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Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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00:00 Il est 20h, ravi de vous retrouver pour Face à Bocote avec Mathieu bien sûr.
00:04 Bonsoir cher Mathieu.
00:05 Bonsoir.
00:06 Avec Arthur De Vatrigan, directeur de la rédaction de L'Incorrect.
00:09 Arthur, comment ça va ?
00:10 Ça va et vous ?
00:11 À la une de L'Incorrect, mercredi, Michel Houellebecq, La République, la contre-attaque.
00:15 Avec plein d'infos.
00:16 Avec plein d'infos, un entretien fleuve d'une vingtaine de pages où il est très drôle
00:20 et Houellebecq, Houellebecquien quand même.
00:22 Houellebecquien.
00:23 Vous pouvez le commander déjà en ligne à partir d'aujourd'hui.
00:25 Très bien.
00:26 L'Incorrect donc, le point sur l'information tout de suite.
00:28 Isabelle Piboulot et ensuite on commence Face à Bocote.
00:33 L'émotion à Montbrison dans la Loire.
00:36 Une marche blanche a été organisée à la mémoire de Thibault, le petit garçon de
00:40 10 ans a mis fin à ses jours par pendaison au domicile familial le 29 avril.
00:45 Thibault était élève en CM2 à l'école primaire de Saint-Bonnet-le-Château.
00:49 Le parquet de Saint-Etienne a ouvert une enquête privilégiant la piste du harcèlement scolaire.
00:54 Quatre hommes placés en garde à vue après l'interruption hier soir du match Bordeaux-Rhodes.
00:59 En pleine célébration sur la pelouse, un supporter des Girondins a violemment bousculé
01:05 Lucas Buades, buteur pour Rhodes.
01:07 L'individu, âgé d'une quarantaine d'années, a reconnu les faits et a présenté ses excuses.
01:13 La commission de discipline de la Ligue de football professionnelle se réunira lundi
01:17 pour étudier les suites à donner.
01:19 Et puis dans l'Est de l'Inde, les opérations de secours ont pris fin au lendemain de la
01:24 tragédie ferroviaire près de Balasore.
01:26 Le Premier ministre indien Narendra Modi s'est rendu au chevet des rescapés.
01:30 La collision entre trois trains a fait au moins 288 morts et 900 blessés.
01:35 Il s'agit du pire accident ferroviaire en plus de 20 ans dans le pays.
01:40 A la une de face à Bocoté, François Ruffin, rattrapé par la patrouille pro-LGBT.
01:48 Le député d'UPS a eu le malheur de juger les questions GPA et de genre non prioritaires
01:54 dans une société déjà divisée.
01:56 Les cris d'orfraie poussés par ses collègues et les lobbies ont entraîné un rétro-pédalage
02:01 manu militaris de François Ruffin.
02:02 Alors faut-il y voir un épiphénomène ? Pour un vrai sujet de société, on en parle dans
02:05 un instant.
02:06 A la une également, la question migratoire est sur toutes les lèvres en ce moment.
02:10 Et ceux qui critiquent l'immigration massive sont souvent clous et au pilori.
02:14 Censuré par la DOXA, peut-on critiquer cette migration sans contrôle ?
02:19 Éléments de réponse dans cette émission.
02:20 Enfin ce samedi, cher Mathieu, vous recevez Eric Branca.
02:23 Il est journaliste, historien.
02:25 Avec lui, on va faire un bond dans le temps, revenir à des heures sombres et peu connues
02:29 du grand public.
02:30 Ces liaisons dangereuses entre l'Angleterre et le 3ème Reich.
02:34 Une thèse subversive qui va j'en suis certain faire réagir.
02:38 Voilà pour le sommaire.
02:40 Commençons tout de suite avec François Ruffin, Mathieu Bocoté, qui s'est retrouvé au
02:44 cœur d'une tempête médiatique et politique cette semaine.
02:47 De passage à France Info, il a expliqué que pour lui, les lois sociétales comme la
02:51 GPA, mais surtout une loi sur le changement de genre, n'étaient pas une urgence dans
02:56 un contexte de division nationale et qu'il valait mieux se concentrer sur les questions
03:00 sociales, économiques, portant sur le travail, le partage de la richesse.
03:05 Mais la réaction d'une partie de la gauche a été telle que 24 heures plus tard seulement,
03:09 il a senti le besoin de faire machine arrière et de s'excuser en faisant une sorte d'acte
03:14 de contriction publique.
03:15 Que s'est-il passé, Mathieu?
03:17 - Nous sommes témoins ici d'une scène absolument centrale dans ce que j'appelle,
03:22 vous m'avez souvent entendu utiliser cette formule, le régime diversitaire.
03:25 Partout, partout dans le monde occidental, et j'y reviendrai, de telles scènes se multiplient.
03:31 Alors, je le redis, vous l'avez mentionné, c'est François Ruffin, et on va commencer
03:34 à sentir que tout le monde aime François Ruffin.
03:36 Vous demandez aux gens de droite qui aimez-vous à gauche.
03:39 Il y a ceux qui vont dire Fabien Roussel, mais c'est quand même un communiste revendiqué.
03:44 C'est un peu compliqué.
03:45 Mais dans le cadre de François Ruffin, tout le monde lui reconnaît un authentique souci
03:50 des plus humbles, un authentique souci des marginalisés, des pauvres, un authentique
03:55 souci des classes populaires.
03:57 On voit chez lui le porteur de ce qu'était autrefois une certaine gauche, une gauche
04:04 d'abord soucieuse des plus humbles, une gauche d'abord soucieuse de ceux qui ont moins dans
04:10 la société.
04:11 Et pour ça, par ailleurs, le type, je me permets de le dire, je ne le connais pas du
04:14 tout, je ne l'ai jamais rencontré, mais a l'air sympathique.
04:16 Combien de fois ai-je rencontré des gens dits de droite qui me disaient « si je devais
04:20 prendre un verre avec quelqu'un de gauche, ce serait avec Ruffin, il incarne la gauche
04:25 à laquelle j'ai envie de tendre la main ».
04:26 Alors, que se passe-t-il?
04:27 Il nous dit un propos plutôt banal.
04:31 Dans cette gauche socio-économique, plutôt qu'identitaire et sociétale, c'est un propos
04:36 qui revient souvent, on peut l'entendre chez un Jean-Claude Michéa, on peut l'entendre
04:39 chez un Jacques Julliard, cette idée que les questions dites sociétales, donc de déconstruction
04:44 des mœurs, les questions de genre, le refus de prendre au sérieux les questions de sécurité
04:49 aussi, mais les questions de genre, vous savez, toutes les questions très à la mode aujourd'hui
04:53 portées par la gauche non pas populaire, mais la gauche des minorités, eh bien, ce
04:58 sont des diversions qui, au nom des préoccupations d'une toute petite partie de la population,
05:05 divisent significativement la société.
05:07 On crée des divisions artificielles autour des questions, notamment, et là on y revient
05:12 parce que ce serait l'essentiel, la question du changement de genre chez les mineurs.
05:15 On a un mot, est-il possible aujourd'hui pour un enfant, un adolescent, de dire « je
05:19 veux changer de genre, et même changer de sexe », et là, ça peut être très large
05:23 comme question, c'est-à-dire changer à l'état civil, je suis un garçon, je décide
05:27 désormais de me faire reconnaître comme fille, est-ce que les professeurs peuvent désormais
05:31 m'appeler « elle » plutôt que « il », sans même avoir parlé aux parents, est-ce
05:36 que je peux avoir une opération de changement de sexe, c'est une vraie question, aujourd'hui
05:40 on en parle le plus partout en Occident, quand je suis enfant, quand je suis mineur, parce
05:44 que je veux changer de sexe pour avoir une réassignation identitaire.
05:47 Alors une partie de la gauche, ces questions-là nous divisent, on a des questions plus importantes
05:52 à mener, critiquer les excès du capitalisme, critiquer le manque de partage des richesses,
05:57 et c'est un propos qui s'entend.
05:59 Et François Ruffin décide donc de critiquer, à sa manière, on le sent qu'il est mal
06:04 à l'aise, il dit « on a tellement de division aujourd'hui en France, puis dans notre monde,
06:08 est-ce qu'il ne serait pas possible de laisser ces questions-là un peu de côté ? ».
06:11 Lorsqu'il ose dire cela, le pauvre Ruffin voit tomber sur lui tous les gardes rouges
06:18 numériques du progressisme diversitaire, qui disent « comment osez-vous ? C'est une
06:23 question fondamentale, qui touche aujourd'hui, c'est une question existentielle, la possibilité
06:27 de changer d'identité de genre quand on est mineur, c'est une question existentielle
06:31 et vous n'avez pas le droit de ne pas partager notre avis et notre sentiment d'urgence sur
06:37 cela ». Et la tempête le frappe véritablement.
06:40 La tempête le frappe tellement, les insultes viennent, il y a des gens dans la France Insoumise,
06:45 des députés qui disent « cette position ne représente pas notre parti ». Et on sent
06:49 tomber sur lui véritablement, mais la joie mauvaise des commissaires politiques qui ont
06:56 attrapé quelqu'un qui a dit quelque chose d'inacceptable du point de vue de la nouvelle
07:01 orthodoxie, je le redis notamment, la possibilité pour un enfant ou un adolescent de changer
07:06 de genre ou changer de sexe.
07:07 Dites-vous qu'il y a 10 ans, dans l'histoire de l'humanité, personne ne s'est jamais
07:10 posé cette question.
07:11 Mais en l'espace de 10 ans, c'est devenu apparemment une vérité révélée plus importante
07:15 que la plus importante des vérités révélées.
07:17 Alors que fait François Ruffin ? Est-ce qu'il se tient au bout ? Est-ce qu'il dit « non,
07:21 c'est inacceptable, je tiens mon bout, je décide, je garde mon propos, je tiens mon
07:25 propos ». Pas du tout.
07:27 François Ruffin pose le genou à terre et dit, pratique son autocritique.
07:33 Une enfilade Twitter, un thread comme on dit en français de France, donc une enfilade
07:37 comme on dit chez nous, et il précise, il explique qu'il s'excuse.
07:43 Et je le cite « sur ce sujet, comme sur pas mal d'autres, en toute humilité, je dois
07:50 progresser.
07:51 En commençant, comme c'est ma démarche depuis maintenant 20 ans, par des rencontres
07:56 avec les premiers concernés, les premières concernées ». Autrement dit, François Ruffin
08:01 a posé le genou par terre, il s'est excusé, il a fait son autocritique, mais rien de tout
08:07 cela n'est banal, tout cela est fondamental.
08:09 Et en quoi cette scène est selon vous justement banale ?
08:12 Elle n'est pas banale.
08:13 Et pourquoi elle ne l'est pas ? C'est une question qui m'intéressait à un point
08:16 tel, dans mon livre de 2020, qui s'appelle « La révolution de 2021 » dit « La révolution
08:20 racialiste », où je revenais sur la séquence politique et idéologique qui a suivi notamment
08:26 Black Lives Matter, mais pas seulement, cette scène-là, cette scène d'autocritique
08:30 que l'on peut ritualiser, en fait ce rituel d'autocritique néo-maoïste, néo-staliniste
08:36 en certains regards, s'est imposé partout aux États-Unis, au Canada, un peu au Québec
08:40 et aujourd'hui traverse en France.
08:41 Mais c'est quoi ce rituel ? On a aujourd'hui des idées qui ne sont pas que des idées,
08:46 ce sont des dogmes.
08:47 Selon les sociétés, ce n'est pas toujours le même dogme, mais c'est toujours dans
08:50 la logique diversitaire.
08:51 Par exemple, aux États-Unis, au Canada, 2020-2021, il y avait par exemple cette idée qu'il
08:57 fallait à tout prix reconnaître l'existence du racisme systémique.
09:00 Et si vous ne reconnaissez pas l'existence du racisme systémique, vous pouviez très
09:05 rapidement vous faire expulser de la société, perdre votre travail, passer pour le pire
09:09 des racistes, le pire des fascistes, le pire des infréquentables, vous pouviez connaître
09:13 une peine de mort sociale rapide.
09:15 Ça peut être aussi les questions liées au néo-féminisme, à la parité.
09:19 Est-ce qu'on est favorable aujourd'hui à la parité ? Ça peut être aussi, maintenant,
09:22 lié à la théorie du genre.
09:23 Est-ce qu'on considère qu'un homme qui porte encore son appareil génital classique,
09:28 on pourrait dire l'appareil génital classique masculin, mais qui décide de se voir femme,
09:32 est-ce qu'on doit l'appeler homme ou est-ce qu'on doit l'appeler femme ? Et si vous
09:36 refusez, par exemple, de reconnaître qu'un homme décide de s'auto-déclarer femme simplement
09:40 par son propre désir, sa volonté, vous venez de commettre une faute idéologique grave.
09:46 Donc, il y a quelques thèmes comme ça.
09:48 Que se passe-t-il quand vous dérapez ? C'est ce qui vient d'arriver à Ruffin et je vais
09:51 vous le décrypter assez, avec une forme, je dirais pas de plaisir méchant, mais je
09:56 vais vous le décrypter comme on l'a vu.
09:58 Premièrement, vous dérapez.
09:59 Donc, ça peut être, dans ce cas-là, il y a des choses plus importantes quand même
10:02 que le changement de sexe chez les mineurs.
10:03 Quand vous faites ça, il y a une réaction inévitable.
10:06 La meute numérique se mobilise.
10:08 Elle est absolument scandalisée.
10:10 Comment osez-vous ? Comment osez-vous dire une chose comme ça ? Et là, il y a une pression
10:14 numérique.
10:15 Une pression, c'est la foule.
10:16 Parce qu'aujourd'hui, la foule, elle s'est reconstituée sur les réseaux sociaux.
10:18 Et la foule est là pour vous lyncher, pour vous dévorer, pour vous mordre, pour vous
10:23 humilier, pour vous casser, pour vous faire saigner jusqu'à la mort politique ou sociale.
10:27 Dès lors, si vous voulez survivre, vous devez vous excuser.
10:31 Mais vos excuses doivent être ritualisées de la manière suivante.
10:33 D'abord, vous devez dire, généralement, on l'a vu partout, cette scène-là, j'insiste,
10:39 je l'ai vue dans ma vie des dizaines de fois en Amérique du Nord.
10:42 Vous devez d'abord dire que vous avez été inconscient ou vous n'étiez pas conscient
10:46 de vos privilèges, vous n'étiez pas conscient de vos avantages sociaux, de vos privilèges
10:51 sociaux quand vous avez dit ça.
10:52 Vous devez ensuite vous excuser.
10:54 Vous devez ensuite dire « je vais m'éduquer à malin à la rencontre des gens, des minorités
11:00 » refins dit les premiers concernés ou les premières concernées.
11:02 Donc, je vais aller à la rencontre des gens qui souffrent, des gens qui sont ces minorités
11:06 victimes de notre système hétéro, phallocentrique, patriarcal, blanc-triarcal, raciste et dominant,
11:13 et je vais aller à la rencontre de ces gens, des minorités, pour m'éduquer.
11:17 Mais, dans les excuses, il faut toujours dire, je ne vais pas leur demander de m'éduquer
11:21 parce qu'ils portent déjà le fardeau d'être une minorité.
11:24 Donc, je vais me rééduquer moi-même et je vais désormais faire savoir à tous que
11:29 j'ai compris que j'étais dans l'erreur.
11:31 Et pour montrer que je me suis rééduqué, je vais devenir un vigilant moi-même et je
11:36 vais dénoncer avec ardeur, avec zèle, un zèle maoïste, ceux qui dans la société
11:43 pensent encore comme je pensais hier.
11:46 Je deviendrai moi-même commissaire politique pour me faire pardonner de m'être fait attraper
11:51 par les commissaires politiques de la veille.
11:53 Et je deviendrai ainsi un allié des minorités.
11:57 Donc, je me serai excusé et je deviendrai moi-même l'allié des minorités en dénonçant
12:01 ceux qui pourraient dire ce que j'avais dit moi-même la veille.
12:03 J'insiste, croyez-moi, c'est une structure d'autocritique ritualisée dans les sociétés
12:10 diversitaires pour obliger tout le monde à répéter les mêmes slogans.
12:13 Il y a du racisme systémique, il n'y a pas de racisme anti-blanc, un homme peut devenir
12:18 une femme ou une femme peut devenir un homme simplement sur son bon désir subjectif.
12:21 Et si, et vous êtes obligé de vous plier à ça, sinon vous connaissez la mort sociale.
12:25 Ensuite, ce qui est formidable, c'est que sur les réseaux sociaux, vous le verrez,
12:29 puis allez cliquer sur les excuses de Ruffin, c'est formidable les excuses.
12:32 L'autocritique, vous allez avoir une collection d'insoumis ou des gens de cette tendance
12:36 qui vont dire « bravo M. Ruffin, vos excuses sont admirables, les hommes politiques normalement
12:40 ne s'excusent pas, les hommes politiques n'ont pas l'humilité de s'excuser, vous,
12:44 vous vous excusez.
12:45 » Dans les faits, François Ruffin s'est humilié, dans les faits, François Ruffin
12:50 s'est autocritiqué sur le mode néo-maoïste, mais on fait passer ce refus, cette volonté
12:55 de survivre à son humiliation pour une manifestation admirable d'humilité.
12:59 Donc, les militants aboyeurs et haineux, les spécialistes du lynchage disent à Ruffin
13:04 « ah oui, on croit vraiment que t'as changé d'idée en 24 heures ». Ils se disent pas
13:08 « tu viens de te coucher mon garçon, tu viens de mettre le genou à terre, tu viens
13:12 de te soumettre en François Ruffin de la France soumise ». Eh bien non, ils disent
13:16 « on admire ton humilité désormais, tes excuses sont appréciées, maintenant dénonce
13:21 ton prochain ».
13:22 Mais n'aurait-il pas pu tenir tête François Ruffin, cher Mathieu ?
13:24 Alors, c'est là qu'on découvre, c'est un peu sur le côté Montebourg, un peu de
13:27 Ruffin, c'est cette gauche dont le principal souci consiste à demeurer de gauche.
13:33 Donc, être de gauche, qu'est-ce que ça veut dire être de gauche ? C'est toujours
13:37 être d'accord avec, aujourd'hui, c'est être d'accord avec la revendication minoritaire
13:41 du moment.
13:42 Parce que, ça c'est important de savoir, on ne décide jamais si on est de gauche.
13:46 C'est la gauche qui décide si on est avec elle.
13:49 Et si on ne se plie pas aux revendications idéologiques dominantes en ce moment à gauche,
13:54 alors on sera chassé à droite et peut-être même à l'extrême droite.
13:56 C'est que la gauche, ce n'est pas un programme, ce n'est pas par exemple la laïcité,
13:59 ce n'est pas les congés payés, ce n'est pas des programmes sociaux généreux, c'est
14:04 un mouvement.
14:05 Et la gauche, donc, évolue.
14:06 Et aujourd'hui, aujourd'hui, la gauche, c'est les revendications minoritaires systématiques.
14:11 La gauche n'est plus d'abord économique, elle est diversitaire.
14:13 La gauche n'est plus d'abord portée par le souci du plus grand nombre, elle est dans
14:17 la religion, même pas des minorités, mais des plus fanatiques qui prétendent représenter
14:23 sans en avoir demandé la permission ces minorités.
14:25 Donc François Ruffin avait le choix, soit tenir tête et dire « je suis désolé, mais
14:30 je maintiens mon propos », ou mettre le genou à terre et s'excuser, embrasser la bague
14:34 du dominant en disant « je m'excuse, en fait, j'ai péché, j'ai grandement péché,
14:38 mea culpa, mea maxima culpa, j'ai péché, je m'excuse ». Autocritique, autocritique,
14:43 je m'en veux, je n'aurais pas dû.
14:44 Et ainsi, il peut être réintégré à gauche, François Ruffin, il devait simplement pour
14:49 cela poser le genou à terre, et il a posé le genou à terre, François Ruffin le soumit.
14:53 Dans la deuxième minute de ton, on parlera d'immigration.
14:56 Vous savez que le 26 avril dernier, sur la question de l'immigration, Elisabeth Borne
15:02 avait dit « il ne faut pas diviser le pays ». On va reporter le sujet parce qu'il
15:05 ne faut pas diviser le pays sur la question migratoire.
15:08 Vous le recevez demain dans le Grand Rendez-vous ?
15:10 Absolument.
15:11 Manuel Bompard.
15:12 Manuel Bompard, c'est moi.
15:13 Pardonnez-moi.
15:14 J'ai hésité pendant le débat, je ne savais pas si c'était Ruffin ou Manuel Bompard.
15:18 Arthur De Vatrigan sur François Ruffin, quel regard vous portez là-dessus ?
15:22 Le problème de Ruffin, c'est qu'en fait, il est le seul de son parti à s'intéresser
15:26 aux classes populaires.
15:27 Les autres ont déserté depuis longtemps, ils ont changé de peuple, ils ont épousé
15:32 les combats du régime d'Iver Sterch à Aramatieux.
15:35 Et le problème, c'est que ce sont deux peuples qui ne sont pas conciliables.
15:38 Parce que pour ses collègues, le peuple n'est composé que de bouffe qu'il faut mépriser
15:44 quand on les entend.
15:45 Alors lui, il a essayé de tenir pendant de nombreuses années les deux bouts de la corde
15:48 et le problème d'un tel grand écart, vous voyez ce qu'il y a avec la cage et lui, il
15:51 risque carrément de finir en castrat.
15:53 Et c'est ce qui d'ailleurs est arrivé.
15:55 Le lobby LGBT l'a sifflé et il s'est transformé en une espèce de Farinelli des LFI en s'assayant
16:00 et en montrant pas de blanche.
16:02 Vous savez, la semaine dernière, on parlait de Tocqueville et du pouvoir social.
16:05 Là, c'est un exemple très clair de ce qu'on expliquait la semaine dernière.
16:09 C'est-à-dire que le député qui est fidèle à ses convictions contre l'exploitation
16:13 humaine s'est prononcé notamment contre la GPA, qui est juste une nouvelle forme d'esclavage.
16:17 Et là, il fait marche arrière, c'est-à-dire qu'il accepte d'être pour la marchandisation
16:21 des corps parce que le lobby l'a sifflé.
16:24 C'est-à-dire à tel point que l'accusation en phobie est encore bourgrement efficace.
16:29 Vous aviez, on connaît islamophobie, xénophobe, europhobe, même grossophobe.
16:33 Il y en a un, le phobe qui est l'ultime, c'est le LGBT-phobe.
16:36 Lui, il cumule carrément une phobie par consonne et elle s'additionne chaque année.
16:40 Vous êtes accusé d'une vingtaine de phobies, vous n'allez même pas vous en rendre compte.
16:45 Et le problème de la phobie, c'est que c'est assez facile parce qu'on vous psychiatrise
16:49 ou on vous criminalise.
16:50 Donc en gros, si vous êtes phobe, vous avez le terminus, c'est saint âne ou la santé.
16:53 Donc forcément, les courageux, même les plus téméraires, commencent à se taire ou
16:57 rentrer dans le rang.
16:58 Alors, on va être très clair, une personne qui insulte une autre personne en raison de
17:02 son orientation sexuelle est un con et une personne qui tabasse une personne pour les
17:07 mêmes raisons doit finir en prison.
17:09 Il n'y a pas de souci, sauf qu'on sait tous qu'il ne s'agit pas de ça.
17:11 L'accusation en phobie est une stratégie politique et l'ex-patron d'SOS Homophobie
17:15 l'avait expliqué, le seul moyen de lutter contre l'homophobie, c'est d'ouvrir de
17:19 plus en plus de droits.
17:20 C'est une stratégie politique.
17:22 Donc, on prend des rapports, on fait des meetings, on fait des chiffres et on ouvre.
17:26 Et bizarrement, le timing arrive toujours juste.
17:27 En ce moment, vous savez, il y a eu les 10 ans du mariage dit pour tous et Paris a célébré
17:31 ça.
17:32 Et là, je ne vous raconte pas le mythe, on a l'impression d'être en post-68, c'est-à-dire
17:37 que l'espèce de réécriture officielle à les entendre, la France, avant, il y a 10
17:40 ans, c'était Cro-Magnon, l'Inquisition et des bûchers tous les jours.
17:43 C'est vraiment ce que vous les entendez, c'est ça qu'ils racontent.
17:46 Et le problème, c'est que ça marche parce que vous regardez tous les retournements
17:49 de veste qu'on a.
17:50 On parle de François Ruffin qui a le malheur d'être à gauche, mais regardez à droite,
17:54 Darmanin s'est fait siffler, il a pareil, il s'est renié.
17:57 Valéry Pécret, Jean-François Copé qu'on avait oublié également.
18:00 C'est un peu le problème de la demi-molte, c'est que généralement, on a du mal à rester
18:02 droit, eux, ils sont carrément couchés et le problème, c'est que si vous résistez
18:06 un peu, vous dites "je suis contre la PMA", on vous dit "vous êtes un phobe", "vous
18:10 êtes contre la GPA", "vous êtes phobe" et si vous résistez un peu, les méthodes
18:13 sont assez violentes.
18:14 On instrumentalise les chiffres, on balance du harcèlement en meutre, on dénonce à
18:17 son patron, on fait vraiment une vraie mort sociale.
18:19 Et donc le souci, c'est que c'est méthode pas très friendly, soit il faut être très
18:23 fort pour résister et vous pourrez répondre par exemple, on vous insulte, LGBT, phobe,
18:28 on répond "ouais d'accord, et ta sœur, sinon ça se passe comment ?" Mais non, en
18:31 fait, on ne fait pas ça, on se couche.
18:32 Et le problème, c'est qu'à partir du moment où on se couche, tous les autres suivent.
18:34 Et Frouffin, que je pensais courageux, malheureusement, s'est couché comme les autres.
18:38 La question migratoire à présent.
18:40 On a parlé beaucoup ces jours-ci de la répartition des sans-papiers actuellement présents en
18:44 Île-de-France à la grandeur du territoire national.
18:47 Le gouvernement redoute, nous le savons, la multiplication des camps de migrants à Paris
18:54 mais dans les différentes régions appelées à accueillir ces migrants, dans les centres
18:57 d'accueil aux demandeurs d'asile, les réactions sont souvent vives.
19:01 Le consentement de la population locale est absent et certains veulent même protester.
19:06 Mais une manifestation prévue a été interdite et c'est sur ce contexte que vous souhaitez
19:11 revenir Mathieu.
19:12 Oui, je serai assez rapide pour ce deuxième édito.
19:15 Globalement, les camps se multiplient, les camps finalement d'accueil des demandeurs
19:19 d'asile et la population locale, elle dit "on ne veut pas nécessairement", on l'a
19:23 vu à Caillac, on l'a vu à d'autres endroits, "on ne veut pas nécessairement, on ne parle
19:27 pas de réaction violente ici, on parle de réaction démocratique, de gens qui disent
19:30 "mais on ne veut pas de ce camp ici parce que ça peut nous déstabiliser d'une manière
19:34 ou de l'autre".
19:35 Et là, des manifestations s'organisent, la volonté d'organiser des manifestations
19:39 pour dire "mais on ne veut pas de la présence de ce camp".
19:42 Réaction dans le tarn du préfet qui dit "la manifestation que vous allez organiser, je
19:48 l'interdis, manifestation interdite pour vous opposer à la présence de ce CADA, de ce
19:53 centre d'accueil des demandeurs d'asile et je cite "pour ce qui est de cette manifestation,
20:00 je l'interdirai, considérant que c'est une manifestation qui a un sous-bassement,
20:04 qui est sans doute fait d'idées anti-républicaines, qui est également motivée pour un certain
20:10 nombre de personnes par des personnes qui appartiennent à l'extrême droite, donc
20:14 je prendrai mes responsabilités en l'interdisant".
20:16 Étrange raison d'interdire un meeting, en fait une manifestation.
20:20 Une manifestation, ce qui voudrait dire que la manifestation est interdite non pas parce
20:23 qu'elle représente une menace à l'ordre public, mais à cause des idées prêtées
20:30 aux manifestants.
20:31 Exactement.
20:32 Je serais curieux d'abord de savoir quelles sont les fameuses idées anti-républicaines
20:34 en question.
20:35 Est-ce qu'on était devant une association de militants monarchistes qui voulaient renverser
20:39 la république pour restaurer la monarchie, sur le plan formel, c'est ça être anti-républicain.
20:44 J'aimerais rappeler alors au préfet en question que le général de Gaulle a lui-même
20:48 joué avec l'idée de restaurer la monarchie en France.
20:50 Le général de Gaulle qu'on ne peut pas suspecter d'être un mauvais patriote à ce
20:53 que j'en sais.
20:54 Quoi qu'il en soit, je serais curieux de savoir ce que sont les fameuses idées anti-républicaines.
20:58 Donc il faudrait savoir quelles sont les idées républicaines et lesquelles ne le sont pas.
21:02 Deuxièmement, il nous dit des personnes qui appartiennent à l'extrême droite.
21:06 Alors sachant que le RN et Reconquête sont des mouvements politiques associés généralement
21:12 par les médias à l'extrême droite, que j'aime appeler l'extrême droite, sachant
21:17 que les médias les présentent ainsi, et cette catégorie est reprise alors par le
21:21 préfet, doit-on comprendre que les manifestations organisées par des gens associés à cette
21:26 mouvance telle que nommée médiatiquement, ces manifestations peuvent être désormais
21:30 interdites?
21:31 Est-ce que les droits civiques, est-ce que les libertés politiques de ceux qui sont
21:35 associés, à tort faut-il le dire, bien souvent à l'extrême droite, est-ce que ces libertés
21:41 peuvent être suspendues parce que ceux qui portent les idées en question sont jugés
21:47 finalement suspects, c'est des déviants politiques, des gens qui font preuve d'incivilité,
21:52 pourquoi?
21:53 Parce qu'ils ne votent pas de la bonne manière.
21:54 Donc à travers ça, on a une forme de ce que moi j'appelle une radicalisation autoritaire
21:57 de l'extrême centre.
21:58 On connaissait la tentation autoritaire et même totalitaire de la gauche, mais là
22:02 ce n'est pas de ça dont on parle, c'est l'extrême centre qui aujourd'hui multiplie
22:06 les raisons pour empêcher les événements organisés par je ne sais quel dissident et
22:09 opposant, alors qu'est-ce que j'en sais en démocratie, on devrait être capable
22:12 normalement d'exprimer sur des accords pour peu qu'ils s'expriment de manière civilisée.
22:17 Et cette tentation autoritaire, pour reprendre vos mots, est-ce qu'elle est exclusive à
22:21 la France?
22:22 D'aucune manière, on la voit partout en Europe aujourd'hui.
22:24 Le moment von der Leyen, dans l'histoire de la Commission européenne, est un moment
22:28 important, c'est le moment où l'Union européenne consent sa vocation impériale,
22:32 consent aux méthodes potentiellement autoritaires pour mater les États qui voteraient de mauvaise
22:36 manière, notamment sur la question des migrants.
22:37 On l'a vu en Italie, on le voit en Hongrie, on le verra peut-être en Pologne.
22:41 Donc on le voit aujourd'hui, la question de la répartition des migrants dans les pays
22:44 de l'Est provoque l'irre et la colère des dirigeants européens, des dirigeants européistes.
22:49 Et de ce point de vue, on est témoin aujourd'hui d'une volonté d'empêcher, de censurer l'expression
22:54 du désaccord sur la question migratoire.
22:56 Un cap a été franchi, il y a de quoi s'inquiéter.
22:58 Je ne veux pas vous censurer Arthur de Vatrigon, mais il va falloir faire vite, car la deuxième
23:02 partie arrive bientôt et la publicité aussi sur cette manifestation interdite, parce qu'il
23:07 y aurait des idées d'extrême droite, anti-républicaine, etc.
23:10 Est-ce que vous trouvez que c'est un sujet qui mérite d'être traité parce que très
23:14 inquiétant ou pas ?
23:15 Oui, c'est inquiétant, mais c'est moins inquiétant que le projet réel de vouloir
23:19 vraiment mettre des migrants dans nos campagnes partout.
23:21 Je rappelle d'un projet qui s'était passé il y a un an, qui a été heureusement abandonné
23:24 parce qu'il y a eu une révolte des locaux, qui s'appelle le projet Horizon.
23:27 Le projet Horizon, rapidement, c'est un fonds de dotation qui s'appelle Merci, qui appartient
23:31 à la famille Cohen, qui est le fondateur de la marque Bonpoint, qui habite Paris, et
23:35 qui a voulu faire de Cahillac, une petite zone rurale de Bretagne, un laboratoire pour
23:39 son projet Horizon.
23:40 Et le projet Horizon, je vous l'ai dit ce que c'est, c'est le projet Horizon à l'ambition
23:43 de valoriser un territoire en créant la rencontre entre une population locale et des personnes
23:47 réfugiées qui, grâce à leur savoir-faire, participeront ensemble à développer des
23:51 activités économiques, sociales et culturelles.
23:53 Traduction, vous les flous qui ne savez pas valoriser votre territoire, on fait venir
23:56 les victeurs Hugo Dusserd pour vous aider.
23:58 Donc là, on a l'idéologie du bobo qui a besoin d'une main d'oeuf par chair pour
24:03 passer l'aspirateur dans son rooftop et aux universités huîtres, et en même temps,
24:06 la logique utilitariste de comme on est impuissant, il va falloir faire quelque chose de l'immigration,
24:09 donc on justifie à toutes les sauces, pour les retraites, pour un problème démographique
24:13 ou pour des emplois que personne ne veut faire.
24:15 Le problème, c'est qu'on sait que l'immigration, ce que c'est à donner, zone séparatiste,
24:20 conflit, violence.
24:21 Donc si Emmanuel Macron et l'Union Européenne vous les envoyez dans la campagne, il va falloir
24:24 qu'ils sortent le chéquier pour construire des hôpitaux et des flics pour guérir le
24:27 problème qu'on connaît tous dans les zones dites de cités chaudes.
24:30 Dans la deuxième partie, vous allez recevoir Eric Branca, journaliste et historien pour
24:34 son livre "L'aigle et le léopard", un sujet d'histoire qui risque de faire beaucoup
24:38 parler ce soir à propos des liaisons dangereuses entre l'Angleterre et le Troisième Reich.
24:43 Voilà le programme pour la deuxième partie, à tout de suite pour Fassab au côté.
24:47 Sur CNews, la deuxième partie de Fassab au côté, d'abord le point sur l'information
24:53 bien sûr.
24:54 Drapeau arc-en-ciel en main, plusieurs milliers de personnes ont défilé à Saint-Denis.
25:02 La troisième édition de la marche des fiertés des banlieues s'est tenue pour défendre
25:06 les droits des personnes LGBTQIA+, résidant dans les quartiers populaires.
25:10 Parmi les slogans, la défense de la PMA généralisée à toutes, la dénonciation
25:15 du patriarcat ou encore du colonialisme, certains participants invitant le gouvernement à se
25:20 mettre au travail.
25:21 Réunis à Montpellier, la gauche anti-Mélenchon s'organise.
25:26 L'événement est à l'initiative du mouvement Refondation du socialiste Nicolas Maier-Rossignol.
25:31 L'occasion de débattre pour refonder et unir la gauche sans la nuppes.
25:35 Ce sont succédés à la tribune entre autres Benoît Hamon, Anne Hidalgo ou encore Bernard
25:40 Cazeneuve, présent en vidéo.
25:42 Et puis le Sénégal, toujours sous tension.
25:45 Au moins 15 morts sont à déplorer depuis jeudi.
25:47 Des heurts ont éclaté entre manifestants après la condamnation à deux ans de prison
25:52 ferme de l'opposant Ousmane Sonko, une annonce qui le rend inéligible pour la présidentielle
25:57 de 2024.
25:58 Les Etats-Unis, tout comme la France et l'ONU, appellent à un retour au calme dans le pays.
26:03 Merci chère Isabelle pour le point sur l'information, toujours avec Mathieu Beaucote et bien sûr
26:08 Arthur de Vatrigan.
26:10 Et nous recevons Éric Branca, journaliste historien.
26:13 Vous avez écrit L'Aigle et le Léopard.
26:15 Merci d'être présent sur ce plateau.
26:17 Cher Mathieu, pourquoi avoir invité Éric Branca ?
26:20 Parce qu'un livre d'Éric Branca est un événement intellectuel.
26:23 Et il y a un an, nous le recevions sur ce plateau pour parler de son livre L'Ami américain.
26:27 Et là, nous le recevons aujourd'hui pour parler du livre L'Aigle et le Léopard, un
26:32 livre absolument, je dirais, subversif, et on utilise rarement ces termes pour parler
26:37 de l'histoire, sur les relations entre l'Allemagne nazie et l'Angleterre, des relations de complicité
26:43 relative.
26:44 Éric Branca, bonsoir.
26:45 Bonsoir.
26:46 Alors, je vais lancer avec une question très particulière votre livre, donc c'est sur
26:49 les liens entre de complicité, de sympathie, entre globalement l'Allemagne nazie et la
26:55 Grande-Bretagne, l'Angleterre, avec une question toute simple et brutale.
26:58 On a l'habitude de présenter, lorsqu'on parle de l'histoire de la Deuxième Guerre
27:01 mondiale, la France aurait une forme de complicité avec le Troisième Reich, avec la collaboration,
27:06 et les Britanniques y auraient résisté admirablement.
27:08 Mais quand on vous dit finalement, au-delà de la figure de Churchill qui est héroïque,
27:13 la plus grande complicité idéologique, culturelle et presque symbolique était davantage entre
27:18 la Grande-Bretagne et l'Allemagne nazie que la France et l'Allemagne nazie.
27:23 Est-ce que je résume bien votre propos ?
27:24 Vous résumez parfaitement bien, c'est la conclusion du livre, donc on va recommencer
27:28 par la fin.
27:29 Allez-y.
27:30 En fait, la Vichy est le résultat direct de l'effondrement de la France, spectaculaire,
27:37 en trois semaines, quatre semaines, avec une classe politique qui s'engouffre dans la
27:42 brèche, une classe politique qui était exclue de la République, qui avait des comptes à
27:46 régler et qui profite de la défaite pour prendre le pouvoir.
27:49 Alors qu'en Angleterre, les choses se préparaient depuis extrêmement longtemps.
27:53 Une complicité, comme vous l'avez dit.
27:55 On est un peu victime chez nous d'une espèce de fatalisme rétrospectif, c'est-à-dire
28:00 qu'on juge la collaboration à l'aune de la défaite française et on ne voit pas tout
28:07 ce qui en Grande-Bretagne préparait une complicité très proche entre non seulement les élites,
28:13 mais également une partie de la classe politique de gauche, une partie des syndicats, une partie
28:20 des intellectuels, etc. et de ce qui camoufle cette complicité ancienne qui remonte même
28:27 avant Hitler, qui remonte aux années 1920, à l'époque du traité de Versailles, c'est
28:33 la résistance, vous l'avez dit, héroïque des britanniques en 1940 qui camoufle tout
28:38 ça et qui fait qu'effectivement ils ont été formidables, c'est incontestable, et
28:42 que grâce à Churchill les choses n'ont pas basculé.
28:45 Mais ce que j'explique longuement, c'est que ça a été vraiment à deux doigts et
28:49 que entre mai et juin 1940, il y a eu des moments où Churchill aurait pu être parfaitement
28:54 renversé, une paix séparée était conclue entre Hitler et les anglais, et là je vous
28:59 laisse imaginer la suite.
29:00 Alors les raisons de cette complicité sont nombreuses, on va en explorer quelques-unes,
29:05 vous évoquez notamment le rapport à la France, la tentation racialiste des britanniques,
29:09 on peut multiplier les raisons, mais allons-y d'abord avec le rapport à la France.
29:11 Finalement au lendemain de la première guerre mondiale, le souci des britanniques, c'est
29:15 d'une certaine manière, si je vous comprends bien, de s'assurer que la France ne profite
29:19 pas exagérément de sa victoire pour s'assurer elle-même de son hégémonie, sa domination,
29:24 pour éviter finalement que la France ne soit première à sa place.
29:27 Absolument, c'est un vieux système de pouvoir britannique qu'on appelle le balance of
29:32 power, qui fait qu'il faut toujours aider le plus faible contre le plus fort, c'est-à-dire
29:36 celui qui peut restructurer le continent.
29:38 Or qui peut restructurer le continent européen en 1918, c'est la France qui a gagné sur
29:44 les champs de bataille.
29:45 Et dès 1918, dès la conclusion du traité de Versailles, alors il ne faut pas oublier
29:50 que les américains refusent de ratifier le traité de Versailles, les anglais refusent
29:55 eux de garantir le principal gage de paix que nous avons conquis avec le traité de
30:00 Versailles, c'est la rive gauche du Rhin.
30:02 Et donc la France se retrouve seule face à une Allemagne qui, non seulement ne va pas
30:07 payer ses réparations, mais va être poussée par les britanniques à ne pas les payer,
30:12 parce que les anglais et notamment la banque d'Angleterre, qui a un rôle essentiel à
30:16 ce moment-là, je parle beaucoup d'ailleurs des liens entre le gouverneur de la banque
30:20 d'Angleterre qui s'appelait Montague Norman et le futur ministre de l'économie du
30:25 Reich d'Hitler qui s'appelait Hjalmar Schart.
30:29 Les britanniques préfèrent une Allemagne qui devient un bon client, qui achète des
30:35 produits britanniques, qui intègre les deux capitalismes, qui s'intègrent l'un l'autre,
30:40 plutôt qu'une Allemagne dont la capacité contributive consiste à payer les réparations
30:44 aux français.
30:45 Diriez-vous, alors j'arriverai tout de suite à la question du racialisme, mais je me pose
30:48 une question vous lisant.
30:50 Diriez-vous qu'au lendemain de la guerre, les britanniques et les américains trahissent
30:54 la France ?
30:55 Oui, on peut le dire.
30:57 C'est pas un terme exagéré ?
30:58 On peut le dire.
30:59 Lloyd George, la veille de la signature du traité de Versailles, explique à Clemenceau
31:05 qu'on va pressurer l'Allemagne jusqu'à ce que les pépins craquent.
31:10 Et puis trois jours après, il dit "non, on ne va pas garantir l'arrivée gauche du
31:13 Rhin et vous allez très très loin dans ce que vous demandez aux allemands".
31:17 Or les destructions de la France étaient tout de même considérables et quand le président
31:22 Wilson vient en France pour le traité de Versailles, il refuse même d'aller visiter
31:27 les champs de bataille de l'Est et du Nord de la France.
31:30 Et personne ne va les visiter.
31:31 Alors que les français voudraient quand même montrer l'ampleur des destructions.
31:35 Et deux millions de morts.
31:36 Alors on parle des raisons géopolitiques, le rapport à la France chez les britanniques
31:40 et chez les américains, mais vous nous parlez d'une raison plus profonde, peut-être à
31:44 tout moins plus psychologique ou idéologique.
31:47 C'est une forme de racialisme partagé entre les allemands, et donc pas seulement Hitler,
31:53 mais les allemands peut-être, mais ça culmine avec Hitler, et les britanniques, qui ont
31:56 peut-être aussi la même psychologie racialiste et qui les deux se défient de la France qui
32:00 a un réflexe universaliste.
32:01 Pourriez-vous nous en dire plus ?
32:02 Bien sûr.
32:03 D'abord, il faut savoir que l'un des principaux inspirateurs d'Hitler, il le considère
32:08 d'ailleurs comme l'un de ses évangélistes, dit-il, un évangéliste qui vient après
32:12 le Messie, c'est Houston Chamberlain, qui n'a rien à voir avec le premier ministre
32:18 de Chamberlain, ils étaient vaguement cousins, mais ils ne se sont jamais rencontrés, et
32:21 qui a écrit un livre absolument fondamental qui s'appelle "Les racines du XIXe siècle",
32:27 et qui était le livre de chevet d'Hitler.
32:30 Chamberlain s'est fait naturaliser allemand, a épousé la fille de Wagner, et a parrainé
32:40 Hitler pendant tous les débuts de son ascension, dans les années 1920, il est mort en 1927,
32:46 Hitler a été à son enterrement.
32:47 Et il a vraiment été un des grands inspirateurs idéologiques d'Hitler.
32:53 Il y a une autre raison.
32:54 Hitler était fasciné par les britanniques, par la manière dont ils concevaient l'Empire,
32:59 et la manière dont ils dirigeaient les peuples "sous-développés".
33:03 Et c'est pour ça que les propositions qu'Hitler va faire aux anglais vont avoir un écho considérable,
33:11 c'est qu'il est le premier homme politique allemand qui ne leur conteste pas l'hégémonie
33:15 sur les terres émergées d'Afrique et d'Asie.
33:18 Hitler veut son empire en Europe, il veut aller même jusqu'en Russie, il le dit, il
33:24 le dit dans Mein Kampf, il le dit aussi à des journalistes britanniques qu'il rencontre
33:27 avant même sa prise du pouvoir, il dit que l'espace vital doit s'étendre extrêmement
33:31 loin à l'Est, donc il ne cache rien de ses intentions, et en même temps il dit "mais
33:36 vous britanniques, vous avez vocation à dominer le reste des terres émergées".
33:40 Il est évident que ça c'est un langage qui est très doux aux oreilles des anglais,
33:47 et c'est la première fois qu'un homme politique allemand leur dit ça parce que
33:50 Guillaume II ne voulait pas du tout ça, Guillaume II voulait les concurrencer en matière commerciale,
33:57 en matière économique, et ça a été une des causes de la guerre de 14.
34:00 Et dans Mein Kampf, et dans un autre livre peu connu qu'on appelle le second livre,
34:05 qui n'a jamais été publié, et où Hitler, qu'il écrit en 1930, qui a été publié
34:09 que bien après, il va même plus loin puisqu'il dit que les allemands sont sans doute en une
34:15 part de responsabilité dans la guerre de 14, parce qu'ils ont voulu contester aux anglais
34:20 cette capacité à dominer le reste du monde.
34:23 Ça va très très loin, alors les anglais évidemment ils sont ravis d'entendre ça.
34:26 Arthur de Matrigan.
34:27 Il y a un lien idéologique, un lien d'intérêt économique et géopolitique, mais il y a
34:32 aussi un lien, ce que vous racontez, familial.
34:34 Il y a un lien familial entre Hitler et l'Angleterre, par son demi-frère, et également par son
34:39 neveu.
34:40 Vous pouvez nous rappeler un peu, parce que c'est quelque chose que j'ai découvert
34:42 dans votre livre, que je ne connaissais pas.
34:43 Hitler avait un demi-frère qui s'était marié avec une Anglaise et qui a vécu à
34:50 Liverpool très longtemps.
34:52 Et on pense même, alors on n'en est pas sûr complètement, mais il y a de fortes présomptions
34:56 suivant lesquelles Hitler aurait vécu six mois en Grande-Bretagne entre 1912 et 1913,
35:04 puisque sa belle-sœur a écrit un livre racontant ce séjour en Angleterre.
35:11 Il a failli être publié aux États-Unis en 1942 et il a été retrouvé dans un fonds
35:18 de la CIA et par un journaliste britannique qui l'a publié dans les années 1980.
35:24 Il a eu assez peu de succès, mais en tout cas, un historien de la trompe de François
35:30 Delplat considère que c'est plausible, à défaut d'être certain.
35:33 Donc cette fascination anglaise, elle a été à la fois idéologique et familiale, c'est
35:39 vrai.
35:40 - Mais elle a aussi une représentation, on pourrait dire nazie, ou elle a la sympathie
35:44 pour le nazisme des élites britanniques.
35:45 Vous avez dit, Hitler a fait une proposition de partage des terres et des eaux, finalement.
35:49 - Absolument.
35:50 - Aux Allemands, l'empire continental, aux Anglais, l'empire maritime.
35:53 - Exactement.
35:54 - Mais revenons sur la séquence particulière qui va du début de la guerre, ou à tout
35:58 le moins un peu avant la guerre, jusqu'au moment où ça devient irréversible, le conflit
36:02 est assumé.
36:03 Quel est le réflexe de ces élites britanniques qui disent « on peut s'entendre avec les
36:06 Allemands, on peut faire une paix séparée, on peut s'entendre avec lui ». Quelle est
36:10 leur psychologie, quelle est leur structure de pensée ?
36:11 - Leur structure de pensée est très simple.
36:13 C'est, comme je l'ai dit, le premier homme politique allemand qui ne veut pas nous concurrencer.
36:18 Donc, on va lui céder tout ce qu'il demande.
36:20 Et ce qu'on va lui céder, c'est évidemment au détriment de la France.
36:24 Et à partir de 1933, les Anglais vont pousser les Français à faire des concessions année
36:30 après année.
36:31 Ça commence par la remilitarisation de la rive Gausse du Rhin en 1936, ça continue
36:37 avec l'Autriche et puis surtout avec la Tchèque-Sovakie, qui va aboutir à Munich quand Hitler occupe
36:46 les Sudètes, la zone nord de la Tchèque-Sovakie.
36:48 C'est directement contre les intérêts français.
36:50 On en parle rarement, mais c'était un pouvoir économique très fort de la France en Tchèque-Sovakie
36:56 qui va tomber parce que nous étions, Schneider pour ne pas le nommer, propriétaires des
37:01 usines Skoda.
37:02 Et quand Hitler envahit le nord de la Tchèque-Sovakie, non seulement nous n'avons plus d'alliés
37:07 en Europe centrale, mais un potentiel économique formidable tombe entre ses mains et tout ça
37:15 est négocié par les Anglais directement avec Hitler sans que la France ait son mot
37:19 à dire.
37:20 Alors se pose évidemment le problème des élites politiques françaises qui cessent
37:24 de faire, qui suivent les Anglais comme plus tard dans les années 50, elles suivront les
37:30 Américains.
37:31 Il y a une espèce de tropisme anglo-saxon qui est évidemment coupable.
37:35 Et Churchill est le seul, le seul homme politique très isolé à l'époque, dans les années
37:41 30, à dire aux Français « mais pourquoi est-ce que vous suivez le gouvernement anglais
37:44 ? » Cette politique est suicidaire.
37:46 Alors on sait que Churchill voyait chez Hitler un démon, une figure diabolique.
37:52 Mais on comprend en vous lisant qu'une partie de la classe politique britannique, au-delà
37:56 des intérêts partagés, au-delà de la version partagée ou géopolitique pour la France,
38:01 comme une méfiance pour la France, il y a presque, à moins que je vous ai malus, il
38:04 y a presque une forme de fascination pour Hitler chez les gens qui ne sont pas des nazis
38:08 en tant que tels, qui ne sont pas des fascistes ou tout ça, mais qui a une fascination.
38:12 Comment expliquer cette fascination ? Comment voyait-il Hitler ?
38:15 Je pense qu'il le voyait d'abord comme un rempart contre le communisme.
38:18 Mais ça, il n'y a pas que.
38:19 Ça, c'est pas spécifiquement anglais.
38:21 Beaucoup de gens se sont ralliés au nazisme ou l'ont pris pour un mal relatif à cause
38:28 de l'anticommunisme.
38:29 Ça, c'est certain.
38:30 Mais il y avait aussi, notamment chez toute la franche travailliste anglaise, une fascination
38:37 pour sa politique sociale.
38:38 Vous avez un type très peu connu en France qui était un des grands leaders du parti
38:45 travailliste, qui s'appelait George Jonesbury, qui avait soutenu les suffragettes, le droit
38:50 de vote des femmes avant 1914, qui était très en avance, très progressiste, dirait-on
38:55 maintenant.
38:56 Il a reçu la parole de Barbara Birch-Losgadon en 1936, un petit peu avant Lloyd George,
39:01 le célèbre premier ministre anglais de 1918, dont je parlais tout à l'heure.
39:06 Et quand il revient, il explique qu'il a vu des réalisations stupéfiantes et que
39:11 c'est un exemple à suivre pour la politique sociale anglaise.
39:14 Oswald Mosley, qui crée le parti fasciste britannique, a échoué à quelques voix
39:21 d'emporter la présidence du parti travailliste en 1931.
39:26 Il a été ministre du travail de MacDonald.
39:31 Ce n'est pas quelqu'un qui était nourri des idées nazies.
39:34 Il est devenu après, grâce notamment ou à cause de sa femme, qui avait réellement
39:42 un tropisme hitlérien, et il est devenu même sur le tard antisémite.
39:47 Mais il n'était pas au départ.
39:48 Et donc, ce qui est important de voir, c'est qu'au-delà de l'affaire Edward VIII,
39:54 qui est restée dans toute la chronique People, etc., il y a une face immergée de l'iceberg
40:00 qui est beaucoup plus importante et qui touche à peu près toutes les classes de la société
40:06 et tous les secteurs de la politique.
40:07 Arthur de Matrigan.
40:08 Et dans tous les secteurs, vous parlez également de la presse.
40:11 Bien sûr.
40:12 Les patrons de presse ont un, je ne sais plus lequel, a un portrait d'I.T.H.I.
40:15 L'Orham's Worth, absolument.
40:16 Vous avez la Banque d'Angleterre, l'argent et la presse pour diffuser les idées.
40:20 Absolument.
40:21 Et quel est le degré d'adhésion à l'idéologie ?
40:25 Ça va extrêmement loin.
40:26 Ça va extrêmement loin.
40:27 Alors, eux le font par anticommunisme, mais vous avez des journalistes anglais, du Daily
40:33 Mirror, du Daily Mail, qui appartiennent aux mêmes, à la même famille, qui vont même
40:39 être correspondants permanents en Allemagne et qui vont être des agents de renseignement
40:45 contre Hitler, notamment pendant les campagnes électorales de 1933.
40:48 Ça va extrêmement loin.
40:50 Et puis, il y a aussi une stratégie d'influence.
40:54 C'est-à-dire que Hitler envoie en Grande-Bretagne des membres de l'aristocratie, il n'y en
41:02 a pas beaucoup, mais il y en a quelques-uns, qui lui sont favorables, notamment une dame
41:06 qui s'appelle la princesse Oenler, qui s'installe à Mayfair dans le quartier sud de Londres
41:12 et qui va être un agent d'influence tout à fait extraordinaire, au même titre que
41:16 Wallis Simpson, qui était, tout de suite avant de rencontrer le futur Edward VIII,
41:22 qui était la maîtresse de Ribbentrop, qui, rappelons-le lui-même, avant d'être ministre
41:26 des Affaires étrangères d'Hitler, était ambassadeur d'Allemagne en Grande-Bretagne.
41:32 Donc, tout ça forme un bouillon de culture assez actif.
41:36 Mais il faut tout de même ne pas confondre ceux qu'on a appelés les apisers, qui voulaient
41:42 gagner du temps, etc., car il y avait des gens comme les municois en France, il y avait
41:46 des municois honnêtes qui disaient "on va gagner du temps, on pourra se réarmer pendant
41:51 ce temps-là", et puis les gens qui étaient vraiment acquis, non seulement à un partage
41:56 des rôles, qu'on a évoqué tout à l'heure, mais à partir de 1940, à une paix séparée.
42:02 Et cette paix séparée, c'était la mort de la France.
42:05 Et ça, en tant que Français, on ne rendra jamais suffisamment hommage à Churchill.
42:09 Et on arrive justement à la France à travers ça.
42:12 Vous évoquez, peut-être sévèrement, peut-être pas, vous me direz, le rôle des élites françaises
42:17 dans tout ça, qui finalement voient ce jeu devant eux, voient s'écrire l'histoire
42:22 où elles sont presque sacrifiées, la France est sacrifiée, et globalement ne font pas
42:27 grand-chose.
42:28 Comment expliquer cette relative, je dirais pas impuissance ni indifférence, mais ce
42:33 manque de volonté ou de réaction, de réactivité, chez les élites françaises, devant le mouvement
42:37 que vous décrivez ?
42:38 Je ne l'explique pas autrement que par ce conformisme anglo-saxon dont je parlais.
42:42 Ça associe à un bout au XVIIIe siècle, la fascination de l'Angleterre en France,
42:45 et le fait qu'il faut les suivre parce qu'après tout, ils sont les leaders.
42:49 Et ça, c'est très important.
42:51 Chez un homme comme Paul Reynaud, qui était pourtant pour la résistance à outrance à
42:55 Hitler, qui a soutenu les idées de De Gaulle sur le corps mécanisé, etc., qui a eu un
43:01 rôle positif dans les années 30, mais dès que les Anglais levaient le petit doigt, Paul
43:04 Reynaud se couchait.
43:05 Et ne parlons pas d'Aladier, qui était son adversaire et qui lui a été pire que ça,
43:10 puisque à Munich, au moment des négociations, il savait parfaitement, car c'était quelqu'un
43:15 d'intelligent, on le sait en lisant son journal, il savait parfaitement qu'il allait dans
43:19 le mur.
43:20 Quand Aladier revient de Munich et qu'il voit la foule qui est sur le terrain du Bourget,
43:25 le pilote lui dit "on atterrit", il dit "oui", et il pensait qu'on allait le lyncher.
43:31 Et quand il s'est aperçu que c'était pour l'acclamer, il a dit "il est con, s'il savait
43:36 ce que j'ai fait".
43:37 Alors, je me permets de tirer, vous me direz si je me trompe, quelques leçons de psychologie
43:41 politique pour notre temps, dans votre livre.
43:44 C'est un livre d'histoire, c'est pas un livre militant d'aucune manière, mais la psychologie,
43:49 le tropisme anglo-saxon des élites françaises.
43:51 Vous pouvez déjà le repérer dans votre livre sur l'ami américain.
43:54 On le voit ici, est-ce qu'on peut dire que ça demeure encore aujourd'hui, 2023, est-ce
43:58 qu'une partie des élites françaises demeure fondamentalement alignée mentalement sur
44:02 l'univers anglo-saxon?
44:03 En tout cas sur l'univers américain maintenant, parce que je pense que les Américains ont
44:06 pris le relais de ce que pouvait être l'influence anglaise dans ces années-là.
44:12 Mais bien sûr, bien sûr.
44:14 Et est-ce que on voit les conséquences politiques, donc un manque de lucidité politique à l'époque,
44:19 devant ce qui conduira à la deuxième guerre mondiale, les conséquences politiques de
44:23 cet aveuglement anglo-saxon, aujourd'hui aveuglement américain des élites, qu'est-ce que ça
44:27 peut être pour la France?
44:28 C'est une espèce de fuite en avant, dans une logique qui n'est pas fondamentalement
44:35 la logique ni européenne ni française.
44:37 Le refus d'avoir sa propre politique étrangère, le refus d'avoir sa propre politique...
44:41 D'une certaine manière, on peut dire que de Gaulle était peut-être le dernier, parce
44:44 que vous avez une filiée d'égolistes qui traversent vos livres.
44:47 Est-ce qu'on pourrait dire que de Gaulle était le dernier à vouloir maintenir une
44:49 politique française?
44:50 Je pense que ça a été une parenthèse glorieuse, mais une parenthèse.
44:53 Donc de Gaulle n'est pas le point d'aboutissement d'une résistance française, une parenthèse
44:56 dans l'histoire récente de la France.
44:58 Je crains que ça soit ça.
44:59 Il nous reste 20 secondes, je vais faire une dernière question sur le livre.
45:02 Est-ce que les Anglais, fondamentalement, au lendemain de la guerre, ils se sont purgés
45:06 véritablement par Churchill de cette tentation nazie?
45:09 Ou est-ce qu'ils n'ont pas fait le travail de lucidité sur eux-mêmes?
45:13 Ah, si, ils l'ont fait.
45:14 Je pense vraiment que les Anglais l'ont compris.
45:16 Ils ont compris ce qu'ils les ont tenté et ils s'en sont purgés.
45:20 Je pense, je pense.
45:21 D'ailleurs, les Anglais ont été extrêmement prudents vis-à-vis des Américains après
45:26 la guerre.
45:27 Il y avait évidemment cette relation spéciale qui n'a jamais cessé.
45:30 Mais n'oubliez pas que lorsque les Américains imposent la CED, essaient d'imposer la CED,
45:36 la CED, la CED, c'est la CED européenne de défense sous commandement de l'OTAN à
45:40 la France.
45:41 Les Anglais disent "oui, c'est très bien pour vous, mais nous, on n'y rentre pas".
45:45 Merci beaucoup, Eric Branca.
45:47 Merci, Mathieu Bocoté.
45:49 Merci également, Arthur Devatrigan.
45:51 Je rappelle la couverture de L'Incorrect, mercredi.
45:54 Michel Houellebecq, très bien habillé d'ailleurs.
45:56 Il réplique avec évidemment plein d'informations.
45:59 Je rappelle votre ouvrage, monsieur Branca, puisque c'est "L'Aigle et le Léopard".
46:05 A plus tard.
46:06 Pour un instant, c'est Soir Info avec Olivier de Caron-Flech.
46:08 Vous pouvez revoir cette émission sur cnews.fr.
46:10 [musique]