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Transcription
00:00 Les Filles d'Olfa de Cauter Benania, est-ce un documentaire, est-ce une fiction, un peu des deux ?
00:04 C'est justement cette indécision qui fait tout le prix de ce film qu'on a découvert au Festival de Cannes
00:09 et qui montre qu'on peut mentir beaucoup, mais pour arriver à une véritable vérité.
00:14 Olfa a quatre filles, un mari petit, Ayot Eycir, qui est toujours avec elle,
00:20 et un mari grand, Rahma et Fran, tous des vieux.
00:25 Cauter Benania est partie d'un fé d'hiver très célèbre qui a eu lieu en Tunisie il y a quelques années,
00:30 dont deux jeunes filles sont parties pour aller faire le djihad en Libye.
00:34 Cauter Benania a retrouvé la mère de ces deux jeunes filles, qu'elle fait témoigner pour son film.
00:40 Elle demande à une actrice de jouer ce personnage et les confronte à l'image,
00:45 et elle demande aussi aux deux soeurs cadettes qui elles sont restées en Tunisie d'apparaître dans le film,
00:50 de témoigner, de jouer leur propre rôle.
00:52 Et face à elle, elle a engagé deux autres actrices qui vont jouer les rôles des deux jeunes filles
00:57 qui sont parties faire le djihad en Libye.
00:59 C'est à la fois très intéressant dans ce que ça raconte de la forme et du fond,
01:12 et c'est à la fois casse-gueule, parce que le dispositif est extrêmement envahissant.
01:18 Toute la première partie du film consiste déjà à l'expliquer, poser, rationaliser,
01:23 dire aux spectateurs "il y a des acteurs, il y a des vrais gens, et puis on va les faire se rencontrer", etc.
01:27 Ça finit par dévorer le récit d'Olfa.
01:32 Moi c'est ce qui m'a gênée dans le film, le dispositif est tellement envahissant
01:36 que le film devient finalement intéressant, surtout parce qu'il est un documentaire sur son propre tournage,
01:42 sur le travail de la réalisatrice Cauter Benania, plus que sur l'histoire de cette femme.
01:47 Je ne suis pas d'accord, le dispositif est envahissant, mais parce que c'est le sujet même du film,
01:51 c'est ce dispositif, et je trouve au contraire que ce dispositif crée énormément d'émotions,
01:55 et crée beaucoup de surprises. Il y a un programme annoncé dès le début par le film,
02:01 et malgré tout il en s'envoie des choses assez saisissantes.
02:04 Il y a une idée formidable dont je n'ai pas parlé, c'est qu'il y a un seul acteur
02:09 qui interprète tous les personnages masculins du film, ça c'est vraiment une idée formidable.
02:13 Il y a une scène vraiment très très forte dans le film, où il doit reconstituer un épisode
02:17 particulièrement glauque de la vie d'Olfa et de ses filles cadettes, et il ne peut pas jouer,
02:24 c'est-à-dire vraiment c'est trop dur. Et il y a la discussion par rapport aux jeunes filles
02:28 qui elles sont prêtes à faire cette scène, lui ne veut pas.
02:32 On a par ailleurs l'impression d'être quand même beaucoup manipulées,
02:35 parce que le dispositif crée énormément d'émotions, il y a beaucoup de larmes à l'écran,
02:40 moi je trouve moins à ma place de spectatrice, ça tire tellement de pistes,
02:46 comment on fabrique des émotions, comment on fait des choses,
02:49 comment on fait des choses, comment on fait des choses,
02:51 et c'est vraiment un dispositif qui est très très très fort,
02:54 et je trouve que c'est un dispositif qui est très très fort,
02:57 et je trouve que c'est un dispositif qui est très très fort,
03:00 comment on fabrique des images, comment on s'empare de la réalité pour en faire quelque chose,
03:04 ça c'est la partie très théorique, et puis une histoire des femmes en Tunisie,
03:09 une histoire de la violence patriarcale, ce sujet-là qui est extrêmement fort
03:13 se fait voler la vedette en réalité par le film.
03:16 Elle raconte avec beaucoup de franchise ce qu'a été sa jeunesse, son mariage avec le père de ses filles,
03:22 c'est un récit absolument glaçant.
03:24 Ce qui est terrible, c'est sa bascule évidemment,
03:27 c'est comment de victime du patriarcat, elle est devenue gardienne du patriarcat,
03:31 et qu'elle a reproduit, pris à son compte, des violences terribles.
03:36 Dans cette violence intrafamiliale, naît un petit peu l'espoir d'une réconciliation,
03:52 d'une meilleure compréhension entre Olfa et ses filles.
03:55 Et moi je trouve que cette dimension cathartique du film est quand même très très forte.
03:59 Ça aurait pu être quelque chose d'un peu sec, d'un peu trop théorique,
04:02 et il y a quand même une émotion qui déborde de partout dans ce film.
04:05 J'avoue que je suis un peu passée à côté du film,
04:07 que j'ai été dérangée par son dispositif très invasif,
04:10 même si le fond me passionne, je trouve qu'il a été dévoré par la forme.
04:15 Mais voilà, même si pour moi c'est plutôt bof, j'écouterais ça mais je reverrais le film.
04:21 Les filles d'Olfa, de Cauter Benania, c'est vraiment très bien.
04:24 [Musique]
04:27 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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