Elisabeth Lévy - "Depuis 40 ans, la politique éducative tient en un mot : mensonge"

  • il y a 6 mois
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##LEVY_SANS_INTERDIT-2024-03-18##
Transcript
00:00 - Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Patrick Roger.
00:04 - Il est 8h13, Lévis sans interdit avec Elisabeth Lévy. Bonjour Elisabeth.
00:09 - Bonjour Patrick, bonjour à tous.
00:11 - Vous voulez revenir sur les déclarations de Gabriel Attal concernant l'éducation
00:16 et notamment la chute du taux de réussite au brevet des collèges.
00:21 - Oui, il a annoncé ça jeudi, il était avec Nicole Belloubet dans un collège d'Or et Loire. Écoutez.
00:26 - On sort d'une époque, il faut le dire, où progressivement on s'est mis à cacher le véritable niveau des élèves
00:32 au moment des examens et notamment du brevet. Avec ces correctifs académiques, dont je rappelle
00:37 qu'il consistait à dire qu'on voulait atteindre un certain niveau de réussite au brevet,
00:42 globalement que presque tout le monde ait son brevet, et que pour y parvenir
00:46 on gonflait artificiellement les notes des élèves. On met fin à cette pratique.
00:51 - Alors, je dis que c'est une excellente nouvelle, j'applaudis des trois mois, parce que depuis 40 ans
00:57 la politique éducative tient en un mot mensonge. On planque le désastre à l'aide de notation Potemkin
01:03 qui a été imposée aux professeurs et le bac notamment obéit à cette logique
01:08 digne du plan quinquennal de Staline. Jean-Pierre Chevènement a promis 80% d'une classe d'âge au bac,
01:13 eh bien qu'est-ce qu'on a fait ? On a abaissé le bac au niveau des élèves en instaurant
01:18 ces fameux correctifs académiques, un joli mot pour parler d'une grande falsification.
01:24 - Vous exagérez, c'est une notation disons plus bienveillante.
01:29 - Oui, un comptable fait ce genre de choses, il se retrouve en taule.
01:33 Je vous renvoie à un papier qui était paru dans Causeur de la professeure Corine Berger
01:37 qui s'appelait "Confession d'une truqueuse de notes". Donc on oblige en effet les professeurs à surnoter
01:43 en fonction d'une moyenne qui est calculée à l'avance et voilà ce qu'elle écrit,
01:48 elle dit "ce simulacre de correction ne sert qu'à valider des chiffres préétablis,
01:52 accessoirement il permet aussi de prétendre qu'Henri IV et Rosa Park-Sassani ont le même niveau".
01:57 Et cette entourloupe de nature soviétique a été encouragée par de prétendus sociologues
02:04 qui avaient écrit notamment le niveau monté, leur porte-voix médiatique qui compte dénoncer
02:08 la supercherie éthéréaque partisan de l'école de papa qui d'ailleurs apprenait à lire et à écrire.
02:14 Alors le résultat c'est qu'on a un bac inutile et que dans les bonnes formations supérieures
02:19 et bien on a une sélection drastique qui est à la fois doucier et camouflée par parcours sub,
02:24 mais enfin qui existe, et dans les enquêtes internationales qui ne sont pas verrouillées
02:28 par les idéologues français et bien on observe une chute dramatique du niveau des élèves.
02:32 Alors Attal, Gabriel Attal pardon, c'est le premier à dire vraiment la vérité
02:37 et il n'a pas encore été exécuté, peut-être que même les parents comprennent qu'on leur a vendu du vent.
02:42 Alors bien sûr Gabriel Attal s'attaque aujourd'hui au brevet examen qui est un peu sans enjeu,
02:48 mais tout de même il sanctionne le niveau qu'on a en fin de collège et le collège c'est le maillon faible du système.
02:54 Le résultat des bonnes intentions égalitaristes du collège uni,
03:00 qu'on laisse passer de classe en classe des élèves qui sont incapables de lire, écrire et compter,
03:04 on leur donne le bac et ensuite on les lâche dans la nature sans la moindre culture ni compétence.
03:09 Alors oui, il faudrait que la vérité des notes, cette baisse du niveau,
03:12 enfin cette baisse du taux de réussite et des conséquences, par exemple le redoublement,
03:17 n'empêche avec les groupes de niveau que vous avez évoqué dans le journal,
03:21 Gabriel Attal touche encore à un tabou, ça fera grasser des dents,
03:25 et pourtant, pourtant Patrick, des mauvaises notes c'est le plus beau cadeau qu'on puisse faire à nos ados.
03:31 [Musique]
03:33 - Bon, Eric Revelle, Arlette Chabot, dites-le franchement, est-ce que vous êtes d'accord avec ce qui vient d'être dit par Elisabeth Lévy ?
03:41 - Oui, je suis globalement d'accord mais...
03:42 - Enfin c'est pas qu'Elisabeth Lévy, c'est...
03:44 - Non, non, non, mais moi je veux dire, je suis pas dupe non plus, c'est-à-dire que je suis conscient que pendant des années,
03:49 les pourcentages pharaoniques de réussite au brevet ou au bac
03:53 cachaient un effondrement du niveau d'éducation qu'on donne à nos enfants, ça y a pas de doute,
03:58 mais ce que je voudrais pas dans l'excès inverse, c'est que maintenant le Premier ministre explique que
04:03 puisqu'il y a moins de reçus au brevet et peut-être après moins de reçus au bac,
04:08 c'est que les choses s'améliorent. Non, ça masque de la même façon l'effondrement du niveau de l'éducation
04:14 qu'on dispense à nos enfants, c'est ça le sujet.
04:16 C'est-à-dire qu'en réalité le niveau des profs a tellement baissé aussi,
04:20 regardez sur les recrutements des concours, que ce soit le CAPES ou l'agrégation,
04:24 il y a maintenant plus de postes que de candidats et parfois on accepte en CAPES,
04:30 vous l'avez vu passer, des gens qui ont 8 ou 6 sur 20 et on en fait des preuves de maths.
04:35 Donc si vous voulez, si le niveau des profs s'effondre,
04:37 comment voulez-vous que le niveau enseigné s'améliore ?
04:41 Donc dire qu'on est fier que le niveau de pourcentage de reçus au brevet des collèges
04:47 soit enfin plus proche de la réalité,
04:49 c'est pas faire augmenter pour autant le niveau qui est dispensé à nos enfants.
04:53 - Arlette Chabot ?
04:55 - Pour une fois, de temps en temps, on dit du bien d'ailleurs de Gabriel Attal,
04:58 c'est-à-dire qu'au moins la qualité de Gabriel Attal, c'est qu'il dit...
05:03 - Des choses assez caches.
05:04 - Oui, et puis surtout il dit qu'il faut regarder les choses avec lucidité,
05:07 même si ça fait pas plaisir.
05:08 Donc au fond, je trouve que la grande qualité de Gabriel Attal,
05:11 c'est de regarder avec lucidité effectivement les sujets et essayer de les traiter.
05:16 Alors on va dire, et on en parlera tout à l'heure sûrement,
05:19 si on reparle aussi de Bruno Le Maire,
05:22 après 6 ans, 7 ans au pouvoir,
05:25 il serait temps de regarder les choses en face et de corriger ce qui va pas.
05:28 Mais lui en tout cas, il a effectivement ce courage.
05:32 Après, on attend l'étape numéro 2, c'est-à-dire...
05:36 - De faire.
05:37 - Voilà, le faire.
05:38 - Et notamment les groupes de niveau,
05:39 parce que les groupes de niveau, ça passe très mal auprès des enseignants,
05:44 tel que c'est envisagé aujourd'hui.
05:46 - Il a l'air de vouloir continuer, il a l'air de vouloir décider à continuer,
05:48 alors que outre le frein...
05:51 - Attendez, attendez, attendez,
05:53 - Il avait interdit la réforme, quoi.
05:54 Madame Béboubet avait dit "on va adapter tout ça".
05:57 - Oui, mais il a reçu la réforme, il ne s'y est pas là-dessus.
05:59 Donc ça, c'est plutôt positif.
06:01 - Elisabeth, oui.
06:03 - Non, moi je trouve quand même qu'Éric, si vous voulez,
06:05 vous me dites "il fait ça et puis il n'a pas encore fait la suite".
06:08 Oui, mais il faut quand même commencer par regarder les choses en face,
06:11 ça c'est le plus difficile et c'est un des graves problèmes de notre pays.
06:15 - Sauf que Elisabeth, avec Gabriel...
06:17 - Pardon Éric, est-ce que je peux terminer ma phrase ?
06:18 Merci, c'est gentil.
06:19 Merci.
06:21 Donc, Gabriel Attal déjà observe les choses,
06:27 on verra ensuite ce qu'ils ont fait,
06:28 c'est quand même...
06:29 Et si vous voulez, entre les groupes de niveau,
06:31 c'est quand même au journal officiel,
06:32 entre cette affaire de résultats au bac,
06:36 c'est la première fois que j'entends un ministre en 40 ans
06:39 dire le niveau français, il l'avait déjà dit, est catastrophique.
06:43 Donc, moi je ne peux pas lui reprocher, si vous voulez,
06:46 d'être le premier à dire la vérité après 40 ans de mensonges.
06:49 Maintenant, évidemment, il ne suffit pas de dire,
06:52 mais si vous voulez, vous ne ferez rien si vous ne commencez pas par dire.
06:56 Donc je trouve, franchement, il faut plutôt l'encourager
06:59 parce qu'en matière éducative, il est, comment on dit,
07:02 il y a un mot maintenant, disruptif.
07:05 - Oui, bon, Éric, vous voulez inquiéter ?
07:08 - D'accord, donc c'est le premier ministre des constats,
07:10 vous avez raison, c'est une première...
07:12 - Pas des constats, parce que ce que dit Elisabeth,
07:14 les groupes de niveau, il veut mettre ça en application.
07:17 Après, je ne sais pas si c'est la bonne chose.
07:18 - Moi, je pense que c'est une bonne chose, les groupes de niveau,
07:20 parce qu'en réalité, au nom de l'égalitarisme,
07:24 on ne veut pas mettre les élèves en difficulté ensemble,
07:27 et les bons élèves ensemble.
07:28 Mais pardonnez-moi, mais dans ce genre de groupe de niveau,
07:31 les deux groupes ont à y gagner. Pourquoi ?
07:34 Parce que si vous avez un prof qui prend en charge des élèves en difficulté,
07:40 ils vont avoir des enseignements plus individualisés,
07:44 et ils ont plus de chances de progresser,
07:46 que dans une classe où ils sont mélangés avec de très bons élèves,
07:49 les très bons élèves ne vont pas progresser,
07:51 et ceux qui seront en queue de classe,
07:53 ils vont être un peu délaissés, vos effectifs.
07:55 - Ce qui est compliqué, c'est que ce ne sont pas des classes de niveau,
07:58 ce sont des groupes de niveau.
08:00 C'est-à-dire que dans l'intérieur des classes, il va y avoir des groupes de niveau,
08:03 en fonction aussi des matières.
08:04 Bonjour l'usine à gaz !
08:06 - Et on peut tester au moins, Patrick !
08:07 - Oui, mais quand même !
08:08 - On peut tester !
08:10 - Ça existe déjà un peu au lycée.
08:12 - Ça marche au Royaume-Uni, ça existe !
08:14 - Ça existe au lycée,
08:16 et c'est quand même un peu le bazar.
08:18 - Non mais pardon Patrick !
08:20 - Non mais les emplois du temps !
08:22 - Pardon Patrick, c'est la première brèche depuis 1974,
08:25 c'est la première brèche dans le dogme stupide et criminel du collège unique.
08:30 Ce collège qui a été fait pour améliorer l'égalité,
08:35 et qui n'a fait en réalité,
08:37 toutes ces mesures n'ont fait qu'accroître les inégalités.
08:41 Donc, il faut, moi je vous assure, il faut le saluer,
08:44 parce que ça ne va pas lui faire des amis au ministère.
08:48 - Oui, ça c'est vrai.
08:50 - On peut tester quand même.
08:52 Je trouve incroyable dans ce pays qu'on soit incapable de tester.
08:54 On peut tester pendant un an, deux ans,
08:56 on voit si ça marche.
08:58 Si ça marche, on continue.
09:00 Il faut donner les moyens quand même, il faut davantage de profs.
09:02 Il faut qu'il y ait des moyens.
09:04 Et la raison, effectivement, les groupes de besoins,
09:06 comme dit Mme Belloubet, elle n'a pas tort,
09:08 ont besoin aussi de profs.
09:10 - Oui, absolument. Allez, on poursuit dans un instant,
09:12 c'est terminé, la gratuité pour tout et pour tous.
09:14 Dites-le franchement, Eric Revelle, Arlette Chabot,
09:16 et puis vous, 0826 300 300,
09:18 avant d'entendre Sandrine Rousseau,
09:20 qui sera l'invité de Jean-Jacques Bordin,
09:22 tout à l'heure, après 8h30.

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