SMART IMPACT - Accompagner les entreprises du textile circulaire

  • il y a 4 jours
Un accélérateur dédié aux entreprises du textile circulaire en Île-de-France : c’est ce que propose Alexandra North, directrice accompagnement et filières de l’association Les Canaux. SMART IMPACT la reçoit aux côtés d’une lauréate de la promotion 2024-2026, Eugénie de Larivière, cheffe de projet chez Les Résilientes. Ce studio de design d’Emmaüs Alternatives favorise la réinsertion professionnelle par l’upcycling (recyclage par le haut), et met la créativité au service de la confiance en soi.

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Transcript
00:00Le débat de Smart Impact, je vous présente tout de suite mes invitées, Alexandra North, bonjour.
00:10Bonjour.
00:11Bienvenue, vous êtes la directrice d'accompagnement et filière dans l'association Les Canots et Eugénie de La Rivière, bonjour et bienvenue.
00:17Bonjour.
00:18Vous êtes chef de projet Les Résilientes chez Emmaüs.
00:21Alternative, on va présenter ce que vous faites l'une et l'autre et ce que font notamment, ce que fait votre association Les Canots, c'est quoi ?
00:28Alors Les Canots, on a deux grands piliers chez Les Canots.
00:33On est à la fois un lieu emblématique de l'économie solidaire et circulaire et aussi une association avec ses activités pour promouvoir une économie plus durable.
00:42Si je viens sur le lieu emblématique, vous pouvez tous venir visiter la maison des Canots.
00:47On est sur le canal de Lourdes dans le 19e et ça a été un chantier qui a été exemplaire parce que la maison des Canots a été entièrement réhabilitée en économie circulaire et solidaire.
00:59Et à l'intérieur de ça, nous avons des actions en tant qu'association pour promouvoir une économie plus durable, c'est-à-dire plus circulaire, plus solidaire et plus locale.
01:07Avec notamment un accélérateur textile circulaire dont on va parler et dont vous avez bénéficié Eugénie de La Rivière.
01:13Les Résilientes, de quoi s'agit-il ?
01:15Les Résilientes, c'est un studio de design en milieu d'insertion professionnelle.
01:19On travaille au sein d'Emmaüs Alternatives et on travaille à la réutilisation des matériaux pour faire des accessoires pour la mode et pour la maison avec des personnes en parcours d'insertion.
01:28Vous avez été sélectionnée pour rejoindre cet accélérateur. Deuxième édition, je crois, de cet accélérateur des Canots.
01:36C'était pas sur le textile la première édition, c'est ça ?
01:39Vous êtes bien renseignée. En Ile-de-France, on accompagnait une quinzaine de structures à changer d'échelle.
01:45Mais c'était sur l'économie circulaire, mais pas forcément sur la filière du textile.
01:49Ça pouvait être des structures du bâtiment circulaire, du mobilier circulaire.
01:54Il y avait des acteurs comme Gobi qui font des gourdes éco-conçues, La Sauge qui fait de l'agriculture urbaine.
02:01Et là, sur cette deuxième édition, on a décidé de vraiment se concentrer sur la filière textile.
02:06Parce que c'est l'une des plus polluantes du monde.
02:09Et puis ça fait sens aussi d'avoir une quinzaine de structures qui sont vraiment sur la même filière.
02:14Comment ça marche ? C'est un accélérateur. Vous choisissez des projets et vous les aidez financièrement.
02:20Ça fonctionne comment ? C'est du mécénat de compétences ? On peut tout imaginer ?
02:25On adorerait les aider financièrement et avoir plein de sous à leur donner.
02:29Mais on les accompagne surtout sur le fait de structurer, de consolider leur modèle d'affaires grâce à un accompagnement individuel, à du mentorat.
02:37On a aussi des formations collectives pour les accompagner sur tout ce qui est entrepreneuriat.
02:41Par exemple, quand on fait du textile circulaire, on peut avoir des enjeux comme tarifier au bon prix ses prestations,
02:47travailler sa posture d'entrepreneur. On les accompagne aussi sur les cadres réglementaires, à chercher des subventions.
02:53C'est un accompagnement très complet sur 18 mois.
02:56Pourquoi vous avez candidaté aux Génies de la rivière ?
02:59Aujourd'hui, ça fait 7 ans qu'on a une activité d'upcycling.
03:02Aujourd'hui, on avait envie de se professionnaliser, se structurer et de défricher un nouveau métier qu'on appelle le tapissier circulaire pour le bâtiment.
03:10Le ?
03:11Le tapissier circulaire pour le bâtiment.
03:12Vous allez m'expliquer ce que c'est. Ça m'intrigue.
03:14On a envie d'intervenir sur tout ce qui est textile à l'échelle du bâtiment.
03:17Ça va du store à la paroi acoustique, au tapis, donc tout ce qui va être matériau souple dans une habitation.
03:25Et pour structurer cette activité et professionnaliser cette activité, on avait envie d'être accompagnée sur toutes les parties dont Alexandre a parlé.
03:34Qu'est-ce que vous en attendez ? Ça dure combien de temps ?
03:37Ça dure une année ?
03:3818 mois.
03:3918 mois, c'est quasiment 2 ans.
03:40C'est bien, c'est un accompagnement de longue durée.
03:42Le fait d'être, si j'ai bien compris, dans une sorte d'écosystème, dans un groupe où vous travaillez tous sur des problématiques un peu similaires, ça vous semble important, ça ?
03:51C'est toujours important. L'échange fait avancer beaucoup plus vite, donc c'est toujours hyper important.
03:56On est sur des métiers qui sont nouveaux.
03:58Souvent, quand on parle de réemploi, de réutilisation de matière, d'être plusieurs à défricher un même terrain, ça permet quand même d'aller beaucoup plus vite dans ce qu'on fait.
04:10Si on jette un petit coup d'œil dans le rétroviseur, pour les entreprises ou les associations que vous avez accompagnées sur la première année de cet accélérateur, qu'est-ce que ça donne ?
04:20Quel premier bilan vous pouvez faire, même si, si j'ai bien compris, on n'est pas encore au bout de l'accompagnement ?
04:26Pour cette première édition, on a bouclé l'accompagnement.
04:29Ça y est, d'accord.
04:30La deuxième vient d'être lancée et on est très contents des résultats.
04:34Ils ont collectivement, donc ils étaient 15 structures, augmenté de plus de 50% leur chiffre d'affaires.
04:39C'est un indicateur qu'on suit.
04:41Ils ont créé collectivement toujours 200 emplois.
04:44Et on regarde aussi l'indicateur du tonnage de matière recyclée, réemployée, qui a augmenté aussi de 70% sur la promo.
04:52Et j'oublie les 700 millions d'euros de levées de fonds qui, pareil, ont été réalisés collectivement.
05:01Parce que le fait d'intégrer un accélérateur comme le vôtre, ça donne à ces entreprises une crédibilité supplémentaire ?
05:09Je dis ça à la question des levées de fonds.
05:11Est-ce que vous le ressentez, ou est-ce que ces entrepreneurs ou entrepreneuses vous le disent ?
05:15Là, on les accompagne sur des aspects comme le pitch.
05:20Enfin, on les accompagne à bien pitcher, effectivement, leur activité auprès d'éventuels financeurs.
05:25Et aussi, on organise des forums du financement pour qu'ils puissent aussi faire un matching avec différents financeurs.
05:32Donc, en fait, on les aide, on les outille.
05:34Et après, ce sont eux qui font le travail en vrai.
05:36Et il y a un accéléré qui a quand même trouvé son premier financeur dans le mentorat qu'on leur a proposé.
05:42On détaille un peu ce que vous faites avec les résilientes.
05:46Vous alliez textile, circularité, insertion professionnelle, insertion sociale.
05:52Comment tout ça, ça se bouffit ?
05:55C'est un peu un grand écart, un exercice d'équilibriste.
06:00Mais en gros, nous, on est un studio de design et d'insertion professionnelle.
06:04Donc, l'enjeu, c'est de réutiliser des matériaux qui ne sont pas valorisables par l'association pour laquelle on travaille, donc Emmaüs Alternatives.
06:11Tout ce qui est destiné à la baine et au recyclage.
06:13On a démarré comme ça.
06:14On a développé des collections qui étaient destinées à être distribuées dans les boutiques Emmaüs Alternatives.
06:19Aujourd'hui, on a différentes activités.
06:21On va accompagner les marques sur la revalorisation de leurs invendus, invendables.
06:26A l'époque, on avait accompagné Made.com, Madura sur la conception de produits upcyclés.
06:32On a aussi travaillé avec l'entreprise Bonpar.
06:35Et de plus en plus, on fait une activité de décoration d'intérieur.
06:38On va accompagner les entreprises pour décorer leurs bureaux et à manéger leurs bureaux à partir de réemploi et de réutilisation.
06:45L'enjeu de faire ça dans l'insertion professionnelle, c'est parce que les métiers créatifs permettent un vrai développement de compétences qui sont transférables dans d'autres métiers.
06:55C'est pour ça qu'on a démarré cet atelier-là aussi.
06:58Ils permettent vraiment un retour à l'estime de soi.
07:01Alors, j'allais vous poser la question.
07:02Le lien entre créativité et confiance en soi.
07:05Vous voyez ça ?
07:06Parce que ça doit être assez génial de voir ça naître.
07:08Est-ce que vous avez déjà fait une tarte ?
07:10Et amenez chez des amis votre tarte.
07:12Écoutez, je ne suis pas un grand cuistot, mais je peux comprendre le plaisir de faire soi-même.
07:17La fierté de dire c'est moi qui l'ai fait.
07:18Et donc ça, ça a un véritable impact quand on a fait quelque chose.
07:21Et quand il s'agit de réaliser un objet, que ce soit un tabouret, une lampe, un coussin, ça a un impact énorme.
07:27Et en fait, aujourd'hui, la confiance en soi, c'est le premier frein à l'accès à l'emploi.
07:32Et donc, pour les personnes qu'on accompagne, c'est extrêmement important de commencer par ça, par reprendre confiance en soi.
07:37Quelques chiffres, on va prendre un peu plus de recul sur le secteur du textile.
07:44C'est l'ADEME qui nous dit que sur les achats de vêtements, achats de vêtements en Europe,
07:49une personne achète 40% de vêtements en plus par rapport à il y a 15 ans.
07:54Et elle les conserve surtout moitié moins longtemps.
07:56Ça, c'est le constat de ce qu'on appelle le fast fashion ou l'ultra fast fashion.
08:01Alexandre Arnault, est-ce que nos comportements sont un peu en train de changer quand même ?
08:07Je vous vois dubitative.
08:09On l'espère, on l'espère. Il y a quand même quelques signaux qui nous indiquent que c'est en train de changer,
08:14notamment chez les jeunes, effectivement, de la seconde main, par exemple.
08:19La seconde main est beaucoup plus valorisée maintenant dans les achats des jeunes,
08:24même si on observe également l'effet rebond de la seconde main sur des sites qui revendent des vêtements pas chers.
08:31Et du coup, on en achète beaucoup plus et on remplit encore plus nos armoires.
08:34Il y a aussi des sites qui ne vendent pas de seconde main et qui ne vendent pas cher du tout et qui viennent de Chine ou d'ailleurs.
08:40C'est l'ultra fast fashion.
08:42Donc, le comportement de la génération des 15-25, il est assez paradoxal sur le textile. C'est intéressant, ça.
08:50Oui, tout à fait. Après, c'est vrai que nous, nos clients, en tout cas, les structures qu'on accompagne,
08:56c'est beaucoup des structures qui sont en B2B.
08:59B2B, je pense que tout le monde ici sait ce que ça veut dire.
09:02C'est ce que c'est, voilà, exactement.
09:04Et du coup, on a plus des indicateurs sur les entreprises. Est-ce que les entreprises s'y mettent ?
09:08Est-ce que les services publics s'y mettent à faire des commandes et des marchés publics ?
09:12Et ça, ça bouge.
09:13Et ça, ça bouge. En fait, ça, ça bouge.
09:15Et un des grands leviers, c'est la loi, la loi AJEC, qui oblige aussi à faire des heures d'insertion,
09:22qui oblige à commander 20% de mobiliers upcyclés. On peut y introduire du tissu aussi en reemploi.
09:28Donc, en fait, tout ça fait bouger les choses. Et nous, on a de l'espoir.
09:34Mais il faut. Il faut avoir de l'espoir.
09:36Nous, ici, de notre petite Vigie qui est Smart Impact, on a ce sentiment quand même que les lignes sont en train de bouger,
09:43mais avec effectivement des effets parfois qui sont des effets pervers.
09:46On parle des grandes plateformes de revente de vêtements.
09:49C'est aussi un appauvrissement pour des associations comme Emmaüs, par exemple,
09:53qui voient arriver peut-être des vêtements de moins bonne qualité ou en moindre quantité.
10:00Qu'est-ce qu'on peut en dire ?
10:01C'est toujours un peu difficile.
10:02En effet, aujourd'hui, les personnes vont avoir plus de facilité à revendre en ligne un article de bonne qualité
10:08et à donner les choses qui sont de moins bonne qualité.
10:10On perd aussi la notion du don, je pense.
10:13C'est vrai qu'au sein des structures Emmaüs, mais autres structures de collecte aussi, il y a une baisse de qualité des dons.
10:20Et nous, au sein du mouvement Emmaüs, on a envie de rappeler à quoi nous servent ces dons
10:27à faire de l'insertion par l'activité économique et qu'il est important de continuer à donner aux associations
10:32pour nous permettre de continuer d'accompagner des personnes.
10:37Si je comprends bien, ce n'est pas une bonne nouvelle que la qualité des vêtements qui sont donnés à Emmaüs baisse,
10:44sauf que pour l'upcycling, c'est presque une matière de créativité, de réinventer.
10:52Si vous voulez quelques chiffres, il faut voir, si vous voulez connaître un peu le mouvement Emmaüs.
10:58En France, Emmaüs, c'est un mouvement, c'est une fédération d'associations avec plus de 300 groupes,
11:02tous indépendants des uns des autres.
11:04Moi, je fais partie d'un seul groupe, Emmaüs Alternatives.
11:06Par an, on collecte quasiment 1000 tonnes de textiles.
11:10Donc c'est énorme.
11:11Pas seulement des vêtements d'ailleurs.
11:13C'est textiles, linge de maison, chaussures.
11:15On va parler de TLC, c'est vraiment une grande famille d'objets, de matériaux textiles.
11:21Et dans ces 1000 tonnes, au sein des résilientes, on va valoriser une tonne.
11:25Parce qu'on fait un artisanat du réemploi, un artisanat de la réutilisation,
11:29donc ça demande du temps, ça demande de l'investissement dans le design, dans la production.
11:33Donc en fait, notre impact, il est amené à grandir, on l'espère, avec l'accélérateur.
11:39Mais c'est vrai qu'on ne manque pas de matière.
11:42Donc c'est vrai que la baisse de qualité, c'est aussi pour ça que les structures Emmaüs sont intéressées par des projets d'upcycling.
11:52C'est pour contrer à cette baisse de qualité et se dire comment est-ce qu'on peut avoir un nouveau modèle économique pour nos structures d'insertion.
12:01Merci beaucoup, merci à toutes les deux et à bientôt sur Bismarck.
12:05On passe à notre rubrique start-up.
12:07On va continuer de parler du secteur textile.
12:10Un jockeying en vêtements éco-responsables au mois de samedi.

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