Découvrez cet art si français, dansé à la cour de Versailles, mais également au Palais de l’Elysée avec le Général de Gaulle, jusque dans les années 1950. Le bal nous fait revivre l’histoire de France à travers la beauté, l’élégance et le tourbillon de la danse.
Aux côtés de Arnaud de Gioanni, Président de l’association Carnet de Bals, Laurent Poultier du Mesnil nous plonge dans l'univers envoûtant des bals, où chaque pas de danse est une expression de l'art de vivre à la française.
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https://www.carnetdebals.com/
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https://www.instagram.com/carnetdebals/?hl=fr https://www.facebook.com/CarnetDeBals/
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Art et designTranscription
00:00 Chers amis, bonjour. Je suis très heureux aujourd'hui de vous faire découvrir un art
00:03 que l'on a malheureusement oublié qui a fait la grandeur de la France.
00:06 C'est l'art de la danse.
00:08 L'art de la danse, nous allons parler l'art du bal avec Arnaud de Johannis.
00:12 Nous allons tout de suite nous retrouver à l'Intercontinentale Paris-Le Grand
00:15 dans le Salon Opéra construit à la demande de l'empereur Napoléon III,
00:19 inauguré par l'impératrice.
00:21 Nous allons retrouver donc Arnaud de Johannis,
00:23 qui préside l'association Carnet de Bal.
00:25 Carnet de Bal qui fait rayonner la danse, le bal,
00:28 dans toute la France, dans les plus beaux endroits,
00:31 que ce soit au château de Versailles,
00:33 que ce soit au château de Breteuil,
00:35 que ce soit l'hôtel de la Marine et autres.
00:37 Et Arnaud de Johannis, vous allez voir, c'est un homme absolument passionnant
00:40 qui fait rayonner la France, qui fait rayonner le bal
00:43 dans tout le monde entier, l'art du bal à la française.
00:47 A tout de suite, et bien, à l'Intercontinentale Paris-Le Grand
00:50 pour ce grand bal Napoléon III. A tout de suite.
00:53 (Musique)
00:56 (Musique)
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01:35 (Musique)
01:41 (Musique)
01:47 Arnaud de Johannis, bonjour.
01:48 Monsieur Laurent Poulquet-Duménil.
01:50 Ça me fait très plaisir.
01:51 Merci de votre invitation.
01:52 Président de l'association, je te laisse présenter.
01:54 Carnet de bal.
01:55 Association créée.
01:57 Le 9 novembre 89, la chute du mur de Berlin.
01:59 Et finalement, c'était l'ouverture.
02:01 Du monde.
02:02 Voilà, et finalement, vous, c'est un peu la même chose.
02:04 On se retourne.
02:05 C'est l'ouverture d'un monde.
02:06 Vers la danse et le bal.
02:07 C'est la renaissance.
02:08 Totalement.
02:09 Dans tous les sens du terme.
02:10 On y va pour en parler ?
02:11 Avec grand plaisir.
02:12 (Musique)
02:16 Alors, mon cher Arnaud.
02:17 Avant de commencer.
02:19 Quoi que ce soit.
02:20 Je voudrais que tu nous racontes ton parcours.
02:22 Qui est quand même assez exceptionnel.
02:24 Mon parcours ?
02:25 Mais oui.
02:26 Il ne l'est pas pour la danse.
02:27 Je suis un ingénieur des mines.
02:29 Ce qui est déjà pas mal.
02:30 Qui n'a aucun rapport avec la danse.
02:32 Mais oui, justement.
02:33 Je travaille donc tous les jours.
02:35 Dans le monde de l'informatique.
02:36 Pour vous dire la vérité.
02:37 Mais ma grande passion est la danse.
02:39 Et au-dessus de la danse.
02:40 Ma passion c'est le bal.
02:41 Oui, mais alors justement.
02:42 Comment est-ce qu'elle est venue ?
02:43 Alors, j'ai eu cette chance.
02:45 Ma dernière année d'école.
02:46 D'avoir rencontré.
02:47 De connaître le directeur.
02:49 Qui à l'époque était membre.
02:50 De l'association.
02:51 M'y a donné son carton d'invitation à un bal.
02:56 Et là, j'ai été complètement idiot.
02:58 Je n'ai pas osé y aller.
02:59 C'est-à-dire que.
03:00 C'était un bal organisé par ton école ?
03:02 Par l'association que maintenant je préside.
03:05 D'accord.
03:06 Qui était un bal à l'hôtel Bonaparte.
03:08 Le bal.
03:09 Ah oui, dans un beau cadre en plus.
03:10 C'était très beau.
03:11 Très, très beau.
03:12 Et justement, j'ai été impressionné.
03:14 J'ai regardé le site internet.
03:16 J'ai regardé le carton.
03:17 J'ai vu ce que les gens faisaient.
03:18 Je me suis dit, oh là là, ce n'est pas pour moi.
03:20 Je n'y arriverai jamais.
03:22 Et le regret m'a pris.
03:24 Et l'année suivante, j'ai commencé à prendre les cours.
03:26 Et j'ai fait mon premier bal.
03:28 Et là, ça a été le déclic.
03:29 Et depuis cette époque-là, je n'ai jamais arrêté de vouloir faire des bals.
03:33 Et de fil en aiguille, je suis rentré dans le conseil d'administration.
03:36 J'ai pris la présidence de l'association.
03:38 Je n'ai cessé de me documenter.
03:40 Je n'ai cessé de lire tous les traités d'époque et tout ce qui était possible.
03:42 C'est incroyable.
03:43 Ton savoir en la matière est absolument incroyable.
03:45 De toute façon, chers auditeurs, vous allez voir.
03:47 C'est incroyable.
03:48 Cet homme est…
03:49 C'est gentil, mais c'est une passion.
03:51 Je n'ai pas d'adjectif.
03:52 Et comme l'on dit toujours, quand on a une passion, on ne travaille jamais en réalité.
03:55 Quand je dis que tu as un savoir absolument extraordinaire,
03:57 c'est que tu connais les bals non seulement de toutes les époques,
04:01 même celui des Ifs que vous avez refait dans le château de Versailles.
04:05 Oui, cette année.
04:06 Un petit aparté. Raconte-nous le bal des Ifs à Versailles.
04:10 Le bal des Ifs, c'est incroyable.
04:11 C'est le mariage du grand dauphin.
04:13 Oui.
04:14 Et à cette occasion, il y a quelques semaines,
04:16 Louis XV croise une jeune fille, Mlle Détiol.
04:20 Et il la trouve charmante.
04:22 Il ne sait pas comment lui adresser la parole.
04:24 C'est l'époque où Louis XV était encore timide.
04:26 Oui, il a eu une époque timide.
04:28 Mlle Détiol, c'est Mme de Pompadour.
04:30 Qui sera Mme de Pompadour.
04:31 Alors, il l'a fait inviter au bal, au grand bal du mariage du grand dauphin.
04:35 Et comme il n'ose se présenter,
04:37 il a une idée de faire faire par M. Papillon une chorégraphie de neuf hommes.
04:41 Neuf hommes tous costumés en If, c'est-à-dire en buisson taillé.
04:45 On ne les reconnaît pas, on ne les voit pas.
04:47 Ils sont à l'intérieur.
04:48 Ce qui fait que quand la reine se présente, elle est seule, Marie Lésinska.
04:51 Mais le roi, lui, fait partie des neuf Ifs.
04:54 Et on ne sait pas quel est le bon If.
04:55 Donc l'If va danser.
04:56 Les Ifs vont se déplacer.
04:58 Ça sera comme un jeu de bonne tour.
05:00 On ne saura pas où il est à la fin.
05:01 Et à la fin, Mademoiselle d'Ethiol va avoir un If qui se présente à lui,
05:05 qui va lui adresser la parole.
05:07 Et le lendemain matin, on lui fera savoir que l'If que lui a parlé était le roi.
05:12 Et elle deviendra Mme de Pompadour.
05:14 Extraordinaire.
05:15 Et alors ça, vous l'avez refait.
05:16 Ça n'avait jamais été refait.
05:18 Ça n'avait jamais été refait à l'identique.
05:19 Et ça a été un travail terrible.
05:21 Alors, la chorégraphie de M. Papillon, nous l'avions.
05:23 Nous avons eu du mal pour la musique, comme à chaque fois.
05:26 Des grandes difficultés de reconstituer la danse,
05:28 de reconstituer la musique, de reconstituer les costumes.
05:31 Là, en plus, on a refait même des costumes qui ne servaient à rien, pour le plaisir.
05:34 C'est-à-dire qu'en dessous, les Ifs, les danseurs étaient costumés comme à l'époque.
05:38 Les pauvres déjà.
05:39 J'ai vu les photos.
05:40 C'était superbe en plus.
05:41 Ils étaient vraiment très beaux.
05:42 Vraiment très très beaux.
05:43 Et donc, on a tout refait.
05:45 On a eu ces Ifs qui sont un divertissement.
05:48 Nous sommes là vraiment sur un divertissement de cours.
05:51 C'est-à-dire que la danse, souvent, l'on a avec l'image que l'on a gardée,
05:54 la danse standard ou la danse sportive, quelque chose d'extrêmement élitiste.
05:57 Alors que c'est un divertissement.
05:59 Les gens font cela pour s'amuser.
06:01 Et lorsque le roi a fait la danse des Ifs, la cour a ri.
06:04 Ça a été un divertissement.
06:06 Et là, vous l'avez eu de nouveau.
06:07 C'est-à-dire que les Ifs arrivent majestueux.
06:09 Et quand ils commencent à danser en étant extrêmement maladroits,
06:12 cela divertit forcément.
06:15 Alors, par contre, on a une histoire un peu similaire
06:18 avec l'histoire de l'Automate et de Napoléon III.
06:21 Ah ! Alors hautement involontaire.
06:24 Oui, là, c'était volontaire de divertir, comme tu l'as dit.
06:29 Pas rire, mais divertir.
06:31 Par contre, l'autre, pas vraiment.
06:33 Napoléon Ier.
06:34 C'était Napoléon Ier ? Je croyais que c'était Napoléon III.
06:36 Non, c'est Napoléon III.
06:37 Bon, Ier, pardon, qui avait cette prétention d'être le meilleur joueur d'échecs au monde.
06:42 Et un jour, l'ambassadeur ottoman, l'ambassadeur du Grand Turc,
06:46 lui raconte qu'il y a un fabricant d'Automates
06:49 qui est capable de faire un Automate qui joue aux échecs.
06:52 On achète cet Automate à grand prix, on le fait venir à Paris,
06:55 l'empereur joue contre l'Automate et l'empereur gagne.
06:58 Tout va bien.
07:00 Le lendemain, on recommence, on joue, et l'empereur perd.
07:03 Une catastrophe, parce que c'était le meilleur, il se fait doubler par un Automate.
07:07 Il veut sa revanche le troisième soir.
07:10 Le troisième soir, on y va, on essaie d'activer l'Automate,
07:12 et l'Automate ne fonctionne pas.
07:14 Alors on essaie de le faire réparer, quand on répare l'Automate,
07:17 on s'aperçoit qu'il était creux, et qu'en fait, à l'intérieur,
07:20 il y avait un humain, un être humain, qui vraisemblablement a joué contre l'empereur.
07:24 Alors c'est une catastrophe, parce que 1) l'empereur s'est fait berner,
07:28 et 2) l'empereur qui se croyait être le meilleur joueur d'échecs de la cour
07:32 est doublé par un individu, on ne sait même pas qui c'est.
07:35 Tout le monde se moque de lui.
07:38 Bon joueur malgré tout, on va proposer une chorégraphie,
07:42 une chorégraphie, une contre-danse à la française, appelée "Une Turque",
07:45 en mémoire de ce moment où l'empereur s'est fait berner par un Automate faux,
07:49 où l'on a les danseurs et les danseuses qui sautent avec des mouvements assez mécaniques,
07:53 qui sont en train de figurer cet Automate en train de jouer.
07:56 Et chaque fois qu'il se passe quelque chose, à chaque fois qu'il y a un divertissement,
08:00 même si c'est risible pour l'empereur, ou pour le roi,
08:03 on l'autorise, c'est un divertissement, et l'on sort une chorégraphie.
08:06 Toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête et pour danser.
08:10 Alors j'ai un peu digressé, maintenant je voudrais que l'on revienne à l'origine de la danse.
08:15 On remonte à quelle période ? Finalement ça a toujours existé ?
08:18 Je n'en aurais pas. Dès que l'homme existe, l'homme danse de tout temps.
08:22 Et à la cour de France, on a toujours dansé.
08:25 Depuis l'époque médiévale, les premiers traités, on est certain que l'on danse.
08:28 On a l'horrible histoire du bal des Ardents, on sait que l'on danse tout le temps à la cour.
08:33 Il y aura deux grands accélérateurs, 1661, la création de l'Académie royale de danse par Louis XIV,
08:39 et donc là on va formaliser, on va faire de la très belle danse,
08:42 et l'on va commencer à faire des balles qui sont somptueuses,
08:45 et l'on fera de mieux en mieux, le sommet étant encore une fois le second empire,
08:50 avec une volonté de démocratisation très forte de la danse,
08:53 qui touchera toutes les couches sociales de la France.
08:56 Alors pourquoi est-ce que le bal, qui finalement fonctionnait aussi bien,
08:59 pourquoi tu nous as raconté cette anecdote qui est vraiment croustillante,
09:04 d'histoire des 600, on pouvait traverser Paris, 600 balles ?
09:08 600 balles dans la capitale ?
09:10 Voilà, 600 balles dans la capitale sous Napoléon III.
09:12 C'est l'hôpital du monde, il faut imaginer la concentration de danse.
09:15 Oui. Comment se fait-il que finalement on passe de 600 à pratiquement plus rien aujourd'hui ?
09:22 C'est vraiment très très dur.
09:24 Mais alors on a eu tout au long du XXème siècle une perte de vitesse due alors aux guerres.
09:31 Alors c'est assez incroyable, on se rappelle quand même que dans la première guerre mondiale,
09:35 les balles ont continué à danser, on leur a voulu, c'était les fameux profiteurs de guerre,
09:39 on va avoir des choses incroyables que l'on n'imagine pas, que sont les danses animalières,
09:42 avec des ragtime, avec des gens qui font le kangourou ou qui font le marabou,
09:46 donc les gens s'amusent énormément, on continue à danser.
09:48 Mais ça, ça vient des Amériques ?
09:49 Ça vient des États-Unis, mais repris à la sauce parisienne.
09:52 On aura l'occasion certainement, j'espère, un jour d'en discuter,
09:55 mais la reprise de la culture américaine, systématiquement,
09:58 la culture française, qu'est-ce que c'est ?
10:00 C'est l'absorption des cultures étrangères avec un vernis à la française dessus
10:04 qui va tenter de sublimer sur un côté bien français.
10:07 Donc vous allez avoir ce ralentissement qui va avoir lieu à la première guerre mondiale
10:11 avec des danses qui vont s'individualiser,
10:13 derrière vous aurez du charleston, etc.
10:15 La seconde guerre mondiale, vous allez avoir un coup incroyable
10:18 qui est l'interdiction de la danse, c'est la seule fois de l'histoire de France
10:21 où l'on n'aura pas le droit de danser, c'est l'interdiction du maréchal Pétain
10:24 de danser pour les lois morales.
10:26 Malgré cela, les français continueront à danser dans les caves,
10:29 c'est sérieux, malgré l'interdiction.
10:32 Et puis deux énormes coups qui sont concomitants,
10:37 mai 68, et puis malheureusement Yvonne de Gaulle,
10:42 Yvonne de Gaulle qui arrive à la présidence
10:45 et alors que le quadrif français qui est dans l'histoire de la danse,
10:49 a été la danse qui a été la plus dansée au monde,
10:51 on dit qu'une danse sur deux dans le monde,
10:53 de l'empire du Mexique à l'empire de Chine a été un quadrif français dansé en 1860,
10:57 n'aime pas danser.
10:59 Et alors que le président Cotty ouvre encore le bal de la présidence avec un quadrif français,
11:03 quand Yvonne de Gaulle arrive, elle dit à son mari qu'elle refuse de le faire.
11:07 Le général de Gaulle retire le quadrif français du protocole de la présidence de la République
11:11 et mai 68 donne un petit coup derrière sur les bals officiels.
11:16 Et les bals tels qu'on l'imagine,
11:18 on est encore à deux pas d'ici où avait lieu à l'hôtel Saint-Lambert
11:22 les bals du baron Irédé.
11:24 Oui, oui, oui, oui, oui.
11:26 C'est la fin, ce sont les dernières années.
11:28 La société a voulu changer
11:30 et le premier à avoir pâti de ce changement, c'est le bal.
11:34 Mais ce qui nous sauve, c'est le retour que nous vivons depuis dix ans à l'heure actuelle,
11:38 et en particulier chez les plus jeunes qui veulent retrouver cette culture,
11:41 qui veulent retrouver cet art de la danse et qui veulent danser.
11:44 Danser, pas pour faire de la danse,
11:46 mais danser pour participer à un bal, à une activité sociale.
11:57 De toute époque, les bals ne doivent être quittés lorsque le danseur n'en peut plus.
12:03 C'est-à-dire que vous dansez, vous dansez, vous dansez, vous dansez.
12:06 Et le seul moyen d'arrêter un bal, et c'est une vraie tradition d'époque,
12:09 quand la maîtresse de maison, elle, dit "j'en ai marre, il faut que mes invités s'en aillent",
12:12 elle demande à l'orchestre de faire une série de galops.
12:15 Vous savez, les galops, c'est les danses les plus rapides où on ne fait que chasser, que chasser.
12:18 Et donc, quand vous avez la série de galops qui commence,
12:20 vous avez normalement tous les danseurs qui se précipitent,
12:23 et ils continuent, ils continuent, ils continuent,
12:25 et le vainqueur, entre guillemets, c'est le dernier à rester sur piste
12:27 et à continuer à danser à 8h du matin sur une série de galops.
12:30 Et l'on termine à Paris, les bals sur une série de galops.
12:33 Alors, mon cher Arnaud, je voudrais quand même que l'on explique à nos auditeurs
12:37 comment participer à un bal et comme quoi vous pouvez participer à un bal.
12:41 J'en veux pour preuve, nous avons organisé ensemble une soirée.
12:45 Incroyable, très belle soirée.
12:47 Merci, sur le thème de Napoléon III, puisque c'était le...
12:51 L'anniversaire.
12:53 L'anniversaire absolument, le jubilé de sa disparition.
12:57 Et le jour de son anniversaire, nous avons réalisé un grand bal.
13:02 Tu m'as fait la surprise de me pousser à aller danser.
13:07 Ah oui, vous avez fait une tempête, je crois.
13:09 Et j'avoue que je ne connaissais aucun des pas.
13:13 Mais il est tellement bon pédagogue que, très honnêtement,
13:17 je me suis senti, et je n'étais pas le seul, parfaitement à l'aise.
13:23 C'est gentil, je remercie.
13:25 C'est-à-dire que tu as su nous entraîner, nous expliquer,
13:27 nous faire commencer sur des danses relativement simples,
13:30 où il n'y a plus qu'à suivre et c'est un vrai bonheur.
13:32 Alors, je n'ai aucun mérite, parce que c'était un principe second empire.
13:36 Comme je vous disais, le second empire, c'est le moment de la démocratisation de la danse.
13:40 On va à la fois avoir des musiques très joyeuses,
13:42 au fun back, bien sûr, qui fait l'inconscient collectif français,
13:47 et puis des danses qui se veulent pour des gens qui marchent à peine.
13:50 Dès le moment où vous marchez, vous êtes capable de faire ces danses,
13:53 une mazurka tchèque, une marche de malbrou, des choses, on vous l'indique.
13:57 Il y a un maître à danser qui est là, qui vous donne le tempo, il vous dit quoi faire.
14:01 Les choses se font, tout le monde fait la même chose,
14:04 qui est extrêmement décomplexant en plus pour les cavaliers,
14:06 qui généralement sont un peu timides et réticents à aller danser.
14:09 Tout le monde danse et tout le monde s'amuse.
14:12 Alors, moi je dis ça, je dis rien, carnet de balles, il y a beaucoup de filles,
14:15 il y a plus de filles que de garçons.
14:17 Ah oui, messieurs, vous pouvez venir.
14:19 Alors, comment ça se passait justement autrefois ? Parce que c'était un peu le cas aussi.
14:23 Alors, ça a toujours été le cas.
14:25 Alors, il y a plein d'astuces qui ne sont pas très élégantes.
14:28 La première, c'est, vous me direz, pourquoi est-ce que les dames sont à l'extérieur du cercle
14:31 et les messieurs sont à l'intérieur ?
14:33 Tout simplement pour que les messieurs fassent moins de kilométrage
14:35 et que les dames soient fatiguées plus vite.
14:37 Et puis, il y a plus les dames que les hommes.
14:39 Mais dans les choses que nous avons vraiment perdues et qui est vraiment regrettable,
14:43 c'est que lorsque vous étiez une maîtresse de maison et que vous donniez un bal à Paris,
14:46 vous aviez la possibilité d'écrire au préfet de Paris en disant
14:49 "Monsieur le préfet, je donne ce soir un bal, merci de me fournir des cavaliers."
14:53 Et le préfet soit demandait à des fonctionnaires, soit demandait à des militaires
14:57 de se joindre à ce bal pour compléter selon le nombre que la maîtresse de maison demandait.
15:01 Et cela faisait partie des missions que les fonctionnaires de la capitale
15:05 avaient à la préfecture de Paris, de la Seine-Oise.
15:07 Qu'est-ce qu'on devait s'amuser à l'époque, c'est impressionnant.
15:09 Et ça, c'est à quelle époque ça ?
15:11 Second Empire.
15:12 Second Empire encore, c'est incroyable.
15:14 Le plus grande époque de divertissement, ce sont ces 20 années-là.
15:17 Cela a été très bref, mais ça a modifié Paris et ça a modifié notre style.
15:21 Et c'est l'image souvent que les étrangers ont.
15:24 Quand ils viennent à Paris, ils viennent chercher cette vie déjà comme à l'époque,
15:28 avec du cancan, de la joie, de la danse.
15:30 Mais très amusant. À la fois, c'est un art et également, c'est un savoir-vivre.
15:35 C'est-à-dire que dans le savoir-vivre, il y a la danse.
15:37 Totalement. Mais le savoir-vivre est un art, vous dirais-je ?
15:41 Absolument. Absolument.
15:43 Et cela fait partie de l'éducation normale, en particulier d'un Français,
15:48 mais d'un individu social. C'est vraiment une première activité socialisante.
15:52 Le terme n'existe pas, j'espère que vous ne m'en voudrez pas,
15:54 mais c'est tellement vrai ce que l'on y entend par là.
15:58 Mais après, vous avez des périodes qui ont voulu les transformer en art.
16:01 Bien sûr, Louis XIV, on a fait un art exceptionnel.
16:05 La danse sous Louis XIV reste exceptionnelle.
16:07 Donc les premiers traités que l'on peut trouver, historiquement parlant…
16:09 Début de la Renaissance.
16:10 La Renaissance.
16:11 À la fin de l'époque médiévale pour les Italiens.
16:13 Après, Louis XIV, on l'a compris grâce à l'Académie.
16:16 Donc là, tout est sauvé, tout est mis en place pour les générations à venir.
16:20 Tout à fait.
16:22 Mon cher Arnaud, nous arrivons maintenant aux trois questions de l'émission.
16:26 Es-tu prêt ?
16:27 Je vais essayer. Bon, je fais mon possible.
16:30 Alors, première question, quelle est ton œuvre préférée ?
16:33 Mon œuvre préférée ? Vraiment très difficile question,
16:36 mais si j'étais un petit peu classique, je choisirais…
16:40 La Danse de la Réunion.
16:42 La Danse de la Réunion.
16:43 La Danse de la Réunion.
16:44 La Danse de la Réunion.
16:45 La Danse de la Réunion.
16:46 La Danse de la Réunion.
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17:30 De la fête, de l'essor économique, de l'essor français, nous avons là nos deux meilleures
17:36 époques et nos deux meilleures époques de balles.
17:38 Oui.
17:39 Beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de balles à l'époque de Napoléon III, plus que dans
17:42 les autres périodes ou pas ?
17:43 Alors, mais au-delà de l'imaginable.
17:45 On ne sait même pas comment les compter.
17:47 On prétend que certains soirs dans Paris, il y avait 600 balles en même temps et que
17:51 l'on pouvait traverser la capitale en passant d'un ball à l'autre et que l'on ne savait
17:54 plus comment faire pour assurer son calendrier.
17:57 C'est joli.
17:58 Tout à l'heure, tu m'as dit quelque chose qui m'a beaucoup impressionné.
18:00 Tu m'as dit, Laurent, l'empereur dansait jusqu'à une heure du matin et je te laisse
18:07 raconter la suite.
18:08 Alors oui, il y a les meilleures balles de la capitale, ce sont les balles du Palais
18:11 des Tuileries, enfin le balle de la Galerie des Maréchaux.
18:14 Ce sont les balles officielles où l'empereur est en représentation avec l'impératrice.
18:18 Alors l'impératrice est très belle, elle tient à sa beauté, elle se couche de bonheur,
18:22 elle ne boit pas de champagne avant minuit, elle ne boira qu'à partir de minuit du champagne
18:26 avant, elle le coupe avec du sorbet et elle va se coucher à une heure du matin.
18:29 Et donc si elle va se coucher à une heure du matin, bien sûr, l'empereur va également
18:32 se coucher à une heure du matin.
18:33 Et à partir du matin, l'empereur n'est plus présent à son propre balle.
18:37 Très souvent, il se change en simple bourgeois et assiste à son balle comme un participant
18:42 et s'amuse avec tous ses invités dans son propre balle.
18:46 Tout le monde le reconnaît quand même.
18:47 Tout le monde le reconnaît, il n'est dupe de personne, mais tout le monde joue le jeu.
18:51 C'est très amusant.
18:52 Tout le monde fait comme s'il était Monsieur Tout le monde.
18:55 Et personne ne dira rien à l'impératrice de le matin.
18:57 C'est extraordinaire.
18:58 Ma troisième question, dernière question.
19:00 Quel est ton artiste préféré ? En danse, c'est très compliqué.
19:04 Il y a des chorégraphes.
19:05 Pas forcément en danse.
19:06 Mais j'ai envie d'en citer un.
19:07 Henry Sellerius.
19:08 Henry Sellerius, c'est le premier à vouloir rationaliser la danse, qu'il a donc bien
19:13 décrite.
19:14 Et on lui doit quelques-unes de très belles chorégraphies.
19:17 Il a eu une renommée incroyable.
19:19 Henry Sellerius fait partie de ceux qui préparaient, vous savez, la mazurka.
19:23 La mazurka est une danse libre sur laquelle vous devez le soir venir au bal en faisant
19:27 des improvisations.
19:28 C'est la première danse improvisation.
19:30 Et comme c'est absolument impossible en réalité, parce que c'est une danse très
19:33 compliquée, vous preniez à un Louis d'Or la demi-heure des cours à une heure du matin
19:38 rue de la paix.
19:39 Il avait son école de danse rue de la paix.
19:41 Vous appreniez vos improvisations de nuit.
19:43 Et le lendemain au soir, vous pouviez aller au bal de la cour et puis les présenter en
19:47 faisant croire que c'est une improvisation.
19:48 C'est très amusant ça.
19:50 Mais Henry Sellerius est tombé dans l'oubli alors qu'il a eu une renommée et un travail
19:56 exceptionnel.
19:57 En quoi l'art du bal français est différent des autres ?
20:06 L'art du bal français, c'est vraiment l'exception.
20:10 D'abord, ça s'enseigne en français.
20:12 C'est un signe.
20:13 Dans le monde entier, lorsque vous allez apprendre la danse, la langue pour apprendre la danse,
20:17 c'est le français.
20:18 J'ai eu la chance d'y aller très régulièrement pour y donner des stages.
20:21 Aux Etats-Unis, en Italie, là où vous allez, vous enseignez la danse en français.
20:27 Un pas, c'est un pas.
20:28 Un tour, c'est un tour.
20:30 C'est le langage technique de la danse qui est en français ?
20:32 C'est en français.
20:33 C'est l'art absolu français.
20:34 C'est incroyable ça.
20:35 Ah oui, totalement.
20:36 Et ça, ça nous vient de quoi ? De quelle époque ?
20:38 1661.
20:39 Encore de la France ?
20:40 Non, non, le 14.
20:41 Ah, c'est le 14.
20:42 Ah oui, c'est incroyable ça.
20:43 Donc, c'est vraiment… Et puis, c'est un style à la française.
20:46 Tous les chorégraphes sont français.
20:49 Alors, c'est terrible.
20:50 Nous discutions tout à l'heure d'un quadrirusse ou de danse de lanciers qui viennent d'Angleterre,
20:54 etc.
20:55 Tout cela est faux.
20:56 En réalité, même la gigue américaine, ce sont des chorégraphies qui sont faites
21:00 par des chorégraphes parisiens qui, pour faire un peu exotique, vont donner des noms
21:04 étrangers.
21:05 Mais en réalité, toutes ces chorégraphies, tout ce savoir-faire est 100 % français.
21:10 Il y a très, très peu de chorégraphes étrangers.
21:12 Quel est, mon cher Arnaud, le bal le plus long ?
21:22 Les bals de la préfecture de Paris.
21:23 Les bals que nous avons maintenant à l'hôtel de ville de Paris.
21:26 Alors, j'ai peur de vous dire une bêtise, mais je crois que la jauge autorisée, c'est
21:31 800 personnes.
21:32 Et l'on prétend que sous le baron Haussmann, le bal le plus couru, c'était celui de
21:35 la préfecture de Paris.
21:36 Donc là, dans cette salle de bal qui a été refaite depuis, bien sûr, on a invité 3000
21:40 personnes.
21:41 C'est à tel point que maintenant, en bon parisien, je me plains de la rue de Rivoli
21:45 qui n'est plus accessible aux voitures.
21:46 Mais à l'époque, le sens de la rue de Rivoli changeait pendant le bal.
21:50 C'est-à-dire qu'il était montant pour que les voitures puissent arriver et déposer
21:54 les invités chez le préfet de Paris.
21:57 Et puis au milieu du bal, on changeait le sens de circulation de la rue de Rivoli pour
22:02 que les voitures puissent repartir vers la Concorde.
22:04 Vous avez la visite de Casanova à Paris.
22:09 Toutes les dames veulent danser avec lui.
22:11 C'est une catastrophe.
22:12 Tout le monde veut le croiser.
22:13 Et donc, on annonce une contre-danse.
22:16 Et le principe de la contre-danse, c'est que le cavalier va descendre à la contre-dance
22:20 et il va la remonter.
22:21 Et la musique joue pendant le temps que le cavalier remonte et descend.
22:26 Donc Casanova monte sur la contre-dance et toutes les dames se font inviter par un monsieur
22:30 pour être sur la contre-danse de Casanova.
22:32 Donc tout le monde se bouscule.
22:33 Et l'on prétend que la contre-dance a duré une heure et demi.
22:36 Et que c'était interminable le temps que l'on descend et que l'on remonte pour que
22:40 toutes les dames puissent le croiser.
22:41 Incroyable.
22:42 Ça c'est très amusant.
22:43 Les grandes tendances.
22:50 Les grandes tendances à l'heure actuelle.
22:52 On a de la chance dans notre malheur, c'est que la mode revient.
22:55 En particulier au niveau des universitaires.
22:58 Ils ont envie de danser et ils dansent de plus en plus.
23:00 Donc la grande tendance, c'est les danses comme l'on faisait avant.
23:03 Et où est-ce qu'on va rattraper cette volonté de faire ?
23:07 Ça va avec la réhabilitation de Napoléon III.
23:10 Ce sont les balles second empire.
23:11 Et il y en a de plus en plus, ça se multiplie dans Paris.
23:13 Vous pouvez en trouver quasiment un tous les mois.
23:16 Donc du coup, chers auditeurs, vous pouvez aller, vous pouvez vous retrouver,
23:20 retrouver carnet de balles à l'hôtel de la marine une fois par mois.
23:24 Mais n'importe où.
23:25 Vous nous trouverez au château de pompiers, vous nous trouverez à Pierrefonds,
23:28 vous nous trouverez à Fontainebleau.
23:29 L'on danse absolument à la balle.
23:31 Vous nous trouverez à Fontainebleau, l'on danse absolument partout.
23:34 Au château de Bretagne, au château de Grosbois.
23:37 Nous n'arrêtons pas.
23:38 Vous êtes dans des lieux prestigieux, magnifiques.
23:40 Vous êtes dans des cadres superbes, avec des costumes d'époque.
23:42 Toujours.
23:43 Avec une grande rigueur sur les costumes d'époque.
23:45 L'on essaie.
23:46 Ce qui est remarquable.
23:47 Et en plus, avec le bal qui va avec.
23:49 Et un côté, je l'ai dit, tu es un excellent pédagogue
23:52 pour pouvoir nous entraîner même si on ne sait pas.
23:55 Un bal non vécu est un bal perdu.
23:58 Il ne faut jamais hésiter à vivre un bal.
24:00 Tous les bals sont différents.
24:01 Tous les bals sont une occasion de faire la fête.
24:03 Et même si vous avez de l'appréhension,
24:05 si vous n'êtes pas prêt parfaitement,
24:07 il faut y aller et il faut le vivre.
24:09 Tous les bals doivent être vécus.
24:11 Justement, c'est parfait.
24:12 Tu me simplifies les choses de façon grandiose.
24:15 Mes chers auditeurs, le conseil de ce jour sera
24:19 de participer forcément à un bal de carnet de bal.
24:22 Au moins un.
24:23 Au moins un.
24:24 Et après, l'envie continuera et l'on continuera à en faire.
24:27 Après, ça sera le cercle infernal.
24:29 Oui, c'est un mode de vie qui change.
24:31 C'est un mode de vie qui tourne autour des bals.
24:33 Alors, justement, si nos auditeurs souhaitent participer
24:37 à un bal de carnet de bal, comment doivent-ils faire ?
24:40 Le mieux, c'est de se rendre sur le site internet
24:42 carnetdebal.com
24:44 C-A-R-N-E-T-D-E-B-L-S
24:46 parce qu'il y en a plusieurs.
24:47 Un carnet pour plusieurs bals
24:49 ou en écrire directement à contact@carnetdebal.com
24:52 Très facile.
24:53 Pas plus simple.
24:54 Alors, à bientôt.
24:56 Venez danser !
24:57 [Musique]
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