Elisabeth Lévy : "On a mis le bac au niveau des élèves"

  • l’année dernière
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##LEVY_SANS_INTERDIT-2023-07-07##
Transcript
00:00 Bonjour ma chère Elisabeth, comment ça va ?
00:02 - Bonjour Stéphanie, bonjour à tous !
00:03 - J'attends les vacances aussi pour vous ?
00:04 - Oui, comme vous, peut-être dans une petite semaine ?
00:07 - Non, moi je reste là, pour l'instant.
00:10 Les résultats du Bac sont tombés ?
00:13 - Oui, il y a deux jours.
00:14 Alors, Papandiaï est content.
00:16 Le Bac 2023 est, paraît-il, un excellent cru.
00:20 Et pourquoi ? Pour une raison paradoxale, c'est un bon cru
00:23 parce qu'il y aura un peu moins de reçus que d'habitude.
00:26 Alors cette baisse est assez microscopique
00:28 puisque le taux de réussite avant rattrapage
00:30 était, a-t-il dit, seulement de 84,9%
00:35 et contre 86% l'an dernier.
00:38 - C'est quand même pas mal.
00:39 - Vous voyez, vraiment une grosse différence.
00:40 Mais le ministre s'est donc félicité sur RTL
00:43 de voir le Bac retrouver une sélectivité
00:45 qu'il avait perdue à un examen
00:47 où à l'arrivée il y a 90% de reçus.
00:50 Le ministre trouve ça sélectif.
00:52 Pour des élections, par exemple, ce serait drôle.
00:55 Et son niveau d'exigence à lui, en revanche,
00:58 est en chute libre.
00:59 Alors je rappelle par exemple qu'à l'IX, à Polytechnique,
01:02 le taux de reçus au concours c'est 8%.
01:05 - Là vous comparez ce qui n'est pas comparable.
01:07 Vous êtes un peu de mauvaise foi.
01:09 - Ah non, on parle de sélectivité.
01:11 C'est ça la sélectivité.
01:13 À NormalSup c'est moins de 5%.
01:16 Donc ça c'est sélectif.
01:17 En France, il suffit, vous avez des amis profs tous,
01:21 eh bien parlez-en avec eux.
01:22 Ils corrigent et ils racontent
01:24 comment ils sont invités pour ces corrections
01:26 à donner des points.
01:27 Par exemple, quand il s'agit d'écrire,
01:31 si l'élève a divisé visuellement son propos en trois parties,
01:35 introduction, développement, conclusion,
01:37 il aura quand même quelques points.
01:38 Et puis surtout, il ne faut pas en enlever
01:40 pour des raisons aussi futiles que l'orthographe.
01:42 Vous avez tous vu, d'accablante copie du bac.
01:45 Bref, Papandière peut dire ce qu'il veut.
01:48 Pour rater son bac aujourd'hui,
01:49 je suis désolé pour ce qui se sera arrivé.
01:52 Il faut un peu le vouloir.
01:54 - Et pourtant, tout le monde est content.
01:56 Les candidats, les parents et donc le ministre.
01:59 - Oui, parce que vous voyez, avec tout le discours
02:01 sur ces émeutes qui n'ont aucune dimension identitaire,
02:04 où l'immigration est une chance pour la France,
02:06 eh bien l'école c'est l'autre front du déni français.
02:09 Et ça remonte à loin,
02:12 parce que je vous rappelle, Laurie, évidemment,
02:15 il faut lui apprendre tout ça, c'est de l'histoire.
02:17 En 89, donc ma chère Laurie,
02:20 il y a deux sociologues,
02:22 les sociologues, vous savez, sont spécialisés
02:24 en ripollinage de la réalité.
02:26 Eh bien ceux-là, Establé et Baudelon,
02:28 ont écrit un livre qui s'appelait "Le niveau monte".
02:31 Ce qui est presque une blague,
02:32 les résultats des élèves français en maths
02:34 et même en compréhension de texte
02:36 sont chaque année plus mauvais.
02:37 Et je ne vous reparle pas de l'orthographe,
02:39 mais, et cette faillite est d'ailleurs au cœur du déclin français,
02:42 mais on ne veut pas le voir,
02:43 car comme pour les autres problèmes que j'ai cités,
02:45 pour l'intégration et l'assimilation,
02:47 eh bien il n'y a pas de solution simple.
02:49 Alors, continuons à faire l'autruche.
02:51 La réalité, vous vous rappelez cette formule,
02:54 j'aime beaucoup Jean-Pierre Chevènement,
02:55 mais là, franchement, il aurait mieux fait de s'abstenir,
02:58 cette formule de 80% d'une classe d'âge au bac,
03:01 bien sûr, on a été incapable d'amener 80% d'une classe d'âge
03:05 au niveau du bac tel qu'on le connaissait avant,
03:07 donc qu'est-ce qu'on a fait ?
03:08 Eh bien on a amené le bac au niveau des élèves.
03:11 Et ce bac est d'ailleurs si inutile
03:13 que maintenant l'orientation est décidée
03:15 avant les résultats,
03:17 demandés d'ailleurs aux profs de fac non sélectives,
03:20 les facs de lettre, souvent qui accueillent
03:22 les élèves bacheliers en première année,
03:25 ils ont souvent de grandes surprises.
03:27 Et c'est une constante de l'éducation nationale
03:30 et de la société française qui est à l'origine de ce désastre,
03:33 c'est le refus de la sélection
03:34 qui est pourtant le seul instrument méritocratique.
03:37 Le concours, ça a remplacé le concours, les examens,
03:40 ça a remplacé la cooptation sociale,
03:43 ça a remplacé la famille, voilà pourquoi la sélection,
03:46 c'est très bien.
03:47 Et ce mot, bien sûr, fait bondir la gauche
03:49 parce qu'avec son égalitarisme
03:51 qui n'est pas du tout l'égalité,
03:53 eh bien, ça ne lui plaît pas du tout.
03:56 Alors en loose 2, d'ailleurs,
03:57 ce qui est un autre scandale,
03:59 on instaure avec Parcoursup
04:00 une discrimination positive, sans le dire,
04:02 parce que l'accès à la fac, aux études supérieures,
04:05 n'est plus seulement déterminé par votre mérite,
04:07 tout ça, c'est pas bien, c'est sale le mérite,
04:10 c'est vraiment pas bien,
04:12 il est déterminé aussi par vos conditions sociales
04:15 dans une opacité scandaleuse.
04:17 Donc, on donne, on favorise,
04:19 les élèves issus d'un milieu défavorisé.
04:21 - On donne pas, quand même.
04:22 - On favorise, je me suis replié,
04:24 je parlais pas du bac, je parlais de Parcoursup.
04:26 Et ça, on ne le sait pas,
04:28 on ne connaît pas l'algorithme, bien sûr.
04:30 Et tout ça donne à tout le monde
04:32 un diplôme qui ne sert à rien,
04:34 je le répète, Guillaume Bigot me disait,
04:37 "Ah oui, le bac, c'est les assignats,
04:39 et moi je dirais qu'on peut parler aujourd'hui
04:41 d'un bac Potemkin."
04:42 - On félicite quand même les jeunes bacheliers,
04:44 vous leur avez pourri leur morale,
04:46 ils vont écouter ce matin.
04:48 - Ils sont en train de faire la pête.
04:50 - Merci beaucoup Elisabeth Lévy.

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