Darmanin au soutien total des policiers : logique ? Débat

  • l’année dernière
Midi actu avec Yoann Gillet, député RN du Gard, Sébastien Rome, député LFI de l’Hérault et Jacques-Antoine Preziosi, avocat de Hedi.
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##LE_DEBAT_DU_JOUR-2023-07-28##
Transcript
00:00 Gérald Darmanin appelle à reprendre le travail.
00:02 Après avoir reçu les syndicats de policiers hier,
00:05 ces derniers se disent satisfaits de la rencontre avec le ministre de l'Intérieur.
00:08 A voir aujourd'hui si les arrêts maladie et le service minimum marquent le pas.
00:12 Il n'empêche, l'affaire Eddy interroge avec les derniers éléments de l'enquête
00:17 et celle de Nahel est relancée par une plainte de la famille.
00:20 On en parle avec Yohann Gillet, député RN du Gard.
00:23 Bonjour Yohann Gillet, merci d'être avec nous.
00:26 Également dans ce studio Sébastien Romme, député LFI de Leraux.
00:30 Bonjour Sébastien Romme.
00:31 Bonjour.
00:32 Alors le patron des socialistes avec lequel vous êtes allié à la NUPES
00:35 demande la démission de Gérald Darmanin.
00:37 Selon Olivier Faure, le ministre défie la République en apportant son soutien aux policiers.
00:43 Vous vous joignez à lui Sébastien Romme, le ministre de l'Intérieur doit partir.
00:47 Je crois que Gérald Darmanin a eu de nombreuses occasions de devoir partir
00:52 parce que ce n'est pas la première fois qu'il se place en dehors des règles
00:57 qui sont notamment constituées de notre République.
01:00 Moi je crois que lorsque une police attaque la justice
01:04 et donc ne respecte pas la séparation des pouvoirs,
01:08 qui est simplement l'état de droit, il y a un vrai problème.
01:13 Gérald Darmanin bien sûr doit défendre la police
01:15 mais il doit d'abord défendre l'état de droit et la police dans l'état de droit.
01:20 Yohann Gillet.
01:21 Ecoutez, je crois que moi je ne suis pas l'avocat de Gérald Darmanin.
01:24 En l'occurrence, il ne doit pas partir pour ces raisons-là.
01:27 Mais pour vous il a défié la République en soutenant les policiers
01:30 parce que c'est ce que lui reproche Olivier Faure.
01:32 Moi je lui reproche même de ne pas être allé assez loin
01:34 parce qu'effectivement il n'a pas à rentrer dans des dossiers de justice au cas par cas.
01:41 En revanche, il pouvait parler plus globalement
01:43 et réaffirmer qu'effectivement la place d'un policier n'est pas en détention provisoire.
01:49 Moi je lui reproche de ne pas être allé assez loin et de ne pas avoir réaffirmé cela.
01:53 Alors le ministre de l'Intérieur lors de sa prise de parole devant les policiers a dit
01:57 ils ont vu que des partis politiques évoquaient le fait que la police tue,
02:01 on les insulte, on les vilipende et se rajoute à ça fatigue, émotion, colère, une tristesse
02:07 notamment de ces procès d'intention, ces procès médiatiques.
02:10 Vous vous sentez visé chez LFI, vous n'avez pas un petit peu mis de l'huile sur le feu Sébastien Rohm ?
02:16 Enfin pas vous personnellement mais en tout cas des membres de votre parti.
02:18 Je crois qu'on a dit des choses qui étaient vraies et simples que je vais peut-être réexpliquer ici.
02:23 D'abord, vous dire à quel point je suis profondément choqué qu'il n'y ait pas eu de mot de jardin mannain sur le Hedi.
02:33 Ce qu'il a subi, ça doit forcément, et j'espère que c'est votre cas, susciter notre empathie.
02:40 Parce que c'est terrible quand même ce qui lui est arrivé.
02:42 On va en parler, on aura son avocat d'ailleurs tout à l'heure.
02:45 Effectivement il s'en plaint ce jeune garçon.
02:48 On en parlera bien évidemment.
02:50 L'opéra vous a été questionné sur vos propos sur la police.
02:53 Effectivement, mais on en reparlera et on aura cet avocat.
02:56 Je crois que sur la police, la police est en train de traverser une crise depuis plusieurs années, une crise extrêmement forte.
03:03 Il y a un taux de suicide qui est largement supérieur au nombre de suicides de la population générale.
03:10 On n'a pas donné les moyens à cette police de pouvoir accomplir ses missions.
03:15 Je crois, j'ai été par exemple lors du rassemblement devant les mairies.
03:20 J'ai fait un discours à ce moment-là et puis des policiers sont venus me voir à la fin.
03:26 Et on a eu un débat, d'abord effectivement monté par les médias, un peu vif.
03:31 Mais après, lorsque je lui ai demandé si ça avait été une bonne chose de retirer la police de proximité,
03:36 il m'a répondu que oui, ça avait été une très mauvaise chose de la retirer.
03:40 Parce qu'il n'y a plus de contact direct.
03:42 Et qu'est-ce qui fait le travail d'un policier ?
03:45 Ce n'est pas que le coup de poing, c'est aussi d'être là présent, de faire du lien avec la population.
03:50 C'est d'être remercié par une personne, une maman retraitée peut-être, une grand-mère retraitée,
03:56 qui va dire "merci d'être intervenu hier".
04:00 - Donc vous désolidarisez un tout petit peu des propos de Mélenchon qui dit en gros "la police tue", enfin Mélenchon et les autres.
04:07 - Mais il y a des policiers qui tuent.
04:09 Et regardez, ce jeune, Eddy, il a été laissé pour mort.
04:12 Est-ce que c'est normal ?
04:14 Est-ce que dans une démocratie, on peut laisser quelqu'un mourir comme ça ?
04:20 - Est-ce que pour autant, il faut généraliser ?
04:22 - Est-ce que je généralise ? Non !
04:24 - Il est en détention provisoire, il y a une enquête et il va être jugé.
04:29 - Ce qui s'est passé aussi avec Naël, on est dans le même cas.
04:35 C'est-à-dire qu'on a une police qui sortoit des droits, qui n'existe pas,
04:45 qui effectivement n'accomplit pas sa mission première,
04:49 et qui se porte en juge, qui fait finalement des exécutions extrajudiciaires.
04:55 - Mais vous, vous savez, c'est ce que tout le monde finalement...
04:57 - Alors, Johann Gillet, Sébastien Romand, vous voyez...
04:59 - Vous avez fini l'enquête avant qu'elle ne soit terminée.
05:02 Là, vous mettez la faute directement sur le policier de Nanterre,
05:05 qui est en détention provisoire,
05:07 dont la famille ne peut pas lui rendre visite, ce qui est un scandale.
05:10 Le scandale même, c'est qu'il soit en détention provisoire,
05:12 et vous êtes déjà en train de dire qu'il a commis une faute.
05:14 Vous faites exactement ce qu'a fait Emmanuel Macron,
05:17 en tenant des propos inacceptables,
05:19 alors même que la justice n'a pas encore fini son enquête.
05:22 - Je crois que les images avaient parlé d'elle-même,
05:24 et je crois que l'enquête de police...
05:26 - C'est un peu facile.
05:28 - Alors, c'est vrai qu'il y a une plainte déposée par la famille Nael,
05:32 parce qu'elle accuse la police d'avoir menti sur les circonstances
05:35 qui ont conduit à ce drame.
05:37 - Oui, la famille Nael, on le sait très bien,
05:39 elle est instrumentalisée aussi par la famille Traoré,
05:41 qui a tendance à en faire beaucoup à la matière.
05:43 - Mais vous comparez les deux affaires,
05:45 parce que c'est vrai qu'il y a eu une course-poursuite,
05:47 alors on ne va certainement pas faire l'enquête ici.
05:49 - Depuis de nombreuses années, on installe un climat de violence dans la société.
05:53 On est en train de la miracaniser.
05:55 - C'est pas un policier uniquement pour vous.
05:57 - Non, c'est la responsabilité politique.
05:59 - Est-ce que vous, la NUFES, vous n'êtes pas un petit peu aussi à l'origine de cette violence ?
06:02 Vous savez, en tenant des propos qui sont...
06:04 - Depuis quand nous sommes au pouvoir ? Nous n'y sommes pas.
06:06 - Mais sans y être ?
06:07 - Non, par contre, vos solutions sont au pouvoir.
06:09 - On va y venir, aux solutions.
06:11 - Oui, oui, elles y sont actuellement.
06:13 - On va en parler. D'ailleurs, Gérald Darmanin en a proposé.
06:15 - Quand certains de vos députés se permettent de prendre des photos
06:19 avec la tête d'un ministre ou d'un président de la République
06:22 sur un ballon, par exemple, vous savez,
06:24 avec le pied par-dessus,
06:26 quand vous mettez la faute systématiquement sur la police,
06:29 quand vous répétez que la police tue,
06:32 quand vous participez à des manifestations
06:34 dans lesquelles on tient des propos inacceptables contre la police,
06:37 est-ce que tout ça ne participe pas à ce climat de violence ?
06:39 - Est-ce qu'il y a déjà eu des bavures policières en France ?
06:43 Est-ce que ça existe ?
06:45 - Non.
06:46 - Est-ce que ça existe ?
06:47 - Est-ce qu'individuellement, il y a des fautes commises ?
06:50 - Est-ce qu'il y a des bavures policières qui existent ?
06:53 - Oui, ça existe.
06:54 Ça existe pas depuis que Macron est président, pas depuis au moins.
06:58 - Les policiers sont aussi victimes, vous le savez, dans les cités.
07:01 - Le travail d'un policier est extrêmement difficile.
07:04 - Non mais vous sentez l'occulté.
07:05 Pardonnez-moi, je ne suis pas là pour défendre la police,
07:07 mais je suis là pour modérer.
07:09 - Je reconnais que les policiers ont un travail difficile.
07:12 Ils se confrontent à la violence.
07:14 Mais par contre, il y a des bavures policières.
07:17 Et de dire qu'il y a des bavures policières
07:19 et que dans ces circonstances-là, la police a tué,
07:22 oui, c'est le cas.
07:24 - Johan Gilles, oui.
07:26 - Je crois que parler de bavure à tout va, c'est...
07:29 - Pas à tout va ! On a des cas précis.
07:31 - Parce que vous avez une manière de présenter les choses
07:33 qui généralise les choses.
07:34 Moi, je préfère rappeler que la police fait un travail formidable.
07:37 Je préfère rappeler que la police est victime
07:39 de nombreuses violences et d'insultes au quotidien.
07:41 Je préfère rappeler que la police, elle nous protège au quotidien,
07:44 et qu'on leur apporte un soutien.
07:45 Alors, est-ce qu'individuellement, il peut y avoir des erreurs ?
07:47 - C'est de vision, en tout cas.
07:48 - Malheureusement, la police ne nous protège plus au quotidien.
07:51 - La police, on a retiré la police de proximité.
07:54 - Mais évidemment qu'il n'y a pas assez de policiers sur le terrain,
07:55 et ça, je suis bien d'accord.
07:56 - Bon, messieurs, on va essayer d'avancer.
07:57 - Sauf que vous êtes les premiers, vous, à la NUPRES, d'ailleurs.
07:58 - On va essayer d'avancer, justement.
07:59 - Et on l'avait pris il y a quelques semaines à l'Assemblée nationale,
08:00 où, par exemple, vous avez proposé la suppression de la BAC.
08:03 La BAC est aussi une police de proximité, voyez-vous.
08:05 - Alors, ce qu'il faut parfaitement comprendre dans la BAC,
08:08 c'est justement, c'est la logique dans laquelle nous sommes.
08:11 - Le policier marseillais est de la BAC, justement.
08:13 - La BAC, en fait, n'est pas une politique de paix sociale.
08:17 C'est une politique du coup de poing.
08:19 Et le coup de poing n'est jamais assez fort.
08:22 - Mais vous êtes des antifas, assumez-le.
08:23 - Et donc, on est dans un cycle infernal, où on augmente la violence.
08:27 Depuis cette stratégie du coup de poing, qui a été inaugurée par Sarkozy,
08:31 donc, qui courait derrière le Rassemblement national, le Front national, à l'époque,
08:36 nous sommes toujours dans cette logique où on ne va pas assez au coup de poing.
08:40 Moi, je crois qu'il faut redescendre les tensions et faire en sorte d'avoir une vraie politique.
08:45 Par exemple, la police judiciaire.
08:47 Nous n'avons pas les moyens de suffisamment enquêter sur ce qui est essentiel,
08:52 sur ce qui mine nos quartiers et notre France.
08:54 C'est-à-dire, le trafic et le trafic d'armes.
08:57 Comment on va aller chercher ?
08:59 - Mais, ce qu'il faut enquêter, évidemment.
09:00 Mais vous, vous êtes pour supprimer la BAC.
09:01 Vous êtes même dans certaines des mairies tenues par...
09:03 - Je suis contre la politique du coup de poing.
09:05 - Vous êtes même dans certaines mairies tenues par...
09:07 - Je suis contre la politique du coup de poing.
09:08 - Vous êtes même dans certaines mairies tenues par la NUPES pour désarmer les policiers.
09:11 Vous êtes dans la caricature.
09:13 - Non, je crois qu'il y a des grandes villes,
09:15 elles auront un petit désarmement.
09:17 - Mais, monsieur, les policiers, ils ont des pistolets à eau, c'est ridicule.
09:19 - Alors, il y a Gérald Darmanin qui a déclaré prendre en compte,
09:22 en tout cas, trois revendications emblématiques des policiers.
09:25 L'anonymation...
09:27 Enfin, c'est dur à dire.
09:28 L'anonymisation en général des procès-verbaux pour protéger les policiers
09:33 qui font parfois l'objet d'agressions quand leur identité est divulguée.
09:37 Un régime particulier de détention provisoire.
09:40 Donc, ça s'est retenu, effectivement.
09:42 C'est l'une des pistes que demandaient les policiers.
09:44 Et puis, la facilitation de la protection fonctionnelle assurée par l'État.
09:49 Johan Gillet, c'est un bon début, en tout cas.
09:52 Les policiers semblent satisfaits pour vous.
09:54 - Alors, attendez.
09:55 Il y a une différence entre ce que peuvent dire certains représentants des syndicats
09:58 et les policiers sur le terrain.
09:59 Parce que, moi, depuis hier, j'en ai eu un certain nombre au téléphone.
10:02 Et je peux vous dire qu'ils ne sont pas du tout satisfaits.
10:04 - Pourquoi ?
10:05 - Première chose, rendre anonymisé, pardon, je vais y arriver également.
10:09 - Oui, c'est difficile.
10:10 - Ça, évidemment, je pense qu'à peu près tout le monde est d'accord.
10:12 Peut-être pas mon collègue de l'UPS.
10:14 Après, vous parlez d'un régime particulier de détention provisoire.
10:18 Mais ça, les policiers sont contre.
10:20 Parce que ça veut dire qu'on considère que la détention provisoire est normale pour un policier.
10:25 Or, nous, nous considérons que la détention provisoire ne doit pas être le cas pour les policiers.
10:31 Nous avions d'ailleurs proposé à l'Assemblée nationale
10:33 une loi visant à instituer une présomption de légitime défense pour les membres des forces de l'ordre
10:39 qui permettait justement que, dans le cadre de leur fonction,
10:42 les policiers ne soient jamais en détention provisoire dans l'attente de leur procès.
10:46 C'est ce qui me paraît tout à fait...
10:47 - Et Jean-Philippe Tanguy, de votre parti, va plus loin.
10:49 Il doit y avoir une présomption de confiance dans les policiers.
10:51 - Tout à fait.
10:52 Ça fait partie de la présomption de légitime défense et de confiance.
10:55 Ça va ensemble.
10:56 Un policier, dans le cadre de ses fonctions, s'il arrive un drame, n'a pas à être en détention provisoire.
11:01 Et là où c'est une supercherie de la part de Gérald Darmanin,
11:04 qui utilise des termes un peu différents d'un média à l'autre,
11:07 c'est que cette loi que nous avions proposée,
11:10 elle a été rejetée par les membres de la majorité présidentielle en commission des lois.
11:16 Il tient un double discours.
11:18 Et malheureusement, les quelques promesses qui sont un peu trop timides, à mon sens,
11:22 qu'il a pu faire hier,
11:23 malheureusement, j'ai peur qu'on ne les voit jamais aboutir.
11:26 - Juste sur le point de la détention provisoire,
11:29 elle a été circonstanciée dans le cadre du jeune Edi.
11:33 C'était pour éviter justement qu'il y ait des connivences avec d'autres policiers.
11:38 Voilà, ça sort de l'enquête.
11:40 C'est pas moi qui l'invente.
11:41 Et qu'il y ait une pression sur les proches.
11:43 Dans ce cas-là précis, la détention provisoire n'est-elle pas nécessaire ?
11:47 - Écoutez, je pense que la présomption de confiance,
11:51 effectivement, envers les forces de l'ordre, elle est nécessaire.
11:53 Et nos forces de l'ordre, ils ne sortent pas en se disant
11:57 "on va aller fracasser quelqu'un comme aimerait laisser penser la nupèce".
12:02 Non.
12:03 Quand il arrive quelque chose dans le cadre d'une mission de police,
12:06 c'est parce qu'il y a eu un événement qui fait qu'il y a dû y avoir un recours à la force.
12:11 Voilà. Après, c'est à la justice de dire si ce recours à la force a été trop important ou non.
12:15 Moi, ce que je reproche, en tout cas à Gérald Darmanin,
12:18 c'est qu'il veut finalement créer une sorte de statut de détention provisoire
12:21 pour les policiers et les gendarmes,
12:24 alors même que ce que réclament les policiers, c'est tout le contraire.
12:27 C'est de ne pas être en détention provisoire.
12:29 - Sébastien Romme ?
12:30 - Moi, pour ce qui concerne les annonces,
12:34 on revient à peu près à cette logique-là
12:37 de continuer ce cycle de violence.
12:41 Mais j'y reviendrai.
12:42 La protection fonctionnelle, bon, il faut la regarder dans le détail.
12:46 Tout fonctionnaire a droit à la protection fonctionnelle,
12:48 donc il n'y a pas de souci.
12:50 Sur le fait que les démarches soient anonymes,
12:52 là, je crois qu'on sort du champ, même du travail de policier.
12:56 Je suis... Oui, je vais vous préciser des choses.
13:00 Je suis enseignant de Ruginan...
13:02 - Il y a eu des meurtres de policiers parce que ce n'était pas anonyme.
13:05 - Oui, je sais bien.
13:07 Mais je suis directeur d'école, enseignant,
13:12 et lorsqu'on voit une situation difficile avec un enfant,
13:15 on fait ce qu'on appelle un signalement.
13:17 Et un enseignant ne peut pas le faire de manière anonyme,
13:20 parce que c'est dans le cadre de son travail.
13:22 Et que ça lui donne une charge de responsabilité
13:26 et d'honnêteté intellectuelle de le faire,
13:29 de s'attribuer à soi-même les actes qu'on est en train de suivre,
13:34 la procédure qu'on est en train de suivre,
13:36 pour arriver à un résultat.
13:38 Si on enlève...
13:40 Si on permet à faire des procédures anonymes,
13:43 on déresponsabilise le policier.
13:46 Les policiers doivent être responsabilisés.
13:48 C'est important, c'est une valorisation de leur métier.
13:51 - C'est vrai qu'une fois ça se retrouve sur les réseaux sociaux, vous le savez.
13:54 - Bien sûr.
13:55 - Avec la famille qui est mise en danger.
13:57 - Mais quel est l'objet ?
13:59 C'est de lutter contre le fait qu'on divulgue sur les réseaux sociaux.
14:04 Ce n'est pas de déresponsabiliser les policiers.
14:08 C'est important qu'ils puissent avoir le sens de leur travail.
14:11 Et puis ensuite, là encore, j'y reviens,
14:14 la présomption d'innocence que Gérald Darmanin essaie d'habiller,
14:19 c'est la proposition du Rassemblement National.
14:23 - J'aimerais bien qu'ils reprennent notre proposition.
14:26 En l'occurrence, ce n'est pas le cas.
14:27 - C'est à peu près le cas.
14:29 - Ce qu'il propose, en réalité, c'est de laisser la détention provisoire pour les forces de l'ordre.
14:33 - On ne peut pas permettre à des citoyens de sortir du camp de la République,
14:38 c'est-à-dire qu'il y ait deux types de citoyens.
14:40 Ceux qui peuvent commettre des actes et ceux qui ne le permettent pas.
14:44 - Messieurs, vous restez avec nous.
14:46 Sébastien Romme, Yoann Gidé, on poursuit ce débat dans quelques instants,
14:50 mais on aura en direct Jacques-Antoine Preziozzi,
14:53 un avocat du jeune Hedi qui est justement blessé à Marseille.
14:58 12h47 en direct sur Sud Radio.
15:01 On poursuit notre débat sur la crise que traverse la police.
15:04 Et nous sommes en direct avec Jeanne-Antoine Preziozzi,
15:07 avocat de Hedi, ce jeune blessé à Marseille par un policier de la BAC.
15:12 Ce policier qui est actuellement en détention provisoire.
15:16 Bonjour, Maître Preziozzi, merci d'être avec nous.
15:18 - Bonjour, madame.
15:19 - Tout d'abord, première question, comment va votre client Hedi,
15:22 qui a subi une lourde opération ?
15:25 - Il a subi deux opérations lourdes.
15:29 La première, une opération de neurochirurgie qui s'appelle une cranectomie,
15:35 qui consiste à lui enlever un morceau d'os du crâne
15:38 pour permettre de réduire la pression intracrânienne.
15:41 Il y a pas très longtemps, la semaine dernière,
15:44 une seconde opération pour soigner une fracture de la mâchoire
15:49 qui est apparue postérieurement.
15:52 Il a eu aussi un rendez-vous médical avant-hier matin
15:58 dans un service de hospitalmologie.
16:00 C'était un rendez-vous très pénible,
16:02 puisqu'on lui a indiqué qu'il était vraisemblable
16:05 qu'il allait perdre complètement la vue de l'œil gauche.
16:08 C'était un jeune homme, il a 22 ans, très traumatisé,
16:15 physiquement, mais je dirais aussi presque plus psychologiquement.
16:20 Je veux dire que le mépris dans lequel les pouvoirs publics l'ont laissé
16:28 en n'ayant pas la moindre sollicitude pour la victime qu'il est.
16:35 Dans un état de droit, dans le pays des droits de l'homme,
16:39 on a toujours accordé beaucoup d'importance aux victimes.
16:42 Le premier des droits qu'on exerce dans un procès,
16:44 c'est celui des victimes.
16:45 La victime est partie civile, elle est entendue la première.
16:48 - Il n'y a toujours aucun contact avec l'exécutif ?
16:51 - Non, mais c'est pas...
16:54 Si vous voulez, on n'a pas de contact avec l'exécutif.
16:57 L'exécutif devrait anticiper.
17:00 Le président de la République, qui est un spécialiste des tweets,
17:03 n'a à aucun moment envoyé un tweet en disant qu'il était solidaire de la victime,
17:07 qu'il lui souhaitait un bon rétablissement.
17:09 C'est la moindre des choses.
17:11 Il l'a fait dans l'affaire précédente.
17:13 Ça a été un fiasco parce que ça a été mal fait.
17:17 Regardez, le ministre de la Santé ou des Transports
17:22 vient de se précipiter au chevet de gens accidentés de la route
17:27 sur un gros accident près de Paris.
17:30 Ça veut dire qu'on accorde de l'importance aux droits des victimes.
17:33 Dans cette affaire, la victime est sacrifiée sur l'autel de l'ordre public.
17:40 C'est-à-dire que ni le président de la République, ni le Premier ministre
17:43 n'ont un mot de soutien à la victime.
17:46 - Alors le policier est en détention provisoire,
17:48 c'est bien ça justement qui a déclenché cette crise
17:51 avec les propos du directeur général de la police,
17:53 qui l'a évidemment soutenu en disant en gros
17:56 que le policier n'avait pas sa place avant le jugement,
17:59 mais il sera bel et bien jugé, le policier.
18:02 On ne va pas ici prendre le temps de faire l'enquête,
18:06 ni notre rôle, ni la place,
18:08 mais tout de même c'est important d'en savoir plus
18:10 sur les circonstances de l'accident
18:12 et la version du jeune Edi en quelques mots.
18:15 - Madame, la version du jeune Edi, je vais vous la donner,
18:18 c'est exactement la même version que relate
18:21 le camarade d'Edi qui était avec lui,
18:24 qui lui aussi a reçu un coup de matraque,
18:26 mais qui a réussi à s'échapper, fort heureusement pour lui.
18:29 Lui est témoin des faits,
18:31 et lui il a reconnu 4 des 7 policiers la semaine dernière
18:36 lorsqu'il a été confronté avec des photographies par l'IGPN.
18:41 Edi n'a pas encore été confronté à ces assaillants,
18:45 mais il va l'être, il est convoqué par une instruction en septembre
18:49 et il les reconnaîtra, lui il dit que leurs visages sont incrustés dans sa mémoire.
18:54 Et ces gens-là, d'après ce qu'ont révélé les chaînes infos hier notamment,
19:00 se sont comportés comme des brutes lors des faits qui leur sont reprochés,
19:07 et comme des voyous ensuite,
19:09 lorsque ils ont été interrogés par la police et la justice,
19:13 puisqu'ils ont refusé de répondre aux questions du juge.
19:17 Donc ce sont des comportements qui ne sont pas des comportements policiers.
19:21 Et ce qui est très inquiétant, c'est que la police ne fasse pas le ménage.
19:25 - Mais qu'est-ce qui a déclenché cette violence précisément ?
19:29 - C'est un peu incompréhensible madame,
19:31 parce que le dossier démontre que les deux clients,
19:34 les deux jeunes gens, Edi et Lilian,
19:37 à aucun moment n'avaient un comportement pouvant laisser penser
19:41 qu'ils étaient manifestants, pillards, émeutiers.
19:44 - C'était dans le cadre des émeutes, on le rappelle aux auditeurs.
19:48 - Alors, c'est la soirée des émeutes.
19:51 Les émeutes n'ont pas lieu dans ce quartier-là, mais sur le Vieux-Port.
19:55 Dans ce quartier-là, au moment des faits,
19:58 il y a quelques personnes, dont une dame blonde,
20:01 dont j'espère qu'on la retrouvera,
20:03 qui s'est mise à hurler en disant "mais qu'est-ce que vous faites, qu'est-ce que vous faites ?"
20:06 Parce qu'encore une fois, il n'y a pas d'échange entre la police et mes deux clients.
20:12 La police leur dit "qu'est-ce que vous faites là ?"
20:15 et aussitôt, le policier qui a le flashball tire dans la tête à 3 mètres de distance,
20:21 c'est-à-dire qu'il a visé, et bien sûr, par solidarité,
20:25 les six autres se jettent sur les deux personnes,
20:29 l'une d'entre elles s'échappe, et les rouent de coup,
20:32 mais avec une violence qui est filmée.
20:35 Qui est filmée, les films finiront par sortir.
20:37 - En tout cas, une enquête est en cours.
20:39 On rappelle, le policier est en détention provisoire avant son jugement.
20:42 Merci beaucoup, Maître Jacques-Antoine Prezzozi,
20:44 avocat du jeune Hedi.
20:46 Johan Gillet, quand vous vous entendez,
20:48 effectivement, c'est fait, et puis on voit la photo,
20:50 là on n'est pas en télévision, mais on voit cette photo du jeune Hedi,
20:54 avec une partie du crâne en moins,
20:56 c'est sûr que ça choque.
20:58 La chef de la BAC, d'ailleurs, qui a priori,
21:00 n'a signalé, dans son rapport à sa hiérarchie, aucun incident.
21:03 La police, qui elle-même, ne veut pas coopérer,
21:06 manifestement, qui ne se reconnaît pas sur les vidéos,
21:09 le policier le dit, il ne se souvient plus de rien,
21:12 il ne se reconnaît pas. Qu'est-ce que ça vous inspire ?
21:14 C'est vrai que ça interroge, cette affaire.
21:16 - Oui, alors, ça peut interroger, effectivement.
21:20 En revanche, il ne faut pas tout mélanger,
21:22 et il ne faut pas généraliser. On parle d'un cas précis,
21:24 il y a une enquête en cours, il y aura des éléments
21:27 qui sortiront certainement.
21:29 L'avocat du jeune en question a quand même oublié
21:32 de préciser aussi que ses clients ont répondu
21:35 aux policiers sur le lieu où ils allaient,
21:38 qui n'existait pas d'ailleurs,
21:40 puisqu'ils allaient à un événement qui avait été annulé
21:42 entre-temps. Donc, voilà, des questions,
21:44 il peut s'en poser des deux côtés.
21:46 Moi, ce que je veux, c'est qu'on ne se serve pas
21:48 d'une histoire en particulier pour généraliser
21:50 et mettre la faute sur la police.
21:52 Ce qui sortira de cette enquête, je n'en sais rien,
21:54 je ne suis pas dans l'instruction.
21:56 Toujours est-il qu'il faut réaffirmer...
21:58 - Mais vous êtes choqué quand même ?
22:00 - L'image est impressionnante et choquante,
22:02 évidemment, mais en l'occurrence,
22:04 je ne vais pas me prononcer sur la police en général,
22:07 à partir d'un élément, d'un fait divers,
22:09 voilà, dont on n'a pas encore
22:11 tous les tenants et les aboutissants.
22:14 - Sébastien Romm.
22:15 - D'abord, je ne sais pas si l'avocat de Hedi
22:18 est toujours en ligne, mais en tout cas,
22:20 s'il est, s'il nous écoute,
22:22 je souhaiterais qu'il transmette tout mon soutien
22:25 à Hedi et à sa famille, ce que ne font pas,
22:29 ce que vous n'avez pas fait,
22:31 et ce que ne font pas de manière générale, en fait,
22:34 Darmanin, Emmanuel Macron, etc.
22:37 - Vous ne faites pas avec les policiers
22:39 quand ils se font agresser non plus ?
22:41 - Non, non, non, je crois que...
22:43 Il faut déjà se souvenir qu'aujourd'hui,
22:45 ce sont des policiers qui mènent l'enquête
22:47 sur ce cas.
22:49 Donc c'est bien la police...
22:50 - C'est un juge d'instruction.
22:51 - C'est un juge d'instruction,
22:52 et puis des éléments ont été amenés par la police.
22:55 C'est le cas.
22:57 Moi, je m'en tiendrai effectivement
22:59 à ce qu'a dit le policier,
23:02 en tout cas, à ce qu'on a eu comme retour
23:04 dans les médias.
23:06 Il ne se souvient plus de rien.
23:08 Donc ce qui veut dire qu'on n'a pas eu des jeunes
23:11 qui étaient en agression,
23:13 parce que sinon, il s'en serait souvenu.
23:15 Il n'a pas été insulté, sinon il s'en serait souvenu.
23:18 Il n'était pas en train de brûler un magasin,
23:20 sinon il s'en serait souvenu.
23:22 Il l'aurait utilisé comme charge.
23:23 Non, il ne se souvient de rien.
23:25 Donc on est réellement,
23:27 dans ce que j'expliquais tout à l'heure,
23:29 dans ce cycle de violence,
23:31 dans lequel il y a en fait une manifestation
23:33 de la crise de la police,
23:35 qu'il est nécessaire de revoir de fond en comble.
23:39 - Mais vous voyez, on parle d'une affaire
23:41 et vous parlez d'un cycle de violence.
23:43 Vous généralisez, c'est pas acceptable.
23:46 - Alors, je crois qu'il faut tirer les justes conclusions.
23:51 Par exemple, la loi CASE 9,
23:55 qui a permis aux policiers de tirer en cas de délit de fuite,
23:58 qui est en fait une idée reprise du Rassemblement...
24:00 - C'est l'article 17.
24:01 - Voilà, qui est une idée du Rassemblement national,
24:04 enfin du Front national à l'époque.
24:07 Eh bien, déjà, dans les débats, à l'Assemblée nationale,
24:11 il était dit que, eh bien,
24:14 on allait arriver à cette situation-là.
24:16 Mais si on y arrive,
24:19 c'est parce qu'on est dans ce cycle, justement,
24:21 qui amène à d'autant plus de violence.
24:24 Moi, je voudrais d'une police qui soit, en fait,
24:27 à l'image de notre gendarmerie.
24:29 Quand on regarde la manière dont les gendarmes gèrent,
24:32 en fait, ces situations-là,
24:34 elle n'est pas du tout la même que les policiers.
24:36 Parce qu'il y a une culture professionnelle différente,
24:38 parce qu'aussi, il y a une formation différente,
24:40 et il est plus que nécessaire de revoir la police,
24:43 et notamment sa formation.
24:45 Merci beaucoup à tous les deux.
24:46 Yohann Gillet, député RN du Gard,
24:48 Sébastien Romme, député LFI de l'Hérault,
24:50 d'avoir été avec nous.

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