LVN - COLLOQUE - "Quelles mobilités pour demain?" par Yves Crozet - Vidéo Dailymotion

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Nous avons le plaisir de partager avec vous la 1ère vidéo du colloque Quelles mobilités pour demain? qui s'est tenue Samedi 3 juin 2023 .  Dans cette première partie est abordée la question de la mobilité, exposée par Yves Crozet, spécialiste de l'économie des transports et des services publics, ancien professeur d'économie à Sciences Po Lyon et à l'université Lumière Lyon 2, et chercheur au Laboratoire d’économie des transports (UMR CNRS) du labo d’aménagement et d’économie des transports..

Transcript

00:00:00 Très bien, merci de la présentation, merci de l'invitation pour travailler avec vous

00:00:11 cet après-midi.

00:00:12 Donc sur les mobilités, vous voyez j'ai mis un qualificatif insaisissable.

00:00:17 Insaisissable parce que les mobilités, elles nous filent entre les doigts, nous chercheurs,

00:00:23 que ce soit les décideurs publics, que ce soit les individus, la mobilité est quelque

00:00:28 chose qui est très compliqué.

00:00:30 Pour que vous compreniez bien les choses, tout le monde a le droit de parler de mobilité

00:00:37 et en général tout le monde dit des bêtises.

00:00:41 Exactement comme si tout le monde se mettait à travailler sur la recherche contre le cancer.

00:00:45 Il y a parfois des gens qui le font et qui disent des bêtises.

00:00:48 Quand il s'agit de recherche contre le cancer, moi je ne connais absolument rien et ce sont

00:00:52 les spécialistes entre eux, peut-être ils peuvent se tromper.

00:00:54 Et les transports c'est ça, les transports c'est quelque chose qui est évident, tout

00:00:58 le monde se déplace, tout le monde est en train de parler de mobilité et donc on a

00:01:02 des idées là-dessus.

00:01:03 Et malheureusement, vous allez voir que ces idées ne sont pas… alors est-ce que ça

00:01:08 va avancer là bien sûr ? Mon ami ça a un écran, il ne va pas vouloir travailler, il

00:01:14 ne va pas vouloir avancer.

00:01:15 Voilà, on y est.

00:01:16 Donc l'idée c'est simple, je voudrais en trois temps, puisqu'on a trois petits

00:01:22 quarts d'heure, vous dire pourquoi dans le domaine des transports, les politiques publiques

00:01:27 sont plutôt en échec, plutôt, ce n'est pas toutes en échec mais elles sont plutôt

00:01:30 en échec, mais que néanmoins les choses changent et que notamment dans les mobilités

00:01:34 urbaines, on fait face depuis quelques années, voire décennies, à un très long changement

00:01:39 de paradigme, un très long changement de modèle de réflexion et puis on terminera

00:01:43 par quelques perspectives.

00:01:45 Premier échec des politiques de transport, je suis un petit peu loin de la mobilité

00:01:49 urbaine, c'est le fameux report modal, c'est-à-dire l'idée que les marchandises

00:01:54 pourraient prendre les trains plutôt que de prendre la route.

00:01:57 Vous voyez ce qui se passe en Europe en 96 et en 2016, en 20 ans, la route elle a plutôt

00:02:03 progressé, elle est passée de 47 à 50%, le ferroviaire a régressé à l'échelle

00:02:09 européenne, pas dans tous les pays mais presque, et le transport intérieur par voie d'eau

00:02:17 reste faible.

00:02:18 Si vous regardez le cas de la France, vous l'avez ici, qu'est-ce qui s'est passé

00:02:22 sur le ferroviaire, exactement le contraire de ce qu'avait dit le ministre Guesso qui

00:02:27 en 99 avait dit on est à 55 milliards de tonnes/km, chaque fois qu'une tonne fait

00:02:32 un kilomètre c'est une tonne/km, on va passer à 100 milliards en 2015, c'était

00:02:36 l'an dernier à 30.

00:02:37 Donc c'est un échec patant des politiques publiques, le gouvernement actuel dit on va

00:02:42 doubler la part du frais de ferroviaire, je peux vous dire que ça ne marchera pas, ça

00:02:46 se fera pas, ça sera encore un échec et je ne suis pas le seul à le dire.

00:02:51 Donc voyez là ce que vous avez en bleu, c'est des indices, c'est l'évolution du

00:02:54 frais de ferroviaire en France.

00:02:55 Donc voyez en 2000, c'était la descente aux enfers, heureusement depuis 2011 ça s'est

00:03:02 stabilisé.

00:03:03 Ce qui s'est stabilisé aussi, c'est intéressant, c'est ce qui est en rouge, c'est le trafic

00:03:06 routier de marchandises, vous voyez qu'il augmente légèrement jusqu'à la crise d'Emman

00:03:11 Brothers, il chute brutalement et depuis le transport routier de marchandises en France

00:03:16 est à peu près stable.

00:03:17 Donc ça veut bien dire que nous sommes dans une société post-industrielle où les flux

00:03:23 de marchandises n'augmentent plus de façon démesurée, même si localement ils peuvent

00:03:28 évoluer.

00:03:29 Ça c'est la même chose pour les voyageurs, là vous avez le partage modal pour les voyageurs,

00:03:36 la route en bleu elle a perdu 2 points, elle est passée de 73 à 71% ce qui n'est pas

00:03:41 un grand changement et dans le même temps le ferroviaire qui est en violet, il est pratiquement

00:03:46 resté stable 6,4, 6,6%.

00:03:50 Celui qui progresse beaucoup tout en haut en orange, c'est l'airien.

00:03:53 Donc vous voyez que les politiques publiques à l'échelle européenne avec les livres

00:03:57 blancs des années 90, de 2001, de 2011, la France avec le Grenadier de l'environnement,

00:04:03 tout le monde dit on va faire du report modal.

00:04:04 Et bien le report modal ça ne marche pas.

00:04:07 Donc il faudra chercher un peu pourquoi.

00:04:09 Si je regarde ce qui s'est passé en France, ici vous avez à droite les données de l'Union

00:04:15 Européenne, vous avez tous les pays d'Europe avec la part de la voiture et vous voyez que

00:04:19 dans tous les pays on est à 80% plus ou moins.

00:04:22 La Suisse un petit peu différent, la Suisse a plus de ferroviaires que nous, à peu près

00:04:27 deux fois plus de ferroviaires que nous et un peu moins de voitures.

00:04:30 Et quand on regarde les chiffres c'est pas du tout rassurant parce que les Suisses font

00:04:34 2500 km par an en train et par personne, nous on en fait 1200 en moyenne donc ils sont très

00:04:40 bons en ferroviaire mais dans le même temps comme ils ont des grosses voitures et comme

00:04:46 ils roulent beaucoup de fait, y compris à l'étranger, ils font 20% de kilomètres en

00:04:51 voiture en plus que nous.

00:04:53 Et je ne vous parle pas de l'aérien, enfin si je vous en parle, puisqu'ils font en avion

00:04:57 trois fois et demi plus de kilomètres que nous.

00:05:00 Donc les Suisses ne sont pas du tout un bon exemple.

00:05:02 Ils sont excellents sur le ferroviaire, on pourra les imiter, mais ils ne sont pas du

00:05:05 tout un bon exemple du point de vue de l'environnement.

00:05:07 Les Suédois c'est la même chose.

00:05:09 Les Suédois font autant d'émissions de carbone en avion qu'en voiture alors que

00:05:14 nous nous faisons beaucoup moins.

00:05:16 Et vous voyez à gauche la thèse d'Aurélien Bigaud avec la part modale des voyageurs sur

00:05:22 longue période, vous voyez 1960, on voit la route qui monte puis qui plafonne, le ferroviaire

00:05:26 qui descend puis qui remonte un petit peu et vous voyez les différents modes sont petit

00:05:33 à petit en train de… les modes actifs, vous voyez il faisait 16%, le vélo il est

00:05:38 tombé à 1,6 donc ça va mieux, depuis ça repart, peut-être qu'on va monter à 2,

00:05:43 peut-être à 3, dans les centres-villes on est un peu au-dessus, mais la voiture écrase

00:05:47 tout.

00:05:48 Et en France on a le Grenelle de l'environnement, c'était quand même 2007, c'est déjà

00:05:53 un peu ancien, on a mis beaucoup d'argent dans les transports publics, on a bien fait

00:05:56 de le faire, 22 dans le TGV, 61 dans les transports en commun urbain avec beaucoup de tramways,

00:06:02 de métro dans certaines villes etc.

00:06:04 Tout ça pour faire baisser la part modale de la voiture de 3 points, c'est pas nul.

00:06:08 Mais c'est très en deçà de ce qu'on espérait.

00:06:12 Pourquoi ça ? Parce que ça répondrait à une des questions que les organisateurs m'avaient

00:06:18 posé, est-ce que le train est trop cher ? Alors la réponse c'est ça dépend pour qui,

00:06:24 ça dépend de quand.

00:06:25 Le train est plutôt bon marché, contrairement à ce qu'on raconte, parce que quand vous

00:06:29 prenez un TGV Ouigo, ça vous coûte 3 à 4 centimes du kilomètre.

00:06:34 Là vous regardez à gauche le graphique, vous voyez que la voiture, elle coûte combien

00:06:39 ? Elle coûte 0,26 centimes du kilomètre, ça c'est des chiffres de 2019.

00:06:43 Qui paye ? 22 centimes c'est les ménages, c'est essentiellement les ménages qui payent,

00:06:48 le carburant, la voiture, l'assurance etc.

00:06:51 Les entreprises payent un petit peu parce qu'il y a des voitures d'entreprise et puis

00:06:56 les administrations publiques elles payent un peu parce qu'elles payent les routes.

00:06:58 Vous voyez que c'est essentiel, une voiture vous coûte un peu plus de 20 centimes du

00:07:02 kilomètre, tout compris le prix d'achat, l'essence c'est plutôt 10 centimes.

00:07:06 Mais voyez le TER, à l'usager il ne coûte pas grand chose, il coûte 7 centimes, moins

00:07:12 que la voiture.

00:07:13 Et si vous êtes abonné, le TER c'est 3 centimes, c'est presque gratuit.

00:07:17 Si vous n'êtes pas abonné par contre c'est plus cher, ça peut aller vite à 15 ou 20

00:07:21 centimes.

00:07:22 Mais voyez le TER, les administrations publiques, le TER aux passagers qui le mettent, chaque

00:07:27 fois que vous faites 1 kilomètre en TER, vous coûtez 31 centimes de subvention à

00:07:32 la collectivité.

00:07:33 Donc si vous avez pris le train pour aller à 100 kilomètres de Lyon, vous avez reçu

00:07:38 31 euros de subvention.

00:07:40 Donc le train est très très cher en France pour la collectivité, les subventions au

00:07:47 TER en France c'est 3 fois plus qu'en Allemagne, 3 fois plus qu'en moyenne en Europe parce

00:07:53 que la SNCF coûte cher.

00:07:54 Les transports urbains c'est la même chose, vous voyez que les ménages payent un peu

00:07:58 plus que dans le train en moyenne, parce que c'est des distances plus courtes, 10-11 centimes

00:08:03 du kilomètre et les administrations publiques en payent une partie importante et les entreprises

00:08:08 avec le versement de mobilité, donc la taxe sur les salaires.

00:08:11 Donc on voit que la question de l'attractivité du train n'est pas une question de prix.

00:08:17 C'est la même chose pour les marchandises, vous faites passer 1 tonne sur un camion,

00:08:22 ça vous coûte 2 à 2 fois demi plus cher que de faire passer la tonne sur le train.

00:08:26 C'est pas une question de prix, c'est une question d'efficacité, de fiabilité, de

00:08:30 respect des horaires, etc.

00:08:32 Si vous regardez les TER, voilà une petite carte de l'ART, l'autorité de régulation

00:08:37 des transports, ça vous donne le taux de remplissage des TER.

00:08:40 Vous voyez que quand on est en noir, effectivement on est sur le taux de remplissage élevé,

00:08:47 mais vous voyez beaucoup de bleu.

00:08:48 Tout ce qui est en bleu, c'est des TER où le taux de remplissage est entre 10 et 30%.

00:08:58 Donc le TER, à part des lignes très chargées comme Lyon Saint-Etienne, Marcon-Lyon, etc.

00:09:06 Le TER c'est comme la voiture, c'est 3 sièges vides pour un siège plein.

00:09:10 Et c'est la même chose en Suisse, taux de remplissage des trains en Suisse 2018, 28%.

00:09:17 18% après le Covid, en fin 2021.

00:09:22 Donc vous voyez que le problème d'une train n'est pas une question de prix.

00:09:25 Et on a la même chose pour les transports publics.

00:09:27 Vous voyez les transports publics, ça c'est le déficit public par voyage.

00:09:31 C'est-à-dire que petit à petit les transports publics ont besoin de plus en plus d'argent.

00:09:35 Mon collègue Bruno qui avait fait ça, jusqu'en 2015, vous voyez que dans toutes les grandes

00:09:41 villes, on est passé d'un peu moins de 1,70€ à 1,30€, 1,90€.

00:09:47 Chaque fois que vous faites un voyage en transport collectif, la collectivité a subventionné

00:09:52 à hauteur de 1,30€, 1,90€, etc.

00:09:55 Sauf à Lyon.

00:09:57 Sauf à Lyon.

00:09:58 Quel mystère, quel mya.

00:09:59 C'est le seul cas en France.

00:10:02 On a ça, où le niveau de subvention publique par voyage a baissé légèrement.

00:10:08 Et ça c'est dû à deux raisons de la politique conduite depuis Raymond Barre et M.

00:10:14 Collomb pendant tous ces mandats, et qui se poursuit aujourd'hui il me semble.

00:10:17 C'est de dire d'abord, le prix des tickets, le prix des abonnements augmente comme l'inflation.

00:10:22 Et on ne se laisse pas aller à dire "ah ben non on n'augmente pas les prix, les pauvres

00:10:28 usagers, etc."

00:10:29 Et deuxièmement, des investissements bien ciblés sur la partie Lyon-Ville-en-Banne,

00:10:34 avec des tramways, des métros, etc. qui ont une très forte intensité et qui ont donné

00:10:39 un très bon résultat.

00:10:40 Le résultat c'est que Lyon c'est la ville où le prix des transports publics a le plus

00:10:44 augmenté, voilà.

00:10:45 Donc c'est très mauvais, apparemment très très mauvais.

00:10:49 Mais c'est la ville de France où en 20 ans, la part modale des transports publics a le

00:10:55 plus augmenté.

00:10:56 Et donc aujourd'hui, Lyon-Ville-en-Banne, je prends tous les kilomètres effectués,

00:11:00 la moitié des kilomètres effectués par les voyageurs sont faits en transports collectifs,

00:11:04 25% sont faits en voiture, 25% en deux roues et à pied.

00:11:09 C'est un excellent résultat, on est exactement au niveau de Copenhague ou d'Amsterdam.

00:11:15 La différence c'est qu'ils ont moins de transports collectifs et plus de vélos.

00:11:19 Et quand vous mettez les deux à côté, on est au même niveau.

00:11:22 Un très très bon résultat.

00:11:23 Et ce résultat a été obtenu parce qu'on a investi et on a investi parce qu'on a fait

00:11:27 en sorte que le prix des abonnements, le prix des tickets ne soit pas trop faible.

00:11:33 Donc vous voyez que ça c'est un discours important.

00:11:37 Bien sûr par ailleurs, vous verrez, j'ai fait un certain nombre de papiers qui expliquent

00:11:40 que ça n'empêche pas que les transports collectifs sont en marge dans la gratuité.

00:11:44 C'est-à-dire que globalement, en moyenne, plus ça va, plus les subventions publiques

00:11:49 représentent une part importante des recettes des transports collectifs, on en est aujourd'hui

00:11:54 à plus de 70%.

00:11:55 Et financièrement, j'avais fait des rapports pour le Citral pour ça et aussi pour la région

00:12:00 parisienne, financièrement on peut le payer.

00:12:02 Vous voulez faire la gratuité des transports à Lyon ? Pas de problème, l'argent existe,

00:12:06 vous pouvez le trouver.

00:12:07 Est-ce que ça va attirer plus de monde dans les transports ? La réponse est non.

00:12:10 La réponse est, vous aurez du monde dans les transports si vous avez des transports

00:12:14 de qualité, si vous avez de la fréquence, de la fiabilité, etc.

00:12:17 Et ça vous pouvez très bien l'avoir avec un système de tarification différent de

00:12:22 Lyon, par exemple Strasbourg a un très bon système de tarification, tarification solidaire,

00:12:27 c'est-à-dire que tout le monde paye 9€ par mois pour prendre tous les transports

00:12:30 collectifs de Strasbourg si le quotient familial est faible.

00:12:33 Si votre quotient familial est élevé, c'est 50€ par mois.

00:12:38 Et si la maire de Strasbourg disait « on met les transports gratuits », elle ferait

00:12:44 des cadeaux aux riches.

00:12:45 Voilà ce que ça veut dire.

00:12:47 Les transports gratuits dans une ville comme Gap, Châteauroux, Lens, Castres où les transports

00:12:53 sont gratuits, ça ne me pose aucun problème.

00:12:55 Parce qu'il y a quelques lignes de bus utilisées essentiellement par les scolaires,

00:12:58 les captifs, des personnes sans permis, on peut faire gratuit, ça ne me pose aucun problème.

00:13:03 Mais à Lyon, les transports gratuits, ça veut dire que vous perdez 60% des recettes

00:13:08 actuellement et donc ça veut dire qu'après vous ne pourrez pas investir.

00:13:10 Voilà ce que ça signifie concrètement.

00:13:13 Donc la gratuité à Lyon ou à Paris, ça serait faire un cadeau aux riches.

00:13:18 Mais ce qu'il faut faire c'est une tarification solidaire.

00:13:22 Ni Paris ni Lyon pour l'instant n'ont pas mis en place.

00:13:24 C'est quelque chose auquel il faut arriver.

00:13:26 Elle existe à Nantes, elle existe à Clermont-Ferrand.

00:13:28 Donc on a des systèmes de tarification en fonction des revenus.

00:13:31 Regardez ce que ça coûte.

00:13:34 Vous voyez, en moyenne, on a ici un paradoxe, c'est que l'Île-de-France c'est un lieu

00:13:40 où c'est très très bon pour les transports collectifs.

00:13:42 Il y a du monde, il y a de la densité, il y a du trafic, etc.

00:13:45 Eh bien le R-D, vous voyez, le recette commerciale moins les dépenses, ça veut dire que les

00:13:53 dépenses c'est 2 euros par passager en plus des recettes en Île-de-France.

00:13:58 Alors que ce soit 3 euros tout en bas dans les petites villes, on comprend.

00:14:02 Il faut faire tourner des bus qui sont vides, on comprend.

00:14:04 Dans les très grandes agglomérations, on est à 0,96.

00:14:07 Là aussi c'est normal que ce soit plus faible puisqu'il y a plus de densité.

00:14:10 À Paris, 2 euros.

00:14:11 Donc il y a un surcoût de Paris.

00:14:13 SNCF et RATP, ça surcoûte.

00:14:16 Ça évidemment c'est un peu compliqué à entendre.

00:14:19 Dernier échec des politiques de transport, il y en aurait d'autres, c'est bien sûr

00:14:23 les émissions de CO2.

00:14:24 Ce que vous avez en bleu, on ne va pas regarder, c'est les émissions de CO2 de la France

00:14:29 depuis le protocole de Kyoto.

00:14:30 En jaune c'est les transports.

00:14:32 On était à 124 millions de tonnes.

00:14:34 Quand on a signé Kyoto en 92, on a dit on est à 124 pour les transports, on sera à

00:14:39 100 en 2001.

00:14:41 Vous voyez, 137.

00:14:42 On est en passant 129.

00:14:44 Donc on est complètement en dehors des clous.

00:14:46 On s'est engagé en 92, malgré le grenel de l'environnement, malgré tous les discours

00:14:51 et toutes les études que nous chercheurs on a fait sur la décarbonation, on n'y est

00:14:54 pas.

00:14:55 Alors maintenant il y a de nouveaux horizons, mais on va voir que ça va être compliqué.

00:15:00 Donc voilà, là on a un peu remis en cause un certain nombre d'idées sur les transports.

00:15:09 Est-ce que les choses ont quand même changé ? Oui, les choses ont changé dans la mobilité

00:15:14 urbaine, mais on va voir que ça va doucement.

00:15:16 Alors je commence d'abord par rappeler quelque chose.

00:15:18 Si les choses ont beaucoup de mal à changer, c'est parce que les transports ne sont pas

00:15:22 la mobilité.

00:15:23 Les transports c'est une des composantes de la mobilité.

00:15:26 La mobilité c'est trois composantes.

00:15:28 Les déplacements pour réaliser des activités à une localisation particulière.

00:15:34 Et ce qui a changé par rapport à nos ancêtres il y a 100 ans, c'est pas le nombre de déplacements,

00:15:40 c'est toujours 3 à 4 déplacements par jour.

00:15:43 C'est la portée des déplacements.

00:15:45 C'est-à-dire que nous nous déplaçons, nous pouvons aller au travail en faisant facilement

00:15:49 15 ou 20 kilomètres, voire plus.

00:15:51 Et donc c'est ça, cette fringale-là, la hausse des revenus, la hausse des vitesses,

00:15:58 on va voir exactement, a permis de diversifier fortement la localisation.

00:16:04 Vous pouvez habiter là, travailler là-bas et puis avoir votre club de gym à un autre

00:16:09 endroit où l'école des enfants est là, donc il faut les emmener à l'école, après

00:16:13 il faut aller au travail, etc.

00:16:14 Et donc les transports nous ont offert des marges de manœuvre absolument colossales.

00:16:20 Un de mes collègues Jean-Pierre Givlin disait "les transports sont là pour régler des

00:16:25 problèmes de rang supérieur".

00:16:26 C'est-à-dire que quand vous avez des enfants, un conjoint, des fois ça arrive, il faut

00:16:30 d'abord que les enfants, on les prenne à l'heure chez la nounou ou à l'école,

00:16:35 il faut être à l'heure au bureau, il faut trouver un logement abordable où c'est

00:16:39 pas trop cher, donc parfois il faut s'éloigner de là où on travaille, et bien les transports

00:16:43 sont là pour régler le problème.

00:16:45 Et les politiques publiques depuis 40 ans ont été faites comme ça.

00:16:49 On va vous donner des transports qui vous permettront de régler tous les autres problèmes.

00:16:54 C'est ça le cœur des politiques, même M.

00:16:57 Hollande, M.

00:16:58 Macron a dit "il faut s'orienter vers la mobilité quotidienne", mais c'est toujours

00:17:01 l'idée.

00:17:02 On va vous offrir des solutions pour qu'avec les transports vous puissiez faire tout ce

00:17:06 que vous avez envie de faire, et c'est peut-être ça que la sobriété va remettre en cause.

00:17:11 Alors voyez ce qui s'est passé depuis 1960, c'est toujours des travaux d'Aurélie

00:17:15 Baudot, et bien voyez que la demande de transport a été multipliée par 4,7.

00:17:19 Donc on se déplace, vous et moi en moyenne, nous par rapport à nos ancêtres, 1960, moi

00:17:26 en 1960 j'avais pas encore le permis de conduire, donc 4,7, et les émissions de CO2 presque

00:17:31 autant, 4,2.

00:17:32 Pourquoi elles ont fait que 4,2, malgré une efficience des moteurs qui s'est améliorée

00:17:38 de 37%, 0,63, et une intensité carbone qui fait qu'on a utilisé un peu d'électrique

00:17:44 pour le train, les tramways etc.

00:17:47 0,90, une petite amélioration, tout simplement parce que le partage modal s'est fait dans

00:17:52 le mauvais sens, c'est à dire qu'on a quitté les modes peu émetteurs pour aller

00:17:57 vers des modes plus émetteurs, dont l'avion, et le taux de remplissage a baissé.

00:18:01 Donc on est passé de 2 personnes par véhicule en moyenne en 1980 à 1,46 aujourd'hui.

00:18:07 Donc tout ça parce qu'il y avait de l'aisance, on pouvait prendre sa voiture, on pouvait

00:18:12 avoir 2 voitures dans le ménage, on pouvait prendre sa voiture pour faire des courses,

00:18:16 et voilà le résultat qu'on appelle l'effet revenu ou le couplage, c'est à dire que

00:18:22 la mobilité augmente exactement comme le revenu.

00:18:26 Dis-moi combien tu gagnes et je te dirai combien tu fais de kilomètres.

00:18:29 Et ça, ça marche à l'échelle mondiale.

00:18:32 Donc vous voyez que là, vous avez le produit intérieur brut en rouge, en bleu clair vous

00:18:38 avez le trafic domestique, alors on pourrait dire "ah mais attendez depuis 2000 et 2002

00:18:43 là vous voyez, trafic domestique est plafonne".

00:18:45 Ben non parce que quand vous rajoutez le trafic international, ça augmente aussi vite.

00:18:49 Donc on est bien sur une mécanique qui est liée fondamentalement au revenu.

00:18:55 Et le chiffre, alors ce graphique va vous faire des cauchemars, c'est en échelle de

00:19:01 gauche, c'est le nombre de kilomètres par an en voiture, vous voyez 9500 c'est en millier,

00:19:06 en voiture on était à 9500, on est monté en 2002 à presque 11000 et depuis ce qu'on

00:19:12 appelle le "peak car", le plafonnement du trafic automobile, idem en Angleterre, idem

00:19:16 en Allemagne, idem aux Etats-Unis, dans tous ces pays, les distances parcourues en voiture

00:19:21 plafonnent.

00:19:22 Je ne dirais pas qu'elles baissent, mais elles ont baissé, vous voyez elles ont augmenté

00:19:26 en 2014 quand le prix des carburants a baissé, mais elles plafonnent.

00:19:29 Le train, ben le train il a connu une belle progression mais là c'est l'échelle de

00:19:33 droite.

00:19:34 Donc on était parti aux alentours de 750 km par an et par personne en 1995 et on est

00:19:41 monté à à peu près 1200 km par an et par personne, mais ça plafonne aussi.

00:19:45 Alors ça va beaucoup mieux d'après Covid, mais jusqu'au Covid, le trafic ferroviaire

00:19:50 en France, pas terrible.

00:19:51 Et celui qui a explosé, c'est bien sûr le transport aérien, échelle de droite aussi

00:19:56 et vous voyez qu'en 1990 on faisait à peu près 1000 km par an et par habitant en avion

00:20:02 et on est passé à 2500 km par an.

00:20:03 Alors ça s'est effondré avec le Covid, mais on est pratiquement en train de revenir.

00:20:06 Donc vous voyez que l'europort modal ça marche, mais ça marche pas du tout dans le

00:20:11 bon sens.

00:20:12 Donc le principe de substitution, l'idée de dire "ah ben on va mettre un voyageur

00:20:17 de plus dans les trains, ça va faire moins de monde en voiture", ça ça ne marche pas.

00:20:20 Ce qui vaut c'est le principe d'addition.

00:20:23 Ça peut marcher localement, entre Lyon et Paris on a fait un TGV, ça ça a diminué

00:20:27 le trafic aérien Paris-Lyon, un petit peu.

00:20:30 Mais globalement ça n'a pas du tout diminué le trafic aérien à Saint-Exupéry qui n'a

00:20:34 cessé d'augmenter.

00:20:35 Donc le principe c'est l'addition.

00:20:37 Un mode de transport se développe, mais les autres se développent aussi.

00:20:40 C'est le cas aussi de la Suisse que je vous ai présenté tout à l'heure.

00:20:43 Donc on a un effet rebond lié au revenu.

00:20:45 Le revenu fait que quand on a de l'argent, d'une façon ou d'une autre on se déplace.

00:20:49 Alors même si on dit "ah ben non, aujourd'hui je ne vais pas prendre ma voiture", et puis

00:20:53 à la fin de la semaine il y a un copain qui vous téléphone "ah on va se faire un petit

00:20:56 week-end à Rome, allez hop, ils y jettent et on est partis".

00:20:59 Donc le premier effet rebond, le revenu.

00:21:03 Deuxième effet rebond, la vitesse.

00:21:05 Alors prenons un exemple simple, voilà quelqu'un qui doit aller travailler et il se donne un

00:21:09 petit jeton de 8 heures par jour pour aller travailler.

00:21:12 Et il faut qu'il aille travailler, parce qu'il n'habite pas sur son lieu de travail.

00:21:15 Donc il y a une distance à parcourir.

00:21:17 Et cette distance pour la parcourir, il a une certaine vitesse.

00:21:20 Donc il a un temps passé dans le transport, mettons une demi-heure allée, une demi-heure

00:21:24 retour, ça fait une heure et il lui reste 7 heures ou 8 heures pour travailler.

00:21:28 Voilà comment le système se met en place.

00:21:30 Supposons qu'à cette personne on lui mette un train beaucoup plus efficace pour aller

00:21:35 au travail, un tramway ou une autoroute.

00:21:38 Voilà ce qui se passe, la vitesse augmente, il peut aller plus vite.

00:21:44 Donc le sens commun, le sens commun c'est ça.

00:21:47 C'est-à-dire que puisque j'ai une vitesse accrue, je vais passer moins de temps dans

00:21:50 les transports et j'aurai du temps libre le petit bar bleu qui est en haut.

00:21:55 Quand on a ouvert la ligne B du métro à Lyon, il y avait une publicité, vous vous

00:21:58 en souvenez peut-être, on voyait quelqu'un qui était un étudiant sans doute, une étudiante

00:22:02 qui était assise dans un espace vert, c'était soit le parc de la Tête d'or soit celui

00:22:06 de Gerland, il y avait marqué "qu'allez-vous faire du temps que vous allez gagner".

00:22:11 Et le sens commun c'est de dire "parniente", je vais rester plus à la maison, je vais

00:22:16 m'occuper des enfants, je vais lire, surtout pour regarder la télé, je vais me cultiver.

00:22:22 Et bien non, c'est pas comme ça que ça marche. Ce qui marche c'est ça.

00:22:25 Puisque je vais plus vite, je vais plus loin.

00:22:28 Et comme je vais plus loin, je passe au moins le temps de transport, voire plus dans le

00:22:33 temps de travail, voire plus.

00:22:35 Parce que si cette distance me permet d'aller dans un travail plus intéressant, plus motivant,

00:22:39 je vais peut-être travailler plus pour gagner le temps, enfin plus.

00:22:46 Aux États-Unis, c'est pas du tout connu, aux États-Unis le temps de travail moyen

00:22:50 des Américains augmente depuis 20 ans.

00:22:52 Le temps de travail augmente, peut-être pour gagner plus, peut-être parce qu'ils sont

00:22:56 très mal payés pour certains.

00:22:58 Mais l'idée c'est qu'il y a un effet rebond, exactement comme avec les ordinateurs.

00:23:03 Vous avez une télé, et bien si vous commencez à regarder la télé le soir, vous risquez

00:23:07 de vous coucher plus tard, parce qu'il y a une telle offre.

00:23:10 Alors vous allez regarder un truc, puis à la fin "ah bah on va voir les nouvelles",

00:23:13 puis après "ah bah non, on va regarder tout de suite l'épisode 2", etc.

00:23:16 Et donc finalement, on vous achète une télé, votre consommation de télé va augmenter,

00:23:21 parce que tout simplement il y a une offre et puis une diversité.

00:23:23 Ça c'est ce que nous économistes on appelle la préférence pour la variété.

00:23:26 Ça c'est très compliqué de gérer ça avec la sobriété.

00:23:29 C'est-à-dire que comment faire pour remettre en cause la préférence pour la variété ?

00:23:35 Le fait de dire "ah non, je décide de ne pas aller en vacances avec les copains à Rome,

00:23:40 on va aller au parc de la tête d'or pour une après-midi".

00:23:44 Une fois c'est bien, mais tous les week-ends, c'est compliqué.

00:23:47 C'est ça qui est compliqué avec les transports.

00:23:49 Voilà donc résultat des courses, en moyenne nous faisions 45 km par jour en une heure de temps.

00:23:57 Donc nous nous déplaçons en moyenne à 45 km/h, tout mode confondu.

00:24:02 Donc on fait 10 fois plus de kilomètres que nos ancêtres il y a 100 ans,

00:24:05 et on a eu à la fois la vitesse physique qui a augmenté,

00:24:09 et ce que j'appelle la vitesse économique, c'est-à-dire le pouvoir d'acheter de la mobilité.

00:24:12 Et pour les marchandises c'est la même chose.

00:24:14 Chaque jour, nous consommons vous et moi en moyenne 140 kg de marchandises qui ont fait 100 km.

00:24:21 Si on fait la moyenne des centaines de milliards de tonnes/km qui circulent en France,

00:24:26 la moyenne c'est ça, 140 kg par jour, parce que nous sommes dans une société hyper industrielle.

00:24:32 Bien sûr, de plus en plus de services, mais ce qui se passe c'est qu'on consomme du verre, du béton,

00:24:38 des produits alimentaires bien sûr, des voitures etc.

00:24:42 Et tout ça, ça pèse.

00:24:45 Voilà, donc on se rend compte que le changement de paradigme dont je vous ai parlé,

00:24:51 c'est que les politiques publiques se révèlent obsolètes.

00:24:54 Et ça c'est très intéressant parce que quand on regarde M. Macron,

00:24:57 il a senti ça mais il n'a pas compris.

00:25:00 C'est dur, c'est dur pour lui de comprendre ça.

00:25:02 D'abord il faut comprendre qu'il a 500 dossiers à traiter par jour,

00:25:05 les transports pour lui c'est le peanuts quoi.

00:25:08 C'est un truc, voilà, si on peut faire plaisir,

00:25:10 oui tiens je vais mettre des trains de nuit, ça va faire plaisir aux associations,

00:25:13 lui il s'en tape, les trains de nuit.

00:25:15 Donc les politiques c'est quoi ?

00:25:19 Les politiques publiques c'est autrefois de dire on va démocratiser la vitesse.

00:25:23 On va vous faire des routes, on va vous faire des autoroutes,

00:25:25 on va mettre des TGV partout dans le grenade de l'environnement,

00:25:28 on va faire 4500 km de ligne TGV nouvelle.

00:25:31 Cela on s'est arrêté à 600.

00:25:32 Le transport aérien, voilà, etc.

00:25:35 L'idée c'était ça.

00:25:36 Et quand M. Macron a fait son discours le 1er juillet 2017 en disant

00:25:39 "Ce n'est plus l'heure de tels projets TGV".

00:25:43 C'est extrêmement courageux de dire ça.

00:25:45 De dire, voilà, on vient d'ouvrir 4,

00:25:47 le grenade de l'environnement a lancé 4 lignes TGV,

00:25:50 on en ouvre 2 aujourd'hui, vers Bordeaux et vers Rennes,

00:25:52 ce n'est plus l'heure de faire ça.

00:25:54 Le problème je peux vous le dire c'est que le discours c'est pas lui qui l'a écrit.

00:25:58 C'est Julien mon copain.

00:26:00 Et Julien il était le bras droit de M. Pépi.

00:26:03 Donc c'est la SNCF qui a écrit le discours,

00:26:06 parce que la SNCF à l'époque elle avait peur de perdre de l'argent sur Paris-Bordeaux.

00:26:10 Et qu'elle ne voulait pas de nouvelles lignes ferroviaires.

00:26:12 Donc il n'a pas compris ce qu'il disait.

00:26:14 Et il n'a pas compris qu'en disant

00:26:17 "Maintenant il faut donner la priorité à la mobilité quotidienne",

00:26:20 il fallait dire pourquoi ce n'est pas le bon moment de faire,

00:26:24 pourquoi il faut arrêter de faire des lignes TGV, peut-être en faire une,

00:26:27 mais pourquoi l'objectif n'est plus de faire 4000 km de lignes TGV nouvelles,

00:26:31 tout simplement parce que l'objectif n'est plus de donner de la vitesse.

00:26:35 Et c'est pour la même raison qu'on ne fait plus des autoroutes Toulouse-Castre.

00:26:39 Ça montre bien qu'il n'a rien compris.

00:26:41 Faire une autoroute entre Toulouse et Castre aujourd'hui,

00:26:43 c'est ne pas comprendre qu'il ne s'agit plus de donner de la vitesse.

00:26:47 Peut-être faire des aménagements entre Toulouse et Castre,

00:26:49 il y a des contournements routiers à faire autour des agglomérations

00:26:51 pour les protéger des petites villes,

00:26:53 mais donner de la vitesse, c'est ça qu'on a beaucoup de mal à comprendre.

00:26:58 Donc ça c'est le changement de paradigme qui est important.

00:27:02 Et de dire que le but du jeu n'est pas qu'il y ait toujours plus de monde dans tous les transports,

00:27:07 qu'il y ait toujours plus de monde dans les bus, dans les trains, dans les avions, etc.

00:27:11 Ce n'est pas forcément une bonne chose d'avoir toujours plus de trafic.

00:27:15 Parce que si on fait ça, on aiguise,

00:27:17 alors ça maintenant je parle des zones urbaines,

00:27:18 on aiguise le conflit entre la logique individuelle, voire individualiste,

00:27:23 la rareté du temps, et le temps est pour nous la chose la plus rare,

00:27:28 parce que les journées n'ont que 24 heures,

00:27:31 je vous cite juste un chiffre pour que vous compreniez,

00:27:34 le temps libre dont nous disposons a été multiplié par 4 depuis un siècle.

00:27:38 C'est-à-dire qu'en moyenne, c'est ce que dit Jean Biard,

00:27:41 nous avons dans une vie 400 000 heures de temps libre,

00:27:45 pour à peu près 60 000 heures de travail.

00:27:47 Et puis après le reste il y a le sommeil, le son aux enfants, etc.

00:27:50 400 000 heures de temps libre.

00:27:51 Nos ancêtres en 1900, c'était 100 000 heures de temps libre dans une vie

00:27:55 pour 120 000 à 150 000 heures de travail.

00:27:57 Donc nous sommes dans la société du temps libre.

00:28:00 Mais la société du temps libre est la société du temps rare.

00:28:04 Parce que pendant que notre temps libre a été multiplié par 4,

00:28:08 le revenu par habitant a été multiplié par 12.

00:28:12 C'est-à-dire que nous avons trois fois plus de revenus

00:28:15 par unité de temps disponible.

00:28:17 Ça, ça s'appelle l'abondance, l'opulence.

00:28:19 Et c'est ça qu'il faut gérer.

00:28:21 Comment gérer une situation où on a le choix entre 36 activités,

00:28:26 parce qu'on a les moyens d'y accéder.

00:28:29 Or, le temps est rare.

00:28:32 La rareté du temps est la chose fondamentale pour les individus aujourd'hui.

00:28:37 Je parle d'individus avec un revenu correct.

00:28:38 Évidemment, si vous êtes clochard, les choses sont différentes.

00:28:43 Et la logique collective, c'est aujourd'hui la rareté de l'espace.

00:28:47 C'est-à-dire que si vous voulez permettre à tout le monde

00:28:49 de rouler en voiture très vite dans Lyon,

00:28:51 il faut mettre des autoroutes partout.

00:28:53 Et puis plus vous mettez d'autoroutes, plus il y aura de voitures.

00:28:55 Il y aura encore de la congestion.

00:28:56 Donc il faut dire "désolé, on arrête".

00:28:58 Et on a démoli l'autopont qui va vers Grenoble.

00:29:01 On a rétréci les voiries.

00:29:03 On a partout, dans toutes les villes de France,

00:29:05 depuis une vingtaine d'années, les élus ont compris

00:29:08 qu'il faut arrêter la fuite en avant de toujours plus de voiries

00:29:11 et que c'est le contraire qu'il faut faire.

00:29:13 Il faut réduire la voirie et la partager autrement avec des vélos,

00:29:16 les piétons, etc.

00:29:17 Donc le nouveau paradigme est là.

00:29:20 Il est centré sur l'organisation des espaces publics.

00:29:23 Donc la question clé n'est plus le mode de transport.

00:29:26 Et surtout pas se battre en disant "moi je suis pour le tramway,

00:29:29 moi je suis pour les vélos, moi je suis pour les voitures".

00:29:31 La question c'est de dire comment je vais partager l'espace public

00:29:35 et pour quelle organisation sociale je partage l'espace public.

00:29:38 Autrement dit, où est-ce que je vais plutôt ne mettre que du piéton,

00:29:41 où est-ce que je vais mettre du vélo en quantité ?

00:29:44 Est-ce que le vélo, alors ça sera un débat peut-être avec la question

00:29:47 du programme actuel de la métropole de Lyon,

00:29:50 est-ce qu'on fait des autoroutes à vélo qui vont assez loin ?

00:29:53 En se disant qu'en vélo on peut faire plus que deux kilomètres,

00:29:56 on peut faire plus si on donne des espaces jusqu'où on les emmène,

00:29:59 est-ce qu'on fait du tramway, etc.

00:30:01 L'intérêt du tramway c'était de prendre de la voirie à la voiture.

00:30:06 Rappelez-vous à Lyon le débat entre ceux qui voulaient continuer des métros partout

00:30:11 et M. Vare, enfin M. Philippe, puis bien sûr M. Collomb qui ont dit "non, on arrête,

00:30:17 on va faire quelques prolongements de métro, mais l'essentiel c'est le tramway".

00:30:20 Et du tramway, en site propre, qui prend de la voirie aux automobiles ?

00:30:24 Ça c'est le changement de paradigme qu'on a vu depuis…

00:30:28 Donc voilà, la question clé devient l'accessibilité,

00:30:32 on en finit avec la recherche de vitesse, l'intérêt du tramway c'est qu'il est lent

00:30:36 par rapport au métro, parce qu'il est dans le trafic,

00:30:38 17-18 km/h de vitesse commerciale, à peu près comme un bus,

00:30:43 mais la différence du bus c'est que ces voies de tramway,

00:30:46 personne ne les utilise avec sa voiture, même quand il y a des grèves.

00:30:50 Alors que si vous avez des grèves, les voies de bus après elles sont utilisées.

00:30:54 Donc il y a un respect du fait.

00:30:56 Les vélos les utilisent, ça c'est sûr, mais les voitures ne les utilisent pas.

00:31:00 Limiter la vitesse de la voiture, faire en sorte que la voiture aille moins vite,

00:31:04 et ça c'est fait partout, y compris dans les périphéries,

00:31:07 donner de l'espace à d'autres mobilités, à d'autres activités, donc ça c'est…

00:31:11 Et bien sûr se défier des sirènes qui nous promettent des gains de temps.

00:31:13 Donc se défier des discours "on va avoir des taxis volants",

00:31:17 bon faut arrêter, ça n'a pas de sens.

00:31:20 Les taxis volants, ça peut marcher techniquement,

00:31:22 mais ça peut déraviler quelques centaines de personnes.

00:31:25 Il y a trois ans, un gars des Éco, un journaliste m'appelle en me disant

00:31:29 "qu'est-ce que vous pensez des taxis volants pour les Jeux Olympiques ?"

00:31:32 Je lui ai dit "c'est une chimère".

00:31:34 Mais tout le monde me dit qu'ils sont tous pour,

00:31:36 l'RATP est pour, le Cojo est pour, etc.

00:31:39 Je leur dis "c'est parce que c'est tournesol au pays des transports".

00:31:41 Ils n'ont rien compris.

00:31:43 Un taxi volant, ça prend une place folle au sol, avec un débit nul.

00:31:48 Parce que vous mettez deux personnes dedans,

00:31:50 il faut le faire atterrir à Roissy en deux personnes.

00:31:54 C'est complètement débile.

00:31:55 Pour aller monter à Roissy, il faut un train avec plusieurs milliers de passagers.

00:31:59 Donc vous voyez, tous les discours qu'on appelle "techno-optimistes",

00:32:04 les trains hyper-loups, délire, on plaît.

00:32:07 Les avions supersoniques, on vous promet de la vitesse en plus.

00:32:11 Et ce n'est pas de la vitesse qu'il faut promettre,

00:32:14 il faut leur dire "non, vous aurez de l'accessibilité,

00:32:17 mais une accessibilité qui ne sera pas donnée forcément par la vitesse".

00:32:20 Alors je vous montre ça,

00:32:21 c'est une carte d'accessibilité qu'on a faite il y a quelques années

00:32:23 avec mes collègues du Lettre, il y a leur nom en bas.

00:32:26 C'est en heure creuse,

00:32:32 vous êtes en voiture,

00:32:33 combien d'emplois sont accessibles ?

00:32:35 Alors ce n'est pas le nombre d'emplois, mais c'est un indicateur.

00:32:38 Donc vous voyez, quand vous êtes supérieur à 125,

00:32:41 ça veut dire que vous avez l'accessibilité la plus forte en voiture.

00:32:45 Alors que si vous êtes vers la vertière,

00:32:47 votre accessibilité voiture n'est pas terrible.

00:32:49 Pourquoi ? Alors qu'on est en heure creuse.

00:32:52 C'est parce que les emplois sont au centre.

00:32:54 Les emplois sont dans la zone noire,

00:32:56 c'est là qu'il y a beaucoup d'emplois.

00:32:58 Donc en voiture, si vous pouvez aller très vite de là où vous habitez,

00:33:01 par exemple, les points jaunes, c'est les entrées et les sorties d'autoroutes.

00:33:04 Et là c'est parfait.

00:33:06 Donc vous achetez un logement, vous vous allez vous loger,

00:33:10 vous vous dites "oh c'est génial, là je suis près de l'autoroute,

00:33:13 j'ai un accès à l'emploi, super, pour aller au boulot en 10 minutes le matin".

00:33:17 Le problème c'est la même chose en heure de pointe.

00:33:20 Vous voyez, en heure creuse, accessibilité géniale.

00:33:23 En heure de pointe, on a des bouchons.

00:33:25 Donc l'accessibilité s'effondre.

00:33:28 Et ce qui s'est passé, notamment dans l'agglomération lyonnaise,

00:33:31 mais dans beaucoup d'endroits aussi, mais Lyon l'a fait plutôt bien,

00:33:34 c'est ça.

00:33:35 C'est de dire "nous ce qu'on va vous proposer,

00:33:37 c'est une accessibilité très forte en heure de pointe,

00:33:40 avec les transports collectifs".

00:33:41 Là vous avez les principaux réseaux de tramway et de métro qui sont en blanc.

00:33:45 Et donc là, on vous dit "voyez, en heure creuse,

00:33:48 voilà l'accessibilité que vous avez en voiture,

00:33:50 et vous voyez qu'elle est toujours meilleure proche des autoroutes".

00:33:53 Parce que là, ici, on voit des axes où on va plus vite.

00:33:58 Mais voyez, en centre, transport collectif, ça c'est quand même terrible.

00:34:01 Vous avez un très très bon accès.

00:34:02 Et comme il y avait un train à la verpillère,

00:34:04 l'accès depuis la verpillère est bien meilleur qu'entre la verpillère et Lyon.

00:34:09 Donc voilà ce qui s'est passé.

00:34:10 Et il y a une petite carte qui résume ça, qu'on a fait.

00:34:12 Ça c'est le Grand Lyon.

00:34:14 La métropole de Lyon, enfin là ils étaient un peu moins nombreux,

00:34:17 ils étaient 55 communes je crois.

00:34:20 Donc les petites cases, c'est 500 mètres sur 500 mètres.

00:34:25 Les cases bleues, c'est les cases où si vous voulez accéder à l'emploi,

00:34:29 c'est plus rapide d'y aller en voiture.

00:34:31 Et vous voyez que c'est le long des autoroutes,

00:34:34 qui sont en rouge.

00:34:35 Et les cases roses ou roses claires,

00:34:37 c'est les cases où il vaut mieux prendre le transport collectif.

00:34:40 La politique menée à Lyon depuis 20 ans a consisté à rosir le territoire.

00:34:46 Vous voyez aucun lien politique bien sûr.

00:34:48 C'est-à-dire de faire en sorte que vous voulez vous déplacer dans Lyon pour aller au travail,

00:34:53 prenez le transport collectif, la voiture ce sera très compliqué.

00:34:57 Et il faut que ça le reste.

00:34:58 Donc il ne faut surtout pas,

00:35:00 je pense à mon ami Denis Bourliquier qui était candidat aux élections, la maire du deuxième.

00:35:05 Comme je l'ai connu plus jeune, il était venu me voir avant les élections en me disant

00:35:08 "J'ai un super projet, on va enterrer le tunnel,

00:35:12 après le tunnel de Frobillard on va faire un super tunnel sous le...".

00:35:16 Je lui ai dit "Mais t'as rien compris, il ne s'agit pas de donner de la vitesse aux voitures,

00:35:20 ça c'est une réaction automobiliste,

00:35:22 c'est pas du tout une réaction collective".

00:35:23 Donc voilà un petit peu ce qui s'est passé dans l'agglomération lyonnaise.

00:35:28 Le problème c'est que rien n'est simple.

00:35:31 Rien n'est simple parce que dans le même temps,

00:35:33 on a amélioré l'accessibilité au centre, ce qu'on vient de voir.

00:35:36 Mais qu'est-ce qui se passe en périphérie ?

00:35:38 Et en périphérie, je vous le donne,

00:35:40 voilà ça c'est 1968, je crois, c'est la dernière fois que je vous le dis,

00:35:43 ah oui 68,

00:35:45 c'est la distance moyenne pour aller au travail

00:35:47 pour les habitants de toutes les communes de la zone.

00:35:50 Les communes en blanc elles ne sont pas connues.

00:35:53 Vous voyez qu'on est entre 0 et 5 km.

00:35:55 Et voilà la même carte pour 2011.

00:35:58 Ça s'appelle l'étalement urbain, la dispersion.

00:36:01 Donc tous ceux qui habitent dans la plaine de Lens,

00:36:03 où vous voyez tout en haut du département du Rhône,

00:36:06 là-bas presque dans la zone éloire,

00:36:08 vous avez des grosses tâches rouges,

00:36:10 et ça veut dire que c'est des gens qui font entre 20 et 25 km pour aller au travail.

00:36:13 Voilà ce qui s'est passé.

00:36:14 Et le problème aujourd'hui de la mobilité, c'est celui-ci.

00:36:17 C'est pour ça que je vous dis qu'elle nous file entre les doigts.

00:36:19 Parce que les politiques ont été excellentes sur la partie Lyon-Villeurbanne,

00:36:22 voir un peu plus loin, Mézieux, Saint-Briest, etc.

00:36:25 Il y a eu d'excellentes choses qui se sont faites,

00:36:27 d'autres qui vont se faire,

00:36:29 peut-être pour aller sur la colline ici, depuis Lyon,

00:36:34 avec les projets actuels,

00:36:36 mais ça ne résout rien.

00:36:37 Ça ne résout rien de tout ce qui se passe ici.

00:36:40 Et je vous montre le cas de Paris qui est encore bien pire.

00:36:42 Voilà la région parisienne en 1975,

00:36:44 là vous avez déjà des gens qui faisaient pas mal de kilomètres pour aller au travail,

00:36:48 et voilà en 2008.

00:36:51 Et vous voyez que les parties noires,

00:36:53 c'est des parties qui sont en dehors de l'île de France.

00:36:55 En dehors c'est en Picardie.

00:36:57 Donc c'est des personnes qui sont à la limite là-bas, au sud-ouest,

00:37:01 et qui sont en Normandie,

00:37:02 et qui font 25 à 50 kilomètres pour aller au travail.

00:37:07 Donc voilà, la ville nous file entre les doigts.

00:37:11 Et l'habitat se disperse.

00:37:13 Donc qu'est-ce qui va se passer ?

00:37:16 Ce qui va se passer officiellement c'est ça.

00:37:19 C'est-à-dire que les émissions de CO2 devraient baisser pour les transports de 30%

00:37:24 d'ici à 2030.

00:37:25 Je peux vous dire que ça se fera pas.

00:37:27 La décarbonation des transports n'aura pas lieu,

00:37:30 en tout cas pas dans l'ampleur et pas dans les délais impartis.

00:37:33 Parce que ça c'est l'Agence Européenne de l'Environnement qui nous le dit.

00:37:36 Elle nous dit, ben voyez, en 2030,

00:37:40 on sera à peu près au niveau de 90,

00:37:41 on sera en fait 6% en dessous de 90.

00:37:44 Je vous rappelle que l'Union Européenne elle dit -55%

00:37:47 par rapport à 90 en 2030.

00:37:49 Les transports, l'Agence Européenne nous dit, ce sera -6%.

00:37:53 Et c'est eux qui ont raison.

00:37:54 Donc première chose, la décarbonation ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt.

00:38:00 Parce que même si la décarbonation ne fait pas,

00:38:02 ça veut pas dire, bon, il n'y a rien à voir, circulez.

00:38:05 Pas du tout.

00:38:06 Ça c'est la même chose donnée par France Stratégie, on n'y arrive pas.

00:38:11 Tout simplement parce que ce qui va se passer dans les années à venir

00:38:14 c'est que l'abondance dans laquelle nous vivons en moyenne

00:38:18 va être de plus en plus problématique.

00:38:22 C'est-à-dire que parce qu'il y a de plus en plus d'abondance relative,

00:38:27 il y a de plus en plus de nécessité de sobriété.

00:38:29 L'effet revenu, on l'a vu, augmente les volumes.

00:38:32 L'effet de substitution, c'est qu'on prend de plus en plus l'avion

00:38:36 par rapport au train, on fait l'effet rebond.

00:38:40 Et pourquoi on est obligé d'aller vers la sobriété ?

00:38:43 Pour une raison simple que je pourrais prendre avec un exemple.

00:38:46 Imaginez que M. Macron a réussi son pari.

00:38:48 Imaginez qu'à la fin de son mandat,

00:38:50 puis ils vont voir, imaginons même qu'il a été réélu,

00:38:52 c'est interdit, mais qu'il soit encore réélu une fois,

00:38:55 et qu'au bout de trois mandats, ils disent "j'ai gagné mon pari"

00:38:58 et que ce soit vrai.

00:38:59 C'est-à-dire que la voiture est largement décarbonée,

00:39:03 parce qu'on en est passé à l'électrique,

00:39:06 que l'emploi, le chômage soit très bas,

00:39:10 ce qui veut dire que le revenu des Français a plutôt une tendance à augmenter.

00:39:14 Le résultat c'est quoi de ça ?

00:39:16 C'est de plus en plus de voitures sur la route,

00:39:18 parce que la voiture électrique en coût d'usage,

00:39:21 elle coûte quatre fois moins cher 2 centimes du kilomètre

00:39:25 par rapport à une voiture thermique qui,

00:39:27 le coût du carburant c'est 10 centimes du kilomètre.

00:39:30 Donc elle coûte moins cher.

00:39:31 Donc on sera en veille des voitures électriques,

00:39:34 et en plus si le revenu des ménages a continué à augmenter,

00:39:37 la démocratisation du transport aérien qui est déjà effective,

00:39:40 parce que ne croyez pas ce qu'on vous raconte

00:39:42 en disant "il n'y a que 10% des riches qui fournissent l'avion",

00:39:44 ça c'est faux, l'avion est de plus en plus démocratisé,

00:39:47 la démocratisation va se faire.

00:39:49 Et donc à cause de ça, on va être appelé à la sobriété.

00:39:53 C'est parce que nous vivons dans l'abondance qu'il y a la sobriété.

00:39:56 Le président Macron a eu une formule très malheureuse

00:39:58 au mois de septembre dernier,

00:39:59 et je vous l'avais dit il n'a pas le temps de réfléchir,

00:40:02 il a dit, c'était la crise énergétique, il a dit

00:40:06 "ah on n'a plus de gaz et pas assez de pétrole,

00:40:08 c'est la pénurie, c'est la fin de l'abondance".

00:40:11 Rien compris.

00:40:13 La sobriété c'est pas parce qu'il n'y a plus de pétrole,

00:40:15 c'est parce qu'il y en a trop.

00:40:17 C'est parce que nous vivons dans un monde d'abondance

00:40:20 qu'il y a saturation de l'équipement automobile.

00:40:22 Je vous donne un chiffre pour l'île de France,

00:40:25 où il y a beaucoup de gens sans voiture.

00:40:27 5,5 millions de voitures en île de France,

00:40:29 32 000 km de route,

00:40:30 144 voitures par km de route,

00:40:33 72 en chaque sens.

00:40:35 Voilà, ça vous fait des voitures serrées les unes contre les autres.

00:40:39 On a trop de voitures en France, on en a 40 millions, c'est trop.

00:40:43 On a le problème de surconsommation, le surpoids, l'alcool etc.

00:40:47 Les modes de vie qui s'intensifient,

00:40:49 regardez les jeunes avec leur téléphone, leur ordinateur,

00:40:51 quand ils sont passés en même temps sur la télé.

00:40:54 Donc à l'échelle collective, on est obligé maintenant de faire du rationnement.

00:40:59 Le week-end dernier au Mont-Saint-Michel, ils ont arrêté les navettes.

00:41:02 Il y avait trop de monde.

00:41:03 À Prague, à Barcelone, ils étaient jusqu'en 2019 saturés.

00:41:08 Les voiries, dès qu'on est en haute pointe, sont saturées.

00:41:11 Et la dispersion de l'habitat, ce que je vous ai montré en carte,

00:41:14 et ce que je vis en tant que maire dans ma petite commune,

00:41:16 c'est les coûts publics.

00:41:17 On me dit "je vais faire une maison là".

00:41:18 J'ai dit "non, y est, interdit".

00:41:20 On interdit pourquoi ?

00:41:21 Parce qu'il faudra vous amener l'eau,

00:41:22 il faudra aller chercher les enfants pour l'école,

00:41:24 il faudra amener le taxi, on arrête.

00:41:27 Construction neuve, dans le bourg, et le reste, vous réhabilitez.

00:41:30 Donc vous voyez, c'est ça.

00:41:32 Je finis rapidement.

00:41:35 Ce qui nous attend dans les années à venir,

00:41:38 et une fois que je dis ça, je suis fâché avec tout le monde.

00:41:40 Je vous explique pourquoi.

00:41:42 Ceux qui me disent "le ferroviaire va se développer",

00:41:44 je leur dis "ne y croyez pas".

00:41:45 On va mettre beaucoup d'argent dans le ferroviaire,

00:41:47 il faut mettre de l'argent dans le ferroviaire,

00:41:49 ça va au mieux stabiliser sa part de marché,

00:41:51 peut-être un ou deux points.

00:41:53 Après, je dis aux autres,

00:41:54 je dis "ce qui va se passer, c'est que c'est les voitures qui vont dominer,

00:41:58 c'est la route qui va dominer".

00:42:00 Donc, comme la route va rester dominatrice,

00:42:03 il faut qu'elle soit de plus en plus régulée.

00:42:05 Faire payer les voitures,

00:42:07 elles circulent, pas seulement sur les autoroutes,

00:42:09 le stationnement,

00:42:10 et il faut changer le partage de la voirie

00:42:13 au profit d'autres modes de transport,

00:42:15 autrement dit, compliquer la vie des automobilistes.

00:42:17 Et ça, je suis fâché avec le lobby routier,

00:42:19 après m'être fâché avec le lobby ferroviaire

00:42:22 et avec le lobby écologiste, à qui je dis

00:42:24 "une grande partie de vos discours sur le report modal

00:42:26 sont des discours chimériques".

00:42:28 C'est pas assez faux.

00:42:29 Pour le vélo, je me trompe.

00:42:30 Pour le vélo, il y a un vrai report modal

00:42:33 qui s'est fait vers le vélo dans les grandes villes

00:42:34 et qui continuera à se faire

00:42:36 au détriment des transports collectifs

00:42:38 et très peu au détriment de la voiture.

00:42:40 Mais il faut le faire.

00:42:41 Il ne faut surtout pas arrêter les subventions au ferroviaire,

00:42:44 il ne faut surtout pas arrêter les plans vélos,

00:42:46 mais si vous faites ça avec des idées que

00:42:48 le ferroviaire va doubler sa part de marché,

00:42:50 ça, pipo,

00:42:51 le vélo va remplacer la voiture,

00:42:53 pipo aussi.

00:42:54 Parce que la voiture dans le centre-ville,

00:42:56 ça ne représente rien aujourd'hui.

00:42:58 À Paris, chaque jour, 400 000 déplacements en voiture Paris-Paris.

00:43:02 Bon, c'est trois fois moins qu'il y a 20 ans.

00:43:04 Parfait.

00:43:05 En périphérie, les déplacements en voiture

00:43:07 deuxième couronne, deuxième couronne,

00:43:09 9 millions par jour.

00:43:10 Et c'est ça qu'il faut.

00:43:11 Et ça, même le Grand Paris Express ne le traite pas.

00:43:14 Donc ce qui va se passer, c'est que la route va rester dominante

00:43:17 et comme elle va rester dominante,

00:43:18 elle va être de plus en plus embêtée.

00:43:20 Et je vous montre en quoi on va être embêté.

00:43:23 Donc on réduit les voiries

00:43:25 et donc on va réguler par la congestion,

00:43:27 volontairement, on va ralentir le trafic,

00:43:30 les ralentisseurs et beaucoup d'autres choses.

00:43:32 Des plans locaux d'urbanisme,

00:43:33 des schémas de cohérence territoriale

00:43:35 où on va être très restrictifs sur l'urbanisation.

00:43:39 Les zones à faible émission avec toutes les difficultés qu'elles rencontrent,

00:43:42 vous allez en parler.

00:43:43 Le zéro à artificialisation nette,

00:43:45 c'est-à-dire que nous, on nous dit

00:43:47 il va falloir diviser par deux dans les 10 antilliennes l'artificialisation

00:43:50 puis aller vers le zéro, ce qui est très très exigeant.

00:43:53 Limitation de trafic dans les aéroports.

00:43:55 Imaginez le patron de l'aéroport de Schiphol au Pays-Bas

00:43:58 qui dit "je ne veux plus d'avions d'affaires".

00:44:00 Non pas parce que je n'aime pas les avions d'affaires,

00:44:02 mais parce que c'est un avion avec 10 personnes à bord ou 5.

00:44:05 Moi maintenant, ce que je veux,

00:44:06 c'est des avions avec 150, 200 ou 300 personnes à bord.

00:44:08 Vous voyez, c'est quand même incroyable.

00:44:10 C'est comme si Ferrari vous disait

00:44:12 "je ne veux plus vendre des voitures de luxe".

00:44:14 Non, ça, il ne l'a pas dit.

00:44:16 Voilà.

00:44:17 Et les contrôles de location touristique.

00:44:18 Voilà, j'ai achevé mon temps,

00:44:21 donc on s'arrête là, je vous remercie.

00:44:23 Merci beaucoup, M. le Président.

00:44:24 Il y a une question à poser,

00:44:36 à être posée pour ces membres de la part de la part.

00:44:38 Donc, il se propose de lever la main et de prendre un micro.

00:44:45 Ça marche ça ?

00:44:46 Non.

00:44:47 Non, non, rien de bon.

00:44:49 Il doit pouvoir faire ça.

00:44:50 Il faut juste le faire.

00:44:51 Mais qui ?

00:44:52 Non, mais le deuxième micro marche, petite mignonne.

00:44:55 Il faut le temps qu'il se...

00:44:58 Chauffe.

00:44:59 Il s'est chauffé, exactement.

00:45:00 Il y en avait un dont la batterie était un peu faible.

00:45:02 Ça marche ça ?

00:45:03 Attends, attends, il va marcher.

00:45:04 C'est ça.

00:45:07 Merci, merci.

00:45:08 Il faut y aller.

00:45:12 Je vous donne un peu de calme, monsieur.

00:45:14 Ça va ?

00:45:15 Je ne sais pas si c'est vrai ou pas.

00:45:17 Il faut y aller, monsieur.

00:45:19 Vous nous avez parlé de la vitesse des réseaux.

00:45:23 Effectivement, le centre d'attention

00:45:27 pour les gros publicités, c'est une annonce.

00:45:31 Voilà, j'ai...

00:45:33 J'ai parlé de l'économisation de l'argent donné,

00:45:37 de ce qui est l'argent garé.

00:45:39 Et moi, la question que je me pose,

00:45:41 c'est est-ce que c'est vraiment important ?

00:45:43 Je pense que ça n'est pas très important.

00:45:46 Comme la vitesse de 20 décennies d'indexation.

00:45:51 Mais comme des possibilités modèles.

00:45:54 Est-ce qu'on permet une nature modèle ?

00:45:57 Est-ce qu'on peut être en mode modèle ou en mode politique ?

00:46:01 Est-ce qu'il faut une nouvelle modèle ?

00:46:03 C'est une éloignée.

00:46:05 Les...

00:46:07 On traite de plus, et ça, c'est de la date.

00:46:11 Qu'est-ce que vous voulez en dire de cette arrière-modalité ?

00:46:15 Je pense que...

00:46:18 La question est...

00:46:20 Je m'en vais réciter.

00:46:22 La question est très différente si on parle de la presqu'île

00:46:25 ou si on parle de l'intermodalité avec la périphérie.

00:46:28 La presqu'île, que des gens soient obligés de marcher un petit peu du métro

00:46:32 pour aller prendre le bus,

00:46:34 la presqu'île, le déplacement privilégié, c'est la marche à pied ou le vélo.

00:46:38 Et effectivement, le métro vous donne l'accès rapidement

00:46:41 pour aller à Villeurbanne, par exemple, ou à Perrache.

00:46:44 Par contre, l'intermodalité, c'est un vrai problème dans les périphéries.

00:46:48 Comment faire ?

00:46:49 Le chiffre, vous le connaissez sans doute.

00:46:51 Les trains qui rentrent dans Lyon le matin et qui repartent,

00:46:54 les trains qui rentrent dans Lyon le matin,

00:46:56 c'est les trains de la métro, les trains de la métro,

00:46:59 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:02 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:05 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:08 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:11 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:14 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:17 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:20 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:23 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:25 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:28 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:31 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:34 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:37 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:40 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:43 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:46 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:49 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:52 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:55 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:47:58 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:01 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:04 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:07 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:10 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:13 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:16 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:19 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:22 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:25 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:28 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:31 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:34 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:37 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:40 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:43 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:46 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:49 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:52 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:55 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:48:58 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:01 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:04 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:07 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:10 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:13 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:16 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:19 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:22 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:25 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:28 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:31 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:34 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:37 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:40 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

00:49:43 c'est les trains de la métro, c'est les trains de la métro,

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LVN - COLLOQUE - "Quelles mobilités pour demain?" par Yves Crozet

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