c'est-à-dire que les personnes ont obtenu leur statut et du
09:56 coup statutairement elles ont le droit de travailler. Et là vous intervenez ? Et là
10:00 on intervient et c'est là que le bas blesse parce qu'on se dit c'est la fin du parcours
10:04 du combattant mais en fait non, le parcours il n'est pas du tout terminé, il va falloir
10:07 l'entrouver du travail. Merci beaucoup Cécile Pierre-Alsiveur, cofondatrice
10:13 et présidente de CODICO, je rappelle, une asso spécialiste de l'insertion professionnelle
10:18 des réfugiés en France. Merci d'avoir répondu à toutes ces questions. Et tout de suite
10:22 c'est Les entreprises s'engagent dans SmartJob.
10:24 Et on se retrouve tout de suite dans Les entreprises s'engagent. Aujourd'hui on a le plaisir d'être
10:35 accompagné par Sylvain Rémond, directeur général des entreprises s'engage. Bonjour.
10:39 Bonjour. Après une saison bien remplie d'initiatives d'entreprises engagées, l'heure est au
10:45 bilan. Le ministère du travail s'engage depuis le début à les accompagner et s'engage
10:51 chaque jour un peu plus pour augmenter leur impact, pour collemencer Sylvain Rémond.
10:55 L'égalité des chances, l'inclusion par le sport, la prévention sur la violence
10:59 faite aux femmes, les sujets d'engagement de la communauté sont variés. On l'a vu
11:03 sur ce plateau tout au long de cette année. Est-ce que l'objectif c'était ça, c'était
11:07 de montrer qu'en fait aujourd'hui l'entreprise elle est multiple ? Oui, l'objectif de la
11:12 communauté c'est de montrer que l'entreprise elle est multiple dans les réponses qu'elle
11:16 peut donner à toutes les urgences sociales, sociétales et environnementales du moment
11:20 et surtout en soutien des politiques publiques et de l'État. Et que pour prendre en charge
11:27 ces différentes urgences, il y a la manière de s'organiser avec l'État sur tous les
11:32 sujets qu'on vient d'évoquer. Et puis il y a aussi les expérimentations des clubs
11:35 départementaux, les 101 clubs départementaux où les entreprises s'engagent, qui innovent
11:39 chaque jour sur plein de thématiques extrêmement différentes. Est-ce que vous constatez des
11:44 thématiques qui reviennent particulièrement, Sylvain Rémond ? Oui, très clairement le
11:49 sujet de la jeunesse et dans l'ADN de la communauté, le sujet originel des entreprises
11:55 s'engagent avec l'apprentissage dont on a beaucoup parlé ici, le mentorat avec la
12:00 grande réussite du plan Jeunes à Mentor qui permet aujourd'hui d'accompagner 200 000
12:04 jeunes en mentorat. Aujourd'hui on est en train de booster l'engagement des entreprises
12:10 sur quelque chose qui consiste à prendre le sujet à la racine, à savoir le lien école-entreprise
12:15 avec des actions de découverte des métiers, de visites d'entreprises, d'interventions.
12:20 Pour que les jeunes puissent découvrir vraiment un milieu professionnel. Exactement, parce
12:24 qu'on n'est pas encore assez liés aujourd'hui entre le monde de l'entreprise et l'école
12:28 alors que l'un des rôles de l'école c'est bien de préparer les jeunes au monde du travail,
12:32 au monde de l'entreprise. Donc ça c'est un enjeu fondamental pour nous. Et puis quelques
12:36 innovations, quelques perfectionnements, je pense notamment au contrat d'engagement jeunes,
12:40 on n'est pas encore allé au bout, pour permettre aux entreprises qui souhaitent recruter des
12:43 jeunes les plus éloignés de l'emploi, de les accompagner, de les prendre en mentorat,
12:48 de leur permettre vraiment de leur donner toute une trajectoire de progression au sein
12:52 de l'entreprise. De leur donner des clés pour qu'ils puissent intégrer le monde de
12:55 l'entreprise. Exactement, avec tous les dispositifs que vous avez l'habitude de présenter ici,
12:59 le mentorat, l'immersion, la préparation opérationnelle à l'emploi, l'apprentissage
13:02 et puis bien sûr le recrutement. Donc est-ce qu'on peut s'engager au-delà de son activité
13:08 quand on est une entreprise dans son choix d'organisation du travail, de recrutement,
13:12 est-ce qu'on a le droit de faire ça ? Bien sûr, une entreprise elle peut décider de
13:17 s'engager dans la droite ligne de ses axes stratégiques et en lien avec son modèle
13:23 économique et donc son business pur. Et puis elle peut décider d'aller explorer via l'engagement,
13:29 que ce soit de la philanthropie, du mécénat ou toute autre action, l'engagement des collaborateurs,
13:34 des thématiques qui lui sont très étrangères. Et d'ailleurs c'est très bénéfique parce
13:37 que ça lui permet finalement de réinterpréter son métier, son quotidien à travers des
13:42 causes d'intérêt général nouvelles. Et ça peut souder aussi peut-être les employés
13:46 autour de nouvelles thématiques ? C'est la priorité aujourd'hui à l'heure où les
13:50 collaborateurs d'entreprise sortis de la crise Covid sont en quête de sens au travail,
13:55 d'utilité. Il n'y a pas d'entreprise engagée sans l'engagement des collaborateurs. On a
13:59 mis un premier pied dans la porte avec le Mentora, mais aujourd'hui on a cet enjeu par
14:04 l'accompagnement des publics éloignés de l'emploi, des bénéficiaires par des collaborateurs
14:09 d'entreprise de libérer toutes les perspectives d'engagement des collaborateurs. En France
14:13 c'est un métier de compétence, c'est un métier de solidarité à travers le tutorat
14:17 pour les apprentis notamment et à travers l'accompagnement sur tous les dispositifs
14:22 d'emploi. J'aimerais qu'on prenne un exemple concret, par exemple sur la prévention, sur
14:27 la violence faite aux femmes. Comment les entreprises peuvent-elles s'engager dans un
14:31 tel combat ? En fait elles sont confrontées à ce combat quotidien. Je crois qu'il y
14:37 a 208 000 femmes en France qui sont confrontées à des problèmes de violence. L'entreprise
14:44 c'est une micro société, donc à son niveau il faut en effet qu'elle puisse détecter,
14:49 sensibiliser ses managers et puis le cas échéant être accompagnée concrètement dans la
14:55 gestion de ces problématiques. Aujourd'hui les services de l'Etat regorgent de solutions,
15:00 pour ça j'étais à Arras il y a deux semaines et on s'est rendu compte que les services
15:04 déconcentrés du ministère du travail proposaient aux entreprises un accompagnement sur ce point.
15:08 Le problème c'est qu'ils sont souvent méconnus. De la même manière il y a plein d'associations,
15:13 typiquement on parlait de mécénat tout à l'heure, qui permettent à des entreprises
15:16 d'être sensibilisées, formées, savoir comment on détecte ces violences dans l'entreprise.
15:20 Après c'est un sujet qui est plus global. Nous on est en train de préparer justement
15:23 un programme "Les entreprises s'engagent pour les femmes" plus globalement, où il
15:27 y a en effet le sujet des violences faites aux femmes qui est fondamental et on y travaille
15:31 avec la ministre Isabelle Rohm plus spécifiquement. Puis après globalement c'est la question
15:36 des femmes dans la société et dans les entreprises qu'il faut pouvoir soutenir. L'égalité
15:41 hommes-femmes, le sujet de la rémunération est encore central. La question aussi de l'entrepreneuriat
15:46 des femmes et la lutte contre l'autocensure que les femmes peuvent parfois se mettre dans
15:52 leur évolution de carrière. Et puis bien sûr plus largement la féminisation des métiers
15:57 qui est un gros enjeu pour le ministère du travail.
15:59 Une dernière question, quels sont vos objectifs pour l'avenir ?
16:03 Nous notre objectif c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus d'entreprises en France
16:07 qui ne comprennent que l'engagement est essentiel pour être performant. Et donc on a un objectif
16:13 de 150 000 entreprises d'ici 2026 à rassembler dans la communauté. Mais l'engagement, et
16:18 nous on a un crédo qui est précis, c'est clair, chaque entreprise qui s'engage sera
16:23 performante demain. Il n'y a pas finalement d'entreprise qui pourra perdurer à l'avenir
16:29 sans engagement et il faut cet engagement là. Donc nous on est là pour accompagner
16:34 chaque entreprise selon son niveau de maturité, d'où qu'elle parte et lui permettre d'expérimenter
16:39 des causes, l'accompagnement de public, des services clés en main qui leur permettent
16:45 de progresser au quotidien chaque semaine, chaque mois et chaque année.
16:48 On rappelle qu'aujourd'hui 70 000 entreprises sont engagées à vos côtés. Merci beaucoup
16:54 Sylvain Rémond, directeur général des entreprises s'engage. Merci d'avoir répondu à toutes
17:00 ces questions. Et quant à nous on se retrouve tout de suite dans le Cercle RH.
17:03 [Générique]
17:15 Les salariés sont de plus en plus absents. Le Cercle RH d'aujourd'hui est donc dédié
17:20 à l'absentéisme, vous l'aurez compris. Selon le baromètre annuel d'AG2R, la Mondiale
17:25 est en effet reparti à la hausse en 2022. Parmi les principales causes, le stress et
17:30 la fatigue. Une bonne raison de réfléchir encore et toujours au rapport au travail,
17:35 au bien-être des collaborateurs. Des questions soulevées au moment de la crise sanitaire
17:40 mais qui ne semblent pas tout à fait résolues. Nous en parlons aujourd'hui avec Sabéa Bouchacourt,
17:45 directrice QVT Prévention chez Dioceasi. Bonjour.
17:48 Bonjour.
17:49 Avec Cécile Prioul, PDG de Sayera, encore mieux demain. Bonjour.
17:52 Bonjour.
17:53 Et avec Pascal Hache, directeur RH et Transformation chez Sia Partners. Bonjour.
17:57 Pour commencer, Cécile Prioul, est-ce qu'il y a un avant et un après crise sanitaire
18:03 selon vous ? Est-ce que le Covid à lui tout seul explique ces chiffres préoccupants ?
18:07 Tout d'abord, Pauline, je vous remercie de me donner l'opportunité de parler d'une
18:13 solution efficace sur l'absentéisme. Et pour répondre à votre question, nous on a quatre
18:18 ans d'existence, donc on est arrivé pile avant. Mais vraiment, ce qu'on a observé,
18:25 c'est que cette crise sanitaire, elle a fait rentrer les problèmes de santé dans le monde
18:29 du travail. C'est vrai qu'avec le confinement, les gens à risque devaient se faire repérer,
18:37 enfin devaient donner les motifs de leur risque de santé. Et du coup, c'est rentré vraiment
18:41 dans le monde de l'entreprise.
18:42 Sabéa Bouchacourt, vous êtes d'accord avec l'analyse de Cécile Prioul ?
18:46 Oui, il y a effectivement une prise de conscience dans les entreprises. Et puis, il y a aussi
18:52 des chiffres avec une montée spectaculaire de l'absentéisme en 2020 et un Covid qui
19:00 est encore très présent en 2022. On semble l'oublier parce que début 2022, c'est assez
19:06 loin, mais Omicron en fait était encore très présent. Donc les statistiques d'absentéisme
19:12 de 2022, elles sont fortement à la hausse par rapport à 2021 et elles sont encore fortement
19:19 augmentées par les infections Covid, puisque en 2022, sur l'étude que nous avons publiée
19:24 en avril, on est vraiment sur 43% des arrêts qui sont encore liés au Covid. Et encore
19:30 une fois, on est aujourd'hui en juin 2023, donc ça nous semble très loin et on a l'impression
19:34 que la crise sanitaire est derrière nous. Mais sur les statistiques récentes, en tout
19:38 cas sur celles de l'année passée, on est encore sur un Covid très présent.
19:42 Pascal Hache, l'absentéisme a longtemps été vu, ou l'est encore largement d'ailleurs,
19:47 comme la responsabilité de l'absent. Dans quelle mesure le manager, selon vous, et l'entreprise
19:52 dans sa globalité, a un rôle à jouer dans la prévention ou le traitement de l'absentéisme?
19:56 Alors le rôle, il est majeur. Déjà, on peut commencer par tordre le cou à la logique
20:01 coercitive qui peut être un refuge. On se dit on va punir l'absent, il y a une responsabilité,
20:07 les logiques de tir au flanc, on entend des mots très durs. Les statistiques, mais ça
20:11 bien confirmera, on est sur de l'ordre de 2%. Donc là, on est vraiment sur une part
20:16 minime. En revanche, le rôle du manager, il est central dans la prévention pour jouer
20:20 son rôle auprès de ses équipes. Et ce qui est très intéressant, c'est qu'en fait,
20:23 il est concerné lui-même par l'absentéisme en tant que salarié humain. Donc je crois
20:28 que l'année dernière, c'était de l'ordre de un manager sur deux qui avait été arrêté
20:31 au moins une fois. Donc une explosion, une augmentation très forte. Et pour autant, c'est
20:35 aussi lui qu'on va attendre pour prévenir, pour gérer la charge, les remplacements.
20:40 Donc il est aussi concerné de plein fouet. Il faut faire très attention à ce rôle
20:43 critique qui est carrément sous pression en fait. C'est peut-être un des constats
20:47 qu'on peut tirer, notamment des dernières études. Et c'est là-dessus qu'il faut
20:50 intervenir. Les chiffres l'appuient, Sabia ? Tout à fait. Je vais vraiment dans le
20:53 sens de ce que vient de dire Pascal parce qu'on a vraiment, lorsqu'on a interrogé
20:57 3 000 salariés, qui répondaient de façon totalement anonyme et confidentielle, n'avaient
21:02 aucune raison de mentir. On a 7% d'entre eux qui déclarent avoir été arrêtés pour
21:06 d'autres motifs que la santé. Et dans ces salariés, on en a vraiment une minorité
21:12 qui déclare avoir été arrêtés pour convenance personnelle ou des congés refusés, ce qu'on
21:17 peut vraiment relier à de l'absentéisme de complaisance. Donc effectivement 2%. Et
21:22 vraiment, j'insiste sur ce point de vigilance, toute l'énergie qu'on perd sur le coercitif,
21:28 on ne met pas cette énergie dans la prévention. Et il y a vraiment un enjeu de sortir de la
21:33 culture de la suspicion pour entrer dans la culture de la prévention. Et ça, c'est
21:38 un peu le message qu'on veut passer. Les managers, l'idée, c'est certainement pas
21:42 de leur faire porter la responsabilité parce qu'eux-mêmes subissent, comme on le dit,
21:48 vraiment l'absence d'impact sur la productivité, puisqu'ils sont garants de la performance
21:54 de l'équipe. L'objectif, c'est vraiment de les accompagner le plus possible.
21:57 Donc, Cécile Prioul, souvent perçue comme un déficit d'engagement, c'est ce qu'on
22:02 dit, plutôt que la manifestation de troubles physiques ou psychologiques. Selon vous,
22:08 quelles sont les principales idées reçues sur l'absentéisme ?
22:12 Sur le désengagement, c'est vrai que je suppose qu'il y a un phénomène qui est
22:18 réel. Par contre, c'est vrai que sur les personnes que nous accompagnons avec l'équipe,
22:22 ça ira encore mieux demain. C'est des gens qui, au contraire, sont hyper engagés, qui
22:27 veulent revenir. Qui veulent vraiment revenir au travail, mais qui ont peur parce qu'un
22:32 salarié qui connaît une épreuve de santé, enfin une absence de l'entreprise, des fois
22:38 pendant plusieurs semaines, mois, l'entreprise a continué d'avancer. Donc, il y a un décalage,
22:45 un fossé qui se crée et ils ne s'y retrouvent pas. Il y a des angoisses, beaucoup de questions.
22:49 Et pour la ligne managériale, parce que je suis d'accord avec Sabia et Pascal, il ne
22:55 faut pas non plus remettre un poids sur les épaules du manager. Il fait comme il peut.
22:59 Il y a beaucoup de gens, il n'y a pas de mauvaise intention, mais ils font comme ils
23:03 peuvent. Et aujourd'hui, je valide le fait que nous aussi, dans nos accompagnements,
23:07 on a de plus en plus de managers de proximité ou de middle management qu'on accompagne
23:12 avec leur manager direct. Donc, ça peut être des directeurs. Et moi, je trouve qu'on ne
23:18 peut que se réjouir que de plus en plus d'entreprises veuillent prendre soin de leurs collaborateurs
23:25 où qu'ils soient. Parce qu'un cadre, il n'est pas plus outillé à sa reprise du
23:29 travail qu'un salarié comme les autres. Et souvent, dans le monde du soin, le cadre,
23:37 il est un petit peu moins chouchouté parce qu'on considère qu'il a les capacités
23:41 pour aller chercher, comprendre sa maladie. Et quand il revient au travail, on considère
23:46 la même chose. Il est cadre, il doit savoir. La main tendue, elle n'est pas souvent là.
23:55 C'est intéressant. J'ai lu que l'absentéisme pour cause psychologique et l'absentéisme
24:02 de manière générale touche davantage les jeunes. Comment on l'explique, Pascal Hache ?
24:07 Juste sur les jeunes aussi, on peut décontré un cliché pour rebondir sur la question que
24:12 vous aviez posée juste avant. On lit aussi souvent que les jeunes s'absentent plus ou
24:16 auraient un rapport désengagé du travail. Les études montrent davantage que le niveau
24:22 d'engagement, en fait, il est similaire. Par contre, il y a une corrélation à faire
24:24 entre le comportement et le niveau d'engagement. Les jeunes vont se comporter différemment
24:28 s'ils sont plus ou moins engagés. En clair, absentéisme plus fort si on est moins engagé,
24:33 si on est sans moins engagé. Et même plus généralement, des problématiques d'attractivité
24:37 et de fidélisation pour les entreprises qui ne les retiendront pas si on ne travaille
24:40 pas sur autre chose, le sens, l'utilité. Ce sont des grands termes qui ne sont pas juste
24:46 une bonne. Là, on peut déconstruire ce premier cliché.
24:50 Pour autant, on voit quand même que sur ce sujet, c'est plus globalement la réflexion
24:59 sur les leviers d'engagement. On est dans une société où ça s'individualise plus
25:02 fort. Donc, ça invite à travailler sur les conditions de travail, sur l'équilibre vie
25:05 professionnelle, vie personnelle, sur la rémunération. Des sujets qui sont assez transformants, qui
25:10 font mal. Justement, sur la rémunération, est-ce
25:12 que vous pensez que le simple fait de donner une prime limiterait par exemple l'absentéisme,
25:17 pourrait limiter l'absentéisme ? Il y a des corrélations qui sont difficiles
25:20 à démontrer. Il y a des mécaniques incitatives qui ont déjà été mises en place dans les
25:26 entreprises, avec des retours plus ou moins clairs, plus ou moins mitigés. On lit aussi
25:30 dans certaines entreprises qu'on corrèle les primes au nombre de jours de présence.
25:34 C'est les systèmes qui sont testés. En aucun cas aujourd'hui, dans un marché de l'emploi
25:39 tel qu'il est, ça peut être suffisamment attractif pour convaincre.
25:43 Les primes d'assiduité telles quelles, elles ont plutôt tendance à disparaître, il y
25:48 en a de moins en moins. Par contre, des rémunérations variables dans lesquelles on intègre la
25:55 performance sociale, qui n'est pas que l'absentéisme, mais effectivement toutes les notations qu'on
26:00 peut avoir en termes de baromètre social, etc. C'est une tendance assez forte. C'est-à-dire
26:03 on encourage les uns et les autres à aller dans le bon sens en matière de cohésion,
26:07 de bien-être, etc. C'est moins peut-être coercitif qu'une prime d'assiduité qui
26:12 vient sanctionner aussi quelqu'un qui a une pathologie lourde malheureusement. Là, on
26:18 va plutôt encourager de façon un peu collective l'assiduité.
26:23 - Sabé, est-ce que vous pensez qu'il y a une égalité homme-femme face à l'absentéisme ?
26:27 - On a des taux plus élevés chez les femmes. On avait d'ailleurs 6,69% en 2022 contre
26:36 4,95% pour les hommes. J'essaie de me battre à chaque fois contre la stigmatisation des
26:43 femmes. La femme de 45 ans ou de plus de 45 ans, statistiquement, elle va être plus
26:51 absente. Mais il y a effectivement plein de raisons qui viennent expliquer. Toutes les
26:55 absences pour enfants malades, c'est plus souvent la femme. La nature même de leur
27:01 métier, les métiers très féminisés, sont des métiers plus pénibles. On connaît les
27:04 exemples de la santé, on connaît les exemples de la propreté, etc. Quand on regarde la
27:08 répartition cadre-non-cadre, si on va analyser une population de cadres, les femmes ne sont
27:15 pas plus absentes que les hommes sur un certain niveau de responsabilité. Quand on regarde
27:19 la globalité de la population, par rapport à la nature des postes qu'elles occupent,
27:23 oui les statistiques donnent un taux d'absentéisme plus élevé chez les femmes.
27:27 - On en a déjà un petit peu parlé, mais j'aimerais qu'on revienne assez rapidement
27:31 sur la santé mentale. Cécile Prioulx, pourquoi la santé mentale prend de plus en plus de
27:35 place dans les absences des salariés à votre avis ?
27:38 - Déjà, elle se traite différemment qu'un aléa de santé maladie chronique évolutive.
27:48 J'allais dire, au niveau de la reprise, c'est vrai qu'on voit de plus en plus des gens qui
27:55 sont arrêtés pour épuisement professionnel, burnout, la dépression également, ou simplement
28:03 la charge mentale. C'est vrai que déjà le corps médical va ordonner, quand on est sur
28:15 le chemin de l'épuisement professionnel ou le burnout, de couper avec le monde du travail.
28:22 Donc on s'aperçoit aussi que c'est une autre manière d'accompagner le retour au travail.
28:27 Il faut vraiment une méthode et puis relier le manager, parce que pour moi c'est le binôme
28:36 gagnant pour que la reprise soit réussie.
28:39 - On va en parler évidemment du retour au travail après des semaines, des mois d'absence.
28:45 Juste avant, il y a aussi dans les éléments qui reviennent, les salariés mettent en avant
28:50 le stress. Deux questions, Sabéha, pourquoi le stress crée-t-il de l'absence et surtout
28:57 est-ce qu'un travail sans stress c'est possible ?
28:59 - Alors on a 62% des salariés qui déclarent que leur métier a un effet négatif sur leur
29:06 santé mentale. On parle beaucoup de situations d'épuisement professionnel, de burnout, qui
29:13 évidemment concernent une population beaucoup plus réduite, mais on a quand même 62% des
29:18 salariés qui déclarent qu'il y a un effet négatif. Donc la santé mentale c'est effectivement
29:23 un vrai sujet. Maintenant effectivement on sait tous qu'il y a une part de stress qui
29:29 est nécessaire pour notre instant survie, pour l'adrénaline, pour plein de choses.
29:33 Ça nous permet à tous de nous protéger. Mais il y a un niveau de stress qui à un
29:40 moment donné devient insurmontable. D'ailleurs quand on demande aux salariés, ils parlent
29:45 beaucoup de charges de travail et quand on leur demande de citer les causes principales
29:51 de surcharge de travail, ils citent à 63% des sous-effectifs, des objectifs trop élevés.
29:58 Donc c'est très concret en réalité. C'est-à-dire qu'à un moment donné si on est quatre pour
30:02 faire le métier de huit personnes, il y a une situation de stress qui est extrême.
30:06 Donc on est plus sur le stress acceptable ou normal dans le cadre du travail. Il y a
30:10 un niveau de stress à partir duquel ça devient très compliqué et là où c'est un impact
30:15 qui mène le collaborateur à l'arrêt de travail.
30:18 Vous êtes d'accord avec cette analyse, Pascal Hache, sur le stress ?
30:20 Sur le stress oui, surtout sur la situation qui vient d'être décrite. Il faut prendre
30:25 un petit pas de côté. Il y a un millefeuille d'absences au fond. Il y a les absences qu'on
30:29 peut prévoir, les congés paternité-maternité, les congés tout court, ça c'est la vie courante.
30:35 Il y a ceux qu'on ne peut pas prévoir et qui font l'objet de la discussion sur l'absentéisme.
30:39 Et après il y a les chaises vides. Les entreprises ont besoin d'un certain nombre de postes
30:43 pour fonctionner. Et aujourd'hui on est dans une situation où il y a des chaises qui restent
30:48 vides parce qu'on a un marché de l'emploi sous tension.
30:49 Donc des problèmes de recrutement plutôt à ce moment-là.
30:52 Exactement. Donc là on en vient avec dans l'industrie des carnets de commandes très
30:56 remplis, dans la restauration des gens à servir et pas assez de monde. Et donc ça évidemment
31:00 c'est un phénomène qui auto-entretient l'absentéisme, qui génère du stress, qui génère des maladies.
31:05 Mais du coup quelles sont les conséquences et les répercussions de ce phénomène sur
31:09 le climat de l'entreprise au final, Pascal Hache ?
31:11 Alors forcément elles sont fortes, elles sont mauvaises. A la fois on a des impacts
31:16 directs et indirects qui sont très forts. Alors ça coûte beaucoup. Il y a des batailles
31:20 de chiffres sur le sujet. Plus de 4% de la masse salariale. Sur le climat social de l'entreprise,
31:25 ça pèse, ça rajoute, ça continue de conforter le climat. Sur l'efficacité, la productivité,
31:31 la capacité à délivrer un service de qualité, ça c'est aussi nouveau dans les études
31:34 qu'on lit récemment. La qualité de service aussi elle est considérée comme impactée
31:39 directement par ce phénomène. Donc là la somme complète en tout cas ça pousse, alors
31:43 pas au fatalisme surtout, mais à l'action. Ça fait des années qu'il y a des observatoires
31:48 qui poussent, qui proposent des actions. Il faut à la fois faire un mélange de recettes
31:51 fondamentales qui existent déjà et s'appuyer sur un écosystème absolument formidable
31:56 de partenaires, de créations, de nouveautés. Même s'il n'y a pas de recettes miracle,
32:01 on en est assez convaincu ici, c'est plutôt la combinaison qui peut donner un résultat,
32:07 en tout cas qui doit en donner un. Il y a urgence à agir.
32:09 Donc agir, de quoi manquent les entreprises pour être davantage volontaires ? Cécile
32:17 Prioul dans leur stratégie de prévention des risques, de quoi elles manquent ces entreprises ?
32:22 Il manque, je pense que, comme je vous disais, il n'y a pas de mauvaise intention mais
32:28 il y a, je ne sais pas faire, et puis de la maladresse dans la communication quand un
32:37 salarié peut revenir ou est absent parce qu'il y a souvent des signes avant-coureurs.
32:42 Et puis après aussi quand la reprise n'a pas été réussie. Je pense que quand, et
32:48 on peut observer, c'est que quand il y a de la rechute d'absence, c'est que la personne
32:53 n'est pas revenue bien à son poste. Et ça, aujourd'hui, je pense qu'on est tous autour
32:59 de la table de se dire qu'il faut regarder ça. Parce que ça, cet absentéisme perlé,
33:03 c'est le fléau de l'absentéisme pour les entreprises. Parce que c'est des organisateurs,
33:09 c'est des petits arrêts qui ne se prévoient pas, qui sont souvent soudains et courts,
33:15 mais ça désorganise et surtout, ça étiquette la personne, le salarié, comme quelqu'un
33:20 de non fiable. Et on peut en arriver dans des cercles vicieux d'absentéisme parce que
33:25 les présents, ils en ont marre d'être présents.
33:28 Vous parliez tout à l'heure de réaccueillir, après l'arrêt de travail, il faut réaccueillir
33:34 le salarié en entreprise. Comment on organise une réintégration de ce salarié qui a été
33:38 absent ? Deux jours, deux semaines, deux mois, deux ans ? Comment ça se passe, Cécile
33:42 Prioul ?
33:43 Le retour au travail, ça se travaille. Vraiment. Et vraiment, si j'ai un message à dire,
33:50 c'est celui-ci, c'est que ça se prépare. Et ça se prépare des deux côtés. Le salarié,
33:55 lui, il a vécu son combat pour aller mieux, pour vivre avec une santé, et il a été
34:02 abîmé.
34:03 Il ne revient pas pareil que quand il est parti, le salarié.
34:06 Je suis entièrement d'accord avec vous. C'est une autre personne. Et c'est ça. C'est une
34:10 autre personne. Mais on les voit souvent avec de la faiblesse. Il y a de la vulnérabilité
34:15 au départ. Mais s'il est bien réaccueilli, c'est quelqu'un, c'est un sacré levier
34:19 dans une équipe, ça a un levier managérial.
34:22 Bien sûr.
34:23 Parce que c'est une personne qui sait prendre du recul. C'est souvent une personne qui se
34:26 connaît beaucoup mieux dans ses limites.
34:29 Bien sûr.
34:30 Tout ça. Et donc, qui est vraiment, si l'accompagnement, enfin le retour au travail est bien travaillé,
34:38 c'est quelqu'un qui va se rengager et qui va rendre à l'entreprise l'effort qui a
34:42 été fait. Et le manager, lui aussi, il est seul. Parce qu'il n'en parle pas entre
34:47 père. On voit le manque de temps. Enfin, moi, j'admire tous ces managers parce qu'ils
34:54 ont des missions de plus en plus compliquées. Et on leur demande de plus en plus. Parce
34:59 que, comme vous disiez, depuis le Covid, les salariés ont changé, ont besoin d'autre
35:04 chose.
35:05 Bien sûr.
35:06 Donc, il faut qu'ils savent s'adapter. Donc, vraiment, vraiment, c'est le bénhomme
35:08 gagnant. Et puis, moi, voilà, je prône la bienveillance en disant que la bienveillance,
35:13 elle est rentable.
35:14 Et c'est la clé peut-être aussi.
35:15 Oui. Comprendre. Comprendre, en fait, le vécu de chacun. Le vécu du manager, avec
35:20 cette absence, comment il a réorganisé son équilibre.
35:23 Bien sûr.
35:24 Et puis, quand la personne revient, ça va être encore une désorganisation. Mais il
35:28 va l'accepter parce que c'est prévu. Voilà. Il faut soutenir le manager et préparer le
35:34 salarié absent.
35:35 J'aimerais qu'on termine très, très rapidement, Sabéha Bouchakour. Est-ce que vous pensez
35:40 que la semaine de quatre jours pourrait atténuer un petit peu l'absentéisme des salariés ?
35:44 Alors, les avis sont partagés. Et nous, on interroge beaucoup de salariés et d'employeurs
35:49 puisque tout le monde en parle de la semaine des quatre jours. On en a parlé comme d'une
35:52 compensation pour les métiers qui n'étaient pas télétravaillables. On en parle comme
35:56 d'une solution qui permet un meilleur équilibre vie privée-vie pro. Ce que nous disent les
36:01 premiers retours, c'est que lorsqu'on sonde les collaborateurs en entreprise, ils ne souhaitent
36:05 pas tous passer sur quatre jours si l'amplitude d'horaire par jour est plus importante.
36:09 D'accord. Bien sûr.
36:10 C'est-à-dire que…
36:11 Il faut compenser ce jour non travaillé. Il faut bien…
36:13 Travailler un jour de moins, oui. Travailler plus longtemps sur quatre jours, pas forcément.
36:17 D'accord.
36:18 Donc, pareil sur les statuts cadres, si la charge de travail n'est pas réduite à
36:22 l'échelle de l'équipe, tout le monde n'est pas prêt à avoir des journées plus
36:25 importantes. Donc, on en parle beaucoup, mais nous, on nuance quand même le propos sur
36:29 le fait que ça ne semble pas être une fin en soi. Et c'est vraiment une réflexion
36:34 globale sur la charge de travail, sur la répartition du travail, plutôt que les quatre jours en
36:41 tant que tel.
36:42 Merci beaucoup, Sabéha Bouchakour, directrice QVT Prévention chez Dio Ciasi. Merci Pascal
36:47 Hache, directeur RH Transformation chez Cia Partners. Et merci Cécile Priouli, PDG de
36:53 Saïra, Encore Mieux Demain. Merci à tous les trois d'avoir répondu à toutes ces
36:56 questions. Et tout de suite, comme chaque jour, on finit cette émission avec Fenêtre
37:00 sur l'emploi.
37:01 Bisous.
37:01 Aujourd'hui dans Fenêtre sur l'emploi, zoom sur le travail en prison. C'est en ce
37:16 moment le tour de France du travail pénitentiaire. Qu'est-ce que ça veut dire ? Aujourd'hui,
37:23 31% des détenus bénéficient d'une activité rémunérée. Le ministère de la Justice
37:28 aimerait passer à 50% d'ici 2027. Pour en parler, nous sommes ravis de recevoir Benjamin
37:34 Guichard, chef du service des politiques et de l'accompagnement vers l'emploi à
37:38 l'ATIJIP. Bonjour.
37:39 Bonjour.
37:40 Tout d'abord, Benjamin Guichard, pourquoi ce sujet du travail en détention fait-il
37:48 en ce moment l'objet d'un focus particulier de la part du ministère de la Justice ?
37:53 Du ministère de la Justice et du gouvernement plus généralement, puisque le travail pénitentiaire
37:57 est une politique prioritaire du gouvernement. Pourquoi ? Parce que le travail pénitentiaire
38:01 participe à rendre le temps de prison un temps utile. Utile pour la personne et utile
38:07 aussi pour la société. Pourquoi ? Parce que la peine de prison, c'est quoi ? C'est
38:11 réparer le passé, c'est-à-dire payer sa dette à la société et aux victimes.
38:15 C'est préparer l'avenir, c'est-à-dire sa réintégration dans la société. Et
38:18 pour ça, il nous faut des dispositifs qui nous permettent de faire en sorte que cette
38:21 réintégration se fasse de façon durable. Et donc le travail pénitentiaire y participe.
38:26 C'est pour cette raison qu'avec mes collègues de l'administration pénitentiaire, on essaie
38:30 de développer ces activités, ce qui est absolument essentiel en prison. Parce que
38:34 quand vous êtes dans une cellule de 10 mètres carrés avec trois personnes, si vous restez
38:38 toute votre journée dans la cellule, ça ne participe pas à une réintégration durable
38:42 dans la société. Il faut aussi des activités. Le travail pénitentiaire en fait partie avec
38:47 la formation professionnelle. C'est lié au travail pénitentiaire. On développe ces
38:51 dispositifs et on veut faire un appel aux entreprises pour leur montrer que le travail
38:56 pénitentiaire a une réelle utilité et qu'ils peuvent venir nous accompagner et qu'on a
39:00 des outils pour qu'ils viennent nous accompagner dans cet objectif-là.
39:04 Est-ce que vous pensez que l'écosystème économique local a du mal de manière générale
39:09 à rencontrer et à tisser des liens avec les prisons ?
39:12 Déjà parce que je pense que c'est méconnu. Avant tout, ça peut faire peur. Et c'est
39:18 normal quand on parle de prison. Généralement, quand on ne connaît pas, ça fait peur. Notre
39:22 rôle, c'est d'accompagner ces entreprises pour faire en sorte de leur dire « vous
39:26 pouvez implanter toute ou partie de votre activité dans des zones industrielles en
39:30 prison qui existent ». Ce qu'on leur propose là, c'est de venir découvrir ce qu'est
39:35 une prison déjà.
39:36 D'accord. Et les entreprises viennent découvrir, elles auraient quand même des avantages à
39:42 faire confiance aux prisons, des avantages économiques, des avantages sociaux peut-être ?
39:46 Oui, il y en a déjà certaines qui font déjà appel au travail pénitentiaire. Il y en a
39:50 un certain nombre, plus de 300 entreprises aujourd'hui qui font appel au travail pénitentiaire,
39:54 qui parfois implantent directement leur activité dans les établissements pénitentiaires.
39:58 C'est le cas notamment dans ce Tour de France à Muray, notre prochaine étape du Tour de
40:03 France pénitentiaire le 21 juin prochain, où on a 10 000 m2 de zone industrielle dans
40:07 la prison, avec des entreprises qui sont des PME, mais aussi des plus grands groupes comme
40:12 Liber Aerospace, comme Safran, qui sont implantés dans ces établissements pénitentiaires et
40:18 qui proposent de l'activité. Alors bien sûr, on leur offre la mise à disposition
40:21 des locaux, qui est gratuite dans les établissements pénitentiaires, mais d'autres avantages,
40:25 notamment en termes de cotisation patronale, qui sont réduites de près de 10 points par
40:29 rapport aux milieux libres dans les établissements pénitentiaires. Des avantages aussi liés
40:33 à une réduction de la concurrence, puisqu'ils peuvent être éligibles au marché réservé
40:37 dans le cadre de la commande publique, au même titre que les ESAT ou les structures
40:40 d'insertion par l'activité économique. Tout ça participe aussi à faire en sorte
40:44 de les attirer vers nous et de faire en sorte de leur faire comprendre qu'ils ont aussi
40:47 des avantages à s'implanter en milieu pénitentiaire.
40:50 Justement, ça ressemble à quoi en fait ? Le travail en prison, c'est un temps partiel,
40:53 c'est un temps plein, c'est en extérieur, à l'intérieur ? Comment ça se passe dans
40:57 les prisons ?
40:58 En réalité, tout est à peu près possible. En termes d'activité, c'est-à-dire que
41:01 par exemple, on fait des activités de travail du bois, on fait des bureaux par exemple pour
41:06 les administrations, on fait les uniformes des surveillants dans les ateliers pénitentiaires.
41:10 Voilà, on travaille dans le domaine de l'aéronautique, comme je vous le disais sur Toulouse notamment.
41:14 Mais ça ressemble à des ateliers de production comme n'importe quel atelier de production
41:20 à l'extérieur. Ça peut être aussi du travail à l'extérieur sur le domaine de l'établissement
41:24 pénitentiaire. Et puis, c'est des activités qui peuvent être à temps plein ou à temps
41:29 partiel. Ça, peu importe, c'est aussi à l'entreprise de nous dire ce qu'elle souhaite.
41:32 Et nous, on doit s'adapter aussi aux contraintes du monde économique. Et il faut aussi que
41:38 l'entreprise puisse s'intégrer dans le fonctionnement de l'établissement pénitentiaire.
41:42 Bien sûr, et justement, par rapport à ça, est-ce que c'est le même droit du travail
41:45 qui encadre le travail en prison que le travail en entreprise normale ?
41:49 Alors, jusqu'alors, on était très éloigné du droit du travail. Le gouvernement a souhaité
41:54 faire une réforme importante pour faire en sorte que le droit du travail pénitentiaire,
41:59 qui est un droit particulier, se rapproche le plus possible du droit du travail. Pourquoi
42:03 ? Pour faire en sorte que ça ressemble le plus possible.
42:06 Après, pour les détenus ?
42:07 Voilà, c'est-à-dire pour se réinsérer durablement dans un emploi, il faut que ce
42:11 qui vivent en prison corresponde le plus possible à ce qui vivant à l'extérieur.
42:15 Et donc, c'était vraiment tout l'enjeu de cette réforme qui a été portée par
42:17 la loi confiance dans l'institution judiciaire et par le garde des Sceaux, pour faire en
42:21 sorte de se rapprocher le plus possible du code du travail. Donc là, ils ont un contrat
42:25 qui s'appelle un contrat d'emploi pénitentiaire avec des droits et des devoirs comme n'importe
42:29 quel travailleur à l'extérieur. Et les entreprises ont la possibilité de recruter
42:34 elles-mêmes les personnes qu'elles souhaitent pour pouvoir participer à leur activité
42:38 de production.
42:39 Merci beaucoup Benjamin Guichard, chef du service des politiques et de l'accompagnement
42:44 vers l'emploi à l'Agence du travail d'intérêt général et de l'insertion professionnelle
42:47 des personnes placées sous main de justice.
42:50 La TIGIP, merci beaucoup d'avoir répondu à toutes ces questions.
42:53 C'est la fin de cette émission.
42:55 Merci à Nicolas Juchat, Alexis Mathieu et à Eva Bensadi qui m'ont aidé à préparer
43:00 cette émission.
43:01 Merci à tous de nous avoir suivis.
43:02 On se retrouve, on retrouvera Arnaud Ardoin demain sur Smart Job.
43:05 [Musique]

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