SMART PATRIMOINE - Enjeux patrimoine du jeudi 13 juillet 2023

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Jeudi 13 juillet 2023, SMART PATRIMOINE reçoit Bertrand Rambaud (Président, France Invest)

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00:00 Et nous enchaînons à présent avec enjeux patrimoine. Nous allons tenter de comprendre ensemble quels sont les grands enjeux justement du marché du capital
00:10 d'investissement en cette mi-année 2023. Et pour cela, nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de Smart Patrimoine Bertrand Rambeau. Bonjour Bertrand Rambeau.
00:18 Bonjour. Bienvenue sur le plateau de Smart Patrimoine. Vous êtes le nouveau président de France Invest. Vous avez été élu il y a quelques semaines avec un cahier
00:26 des charges, des nouvelles ambitions peut-être pour cette association des acteurs du capital investissement qui existe depuis bientôt 40 ans.
00:34 Quels sont selon vous les grands enjeux que le marché, que l'activité doit aujourd'hui adresser dans un contexte d'investissement qui bouge un petit peu
00:44 quand même depuis quelques mois et notamment des questionnements sur les investissements verts ou durables par exemple ?
00:52 Alors c'est vrai qu'on est dans un contexte. D'abord, avant de parler des grands enjeux, chaque mandature de France Invest se situe dans un contexte.
01:00 On le connaît tous. On peut le rappeler en deux grands mots pour nous. C'est d'une part un changement de l'économie autour effectivement de la durabilité,
01:08 autour de la souveraineté et puis cette deuxième révolution industrielle, digitale pardon, qui n'est pas neutre. Et puis à côté de ça, un environnement
01:18 financier, de remonter des taux qui au-delà du coût qu'elle génère, change le paradigme dans lequel on évolue et rend la liquidité moins facile.
01:28 Donc on est dans ce contexte et donc notre métier qui s'adapte depuis 40 ans à ces environnements évidemment va le faire. Alors quels sont un peu les grands points
01:39 que je souhaite, sur lesquels j'ai présenté un peu ma feuille de route ?
01:44 Peut-être juste avant sur ce contexte de taux plus directeurs, plus élevés de la BCE, ça a une incidence directe sur les acteurs du private equity ou du capital
01:52 investissement en France aujourd'hui ?
01:53 En fait, bien sûr, ça a une influence à deux niveaux. D'abord, on va dire que c'est quand même un retour à une normalité.
01:59 Bien sûr.
01:59 Des taux d'intérêt négatifs ou à zéro, c'est économiquement pas très logique. Donc on revient à des choses qu'on a pu connaître il y a quelques années,
02:06 qu'on a certes tous un peu oublié rapidement.
02:08 Il vaut mieux avoir de l'expérience, c'est ce qu'il faut comprendre.
02:10 Vous avez bien résumé. Non, ce que ça change, premièrement, bien sûr, c'est un paramètre de coût. Une dette coûte plus cher. C'est assez mécanique.
02:18 Mais je dirais que c'est pas le phénomène le plus important. Le phénomène le plus important, c'est qu'il a changé le mode de financement.
02:26 Il renverse toute la tendance de la liquidité "facile", si je puis dire, qu'on a pu connaître au cours de ces 10 dernières années et qu'on rentre dans un
02:35 environnement où lever de l'argent est plus difficile, que ce soit pour nous en tant qu'investisseurs, puisqu'on va chercher de l'argent, vous le savez,
02:41 au sein de grands investisseurs individuels ou particuliers, dont on reparlera tout à l'heure, sans doute, et puis financement bancaire.
02:49 Donc on est dans cette période. Donc effectivement, notre industrie est impactée par ces effets. Alors quelles en seront les conséquences ?
02:59 Moins d'opérations peut-être, en tout cas à court terme, impacts sur les valorisations. On a vu il y a 18 mois commencer à avoir ces signes sur la technologie,
03:09 qui était le premier segment de notre marché à être influencé.
03:13 Avec peut-être, alors c'est effectivement ce qu'on peut lire dans la presse, mais une recherche de rentabilité plus grande vis-à-vis des dossiers accompagnés
03:18 quand on est investisseur.
03:20 C'est normal, puisque les taux d'intérêt montent. Donc il est normal que si on garde une même prise de risque, on doit logiquement aller chercher un rendement
03:28 des capitaux investis plus important. Vous avez tout à fait raison. Alors après, il y a la logique du modèle économique, il y a les réalités de marché.
03:34 Mais de toute façon, on est une profession, quand on regarde la rentabilité moyenne sur 10 ans, France Invest a sorti il y a quelques jours son analyse de rentabilité
03:44 des fonds sur ces dix dernières années, on est à 12 %, et c'est très stable dans la durée, en fait. Donc en fait, on est une industrie qui arrive à s'adapter au contexte.
03:56 Et ce taux a monté ces dernières années. Mais effectivement, cette évolution de taux a un impact sur l'environnement.
04:06 Vous avez donc été élu à la présidence de France Invest il y a quelques semaines. Quels sont, selon vous, les grands enjeux que le secteur doit adresser aujourd'hui ?
04:15 Écoutez, pour être très simple, moi je voudrais qu'on adresse trois grands enjeux externes au-delà du quotidien.
04:23 Bien sûr, et de l'adaptation au contexte économique.
04:26 Exactement. Vous savez, on dit souvent, notre industrie, qui est importante en France, c'est la plus grande d'Europe, d'abord, je tiens à le dire, parce que c'est une vraie fierté.
04:34 Fierté, c'est 50 milliards d'euros qui sont investis chaque année dans les entreprises françaises. Et ça a été 10 milliards il y a 15 ans. Donc vous voyez la progression que notre industrie a connue.
04:49 En revanche, c'est un peu moins de 8000 entreprises accompagnées qui sont des PME, des ETI ou des sociétés qui se créent innovantes.
04:56 On peut faire plus sur ce dernier paramètre. Vous savez qu'en France, on dit qu'il y a plus de 100 000 entreprises qui seraient susceptibles de recevoir un investisseur à son capital.
05:05 Donc je voudrais vraiment, dans cette période, alors que mon mandat date de deux ans, mais après, au-delà encore, qu'on arrive à faire progresser, alors j'ai dit une hausse de 50%,
05:15 mais au-delà des chiffres, aujourd'hui, notre industrie qui est un métier d'offre, elle peut s'adresser à quasiment tous les secteurs pour les aider à croître, à se développer, à se transmettre.
05:26 Donc c'est un axe pour moi qui est tout à fait important. Donc on va mettre en place un certain nombre de mesures, mais ça ne va pas arriver tout seul, pour arriver à être encore plus présent
05:36 à travers ce métier qui se fait dans les territoires, qui se fait beaucoup dans les territoires.
05:40 C'est des mesures de pédagogie, parce que ces dirigeants-là n'ont pas le réflexe du capital investissement aujourd'hui ? De compréhension, peut-être ?
05:48 Oui, alors c'est tout à fait ça. Il y a de la pédagogie, il y a de la communication, il y a faire parler les dirigeants qu'on accompagne.
05:54 D'accord.
05:54 Ce sont quand même nos meilleurs prescripteurs, comme toujours, et en général, ils ont plutôt des bonnes choses à raconter. C'est aussi, je l'ai dit, métier d'offre, donc avoir de nouveaux outils.
06:04 Je prends l'exemple des obligations relance, qui nous ont permis d'aller dans des entreprises qui n'étaient pas ouvertes à notre profession.
06:10 Bien sûr.
06:11 Et puis, qu'on a maintenant de plus en plus de fonds sectoriels, qui nous permettent d'adresser des secteurs qui n'étaient pas couverts.
06:17 Voilà, donc c'est tout un travail, et beaucoup dans les territoires, parce qu'on le sait, la France est quand même un pays qui est très riche d'entreprises de partout en France.
06:26 Il faut aller les chercher. C'est une grande force de notre métier qui a une couverture extrêmement large sur le plan national.
06:32 Le deuxième axe qui nous intéresse, et vous avez fait allusion dans votre introduction, c'est l'industrie verte, avec la durabilité.
06:41 Je pense qu'on a un enjeu très fort, évidemment, de financer l'industrie. Aujourd'hui, l'industrie, chez nous, dans le capital d'investissement français, c'est à peu près 20% de nos investissements.
06:51 D'accord.
06:52 C'est bien, mais on peut faire mieux. On peut faire mieux. On peut construire des champions européens, des champions mondiaux, et on en a.
06:59 Il y a des savoir-faire industriels exceptionnels dans ce pays. Et puis il y a un sujet de souveraineté qu'on connaît tous.
07:05 Pour autant, vous parlez d'industrie verte. Donc ça veut dire que les critères d'investissement ne sont pas les mêmes.
07:08 Exactement. Et donc ça veut dire qu'autour de ça, c'est la décarbonation. Et il y a beaucoup de chiffres qui circulent aujourd'hui sur la décarbonation,
07:17 des sommes absolument colossales qui peuvent donner le vertige. Moi, j'en retiens 1, 2% du PIB en 2030, ce qui est colossal. Et qui va financer ça ? La dette ? Pas beaucoup.
07:27 L'État ? Plus d'argent. Donc il y a le capital. Alors il y a la bourse, bien sûr. Elle existe. Elle a sa place. Mais il y a aussi le capital d'investissement.
07:35 Et il n'y aura pas de transition énergétique s'il n'y a pas de capital d'investissement.
07:39 D'accord. S'il n'y a pas de financement, tout simplement. Oui, c'est ça.
07:42 Oui, s'il n'y a pas de financement, je reviens à mon métier.
07:43 Évidemment. Oui, bien sûr.
07:44 C'est celui-ci. Et là, je souhaite aussi qu'on puisse... Mais ça a été fait aussi largement par mes prédécesseurs. Mon mandat de 2 ans est dans une continuité,
07:52 vous imaginez, de Claire Chabrier qui a fait un super boulot et qui était souvent à cette table. C'est d'aller aussi vers l'épargne longue.
08:00 D'accord. L'épargne longue des Français. D'aller aussi plus vers la retraite qui est un réservoir de financement et qui est très adapté en termes de durée
08:09 par rapport à nos métiers. Et pour nous, il y a des enjeux constants d'aller de plus en plus vers la recherche de cette épargne. Voilà.
08:18 Et le troisième point, toujours sur un pôle extérieur de notre métier, on parle beaucoup d'ESG, évidemment.
08:25 Bien sûr. Oui.
08:25 Au USSR, à très juste titre, France Invest a fait énormément de choses dans ses domaines et va continuer sur son chemin en essayant d'oublier aucune entreprise.
08:34 Parce que moi, je n'aime pas du tout le dogmatisme de l'ESG. J'aime un ESG qui embarque. D'accord.
08:39 Il faut embarquer des entreprises. Quel que soient les secteurs, quelle que soient les industries.
08:41 Mais il faut les embarquer et les aider à se transformer. Si elles ne veulent pas, il ne faut pas les financer. Mais si elles ont envie, il faut les aider.
08:46 C'est notre métier, c'est notre rôle. Voilà. On est un accélérateur, nous, le capitain d'investissement.
08:51 Et il y a un point – alors je m'extrais deux instants de la décarbonation, mais qui est très important pour France Invest et que moi, je souhaite vraiment porter –,
08:59 c'est le partage de la valeur. Bon, vous le savez, des mesures ont été prises très récemment. Et France Invest a signé une charte sur cette thématique.
09:07 Mais moi, je voudrais qu'on aille encore plus loin. D'accord.
09:09 Tous mes prédécesseurs ont monté des marches. Donc il faut bien que j'en monte une, moi aussi.
09:12 Et je voudrais vraiment qu'on aille plus loin sur l'actionnariat salarié, parce que je crois que c'est très important, parce qu'on a vu qu'aujourd'hui,
09:21 l'entreprise était quand même beaucoup plus reconnue – et heureusement – dans la vie sociétale. Et je crois que c'est magnifique de pouvoir associer des personnes
09:31 à une aventure entrepreneuriale. Je prends l'exemple de la Redoute. On a tous suivi ça en début d'année. C'est super. C'est ce qu'on doit faire.
09:37 Mais comment un fonds de capital investissement peut-il s'engager pour l'actionnariat salarié au sein des entreprises qui financent ?
09:43 Non, lui, il peut s'engager à tout faire pour le mettre en place. Après, on sait tous, dans une opération, il y a un actionnaire, il y a des conseils,
09:52 il y a une famille peut-être, il y a un investisseur. Donc on ne fait que gérer des cas particuliers. Mais si on ne porte pas cette parole, qui va la porter ?
10:01 Et c'est en la portant, en étant convaincu que c'est nécessaire. Et vous savez, moi, juste avant de prendre la présidence, j'ai eu l'occasion de parler
10:07 avec beaucoup de mes confrères. Et je sens qu'aujourd'hui, il y a une vraie écoute, bien sûr, mais une vraie volonté, surtout, d'avancer dans cette voie-là.
10:16 Et donc il faut y aller. C'est tout ce qui se passe dans le climat social français. Ce n'est pas nous qui allons le résoudre. Mais si chacun ne met pas
10:23 notre petite pierre, là aussi, à l'édifice, ça ne marchera pas. Et nous, on a une vraie responsabilité.
10:28 Donc au-delà de la parenthèse partage de la valeur, le troisième grand enjeu, c'était la décarbonation. C'est ce qu'il faut comprendre ?
10:35 Oui, sur l'industrie. La décarbonation, je pense qu'aujourd'hui, si vous voulez, en deux mots là-dessus, enfin en deux mots, c'est un sujet majeur.
10:41 Bien sûr, oui.
10:42 Mais les investisseurs, maintenant, s'engagent sur des plans de décarbonation avec des critères qui sont suivis chaque année. C'est ce que nous demandent
10:52 nos investisseurs, c'est ce qu'on demande aux entreprises et c'est ce qui va déterminer des critères de performance. Et voilà. Et donc, il y a le côté du financement
11:00 qu'on assure. Mais il y aura aussi tout l'accompagnement. Parce que vous le savez, notre métier a beaucoup évolué ces dernières années et n'est pas que
11:06 financier, loin de là. C'est le paramètre de départ. Mais il y a tout ce qui est autour.
11:09 Merci beaucoup, Bertrand Rambaud, d'être venu sur le plateau de Smart Patrimoine. Je rappelle que vous êtes président de France Invest. Merci beaucoup.
11:15 Merci beaucoup à vous.
11:16 Merci à vous de nous avoir suivis. Smart Patrimoine s'arrête pour l'été et on se retrouve en septembre avec plein de nouveaux sujets à traiter ensemble.
11:26 À très vite.
11:27 [Musique]

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