SMART IMPACT - Emission du jeudi 29 juin

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Jeudi 29 juin 2023, SMART IMPACT reçoit Michael Ormancey (cofondateur, Foodles) , Michaël Roes (Président et cofondateur, Toopi Organics) , Marie-Astrid Gossé (Directrice marketing, Verallia France) et Yann Priou (Directeur général, Bout' à bout)
Transcript
00:00 [Musique]
00:08 Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:16 Je vous propose tout de suite le sommaire. Mon invité, c'est Mickaël Rose, le fondateur de Toupie,
00:21 où quand notre urine est récupérée, recyclée pour devenir de l'engrais agricole.
00:26 On fera le bilan de son partenariat avec le Futuroscope de Poitiers ou encore les stations-services de Vinci Autoroutes.
00:32 Le débat de ce Smart Impact, il portera sur la filière du réemploi du verre.
00:38 Vous verrez comment le géant du secteur, Verralia, et la start-up Boutabou, collaborent pour industrialiser le nettoyage des bouteilles.
00:46 Et puis dans Smart Ideas, on va parler de restauration d'entreprise avec Foodles et ses produits locaux, produits de saison.
00:53 Voilà pour les titres, on a 30 minutes pour les développer. C'est Smart Impact.
00:57 L'invité de ce Smart Impact est avec nous en duplex, en visio, conférence. Bonjour Mickaël Rose, bienvenue.
01:11 Heureux de vous retrouver. Vous êtes le cofondateur président de Toupie Organics.
01:14 Je vous avais reçu il y a un peu plus d'un an dans notre rubrique start-up. Je suis heureux de voir que l'entreprise grandit.
01:21 On va quand même revenir à la genèse de Toupie. Comment vous avez eu cette idée d'utiliser, de collecter l'urine humaine pour en faire un fertilisant agricole ?
01:32 Oui, bonjour. Merci pour l'invitation. L'idée est venue très simplement. J'avais déjà une société où je fabriquais des engrais, que j'avais créé en 2016.
01:44 En fait, il y a un consensus scientifique mondial et très connu sur le fait que les urines humaines doivent être recyclées si on veut pouvoir se passer d'engrais et baisser les émissions carbone de l'agriculture.
01:58 Et en fait, pourquoi ce n'est pas déployé aujourd'hui ? C'est parce qu'il n'y avait pas de modèle économique viable sur le recyclage d'urine.
02:05 En fait, prendre de l'urine et l'épandre dans un champ, que ce soit directement ou après avoir concentré l'urine, c'est-à-dire avoir extrait l'eau de l'urine, ça ne tient pas économiquement.
02:16 Et en fait, on a réglé le problème en n'utilisant pas l'urine justement comme un fertilisant direct, mais comme un milieu de culture, un milieu de croissance pour faire pousser des micro-organismes.
02:26 Et ces micro-organismes-là sont capables de remplacer des engrais avec efficacité et en étant beaucoup moins cher.
02:33 Oui, l'idée originale, elle est là et même l'innovation, parce que ça a demandé de la recherche, du développement ?
02:39 Bien sûr. Ça fait 4 ans qu'on fait de la R&D et ce n'est pas fini. On a quasiment une dizaine d'années de R&D devant nous.
02:48 On a énormément de souches bactériennes qui sont utilisables, qu'on peut faire croître sur base d'urine et qui sont capables de remplacer des engrais.
02:55 Donc il y a énormément de R&D, donc vraiment du développement en amont, c'est-à-dire comment on fait pousser des bactéries sur l'urine en grosse quantité et surtout après tout ce qui est réglementaire.
03:06 C'est-à-dire comment on arrive à mettre sur le marché cette typologie de produits qui est totalement…
03:13 C'est des produits innovateurs. On est les premiers au monde à avoir fait des biostimulants fabriqués sur base d'urine.
03:18 Donc ça a posé des questions réglementaires tout à fait légitimes parce qu'il y a des choses dans l'urine qu'on est obligé d'enlever, comme les antibiotiques, pour pouvoir commercialiser ces produits-là.
03:30 Donc ça a été un parcours du combattant assez sympa, mais là on a bien avancé avec l'obtention de quasiment une vingtaine d'autorisations de mise sur le marché déjà en Europe.
03:38 Justement, c'était la question que j'allais vous poser par rapport à notre rendez-vous d'il y a 14-15 mois de mémoire.
03:44 L'étape importante, c'est ça ? Vous avez obtenu l'autorisation de mise sur le marché. Qu'est-ce que ça vous ouvre comme perspective ?
03:51 Alors, il n'y a pas que ça, mais effectivement ça en fait partie. En fait, on a une chaîne assez simple.
03:56 On collecte de l'urine en amont, on la transforme avec un process biotechnologique et ensuite on la vend à des distributeurs.
04:03 Donc sur la collecte, on a énormément avancé avec plusieurs partenariats structurants, notamment avec le groupe NIGA et la filiale VCLOC.
04:11 On collecte sur quasiment tous les festivals français des gros volumes d'urine.
04:15 On a également signé un super deal avec le Futuroscope qui équipe l'ensemble de ces urinoirs pour que les visiteurs du Futuroscope puissent participer.
04:25 En fait, ça donne rien que sur le Futuroscope plus d'un million de litres d'urine récupérable.
04:29 Et aussi un deal avec Vinci Autoroute où on a déjà équipé six aires d'autoroute avec urinoires sans eau connectées à des cuves de collecte.
04:38 Et avec un deal en cours sur une bonne quarantaine d'aires d'autoroute.
04:43 Donc c'est extrêmement structurant pour nous.
04:45 Et effectivement, en aval, on a obtenu une vingtaine d'autorisations de mise sur le marché, sur plusieurs produits et sur plusieurs pays européens.
04:54 Et ensuite, on a commencé la commercialisation, ce qui est génial.
04:58 Ça a commencé le fin d'année dernière avec les premières livraisons en Belgique qui se sont fait via l'intermédiaire d'un partenaire,
05:05 une grosse coopérative agricole belge qui s'appelle la SCAM.
05:08 Et on commence en septembre la commercialisation en France avec, on parle en centaines de milliers de litres,
05:14 commercialisation qui va être opérée par Califert qui est un gros metteur en marché de produits agricoles bien implanté sur le marché depuis plusieurs dizaines d'années.
05:22 Il faut quand même parler de l'impact écologique.
05:26 Quand vous dites partenariat avec le Futuroscope de Poitiers, par exemple, il existe, il était en test, il existe depuis je crois deux ans ou trois ans.
05:34 C'est ça, deux ans.
05:36 Ça permet d'économiser combien de litres, enfin de milliers de litres d'eau pour un espace comme celui-là ?
05:43 Parce qu'évidemment, les urinoirs, il n'y a plus besoin de tirer la chasse.
05:47 Tout à fait. Effectivement, on a commencé il y a deux ans avec un pilote, c'est-à-dire juste un bloc urinoir transformé pour vérifier que pour l'utilisateur c'était OK,
05:55 qu'il n'y avait pas de problème d'odeur, etc. Enfin, un parc comme le Futuroscope, ils ont besoin de certaines garanties.
06:00 On a commencé à faire ce test-là qui a extrêmement bien fonctionné.
06:03 Et donc là, on généralise sur l'ensemble du parc du Futuroscope.
06:07 Et j'ai pas le chiffre exact en tête, mais c'est plusieurs millions de litres d'eau économisé.
06:12 Et en volume d'urine, c'est quasiment un million de litres potentiellement récupérables par an sur le Futuroscope.
06:18 Donc pour nous, c'est un gisement qui est assez costaud.
06:23 Si on parle de l'autre partenariat important avec les stations-service de Vinci Autoroute,
06:30 moi je me suis posé la question de l'investissement que ça représentait pour Vinci, pour les stations-service.
06:35 Parce que ça suppose de remplacer les urinoirs existants. Comment vous faites ?
06:40 Oui, en fait, on remplace les urinoirs existants. Donc il y a des urinoirs aujourd'hui avec chasse d'eau.
06:44 Donc à chaque fois qu'on fait un petit pipi de 200 millilitres, on tire la chasse avec plusieurs litres d'eau.
06:50 Donc ça, on remplace ces urinoirs-là avec des urinoirs sans eau, donc sans chasse d'eau,
06:54 connectés à des cuves qui nous permettent de récupérer l'urine.
06:58 Et en fait, en termes d'investissement, c'est extrêmement faible.
07:01 C'est quelques milliers d'euros qui sont rentabilisés très vite par Vinci Autoroute,
07:05 parce qu'ils économisent déjà sur l'eau, sur l'entretien.
07:09 Et en plus, on peut participer à la transformation des toilettes grâce à l'ADEME,
07:14 qui nous a labellisés, on a obtenu un contrat à impact financé par l'ADEME à hauteur de quasiment 4 millions d'euros,
07:22 qui nous permet d'accélérer sur la création de la filière de collecte d'urine.
07:26 Donc nous, on est capable de dire à des gens comme Vinci,
07:30 écoutez, nous on paye un petit bout, les agences de l'eau mettent un petit bout de subvention,
07:34 il y a un restage-charge extrêmement faible et qui est rentabilisé en moins de 3 ans.
07:38 Donc des gens comme Vinci, qui sont extrêmement opérationnels, qui savent très bien compter,
07:43 voient un intérêt majeur et c'est pour ça qu'on déploie vite avec un groupe comme ça.
07:47 Ça a pris du temps aussi, il a fallu tester, prouver que ça marchait et que c'était opérationnellement faisable.
07:52 Mais maintenant c'est fait et donc ça accélère très très très très fort.
07:55 Comme dit notre responsable, grands acteurs, grands impacts.
08:00 Oui, effectivement. Est-ce qu'on vous a regardé avec un petit sourire en coin au début,
08:04 les investisseurs, les partenaires éventuels ?
08:08 Franchement, on me pose beaucoup la question.
08:11 Avant de monter la boîte, j'ai eu évidemment, que ce soit la famille, les amis ou même les premiers partenaires institutionnels.
08:19 Ça peut faire sourire, mais au final, en 2-3 minutes, quand on comprend les enjeux,
08:24 on voit que ça va être un gros challenge, c'est costaud, c'est un changement systémique.
08:29 Mais par contre, en fait, il faut le faire, il n'y a pas le choix.
08:32 Et on a trouvé le modèle économique qui permet d'enclencher la création de cette filière.
08:37 Donc non, ça allait très vite.
08:39 Quand j'ai monté la boîte, le premier fonds d'investissement a investi deux mois après,
08:42 alors qu'il n'y avait rien, il n'y avait même pas un brevet, il y avait juste une idée sur la table,
08:45 une petite équipe de trois personnes.
08:47 Et en fait, ça allait très vite, parce qu'une idée comme ça, certes, c'est en rupture,
08:53 on se dit "attends, quand même, on va parler de PIS, ça ne fait pas rêver à la base",
08:57 mais en fait, c'est le futur, il va falloir le faire.
09:00 Et là, on a une solution pour le faire très très vite.
09:03 - Et donc votre produit, pardon, je vous interrope, ce biostimulant,
09:09 qui est maintenant autorisé, mis sur le marché, en vente, évidemment, il ne sent pas l'urine,
09:15 c'est idiot, mais je le dis, parce que c'est peut-être certains téléspectateurs qui se posent la question,
09:20 il peut être utilisé dans tout type d'exploitation, ou alors c'est spécifique ?
09:25 Qui sont les clients du produit ?
09:28 - Ce sont des produits, parce qu'en fait, on a déjà plusieurs produits homologués.
09:32 Donc juste pour reprendre, effectivement, l'urine est dépolluée, c'est désodorisé,
09:37 donc pour l'utilisateur, l'agriculteur, c'est totalement neutre, il n'y a pas d'odeur d'urine.
09:43 On a déjà développé les trois premiers produits, qui sont des bactéries qui ont poussé sur l'urine,
09:49 et ça s'adresse à toutes les cultures.
09:51 En fait, chaque bactérie a une fonction spécifique.
09:54 Donc une va permettre de remplacer une partie de l'azote,
09:57 une autre va permettre de mieux faire assimiler le phosphore par les plantes,
10:02 une autre va réduire l'exposition au stress hydrique des végétaux,
10:05 donc on va dire la résistance à la sécheresse.
10:08 Donc ça, c'est des produits qui sont déjà développés.
10:11 Pour l'instant, il y en a deux qui sont autorisés sur le marché, les autres c'est en cours.
10:16 Et en fait, ça va s'adresser vraiment à toutes les cultures,
10:19 donc à la fois grandes cultures, pépinières, espaces verts.
10:21 Il n'y a pas de restrictions d'usage, on peut les utiliser absolument partout.
10:26 Et en fait, comme je disais sur la France, on passe déjà par un metteur en marché.
10:33 Qu'est-ce que c'est un metteur en marché ?
10:34 C'est des gens qui d'habitude achètent des bateaux d'engrais à l'import,
10:37 donc par exemple des bateaux de phosphate qui viennent du Maroc,
10:40 et redistribuent ça sur l'ensemble des coopératives et négociations agricoles françaises.
10:45 Et ces gens-là se disent "Notre métier dans 30 ans, il n'existe plus ou il aura bien changé,
10:51 là c'est une opportunité en or".
10:53 Et donc en fait, ils se mettent déjà à distribuer nos produits,
10:56 parce qu'ils ont accès à plus de 98% de la distribution agricole française.
11:00 Oui, avec un dernier mot, évidemment un enjeu de souveraineté aussi,
11:04 c'est-à-dire que les engrais azotés dont on parle, ils viennent d'ailleurs.
11:10 Tout à fait, alors pas que les engrais azotés, l'ensemble des engrais en France viennent d'ailleurs,
11:15 c'est soit base de gaz, soit c'est de la ressource minière.
11:18 Et effectivement, quand on regarde le grand flux bio-géochimique,
11:23 donc c'est un bien grand mot, les nutriments qu'on met, les engrais qu'on met dans les champs,
11:27 ils ne disparaissent pas.
11:29 En fait, ils sont absorbés par les végétaux, les végétaux on les absorbe nous quand on les mange,
11:33 et on retrouve 70% de tous les engrais qu'on a mis dans le champ dans l'urine humaine.
11:39 Donc ce n'est pas compliqué de comprendre que si on circularise ça,
11:42 c'est-à-dire si on arrive à remettre l'urine d'une manière ou d'une autre dans le champ,
11:45 et bien en fait on peut se passer de 70% des engrais.
11:48 Donc il y a un enjeu de souveraineté, il y a un enjeu de consommation d'eau,
11:51 30% de la consommation d'eau des ménages en Europe, ça part dans les toilettes pour tirer la chasse,
11:56 c'est incroyable quand on voit les problèmes de stress hydrique qu'on a.
11:59 Les impacts CO2 des engrais, c'est absolument incroyable.
12:03 Donc oui, comme je le disais, c'est extrêmement systémique.
12:06 Il y a un enjeu social, on va dire de transformation locale,
12:10 de souveraineté territoriale et nationale, des enjeux environnementaux,
12:14 et en plus c'est des produits qui vont coûter moins cher pour l'agriculteur
12:17 et qui n'ont pas de volatilité, c'est-à-dire qu'on peut garantir le même prix sur 10 ans.
12:21 Bon bah super, que des bonnes nouvelles. Merci beaucoup Michael Rose et bon vent à Toupie.
12:26 A bientôt sur Bsmart. On passe à notre débat, le réemploi du verre.
12:31 Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
12:43 Le débat de ce Smart Impact avec Maria Strydgosy, bonjour.
12:47 Bonjour Michael.
12:48 Bienvenue, vous êtes directrice marketing de Veralia France
12:51 et puis avec nous en duplex en visioconférence, Yann Prillou, le directeur général de Boutabou.
12:56 Bonjour et bienvenue à vous aussi.
12:58 Maria Strydgosy, Veralia c'est quoi ? C'est un leader européen, l'un des géants mondiaux du verre, tout simplement, des emballages en verre ?
13:04 Absolument. Donc Veralia c'est un groupe industriel français qui existe depuis 200 ans
13:09 et c'est effectivement le leader européen des emballages en verre pour les bouteilles et les pots alimentaires.
13:15 Mais concrètement je dirais que c'est surtout une marque que les français côtoient quotidiennement sans le savoir
13:20 puisque ce sont les pots de confiture, les pots de patates tartinées, les pots de yaourt
13:24 mais aussi les bouteilles de vin, les bouteilles de champagne, les bouteilles de spiritueux.
13:27 Donc en termes de chiffres, on produit à peu près 17 milliards de pots et d'emballages chaque année dans le monde
13:34 et un quart de cette production est réalisée en France grâce à nos 7 usines verrières qui sont sur le territoire français.
13:40 Oui, effectivement, 17 milliards, plus de 17 milliards de bouteilles et de pots en verre.
13:43 Chiffre d'affaires 2022, 3,4 milliards d'euros.
13:47 Donc ça veut dire des usines en France, des usines aussi dans d'autres pays. Vous êtes présente dans combien de pays ?
13:52 Nous sommes présentes dans 12 pays et nous avons effectivement 32 usines réparties dans le monde.
13:59 Et alors la question de l'impact carbone du verre et des moyens de le limiter, on va en parler évidemment dans un instant.
14:06 Je me tourne vers Yann Prilhou, Boutabou, alors c'est une start-up nantaise, mais au départ, racontez-moi un peu l'histoire, c'est une association, c'est ça ?
14:13 Absolument. Au départ, Boutabou, ça a été fondé par un collectif de citoyens engagés en 2016
14:19 qui voulaient essayer de comprendre pourquoi on avait arrêté la consigne et la réutilisation des contenants en verre
14:24 et puis de fil en aiguille, le dispositif a grandi et on s'est transformé en entreprise pour porter une dimension industrielle.
14:32 Donc Boutabou, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ? On fait trois choses.
14:35 On accompagne les producteurs dans la transition vers le réemploi, donc le passage à des pots, à des bouteilles réutilisables.
14:42 Il y a tout un travail aussi d'accompagnement sur les étiquettes, sur le fait que le consommateur ait l'information,
14:47 que le produit qu'il consomme est dans un emballage réutilisable. Donc ça, c'est notre première mission.
14:53 La deuxième mission, c'est de développer les circuits de récupération, que le consommateur puisse rapporter le contenant.
14:59 Donc beaucoup dans les enseignes bio, on travaille avec un partenaire de longue date, avec BioCop,
15:04 avec des enseignes de la distribution alimentaire bio et en vrac.
15:08 Et puis de plus en plus, on se développe sur la grande distribution et puis un certain nombre de circuits,
15:15 de cafés, hôtels, restaurants avec des distributeurs grossistes.
15:18 Donc là, l'idée, c'est vraiment de proposer au consommateur une solution pour qu'il puisse rapporter ses contenants.
15:24 Et notre troisième métier, qui est le métier principal, c'est l'activité de collecte, de tri et de lavage de contenants.
15:32 En fait, notre modèle est basé sur le fait de laver, contrôler et remettre en marché les bouteilles et les bocaux en verre.
15:39 Le partenariat avec Veralia devient intéressant puisque vous venez,
15:43 Boutabou vient d'annoncer une levée de fonds de 7,3 millions d'euros avec Veralia dans le tour de Tam.
15:49 Maria Srigo, c'est pourquoi vous rentrez dans le tour de Tam, le Boutabou ?
15:53 Et puis, il y a toujours une question, c'est quand le modèle économique, c'est de créer des bouteilles et des contenants en verre,
16:00 pourquoi se dire finalement on va favoriser le réemploi ? Expliquez-nous.
16:04 D'abord, je reviens, je commencerai par notre raison d'être, qui est de réimaginer le verre pour construire un avenir durable.
16:11 Construire un avenir durable, ça suppose de recycler plus et comme vous le savez, le verre est recyclable à 100% et à l'infini,
16:19 mais aussi développer le réemploi. Donc développer le réemploi, c'est fondamental parce qu'on sait que dans un système mature,
16:27 une bouteille réemployée, on divise par quatre les impacts carbone de la bouteille
16:34 et nous sommes nous dans une logique d'accompagnement de nos clients pour participer à la reconstruction d'une filière réemploi en France
16:44 qui nous permettra de faire bouger les lignes.
16:47 Mais je reviens à la question initiale parce que c'est toujours passionnant.
16:51 Moi, je trouve qu'en plus d'une entreprise bicentenaire, c'est ce que vous avez dit, c'est quand même, on touche presque au modèle économique de l'entreprise.
16:59 C'est comme quand une grande enseigne de vêtements de sport dit "on va peut-être passer à la location et à un abonnement plutôt que d'acheter un vélo à chaque fois qu'un enfant grandit".
17:10 Vous voyez ce que je veux dire ? C'est une question centrale, stratégique pour un groupe comme le vôtre.
17:14 Alors tout à fait et c'est là que pour nous, on part de notre raison d'être et nous sommes absolument convaincus que la boucle du réemploi
17:23 est absolument complémentaire de la boucle du recyclage et que nous devons explorer le réemploi aussi parce que le matériau vert est parfaitement adapté au réemploi
17:33 puisqu'il est inerte, ce qui veut dire qu'il n'y a pas de migration en dépit d'un nombre répété de cycles de vie et qu'il est transparent, facilement inspectable, résistant.
17:44 Donc voilà, pour l'ensemble de ses qualités, on sait que ce matériau est très adapté pour le réemploi.
17:48 Je vais poser à Yann Prilhoux des questions sur l'usine. Vous apportez votre expertise aussi, ce n'est pas seulement une entrée autour de table,
17:55 il y a aussi une expertise du vert que vous allez pouvoir apporter dans le cadre de cette usine de lavage ?
17:59 Absolument, nous sommes dans une logique de partage d'expertise effectivement puisque nous sommes convaincus qu'il faut réapprendre ensemble
18:06 et que du coup cette collaboration, ce partage d'expertise est absolument fondamental pour réussir à accélérer la reconstruction de cette filière.
18:14 Alors Yann Prilhoux, expliquez-nous, cette usine, elle est située où ? Elle va être située où ? Quelle capacité ? C'est quoi le défi ?
18:22 Alors l'usine va être située à l'est de Nantes. Donc on est en train de finaliser les investissements et elle sera opérationnelle à la rentrée,
18:32 donc à partir du mois de septembre. Au démarrage, elle va pouvoir adresser 10 000 bouteilles et contenants par heure et elle pourra monter jusqu'à 20 000 contenants,
18:41 donc une capacité totale installée d'à peu près 60 millions de contenants par an, ce qui en fera le site le plus capacitaire de France.
18:50 En fait, les défis qu'on doit relever aujourd'hui, c'est forcément un enjeu de collecte pour développer le réseau de récupération,
18:59 mais après sur la partie industrielle, et c'est vrai que c'est très intéressant et appréciable dans la collaboration avec Veralia,
19:05 c'est que notre enjeu c'est surtout de garantir que les contenants qu'on va remettre en marché vont être sains et que le consommateur va pouvoir les réutiliser
19:14 bon nombre de fois. Donc c'est vrai qu'il y a un vrai partage avec les équipes Veralia sur des sujets de contrôle, de qualité,
19:22 pour garantir en fait la filière et les boucles de réemploi. Donc on a investi à peu près 3 millions d'euros sur ce site pour du lavage,
19:34 mais aussi et surtout sur du contrôle et de la repalettisation. L'objectif que l'on a en fait, c'est qu'à la fin, un industriel de la boisson
19:41 ou un industriel de l'agroalimentaire, quand il reçoit une palette verrière ou une palette de contenants réemployés,
19:48 en fait, ce soit transparent pour lui et qu'il puisse l'utiliser dans les deux cas.
19:55 – Il y a des enjeux, des défis compliqués à relever, il y a une priorité en termes de logistique aussi, quand on recrée une filière comme ça.
20:03 – Absolument, en fait notre enjeu, il est sur la logistique de matifier, en fait il y a une économie d'échelle,
20:12 plus on a de volume, plus on va réussir à optimiser le transport et donc du coup le modèle est environnemental et économique.
20:23 Après notre gros enjeu aussi, c'est un enjeu de tri. On parle beaucoup de lavage quand on parle de réemploi,
20:28 mais en fait quand nous on accompagne des producteurs, on essaie de travailler avec eux sur la standardisation.
20:34 En fait si chaque producteur et productrice utilise son contenant propriétaire,
20:38 on arrive avec des milliers de contenants à trier et à garantir et à stocker
20:44 et donc du coup là on est sur des filières qui sont lourdes à porter versus ce que l'on porte nous,
20:49 c'est plutôt une standardisation, une harmonisation.
20:52 Il y a des travaux en cours avec Citeo, l'éco-organisme Citeo, pour standardiser et proposer aux marques des contenants,
21:01 quel que soit le produit, des contenants homogènes sur lesquels ils pourront tous s'appuyer et les utiliser.
21:09 – Ça c'est une vraie question, en entendant Yann Prillot en parler, je pense à l'univers du vin par exemple,
21:16 parce que la bouteille de vin c'est un identifiant d'un terroir, d'une région etc.
21:21 donc c'est quasi, j'allais dire impossible, non mais difficile en tout cas de convaincre ces métiers-là
21:27 de tous faire la même bouteille, mais ça c'est un discours que vous tenez à vos clients, à vos partenaires économiques ?
21:34 – Alors nous notre ambition c'est de favoriser le réemploi,
21:37 nous sommes au service de nos clients et nous répondons aux besoins de nos clients.
21:41 L'idée c'est vraiment de les accompagner, cette transition elle va se faire progressivement,
21:47 ce sera quelque chose qui sera très adapté dans certains segments de marché, peut-être plus difficile dans d'autres.
21:52 Notre objectif est vraiment d'être au service du client.
21:56 – Est-ce que, j'ai bien compris l'engagement, la raison d'être etc.
22:01 mais est-ce qu'il n'y a pas aussi un élément un peu plus, pour l'instant conjoncturel,
22:05 on ne sait pas si ça va rester, si ça va devenir vraiment structurel, la hausse du coût de l'énergie ?
22:10 À quel point ça vous incite à favoriser le réemploi du verre ?
22:14 – En fait, tout nous incite à développer le réemploi du verre,
22:18 effectivement l'énergie, l'impact carbone, on en a parlé un peu plus tôt,
22:24 mais je pense aussi c'est tout un changement sociétal qui est en train de se mettre en place,
22:28 avec des consommateurs qui ont aussi à cœur de participer à un mouvement de fonds
22:34 pour améliorer l'impact de notre consommation.
22:38 On passe d'un système de consommation du jetable à un système de consommation plus responsable,
22:43 où on va penser recyclage et on va penser réemploi.
22:46 – On est dans l'économie circulaire, évidemment.
22:49 Merci beaucoup à tous les deux, bon vent à Veralia et à Boutabou,
22:54 on va suivre le destin de cette usine de nettoyage du verre.
22:58 On passe tout de suite à notre rubrique "Start-up, start-up éco-responsable"
23:03 Foodles !
23:04 [Générique]
23:10 – "Smart Ideas" avec Miquel Ormancé, bonjour.
23:14 – Bonjour.
23:15 – Bienvenue, vous êtes co-fondateur, directeur général de Foodles,
23:17 entreprise créée en 2015 avec Clément Bonhomme, et avec quelle idée, racontez-nous ?
23:22 – Alors, Foodles c'est un service de restauration clairement à destination des entreprises
23:26 qui permet à ses salariés de se restaurer à n'importe quel moment de la journée
23:30 à travers des repas frais, sains et de qualité.
23:33 – D'accord, donc ça passe par quoi ?
23:34 Déjà, des frigos connectés, c'était un peu l'idée de départ,
23:37 ce n'est pas le plus important, mais c'est important ?
23:39 – L'innovation de service, elle permet en fait à n'importe quelle entreprise
23:42 de bénéficier d'un service de restauration, et l'innovation technologique,
23:45 c'est en effet des frigos intelligents qui permet aux salariés de venir se restaurer
23:48 à n'importe quel moment de la journée, ils vont devant le frigo,
23:51 ils regardent le contenu du frigo, ils badgent via leur application mobile,
23:55 ils se servent directement, et c'est le frigo qui va comprendre
23:58 les articles qui ont été pris par l'utilisateur et le facturer en conséquence.
24:01 – D'accord, et alors bon, ça c'est un élément important,
24:04 mais ce qui est encore plus important, c'est ce qu'on va y trouver à l'intérieur de ce frigo
24:08 et quel choix vous avez fait, par exemple sur le choix des produits,
24:14 produits locaux, produits de saison, des partenaires, expliquez-moi comment,
24:18 à partir de l'idée de départ, vous créez un système
24:21 qui est le plus sain et éco-responsable possible.
24:24 – Vous avez raison de le souligner, parce que in fine, le plus important,
24:26 c'est ce que le consommateur va trouver dans son assiette,
24:28 et si ce n'est pas bon, si ce n'est pas diversifié,
24:31 si on n'est pas transparent sur les ingrédients qu'on va utiliser
24:33 pour la fabrication du plein, au bout d'un moment,
24:36 les utilisateurs vont se lasser et vont se désengager de notre solution.
24:40 Donc en fait, ça nous tient à cœur de sélectionner nos producteurs,
24:44 nos traiteurs, nos partenaires, qui vont fabriquer en co-création
24:48 avec nos chefs R&D, l'intégralité des recettes qui vont être proposées
24:51 à nos clients, pour garantir une œuvre de restauration de qualité,
24:55 diversifiée, et plus important, avec des choix pour tout le monde.
24:58 Donc des régimes végétariens, sans gluten, sans lactose,
25:01 pour que n'importe quel salarié dans une entreprise,
25:03 quand il arrive devant notre service de restauration,
25:06 il trouve chaussure à son pied, il trouve un repas qui lui correspond.
25:09 Mais alors, est-ce que c'est si facile quand on dit
25:11 des produits locaux et des produits de saison ?
25:13 Il faut trouver les bons partenaires.
25:15 Alors, on a une charte qu'on impose avec les partenaires
25:18 avec lesquels on travaille, et comme on va vraiment co-créer les recettes,
25:22 c'est-à-dire que c'est nous qui avons la main sur les ingrédients
25:24 qui sont utilisés dans la fabrication de nos repas,
25:26 on n'achète pas globalement des produits sur étagère.
25:29 On va vraiment les co-créer, et ensuite, c'est des produits
25:31 qui sont la propriété de Food Health,
25:34 que vous retrouverez uniquement dans nos services de restauration.
25:37 En effet, on va utiliser des produits de saison,
25:39 donc la tomate, on l'utilise à partir du mois de juin jusqu'au mois de septembre,
25:43 et c'est tout, par exemple.
25:45 - C'est juste un bon message. Redites-nous du mois de juin au mois de septembre.
25:48 - Exactement.
25:49 - Voilà, ne mangez pas de tomate en dehors de cette...
25:51 - La tomate fraîche, après on va utiliser, bien évidemment,
25:52 des coulis de tomate, des tomates fraîchées, tout au long de l'année.
25:54 - Bien sûr, mais si vous voulez que vos tomates fraîches soient bonnes,
25:56 c'est la saison.
25:58 - Alors là, j'ai vu que vous ouvrez, je crois, une nouvelle région,
26:01 la région Grand Sud.
26:03 Avant de se lancer, ça prend combien de temps
26:07 pour justement trouver ces partenaires,
26:10 pour ensuite pouvoir tenir la promesse de recettes fraîches, renouvelées, etc. ?
26:14 - De se lancer, c'est-à-dire de se lancer dans une nouvelle région ?
26:16 - Oui.
26:17 - Alors, ça prend entre six mois et un an, globalement.
26:20 - Pour identifier les agriculteurs, les traiteurs, les partenaires, c'est ça, aussi ?
26:25 - Alors, pas forcément les agriculteurs.
26:26 Généralement, on s'appuie sur le réseau de fournisseurs de nos traiteurs,
26:29 qui connaissent bien mieux que nous le bassin local.
26:33 Et ensuite, voilà, il faut à la fois trouver des clients
26:36 et trouver l'offre alimentaire,
26:38 pour qu'une fois qu'on a signé un client, on ait en effet des repas à leur proposer.
26:42 - Alors, il y a d'autres défis à relever.
26:44 Par exemple, on parlait de réemploi du verre
26:47 dans le débat de l'émission il y a quelques minutes,
26:50 sur le choix des packagings.
26:52 Qu'est-ce que vous avez fait ? Des emballages, qu'est-ce que vous avez fait ?
26:54 - Bien sûr que le réemploi, en tout cas, est un sujet qui nous anime.
26:57 Je pense qu'aujourd'hui, on a plus de questions que de réponses.
27:01 Ce qui est important de savoir, c'est que Foodle s'est très engagé dans ces sujets,
27:05 dans ces sujets sociétaux, dans ces sujets qui sont liés à l'environnement.
27:09 On a fait le choix de devenir société à mission l'année dernière.
27:13 Et donc, en fait, ça nous tient à cœur de travailler ces sujets-là.
27:17 Et notre ambition, c'est vraiment, en tant que société qui est acteur
27:22 dans le secteur de l'agroalimentaire,
27:25 justement de faire notre part et d'être acteur dans cette transition écologique qui est nécessaire.
27:32 Et ça, bien évidemment, ça passe par le choix des ingrédients,
27:35 qui est d'ailleurs la part la plus importante des émissions de CO2 dans nos rangs.
27:40 - Vous avez fait votre bilan, j'imagine ?
27:41 - On a fait notre bilan en 2020, on a fait notre bilan en 2021.
27:45 Et ce qui est intéressant, c'est qu'on rapporte toutes les émissions de l'entreprise
27:49 à l'échelle du nombre de repas qu'on vend.
27:53 Et pour vous donner un exemple, aujourd'hui, un repas chez Foodals
27:56 a une émission de CO2 qui est inférieure à 500 grammes.
27:58 Et l'idée, c'est de se comparer à d'autres services de restauration,
28:02 que ce soit des cantines traditionnelles, que ce soit le restaurant que vous avez en bas de chez vous,
28:06 que ce soit un repas à domicile.
28:09 Et c'est ça, globalement, notre mission.
28:11 C'est en rendant accessible au plus grand nombre notre service de restauration
28:14 et en montrant que les émissions rapportées au repas sont inférieures à d'autres services de restauration,
28:19 on aura fait notre part du job dans la transition agroalimentaire nécessaire.
28:25 - Merci beaucoup, Miquel Ormanset, et bon vent à Foodals.
28:28 Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:30 Je voudrais remercier toute l'équipe qui m'aide quotidiennement à préparer cette émission.
28:36 Louise Perrin, programmatrice et productrice, assistée de Marie-Milia, le réalisateur, c'est Romain Luc.
28:42 Et au son, c'était Thibault Goury-Lafont. Aujourd'hui, salut !
28:45 [Musique]