Déployer une plateforme collaborative, c’est d’abord définir une vision [Thomas Fauré]

  • l’année dernière
Xerfi Canal a reçu Thomas Fauré, Président fondateur de Whaller, pour parler des plateformes collaboratives.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
Transcript
00:00 Bonjour Thomas Fauré.
00:14 Bonjour.
00:14 Thomas Fauré, vous êtes président fondateur de Waller.
00:17 Waller, c'est une plateforme collaborative en ligne depuis plus de dix ans qui se développe.
00:22 Vous avez de grands comptes parmi vos clients, y compris dans l'enseignement supérieur.
00:27 Thomas Fauré, je vais vous poser une question brutale.
00:31 Est-ce que toutes les plateformes collaboratives en ligne se valent ?
00:34 Certainement pas.
00:35 Elles ne se valent pas, mais pas seulement sur l'aspect technologique,
00:40 pas seulement sur l'aspect purement d'efficacité tel qu'on nous l'impose souvent.
00:46 Vous savez, avant de répondre complètement à votre question,
00:49 j'ai en tête un slogan d'une entreprise bien connue qui fait de la messagerie instantanée.
00:56 C'est en gros « soyez au courant de tout pour être plus efficace ».
01:01 Ça, c'est la culture qu'on veut nous imposer,
01:04 qui n'est pas la culture européenne ni la culture française.
01:07 C'est la culture de l'efficacité, du pragmatisme américain,
01:09 et qui a laissé croire à toutes les entreprises qu'en branchant tous les canaux entre eux,
01:15 les canaux de communication, qu'en permettant que tous les collaborateurs d'une organisation
01:20 soient toujours au courant de tout, toujours dans l'instant présent,
01:24 toujours sollicités, toujours dérangés, ça allait faire quelque chose de productif,
01:30 allait produire probablement des entreprises meilleures,
01:35 où il allait faire mieux vivre, j'allais dire, bon vivre en tout cas.
01:39 Mais c'est faux. Les gens n'en peuvent plus.
01:41 Les gens aujourd'hui, quand vous parlez dans le milieu de l'entreprise en particulier,
01:46 n'ont plus envie d'être au courant de tout, d'être toujours sollicité dans l'urgence,
01:50 avoir l'impression de revenir de congé d'une semaine et de rattraper tous ces flux,
01:56 tous ces messages. On n'a pas envie de ça.
01:58 On avait déjà ce défaut énorme avec, évidemment, un usage intensif de l'email.
02:04 Moi, je crois que les plateformes collaboratives dont nous parlons,
02:08 il y a une autre voie. C'est une voie plus conforme à ce que nous sommes profondément.
02:14 C'est-à-dire qu'humainement, on n'est pas fait pour parler en permanence à 500 personnes,
02:18 recevoir des centaines de messages par jour. On n'est pas fait pour ça.
02:22 On est fait, en revanche, et c'est la valeur ajoutée des personnes,
02:27 on est fait pour la qualité. Et des plateformes collaboratives conçues avec ce prisme de dire
02:34 la qualité avant la quantité, rendre davantage l'utilisateur proactif sur ce qu'il souhaite voir,
02:43 grouper automatiquement toutes les conversations qui ont un trait à un sujet ensemble.
02:48 Ça, c'est une autre façon de concevoir les plateformes collaboratives.
02:52 C'est ce que j'ai fait avec Waller. Évidemment, je ne suis pas le seul.
02:56 Il y a d'autres gens qui réfléchissent et des entrepreneurs qui bâtissent des solutions
03:00 différentes. Alors, on les appelle les alternatives. Moi, vous savez, je n'aime pas trop ce mot.
03:03 Parce qu'on a l'impression, soit que c'est un copycat, copier-coller, beaucoup font ça d'ailleurs,
03:09 ça mène à rien. Ou alors, on a l'impression qu'on est moins bon. Une alternative. Nous,
03:15 Waller, on n'est pas une alternative. On est clairement une proposition différente,
03:18 une proposition conçue dans l'état d'esprit français et l'état d'esprit européen,
03:23 qui est… On le voit bien, on parle de troisième voie numérique, qui est une voie d'abord qui
03:27 protège, qui a envie de protéger les données des utilisateurs, conformément à quoi ? À la
03:32 déclaration universelle des droits de l'homme, le secret des correspondances. Toutes ces choses
03:36 qui font que la technologie, on en fait ce qu'on veut. Et surtout, quand on la construit,
03:42 on en fait faire ce qu'on veut. C'est-à-dire qu'elle induise tout le temps l'usage. Vous voyez
03:47 bien les applications grand public de réseaux sociaux, Facebook, Twitter, TikTok, sont des
03:57 applis qui captent l'attention de façon phénoménale. Les gens n'ont plus une seconde à
04:02 eux. Et on voit même arriver, vous savez, des cures de détox numériques, quand même, on en est là.
04:07 Alors que moi, je crois que l'outil numérique, qui est une matière primaire, il peut être fondé
04:15 à bâtir des solutions, des outils, qui demeurent des outils, et qui n'inservisent pas leurs
04:22 utilisateurs, plutôt qu'ils les servent. Et c'est, voilà, cette conviction que j'ai, et quelque part,
04:27 qui vient renforcer aussi l'idée de dire, on a tant à faire encore sur nos territoires numériques,
04:32 en Europe, de très différents, et de conformes à ce que nous sommes, et finalement de conformes à
04:38 la culture, à la culture que nous formons, voilà, ensemble. Et c'est pas la même culture qu'en
04:44 Chine, au Japon, en Israël, ou je ne sais où. La surcharge informationnelle et l'addiction,
04:49 c'est pas juste une donnée en soi, c'est aussi une arme stratégique pour empêcher d'innover.
04:54 Vous avez absolument raison. Et là, ce que vous proposez, c'est de reprendre le contrôle.
04:58 Je n'aurais pas dit mieux. Merci Thomas Fauré. Merci à vous.
05:01 [Musique]

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