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Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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00:00 20h sur CNews, ravis de vous retrouver pour Facebook,
00:02 côté Le Point sur l'information, Isabelle Piboulot.
00:05 À moins d'une semaine des festivités du 14 juillet,
00:11 Elisabeth Borne promet des moyens massifs pour protéger les Français
00:14 durant tout le week-end.
00:16 Dans un entretien aux Parisiens, la chef du gouvernement a également annoncé
00:20 l'interdiction de la vente, du port et du transport de mortiers d'artifice,
00:24 excepté pour les professionnels, afin d'empêcher de nouvelles violences
00:27 comme le pays a connue après la mort de Nahel.
00:30 À Paris, procédure judiciaire engagée à l'encontre d'Assa Traoré.
00:34 Au moins 2000 personnes se sont rassemblées cet après-midi.
00:38 Place de la République en mémoire d'Adama Traoré, la sœur du jeune homme,
00:42 décédé en 2016, avait annoncé sa présence au rassemblement,
00:46 malgré l'interdiction de celui-ci par la préfecture de police.
00:50 Youssouf Traoré, l'un des frères d'Adama et un autre individu
00:54 ont été interpellés pour des violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique.
00:59 Le taux de réussite au baccalauréat est en baisse.
01:02 Plus de 672 000 candidats ont été reçus au bac 2023 après la cession de rattrapage,
01:08 soit une diminution de 0,2 point par rapport à juin 2022.
01:12 La baisse des résultats constatée confirme la sélectivité de ce nouveau baccalauréat,
01:17 a indiqué le ministère de l'Éducation nationale.
01:22 A la une de face à beau côté, l'inquiétude, la peur, la colère
01:26 gagnent les Français une semaine après ces nuits d'émeute.
01:29 Une majorité fait le lien entre la politique migratoire et la France qui se déchire.
01:33 Mais du côté du gouvernement, on temporise.
01:35 Ou pire, on évacue la question, dirait certains.
01:37 Alors face à ceux qui veulent imposer la loi du plus fort,
01:40 pourquoi alimenter la loi ou la culture du déni ?
01:44 On en parle dans un instant.
01:45 Son intervention est passée sous les radars et pourtant son discours aurait dû faire l'effet d'une bombe.
01:50 En commission parlementaire, la présidente de France Télévisions assume
01:53 ne pas représenter la France telle qu'elle est, mais telle qu'on voudrait qu'elle soit.
01:57 Comment interpréter cette déclaration ?
02:00 Léman de réponse dans Face à beau côté.
02:01 Enfin, cher Mathieu, vous recevez ce samedi Xavier Driancourt, ancien ambassadeur.
02:06 Vous reviendrez sur sa note, le Paris algérien d'Emmanuel Macron,
02:09 publié par l'Institut Thomas More, auteur de L'énigme algérienne.
02:14 Voilà le programme de Face à beau côté, cher Mathieu. Bonsoir.
02:18 Arthur de Valtrigor, bonsoir. L'incorrect ce mois-ci transe les enfants cobayes.
02:24 Voilà la une de l'incorrect pour ce mois-ci.
02:28 Notre première thématique, cher Mathieu, les émeutes.
02:30 Les émeutes semblent pour l'instant derrière nous.
02:33 Le pays cherche à reprendre ses esprits et on voit au cœur de l'espace public
02:37 une guerre des interprétations pour savoir quel sens prêter à ces jours
02:42 qui ont fait trembler la France. Et c'est sur cette guerre que vous souhaitez revenir.
02:46 Oui, parce que lorsque les émeutes ont surgi, il y a une forme d'évidence absolue
02:52 pour à peu près tous ceux qui ont les yeux pour voir et qui ne s'interdisent pas
02:56 de décrire ce qu'ils voient. Il y avait une dimension, la dimension centrale,
02:59 c'est une émeute, des émeutes à répétition portées par des populations,
03:03 que l'on dit, issues de l'immigration. Donc des banlieues, des quartiers,
03:06 que certains présentent même comme des enclaves étrangères.
03:09 Donc reste à voir quel est le bon terme. Les territoires perdus de la République,
03:12 les territoires conquis par l'islamisme, les territoires où il y a eu un changement de peuple.
03:15 On savait de quoi nous parlions, même si le terme n'était pas toujours le même.
03:19 Et là, au bout de quelques jours, où il y a une forme d'évidence qui s'imposait,
03:23 un contre-récit s'est mis en place. Et c'est vraiment l'histoire de ce contre-récit
03:27 que j'aimerais raconter, parce qu'on voit de quelle manière le régime diversitaire,
03:31 c'est-à-dire le régime qui nous commande aujourd'hui avec l'idéologie diversitaire,
03:34 comment il a cherché à reprendre en main le débat public pour neutraliser
03:38 la question de l'immigration, pour nous faire croire que ce qui s'est passé
03:42 est passé, que ce que nous avons vu, nous ne l'avons pas vu.
03:45 Le réel ne passera pas de nos passaran.
03:47 François Hollande est le premier à envoyer le signal lorsqu'il dit
03:51 qu'il n'y a aucun lien entre les émeutes et l'immigration.
03:55 Il dit que c'est la crise de la République, la crise de l'école, la crise de l'autorité,
03:58 la crise de la famille, tout ce que vous voulez, mais pas la question de l'immigration.
04:01 Au début, il y a une forme d'étonnement. On se dit, est-ce que l'ancien président
04:04 cultive encore une fois l'art du déni, d'autant que nous le savons,
04:08 François Hollande, en privé, dit le contraire. On se souvient du livre
04:11 "Un président ne devrait pas dire ça", où il parlait un peu comme Éric Zemmour,
04:14 mais en public, il fait de l'anti-Zemmour. On essaie de comprendre
04:17 c'est quoi son positionnement, mais quoi qu'il en soit, son positionnement public,
04:20 ça consiste à dire qu'il n'y a pas de lien avec l'immigration.
04:23 Perplexité pendant quelques instants chez les commentateurs, mais là,
04:26 un chiffre sort. 90 % des émeutiers qui ont été interpellés sont français.
04:35 Alors là, le premier réflexe, on aurait pu se dire, on a un exemple ici
04:40 très net de l'écart de plus en plus vif, de plus en plus marqué
04:44 entre la nationalité administrative et juridique et la nationalité existentielle,
04:49 culturelle, identitaire, dans le bon sens du terme. Donc l'écart,
04:53 le problème, en fait, de ces Français qui sont naturalisés sans être assimilés,
04:58 de ces Français qui sont naturalisés sans pour autant avoir adhéré
05:02 à ce qu'on appelle globalement l'identité française. D'autant que c'est
05:05 un problème de base. On le voit lorsqu'il y a des manifestations,
05:08 une partie de cette jeunesse dit « one, two, three, viva l'Algérie »
05:11 dans les compétitions sportives, lorsque le drapeau français n'est pas revendiqué,
05:15 lorsqu'il est même rejeté, lorsqu'on connaît des insultes comme « sale français »,
05:19 « sale séfran », « sale blanc », on voit qu'il y a quelque chose
05:24 dans une partie de la jeune génération, une partie de cette génération
05:27 qui ne s'identifie pas à la France et qui même la rejette.
05:30 Eh bien non, on décide que ça n'existe pas. Ce n'est plus un problème
05:33 puisque les chiffres sont tombés. La gauche applaudit évidemment.
05:36 Il n'y a pas de lien entre ça et l'immigration, entre les émeutes et l'immigration.
05:39 On commence à le répéter en boucle. D'émeutes ethniques, il n'y a pas eu.
05:43 Et là, Gérald Darmanin a même voulu nous refaire le coup du Stade de France
05:47 avec une certaine audace. Il nous a dit finalement, avec la politique des prénoms,
05:51 il nous a dit « si on regarde bien, ça nous a tous frappés, il y a beaucoup
05:54 de Matteo et de Kevin, des Matteo et des Kevin parmi les manifestants. »
06:00 C'était amusant, rappelez-vous, au moment du Stade de France,
06:03 ils nous avaient dit « c'est des supporters britanniques ».
06:05 - C'est des phobiés. - Et là, quand ce n'était pas le coup,
06:07 quand on dit « ce ne sont pas des supporters britanniques, c'est des gens des banlieues »,
06:10 et là, il dit « vous savez, c'est nauséabond que de mentionner les origines ».
06:13 D'accord, mais britannique, c'est une origine aussi, soit dit en passant.
06:15 Donc, est-ce que certaines origines peuvent être mentionnées
06:17 et d'autres ne peuvent pas l'être ? C'est assez intéressant.
06:20 Quoi qu'il en soit, Gérald Darmanin a voulu radicaliser ce déni de la question
06:25 de l'immigration avec l'argument du Matteo et du Kevin, avec ce moment
06:29 très particulier où tout le monde sait que c'est faux, il sait que c'est faux,
06:32 la population sait que c'est faux, tout le monde sait que nous mentons
06:35 et pourtant le mensonge s'institutionnalise et on doit tous faire semblant d'y participer
06:40 sous peine de devenir un parieur dans la vie publique.
06:43 - Mais alors, Mathieu, pourquoi un tel déni ? Est-ce que vous croyez
06:45 que cette interprétation, elle est acceptée par la population ?
06:48 - Ah non, non, ça c'est le moins qu'on peut dire. Le commun des mortels ne croit plus
06:51 les élites depuis très longtemps. Vous savez, c'est intéressant de voir
06:54 comment le commun des mortels développe dans un pays idéocratique,
06:57 comment le commun des mortels s'approprie la possibilité de nommer le réel
07:00 quand on lui donne pas la possibilité de nommer le réel.
07:03 Donc pour nommer, dans le vocabulaire courant, je dis ça sans m'en réjouir,
07:06 je me contente de le constater, souvent pour se moquer justement du discours
07:09 sur l'immigration qui serait une chance pour la France, une chance pour la France,
07:12 le commun des mortels appelait souvent les jeunes des banlieues les chances pour la France.
07:16 Et quelques fois, ils les appelaient les Suédois ou les Norvégiens.
07:19 Donc c'est une manière d'envoyer le signal en disant "vous ne nous bluffez pas".
07:22 Ce dont il est question ici, c'est tout simple, c'est que le régime ne tolère pas,
07:27 le régime diversitaire ne tolère pas qu'on pose la question de l'immigration
07:30 comme posant fondamentalement un problème en France.
07:33 On pourrait relire, je l'ai évoqué tantôt je crois, l'exceptionnel entretien
07:36 accordé par Pierre Brochand au Figaro Magazine à Eugénie Bastier,
07:40 qui décrit avec une finesse et avec une profondeur et un courage
07:43 les effets de l'immigration massive sur 40 ans en France,
07:46 mais on ne veut pas parce que si on remet ça en question, c'est tout le système qui se dérègle,
07:50 c'est tout le système qui se décompose, c'est tout le système qui s'effondre.
07:54 Et ça, le problème d'un régime qui se décompose, c'est qu'il se radicalise.
07:58 Moins le régime diversitaire réussit à convaincre, plus il est rejeté, plus il se radicalise.
08:03 Alors qu'est-ce qu'on fait là-dedans? Premièrement, on frappe d'interdire la question de l'immigration,
08:06 on dit "on ne peut pas en parler et si vous en parlez, vous êtes raciste".
08:09 Et par ailleurs, n'oubliez pas, il y a une autre chose qui s'est passée cette semaine
08:12 qui est assez intéressante, Emmanuel Macron et d'autres ont dit
08:15 la possibilité de contrôler les réseaux sociaux et même de les fermer si nécessaire.
08:19 Qu'on ne se trompe pas, dans la volonté du contrôle des réseaux sociaux,
08:22 on nous dit que c'est pour empêcher les émeutiers de demain de se rassembler et tout ça.
08:25 Non, c'est parce que sur les réseaux sociaux peut apparaître un autre récit des événements,
08:31 un autre récit des événements que celui qui est raconté par le système médiatique officiel.
08:34 Et ce qu'on ne veut pas voir, ce qu'on ne veut pas présenter dans le récit médiatique officiel,
08:38 ce qu'on ne veut pas permettre, ce qu'on ne peut pas nommer, perce par les réseaux sociaux.
08:43 Et dès lors, il faut les censurer pour empêcher qu'un récit, on pourrait dire critique
08:48 à propos de l'idéologie du vivre ensemble, puisse émerger dans l'espace public.
08:52 Mais je le redis, plus largement pour celui qui voudra remettre en question le dogme
08:56 comme quoi l'immigration n'a rien à voir avec cela, alors là, il faudra le frapper,
09:00 le bastonner pour s'assurer que plus jamais il ne s'exprime.
09:03 Et là, je devine que vous voulez revenir sur la charge menée par Bruno Rotaillot,
09:07 dont vous avez parlé d'ailleurs cette semaine dans Face à l'info.
09:10 Je voudrais même une charge menée contre Bruno Rotaillot, parce que Rotaillot, qu'est-ce qu'il dit ?
09:14 La formule est assez simple. Il dit que pour une partie des jeunes issus de l'immigration,
09:17 première, deuxième, troisième, quatrième génération, on en vient quelquefois à se replier
09:21 vers l'identité d'origine plutôt que de s'approprier la référence française, l'identité française.
09:27 Il appelle ça factuellement une régression ethnique, c'est-à-dire c'est une régression
09:31 vers l'identité d'origine plutôt que vers l'identité nationale. C'est factuel.
09:36 Mais elle a une bonne partie de la gauche médiatique et d'autres par ailleurs,
09:39 certains appartenant au parti d'Édouard Philippe, je ferais la peine de le noter,
09:42 ont dit « Ah, ce que vous voulez dire par là, c'est que dans les faits, leur comportement
09:46 s'exprime par leur ethnicité ». Bien sûr que non. Il n'a jamais dit ça.
09:50 Il suffisait de savoir lire. Je conviens qu'une bonne partie de la classe politique
09:54 ne sait pas lire, j'en conviens. Mais, mais, il suffisait de savoir lire pour constater
09:58 qu'il n'avait jamais dit « J'explique leur comportement par leur ethnicité ».
10:02 Il disait une partie de cette génération se replie sur l'identité d'origine des parents,
10:06 même des grands-parents, et conjugue ça avec une forme de ressentiment victimaire
10:10 ou de discours ressentimenteux, on le gagnait, envers la France,
10:14 et ça participe à la crise que nous vivons aujourd'hui. Mais le régime a tout fait
10:18 pour le diaboliser. On a cherché à le faire passer pour un monstre, pour un raciste,
10:22 on a cherché à le faire passer finalement pour l'expression même de l'extrême-droitisation
10:26 de la droite républicaine. Et à travers cela, on a vu à quel point, j'y reviens
10:30 parce que c'est fondamental, le mensonge devient la règle dans un tel système.
10:34 On a proposé une interprétation fausse de ce que disait Retailleau.
10:37 Tous ceux qui voulaient demeurer à l'intérieur du périmètre de la gauche et du régime
10:40 ont dû répéter ce mensonge parce que qui ne le répétait pas se montrait complice du mensonge.
10:45 « Silence is violence », disent les Anglo-Saxons, « le silence est une violence ».
10:50 Celui qui se taisait, qui ne répétait pas le mensonge contre Retailleau,
10:53 était présenté comme complice de Retailleau, et dès lors, chacun se sentait obligé
10:57 d'en rajouter dans l'indignation théâtrale alors qu'il savait qu'il mentait.
11:02 Et ça, c'est ce qu'on appelle un régime idéologiquement en crise lorsqu'il oblige
11:06 au mensonge systématiquement pour se maintenir.
11:08 - Et vous tenez en quelques secondes à dire un dernier mot à propos d'un livre
11:11 qui pourrait aider à comprendre les émeutes et à les éclairer.
11:14 - Oui, c'est d'Alexandre Devecchio. C'est un livre qui a publié il y a quelques années déjà,
11:18 « Les nouveaux enfants du siècle », aux éditions du Serre.
11:20 Un très beau livre qui permettait justement de comprendre les différentes jeunesses françaises
11:25 aujourd'hui en déshérence, celles qui se sentent étrangères en leur propre pays.
11:28 Il y a quelquefois ce qu'on dit des identitaires, mais cette jeunesse aussi des quartiers
11:32 qui est dans une forme d'entre-deux identitaire, entre le pays d'origine et la France aujourd'hui,
11:37 et qui se sent étrangère à la France et qui ne sait pas comment s'y inscrire.
11:40 Relire ce livre nous permet de comprendre avec plusieurs.
11:43 Il avait vu ça à l'avance quand même, une bonne partie de la crise que nous vivons aujourd'hui.
11:47 - Arthur de Vatrigan, cette culture du déni vous la condamnez j'imagine aujourd'hui ?
11:52 - Oui évidemment, mais il y a une phrase, avant de revenir sur Darmanin,
11:55 il y a une phrase dont je ne me remets toujours pas, c'est celle d'Emmanuel Macron
11:58 qui avait déclaré très sérieusement qui avait prévu ce qu'allait se passer.
12:02 Je ne me remets toujours pas de cette phrase.
12:04 Et si vous vous rappelez, en fait c'est une phrase dont il est assez coutumier.
12:07 Il y a deux ans, il avait dit qui aurait pu prédire la crise sanitaire.
12:10 Il y a quelques mois, il dit qui aurait pu prédire la crise climatique.
12:14 On connaît tous l'adage évidemment, gouverner c'est prévoir,
12:16 mais on oublie souvent la phrase d'après de son auteur qui est Emile de Girardin,
12:20 qui était le patron de la presse et qui publiait des feuilletons dans la presse,
12:23 des romans feuilletons du Mabelsac, à croire qu'Emmanuel Macron d'ailleurs
12:26 veut feuilletonner son incapacité à prévoir quelque chose.
12:31 Donc la phrase d'après c'est ne rien prévoir, c'est courir à sa perte.
12:34 Bon, ça veut dire dans quel mal nous sommes aujourd'hui.
12:36 Pour la crise sanitaire, on peut y trouver des circonstances atténuantes.
12:39 Personne ne pensait que le pangolin se mangeait.
12:42 Pour la crise climatique, il y a débat, parce qu'on va au Normandie,
12:45 en plein mois d'août quand il fait plus de 20°C,
12:47 on se dit peut-être qu'il y a un petit réchauffement climatique.
12:49 Mais alors là pour les émeutes, franchement un mytho pareil.
12:52 Moi je hotte mon chapeau, je dis bravo monsieur le président, vous êtes très fort.
12:56 Alors on peut se dire, ça ne rentre pas dans le logiciel McKinsey.
13:00 Il n'y a pas de colon guerilla dans le fichier Excel.
13:03 Mais en même temps on peut lui dire, il faut juste traverser la rue,
13:06 puis vous ouvrez un livre, même pas de l'Iraspail ou des journaux comme l'Incorrec.
13:10 Juste le bouquin de Hollande, un président ne devrait pas dire ça,
13:13 où il explique que la partition est en train de se produire.
13:16 Mais là où j'ai compris qu'il y avait vraiment un papaoutage d'État,
13:19 c'est quand Gérald Darmanin est arrivé et explique, un sur les chiffres,
13:22 on est entre 8000 et 12000 émeutiers.
13:24 Donc vous avez deux possibilités, soit on se dit qu'il veut miner le moral de Mélenchon
13:28 parce qu'il sous-estime son armée de réserve, soit il nous prend vraiment pour des ânes,
13:32 mais en même temps il passe pour un incompétent,
13:34 parce que quand vous mettez 45 000 policiers, le RAID, le GIGN, déblindés,
13:38 face à 10 000 racailles et que ça se finit comme on le sait,
13:41 finalement c'est une victoire limite un match nul,
13:44 il passe un peu pour l'incompétent, sachant que c'est lui qui dirige la sécurité de l'État.
13:48 Ensuite il nous a refait, comme Mathieu l'a dit, le coup du Stade de France.
13:52 Cette fois-ci ce n'est pas les Anglais qui nous rejouent à Zincourt,
13:55 c'était Mathéo et Kevin, entre nous foutre le bazar sur le lot des Anglais,
13:58 ça ne me dérange pas, ce n'est pas faire plais mais ça soulage.
14:01 Là sur l'Italie et l'Irlande, honnêtement je ne comprends pas,
14:04 et puis surtout imaginez les Français qui voient les vidéos, tout le monde les a vues.
14:07 Donc là vous avez en fait Kevin qui est en train de brûler un drapeau français,
14:10 il n'est fugé parce qu'il n'a pas compris que ça ne brûlait pas,
14:12 et puis vous avez son copain Mathéo qui dans un pas de cour un peu bizarre explique
14:15 "ouais voilà, nique la France et c'est raciste".
14:18 Honnêtement personne ne peut croire ça, et pourtant lui il continue,
14:21 il continue à le faire très sérieusement.
14:23 Au passage il valide la thèse de Zemmour sur les prénoms, ce qui est assez amusant.
14:27 Donc la réalité, le problème c'est que la réalité, je pense sincèrement qu'Emmanuel Macron
14:30 comme Gérald Darmanin la connaissent parfaitement,
14:32 ils savent d'où vient le problème, sauf que le souci c'est que cette sécession,
14:37 ils en sont en partie responsables parce que depuis des décennies,
14:41 lui et ses équipes et toute sa pensée et ses maîtres ont refusé l'assimilation,
14:49 ont refusé de fermer les frontières qui alimentent ces bataillons,
14:52 ont alimenté la haine de la France en tapant dessus ou en se soumettant,
14:56 en faisant des courbettes à des puissants étrangers comme l'Algérie.
14:58 Et l'accepter aujourd'hui ce serait renier tout ce qu'ils pensent,
15:02 et malheureusement on sait que leur intérêt personnel passe avant tout l'intérêt général,
15:06 avant l'intérêt général, et donc le problème c'est que la France je pense qu'il s'en fout,
15:11 je pense qu'il méprise les français, et qu'ils se disent "pour l'instant tout va bien"
15:15 alors que pour l'instant tout va mal et que la France est en train de crever.
15:18 Voilà ce qu'on pouvait dire sur les émeutes secondaires,
15:22 le rôle de France Télévisions selon sa présidente,
15:25 de passage à la commission des finances de l'Assemblée Nationale,
15:28 Daphine Hernot a précisé en réponse à la question d'un député,
15:32 la vision qu'elle se faisait de France Télévisions et sa manière de représenter la France,
15:36 et c'est vers cet échange que vous souhaitez revenir.
15:40 Alors je crois que c'est une des déclarations les plus importantes
15:43 qu'on a entendues ces dernières semaines, et pourtant elle est très peu commentée.
15:47 Alors Daphine Hernot, on lui demande comment elle se représente,
15:50 le rôle de France Télévisions et tout ça, et je la cite,
15:53 "On ne représente pas la France telle qu'elle est, mais telle qu'on voudrait qu'elle soit."
15:59 Je vais la redire, Daphine Hernot, présidente de France Télévisions,
16:02 "On ne représente pas la France telle qu'elle est, mais telle qu'on voudrait qu'elle soit."
16:07 Alors son propos portait, je le précise, sur la diversité,
16:10 vous savez la diversité aujourd'hui, donc les quotas ethniques, ou la parité,
16:14 dans quelle mesure, qu'est-ce qu'on doit avoir telle proportion de tel groupe,
16:18 telle proportion ainsi de tel groupe dans la population,
16:21 pour représenter la France telle qu'on voudrait qu'elle soit.
16:24 Mais son propos mérite d'être pris plus largement, plus amplement,
16:27 parce que c'est tout à fait révélateur de l'état d'esprit d'une caste
16:31 qui considère, qui a privatisé les institutions publiques,
16:35 qui a privatisé, j'entends, qui les met au service d'une idéologie
16:40 qui appartient à un groupe en particulier, qui s'est appropriée l'État,
16:43 et cette caste pense, se croit se confondre avec une élite éclairée,
16:47 responsable du bien commun, et devant se délivrer du regard,
16:50 notamment du commun des mortels, des gens ordinaires.
16:53 Alors moi j'ai quelques questions pour Mme Ernotte,
16:55 qui est une femme intelligente, je n'en doute pas,
16:57 donc elle pourra nous répondre si jamais nous avons l'occasion.
16:59 Pourrait-on savoir, pourrait-elle préciser quelle est cette vision?
17:03 La France telle qu'on voudrait qu'elle soit.
17:05 Mais pourrait-je savoir, c'est quoi cette idée de la France telle qu'elle devrait être?
17:09 Pour ce que j'en sais, il y a plusieurs visions de la France qui cohabitent,
17:13 qui même, qui sont en conflit.
17:15 On appelle ça la démocratie.
17:16 Quand vous avez une élection, entre le Rassemblement national,
17:19 Reconquête, LFI, les Verts, les Républicains, la Macronie,
17:26 ces gens-là ont chacun une vision de la France.
17:28 Et c'est justement parce que ces visions, on ne peut pas trancher à la baïonnette,
17:33 on ne peut pas trancher à la guillotine,
17:34 on ne peut pas trancher avec je ne sais quel fusil,
17:36 qu'on organise des élections pour permettre à ces visions de la France
17:40 de s'exprimer, de débattre, de cohabiter.
17:42 Or là, ce que nous dit Mme Erna,
17:44 elle connaît, elle, la vision de la France telle qu'on voudrait qu'elle soit.
17:47 Donc premièrement, quelle est cette vision?
17:49 Pourrait-elle nous dire ce qu'elle entend par la France telle qu'elle devrait être?
17:52 Ce serait tout à fait passionnant d'avoir ces lumières.
17:54 Deuxièmement, pourrait-on savoir qui porte cette vision?
17:58 La France telle qu'on voudrait qu'elle soit, qui le ont à travers ça,
18:01 on pourrait dire aussi telle que nous voudrions qu'elle devienne, qu'elle soit,
18:04 mais qui le ont, quel on voudrait qu'elle soit?
18:07 Est-ce que c'est Mme Erna?
18:08 Est-ce que c'est le personnel dirigeant de France Télévisions?
18:10 Est-ce que c'est la Macronie?
18:12 Est-ce que c'est le centre gauche républicain?
18:14 Est-ce que ce sont les élites mondialistes et mondialisées?
18:17 Pourrait-elle savoir qui est ce on, tel qu'on voudrait qu'elle soit?
18:20 Et est-ce que je pourrais savoir de quelle manière peut-on participer
18:23 au séminaire ou au colloque qui permet de définir et d'élaborer
18:27 cette vision à partir de on?
18:29 C'est-à-dire, il doit y avoir un endroit où cette vision est élaborée,
18:31 il doit y avoir un comité où les gens disent ce que la France doit être
18:34 et ce qu'elle ne doit pas être.
18:35 Non, c'est assez intéressant.
18:37 Et on va aller un peu plus loin.
18:39 On sait, je devine que Mme Erna, je me trompe peut-être,
18:41 mais je devine que dans son esprit, il existe une telle chose que l'extrême droite.
18:45 Je devine que dans son esprit, l'extrême droite, c'est mal.
18:48 Vous savez, moi, je n'utilise pas ce concept-là, je le pense sans valeur,
18:51 je le pense inutile, je le pense contre-productif,
18:53 je le pense qui ne permet pas de lire la réalité,
18:55 mais je suis persuadé qu'elle n'a pas mon point de vue là-dessus.
18:57 Est-ce que de son point de vue, la France, telle qu'on voudrait qu'elle soit,
19:00 c'est une France sans l'extrême droite,
19:02 donc environ 42 % des électeurs à la présidentielle.
19:04 Donc est-ce que France Télévisions a désormais une mission de propagande,
19:08 une mission de rééducation de la population,
19:10 pour aboutir à un pays qui serait délivré des courants politiques
19:13 qui ne plaisent pas à Mme Erna ?
19:16 Est-ce que France Télévisions a pour fonction désormais d'éduquer,
19:19 de rééduquer la population en fonction de la vision de Mme Erna ?
19:22 Tout cela me passionne.
19:24 - Delfine Erna, qui s'est aussi désolée de ne pas pouvoir utiliser les quotas
19:28 pour assurer la représentation de la diversité.
19:31 - Ce n'est pas la première fois qu'elle nous fait le coup.
19:33 Fin automne 2020, dans Le Monde, elle nous disait que, en gros,
19:37 France Télévisions doit assurer la promotion de la diversité.
19:40 La promotion de la diversité, pourquoi ?
19:42 Parce qu'environ 25 % de la population française serait de non-blanche.
19:46 Donc il faut assurer la représentation de ces gens-là.
19:48 Premièrement, 25 % de la population qui serait d'origine extra-européenne,
19:53 pour reprendre Mme Disney, un non-blanche.
19:55 Moi, je n'utilise pas des catégories racialistes comme ça,
19:57 mais Mme Erna le pense comme tel.
19:59 Je devine qu'elle doit parler d'un mouvement migratoire significatif pour ça.
20:02 Quoi qu'il en soit, elle nous dit 25 % de non-blanche.
20:04 Et on doit avoir des catégories désormais des quotas
20:07 pour assurer la promotion de ces gens,
20:09 pour accélérer leur promotion dans l'espace public.
20:12 Mais Mme Erna s'est désolée à l'Assemblée nationale, à la Commission des finances,
20:16 de ne pas pouvoir utiliser des quotas, justement,
20:19 pour assurer la promotion de la diversité.
20:21 Elle ne peut pas les utiliser parce qu'en France,
20:23 on refuse des statistiques ethniques, on refuse tout ça.
20:25 Donc elle se désole que, dans cette technique d'ingénierie sociale
20:28 qu'elle voudrait utiliser pour construire la France telle qu'on voudrait qu'elle soit,
20:33 telle qu'on voudrait qu'elle soit,
20:35 elle ne peut pas utiliser des quotas ratios ou des quotas ethniques
20:38 pour assurer la construction de la France de la diversité.
20:41 Ou de la France de demain.
20:43 Je note, cela dit, qu'en tant que telle, sa vision politique
20:45 est une vision, je le dis, racialiste, comme une otariste,
20:47 une vision qui ethnicise les rapports sociaux.
20:50 Pour Mme Ernott, ce sont les catégories de départ
20:52 à partir desquelles elle exerce sa présidence,
20:54 à partir desquelles elle veut transformer France télévision.
20:57 De ce point de vue, d'elle fait l'Ernott,
20:59 une vision politique qui est bien ancrée,
21:01 une vision idéologique qui est assumée.
21:03 Voilà qui est étonnant, par ailleurs, de la part de quelqu'un
21:05 qui devrait, à ce qu'on en dit, vouloir tenir compte
21:07 de la sensibilité de l'ensemble des Français.
21:09 On ne représente pas la France telle qu'elle est,
21:11 mais telle qu'on voudrait qu'elle soit.
21:13 Arthur de Vatrigan, déclaration qui, effectivement, a été peu traitée.
21:16 On a eu quand même une actualité chargée cette semaine avec les émeutes.
21:19 Au moins le projet est clair.
21:21 Mme Ernott ne prend même plus la peine d'avancer masquée.
21:23 Parce que sa mission de service public,
21:26 qui est d'informer ou de divertir,
21:28 là, elle l'annonce clairement, c'est de rééduquer.
21:30 C'est beau comme le communisme, si vous voulez.
21:32 Mais il y avait quand même pas mal de choses annoncées avant.
21:37 Rappelez-vous, elle avait commencé par dire
21:39 qu'elle voulait éliminer les hommes blancs de plus de 50 ans,
21:42 ce qu'on appelle du racisme autorisé.
21:44 Ensuite, Mathieu parlait de quotas.
21:46 Elle avait commencé, pour expliquer qu'elle voulait mettre en place
21:48 des quotas pour les femmes.
21:50 Ensuite, des quotas sur la diversité.
21:52 Et aujourd'hui, elle dit la France qu'elle devrait être,
21:54 traduction, la France telle que je voudrais qu'elle soit.
21:57 En fait, si vous voulez, comme tous les gauchistes,
21:59 Mme Ernott s'approprie ce qui ne lui appartient pas,
22:02 à savoir et la France et le service public.
22:04 Et elle ne vous donne pas votre avis,
22:06 telle un squatteur.
22:08 Elle vous pique les clés et en plus, elle vous demande de raquer un loyer.
22:10 Parce que la redevance, tout le monde la paye.
22:12 Si on peut lui rappeler l'article 44 de la loi du 30 septembre 1986
22:16 sur les missions du service public, il y a en effet,
22:19 "France à la vision doit refléter dans sa programmation
22:21 la diversité de la société française".
22:23 Je pense qu'elle est restée là-dessus,
22:25 elle n'a pas lu la phrase d'après,
22:27 qui est l'objectif de pluralisme des courants de pensée et d'opinion
22:29 et de diversité de la création et de la production des programmes.
22:32 Donc pour Mme Ernott, si vous voulez,
22:34 le pluralisme, c'est simplement un produit marketing
22:36 et le produit marketing le plus basique,
22:38 puisqu'il est fondé sur les signes les plus immédiatement perceptibles,
22:41 à savoir la couleur de peau ou le sexe.
22:44 Même si je pense que Mme Ernott doit partager cette idée farfelue
22:47 qu'une femme peut avoir un pénis
22:49 et qu'un blanc comme un anglais peut se sentir racisé,
22:52 malheureusement, si on reprend la loi,
22:54 elle ne s'interrompt pas dans sa définition.
22:56 Mais pour finir, quand on voit qui sont ces équipes,
23:00 notamment le directeur de programme,
23:02 M. Stéphane Sidbon-Gomez, fils d'un éditeur
23:04 qui a pondu beaucoup de lits sur pourquoi il fallait plus de migrants en France,
23:07 il a fait ses classes chez les écolos,
23:09 jusqu'à devenir même directeur de cabinet de Cécile Duflot
23:13 à son ministère.
23:14 Donc avec de telles personnes aux manettes,
23:17 il ne faut pas s'étonner de retrouver des contenus perfusés,
23:20 évidemment, d'idéologie,
23:21 ou même de censure, comme je le rappelle,
23:24 France 3, qui avait censuré il y a quelques années, en 2021,
23:27 un documentaire sur Jeanne d'Arc, tout simplement,
23:29 parce que c'est notre brillante conseillère Charlotte Dornelas
23:32 qui faisait la voix off.
23:34 Voilà pour les deux éditos.
23:35 Dans un instant, vous allez recevoir Xavier Drie en cours,
23:38 ancien ambassadeur,
23:39 et il sera alchystion de la France et de l'Algérie.
23:41 A tout de suite pour la suite de Face à Boccote.
23:43 Quasiment 20h30 sur CNews,
23:48 le point sur l'information, Isabelle Piboulot.
23:50 Enquête ouverte contre la chanteuse Isia Hijlin
23:56 pour provocation publique à commettre un crime ou un délit.
24:00 Lors d'un festival ce jeudi,
24:01 l'artiste a évoqué sur scène un lynchage d'Emmanuel Macron
24:05 par les spectateurs.
24:06 Le chef de l'État a transformé selon ses termes en pignata.
24:09 La brigade territoriale de la gendarmerie de Beaulieu-sur-Mer
24:12 et la brigade de recherche se sont saisies de l'enquête
24:15 qui ne fait pas suite à une plainte.
24:17 L'État va mobiliser 7 milliards d'euros supplémentaires en 2024
24:21 pour le financement de la transition écologique,
24:24 annonce de la première ministre lors d'un entretien aux Parisiens.
24:27 L'objectif étant de doubler le rythme de réduction
24:30 des émissions de gaz à effet de serre de la France.
24:33 Conformément aux nouveaux objectifs de l'Union européenne,
24:36 le pays doit d'ici à 2030 réduire ses émissions de 50%
24:41 par rapport au niveau de 1990.
24:44 Le cap des 500 jours de guerre en Ukraine est franchi.
24:47 Volodymyr Zelensky a célébré le courage de son peuple.
24:51 Il a notamment visité l'île des serpents sur la mer Noire
24:54 où Kiev avait obtenu une victoire de prestige au début de la guerre.
24:58 Le président ukrainien a déposé des fleurs devant un mémorial
25:02 déclarant que l'île des serpents ne sera jamais conquise
25:05 par l'occupant tout comme le reste de l'Ukraine.
25:08 Merci chère Elisabeth Pivolo pour le point sur l'information.
25:12 On est toujours avec Mathieu et Arthur bien sûr.
25:14 Nous recevons Xavier Driancourt.
25:16 Merci d'être avec nous.
25:17 Bonsoir, vous êtes ancien ambassadeur.
25:19 Vous avez publié cette note, le pari algérien d'Emmanuel Macron.
25:22 Et puis vous êtes auteur également de l'énigme algérienne.
25:25 Mathieu Bocoté, pourquoi avoir invité ce soir Xavier Driancourt ?
25:29 La question du rapport entre la France et l'Algérie
25:31 revient en boucle dans l'espace public.
25:33 Il y a une proposition, d'ailleurs portée, probablement lancée
25:36 par M. Driancourt, beaucoup circulée ces derniers temps.
25:39 C'est la dénonciation des accords de 1968 entre la France et l'Algérie
25:43 qui structurent la relation migratoire.
25:45 Mais avant cela, j'aurais quelques questions pour l'ambassadeur
25:48 avant d'en arriver à cette question.
25:49 Monsieur, bonsoir.
25:50 Bonsoir.
25:51 Alors, question première, toute simple.
25:52 Si vous deviez caractériser la relation entre la France et l'Algérie
25:56 aujourd'hui, de la manière la plus lucide qui soit,
25:58 quel terme utiliseriez-vous ?
26:00 Une relation compliquée et on n'en sort pas.
26:07 Ce n'est pas un adjectif, c'est une phrase.
26:10 Une relation compliquée, alors je la pose sur la question du rapport de force.
26:14 Est-ce qu'on pourrait dire qu'aujourd'hui, même si, vu de loin,
26:17 la France est un pays plus puissant que l'Algérie, vu de loin,
26:20 la France est un pays beaucoup plus développé que l'Algérie,
26:23 est-ce qu'à certains égards, l'Algérie n'a pas un rapport de force
26:26 à l'endroit de la France aujourd'hui ?
26:27 Oui, parce que l'Algérie détient un certain nombre de leviers vis-à-vis de la France
26:32 et nous, nous avons très peu de choses vis-à-vis de l'Algérie.
26:35 Nous avons les visas, mais c'est tout.
26:37 Alors, justement, le point de départ, vous dites les visas,
26:40 c'est la question migratoire.
26:41 Vous avez proposé, il y a un temps, cette idée que la France devait dénoncer
26:45 l'accord de 1968 qui structure la relation en matière d'immigration.
26:49 Proposition qui a été reprise par des gens de différentes familles politiques,
26:53 Marine Le Pen, Éric Zemmour, Édouard Philippe,
26:56 Manuel Valls, si je ne me trompe pas, d'autres probablement.
26:59 LR également.
27:01 Vous dites LR aussi, ça fait raison de le dire.
27:03 Alors, quand on a ça à l'esprit, que voudrez-vous dire ?
27:05 D'abord, quel est cet accord, l'accord de 68 ?
27:07 Pourquoi est-il aussi important ?
27:08 Et deuxièmement, pourquoi proposez-vous de le dénoncer ?
27:11 Parce que c'est un accord qui date de 1968 et les conditions n'étaient pas les mêmes
27:17 en 68 qu'elles sont en 2023 d'une part, donc le contexte a changé.
27:21 Et puis d'autre part, comme il y a dans la règle juridique française
27:25 la supériorité des traités internationaux vis-à-vis des lois,
27:29 cela veut dire que les Algériens ne sont pas concernés par les lois
27:33 et ne sont pas régis par les lois concernant l'immigration,
27:36 mais dépendent du traité de 1968.
27:40 Donc, il y a à la fois une exception algérienne
27:43 et il y a donc un angle mort dans notre politique migratoire.
27:46 Alors, on y reviendra, mais si je comprends bien,
27:48 la France voudrait renforcer sa politique migratoire,
27:51 voudrait assurer un meilleur contrôle des frontières,
27:53 puisque l'Algérie est une des principales filières migratoires pour la France,
27:57 ces rodementades politiques n'auraient pas vraiment d'effet à cause de ce traité ?
28:01 Les Algériens, encore une fois, ne dépendent pas des lois
28:05 qui sont votées par le Parlement sur l'immigration.
28:08 Le Conseil d'État rappelle systématiquement
28:11 que les Algériens sont régis exclusivement par l'accord du 27 décembre 1968.
28:17 Et qu'est-ce qu'on trouve dans cet accord ?
28:19 Il y a un certain nombre d'exceptions que n'ont pas les autres nationalités.
28:23 Il n'y a pas de condition en matière d'intégration pour le regroupement familial.
28:29 Il y a des exceptions pour les étudiants.
28:32 Il y a un titre de séjour particulier qui s'appelle
28:35 le certificat de résidence algérien, qui est un titre de séjour de 10 ans.
28:40 Donc, il y a beaucoup d'exceptions qui datent encore une fois de 1968
28:45 et qui n'ont pas été appliquées à d'autres nationalités.
28:49 Donc, voilà.
28:50 Et dans quel contexte ce traité est-il adopté ?
28:53 En 1968, et pourquoi n'est-il plus adapté au temps présent ?
28:56 Mais d'abord, le contexte d'origine.
28:57 Le contexte, c'est après les accords déviants.
29:00 Les accords déviants prévoyaient la libre circulation entre la France et l'Algérie
29:05 et notamment au profit des pieds noirs,
29:07 parce qu'on pensait que les pieds noirs allaient rester en Algérie.
29:10 Ils ne sont pas restés en Algérie.
29:12 Donc, il y a eu une sorte de vide juridique entre 1962 et 1968
29:16 et nous avons négocié à l'époque cet accord avec Alger pour combler ce vide juridique.
29:22 On n'est pas revenu évidemment à la libre circulation
29:25 et on a établi un régime particulier au profit des Algériens,
29:29 qui était supérieur à l'époque à ce qu'avaient les autres nationalités.
29:33 Et à partir de quel moment commence-t-on à comprendre
29:36 que ce traité joue contre la France ?
29:39 Je crois qu'on n'a pas compris que ce traité joue contre la France.
29:44 J'ai mentionné ce traité dans mon livre que vous avez rappelé,
29:48 "L'énigme algérienne", dans cette note qui a été faite pour la Fondapol.
29:52 Je l'ai dit lorsque j'étais à Alger,
29:55 mais en fait, on n'ose pas toucher à cet accord de 1968.
30:00 Autrement dit, vous avez lancé la proposition,
30:02 mais vous n'avez pas l'impression que dans la classe politique,
30:04 on comprendra même ce dont vous parlez.
30:06 Je n'ai pas l'impression d'avoir été écouté, effectivement.
30:09 Pourtant, je l'ai dit lorsque j'étais à Alger.
30:11 Alors, vous avez dit que c'était une relation complexe entre la France et l'Algérie.
30:15 Et je me permets de revenir sur un élément d'actualité.
30:17 Avant de revenir sur le fond de votre propos,
30:19 on a vu dans le cadre des émeutes récemment,
30:21 qui ont enflammé une partie du pays,
30:24 on a vu le gouvernement algérien faire un communiqué
30:29 pour dire qu'il s'inquiétait de la situation du traitement
30:31 réservé à ses ressortissants en France aujourd'hui,
30:35 notamment le jeune Maël, mais d'autres.
30:38 Comment comprenez-vous cette intervention du gouvernement algérien
30:42 dans les affaires intérieures françaises?
30:44 C'est une forme d'ingérence, comme on dit,
30:47 dans les affaires intérieures françaises.
30:50 Si pendant les manifestations qui s'étaient déroulées en Algérie,
30:54 pendant ce qu'on a appelé le Hirak,
30:56 qui était cette série de manifestations
30:58 qui a abouti à la chute de Bouteflika en 2019-2020,
31:02 si à l'époque le gouvernement français avait publié un communiqué
31:06 appelant les autorités algériennes à protéger les ressortissants français,
31:11 je suis sûr que l'ambassadeur de France que j'étais à l'époque
31:15 aurait été convoqué par le ministre algérien des Affaires étrangères
31:19 pour me faire dire que c'était de l'ingérence
31:22 dans les affaires intérieures algériennes.
31:25 Donc, il y a deux poids, deux mesures.
31:28 Les Algériens ne se privent pas d'intervenir
31:30 dans nos affaires intérieures,
31:32 mais nous niaient la possibilité de faire les mêmes remarques
31:36 à l'égard des Français en Algérie,
31:38 ou des binationaux franco-algériens.
31:40 – Arthaud de Matrygan.
31:42 – Sur les accords de 68, si on part du principe
31:45 qu'ils ne sont pas tous ignorants et que certains connaissent cet accord-là,
31:49 pensez-vous qu'ils craignent quelque chose en remettant en cause cet accord-là ?
31:53 Et une question, pourquoi la France et Emmanuel Macron
31:57 réagissent aussi peu aux insultes du gouvernement algérien ?
32:01 On a parlé de cette ingérence,
32:02 on peut parler de ce couplet qui a été ajouté,
32:04 on peut parler du président qui annule plusieurs fois les visites
32:08 et que nous seulement on ne réagisse pas mais se couche devant.
32:11 Quelle est cette crainte française devant l'Algérie ?
32:14 – Il y a ce que j'appelle une certaine inhibition
32:18 de la classe politique française de droite et de gauche vis-à-vis de l'Algérie
32:23 parce que l'Algérie c'est à la fois de la diplomatie,
32:27 de la politique étrangère mais aussi de la politique intérieure française.
32:31 Et comme c'est de la politique intérieure française,
32:33 il y a des électeurs français, franco-algériens
32:38 et donc c'est une composante assez particulière.
32:41 Et comme ces politiques sont un peu inhibées vis-à-vis de l'Algérie,
32:46 ils n'osent pas dire tout haut ce qu'ils pensent
32:49 parce qu'encore une fois c'est de la politique étrangère et de la politique intérieure.
32:53 – Ils n'osent pas dire tout haut mais ils le pensent.
32:56 Donc vous y voyez quoi de forme de syndrome post-colonial ?
33:00 La France continue de mal gérer sa mémoire de la guerre d'Algérie ?
33:03 – Il y a une forme de, non pas de repentance,
33:07 mais il y a une forme de remords chez nos politiques,
33:10 chez nos hommes et nos femmes politiques.
33:12 À gauche on se souvient de la guerre d'Algérie,
33:15 des déclarations de François Mitterrand à l'époque,
33:18 à droite on se souvient de 1962, de 1958, le "je vous ai compris".
33:23 Donc ils sont gênés vis-à-vis de l'Algérie quand on parle de l'Algérie.
33:28 Pas autant que vis-à-vis du Maroc, vis-à-vis de la Tunisie
33:31 où là la parole est plus libre, mais vis-à-vis de l'Algérie,
33:34 on se fait tout de suite rappeler à l'ordre, insulter parfois
33:39 et on n'ose pas réagir, ça explique qu'on ne réagisse pas
33:42 et qu'on n'ait pas réagi, à ma connaissance,
33:44 après le communiqué du ministre algérien.
33:47 - Alors vous refusez d'utiliser le terme "repentance".
33:50 Pourtant dans votre note, vous revenez sur la déclaration
33:53 d'Emmanuel Macron, on s'en souvient, qui avait présenté
33:55 la colonisation comme un crime contre l'humanité.
33:58 Si la notion de crime contre l'humanité, pour parler de la colonisation,
34:02 ne s'inscrit pas sous le signe de la repentance,
34:04 comment la caractérise... comment voudriez-vous la caractériser?
34:08 - Oui, je disais, les politiques ont une forme de remords.
34:14 C'est à ce propos-là que j'utilisais le terme de remords.
34:18 Mais la repentance, oui, elle est un peu dans la définition
34:22 qu'avait donnée Emmanuel Macron, encore qu'il disait régulièrement
34:26 c'est de la reconnaissance et non pas de la repentance.
34:30 Vous voyez, il y a des distinguos, remords, reconnaissance, repentance.
34:35 - Alors dans votre analyse, dans votre note, vous analysez finement
34:39 ce qu'on pourrait croire être la psychologie présidentielle
34:41 par rapport à l'Algérie.
34:43 Mais il y a deux dimensions.
34:45 D'un côté, on le sait, on vient de l'évoquer,
34:47 la question du crime contre l'humanité, que serait la colonisation.
34:50 De l'autre côté, chez Emmanuel Macron, on s'en souvient
34:52 qu'il dénonçait la rente mémorielle sur laquelle était assis
34:55 le pouvoir algérien.
34:57 Alors première question, est-ce que ce terme de rente mémorielle
35:00 est approprié selon vous pour parler du rapport qu'entretiennent
35:03 les dirigeants algériens dans le rapport avec la France?
35:06 Et deuxièmement, comment le président peut-il tenir
35:09 ces deux affirmations en même temps?
35:12 - La rente mémorielle est tout à fait appropriée parce que
35:15 ce qui fonde la légitimité du pouvoir algérien,
35:18 c'est le discours anti-français.
35:21 Et donc l'utilisation de cet espace, de cette rente mémorielle.
35:27 Et votre deuxième question, c'est effectivement une certaine
35:31 sinuosité dans la politique française ou dans la politique
35:35 du président français vis-à-vis de l'Algérie.
35:37 Il y a eu ces déclarations très dures faites devant des jeunes
35:41 algériens ou franco-algériens il y a deux ans.
35:45 Six mois après, il va à Alger pendant trois jours, à Oran.
35:49 Et Mme Borne y va après.
35:51 Donc vous voyez, il y a du... en même temps, quelque part.
35:55 - Alors vous avez parlé de ressentiment,
35:57 un discours anti-français, qui fonde le pouvoir d'Alger aujourd'hui.
36:01 Est-ce que ce sentiment anti-français est présent,
36:04 selon vous, aussi dans cette population d'origine algérienne
36:07 qui se voit quelquefois comme une diaspora algérienne en France?
36:10 - Oui, oui, parce que l'éducation telle qu'elle a été faite
36:15 chez les jeunes Algériens en Algérie, je dis en Algérie,
36:19 on leur bourre le crâne avec la colonisation,
36:24 les crimes qui ont été commis par les Français,
36:27 avec l'histoire de l'Algérie.
36:29 Donc c'est une population qui a été élevée, éduquée,
36:33 formatée dans ce discours anti-français.
36:35 Alors il reste très, très présent chez ces jeunes.
36:39 - Est-ce que c'est pas un discours qui est aussi présent
36:41 peut-être en France même?
36:43 - Il est véhiculé, effectivement, par les réseaux sociaux,
36:46 par le discours ambiant, par la famille, par les amis, forcément.
36:51 Et quand il retourne en Algérie pendant l'été,
36:54 pour les vacances ou autre chose,
36:56 il retrouve cette atmosphère qui est quand même très marquée
37:01 et qui n'est pas terminée 60 ans après l'indépendance.
37:06 - Alors vous nous parlez dans votre note du pari algérien
37:09 d'Emmanuel Macron. Comment présentez-vous ce pari?
37:12 De quoi s'agit-il exactement?
37:14 - Bien, j'ai du mal à comprendre,
37:18 pour avoir passé près de huit années en Algérie,
37:21 pourquoi nous nous obstinons en quelque sorte
37:27 à jouer la carte algérienne,
37:30 alors qu'en même temps nous nous sommes brouillés
37:33 avec le Maroc et que surtout les Algériens
37:36 ne nous renvoient jamais l'ascenseur.
37:39 Rien sur le domaine mémoriel, rien en matière d'OQTF
37:44 ou de laissé-passer consulaire, le communiqué récent,
37:48 l'hymne national algérien.
37:50 Donc vous voyez, on fait beaucoup de gestes
37:53 et il n'y a jamais rien en retour.
37:55 - On pourrait formuler la chose autrement peut-être.
37:57 Ils font beaucoup de gestes et du côté français,
37:59 il n'y a jamais rien en retour.
38:01 La volonté d'humiliation de la France
38:03 pour avoir le pouvoir algérien,
38:05 vous me semblez bien la documenter,
38:07 mais là où il y a une absence de retour,
38:09 c'est du côté français, comme finalement on décide
38:11 de siffler dans un cimetière, comme si rien ne se passait.
38:13 - Il n'y a pas de retour du côté français.
38:15 On laisse passer les choses.
38:17 Nous n'avons pas réagi après les différents épisodes récents,
38:19 après le communiqué algérien.
38:21 Encore une fois, j'aurais été algé dans cette circonstance,
38:24 j'aurais été immédiatement convoqué par le ministre algérien.
38:27 Mais là, à ma connaissance, nous n'avons pas convoqué
38:30 l'immigration avec l'Algérie à Paris.
38:32 - Mais vous nous dites qu'Emmanuel Macron
38:34 espère néanmoins quelque chose.
38:36 Et là, vous présentez différentes hypothèses.
38:38 Est-ce que c'est le gaz? Pas nécessairement.
38:40 Et là, vous évoquez toute une série d'hypothèses
38:42 et finalement, vous arrivez à l'idée
38:44 que c'est peut-être dans l'espoir d'encadrer un peu,
38:46 si les circonstances sont bonnes,
38:48 et j'ajouterais les années bisextiles,
38:50 l'immigration avec l'Algérie.
38:52 - Il y a l'immigration, il y a peut-être le Sahel,
38:55 et puis il y a, je crois, aussi la volonté
38:58 de réussir là où ni De Gaulle, ni Mitterrand,
39:02 ni Chirac n'ont réussi.
39:04 - Réussir quoi?
39:06 - Réussir à pacifier, à normaliser
39:08 notre relation avec l'Algérie.
39:10 Alors que ses trois prédécesseurs
39:12 que je viens de citer n'ont pas réussi.
39:14 Donc peut-être que chez le président de la République,
39:17 je n'en sais rien, c'est une hypothèse,
39:19 mais peut-être que chez le président de la République,
39:21 il y a le souhait, la volonté de pouvoir réussir
39:23 là où on n'a pas réussi avant lui.
39:25 - Une question, un souhait, Arthur de Matriguin.
39:27 Qu'est-ce que ça voudrait dire,
39:29 normaliser la relation?
39:31 Du point de vue que vous avez passé 8 ans là-bas,
39:33 vous connaissez l'Algérie,
39:35 vous vous rappelez de la question algérienne.
39:37 Une relation normalisée entre les deux pays
39:39 est imaginable à court ou moyen terme?
39:41 - C'est une relation qui, depuis 1962,
39:44 va en danse.
39:46 Il y a les deux types CAC 40.
39:48 Il y a des périodes haussières,
39:50 des périodes baissières, et il y a des crises.
39:53 Une relation normalisée, ce serait une relation
39:55 à peu près stabilisée.
39:57 - Et c'est imaginable?
39:59 - Ça ne me paraît pas imaginable
40:01 dans les circonstances actuelles.
40:03 - Arthur de Matriguin.
40:05 - L'une des explications pour justifier
40:07 la posture de soumis de nos gouvernants
40:09 vis-à-vis de l'Algérie,
40:11 c'est le besoin en ressources énergétiques,
40:13 notamment du gaz, depuis la crise,
40:15 la guerre en Ukraine.
40:17 Quelle est la réalité?
40:19 Est-ce qu'on a vraiment besoin du gaz algérien?
40:21 - Non, je ne crois pas que ce soit un sujet
40:23 plus majeur que le gaz algérien.
40:25 Évidemment, à terme, nous aurons besoin
40:27 du gaz algérien, encore qu'il y a
40:29 des problèmes de transport du gaz.
40:31 Il n'y a pas de gazoduc
40:33 qui vienne directement en France.
40:35 Mais ce n'est pas un enjeu immédiat.
40:37 Ce n'était pas l'objet de la visite
40:39 du président de la République.
40:41 Je sais que beaucoup de commentateurs ont dit
40:43 que le président y va parce qu'on a besoin
40:45 de gaz après l'Ukraine.
40:47 Mais je ne crois vraiment pas que ce soit un enjeu.
40:49 Le gaz algérien ne représente que
40:51 7 à 8 % de nos approvisionnements.
40:53 Alors que l'Italie, en revanche,
40:55 dépend du gaz algérien,
40:57 à 35 %.
40:59 - Vous m'obligez à vous poser une question
41:01 assez particulière. On a des pays
41:03 dont on dit qu'ils sont alliés, d'autres pays
41:05 qui sont amis, d'autres pays qui sont hostiles.
41:07 Est-ce que vous diriez que l'Algérie est un pays
41:09 ami de la France?
41:11 - Ça pourrait être un pays
41:13 ami de la France.
41:15 - Je pourrais être une femme si je voulais l'être aujourd'hui.
41:17 - Mais aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
41:19 - Il faudrait une relation
41:21 normalisée, mais elle n'est pas normalisée.
41:23 - Alors si ce n'est pas un pays ami,
41:25 diriez-vous que c'est un pays ennemi de la France?
41:27 - Non, ce n'est pas un pays ennemi non plus.
41:29 Nous avons besoin d'avoir une relation
41:31 pacifiée, stabilisée
41:33 avec l'Algérie.
41:35 Parce qu'il y a l'histoire,
41:37 il y a l'autre côté de la Méditerranée,
41:39 il y a 7 millions de Français
41:41 qui ont un lien avec l'Algérie.
41:43 Donc on ne peut pas traiter l'Algérie
41:45 comme on traite
41:47 la Suisse
41:49 ou la Birmanie.
41:51 - C'est une relation existentielle,
41:53 en quelque sorte. C'est une relation qui,
41:55 si je vous comprends bien,
41:57 vu l'évolution démographique de la France,
41:59 vu les effets politiques et sociaux de l'immigration,
42:01 c'est une relation
42:03 qui est insurmontablement compliquée.
42:05 - Oui.
42:07 Elle est destinée à rester compliquée,
42:09 parce qu'on n'efface pas l'histoire.
42:11 - Il y a deux dimensions. Il y a le pouvoir algérien,
42:13 avec lequel la relation est compliquée.
42:15 Est-ce que la France, par rapport,
42:17 non pas aux ressortissants algériens,
42:19 mais aux Français d'origine algérienne
42:21 et qui ont quelquefois une identité tiraillée,
42:23 est-ce que la France, par ailleurs,
42:25 peut mener une politique particulière,
42:27 envoyer un message particulier
42:29 à ses citoyens qui sont d'origine algérienne
42:31 et qui, quelquefois, ont peut-être plus de cœur
42:33 à Alger qu'à Paris? Est-ce qu'il est possible
42:35 d'assurer une pleine acculturation,
42:37 d'achever l'acculturation avec cette partie de la population?
42:39 - Il y a la question de l'acculturation,
42:41 il y a la question de la nationalité également.
42:43 On a dit, ou j'ai entendu, comme vous,
42:45 qu'il y avait 10% seulement d'étrangers
42:47 dans les émeutes,
42:49 mais les 90% restants,
42:51 ils sont certainement double nationaux,
42:53 c'est-à-dire français
42:55 et algériens,
42:57 marocains ou d'autres nationalités.
42:59 Donc, il y a cette question
43:01 de la double nationalité
43:03 qu'il faudra peut-être un jour traiter.
43:05 - On la traitera de quelle manière?
43:07 - Il y a plusieurs façons.
43:09 - Par exemple?
43:11 - Mon avis personnel,
43:13 si c'est ça que vous me demandez,
43:15 je pense qu'il faudrait limiter
43:17 la double nationalité dans le temps.
43:19 On pourrait dire qu'on a la double nationalité
43:21 pendant 5 ans, pendant 10 ans,
43:23 et puis au bout de 10 ans
43:25 ou au bout de 5 ans,
43:27 on choisit selon ses intérêts professionnels
43:29 et familiaux, comme dit le Conseil d'État,
43:31 c'est une formule juridique.
43:33 Si on a ses intérêts professionnels
43:35 ou familiaux en France,
43:37 on choisira la nationalité française.
43:39 Si on a ses intérêts professionnels,
43:41 familiaux ou moraux en Algérie,
43:43 on choisirait la nationalité algérienne.
43:45 Je pense qu'on pourrait imaginer cela.
43:47 Je sais que c'est difficile,
43:49 mais c'est une piste.
43:51 - Je vous lance une dernière question.
43:53 Il reste un peu moins d'une minute.
43:55 Vous avez cité la formule
43:57 90 % des manifestants interpellés
43:59 sont de nationalité française,
44:01 10 % étrangers.
44:03 Est-ce que cette formule vous semble exacte
44:05 pour décrire l'état d'esprit des manifestants?
44:07 - Non.
44:09 Encore une fois, sur les 90 %,
44:11 il y en avait sans doute
44:13 qui étaient aussi double nationaux.
44:15 Mais juridiquement,
44:17 nous les considérons comme français en France.
44:19 C'est le droit.
44:21 - Et au-delà de l'aspect juridique,
44:23 sur l'aspect de l'appartenance culturelle?
44:25 - Je crois que vous l'avez dit
44:27 bien mieux que moi.
44:29 C'est-à-dire la question de la culturation
44:31 et du formatage intellectuel et moral
44:33 vis-à-vis de la France,
44:35 de cette population.
44:37 C'est l'éducation,
44:39 les problèmes de banlieue,
44:41 qui ne sont pas d'ordre juridique.
44:43 - Merci.
44:45 - Merci, Xavier Driancourt.
44:47 Je rappelle cette note.
44:49 Le pari algérien d'Emmanuel Macron
44:51 et votre ouvrage "L'énigme algérienne".
44:53 Voilà pour cette émission.
44:55 C'était la dernière de la saison,
44:57 cher Mathieu Bocoté.
44:59 - Nous nous revoyons à la rentrée.
45:01 L'équipe sera là.
45:03 - L'incorrect.
45:05 Trans, les enfants, cobayes.
45:07 Permettez-moi, comme je suis le premier
45:09 téléspectateur, de vous remercier.
45:11 J'ai passé une moitié de saison
45:13 avec vous.
45:15 Absolument passionnante.
45:17 Merci à tous les deux.
45:19 - Nous sommes un trio.
45:21 - Un fausse poursuit sur CNews.

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