Le maire PNC de Porto Vecchio Jean-Christophe Angelini, revient sur le trafic de drogue en Corse : «Désormais, c’est clair, on ne peut plus occulter le débat sur ce que devient la société corse, sur ce que devient le peuple corse qui est confronté, comme tous les peuples du monde, à des dérives, à des problèmes graves»
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00:00 Nouveau, je ne pense pas, mais il est vrai qu'il y a depuis quelque temps une visibilité
00:05 qui est beaucoup plus marquée.
00:06 Vous savez en tant que journaliste comme de médias que lorsqu'il est question de la
00:10 Corse, dans la plupart des cas, c'est sous l'angle du débat institutionnel, de l'évolution
00:15 au pas vers l'autonomie, des relations avec le gouvernement, etc.
00:20 Ce débat-là, auquel bien sûr je participe avec beaucoup d'autres, désormais, c'est
00:24 clair, il ne peut plus occulter le débat sur ce que devient la société corse, sur
00:30 ce que devient le peuple corse, qui est confronté, comme tous les peuples du monde, à des dérives,
00:35 à des problèmes graves.
00:36 Et je crois qu'aujourd'hui, il ne faut plus faire de langue de bois, ni davantage
00:40 de populisme, mais poser la réalité telle qu'elle est.
00:43 Oui, la Corse et son peuple sont pris dans des addictions, dans des situations de trafic,
00:48 dans des problèmes graves.
00:49 Et il y a une manifestation, dont je ne suis pas le porte-parole ni l'initiateur, mais
00:53 qui est, je dirais, le fruit de quelque chose de plus spontané, qui est organisé ce soir.
00:58 Beaucoup y seront, dont nous.
01:00 Et je crois qu'il est maintenant le temps, de manière pacifique et déterminée, de poser
01:05 les problèmes, en attendant concomitamment de construire le temps des solutions.
01:09 Justement, vous l'expliquez, comment cette venue des zones de non-droit avec ces dealers,
01:16 est-ce que vous y voyez une influence du continent ? Ce qui se passe en Corse, au fond, c'est
01:20 ce qui se passe aussi sur le continent ?
01:22 Je ne crois pas qu'on puisse, pour l'heure, parler de zone de non-droit comme c'est le
01:26 cas, par exemple, sur le continent.
01:27 Je connais un peu Marseille, j'entends beaucoup parler de Paris, de Nice, d'un certain nombre
01:33 de zones qui sont désormais inaccessibles aux forces de sécurité, à la police, voire
01:37 même à des citoyens qui ne seraient pas, dirons-nous, impliqués dans un certain nombre
01:42 de choses.
01:43 La Corse, il faut le dire très clairement, ce n'est pas du tout, du tout comparable.
01:47 Ce n'est pas parce que deux personnes, en l'occurrence, auraient menacé des agents
01:52 municipaux de la commune d'Ayache que l'on peut parler de zone de non-droit.
01:55 Pour autant, il est vrai qu'on a aujourd'hui une forme d'importation, entre guillemets,
02:01 de phénomènes qui sont, c'est vrai, également présents et constatés depuis plus longtemps
02:06 encore dans de grandes métropoles, pas simplement du continent, mais de l'Europe entière,
02:10 voire au-delà.
02:11 Et en Corse, on a cette particularité d'avoir souvent, c'est le cas de la spéculation,
02:16 notamment au sens de l'urbanisation des grandes villes et en périphérie des grandes
02:21 villes, c'est le cas pour les questions liées aux stupéfiants, etc.
02:25 Une forme de retard, les choses arrivent plus tard, différemment, mais elles arrivent,
02:30 comme c'est le cas dans toutes les grandes villes.
02:32 Et je pense que la Corse aujourd'hui, même si ce n'est pas le débat du jour ou de l'instant,
02:37 elle a vocation à repenser sa relation aux villes.
02:39 Vous savez, dans notre pays, les villes sont souvent vécues un peu comme des extensions
02:43 de nos villages.
02:44 Avec le temps, elles sont devenues des entités géographiques, physiques, politiques, à
02:49 part entière, avec des sujets d'urbanité à la fois particuliers, parce qu'on reste
02:53 unis avec une identité originale, et un peu plus généraux, parce qu'on a en même temps
02:59 des sujets que tous les pays du monde qui connaissent les mêmes problématiques rencontrent aussi.
03:04 Une manifestation citoyenne donc prévue à 17h à Ajaccio cet après-midi, pour demander
03:11 quoi finalement ?
03:12 Je crois que c'est d'abord une espèce de cri du cœur, et une volonté des habitants,
03:18 de la jeunesse, de ne pas laisser, précisément, des zones de non-droit s'installer ici,
03:23 comme ça a été, comme c'est encore le cas ailleurs.
03:25 Tout simplement, je ne crois pas qu'il y ait à ce stade de construction intellectuelle
03:29 au sens idéologique ou politique du terme.
03:32 Je le ressens davantage de là où je suis, à Portevecchio, un peu plus éloigné, comme
03:37 encore une fois, l'expression spontanée de gens qui ne veulent pas que leur île dérive,
03:43 et qu'elles connaissent à court ou moyen terme les mêmes problèmes que ceux qui font
03:46 régulièrement la Une et l'Actualité.
03:49 C'est à mon avis tout simplement ça, et je n'y vois pour ma part pas d'autre motivation
03:54 ou arrière-plan que cela.
03:56 Donc il y a cette volonté là, mais je l'ai dit avec le groupe que j'ai l'honneur de
04:00 présider à l'Assemblée, puisque je suis maire de Portevecchio, mais également élu
04:04 de l'Assemblée de Corse, ce débat-là, les politiques ne doivent pas jeter un voile
04:09 pudique ou un mouchoir dessus, ils doivent avoir le courage politique et la lucidité
04:13 de l'aborder, il ne faut pas le laisser aux extrêmes, à ceux qui aujourd'hui s'en
04:18 serviraient pour instruire d'autres procès, pour faire par exemple, sans aucune langue
04:22 de bois, le procès en règle de l'immigration ou de je ne sais quoi, il faut le poser sereinement,
04:29 dire qu'encore une fois la Corse, elle est confrontée à un constat qui est triste, elle
04:33 est victime elle aussi de trafic de stupéfiants, elle doit apporter des réponses qui sont,
04:38 je le répète, dans le champ du politique, de la société civile, de la jeunesse, mais
04:43 également de l'Assemblée de Corse qui doit, même si elle n'est pas pleinement compétente,
04:47 eh bien commencer à apporter des solutions à ce genre de problèmes.
04:51 [Musique]
04:54 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]