La métropole Aix-Marseille-Provence capitale européenne de l’Innovation
Avec Bernard Deflesselles, ancien député de la 9éme circonscription des bouches du rhône
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##LE_FAIT_DU_JOUR-2023-07-12##
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Transcript
00:00 - Sud Radio Bercov dans tous ses états. Le fait du jour.
00:04 - En compagnie de Bernard de Flessel, président de l'agence d'attractivité économique d'Aix-Marseille
00:08 et député honoraire pour faire le point. Bonjour Bernard de Flessel.
00:12 - Bonjour.
00:13 - Comment Marseille est-elle devenue capitale européenne de l'innovation en devançant par exemple Valence,
00:18 évidemment Valence en Espagne, pas en France, ou Espoo en Finlande.
00:21 Alors on ne connaît pas Espoo, c'est la deuxième ville finlandaise où il y a notamment le siège de Nokia.
00:25 Et puis après de belles capitales, après Barcelone, après Dortmund.
00:30 Bah écoutez, c'est pas tombé du ciel. On a bossé, on a beaucoup bossé même.
00:34 On est une métropole jeune, hein, 2016. Donc c'est une création très récente.
00:39 Mais une métropole qui est la deuxième de France d'abord, 1 900 000 habitants,
00:44 et puis des atouts extraordinaires. On a le premier port de France avec le port de Marseille,
00:48 on a le troisième aéroport avec 10 millions de passagers.
00:51 On est avec Marseille une cité connectée au monde.
00:56 Il y a 15 câbles sous-marins qui appairent sur Marseille,
00:59 et on est aujourd'hui 7e ville connectée au monde, devant Singapour, devant Hong Kong,
01:03 devant New York, et on sera 5e l'année prochaine.
01:06 Donc on a des atouts d'attractivité qui sont extraordinaires.
01:09 Et puis on a une agence de développement que j'ai le bonheur de présider,
01:12 qui est une agence d'attractivité qui est fondée à la fois sur la métropole et sur la chambre de commerce,
01:17 et qui fait un travail en profondeur depuis des années.
01:20 - Les chinois ont même arrimé Marseille à l'empire du milieu par un câble sous-marin qui s'appelle PIS.
01:26 - Bien sûr, absolument. Je vous dis, on a 15 câbles, même 16 maintenant avec le dernier arrivé,
01:31 qui nous connectent, et donc c'est un outil d'attractivité extraordinaire.
01:35 Quand vous expliquez au monde entier, quand vous allez en Californie, quand vous allez en Chine, en Inde ou en Europe,
01:39 et que vous réexpliquez ces atouts-là, pour les investisseurs et pour les entrepreneurs, c'est fondamental.
01:44 On a de bons résultats, on a fait 77 implantations dans la métropole l'année dernière.
01:48 Et sur les 77 implantations, 45% viennent de l'étranger.
01:52 Ça veut donc dire que Marseille est attractive, ça veut donc dire que la métropole d'ex-Marseille est attractive.
01:58 - Bernard De Flessel, comment Marseille arrive à capter les entreprises de la tech,
02:02 et quelles sont les principales entreprises de la tech présentes sur l'agglo ex-Marseille ?
02:07 - On a un pôle extraordinaire qui est le pôle de Larbois.
02:10 Le pôle de Larbois, c'est le quatrième pôle mondial en clean tech.
02:14 C'est-à-dire dans les entreprises qui, évidemment, sont sur le "créneau",
02:20 même si je n'aime pas ce terme, de l'environnement, et surtout, évidemment, de la dépollution, etc.
02:25 Donc, on a des atouts extraordinaires.
02:27 Et Larbois, c'est quelque chose, un quatrième pôle mondial, ce n'est pas rien.
02:31 - Oui, c'est quand même important.
02:32 Comment Marseille arrive à attirer les entreprises étrangères ?
02:35 Et cette année, le fait d'être capitale européenne de l'innovation, a-t-elle permis d'en attirer certaines autres ?
02:42 - Ça va être un boost inconsidérable.
02:45 On sait que c'est un boost.
02:46 Prenons la capitale européenne de la culture.
02:50 C'était 2013, ça a été un boost extraordinaire pour Marseille.
02:53 Donc, ça le sera pour l'année 2023.
02:55 C'est un peu tôt encore, on a été désigné au mois de décembre, donc les choses se mettent en place.
02:59 Mais oui, on va bénéficier bien sûr d'un boost qui va être un boost important.
03:03 Alors déjà, on a de bons résultats, c'est ce que j'exprimais à l'instant.
03:06 Mais ça va nous permettre de passer une année 2023, je dirais, dans de bonnes conditions.
03:11 Et puis surtout d'engranger pour 2024.
03:14 C'est un travail où l'on court l'attractivité.
03:16 Quand vous allez un peu partout dans le monde et que vous expliquez,
03:20 et que vous vantez les charmes et les beautés de la métropole,
03:23 son attractivité, ses infrastructures, etc., ça met un peu de temps quand même.
03:28 Ensuite, il faut prendre par la main les investisseurs.
03:30 Il faut leur expliquer qu'il y a des terrains, qu'il y a des bureaux.
03:34 Il faut trouver des métiers pour leurs compagnons ou leurs compagnes.
03:37 Il faut trouver une école internationale pour leurs enfants.
03:39 Bref, il y a tout un travail, si vous voulez, autour de la prospection qui est très important.
03:45 - Je vais vous taquiner un peu. - Taquiner, taquiner.
03:47 - Quelle est l'image de Marseille à l'étranger ?
03:49 Je me rappelle, il y a près de 40 ans, je suis allé aux Etats-Unis pour la première fois,
03:53 et les Américains connaissaient Paris pour la Tour Eiffel,
03:55 et Marseille, because of the movie "The French Connection".
03:58 À cause du film "The French Connection" qu'ils avaient tous vus au cinéma ou à la télé.
04:02 - Bien sûr, tout le monde l'a vu et tout le monde s'en souvient.
04:04 - Un excellent film d'ailleurs, il y en a plusieurs.
04:06 - C'était un excellent film.
04:07 Ceci étant, bien sûr, que ce n'était pas très bon pour l'image de Marseille,
04:10 mais les choses avancent.
04:12 Encore une fois, c'est les résultats qui plaident pour nous.
04:14 Voyez, j'aime bien faire un petit benchmark, c'est-à-dire se comparer aux autres, c'est intéressant.
04:18 On nous a vanté depuis très très longtemps la métropole lyonnaise,
04:21 en disant "c'est la deuxième après Paris, etc. Paris-Torte ou Congo".
04:25 - Marseille est une plus grande ville que Lyon, mais l'agglomération lyonnaise est plus importante que Marseille.
04:29 - Oui, mais surtout, on a de meilleurs résultats.
04:31 Regardez les résultats 2022 de Lyon, c'est 65 implantations, on en a fait 77, c'est 1400 emplois, on en a fait plus de 2000.
04:38 Donc, on se compare très très favorablement, même à ceux dont on dit qu'ils seraient meilleurs que nous.
04:43 Voilà, donc je remets l'église au milieu du village.
04:46 - Alors, pour revenir, Marseille, l'image économique de Marseille, c'est surtout le port depuis des années.
04:52 Et malheureusement, quand on voit le classement des ports français dans les ports mondiaux,
04:56 on n'est pas mauvais, on peut le dire qu'on est carrément nullissime,
04:58 je pense qu'on est d'accord là-dessus, les ports français sont vraiment complètement largués
05:02 par rapport à Rotterdam, Anvers, Hambourg, Bremerhaven, Valence, ils sont tous devant nous.
05:08 Est-ce qu'il y a un plan de relance pour le port ?
05:10 - Oui, oui, tout à fait. C'est un outil indispensable pour notre rayonnement.
05:16 On y travaille, tout le monde y travaille, tout le monde focalise sur le port.
05:20 Oui, oui, tout à fait. Et puis on a un ambassadeur qui est extraordinaire avec CMACGM.
05:25 Un des leaders mondiaux du transport, du transport maritime.
05:29 Je dirais que ça pèse et ça compte, car son siège est à Marseille.
05:33 - Alors, une question. Le plan Macron pour Marseille, nommé Marseille en grand,
05:38 représente une somme de 15 milliards d'investissements publics.
05:41 C'est énorme. Deux ans après son lancement, quels sont les premiers effets ?
05:45 - D'abord, il faut s'en féliciter.
05:48 Depuis très longtemps, tous les gouvernements, qu'ils soient de gauche ou de droite, ont plutôt abandonné Marseille.
05:54 Alors, on ne se plaint pas, mais quand même, il y a des limites.
05:57 Et j'ai le souvenir encore, moi, de propositions qui étaient faites à l'époque par des premiers ministres qui n'ont pas abouti.
06:04 Aujourd'hui, le président s'intéresse à Marseille.
06:06 - Comme disait un ancien ministre corse qui connaissait bien Marseille,
06:09 "Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent".
06:11 - Absolument, oui, oui. Cette formule est toujours d'actualité, je vous le confirme.
06:16 Mais aujourd'hui, on ne va pas se plaindre que le président de la République s'amourrache de Marseille.
06:20 Alors, ça veut dire un plan pour les écoles, c'est très très important, qui sont en mauvais état.
06:24 C'est un plan pour le développement économique, c'est un plan pour la sécurité,
06:28 c'est un plan pour son port, puisqu'il était sur le port il y a encore quelques jours.
06:32 Et donc, oui, c'est un boost.
06:35 Passez-moi encore cette expression un peu triviale, mais c'est un boost qui sera important pour Marseille.
06:39 - Et aujourd'hui, l'économie de Marseille, l'économie de l'avenir, c'est de faire un peu, à toute proportion,
06:44 regardez, une Silicon Valley sur l'agglomération ex-Marseille, c'est plutôt quoi ?
06:49 - On a une chance, quand on rayonne un peu au-delà de Marseille, parce qu'il y a Marseille, c'est 860 000 habitants,
06:54 la métropole, c'est plus d'un million neuf.
06:56 Donc, ça veut dire que vous avez plus d'un million de personnes, donc plus que la population marseillaise,
07:00 qui travaillent à la fois dans la métropole et après dans le département.
07:04 C'est un plan d'ensemble, et c'est un plan d'ensemble qui est très important.
07:08 Et l'avantage que nous avons, c'est que nous avons des secteurs d'excellence, on en a six ou sept,
07:12 ce qui nous permet de passer à travers les crises.
07:15 Quand vous êtes mono-industrie, quand vous êtes mono-secteur, et que vous prenez de plein fouet une crise économique,
07:19 ça fait du dégât, ça fait du mal.
07:21 - Comme le Nord ou l'Est avec les mines et les hydrogies.
07:23 - Et donc aujourd'hui, nous on a des secteurs d'activité, qui sont des secteurs d'activité multiple,
07:27 on a l'aéronautique, on a bien sûr le maritime, on a le digital aujourd'hui, qui est très important,
07:31 on a la qualité de vie. Enfin, je veux dire, Marseille et sa région, et la Provence,
07:36 rayonnent en termes de tourisme.
07:38 Donc, tout ça, mis bout à bout, fait qu'on résiste un peu mieux aux crises.
07:42 - Est-ce que l'insécurité, les images, on connaît beaucoup l'insécurité à Marseille,
07:46 les images de pillages sur la Canbière, qui ont eu lieu il y a quelques jours,
07:50 et Dieu sait si elles étaient violentes, est-ce que ça bloque certains investisseurs étrangers
07:54 pour venir à Marseille ? Ou même investisseurs français, qui diront "je vais investir à Nice"
07:58 - Je ferai un peu une réponse de Normand, oui et non.
08:01 - Sur Sud-Rhine-sur-Zour, c'est plutôt une réponse de Gascon en général, mais c'est la même chose.
08:04 - C'est vrai, mais c'est à peu près la même chose souvent en tout cas.
08:08 Et donc, bon, il y a eu un petit coup d'arrêt bien évidemment pour les restaurateurs et pour l'hôtellerie,
08:14 pour le tourisme de proximité tout de suite dans les jours qui ont suivi,
08:18 mais d'après les études que nous avons, ça n'engage pas, je dirais, l'année touristique,
08:23 ça n'engage pas le mois d'août, qui est un très bon mois d'août,
08:26 et puis surtout il y a eu une réaction très forte des institutions,
08:29 à la fois le Conseil Régional, la Métropole et la Chambre de Commerce,
08:32 ont tout à fait, je dirais, dans l'instant, porté un fonds exceptionnel de 10 millions d'euros
08:39 pour aider les commerçants, pour aider les hôtelleries, pour aider les boutiques qui ont été pillées.
08:43 Donc on a réagi très très vite là aussi.
08:45 - Merci beaucoup Bernard de Flessel, député honoraire et président de l'Agence d'attractivité économique d'Aix-Marseille.
08:52 - Absolument.