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Intéressons-nous aux "Travailleurs de la mer", troisième volet d'une trilogie comprenant "Notre-Dame de Paris" et "Les Misérables". Victor Hugo y dénonce respectivement trois déterminismes qui pèsent sur l'être humain: la religion, la société, la nature.

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Transcription
00:00 Continuons notre promenade dans une bibliothèque idéale et retournons vers un auteur dont
00:08 nous avons déjà parlé, Victor Hugo.
00:10 Mais cette fois nous allons parler d'un livre dont peu de gens savent qu'il fait
00:14 partie en fait d'une trilogie.
00:16 Les travailleurs de la mer, c'est le troisième élément de la trilogie que constitue Les
00:24 Misérables, Notre-Dame de Paris et donc ce livre écrit à Guerneuzet lors de l'exil
00:30 de Victor Hugo.
00:31 Mais comment ça une trilogie ? Eh bien oui, une trilogie sur les déterminismes qui pèsent
00:38 sur l'être humain et qui constituent sa destinée, la nécessité, Ananke, c'est-à-dire
00:48 en fait tout ce qui fait la souffrance humaine.
00:50 Il y a le déterminisme social, il y a la religion et puis il y a la nature.
00:57 Parce que ce que Victor Hugo a voulu nous raconter, c'est la souffrance de ces hommes
01:05 obligés d'affronter les éléments déchaînés, obligés de risquer leur vie pour ramener
01:12 quelques poissons ou pour essayer tout simplement d'atteindre telle ou telle destination.
01:18 Et il les a vus depuis son exil de Guerneuzet et il a vu la violence de l'océan.
01:25 Alors il met tout ça dans un livre, mais un livre dont le résumé est excessivement
01:31 simple.
01:32 Une phrase, pas plus.
01:35 Un homme affronte les éléments pour gagner le droit d'épouser celle qu'il aime.
01:42 Il y parvient.
01:43 Il a combattu le mal, la pieuvre, il a combattu l'océan, il a combattu les récifs, mais
01:50 il est vaincu par une chose, le cœur humain.
01:53 Cette histoire, aux apparences très simples, Victor Hugo la raconte comme les meilleurs
02:01 scénaristes de Netflix.
02:02 Et c'est là où on comprend le génie du roman au XIXe siècle, dont Victor Hugo est
02:09 sans doute un des meilleurs représentants.
02:10 L'art du flashback, du suspense qu'on ménage petit à petit, du coup de théâtre,
02:18 il y a tout ça dans un roman dont pourtant la langue est époustouflante et qui, comme
02:25 toutes les œuvres de Victor Hugo, ne cesse de se poser la question de l'existence
02:31 du mal, de l'affrontement entre le bien et le mal et de tout simplement ce qui est
02:39 obscur à l'homme.
02:41 C'est le roman, avec l'homme qui rit, dont nous avons déjà parlé, dans lequel
02:46 Victor Hugo se fait sans doute le plus ce mage qu'il rêvait d'être, qu'il
02:53 incarne et qui est en fait le poète.
02:56 Les passages dans lesquels il réfléchit justement à ce que sont ces éléments qui
03:07 affligent l'homme, à la façon dont l'être humain peut échapper à sa destinée, sont
03:12 d'une beauté absolument extraordinaire.
03:14 Les opiniâtres sont les sublimes.
03:17 Qui n'est que brave n'a qu'un accès, qui n'est que vaillant n'a qu'un tempérament,
03:22 qui n'est que courageux n'a qu'une vertu, l'obstiné dans le vrai a la grandeur.
03:27 Le dédain des objections raisonnables enfante cette sublime victoire vaincue qu'on nomme
03:33 le martyr.
03:34 Ça c'est du grand Victor Hugo.
03:37 C'est du grand Victor Hugo mais c'est dans un roman qui peut se feuilletonner, dans un
03:42 roman qui vous tient du début à la fin.
03:44 Et c'est là où on voit que véritablement un romancier est quelqu'un qui vous embarque
03:51 totalement et que les séries dont les gens se gavent aujourd'hui n'ont pas inventé
03:58 grand chose.
03:59 Merci.

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