Absentéisme record en France : près d’un salarié sur deux s’est absenté au moins 3 jours en 2022

  • l’année dernière
Avec Laurent Cappelletti, économiste, professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)

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##LE_COUP_DE_FIL_DU_MATIN-2023-07-26##
Transcript
00:00 7h36 sur Sud Radio, tout de suite le coup de fil du matin.
00:03 Près d'un salarié sur deux a manqué au moins trois jours de travail en 2022.
00:06 C'est une étude publiée par le cabinet de conseil en ressources humaines Mercer.
00:10 Un chiffre en augmentation par rapport à l'année précédente.
00:13 Alors pourquoi ces absences ? Quelles sont leurs conséquences ?
00:15 Pour nous expliquer, nous sommes avec Laurent Capelletti,
00:18 économiste, professeur au Conservatoire national des arts et métiers.
00:21 Bonjour.
00:22 Alors Laurent Capelletti qui sera avec nous dans un instant.
00:27 Bonjour Laurent Capelletti.
00:30 Bonjour Benjamin Gleize.
00:32 Merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:34 Absentéisme donc record en France.
00:36 On va évoquer les causes, les conséquences,
00:39 mais d'abord on est face à une situation qui prend de l'ampleur d'année en année.
00:43 C'est ce que vous constatez, c'est un phénomène qui s'accélère.
00:45 Oui, tout à fait.
00:48 Donc l'absentéisme au travail en France depuis dix ans sous des grades.
00:54 Et puis effectivement, depuis la crise de la Covid, il va s'accélérant.
00:59 Et donc on est sur une situation, on pourrait dire,
01:01 on est les champions d'Europe en fait de l'absentéisme au travail.
01:04 Ça concerne tous les secteurs, tous les postes, tous les âges
01:08 ou est-ce qu'il y a des variations à ce niveau-là, des différences ?
01:11 Alors c'est un peu la nouveauté depuis la crise de la Covid,
01:17 on va dire que jusque-là l'absentéisme au travail
01:19 concernait surtout les populations non cadres,
01:23 plutôt au-delà de 50-55 ans.
01:27 Et puis la nouveauté effectivement, c'est depuis la crise de la Covid,
01:30 ça concerne tout le monde, ça concerne tous les secteurs.
01:33 Alors un peu moins le secteur privé, on est sur du 4% d'absentéisme
01:39 et un peu plus le secteur public, on est autour de 7-8% d'absentéisme.
01:43 Mais on va dire que c'est un phénomène assez général.
01:45 Et vous avez notamment mis en avant cette question de la crise du Covid,
01:51 en quoi ça a pu avoir un impact justement sur cet absentéisme ?
01:55 Comment vous l'expliquez ça ?
01:57 Alors en fait ça a été un accélérateur,
02:01 c'est-à-dire que quand on observe la cause de l'absentéisme au travail,
02:05 alors c'est bien sûr pas le fait que les Français soient plus malades
02:09 que les autres pays européens notamment,
02:13 c'est pas non plus dû à une oisiveté plus répandue bien entendu,
02:18 c'est dû à deux causes.
02:19 Il y a une première cause qui est structurelle,
02:21 on va dire systémique,
02:22 il y a une dégradation du rapport au travail,
02:25 dont on commence à parler beaucoup,
02:27 et qui s'est accélérée avec la crise de la Covid.
02:29 Il y a une prise de conscience en fait que l'insatisfaction au travail
02:34 était plus grande, que le travail n'offrait pas,
02:37 n'offrait plus ou offrait moins l'intérêt,
02:41 la satisfaction qu'il procurait auparavant.
02:43 Donc ça on va dire que c'est une cause générale
02:45 que la crise de la Covid a, on va dire, particulièrement mis en avant.
02:49 Et puis il y a une cause en fait, j'allais dire managériale,
02:52 qui est que par rapport à cette évolution,
02:55 le management en France globalement,
02:56 il y a bien sûr des exceptions,
02:59 mais est inadapté, il reste trop,
03:02 on va dire telle ou rien, de telle hors,
03:04 c'est-à-dire en fait fondé sur l'obéissance,
03:07 la procédure, et moins sur le dialogue et la négociation.
03:11 Comment on fait du coup pour répondre à ces enjeux-là,
03:17 Laurent Capeletti, quelle réponse on peut...
03:19 on peut apporter justement pour faire en sorte de lutter
03:22 d'une certaine manière contre cet absentéisme-là
03:26 qui coûte cher à la société, il faut le dire aussi.
03:28 Alors exactement, la première chose en fait,
03:36 c'est ce que vous venez de dire, c'est-à-dire de chiffrer le coût.
03:40 Alors pour les entreprises et les organisations valorisent,
03:43 en termes de non-travail, de non-production,
03:45 parce que c'est ça la véritable conséquence,
03:47 on arrive à 4000 euros par personne et par an.
03:51 C'est monumental.
03:53 Et quand on agrège ça au plan national,
03:59 on arrive à plus de 100 milliards d'euros de pertes de valeurs ajoutées,
04:03 c'est-à-dire de pertes de points de PIB.
04:05 Ça fait de l'ordre de 3% de PIB par an.
04:09 Donc la première, pour qu'il y ait une prise de conscience en fait,
04:13 il faut chiffrer, valoriser le coût.
04:16 Et là on se rend compte que c'est une question d'intérêt général.
04:19 Donc bien entendu que dans toutes les entreprises et organisations,
04:23 il y a des efforts des dirigeants à faire,
04:25 même si c'est compliqué, même si c'est difficile,
04:28 mais ça fait partie de leur job, pour améliorer le management,
04:31 c'est-à-dire les conditions de travail, l'organisation du travail, les rémunérations.
04:36 Et moi je pense qu'au niveau des pouvoirs publics,
04:38 il y a en fait des actions.
04:40 Alors, ce n'est pas l'État qui va faire le management
04:43 à la place des entrepreneurs bien entendu,
04:45 mais on va dire qu'il y a des initiatives à prendre en fait
04:48 pour en faire une question d'intérêt général.
04:51 Si je prends un exemple de politique publique,
04:53 dans vos émissions on a parlé beaucoup,
04:55 et dans d'autres, de la réindustrialisation du pays.
04:58 Tout à fait.
04:59 C'est une politique publique.
05:01 Mais comment vous voulez faire la réindustrialisation du pays
05:03 si les personnes sont absentes ?
05:06 Et si on rajoute à ça le fait qu'en France,
05:08 vient se gréver le problème qu'on a du mal à recruter ?
05:12 Donc, on manque de bras,
05:13 et quand on a les bras en plus, ils sont absents.
05:16 Donc, il faut un peu de manqueur.
05:17 Vous parlez de politique publique,
05:19 ça veut dire quelles mesures à ce moment-là,
05:21 on pourrait mettre en place à ce niveau ?
05:24 Alors, il y a, comme ça a été fait il y a environ un an,
05:30 au niveau de l'hôtellerie-restauration,
05:32 des initiatives en fait pour mettre autour de la table
05:35 les dirigeants, les syndicats de patrons, les branches en fait,
05:39 pour améliorer, les inciter à améliorer en fait,
05:44 alors en l'occurrence c'était les rémunérations,
05:45 mais il faut aller au-delà,
05:46 c'est rémunération et conditions de travail.
05:49 Et deuxièmement, les pouvoirs publics doivent mieux manager,
05:52 mieux gérer le secteur public,
05:55 c'est-à-dire hôpitaux, collectivités territoriales,
05:59 et administration où l'absentéisme est très très important.
06:03 Vous montrez l'exemple effectivement à ce niveau-là.
06:06 Laurent Capeletti, je rappelle,
06:07 vous êtes économiste, professeur au CNAM,
06:10 le Conservatoire National des Arts et Métiers.
06:12 Merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio
06:14 et très bonne journée à vous.

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