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Le patron de Safran, spécialisé notamment dans la fabrication de moteurs d’avions, croit en la capacité du secteur aérien de parvenir à la neutralité carbone en 2050. «Nous sommes convaincus qu’on peut y arriver. Le premier levier c’est la technologie et on travaille sur ce que l’on appelle l’ultra-sobriété. Ca passe à la fois par un moteur en rupture technologique pour aller chercher des économies de carburant de 20% par rapport à la dernière génération de moteurs qui a été mise sur le marché il y a seulement cinq ans, » détaille Olivier Andries, mercredi 21 juin sur franceinfo. Le directeur général de Safran fait référence au moteur Rise qui, espère-t-il sortira des chaînes de montage à horizon 2035. « Ces moteurs de nouvelle génération fonctionneront avec 100% de carburant durable, » ajoute-t-il. Aujourd’hui, les moteurs Leap qui équipent à la fois les Airbus A320 et les Boeing 737, consomment déjà 15% de carburant en moins par rapport à la génération de moteur précédente.

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Transcription
00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonjour à tous, ravi de vous retrouver depuis le salon du Bourget.
00:11 L'invité éco est le patron de Safran.
00:13 Olivier Andréès, bonjour.
00:15 Bonjour.
00:16 Dans les allées du salon depuis le début de la semaine,
00:18 on n'entend parler que de biofuel, de carburant vert.
00:22 Et naturellement, tous les regards se tournent vers vous
00:25 puisque vous fabriquez le moteur de l'avion.
00:28 Un moteur qui permet au secteur aérien d'atteindre la neutralité carbone,
00:32 c'est pour quand ?
00:34 Tous les acteurs de l'aérien se sont collectivement engagés
00:40 à la neutralité carbone en 2050.
00:43 Nous sommes convaincus qu'on peut y arriver.
00:45 Il y a deux leviers principaux.
00:47 Le premier levier, c'est la technologie.
00:49 On travaille sur ce qu'on appelle l'ultra-sobriété.
00:52 Quel que soit le carburant qu'on devrait utiliser,
00:55 il faut être ultra-sobre.
00:58 Cela passe à la fois par un moteur en rupture technologique
01:03 pour aller chercher des économies de carburant de 20 %...
01:08 De 20 % supplémentaires.
01:10 De 20 % supplémentaires par rapport à la dernière génération de moteur
01:13 qui a été mise sur le marché il y a à peine 5 ans
01:16 et qui elle-même apportait 15 % par rapport au moteur précédent.
01:20 C'est une accélération d'histoire dans la technologie.
01:25 20 % de plus.
01:27 C'est le moteur LiP qui équipe les A320, les Boeing 737.
01:31 Ces nouveaux moteurs permettent d'économiser encore 20 % de carburant.
01:36 C'est pour quand ?
01:37 Les moteurs LiP apportent 15 % d'économies de carburant
01:40 par rapport à la génération précédente.
01:42 Ce sont les moteurs qui équipent aujourd'hui
01:44 les Airbus A320neo qui sortent des chaînes d'Airbus
01:48 et les Boeing 737 Max qui sortent des chaînes d'assemblage de Boeing.
01:53 Le moteur RISE sur lequel on travaille,
01:56 on vise une entrée en service en 2035
01:59 et une consommation de carburant de 20 % de moins
02:04 par rapport au moteur LiP.
02:06 Ce moteur de nouvelle génération fonctionnerait à 100 %
02:09 avec des carburants durables.
02:11 Les carburants durables sont le 2e pilier
02:14 qui nous permettra d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050.
02:18 Ce sont à court terme ce qu'on appelle les biocarburants
02:23 qui ne sont pas en concurrent pour les auditeurs avec l'agroalimentaire.
02:27 Ce sont des carburants issus du retraitement des huiles usagées
02:32 ou des carburants qui utilisent notamment la biomasse.
02:36 L'idée est d'utiliser moins de carburant, d'utiliser un carburant vert.
02:40 Est-ce que vous concevez aussi un moteur électrique ?
02:45 L'ultra sobriété et les carburants durables
02:50 sont la solution pour les avions commerciaux,
02:54 court et moyen courrier ou long courrier
02:57 pour faire des vols intercontinentaux.
03:00 Le défi sur les moteurs électriques, c'est que les batteries ont une certaine masse.
03:05 La masse est l'ennemi principal dans le domaine de l'aéronautique.
03:08 On utilisera des moteurs électriques.
03:10 On développe des technologies de moteurs électriques pour l'aviation
03:13 pour des avions qui sont plus petits.
03:15 Nous pensons que c'est la bonne solution
03:18 pour des avions qui sont jusqu'à 19 places, typiquement 19-20 places.
03:22 Des avions régionaux plutôt ?
03:24 Des avions d'entraînement, des avions de tourisme
03:29 pour ceux qui veulent utiliser des petits avions de tourisme
03:31 ou des avions de transport régionaux.
03:36 Et ça, Safran espère développer ces moteurs électriques ?
03:39 Nous avons l'ambition d'être les premiers au monde
03:42 à certifier un moteur électrique pour l'aviation.
03:46 On est en train de développer aujourd'hui
03:49 une gamme de produits de moteurs électriques.
03:51 Nous visons une certification fin de cette année ou début d'année prochaine.
03:56 Ces moteurs seront assemblés dans notre site de New York,
04:00 dans notre site de New York, donc en France.
04:03 Et puis, derrière, nous allons continuer en développant
04:07 une gamme de produits et de moteurs plus puissants.
04:09 On a déjà un certain nombre de clients sur ce moteur électrique,
04:14 dont deux start-up françaises,
04:16 l'une qui s'appelle Aura Aéro qui est à Toulouse
04:18 et l'autre qui s'appelle Volt Aéro qui est en Charente.
04:22 Donc vous espérez une certification pour ces moteurs électriques
04:25 d'ici la fin de l'année ?
04:27 Voilà.
04:28 Pour fabriquer des moteurs, il faut des métaux,
04:30 à commencer par le titane.
04:32 Il est rare et il est cher depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.
04:35 Est-ce que vous avez réglé vos problèmes d'approvisionnement ?
04:38 C'est effectivement un sujet sur lequel on s'est attachés
04:43 à réduire notre dépendance et à travailler sur ce qu'on appelle la souveraineté.
04:48 Puisqu'au début de l'année 2022, l'industrie aéronautique européenne
04:53 s'approvisionnait à hauteur de 50% auprès de la Russie pour son titane.
04:57 On a construit des stocks et on a développé des sources alternatives.
05:02 Notamment pour ce qui nous concerne, on a racheté avec Airbus
05:07 une société qui s'appelle Auberet Duval
05:10 et qui va nous donner la souveraineté dans le domaine du titane
05:13 parce qu'au sein d'Auberet Duval, on va développer des sources alternatives
05:17 de forge à base de titane.
05:20 Est-ce que ça veut dire que vous tenez les cadences ?
05:22 On sait qu'Airbus aujourd'hui, pour pouvoir livrer ses clients
05:25 à une décadence infernale, 75 avions par mois.
05:30 Est-ce que vous, qui êtes un fournisseur d'Airbus, vous tenez ces cadences ?
05:33 Aujourd'hui, on s'attache à tenir nos cadences sur 23 et 24.
05:38 C'est compliqué ?
05:39 Ce n'est pas simplement compliqué pour nous,
05:41 c'est compliqué pour l'ensemble de l'industrie aéronautique
05:43 parce qu'on est confronté à une crise de l'approvisionnement.
05:48 Aujourd'hui, la demande est revenue très fort,
05:50 vous le voyez à travers les très grosses commandes d'avions,
05:54 notamment à l'occasion de ce salon.
05:56 La demande est revenue très fort.
05:59 Par contre, aujourd'hui, l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement,
06:02 nos fournisseurs sont en situation difficile,
06:06 ont du mal à recruter, à trouver les ressources nécessaires
06:09 pour monter les cadences.
06:11 Et puis, on a également des sujets qui sont des tensions
06:14 sur ce qu'on appelle les matières premières,
06:17 le titane, l'acier, l'aluminium,
06:20 un certain nombre de composants électroniques,
06:23 des composés chimiques aussi.
06:25 Tout ça, c'est une situation complexe,
06:27 pas simplement sur les moteurs,
06:29 mais sur l'ensemble de la chaîne et de l'industrie aéronautique.
06:33 C'est aujourd'hui le point d'attention prioritaire
06:35 de l'ensemble des acteurs pour suivre cette montée en cadence.
06:38 Olivier Andriesse, merci beaucoup.
06:40 Directeur général de Safran,
06:42 invité éco de France Info ce soir.
06:44 - Merci.

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