Souffrir, c'est utile !? - Théorie du Bonheur - 45

  • l’année dernière
Dans la vie, on se passerait volontiers de souffrir, pas vrai ?

Oui mais non. Il s'avère que sans souffrance, on serait très mal barrés, comme on va le voir dans ce nouvel épisode !

0:00 • Introduction - On a besoin de souffrir
1:51 • Précédemment dans TdB
2:39 • Début de l'épisode - Une collègue insupportable
3:55 • Chercher une solution à notre souffrance
5:12 • Pourquoi on chouine au lieu d'agir
6:45 • Une histoire de bucheron
7:46 • La cause réelle de notre souffrance
8:54 • Souffrir, c'est progresser ?
9:41 • Souffrir rend fier
11:42 • Écran de fin / citations

Thème principal par Jean-Michou : https://soundcloud.com/jean-michou
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Transcription
00:00 Si je pose la main sur une plaque brûlante, il va se passer deux choses.
00:03 La première c'est que je vais me brûler, c'est-à-dire que les cellules de ma peau vont être détruites par la chaleur.
00:08 Et la seconde c'est qu'il va naître aux extrémités nerveuses de ma main un signal de douleur.
00:12 Ce signal va d'abord voyager jusque dans ma moelle épinière,
00:15 et ma moelle épinière va immédiatement y réagir en renvoyant l'ordre au muscle de ma main de se contracter,
00:20 de sorte à me tirer du danger.
00:22 C'est ce qu'on appelle un réflexe, c'est-à-dire que le corps ne prend même pas le temps de demander son avis au cerveau
00:27 parce que ce serait trop long.
00:28 il réagit tout seul dans un premier temps afin de me protéger
00:31 Ce n'est qu'un peu plus tard que mon cerveau est informé de ce qui s'est passé
00:34 et que je ressens de la douleur
00:36 qui m'est pénible pour me faire comprendre que j'ai fait une connerie et qu'il ne faut pas recommencer
00:40 BAAAAATIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIS !
00:51 Ouais...
00:52 Evidemment si je vous raconte ça, c'est pas gratuit
00:54 C'est pour vous montrer que la douleur physique à la base, c'est pas juste un truc qui est là comme ça pour nous emmerder
00:59 C'est un mécanisme nécessaire à notre survie
01:01 puisqu'il vise d'une part à nous tirer du danger
01:04 et d'autre part à nous en tenir éloigné
01:06 Autrement dit, en réalité, on a besoin de souffrir
01:09 Pour s'en convaincre, il suffit de voir les complications auxquelles s'exposent les patients atteints d'insensibilité à la douleur
01:14 Et pour ce qui est cette fois de la douleur morale
01:17 alors même si c'est vrai que ça fonctionne pas pareil
01:19 et ben on peut aussi l'envisager comme un mécanisme visant à nous signaler les situations qui nous blessent mentalement
01:24 afin de nous en tenir éloigné
01:26 Et ce qu'on va se demander aujourd'hui, que notre souffrance soit physique ou morale
01:30 c'est d'une part comment nous la rendre moins pénible
01:33 et même d'autre part, comment en profiter
01:35 Précédemment dans Théorie du Bonheur
01:39 Lorsqu'on est confronté à une circonstance défavorable, quelle qu'elle soit
01:43 il n'y a que deux possibilités, soit elle est irrévocable, soit elle est révocable
01:47 Par irrévocable, j'entends qu'elle est principalement hors de notre contrôle
01:51 et nous ne pouvons pas y faire grand chose
01:52 Nous devons alors accepter ces circonstances, nous adapter à elles
01:56 et si possible en tirer des leçons pour le futur
01:58 En ce qui concerne les circonstances révocables
02:00 il nous est possible de les annuler au moyen de nos efforts
02:03 Nous devons décider si ça en vaut la peine
02:05 si oui, alors nous agissons et nous inversons la circonstance défavorable
02:08 Sinon, on en revient au mode de gestion d'une circonstance irrévocable
02:12 à la différence près que cette fois, nous avons choisi de la subir
02:15 Nous devons alors d'autant plus accepter cette circonstance
02:17 puisque nous l'avons préférée aux autres options à notre disposition
02:21 Quand je bossais en entreprise, j'avais une collègue
02:36 qui à chaque fois qu'on lui demandait si ça allait, répondait systématiquement
02:40 "Non, il fait pas beau aujourd'hui"
02:43 Et puis même les jours où il faisait beau, ça allait pas non plus
02:45 "Nan, il fait trop chaud aujourd'hui"
02:49 Suite à quoi, elle pouvait te tenir le crachoir une bonne demi-heure
02:52 à râler sur la météo
02:54 C'était assez formidable d'ailleurs, elle pouvait te faire supplier qu'on te laisse bosser
02:58 Tant et si bien que le matin, j'évitais toujours soigneusement de lui parler
03:01 pour surtout pas avoir à me taper ça
03:02 Et c'était très chiant, parce que son bureau étant directement sur le chemin du mien
03:06 il fallait soit que j'arrive avant elle
03:07 soit que je développe des stratégies de ninja pour passer devant sa porte sans qu'elle me chope
03:11 *Musique épique*
03:19 Bref, plutôt que de râler à tout bout de champs, ce qui à force nous la rendait insupportable
03:23 notre collègue pouvait réagir à l'extrême souffrance que lui causait la météo
03:27 de deux manières possibles
03:28 Soit en déménageant pour s'installer dans un coin où le temps était plus clément
03:32 soit si ça lui était impossible ou si elle jugeait que ça en valait pas la peine
03:36 en acceptant cet état de fait et en apprenant à vivre avec
03:41 *Bruit de sonnette*
03:41 Alors j'en vois déjà venir dans les commentaires
03:46 "Oh mais Arthur, la météo c'est super important, comment on fait si on a pas notre vitamine D?"
03:50 Ok, ok, très bien, j'ai l'air de me moquer, mais en vrai je peux comprendre, j'ai quand même vécu à Londres
03:55 "Londres?"
03:57 "Non, pas Londres, pas ce cauchemar, je n'aime pas le thé, je trouve ça fade"
04:03 Donc mettons qu'on juge que le temps qu'il fait est très important pour nous
04:07 Dans ce cas, pourquoi ne pas simplement s'installer ailleurs?
04:10 Là vous me direz peut-être "bah t'es beau toi, tu crois que déménager ça se fait comme ça?"
04:13 Non, effectivement, ça se fait pas comme ça, bien sûr que c'est compliqué
04:16 Mais est-ce qu'au moins on l'a envisagé?
04:18 Tu sais, c'est comme certains de mes anciens collègues, chaque fois que je leur parle ils me disent que leur boulot c'est de pire en pire
04:22 et qu'ils sont très malheureux, mais quand je leur demande s'ils en cherchent un autre ils sont là "bah non, bah pourquoi?"
04:27 La souffrance, c'est un signal qui devrait nous pousser à chercher une solution au problème qui la cause
04:32 Et il se peut très bien qu'il n'y ait pas de solution et qu'on soit obligé de subir
04:36 Mais ça, pour le savoir, il faut au moins avoir cherché
04:39 Autrement, si on réfléchit pas et qu'on décide d'avance qu'on ne peut rien faire
04:42 ça revient à nous laisser enchaîner par des contraintes qui, si ça se trouve, n'existent même pas
04:47 donc à nous priver tout seuls de liberté
04:49 et surtout, ça nous condamne à souffrir continuellement
04:52 "On semble être faits pour souffrir, c'est notre rôle dans la vie"
04:56 Pourquoi est-ce que souvent, quand on a un problème, on commence par se rouler en boule et se plaindre au lieu de le résoudre?
05:06 *bruit de boule qui s'écrase*
05:08 "What the fuck?" "There's a bug, dad rolled into a bug!"
05:11 Et bah, c'est pas forcément parce qu'on est des paresseux ou des nuls
05:13 Alors, des fois oui, c'est le cas, mais c'est pas la seule explication possible
05:17 Chercher une solution à un problème, ça demande de l'énergie
05:20 Or, cette énergie, on l'a pas toujours
05:22 Surtout si elle est drainée par la souffrance que notre problème nous cause
05:26 Parce que oui, il faut pas oublier que souffrir, ça fatigue
05:29 Et on a parfois besoin de se reposer et de regagner des forces avant de pouvoir gérer
05:33 Quand typiquement t'as un souci qui te mine jour après jour au boulot
05:37 Genre un gros souci avec ton boss, ou quand tu te rends compte que t'aimes plus ce que tu fais
05:41 Et bah ça peut valoir le coup, par exemple, de poser un ou deux jours de congé
05:44 Le premier pour te reposer, et le second pour chercher une solution
05:48 Ainsi, en plus de l'énergie nécessaire pour résoudre le problème
05:51 On a aussi le calme et le recul qu'on a typiquement pas quand on est en poste en train de courir de priorité en priorité
05:57 Comme on l'avait vu, alors ça remonte un peu, c'était à l'épisode 10
06:00 Il vaut toujours mieux séparer le temps de l'action et le temps de la stratégie
06:04 Bon après, il faut quand même que je le mentionne
06:06 Certaines souffrances morales s'expliquent aussi d'un point de vue médical
06:09 Si on pense à des conditions type dépression ou autre
06:12 Alors soyez quand même très prudent avec ça
06:14 Parce que c'est vraiment pas se rendre service que de s'inventer des conditions cliniques dont on ne souffre pas
06:17 Mais si on en souffre, alors dans ce cas bien sûr il faut s'adresser à des professionnels qualifiés dans ces domaines
06:22 Ceux que je ne suis absolument pas, je tiens à le rappeler
06:24 Ces cas de figure sortent complètement du cadre de mes compétences
06:27 Et donc du raisonnement que je tiens aujourd'hui
06:30 *Bruit de sonnette*
06:32 Faut reconnaître, c'est contre-intuitif
06:35 C'est bizarre de se dire que parfois, pour bien résoudre un problème
06:38 Faut commencer par arrêter de travailler dessus, se reposer et prendre du recul
06:41 C'est l'exact opposé de ce qu'on a envie de faire quand un problème nous fait souffrir
06:44 Et qu'on veut le résoudre le plus vite possible
06:46 Mais un ami m'a sorti une métaphore que j'aime bien
06:49 À une époque où j'avais des difficultés avec la chaîne
06:51 Il m'a dit "Arthur, fais gaffe, sois pas le bûcheron qui prend pas le temps d'aiguiser sa hache"
06:56 Et elle marche très bien cette métaphore
06:58 T'imagines bien qu'un bûcheron, même s'il s'arrête jamais et qu'il bosse comme un âne
07:00 S'il lui faut 20 coups pour tomber un arbre avec sa hache pourrie
07:04 Il sera toujours moins efficace qu'un deuxième à qui il faut que 5 coups
07:07 Parce que lui prend le temps de se reposer et d'aiguiser sa hache
07:10 Quitte à ce que pour ça, il bosse à moitié moins
07:12 C'est souvent beaucoup plus productif de s'arrêter et de se reposer un instant
07:22 Pour bien réfléchir aux problèmes dont on souffre
07:24 Que de nous acharner dessus en râlant comme des voleurs
07:27 Jusqu'à être épuisé et meurtri par une souffrance qu'on aura toujours pas réglée
07:31 Très souvent, quand une personne râle de façon disproportionnée
07:37 Pour un truc sans réelle importance, comme ma collègue à propos du mauvais temps
07:40 C'est pas tant parce que ce truc là la fait tellement souffrir
07:43 Mais plutôt parce qu'elle a d'autres problèmes par ailleurs
07:46 Et que ça, là, c'est juste la goutte d'eau qui fait déborder le vase
07:49 Auquel cas, le vrai problème qu'il faut régler, c'est pas la goutte d'eau
07:52 C'est le contenu du vase
07:53 En fait, il faut voir notre souffrance comme un symptôme provoqué par une cause
07:57 Et cette cause, il faut correctement l'identifier si on veut bien la traiter
08:01 Autrement, si on se contente de traiter la souffrance et non la cause
08:04 On prend le risque d'aggraver la cause
08:07 En gros, nous ce qu'on veut, c'est affronter nos problèmes
08:09 Pas juste les oublier en nous droguant ou bien en picolant
08:12 "L'alcool, la cause et la solution de tous nos problèmes dans la vie"
08:18 "Ouais !"
08:19 Alors dans le cas de ma collègue, fallait plutôt chercher du côté de son boulot
08:22 Qui lui convenait pas, de sa vie de famille qui était un peu tristoune
08:24 Et c'était plutôt ces problèmes là qu'il lui fallait résoudre
08:27 Mais nous, quand ça va pas, comment on fait pour trouver les vraies causes de notre souffrance ?
08:31 Bah pour ça, je vous renvoie à mon épisode bonus 2
08:33 Où j'avais proposé une méthode pour les identifier
08:35 Et surtout, pour mettre en place un plan d'action visant à les traiter
08:39 Si on ne ressentait pas la souffrance
08:44 On serait sans doute beaucoup moins motivé à chercher des solutions aux problèmes qui nous la causent
08:49 Et puisqu'ainsi la souffrance nous oblige à être débrouillards, créatifs, intelligents
08:53 Bah peut-être qu'on le serait beaucoup moins si on ne souffrait pas
08:56 Imaginez deux personnes, une qui a jamais trop souffert et une autre qui a connu de vraies galères
09:00 Si les deux se retrouvent brutalement confrontés à la même adversité
09:03 On peut raisonnablement penser que la seconde s'en tirera beaucoup mieux
09:06 Parce qu'elle sera mieux entraînée que la première
09:09 Ce qui veut dire que la souffrance, c'est aussi un truc qui nous pousse à progresser
09:13 À condition bien sûr de pas se rouler en boule mais de l'affronter
09:16 Progress only comes through struggle
09:20 Fighting keeps us fit
09:23 Conflict ensures our readiness and our survival
09:27 Dans mon épisode bonus 2 que je mentionnais à l'instant
09:32 Je vous ai raconté la dernière fois que je me suis senti malheureux
09:35 Et je vous avais dit que rien que le fait de savoir comment j'allais m'en sortir
09:38 Me faisait déjà me sentir un peu mieux
09:40 Mais pour autant quand il a été question de mettre mon plan en action
09:42 Bah ça a pas été de la tarte
09:44 Je vais pas rentrer dans les détails mais j'ai amorcé la plus difficile de mes ruptures amoureuses
09:47 Je me suis arraché pour perdre 12,5 kilos
09:49 J'ai provoqué une guerre politique au sein de la multinationale où je bossais
09:52 Pour forcer qu'on me relocalise à Paris
09:53 Sans être sûr que ça marcherait d'ailleurs
09:55 Je m'étais mis en page d'accueil de mon téléphone un compte à rebours
09:57 Au terme duquel j'aurais démissionné si ça avait foiré
09:59 Je me suis motivé pour reprendre la lecture, l'écriture, la programmation
10:02 Quitte à bosser de nuit pour retrouver au moins dans mes projets perso
10:05 La satisfaction du travail bien fait
10:07 J'en ai bavé tout ça pour venir à bout de la souffrance qui me rendait malheureux
10:10 Et aujourd'hui, maintenant que cette souffrance est éliminée
10:13 Que m'en reste-t-il ?
10:14 Eh bah beaucoup de fierté
10:16 Parce qu'elle m'a poussé à me dépasser, à trouver des solutions, à les mettre en oeuvre
10:19 Et même si on est d'accord, c'était pas non plus le combat du siècle
10:22 Bah ça reste quand même pour moi une victoire
10:24 Notre souffrance est aussi une source de fierté
10:31 Quand on parvient à en triompher
10:33 Et de la même manière que gagner 3-0 contre le Brésil
10:36 C'est pas la même que gagner 3-0 contre une classe maternelle d'un patelin quelconque
10:39 Plus notre souffrance est grande
10:41 Plus notre fierté d'en triompher devrait l'être également
10:44 Et ça bien sûr, c'est à condition de pouvoir triompher
11:04 Or le problème c'est que malheureusement, on peut pas toujours
11:07 On peut pas toujours déménager pour échapper au mauvais temps
11:10 On peut pas toujours éviter des chagrins d'amour
11:11 On peut pas ramener nos proches d'entre les morts
11:13 Alors comment réagir à ces situations auxquelles on ne peut rien ?
11:17 Eh bah on va voir que même dans ces cas-là
11:19 Il reste quelque chose à retirer de notre souffrance
11:22 Et ça les amis, je reviens très vite pour vous en parler
11:24 Au prochain épisode
11:26 Merci à tous d'avoir suivi cet épisode 45, j'espère qu'il vous a plu
11:30 Ce micro est complètement dans le chemin de mon bras, ça me torture
11:33 Donc j'espère que le son est bon
11:34 Alors je sais, on s'arrête un petit peu à mi-chemin
11:36 Comme souvent en écrivant mon script, je me suis rendu compte que j'avais besoin de 2 épisodes pour dire tout ce que j'avais à dire
11:40 Au moins l'avantage c'est que l'épisode 46 est déjà presque totalement écrit
11:43 Donc je devrais pas trop tarder à vous le sortir
11:45 En attendant, vous connaissez la chanson, n'hésitez pas à liker, vous abonner, activer la cloche, commenter ou partager cet épisode
11:50 Si vous souhaitez contribuer à financer mon travail ici, vous en avez toujours la possibilité
11:54 Soit grâce à ma page Tipeee, soit grâce au bouton "Merci"
11:57 Évidemment comme toujours, un immense merci à mes généreux contributeurs
12:00 Dont les noms s'affichent maintenant à l'écran
12:02 Voilà, c'est tout pour moi, je vous dis à la prochaine et d'ici là, prenez soin de vous !
12:07 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
12:10 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]

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