Les routes de l'été - Irissary (Pays Basque)

  • l’année dernière
Les routes de l'été avec Gérard Klein.

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##LES_ROUTES_DE_L_ETE-2023-08-21##
Transcript
00:00:00 Non je rigole parce qu'en fait si je vous raconte tout ce qui s'est passé depuis
00:00:07 Bourg-à-Neuf vendredi dernier, je commence l'émission à 11h.
00:00:11 Ah bah oui parce que Bourg-à-Neuf il y avait… Non j'ai un voisin, ça s'appelle Iris
00:00:16 Harry ici, d'accord ? J'ai pas dit.
00:00:18 - Exactement.
00:00:19 - Mon voisin son prénom c'est Henri, pardon.
00:00:22 Henri, comment on dit Amestoy ? - Amestoy.
00:00:25 - Amestoy, ah bah oui.
00:00:27 Et donc il est chef, il y a un restaurant juste en face.
00:00:30 Mais en deux mots je vous raconte quand même la suite et la fin de Bourg-à-Neuf.
00:00:34 Donc Bourg-à-Neuf vendredi dernier devant la concession Citroën il y avait énormément
00:00:38 de vieilles voitures françaises, pas des trucs de… pas des Ferrari, des machins comme
00:00:43 ça.
00:00:44 Il y avait des amis cis et il y avait Pierre, donc le monsieur qui a amené Pierre Ferré,
00:00:47 les voitures normales quoi.
00:00:49 Un mec… c'est bête ce que je suis en train de dire.
00:00:52 Il était simple, il savait tout, tu lui poses une question, tac, il te répondait, il se
00:00:59 la pétait pas du tout du tout et il avait apporté, si je dis, 15 ou 18 voitures en
00:01:04 parfait état.
00:01:05 Donc il y avait des voitures partout, il y avait dans le cabinet médical, ça fait comme
00:01:09 un cabinet médical, je dis ça pour rire avec les gens qui attendent leur tour pour
00:01:12 parler.
00:01:13 Donc il y avait, je sais pas moi, 50 personnes et 4 femmes.
00:01:17 Il y avait 4 femmes top.
00:01:19 Le monsieur avec les abeilles était formidable, mais les 4 filles, la boulangère, les bisons,
00:01:26 l'agrégé de mathématiques qui s'occupait de la culture et des finances et la femme
00:01:32 qui avait des vaches et qui était paysanne, vous étiez vraiment formidables et vous m'avez
00:01:37 fait penser à Linda, à Brioude, à la première première émission qui était… j'aime
00:01:43 les femmes, je vis avec une femme.
00:01:44 J'ai 4 filles, donc je sais pas, vous avez des enfants vous ?
00:01:48 Oui, j'ai deux garçons.
00:01:50 Ah deux garçons, vous pouvez pas connaître les filles.
00:01:52 Donc ça me faisait penser à Linda avec une vraie énergie pour vraiment, pour raconter
00:01:57 des choses en étant bien intimement persuadé de ce qu'elle dit, c'est pas du pipo.
00:02:01 Alors que des fois, il y a des hommes entre guillemets qui parlent, on le sait, qui survolent.
00:02:06 Oui, ils survolent, ça c'est tard dans la soirée qu'on survole, mais après on revient
00:02:12 sur terre, on a les pieds sur terre quand même.
00:02:14 On sait pas, on sait pas, on sait pas.
00:02:16 Et donc vous, vous avez un restaurant, hôtel-restaurant ou juste…
00:02:19 Juste restaurant.
00:02:20 D'accord.
00:02:21 Qui s'appelle Arseille.
00:02:22 C'est juste en face.
00:02:23 Exactement.
00:02:24 Là on est dans une commanderie, donc c'était les Chevaliers de Malte, c'est ça ? C'était
00:02:29 des mecs qui ont construit ça, mais c'est pas possible, c'est énorme, énorme.
00:02:32 Quand je dis énorme, ça fait quoi, 40 mètres de long au moins ? Et plus 20 de large, elle
00:02:38 va nous le dire la jeune fille après.
00:02:39 Ce dont on parlait en réglant les problèmes techniques du début, parce que si internet
00:02:44 ça marche, s'il y a pas internet ça marche pas, c'était l'attitude des gens, l'attitude
00:02:48 des clients du restaurant.
00:02:50 Ici on est donc dans le bas de la France, si on regarde une carte, on est très très
00:02:55 loin de la capitale, on est très loin du centre de la France, on est dans une autre
00:02:59 ambiance.
00:03:00 Pour les foins par exemple, ils ont des soucis parce qu'il y a de l'humidité, donc ils
00:03:04 sont emmerdés, alors qu'en Auvergne c'est sec, sec, sec, sec.
00:03:07 Donc il y a des choses qu'on imagine pas quand on vit ailleurs qu'ici.
00:03:11 C'était bien, redites-moi tout ce que vous disiez à propos des gens, des clients, tout
00:03:15 ça.
00:03:16 On est à l'intérieur du Pays Basque, et moi je trouve qu'on mesure beaucoup de choses
00:03:23 à l'intérieur, dans nos campagnes, et les clients quand ils viennent dans notre restaurant
00:03:28 ils font une démarche.
00:03:29 Ils viennent pas par hasard, ça veut dire que la veille, deux jours avant, ils se sont
00:03:33 dit "on va aller à Irisary, il y a une expo, on va aller visiter l'expo, et après on
00:03:37 va aller au restaurant".
00:03:38 Et nous, on est à la fin après l'expo, donc à la fin FIN, c'est nous qui allons
00:03:42 aller nourrir, on essaie d'aller nourrir avec des...
00:03:46 Moi ma politique c'est faire à manger que avec ce que j'ai autour, je suis très sensible
00:03:50 à ça.
00:03:51 Et ce client quand il est assis, à un moment donné je vais voir mes clients, soit je les
00:03:57 accueille, soit on amène un plat, soit c'est l'apprenti qui va amener un plat.
00:04:01 Moi j'aime bien faire participer tout le monde, et on a ce client qui est reposé, ça repose
00:04:08 sur la société, ça représente pas forcément la société actuelle où tout va vite, tout
00:04:11 est sur réseaux sociaux, tout est sur Insta, tout...
00:04:14 Et moi ça me va ça, ça me va de travailler dans des conditions comme ça, on a un mois
00:04:18 d'août un peu plus chargé mais bon, après en septembre on va reprendre une autre clientèle,
00:04:23 l'hiver on va faire un peu moins mais on va continuer à travailler, et j'ai besoin
00:04:27 moi de cet hiver pour réfléchir.
00:04:29 Parce que voilà, je suis pas une machine, et j'ai besoin de réfléchir, de trouver
00:04:35 des nouveaux plats, avec qui je vais travailler, les producteurs, voilà, moi ce lien pour
00:04:41 moi est très important.
00:04:42 - Oui mais je comprends, on a besoin de digérer les choses qu'on fait, moi j'ai besoin de
00:04:45 digérer la vie, le passé, enfin beaucoup de gens sont dans le passé on va dire, mais
00:04:50 en fait c'est pas vrai, le passé quand il est digéré, ben y'a plus de passé en fait.
00:04:55 - Non c'est vrai, et moi la vie m'a amené un peu par hasard ici, c'est pas du tout
00:05:01 mon plan, moi j'ai bourlingué pendant 18 ans, j'étais sur la côte d'Azur.
00:05:05 - En faisant quoi ? - Toujours cuisine.
00:05:07 - Ah d'accord.
00:05:08 - J'ai 52 ans, j'ai commencé ce métier à 18 ans.
00:05:11 - Ah ouais ? - Et Arsène, c'est ma troisième affaire,
00:05:17 c'est moi et ma femme, parce qu'il faut pas oublier que derrière un homme y'a toujours
00:05:20 une femme, et ma femme est très importante parce que moi je parle beaucoup, peut-être
00:05:25 un peu trop, mais c'est très important d'avoir quelqu'un de derrière qui vous apaise et
00:05:33 je n'oublie jamais les gens de l'ombre, et ma femme c'est l'équilibre.
00:05:38 - Ben alors on est beau frère parce que vous avez épousé la soeur de ma femme, c'est
00:05:45 la même chose, ben évidemment, évidemment.
00:05:47 - Et Iris et Arsène c'est vraiment à la finalité parce qu'on est partis d'une ruine,
00:05:51 on a construit le restaurant, c'était un bâtiment qui était vide de 91 à 2015, je
00:05:58 suis passé pendant 7 ans devant ce bâtiment, on m'en avait parlé pendant 7 ans, j'y
00:06:03 étais pas du tout intéressé, il a fallu que j'ai un plan qui se casse la gueule pour
00:06:09 que je croise le maire du village, qu'il me fasse rentrer dans ce bâtiment et j'ai
00:06:15 levé les yeux au plafond et j'ai vu cette ruine et j'ai vu ses poutres.
00:06:18 Et là j'ai dit oui de suite, je sais pas pourquoi, je suis passé pendant 7 ans autour,
00:06:26 ça m'a parlé pas du tout, j'étais pas du tout intéressé, donc moi j'ai dit oui
00:06:30 de suite, et après il faut que j'appelle ma femme.
00:06:33 J'ai appelé ma femme, ma femme est rentrée, elle a dit "elle a pas dit oui de suite".
00:06:37 Donc je lui ai dit "c'est important", elle m'a pas dit non non plus, moi j'étais
00:06:42 parti comme un train à toute vitesse, je me dis "c'est ici qu'on va faire le restaurant".
00:06:47 Et après il fallait trouver un nom, donc je suis très attaché au milieu paysan, j'aime
00:06:54 beaucoup, vous avez parlé des foins, cette odeur de foin pour moi c'est très important,
00:06:59 j'aime beaucoup le monde paysan, c'est des gens d'une valeur, et je me dis que quand
00:07:04 je serai à la retraite je finirai sûrement berger comme le nom du restaurant, c'est
00:07:08 Arsène, c'est "Ar" comme "Ar" de recevoir, "Ar" de bien faire, donc on a fait un jeu
00:07:13 de mots, au milieu on a mis une fougère, un logo qui représente une fougère, c'est-à-dire
00:07:18 qui sort de terre, "Seine" ça veut dire gardien en bas, c'est la commanderie qui
00:07:23 nous protège du vent, et "Arsène" c'est hommage à mon papa qui était berger, et
00:07:28 je dis souvent que quand je serai à la retraite, il faudra que je m'occupe, je me vois bien
00:07:33 finir garder des brebis de quelqu'un.
00:07:34 - Il a été berger longtemps ?
00:07:36 - Oui, il a été berger sans terre jusqu'aux années 70, après il s'est marié, il a fait
00:07:44 un troupeau à la maison, et aujourd'hui c'est mon frère qui a pris la suite, et aujourd'hui
00:07:49 malheureusement mon papa n'est plus ce monde, il n'a pas connu Arsène, mais je pense qu'il
00:07:53 doit me guider de là-haut.
00:07:54 - Bah oui, il est berger !
00:07:55 - Berger, voilà !
00:07:56 - C'est son accueil !
00:07:57 - C'est un local qui a gardé, où il y a eu des cochons, il y a eu des brebis, donc c'est
00:08:01 marrant comment l'histoire, comment ce bâtiment est resté vide de 1991 à 2016, il s'est rien
00:08:09 passé ! On dirait que c'était fait pour moi ça ! C'est marrant l'histoire.
00:08:13 - Ça vous attendait, ça vous attendait ! Et vous avez dit "berger sans terre", c'est joli,
00:08:17 ça veut dire qu'il travaille pour les autres quoi !
00:08:18 - Oui, puis c'est 4-5 mois dans la montagne, c'était ça, c'était à Irati, il partait
00:08:27 vers mai, juin, juillet, août, septembre, après septembre on redescendait, il recherchait
00:08:32 des terres, et là-bas quand vous allez en montagne, tous ces troupeaux, tous ces...
00:08:42 Vous dites quand vous êtes là-haut, vous dites "mais il n'y a pas de problème sur
00:08:46 cette terre ?" C'est après quand vous rentrez à la maison que vous allumez la télé.
00:08:50 - C'est vrai que ça doit être étrange, la sensation de la solitude, mais on n'est pas
00:08:55 seul quand on est hébergé.
00:08:57 - Non, on a compris beaucoup de choses.
00:08:59 Cette solitude n'est pas négative, elle est très nourrissante.
00:09:04 - Là donc on est dans la pièce dans laquelle on se trouve, la grande pièce, grande, grande,
00:09:12 grande, grande, non mais c'est bon, il y a un autre micro, non vas-y, prends celui-là,
00:09:17 vous prenez celui-là, c'est pareil.
00:09:18 En fait on a des problèmes techniques d'ailleurs, des fois internet ça marche ou pas, et alors
00:09:24 du coup, comme on dit à Paris, on dit "du coup" maintenant, c'est du coup qu'on dit,
00:09:27 on dit pas autre chose.
00:09:28 Du coup Antoine il est parti essayer d'installer Starlink, Starlink c'est ce que nous a prêté
00:09:35 notre ami qui fait des voitures Tesla, Elon Musk.
00:09:39 Donc je vous en parlais un jour, il a inventé un truc, je vais vous l'expliquer en deux
00:09:43 mots, une espèce de parabole qui va capter un satellite, récupérer un satellite pour
00:09:47 nous envoyer internet en fait.
00:09:50 Je l'ai acheté le bouquin, le monsieur qui est en train de l'ouvrir c'est lui qui l'a
00:09:53 fait, j'ai acheté un gros bouquin ici parce que, après on en parlera, dans ce livre il
00:09:58 y a des tas de choses qui sont fabriquées ici, allez-y ouvre-le, bah oui ouvre-le,
00:10:03 c'est l'autre, c'est lui qui l'a fait.
00:10:04 Comment il s'appelle le monsieur qui ouvre le livre ?
00:10:06 - Le monsieur qui ouvre le livre s'appelle Jean-Louis Ratzoki.
00:10:09 - Et vous ? - Moi je m'appelle Anna Ruiselval.
00:10:11 - Elle est belle, elle est belle, elle est belle, vraiment.
00:10:15 Et c'est comment je dirais, vous avez quel âge, vous êtes toute jeune, même ?
00:10:18 - 34 ans.
00:10:19 - 30 ans j'allais dire, 30 ans, des lunettes sérieuses, genre je suis intellectuel, je
00:10:23 réfléchis, c'est ça, des beaux cheveux ronds, et un sourire.
00:10:27 Et qu'est-ce que vous faites ici alors ? - Alors moi je m'occupe de cette grande bâtisse,
00:10:31 de cette grande maison, cette commanderie qui date du 17ème siècle qui surveille Henri
00:10:36 pour pas qu'il fasse trop de bêtises.
00:10:37 - Je la taquine, c'est la châtaleine.
00:10:38 - Ah bah c'est bien.
00:10:39 - C'est elle qui nous commande.
00:10:41 - Très bien, très bien.
00:10:42 - J'aime bien la taquiner avec ça.
00:10:43 - Et il faut dire qu'elle est bien logée quand même.
00:10:45 - Oui oui oui c'est vrai, très très bien.
00:10:46 Je crois, je la vois sur son balcon, j'imagine des scènes, ici en bas.
00:10:50 - Ah bah oui, il faut dire...
00:10:53 - Arrêtez de parler.
00:10:54 - Non non non, la commanderie elle est énorme.
00:10:56 - Oui, en fait c'est une possession de l'ordre de Malte qui s'est installée à Erissary
00:11:02 au 12ème siècle, et ils ont construit une première commanderie dont on n'a pas la trace,
00:11:07 et ensuite une deuxième commanderie, celle dans laquelle on est aujourd'hui, qui date
00:11:10 du 17ème siècle, et qui est en fait construite sur les modèles des fermes de Basse-Navarre,
00:11:14 la province dans laquelle on est, ici au Pays Basque.
00:11:17 C'est une ferme assez monumentale avec des grandes dimensions.
00:11:21 On retrouve ces grandes dimensions dans la plupart des fermes ici du Pays Basque, mais
00:11:26 ici encore plus parce que c'était une possession de l'ordre, et ils ont fait une ferme tout
00:11:30 simplement pour exploiter les terres autour du village, donc il y avait beaucoup de terres,
00:11:35 donc grande ferme, et puis en plus on voulait montrer la puissance de l'ordre aux alentours,
00:11:39 donc on fait une énorme ferme.
00:11:40 Mais ça servait juste à avoir des revenus qui permettaient ensuite de financer les
00:11:45 actions de l'ordre plutôt en Méditerranée.
00:11:47 Ils n'y avaient pas ici.
00:11:49 Première question, l'ordre, exactement l'ordre de Malte, et deuxième question, leurs actions.
00:11:54 Qu'est-ce qu'ils faisaient à la guerre ?
00:11:55 Alors à la base non.
00:11:57 Au début, c'était des moines qui installent des hôpitaux à Jérusalem.
00:12:02 Leur premier nom c'est l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, de l'Hôpital de Saint-Jean
00:12:07 de Jérusalem.
00:12:08 Et puis le pape décide de les fédérer en ordre.
00:12:11 À ce moment-là, ils ont besoin d'argent, donc ils vont commencer à créer des commanderies
00:12:17 un peu partout en Europe.
00:12:18 Ici, donc, ça sera une ferme.
00:12:19 Et puis de cette première action de créer des hôpitaux qui étaient, on dirait nous,
00:12:25 une action un peu humanitaire, on les a appelés l'Ordre des Hospitaliers.
00:12:28 D'où le nom de la maison, Hospitalia.
00:12:31 Ce n'était pas un hôpital en fait, ça vient du nom de l'ordre.
00:12:34 Et ensuite, dans un second temps, ils ont participé aux croisades avec leurs compères,
00:12:37 les Templiers.
00:12:38 Et puis ils se sont fait chasser d'île en île.
00:12:41 C'est une assez drôle d'histoire, l'Ordre de Malte.
00:12:43 Mais contrairement à leurs cousins, eux existent toujours et c'est une ONG aujourd'hui qui
00:12:48 existe toujours mais qui n'a plus rien à voir avec cette maison.
00:12:50 D'accord.
00:12:51 Dans une minute, on y revient.
00:12:53 D'accord ?
00:12:54 Les routes de l'été avec Gérard Clin sur Sud Radio.
00:12:59 Voilà, voilà.
00:13:00 Voilà, voilà.
00:13:01 Je rigole pour deux choses.
00:13:03 La première chose, c'est que je voudrais bien entendre la pub Lidl.
00:13:06 Il y a une pub Lidl.
00:13:07 C'est la dernière semaine en fait.
00:13:08 J'ai cinq jours.
00:13:09 C'est un truc vachement important.
00:13:10 J'ai cinq jours pour trouver qui a eu l'idée ou l'agence de pub.
00:13:16 On est mal, on est mal.
00:13:17 Vous la connaissez la pub Lidl ?
00:13:18 Non.
00:13:19 Mais si, patron, tu la connais pas ?
00:13:20 Non, on est mal.
00:13:21 Si, si, on est mal, on est mal.
00:13:22 Oui, je vois.
00:13:23 C'est ça, oui.
00:13:24 Ah oui, oui.
00:13:25 Et donc moi, j'écoute la radio.
00:13:27 On écoute la radio, donc on écoute les pubs évidemment, putain, qui sont vraiment
00:13:30 bien, d'autres qui sont moyennes, etc.
00:13:33 Mais l'idée, l'idée, elle est bien.
00:13:35 Il y a longtemps, j'étais à Europe 1.
00:13:36 Il y avait une pub pour une friteuse, Seb.
00:13:38 Je l'ai déjà dit, mais je le répète.
00:13:41 Et je disais, mais qui a eu l'idée ?
00:13:43 La pub, elle était drôle, tu vois.
00:13:44 Et donc, qui vient de me voir ?
00:13:46 Et donc, à la porte du bureau, il y a un mec qui tape, c'était Richard Gottener.
00:13:50 Je l'avais jamais vu.
00:13:51 Il me dit, c'est moi, la frite, tu vois.
00:13:53 Et donc, la pub, elle était extra.
00:13:54 Mais Lidl, je trouve que je tousse.
00:13:56 Je trouve que Lidl, elle est vraiment drôle.
00:13:58 On est mal, on est mal.
00:13:59 Alors, après, tu te dis...
00:14:00 Ah, non, patron, c'est ça, ça commence comme ça.
00:14:01 Oui, c'est ça.
00:14:02 Tu te dis, mais qui a eu l'idée, quoi ?
00:14:04 Est-ce que c'est une...
00:14:05 Alors, je dis, c'est peut-être une réunion, ils étaient une dizaine et tout.
00:14:08 Puis, il y a une fille ou un gars qui a dit ça, etc.
00:14:11 Juste pour savoir le nom, c'est peut-être une fille qui a eu cette idée.
00:14:15 C'est certainement une fille.
00:14:16 C'est certainement une fille.
00:14:17 Une femme, à mon avis.
00:14:18 Donc, c'est vachement rigolo.
00:14:20 On connaît le nom du comédien.
00:14:21 Il a regardé, évidemment, Antoine, mais on ne sait pas qui, sur Internet.
00:14:26 Jérôme Beneluz, c'est celui qui dit allo patron.
00:14:29 C'est d'accord.
00:14:30 C'est celui qui dit allo patron.
00:14:31 Et le patron, on lui dit, on l'émane.
00:14:32 On continue avec ta voisine, votre voisine.
00:14:36 Le monsieur, c'est le restaurant juste à côté, juste en face, avec les Templiers,
00:14:41 l'Ordre de Malte, etc.
00:14:43 Est-ce que c'était des bienfaiteurs ou est-ce que c'était juste des guerriers ?
00:14:46 Non, non.
00:14:47 Ils étaient riches ?
00:14:48 Ici, pour Irisary, ils n'étaient ni l'un ni l'autre.
00:14:52 En fait, ils avaient vraiment des possessions terriennes, des terres autour du village
00:14:56 et la commanderie qui leur appartenait.
00:14:57 Et en fait, ils étaient comme des seigneurs féodaux.
00:15:01 Ils prélevaient des taxes sur les maisons aux alentours.
00:15:06 Et eux ne vivaient pas ici.
00:15:09 C'était une possession terrienne.
00:15:11 Elle devait bien fonctionner.
00:15:13 Donc la ferme devait bien fonctionner.
00:15:14 Il y avait des paysans qui vivaient dans la ferme pour eux.
00:15:18 Eux, ils venaient de temps en temps prélever les taxes, vérifier que tout fonctionnait.
00:15:21 Ensuite, ils vivaient leurs activités de chevaliers en Méditerranée
00:15:25 pour guerroyer pendant les croisades.
00:15:29 Mais pas que. Ils ont fait des guerres à Chypre, à Malte, à Rhôde.
00:15:34 Plein d'activités de chevaliers.
00:15:36 Voilà, ils ont inventé un Paris-Dakar juste...
00:15:38 Non mais c'est affreux quand même.
00:15:40 C'est terrible.
00:15:42 Non, pas tant.
00:15:43 Disons que c'est une autre...
00:15:46 Bien sûr.
00:15:47 Une autre manière de faire.
00:15:48 Mais c'est sûr que c'est un ordre de moine à la base qui créait des hôpitaux
00:15:54 et ensuite qui s'est fait chasser des différents endroits où ils vivaient.
00:15:59 Après, c'est les grandes histoires au Moyen-Âge.
00:16:04 Ils faisaient des alliances avec Charles Quint qui leur donnait telle possession.
00:16:07 Et puis ensuite, ils se refaisaient chasser parce que tel sultan n'était pas d'accord.
00:16:10 Et puis voilà, leur histoire petit à petit...
00:16:13 En fait, leur histoire est assez loin d'Irissary.
00:16:16 Mais pour vivre leur vie de chevaliers, ils avaient besoin d'argent.
00:16:19 Et les commanderies fleurissent partout en Europe, dont une à Irissary.
00:16:23 Et qui va être active, en tout cas pour le compte de l'ordre, jusqu'à la révolution.
00:16:28 Ensuite, elle continuera à être une ferme pour le compte de particulier.
00:16:32 D'accord. Donc il y a des gens qui dormaient ici, qui vivaient, qui mangeaient.
00:16:35 C'était quoi ? En bas, il y avait des écuries sûrement.
00:16:37 Alors, les fermes Bannavarez de cette province du Pays Basque, de Bastravar.
00:16:42 On dit qu'elle habitait là.
00:16:44 Ton voisin, pour lui, t'es la princesse.
00:16:47 On dit que c'est la princesse.
00:16:48 La Chatelaine.
00:16:49 La Chatelaine, pardon.
00:16:50 C'est le titre au-dessus.
00:16:51 Oui, oui.
00:16:52 On doit vous voyer, en fait.
00:16:53 Bien sûr.
00:16:54 Alors, dites-moi, Madame...
00:16:56 On se voit quand on a des soirées très arrosées.
00:16:58 Ah d'accord. Comment on l'appelle ? Comment on devait l'appeler ? La Chatelaine ?
00:17:01 Je voudrais qu'elle nous raconte ça.
00:17:03 La plupart du temps, je l'appelle Anna, mais des fois, pour la taquiner,
00:17:05 quand elle amène un projet, une nouvelle idée.
00:17:07 Henri, il faudrait que je te voie deux minutes.
00:17:09 Oui, la Chatelaine. Je sais pas.
00:17:11 Vous regarderez bien, la façade, il y a un petit balcon.
00:17:13 Je sais pas, ce balcon, il m'interpelle.
00:17:15 Il est juste au-dessus du restaurant.
00:17:17 Je la vois en train de lancer des clés.
00:17:19 Je sais pas pourquoi.
00:17:20 J'ai Z-SEN et la foule en bas.
00:17:22 Je sais pas. J'ai des moments...
00:17:24 En délire.
00:17:25 Il y a beaucoup de moments de délire.
00:17:27 C'est pour ça qu'il fait d'aussi bons plats, aussi.
00:17:29 Bah oui, bien sûr.
00:17:30 Donc, vous êtes chatelaine.
00:17:32 Qu'est-ce qui se passe chez vous, ici ?
00:17:34 Alors, il se passe plein de choses.
00:17:36 En fait, depuis que l'Ordre de Malta est parti, il s'est passé plein de choses.
00:17:40 Mais vraiment, l'histoire de cette maison,
00:17:42 elle est autour de l'agriculture et des possessions de terre de cette maison.
00:17:46 La particularité des fermes Bannavarest,
00:17:48 c'est qu'on avait dans la même maison
00:17:50 les deux activités.
00:17:53 L'activité domestique, les gens dormaient, vivaient, mangeaient.
00:17:56 Et l'activité agricole.
00:17:58 On avait les tables, le fenil,
00:18:01 où on stockait le foin, le grenier.
00:18:03 On avait pas plusieurs bâtiments, mais un seul.
00:18:05 D'où, aussi, les dimensions aussi importantes de ces fermes Bannavarest.
00:18:09 Ah, mais c'est énorme.
00:18:11 Mais il y en a d'autres, peut-être pas aussi imposantes comme Coche d'Italia,
00:18:14 mais il y en a d'autres d'imposantes, vraiment, tout autour du village.
00:18:18 On retrouve cette forme, on appelle ça la maison-bloc,
00:18:21 avec cette grande forme rectangulaire.
00:18:23 Elle paraît très imposante, avec sa façade ouverte, percée de fenêtres.
00:18:27 - Ameunaux. - Ameunaux.
00:18:28 Alors ça, c'est la particularité de l'Ordre.
00:18:30 Comme on était dans une ferme qui appartenait à un Ordre religieux,
00:18:33 on s'est fait plaisir et on a fait venir des maçons,
00:18:36 maçons d'Irisari, qui ont fait valoir leur savoir-faire.
00:18:40 Et on fait des fenêtres ameunaux,
00:18:41 alors que dans les fermes traditionnelles, bien entendu,
00:18:43 on ne faisait pas ça.
00:18:44 - Il y a de la pierre ici ?
00:18:46 - Oui, c'est de la pierre d'Irisari.
00:18:47 - En arrivant, j'ai vu une intérieure de pierre.
00:18:49 - Oui, tout à fait, exactement.
00:18:50 C'est vraiment la pierre d'Irisari, cette pierre grise
00:18:53 qu'on retrouve vraiment dans toutes les maisons.
00:18:57 - Partout. - Oui, ici.
00:18:58 - Ah ouais, ça devait être chouette quand même, l'époque.
00:19:00 - Oui, ben oui. - Pour les riches.
00:19:02 - Oui, disons que c'est toute une histoire, le Pays Basque,
00:19:08 et en particulier la propriété de la maison.
00:19:11 C'est peut-être pas le moment d'en parler, mais...
00:19:14 - Mais c'est toujours le moment de parler d'une chose intéressante.
00:19:17 - Les gens sont très attachés à la propriété de la maison,
00:19:19 les gens sont très attachés à la maison, ici.
00:19:21 - Moi, je viens du Gers. Je suis née dans le Gers.
00:19:24 Et du coup, je suis une invitée de ce Pays Basque-là.
00:19:29 Et tous les jours, je découvre de nouvelles choses.
00:19:32 Et en fait, je trouve ça pas que passionnant,
00:19:36 je trouve ça émouvant de voir comment l'histoire s'est construite,
00:19:40 comment les personnes réfléchissent, ont cette appartenance à la maison,
00:19:45 à la famille, la place de la femme dans la société traditionnelle.
00:19:49 On avait une exposition là-dessus au printemps.
00:19:52 Tout est passionnant, et les gens portant eux, aujourd'hui,
00:19:57 même s'ils ont pas toutes les clés de lecture de comment c'était avant exactement,
00:20:01 ils portent encore cette richesse-là, cette identité-là, cette langue.
00:20:05 En fait, moi, je suis dans un lieu, dans ce lieu qui a pour mission
00:20:12 de valoriser le patrimoine du Pays Basque.
00:20:15 C'est que du bonheur, que du plaisir, en fait, tous les jours,
00:20:18 parce qu'il y a un sujet qui va m'intéresser, qui va intéresser l'équipe.
00:20:22 Allez, on le fait en expo. C'était le même projet pour l'expo des Mendies
00:20:28 dont on va parler tout à l'heure.
00:20:29 Et en fait, ça nous permet de faire des zooms sur des parties de la société basque
00:20:34 qui sont passionnantes, que les gens connaissent pas.
00:20:36 Même les gens d'ici, parfois, ils ont en fait, comment dire, en eux,
00:20:40 ils le portent en eux, mais ils ont pas les codes, des fois, pour décrypter ça.
00:20:44 Et parfois, on est aussi victime d'idées reçues, de fantasmes, un peu,
00:20:49 sur la société basque.
00:20:50 Donc nous, on essaie de déconstruire ça, de s'accompagner de chercheurs,
00:20:54 de scientifiques, d'experts, pour parler d'un Pays Basque vrai,
00:20:58 revenir sur l'histoire, revenir sur les origines du patrimoine,
00:21:02 ne pas du tout ni le folkloriser, ni le sanctuariser,
00:21:05 montrer qu'il est en évolution.
00:21:07 Et vraiment, tous les jours, c'est un plaisir de parler de ça.
00:21:11 Je me sens vraiment très chanceuse.
00:21:13 - Et oui, et alors quand on arrive ici, ce que je disais tout à l'heure,
00:21:16 on ressent quelque chose, c'est ce que je lui disais.
00:21:19 - Les gens le disent beaucoup, oui.
00:21:20 - On ressent, je sais pas, quelque chose de très particulier.
00:21:24 C'est pas triste, c'est pas gai, ça fait pas partie ni de la rigolade,
00:21:28 ni de la tristesse.
00:21:29 - Y a beaucoup d'émotions, oui.
00:21:31 - Mais c'est vrai, où on était en voiture, tous les deux,
00:21:35 on est arrivés, t'as vu, c'est étrange, c'est inattendu.
00:21:40 - Donc nous, ici, à Oshpitalia, on est un centre départemental
00:21:44 d'éducation au patrimoine.
00:21:45 C'est un lieu un peu bizarre, ça existe pas vraiment ailleurs.
00:21:48 - Centre départemental d'éducation au patrimoine.
00:21:51 - Un CDEP.
00:21:52 - Un CDEP, oui, vous vous enjouez.
00:21:54 - C'est horrible.
00:21:55 On va dans une minute, Jamel vient de me dire pub dans une minute,
00:21:58 dans mon casque.
00:21:59 Donc dans une minute, non, pas du tout.
00:22:01 Et on va revenir sur CDEP, c'est vraiment moche, quoi.
00:22:04 - C'est ça qu'on dit à Oshpitalia, c'est bien plus joli.
00:22:06 - Exactement, je suis parfaitement d'accord.
00:22:09 Vas-y, Jamel.
00:22:10 - Irissary, donc Pays Basque, à ma gauche, le voisin d'en face,
00:22:15 et à ma gauche, la Chatelaine.
00:22:18 Il est d'accord, ils sont d'accord tous les deux.
00:22:21 Donc la Chatelaine nous parlait du CDEP, dans le cabinet médical,
00:22:25 c'est comme une maladie, c'est une analyse centre de,
00:22:28 vous disiez...
00:22:29 - Centre départemental d'éducation au patrimoine.
00:22:32 - D'éducation au patrimoine, ça veut dire, je suis touriste,
00:22:35 je suis très con, et je viens ici me faire éduquer,
00:22:38 c'est un peu ça, non ?
00:22:39 - Me cultiver.
00:22:40 - Me cultiver, oui.
00:22:41 - Me nourrir.
00:22:42 - Me nourrir de culture.
00:22:44 - Mais c'est intéressant, parce qu'en fait, c'est pas seulement
00:22:46 un tourisme en maillot de bain, le ventralaire,
00:22:48 au bord de la mer, c'est autre chose.
00:22:50 - Alors, c'est même pas que les touristes, ça va bien au-delà.
00:22:53 - Elle est top, si vous la...
00:22:55 Vraiment, vraiment.
00:22:56 Maintenant, j'ai que des filles, donc, Grado,
00:22:58 tu dis toujours la même chose.
00:22:59 J'ai des filles, mais...
00:23:00 - J'ai admiratif.
00:23:01 - Ah non, mais elle est top, hein.
00:23:02 Elle parle bien, elle est souriante, elle est contente,
00:23:04 ça l'éclate.
00:23:05 Et sa région, le Gers, c'est très, très, très beau.
00:23:07 La pierre est belle.
00:23:08 - Mais la France est très belle.
00:23:09 - Mais bien sûr.
00:23:10 Non, la pierre est belle, c'est vrai,
00:23:12 il y a des propriétés magnifiques, voilà.
00:23:14 Il y a des raisins blancs, et il y a de l'Armaniac,
00:23:16 bon, c'est sûr, dans le Gers, mais il y a des raisins blancs,
00:23:19 et maintenant, ils font du vin, du vin, du vin à boire,
00:23:21 au lieu d'attendre 25 ans ou 30 ans que l'Armaniac se vende très cher,
00:23:25 ils font du vin, voilà.
00:23:26 Pardon, pardon, excusez-moi, Madame.
00:23:28 Alors, allez-y, Madame Lachatelet.
00:23:30 - Alors, dans notre petite commune d'Irisary,
00:23:33 donc, pour revenir dans notre histoire,
00:23:35 l'ordre de Malte s'en bat à la Révolution,
00:23:38 la ferme continue de passer de main en main,
00:23:40 et puis, en 1980, il y a une date importante,
00:23:43 cette maison, elle est inscrite au Monument Historique.
00:23:46 Donc, on a une nécessité de la préserver,
00:23:50 et c'est le département des Pyrénées-Atlantiques
00:23:52 qui va se porter acquéreur de cette maison.
00:23:54 Donc, il la met hors d'eau, hors d'air,
00:23:56 et puis après, il se dit, bon, qu'est-ce que je vais faire de cette grande maison ?
00:24:00 - Elle était tellement vite, elle est hors d'eau, hors d'air,
00:24:02 elle a dit, tu l'as dit vite, tellement vite,
00:24:04 hors d'eau, ça veut dire qu'ils ont fait des toitures,
00:24:06 ou en tout cas, fait en sorte que l'eau ne coule plus dans les murs,
00:24:09 sur tout et sur les charpentes,
00:24:11 et hors d'air, en fermant un peu les ouvertures,
00:24:13 pour que les pigeons ne viennent pas ruiner la baraque.
00:24:16 - Ça permettait de la protéger déjà dans les premiers temps.
00:24:19 - Tant mieux, je ne suis pas si bête !
00:24:20 - Bravo !
00:24:21 - Non, je rigole !
00:24:22 - Et donc, le département se porte acquéreur,
00:24:24 là, brin le bas de combat,
00:24:26 on convoque plein d'acteurs locaux,
00:24:30 en se disant, qu'est-ce qu'on va faire de cette maison ?
00:24:32 Il y a plein de projets qui sont proposés,
00:24:33 et puis finalement, en 2002, le bâtiment ouvre ses portes
00:24:36 en tant que Centre Départemental d'Éducation au Patrimoine.
00:24:39 Donc, le mot important, c'est l'éducation,
00:24:41 c'est vraiment la tête du centre,
00:24:43 et elle va se révéler, cette éducation,
00:24:45 avec deux publics cibles,
00:24:47 et le premier, ce n'est pas les touristes,
00:24:49 c'est les scolaires.
00:24:50 Parce que, figurez-vous, que dans cette maison,
00:24:52 il y a des chambres,
00:24:53 où on accueille des élèves,
00:24:55 qui viennent en séjour sur plusieurs jours,
00:24:57 comme des classes vertes, en fait.
00:24:58 Et on a une équipe de médiateurs,
00:25:01 qui sont experts du patrimoine du Pays Basque,
00:25:03 qui ont conçu toute une offre pédagogique
00:25:05 allant à l'attention des enseignants.
00:25:08 Ils viennent, ils choisissent le sujet qui les intéresse.
00:25:11 Ça peut être la mythologie basque,
00:25:13 ça peut être l'implantation des Romains au Pays Basque,
00:25:16 ça peut être le développement durable,
00:25:18 la maison, il y a énormément de sujets.
00:25:20 Et ils viennent séjourner pendant deux, trois jours.
00:25:22 Donc, j'invite les classes de France entière
00:25:24 à venir voir notre centre,
00:25:26 parce qu'il n'y a pas que les touristes qu'on accueille.
00:25:28 Et c'est vraiment des séjours
00:25:30 dont les enfants sortent avec
00:25:32 vraiment un émerveillement et une découverte,
00:25:35 puisqu'on ne reste pas qu'à Irissary,
00:25:37 on va découvrir l'ensemble du Pays Basque
00:25:39 en fonction des thèmes choisis.
00:25:41 On peut aller voir par exemple des bergers sans terre,
00:25:43 quand on parle du pastoralisme.
00:25:45 C'est très intéressant cette démarche-là.
00:25:47 Il y a énormément de choses.
00:25:49 - Les classes, c'est quel... ?
00:25:51 - C'est tout niveau. Sauf les maternelles,
00:25:53 qu'on ne peut pas accueillir la nuit,
00:25:55 mais on les accueille la journée.
00:25:57 - Ça veut dire CM1, CM2 ?
00:25:59 - C'est tout le primaire, tout le collège,
00:26:01 tout le lycée, les étudiants.
00:26:03 - 16 ans, 17 ans ?
00:26:05 - C'est une passion, parce qu'ils font des pauses,
00:26:07 ils se cultivent, et après,
00:26:09 les après-midi, ils ont des petites pauses.
00:26:11 Et là, vous voyez sur la place, des enfants qui courent.
00:26:13 C'est le cœur d'un village qui s'anime.
00:26:15 C'est plein de choses comme ça.
00:26:17 - Je ne savais pas du tout. C'est bien.
00:26:19 Et alors, ils sont contents ? Ça rigole ? Ça chahute ?
00:26:21 - Déjà, quand ils découvrent le bâtiment,
00:26:23 c'est toujours un sacré événement.
00:26:25 Donc ils sont là, "mais c'est pas possible,
00:26:27 cette grande maison..."
00:26:29 Après, ils cherchent à trouver des passages secrets,
00:26:31 des cachettes. Et puis les chambres,
00:26:33 il ne faut pas s'imaginer des dortoirs.
00:26:35 C'est de très belles chambres. Le bâtiment
00:26:37 a été vraiment rénové avec
00:26:39 beaucoup de moyens à l'époque,
00:26:41 à la fin des années 90 par le département.
00:26:43 Et aujourd'hui, il y a quasiment peu de choses
00:26:45 qui ont été retouchées depuis.
00:26:47 Vous voyez que ça a quand même bien vécu.
00:26:49 - L'argent, ça doit servir à quelque chose, non ?
00:26:51 - Oui, je trouve qu'elle a été
00:26:53 bien servie ici. Je trouve que
00:26:55 à la base, ça devait être un projet
00:26:57 un peu fou, parce que
00:26:59 on part d'une ruine,
00:27:01 c'est "qu'est-ce qu'on fait ?"
00:27:03 Elle parle des scolaires, mais moi je trouve que
00:27:05 quand je regarde les gens qui franchissent la porte, il y a pas moins de locaux aussi.
00:27:07 - Oui, c'est la
00:27:09 deuxième mission que le centre s'est donnée.
00:27:11 La première, c'est vraiment notre ADN,
00:27:13 c'est le public scolaire, ce qui nous prend le plus
00:27:15 de notre temps. Donc là, il y a Chloé
00:27:17 qui vient de passer, qui est médiatrice aussi
00:27:19 du patrimoine, et on a Manu, en haut,
00:27:21 qui travaille parce qu'on
00:27:23 prépare l'année prochaine et qu'on a
00:27:25 aussi beaucoup de choses qui se font cet été.
00:27:27 Ils sont les deux médiateurs du patrimoine.
00:27:29 Et on a une équipe de six personnes
00:27:31 quand même, donc je voulais leur rendre hommage, c'est grâce
00:27:33 à eux que tout ça est possible.
00:27:35 Donc la deuxième mission,
00:27:37 c'est l'accueil du grand public.
00:27:39 On met tout le monde dans le même panier.
00:27:41 On n'a pas choisi, on ne veut pas choisir,
00:27:43 on veut proposer cet accès
00:27:45 à la valorisation et à la
00:27:47 médiation du patrimoine du Pays Basque
00:27:49 à tous. Aux enfants,
00:27:51 aux adultes, aux locaux,
00:27:53 à ceux qui sont experts
00:27:55 sur un sujet, ceux qui ne connaissent rien,
00:27:57 ceux qui ont l'impression que le musée, c'est pas pour eux,
00:27:59 ceux qui
00:28:01 parfois se sentent un peu
00:28:03 à leur place
00:28:05 dans un débat culturel.
00:28:07 Intimidé, voilà. - Je comprends très bien ça.
00:28:09 - Et en même temps, aussi
00:28:11 aux touristes, et on a la chance
00:28:13 d'avoir des touristes qui sont très chouettes
00:28:15 à Irissary, qui viennent quand ils franchissent
00:28:17 les portes, ils ont envie de découvrir
00:28:19 justement un Pays Basque
00:28:21 et une culture
00:28:23 en dehors des sentiers
00:28:25 battus, des idées reçues.
00:28:27 Et donc on essaie de proposer
00:28:29 une offre très qualitative
00:28:31 et pour ça on s'entoure de personnes
00:28:33 qui sont
00:28:35 passionnées et qui
00:28:37 ont à coeur de partager aussi
00:28:39 cette vision-là du Pays Basque. - Et elle le fait bien.
00:28:41 - Ah ouais ? - Ah oui, oui. - Ah non, c'est bien.
00:28:43 - Elle aime sa maison. - Ah bah ça se voit,
00:28:45 ça s'entend. Et pas de télé dans les
00:28:47 chambres des enfants ? - Non.
00:28:49 Même pas le wifi. - Ah, même pas, ah,
00:28:51 pas mal, pas mal. Ah non, c'est vachement
00:28:53 important, parce qu'en fait, wifi, c'est
00:28:55 téléphone, c'est internet, c'est le nez
00:28:57 par terre un peu, de temps en temps. - Non mais quand ils viennent ici,
00:28:59 ils lèvent le nez, en général. - Alors
00:29:01 le monsieur, on dit
00:29:03 qu'on n'est que tous les trois,
00:29:05 il a acheté un bouquin ce matin, le gros
00:29:07 bouquin qu'il a, et c'est marrant parce
00:29:09 que la personne venait les livrer.
00:29:11 - Ah oui. - Le monsieur qui est là, là, avec
00:29:13 le pantalon gris et la chemise bleue. Donc
00:29:15 j'ai dit, il est sympa le gars, bonjour monsieur, etc.
00:29:17 Il a livré les bouquins. Et puis là,
00:29:19 il s'est levé, parce qu'une femme est
00:29:21 arrivée, et il lui a proposé du café.
00:29:23 Ça veut dire qu'elle doit être importante, ou il la
00:29:25 connaît bien. Qu'est-ce que vous en pensez
00:29:27 tous les deux ? - Moi je la regarde pas, je la connais pas.
00:29:29 - Alors, Elrie, tu aurais...
00:29:31 Raconte, raconte. - Je sais pas ce qui s'est passé,
00:29:33 d'ailleurs je veux pas savoir ce qui se passe.
00:29:35 Non, non, mais
00:29:37 oui, ce monsieur-là, il est important
00:29:39 dans notre actualité.
00:29:41 Et tous les projets
00:29:43 d'exposition qu'on fait au Spitalia, c'est ça, c'est des
00:29:45 rencontres de gens passionnés.
00:29:47 Donc, Jean-Louis
00:29:49 Iratso, qui fait partie de ces gens-là,
00:29:51 il a, avec
00:29:53 une équipe de passionnés,
00:29:55 créé un livre qui est paru en 2021,
00:29:57 si je fais pas de bêtises,
00:29:59 que j'ai trouvé sur le bureau
00:30:01 d'un collègue au département, à Bayonne.
00:30:03 Je vais aller voir des collègues, et puis je vois
00:30:05 ce livre, qui est très beau,
00:30:07 qui est blanc et
00:30:09 jeune. - Je l'ai acheté, il est tout
00:30:11 neuf, et c'est
00:30:13 écrit "Hemendik".
00:30:15 - "Hemendik", ouais. - Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:30:17 - C'est l'histoire de 50 objets
00:30:19 iconiques du Pays basque.
00:30:21 Je regarde cet objet, je regarde ce livre,
00:30:23 je l'ouvre, et là, je vois
00:30:25 des photos magnifiques, des textes
00:30:27 très intéressants, je vois des
00:30:29 objets, je vois des photos
00:30:31 d'archives, des reproductions
00:30:33 d'iconographies, de tableaux,
00:30:35 et je me dis "Ouh là, mais c'est bien ça comme livre !"
00:30:37 - On est d'accord, mais comme je ne savais pas
00:30:39 que le monsieur allait livrer
00:30:41 le livre, et il y en avait plus, en français,
00:30:43 il y avait en Espagne... Castellano !
00:30:45 - "I tambien" en anglais.
00:30:47 - "English" !
00:30:49 - Il y en avait en anglais. Donc j'ai pris
00:30:51 mon téléphone, je suis allé visiter la salle là-haut,
00:30:53 j'ai fait des photos, des photos des objets,
00:30:55 des pataugas, ça m'a...
00:30:57 Déjà, pataugas, ça m'a claqué au nez, parce que...
00:30:59 - Pataugas, c'est basque. - Voilà, il y a eu une énorme affiche
00:31:01 de pataugas, tout le monde a porté des pataugas
00:31:03 depuis des dizaines et des dizaines d'années,
00:31:05 et donc maintenant, on a le livre,
00:31:07 et le monsieur en question. Bonjour monsieur.
00:31:09 - Bonjour monsieur. - Et la...
00:31:11 C'est qui, la dame qui vient d'arriver ?
00:31:13 - Maitena qui vient de venir, Maitena Goïkutia.
00:31:15 - Ben oui, qu'est-ce que vous faites ?
00:31:17 Elle n'a pas de micro, elle ne peut pas répondre.
00:31:19 Non, non, je...
00:31:21 Bonjour. Je vous ai arrivés en short,
00:31:23 dans la porte, vous vous êtes découpée
00:31:25 dans la porte en short avec un sourire, je me suis dit
00:31:27 "Bon, elle doit être un petit peu chez elle,
00:31:29 à mon avis elle les connaît, tac, lui s'est levé pour lui faire..."
00:31:31 Je dis "Attends, donc elle est vraiment
00:31:33 chez elle, et qu'est-ce que vous faites ?"
00:31:35 - Alors, je fais partie
00:31:37 d'une famille de potiers,
00:31:39 la poterie Goïkutia.
00:31:41 - Oh, j'ai vu...
00:31:43 J'ai vu une photo, j'ai vu le monsieur,
00:31:45 il est beau, avec une...
00:31:47 Je dis ça. Alors quand je dis
00:31:49 d'un homme qu'il est beau, j'ai des réflexions.
00:31:51 Un homme ou une femme, je trouve
00:31:53 quand les gens sont beaux,
00:31:55 en tout cas ont de l'élégance ou de l'allure,
00:31:57 il faut le dire. Il ne faut pas se le dire
00:31:59 dans la tête, comme un faux cul.
00:32:01 Moi je dis, je jure,
00:32:03 et ben vous aussi. Et la photo
00:32:05 de l'homme, là, du monsieur, je ne sais pas si je vais
00:32:07 la retrouver, sûrement pas, il a donc une corde
00:32:09 dans la main, en fait il fait une poterie,
00:32:11 c'est comme du colombin, je présume,
00:32:13 c'est collé. - Alors c'est le tournage à la corde
00:32:15 effectivement, c'est une technique qui est
00:32:17 très ancienne. - Incroyable ! - Ouais.
00:32:19 - Ça veut dire que, à l'extérieur
00:32:21 de la poterie, qu'il peut faire un mètre
00:32:23 de haut ou 80 cm de haut, c'est grand
00:32:25 et c'est très haut, on voit l'empreinte,
00:32:27 vous comprenez parfaitement ce que je veux dire,
00:32:29 on voit l'empreinte de la corde, comme s'il
00:32:31 l'avait enroulée, il l'a enroulée, je présume, sa corde
00:32:33 autour. - Alors effectivement, le tournage
00:32:35 à la corde, c'est...
00:32:37 la technique, c'est d'avoir
00:32:39 une charpente, effectivement qu'on l'entoure
00:32:41 de cordes. - Une charpente en quoi ?
00:32:43 - C'est ce qui fait office de moule,
00:32:45 c'est pour ça qu'on voit à la base
00:32:47 la trace de la corde à l'intérieur du pot.
00:32:49 - Ah mais alors attends, la charpente
00:32:51 elle est comment, monsieur le designer ?
00:32:53 La charpente pour faire le pot ? - La charpente
00:32:55 est en bois, c'est une structure
00:32:57 qui est démontable une fois... - C'est un coffrage en fait.
00:32:59 - C'est un coffrage, un pré-coffrage, oui.
00:33:01 - La moitié d'un coffrage en fait.
00:33:03 Oui je comprends, si si je comprends. Donc on a
00:33:05 comme si on avait un vase en bois, je présume ?
00:33:07 - Tout à fait. - Et on colle la terre dessus ?
00:33:09 - Alors pour l'instant, on l'entoure de cordes.
00:33:11 - Alors on a du mal à trouver
00:33:13 la page dans le...
00:33:15 Je l'ai défautant dans mon truc.
00:33:17 - On a l'imagination.
00:33:19 - Oui oui, mais elle va mieux expliquer que moi.
00:33:21 Elle va très bien expliquer cette histoire de la corde.
00:33:23 - Oui oui, je vous écoute,
00:33:25 c'est vachement intéressant. Je pense que
00:33:27 on a compris, mais presque.
00:33:29 - Donc c'est un corps en bois qu'on entoure de cordes,
00:33:31 qu'on pose sur un tour.
00:33:33 Voilà, donc on actionne le tour lentement
00:33:35 et le potier va projeter
00:33:37 l'argile, va le projeter,
00:33:39 pas le poser. Donc il va jeter.
00:33:41 Poum !
00:33:43 Donc ça nécessite quand même une sacrée force.
00:33:45 - Argile comment ? Pâteux ? Liquide ?
00:33:47 - Oui c'est assez pâteux quand même. - Difficile ?
00:33:49 - Ah oui. - De trouver la bonne
00:33:51 texture, je veux dire, de l'argile.
00:33:53 - Oui ça c'est la texture, elle est
00:33:55 étudiée au préalable.
00:33:57 Bien évidemment, dans cette argile on va rajouter
00:33:59 de la chamotte, qui est une
00:34:01 argile cuite et broyée, qui va donner un
00:34:03 corps et une structure à l'argile.
00:34:05 Parce que c'est quand même des grandes pièces.
00:34:07 - Ah la vache ! - Donc il faut leur créer un petit squelette.
00:34:09 - Oui bien sûr, comme le fer
00:34:11 dans le béton. Maintenant on met de la
00:34:13 fibre dans le béton. - C'est ça.
00:34:15 - Ça rejoint ça. - Voilà.
00:34:17 Et là, on va commencer
00:34:19 à, comment dire,
00:34:21 créer la pièce. Voilà.
00:34:23 Donc c'est des tas de terre qui sont projetées sur cette
00:34:25 charpente entourée de cordes.
00:34:27 Et petit à petit, derrière il va y avoir
00:34:29 un gabarit qui va venir lisser
00:34:31 la pièce. Donc effectivement,
00:34:33 la pièce au début va être lisse.
00:34:35 Et ensuite si on a envie, on peut lui
00:34:37 faire des textures. On peut la texturer.
00:34:39 Puisque la terre est très molle,
00:34:41 en fait on peut la texturer un petit peu
00:34:43 comme on veut, la découper,
00:34:45 la décorer, la personnaliser.
00:34:47 Voilà.
00:34:49 - Et bien j'en ai jamais vu de ces poteries.
00:34:51 Et vous ?
00:34:53 - Oui bien sûr, j'en ai vu. Je les connais
00:34:55 très bien, je connais leur famille. - Non mais vous en avez
00:34:57 vu à vendre, à acheter ? J'en ai jamais vu.
00:34:59 - Oui, oui.
00:35:01 Il faudrait que moi, je suis designer de profession, donc
00:35:03 je connais assez bien les savoir-faire.
00:35:05 Parce que
00:35:07 quand on parle d'un territoire,
00:35:09 on parlait tout à l'heure de paysans, mais
00:35:11 ce qui est important, ce sont les
00:35:13 savoir-faire. Les savoir-faire
00:35:15 classiques ou
00:35:17 nouveaux. - D'accord. - C'est ce qu'on a
00:35:19 essayé d'aller chercher. - OK.
00:35:21 Nous on a, avec Djamel qui est à Paris, donc c'est
00:35:23 un ami, on a un savoir-faire, c'est celui
00:35:25 d'envoyer des pubs.
00:35:27 Les routes de l'été
00:35:29 avec Gérard Klein sur Sud Radio.
00:35:31 - T'arrives donc,
00:35:33 ça s'appelle Hospitalea, c'est ça la commanderie.
00:35:35 Au deuxième étage,
00:35:37 tu me dis ? Au deuxième étage, donc il y a cette
00:35:39 exposition d'objets qui sont
00:35:41 fabriqués ici, il y a Patogosse entre autres.
00:35:43 Et là, j'ai fait des photos avec
00:35:45 mon téléphone parce que, aujourd'hui on va plus vite
00:35:47 à regarder les photos dans un téléphone qu'à la
00:35:49 trouver dans un bouquin, c'est quand même extraordinaire.
00:35:51 On cherchait et puis en fait on ne la trouvait pas.
00:35:53 - Oui, Goï Goïtia,
00:35:55 c'est ça ? C'est l'histoire du...
00:35:57 Alors ce qui est bien dans l'exposition là-haut,
00:35:59 c'est que tous les petits panneaux qui vont raconter
00:36:01 ce qu'on est en train de regarder, commencent par
00:36:03 "C'est l'histoire". C'est vous qui avez pensé
00:36:05 à ça, vachement bien. C'est une très
00:36:07 très bonne idée. C'est vous ? C'est vous ?
00:36:09 - Oui, oui. - Il en a un mais
00:36:11 il ne veut pas se mettre sous le micro. - C'est l'association
00:36:13 Emédic, c'est un travail collectif.
00:36:15 Et donc on a été comme ça
00:36:17 chercher
00:36:19 des tas d'objets
00:36:21 de typologies complètement différentes
00:36:23 sur l'ensemble du territoire basque.
00:36:25 On n'est pas en train de parler du pays basque français
00:36:27 ni espagnol. On va
00:36:29 de la Basse-Navarre
00:36:31 jusqu'à l'Abiscaille.
00:36:33 Pour nous c'était... - Ah ouais ?
00:36:35 - C'est un travail de mémoire collectif justement
00:36:37 qu'on a essayé de faire. Pour sortir un petit peu
00:36:39 des clichés touristiques, du piment des Spolettes.
00:36:41 - Ah oui, alors...
00:36:43 Je n'ai pas osé le dire.
00:36:45 Ça ne doit pas être facile d'en sortir.
00:36:47 Ah non, mais c'est vrai. Ça colle à une région,
00:36:49 il n'y a que le piment des Spolettes.
00:36:51 - Non mais après la culture du piment, c'est quelque chose d'intéressant.
00:36:53 - Ah oui ? - C'est intéressant en agriculture.
00:36:55 - Qu'est-ce que tu veux dire ? - Il y a le piment d'eau aussi,
00:36:57 qui est très très bon.
00:36:59 Vous imaginez la petite poêle avec
00:37:01 une matière grasse, vous allez le faire revenir
00:37:03 avec des petits lardons, et puis vous allez casser
00:37:05 deux ou trois oeufs, et vous roulez ça comme une omelette
00:37:07 et vous passez à table
00:37:09 une petite tranche de ventreche
00:37:11 et ça vous met un coup de peps. - Et bien Antoine,
00:37:13 tu ne veux pas finir ? Je vais descendre avec lui.
00:37:15 Et puis on va manger ça.
00:37:17 Et donc là-haut, ce qui est bien, c'est que ça commence à chaque fois
00:37:19 par "C'est l'histoire d'une famille"
00:37:21 je trouve ça très très bien. Donc là, c'est l'histoire
00:37:23 d'une famille originaire de
00:37:25 Escua ? - Escua, oui.
00:37:27 - Voilà. Et là, il y a la photo du monsieur
00:37:29 dont je disais "Il est beau, regardez, regardez".
00:37:31 Attends, je vais lui montrer à la jeune femme. Il est bien, non ?
00:37:33 - Ah oui. Alors ça, c'est Jeanot.
00:37:35 Jean-Juan Icotena.
00:37:37 Ça a été l'un des premiers employés
00:37:39 de la poterie Goïcotxia.
00:37:41 Effectivement. Donc il a
00:37:43 commencé tout jeune avec
00:37:45 mes grands-parents et puis mes parents.
00:37:47 Et c'est lui qui a été à l'origine
00:37:49 de la technique de la corde. - Ah oui ?
00:37:51 - Donc, oui. C'est lui qui l'a vraiment lancé.
00:37:53 Qui a vraiment...
00:37:55 Qui a été là au début, en fait.
00:37:57 - Et il est arrivé, il avait quel âge ? Tout petit ?
00:37:59 Jeune ? - Non, non, non.
00:38:01 Il était adulte, jeune adulte.
00:38:03 Voilà, dans les années 80, au tout début.
00:38:05 Et puis voilà, il a suivi
00:38:07 l'aventure jusqu'à ce qu'il prenne sa retraite
00:38:09 il y a à peu près trois ans. - D'accord.
00:38:11 - Voilà. - Ah, c'est marrant. Et vous, alors,
00:38:13 ça vous plaît ou parfois
00:38:15 récupérer, enfin, hériter d'une énorme entreprise,
00:38:17 enfin, d'une entreprise, c'est pas facile des fois
00:38:19 pour les filles ou les fils ? - Non.
00:38:21 Ce qu'il y a eu, c'est que nos parents
00:38:23 ne nous ont jamais forcés à reprendre
00:38:25 l'entreprise.
00:38:27 Avec mon frère, on l'a fait de notre
00:38:29 propre chef, quoi. Voilà.
00:38:31 Moi, je suis partie faire mes expériences
00:38:33 ailleurs, j'étais à l'étranger
00:38:35 et puis je suis revenue. Je suis revenue
00:38:37 et je me suis dit "on a une très belle
00:38:39 entreprise" et
00:38:41 voilà. Il y a de quoi faire.
00:38:43 - Je suis curieux, d'abord l'étranger,
00:38:45 bon, où, et puis après
00:38:47 des aventures, enfin, un morceau
00:38:49 de vie, quoi. Vous faisiez quoi et où ?
00:38:51 Ça ne me regarde pas, c'est pour ça que je demande.
00:38:53 - Je suis restée en Angleterre
00:38:55 pendant un peu plus d'un an.
00:38:57 Je voulais apprendre l'anglais, bien évidemment
00:38:59 et j'ai travaillé en jardinerie
00:39:01 donc il y avait quand même un lien direct avec
00:39:03 l'entreprise. Et là, je me suis dit
00:39:05 "ah, il y a vraiment un marché
00:39:07 hyper important en Angleterre,
00:39:09 j'ai envie de développer ça" et c'est la raison
00:39:11 pour laquelle je suis rentrée
00:39:13 à la poterie au début et je me suis dit
00:39:15 "il y a quelque chose de super à faire"
00:39:17 et voilà. Et donc,
00:39:19 j'ai postulé, j'ai demandé
00:39:21 à mes parents "voilà, j'ai un projet
00:39:23 de développer la vente
00:39:25 à l'export, est-ce que ça vous intéresse ?"
00:39:27 - Et alors ?
00:39:29 - Et bien,
00:39:31 ils m'ont dit "oui, va
00:39:33 à fond dans ton projet".
00:39:35 - Et le frère, il est plus
00:39:37 âgé ? - Il est un peu plus jeune que moi,
00:39:39 il a deux ans de moins.
00:39:41 Alors lui, c'est vraiment dirigé vers la technique,
00:39:43 il a fait
00:39:45 un céramique, il a fait
00:39:47 ses études à Vierzon. - Une école ?
00:39:49 - Une école de céramique. - De température,
00:39:51 de cuisson ? - Un petit peu
00:39:53 de tout, oui.
00:39:55 C'est une école assez technique
00:39:57 et lui, le métier était déjà
00:39:59 une évidence
00:40:01 pour lui.
00:40:03 Donc il est rentré un petit peu avant moi, un an avant
00:40:05 moi et puis on se rejoint tous les deux
00:40:07 et puis depuis, ça fait 16 ans
00:40:09 maintenant qu'on continue
00:40:11 l'aventure ensemble.
00:40:13 - Vous avez commencé jeune ? - Oui.
00:40:15 - Et alors vous avez des fours, des gros,
00:40:17 des grands ? - Ah oui, on a plusieurs fours en tout,
00:40:19 on en a huit.
00:40:21 Des petits, des moyens et puis des très gros.
00:40:23 Ça dépend de la taille des pièces et comme on est
00:40:25 spécialisé dans la fabrication
00:40:27 de grosses pièces, on a des fours
00:40:29 plutôt grands, oui. - Ah, mais j'aimerais
00:40:31 bien voir. Une pièce
00:40:33 comme ça, on la laisse sécher combien de temps avant de la cuire ?
00:40:35 - Alors ça dépend de la taille
00:40:37 des pièces parce que nous on fait du tout petit, on fait
00:40:39 du moyen. - La photo c'est 80 ?
00:40:41 - Ouais. Ces pièces-là, en général,
00:40:43 ça dépend du gabarit,
00:40:45 ça dépend du temps, ça dépend du climat.
00:40:47 - Quand c'est humide, ça met plus longtemps à sécher,
00:40:49 bien sûr. - Ah oui, en ce moment, avec 90%
00:40:51 d'humidité, ça reste un peu compliqué de faire
00:40:53 sécher des grosses pièces, donc on les séche.
00:40:55 - Vous avez des séchoirs, des ventilateurs ? - Oui, on a des
00:40:57 extracteurs, voilà, on essaie
00:40:59 de limiter
00:41:01 un petit peu cette humidité, c'est pas facile.
00:41:03 Voilà, on peut pas non plus trop forcer, donc
00:41:05 en général,
00:41:07 il faut une semaine, voilà.
00:41:09 - Quand on dit "à l'export", ça veut dire qu'on
00:41:11 envoie des pièces ? - Oui.
00:41:13 - Comment ? - Alors ça part
00:41:15 en palettes, bien évidemment, alors ça part
00:41:17 en camion, mais pas que. À l'export, ça part
00:41:19 en bateau et aussi en avion. - Comment on
00:41:21 emballe ça, pour que ça pète pas ?
00:41:23 - On les palettise, en fait,
00:41:25 et puis on met de la protection, ça c'est
00:41:27 un métier aussi. - On met de la bulle ?
00:41:29 - Ouais, des cartons, des...
00:41:31 - Ouais, c'est pas évident quand même.
00:41:33 - Non, on essaie de mettre le moins
00:41:35 d'emballage possible, mais le mieux placé
00:41:37 possible, voilà, pour que les pots voyagent
00:41:39 de manière sécurisée.
00:41:41 - C'est marrant, à Drus,
00:41:43 de là où j'habite,
00:41:45 en Gombogni, je connais un gars qui fait des caisses,
00:41:47 enfin qui vend du bois, des caisses.
00:41:49 Mais des caisses
00:41:51 énormes ! Un jour, je lui dis "mais
00:41:53 qu'est-ce que t'en vois ?" C'est un morceau
00:41:55 de satellite. Un petit
00:41:57 bout, une pièce, je sais pas ce que c'était dans le satellite,
00:41:59 mais la caisse, elle faisait 2,50 mètres
00:42:01 de long,
00:42:03 1 mètre de large et 1 mètre de haut
00:42:05 pour un objet qui était gros comme 2 fois
00:42:07 un point, tu vois. Magnifique,
00:42:09 magnifique, mais magnifique !
00:42:11 Amortisseur, des combines,
00:42:13 c'est top, je trouve ça extra.
00:42:15 Mais là, c'est du lourd quand même, c'est lourd, donc c'est
00:42:17 palette. Palettiser, filmer,
00:42:19 tout le machin. - C'est incassable.
00:42:21 - Pardon ? - C'est incassable, c'est tellement bien fait.
00:42:23 - Ben ouais, c'est incassable, mais c'est quand même
00:42:25 inquiétant quand t'as un truc comme ça,
00:42:27 fragile. La fille de Jacques Chirac,
00:42:29 on était dans le musée l'autre jour,
00:42:31 donc c'est les cadeaux qui ont été faits au président
00:42:33 de la République et tout, elle est top.
00:42:35 Son mari et elle, vraiment, ils étaient
00:42:37 extra. Et donc,
00:42:39 il y a un truc qui est arrivé
00:42:41 par courrier à l'Elysée, c'est un vase
00:42:43 qui vient des Etats-Unis,
00:42:45 mais fin, vous n'imaginez pas,
00:42:47 quoi. Et ben il était pas pété.
00:42:49 Personne ne compris pourquoi.
00:42:51 Une pièce extraordinaire, en or à l'intérieur, un truc
00:42:53 très très beau. Donc le transport, c'est pas
00:42:55 évident, ou alors c'est un coup de poux. Je ne sais pas.
00:42:57 Et vous alors, monsieur le designer,
00:42:59 c'est pas un gros mot ? - Non, c'est pas un gros mot.
00:43:01 - Ah bon ? - Ben le connard.
00:43:03 - En français, on dirait quoi ?
00:43:05 - Euh... J'en sais rien.
00:43:07 - Ben oui, y a pas beaucoup de mots pour dire designer.
00:43:09 - En basque, on dit "chêne à tsaïléa".
00:43:11 - Ouais, je sais pas. En basque ?
00:43:13 Ben alors peut-être, utiliser
00:43:15 ce mot-là, c'est peut-être plus joli que designer.
00:43:17 Non ? - Non, ça va, y a pas de problème.
00:43:19 Là-dessus, y a pas de problème. - Donc j'ai
00:43:21 les photos dans mon téléphone, y a plusieurs choses
00:43:23 que j'ai vues dont je voudrais vous parler, mais ça va peut-être durer
00:43:25 assez longtemps. Il est 10h54.
00:43:27 Y a vous, donc, avec les poteries,
00:43:29 et y a aussi, y a le
00:43:31 ça, qui est typique d'ici, c'est
00:43:33 la pierre. La pierre qui fait... C'est un jeu,
00:43:35 hein ? - Ouais. - Qui fait combien ? 300 kilos ?
00:43:37 - Euh, celle-là, elle est un peu...
00:43:39 Non, elle est un peu moins lourde, même si
00:43:41 Anna me l'a fait porter
00:43:43 moi-même, elle fait 80 kilos, c'était suffisant.
00:43:45 - Vous l'avez portée ? - C'était suffisant, oui.
00:43:47 - Là, y a une photo d'un gars qui porte... - Oui, la chatelaine,
00:43:49 c'est lui qui a porté la caillou.
00:43:51 - Ça a fait rigoler, hein ? Vraiment, ça pète pas,
00:43:53 mais un petit peu quand même. - Elle nous dirige
00:43:55 comme elle veut. - J'ai vu. C'est pour ça
00:43:57 on lui a enlevé le micro, tu parles en plume,
00:43:59 on ne plie jamais. Et donc, y a des gars
00:44:01 qui portent des pierres de
00:44:03 300 kilos, c'est un sport,
00:44:05 c'est un jeu d'ici, quoi. - Oui.
00:44:07 - Et à la fin du petit texte, alors attends,
00:44:09 j'ai... - C'est un sport qui vient un petit peu d'une
00:44:11 activité professionnelle, en fait, du travail.
00:44:13 - Bien sûr. - Le travail se transforme
00:44:15 en un jeu et un pari.
00:44:17 - Alors l'actuel record est élu
00:44:19 par quelqu'un qui s'appelle
00:44:21 Melcha, je sais pas comment on dit,
00:44:23 M-I-E-L-T-X-A,
00:44:25 329 kilos
00:44:27 en 2001, il a porté quand même,
00:44:29 et y en a un autre qui a fait,
00:44:31 attendez un, seul à réaliser
00:44:33 1000 levées
00:44:35 de 100 kilos,
00:44:37 1000 fois il a levé 100 kilos,
00:44:39 en 5 heures. - Oui.
00:44:41 Moi j'en fais deux fois.
00:44:43 - Pour combien de temps ? En une journée ?
00:44:45 - Deux jours.
00:44:47 J'ai mal au dos depuis.
00:44:49 - Non mais tu rencontres, et 1000 fois...
00:44:51 - L'objet est assez beau, même si c'est quelque chose
00:44:53 de très, comme ça, au départ rustique,
00:44:55 mais l'objet est assez impressionnant.
00:44:57 - La pierre ? - C'est presque sacré, quoi.
00:44:59 - C'est une sphère ? - C'est une sphère.
00:45:01 - Et y a pas de trous pour enfiler les doigts ? - Non, y a pas de trous.
00:45:03 Y a aussi des pierres qui sont
00:45:05 sauvages, là, elles sont calibrées,
00:45:07 y a deux ou trois types de...
00:45:09 de levées différents.
00:45:11 C'est assez impressionnant.
00:45:13 - Et comment vous êtes arrivé dans cette région ? Vous êtes d'ici ?
00:45:15 - Moi je suis né
00:45:17 au Pays Basque, je suis né à Askin.
00:45:19 J'ai bougé aussi un petit peu,
00:45:21 mais je suis revenu.
00:45:23 Et là c'est un travail de copains,
00:45:25 en fait on est dans le design,
00:45:27 mais aussi dans la communication,
00:45:29 on travaille auprès des entreprises,
00:45:31 et on s'est rendu compte assez vite
00:45:33 qu'on avait peu de mémoire collective.
00:45:35 Donc on a essayé
00:45:37 comme ça de travailler un petit peu avant la pandémie,
00:45:39 à aller chercher des objets,
00:45:41 tous assez différents.
00:45:43 On peut avoir une pierre,
00:45:45 on peut avoir une paire de chaussures,
00:45:47 ou un bonbon, ou un vélo,
00:45:49 ou une aérolienne.
00:45:51 - Y a une veste très très belle.
00:45:53 - Donc on a essayé comme ça de ne pas faire attention
00:45:55 ni à la typologie,
00:45:57 ni à la chronologie.
00:45:59 Et on est sur l'ensemble du territoire
00:46:01 du Pays Basque, donc, depuis Bilbao,
00:46:03 Pampelune, Moléon, Bayonne,
00:46:05 et l'idée étant
00:46:07 comme ça, au travers de ces objets,
00:46:09 de raconter
00:46:11 des facettes d'un pays un peu plus
00:46:13 comment dire,
00:46:15 moins cliché.
00:46:17 Comme ça, au travers de ces objets,
00:46:19 on peut raconter un contexte historique,
00:46:21 un contexte politique, social,
00:46:23 inventeur,
00:46:25 ou d'où vient cette capacité
00:46:27 de création.
00:46:29 Notre idée étant
00:46:31 de donner,
00:46:33 de créer de la confiance,
00:46:35 de dire "on a créé,
00:46:37 on est en train de créer,
00:46:39 et on va le faire."
00:46:41 On va essayer de résister aux crises.
00:46:43 - Alors dans une minute, je vais vous poser des questions
00:46:45 sur un objet.
00:46:47 Un bel objet.
00:46:49 Avec Iris Arie.
00:46:51 Vous êtes à Iris Arie.
00:46:53 Avec du beau monde.
00:46:55 Avec le monsieur qui est designer.
00:46:57 Si vous prenez le micro,
00:46:59 j'ai même pas dit votre nom.
00:47:01 - Jean-Louis Ilatsocky.
00:47:03 - C'est mieux, quand c'est vous qui le dites.
00:47:05 Parcours de vie. La Chatelaine
00:47:07 disait "ton parcours de vie"
00:47:09 ou "votre", vous le voyez ?
00:47:11 "Tutoyer".
00:47:13 Ton parcours de vie, etc.
00:47:15 C'est quoi votre parcours de vie ?
00:47:17 - Mon parcours de vie,
00:47:19 je suis né, comme je vous l'ai dit, à Asca.
00:47:21 Asca est né.
00:47:23 J'ai fait des études
00:47:25 à l'école Boulle, en architecture intérieure.
00:47:27 J'ai passé deux ans à Madrid, dans une école de design.
00:47:29 J'ai vécu deux ans au Brésil.
00:47:31 Une année en Argentine.
00:47:33 J'ai décidé de rentrer au pays
00:47:35 et d'essayer de participer au développement
00:47:37 économique et peut-être culturel,
00:47:39 en collaborant avec des entreprises.
00:47:41 - D'accord.
00:47:43 En Argentine, avec des Basques ?
00:47:45 - Non.
00:47:47 Je ne cherchais pas particulièrement des Basques.
00:47:49 Il y a un peu de tout là-bas.
00:47:51 Il y a pas mal de Basques aussi.
00:47:53 - Ah oui, bien sûr.
00:47:55 - Il y a pas mal de Basques au Chili aussi.
00:47:57 Non, c'était plutôt...
00:47:59 Je suis parti avec Architectes sans frontières au Brésil.
00:48:01 J'ai travaillé là-bas.
00:48:03 Ensuite, j'ai voyagé un petit peu.
00:48:05 J'ai vadrouillé, je dirais.
00:48:07 Je me suis décidé à un moment donné...
00:48:09 - A revenir ?
00:48:11 - A revenir et à commencer à travailler.
00:48:13 Je suis d'une famille de travailleurs.
00:48:15 Mon père était menuisier, ma mère était couturière.
00:48:17 Il fallait quand même...
00:48:19 - Vous étiez dans le geste, tous les deux ?
00:48:21 - Oui, tout à fait. Je venais dans les copeaux et le tissu.
00:48:23 - Ah, quelle chance !
00:48:25 - Oui.
00:48:27 - Quand on vadrouille, quand on a ce que vous avez dans la tête
00:48:29 et que vous avez un peu le cul à l'intérieur,
00:48:31 juste en regardant les parents faire des gestes,
00:48:33 qu'est-ce que vous regardiez dehors ?
00:48:35 Le vert, le végétal ?
00:48:37 Qu'est-ce qui vous attirait quand vous étiez plus jeune ?
00:48:39 On va dire même maintenant.
00:48:41 Les formes ?
00:48:43 - Plutôt les formes et les matériaux.
00:48:45 Je suis pas très végétal.
00:48:47 On était peut-être pas très proche de l'agriculture.
00:48:49 On vivait à la campagne, dans un endroit magnifique.
00:48:51 Mais c'était plutôt les matériaux,
00:48:53 les constructions, les manières de...
00:48:55 Et les patrons de ma mère.
00:48:57 Qu'elle taillait en carton.
00:48:59 Et les charpentes ou le mobilier de mon père.
00:49:01 C'était comme ça, des compléments.
00:49:03 Mais ça, tout petit.
00:49:05 Et après, j'ai une formation.
00:49:07 - Ah oui, c'est intéressant.
00:49:09 En Argentine, à côté du Chili,
00:49:11 l'Argentine, c'est un peu plus plat, on va dire.
00:49:13 - Oui, c'est plat.
00:49:15 Il y a quelques montagnes quand même.
00:49:17 - Il y a la Cordillère.
00:49:19 Mais on est dans des décors plus plats.
00:49:21 - Oui, et beaucoup plus étendus.
00:49:23 - Et tendus.
00:49:25 - Et tendus. Qu'est-ce qui vous attire l'oeil?
00:49:27 - Ici, on est quand même dans des zones...
00:49:29 À part si on va sur la Navarre
00:49:31 ou sur une partie de l'Abiscaille.
00:49:33 Sinon, on a des zones assez, je dirais...
00:49:35 Comme ça, contrôlées.
00:49:37 On soit à la montagne ou près de la mer.
00:49:39 On n'est pas dans les Landes.
00:49:41 - Alors en Argentine, qu'est-ce qui vous a attiré l'oeil?
00:49:43 Architecture?
00:49:45 - Euh...
00:49:47 La langue, la culture.
00:49:49 La musique.
00:49:51 - Brésil?
00:49:53 - Brésil, c'est magnifique. J'ai adoré.
00:49:55 Là, c'était un truc de fou.
00:49:57 À l'époque, c'était...
00:49:59 Avant, Lula, il y a longtemps.
00:50:01 C'était un...
00:50:03 - Non, non.
00:50:05 - Là, c'est...
00:50:07 Je ne suis pas des...
00:50:09 C'est un continent, ce n'est pas un pays.
00:50:11 C'est quelque chose de...
00:50:13 - C'est une ambiance?
00:50:15 - C'est la diversité, c'est l'ambiance.
00:50:17 J'aime bien la nourriture.
00:50:19 Je peux aller manger cher, ça, hein.
00:50:21 - La particulier des Basques, c'est qu'on a eu tous,
00:50:23 à un moment donné, besoin de partir.
00:50:25 Pourtant, tout le monde disait "mais c'est beau, le Pays Basque".
00:50:27 Mais le fait de partir
00:50:29 quelques années, des expériences,
00:50:31 et le fait de revenir après,
00:50:33 vous dites "c'est quand même chouette".
00:50:35 Et là, vous créez des liens très forts, je trouve.
00:50:37 - Oui.
00:50:39 - C'est très nourrissant, partir.
00:50:41 - C'est possible, aujourd'hui,
00:50:43 parce qu'il y a... à la condition de créer des emplois.
00:50:45 Mais très longtemps,
00:50:47 les gens ont dû partir.
00:50:49 Ils ont été émigrés.
00:50:51 Et ça, c'était plutôt une souffrance.
00:50:53 Une bonne partie des gens partaient
00:50:55 tout d'abord aux Etats-Unis,
00:50:57 ou alors en Amérique du Sud,
00:50:59 ou alors à Paris.
00:51:01 Et donc, là, il y a eu quand même...
00:51:03 Je veux dire, la plupart des...
00:51:05 Beaucoup d'actifs sont partis,
00:51:07 et le pays s'est appauvri.
00:51:09 Aujourd'hui, on peut essayer
00:51:11 de créer des emplois,
00:51:13 pas que du tourisme non plus.
00:51:15 Parce que les emplois autour du tourisme
00:51:17 sont plutôt quand même médiocres.
00:51:19 Et donc, on essaie
00:51:21 de créer des emplois.
00:51:23 Le collectif M-Indiq essaie de travailler
00:51:25 justement à collaborer
00:51:27 avec des entreprises comme Alki,
00:51:29 comme Sokoa,
00:51:31 dans le mobilier, etc.
00:51:33 - Pour Alki, on a la chaise.
00:51:35 - Oui.
00:51:37 - C'est lui qui l'a créée.
00:51:39 - Alors, racontez, parce que c'est vraiment intéressant.
00:51:41 La chaise, elle est en plastique recyclé.
00:51:43 C'est pas celle-là?
00:51:45 - Oui, oui, sur l'expo, oui.
00:51:47 - Dans l'expo? Oui, mais j'ai l'expo
00:51:49 dans mon téléphone.
00:51:51 - C'est une petite entreprise,
00:51:53 c'est une coopérative.
00:51:55 C'est une coopérative qui travaillait
00:51:57 dans le mobilier en bois massif.
00:51:59 - Voilà, exactement.
00:52:01 - Et qu'on a un petit peu...
00:52:03 Comment dire? Renouvelée,
00:52:05 rafraîchie à partir des années 2010.
00:52:07 Et un des objets
00:52:09 de l'exposition, effectivement,
00:52:11 c'est une chaise avec
00:52:13 une carcasse en bioplastique.
00:52:15 Parce que quand on s'est dit, tiens,
00:52:17 il nous faut une carcasse pour les restaurants,
00:52:19 on s'est dit, on va pas utiliser un plastique fossile,
00:52:21 on va essayer de faire autre chose.
00:52:23 Et on a été, comme ça, chercher, faire des enquêtes
00:52:25 un petit peu sur les nouveaux plastiques
00:52:27 à base d'amidon.
00:52:29 Et donc, on a travaillé avec Audi,
00:52:31 la marque de voiture en Italie.
00:52:33 Et ils nous ont accordé
00:52:35 le matériau.
00:52:37 Et donc, bizarrement, depuis Chachou,
00:52:39 avec Alki, on a fait la première chaise
00:52:41 en bioplastique sur le marché.
00:52:43 - Mais elle est bien vendue, hein?
00:52:45 - Oui, oui, ça fonctionne bien.
00:52:47 - Ah oui, vraiment, on la trouve partout.
00:52:49 Et les petits plateaux?
00:52:51 Le plateau, c'est pas du papier?
00:52:53 - Le Palma della.
00:52:55 - Le plateau Palma della.
00:52:57 Alors ça, c'est une aventure.
00:52:59 C'est-à-dire, ça, c'est au tout début...
00:53:01 C'est une technique qui vient d'Allemagne,
00:53:03 qu'on avait installée à Berra-le-Bidassoir.
00:53:05 Donc, ils font des plateaux,
00:53:07 des petits plateaux qui pouvaient se laver,
00:53:09 qui pouvaient être nettoyés
00:53:11 dans le lave-vaisselle.
00:53:13 Et puis, un jour,
00:53:15 lors de l'exposition universelle de Séville,
00:53:17 92, je crois,
00:53:19 il y a un architecte qui est venu en disant
00:53:21 "Si c'est nettoyable dans un lave-vaisselle,
00:53:23 pourquoi on le met pas à l'extérieur?
00:53:25 Pourquoi on s'en sert pas pour des parois
00:53:27 au niveau architecture?"
00:53:29 Et donc, ils ont fait comme ça un pavillon.
00:53:31 Et ça a été un carton énorme.
00:53:33 Aujourd'hui, il y a plus de 250 personnes
00:53:35 à Berra qui travaillent
00:53:37 sur des parois en bois extérieures
00:53:39 qui résistent 50 ans
00:53:41 à l'eau et au soleil.
00:53:43 Ce sont des petites aventures comme ça.
00:53:45 - Ah non, mais il y a du métal aussi, beaucoup.
00:53:47 Et Rodon, je ne connaissais pas,
00:53:49 en fait. Rodon,
00:53:51 qu'est-ce que c'est?
00:53:53 - Le métal, c'est le gros
00:53:55 de l'industrie du Pays Basque,
00:53:57 puisqu'il y avait du minerai en Guipouscois,
00:53:59 en Basse-Navarre aussi, historiquement,
00:54:01 et surtout en Biscay, autour de Bilbao.
00:54:03 Donc, du minerai,
00:54:05 encore une fois,
00:54:07 ce sont comme des fils souterrains
00:54:09 comme ça qu'on a essayé d'expliquer.
00:54:11 Le minerai, il commence au 12e,
00:54:13 13e siècle. Il y a des mines.
00:54:15 Ensuite, il y a des forges.
00:54:17 Ensuite, il y a
00:54:19 des canons, au 16e,
00:54:21 au 15e. La Biscay
00:54:23 est avec Tolède un endroit de production.
00:54:25 Puis, on passe à l'arme blanche.
00:54:27 Enfin, au fusil.
00:54:29 Et par exemple, on a Eybar,
00:54:31 qui est une ville de Biscay, qui est une espèce
00:54:33 de Saint-Etienne.
00:54:35 Et donc, ensuite, il y a
00:54:37 crise sur crise, comme partout,
00:54:39 1929. Et par exemple, certains
00:54:41 se mettent à faire des vélos
00:54:43 avec des canons. Ils se font des vélos.
00:54:45 Et aujourd'hui, c'est la marque Orbea, qui est une marque
00:54:47 internationale, qu'on a exposée aussi.
00:54:49 Voilà, donc, c'est cette capacité
00:54:51 à faire face aux crises.
00:54:57 Aujourd'hui, on en aura encore,
00:54:59 environnementales, etc. Mais bon,
00:55:01 l'idée, c'est de pouvoir continuer.
00:55:03 - Dans une minute,
00:55:05 on revient à la suite, pas de l'exposition,
00:55:07 mais de tout ce que vous nous racontez.
00:55:09 C'est passionnant. Et mon téléphone,
00:55:11 en fait, j'y comprends rien. Je n'arrive pas à retrouver
00:55:13 mes photos. Laisse tomber, Antoine.
00:55:15 Vas-y, Jamel.
00:55:17 Alors, Irisary,
00:55:19 donc, dans une grande salle
00:55:21 de la commanderie hospitalière. C'est beau, moi,
00:55:23 j'adore ici. J'ai remarqué ce matin,
00:55:25 on a remarqué qu'il y avait un bout de bois sur deux
00:55:27 dans le plafond. Peut-être qu'ils n'ont pas fini la construction.
00:55:29 À ma gauche, donc, le voisin.
00:55:31 À ma gauche, gauche, la Chatelaine.
00:55:33 La Chatelaine. - Respect.
00:55:35 - Ouais, respect, la Chatelaine.
00:55:37 Et encore, en face de moi, maintenant,
00:55:39 le monsieur qui est designer, qui a dit son nom,
00:55:41 qui est un très beau nom, mais que je n'arrive pas trop à répéter,
00:55:43 d'abord parce que je l'ai un peu oublié.
00:55:45 Puis ensuite, parce que c'est compliqué.
00:55:47 Et on parle... Allez-y, madame la Chatelaine,
00:55:49 vous alliez parler de quelque chose,
00:55:51 de l'exposition qui est toujours là-haut,
00:55:53 avec, donc, des objets qui sont fabriqués ici,
00:55:55 justement, dans un but aussi,
00:55:57 c'est de continuer à faire travailler des gens
00:55:59 d'une manière intéressante sur des produits intelligents.
00:56:01 Donc, je disais, rodon,
00:56:03 je ne connais pas, c'était le bracelet,
00:56:05 c'est du métal aussi, embouti.
00:56:07 C'est embouti, non ?
00:56:09 C'est des petites boules ? - Oui, en l'occurrence,
00:56:11 non, c'est pas embouti, c'est coulé, c'est de l'argent.
00:56:13 - Ah, c'est de l'argent, c'est coulé ?
00:56:15 Mais c'est en creux, je veux dire, c'est pas une boule d'argent.
00:56:17 - C'est en creux, parce qu'on rampe pas trop,
00:56:19 il faut économiser quand même les matériaux.
00:56:21 - Ah, c'est de l'argent, je ne savais pas.
00:56:23 - Et alors, attends, je recherche.
00:56:25 - Oui, on parlait tout à l'heure de
00:56:27 comment c'est chaque texte des panneaux.
00:56:32 C'est quoi, c'est ceci, c'est l'histoire de la famille ?
00:56:37 - Oui, c'est l'histoire de...
00:56:39 L'idée, c'était surtout de...
00:56:41 L'idée, c'était de pouvoir prendre ce bouquin
00:56:43 et de lire un chapitre ou deux
00:56:47 et de différencier complètement.
00:56:49 L'idée, c'était de montrer la variété.
00:56:52 On passe d'un bonbon à une chaîne industrielle,
00:56:55 d'une chaîne industrielle à un objet en cuir,
00:56:58 et puis on passe d'un objet du XIIe siècle
00:57:01 à une fibre ultra-technique d'aujourd'hui,
00:57:04 ou presque de demain.
00:57:06 C'était un peu l'idée.
00:57:08 - Moi, j'ai eu la lourde mission de résumer,
00:57:10 on va dire, les textes qui ont été écrits dans le livre
00:57:13 par Jean-Louis et toute l'équipe d'Emendic.
00:57:15 Et ils ont vraiment fait ça avec un vrai souci.
00:57:20 C'est pas juste les objets,
00:57:22 le texte qui raconte l'histoire de manière très factuelle.
00:57:25 Il y a une très belle écriture.
00:57:27 On rentre dans l'histoire des objets.
00:57:29 Il a fallu essayer de garder cet esprit-là,
00:57:32 cette ambiance dans les textes.
00:57:34 Ça n'a pas été facile.
00:57:36 - Et on a trois versions de livres.
00:57:38 Donc, jusqu'à la française, jusqu'à la anglaise,
00:57:42 jusqu'à la espagnole.
00:57:44 Et du coup, on a eu un public comme ça.
00:57:46 On a eu des commandes des États-Unis,
00:57:48 des commandes un peu partout.
00:57:50 C'était assez surprenant, parce que pour nous,
00:57:52 c'est le premier livre.
00:57:54 C'était une association.
00:57:56 Et du coup, on en a quand même...
00:57:58 Il s'en va beaucoup plus que ce qu'on ne pensait.
00:58:00 On est à la quatrième édition, je crois.
00:58:02 Et là, on est en train de préparer une phase 2,
00:58:04 qui serait une phase digitale,
00:58:06 où on va faire des vidéos sur des créateurs,
00:58:11 des gens qui ont pris des initiatives.
00:58:13 Ça peut être un créateur ancien
00:58:15 ou un agriculteur qui a changé les méthodes
00:58:17 ou quelqu'un qui a lutté un petit peu...
00:58:19 qui a lutté au niveau social
00:58:21 ou même au niveau armé, hein, au Pays basque.
00:58:24 Et donc, on est allé chercher comme ça.
00:58:26 On va aller chercher toutes les initiatives.
00:58:28 - Alors, devant moi, j'ai le tire-bouchon,
00:58:31 que je connais, bien entendu.
00:58:33 Je ne savais pas du tout que c'était...
00:58:34 - Le hibou. - Ah ouais ?
00:58:35 Ouais, c'est vachement bien.
00:58:36 Le hibou, parce que quand il a les deux ailes déployées
00:58:40 et puis les deux axes, ça fait une tête.
00:58:42 Je ne savais pas du tout que ça venait d'ici, moi.
00:58:44 - Ouais, alors le hibou, c'est pareil.
00:58:45 Là aussi, on est dans le territoire de l'armement.
00:58:49 - Oui. - Des gens qui ont des problèmes
00:58:51 juste après la crise de 1929,
00:58:55 puisqu'on vendait beaucoup d'armement aux États-Unis.
00:58:59 Et donc, quand les mesures restrictives sont prises,
00:59:01 eh bien, il faut faire autre chose.
00:59:03 Eh bien, ces gens-là se mettent...
00:59:04 Comme il y a quand même pas mal de vignobles au Pays basque,
00:59:07 il y a du Tchakoli, il y a de la Riora,
00:59:09 ici, on a l'Irulegui,
00:59:11 et puis on consomme un petit peu aussi.
00:59:13 Donc le tire-bouchon...
00:59:15 Le tire-bouchon...
00:59:17 - Ah, le tire-bouchon. - ... est très intéressant.
00:59:19 Il est très bien fait. - Il a deux bras, en fait.
00:59:21 - Il a 100 ans. - Oui, il a 100 ans.
00:59:23 - C'est des experts, quand même, de l'armement
00:59:25 qui se réinventent et qui avaient, en fait,
00:59:28 ce savoir-faire des mécanismes
00:59:30 qui vont créer, du coup, les tire-bouchons.
00:59:32 - Qui atterrissent à un tire-bouchon.
00:59:34 Vous imaginez, le mec, il fait des armes tous les jours,
00:59:36 et là, c'est la crise, tu sais, on va faire un tire-bouchon.
00:59:39 On va créer quelque chose pour ouvrir.
00:59:41 Pour ouvrir cette fameuse bouteille,
00:59:43 pour oublier un peu le...
00:59:45 - Les soucis. - Les soucis.
00:59:47 - C'est génial. - Ah non, c'est génial.
00:59:49 Et puis on sent bien que c'est des gens
00:59:51 de métal et de mécanique, quoi,
00:59:53 parce que c'est vraiment réfléchi, quoi.
00:59:55 - Oui. - C'est vraiment...
00:59:57 C'est ganbergé bien comme il faut. - Il y a eu aussi...
00:59:59 Parce que c'est difficile de qualifier au niveau...
01:00:01 Au niveau design,
01:00:03 les cultures...
01:00:05 Mais on peut dire qu'Aubry-Vasque,
01:00:07 il a toujours été fait des choses relativement bien faites.
01:00:09 Pas très...
01:00:11 Ni dans l'installation, ni dans la déco.
01:00:13 Plutôt dans le fer.
01:00:15 On est toujours dans le fer. - Dans l'utile.
01:00:17 - Dans l'utile, dans le fonctionnel.
01:00:19 Et donc, ce sont des objets, du coup,
01:00:21 résistants et...
01:00:23 Voilà, et pérennes. - Et les chaînes.
01:00:25 Les chaînes de bateaux,
01:00:27 les chaînes. - Ah oui. - On fabrique des chaînes.
01:00:29 Tu vas voir, j'ai fait une photo, là.
01:00:31 Je suis en train de montrer à mon voisin.
01:00:33 Ça, c'est Rodon, ça, c'est le truc.
01:00:35 Eh ben non, j'ai pas la photo des chaînes.
01:00:37 - Alors là, les chaînes... - Si, la photo, elle est en livre.
01:00:39 - Ah oui, les grosses chaînes. - Je croyais que c'était des saucisses.
01:00:41 - Oui, on se croyait d'une cochonaille.
01:00:43 - Dans la photo qui est dans le bouquin,
01:00:45 il y a une photo avec des maillons
01:00:47 de chaînes, et de loin, on leur a dit de la cochonaille, quand même.
01:00:49 - Ah oui. - C'est un truc... Quand je suis allé
01:00:51 à la hausse, j'ai regardé, j'ai dit "c'est marrant, c'est des saucisses".
01:00:53 Et puis non, oh merde, c'était des maillons.
01:00:55 - Anna nous a dit qu'on ne pouvait pas la monter
01:00:57 parce que le maillon faisait 1000 kg.
01:00:59 - C'est ce que j'allais dire, c'est pour des bateaux.
01:01:01 - Elle vous a fait porter une pierre de...
01:01:03 - Oui, c'est ça.
01:01:05 - ... de 200, 80 kg sur les chaînes.
01:01:07 - Alors comment est-ce qu'on arrive à fabriquer...
01:01:09 ça, j'aimerais bien voir...
01:01:11 à fabriquer un maillon de chaînes,
01:01:13 d'accord ? Ça veut dire qu'on a
01:01:15 une, deux, trois, quatre courbes,
01:01:17 quatre angles droits, on va dire.
01:01:19 En plus, on a deux moitiés qui vont se toucher,
01:01:21 qu'on va souder, mais avant...
01:01:23 - Il faut l'avoir assemblée avec le suivant.
01:01:25 - Et comment on fait ?
01:01:27 - On a la difficulté là, et donc on le présente
01:01:29 comme un objet, en fait le maillon, évidemment,
01:01:31 c'est pas un objet qu'on a inventé au pied, parce que d'ailleurs,
01:01:33 il n'y a pas grand-chose ici qui a été inventé.
01:01:35 Mais là, c'est la dimension, effectivement.
01:01:37 Et c'est l'installation
01:01:39 de la machine. Et quand on voit ça,
01:01:41 vous voyez ça à Bilbao,
01:01:43 c'est impressionnant.
01:01:45 - Vous imaginez que l'homme,
01:01:47 là, sur la photo, il est plus petit
01:01:49 que le 1 maillon.
01:01:51 - C'est ce que j'ai vu.
01:01:53 - C'est des dimensions énormes.
01:01:55 - Il est plus petit, sur le bouquin, on le voit bien,
01:01:57 plus petit que... c'est pas du tout un trucage.
01:01:59 - Non, non, non, c'est pas un trucage,
01:02:01 c'est pas de la 3D. Et donc là, on est dans un contexte,
01:02:03 on est dans le port de Bilbao, qui est un gros
01:02:05 port industriel,
01:02:07 et, comme on disait tout à l'heure,
01:02:09 le minerai qui est juste à côté.
01:02:11 Donc il y a les hauts fourneaux, et il y a eu
01:02:13 une famille qui s'appelait Bicinaille,
01:02:15 qui s'appelle toujours Bicinaille, d'ailleurs, c'est une entreprise familiale,
01:02:17 qui fabriquait des chaînes,
01:02:19 mais ils ont passé d'une chaîne à peu près normale
01:02:21 à une chaîne...
01:02:23 d'une taille incroyable.
01:02:25 - Démesurée. - Et quand on voit les chaînes posées
01:02:27 sur le port, c'est comme un paysage
01:02:29 magnifique, comme ça, avec des milliers de maillons.
01:02:31 - Et c'est ton objet préféré ?
01:02:33 - C'est mon objet préféré.
01:02:35 - C'est pour ça que je cherchais, ce matin,
01:02:37 donc j'ai fait le tour, j'ai regardé, puis je pensais à vous,
01:02:39 je pensais à lui, je l'avais rencontré en bas, tout ça,
01:02:41 et je me disais, bon, alors, qui est-il ?
01:02:43 Moi, je vois les gens,
01:02:45 je vous vois pour la première fois,
01:02:47 et puis j'aime bien, je me dis, Antoine, ne pas savoir,
01:02:49 en fait, qui je vais voir.
01:02:51 Où je vais ni qui je vais voir,
01:02:53 au moins, t'es un peu inquiet, quand même,
01:02:55 et puis cette petite...
01:02:57 cette peur et tout fait que
01:02:59 on va connecter, tac,
01:03:01 avec lui, et ça se connecte avec le voisin.
01:03:03 Et puis la Chatelaine,
01:03:05 elle se déplaçait dans ses déplacements,
01:03:07 elle était chez elle,
01:03:09 c'était pas de l'inquiétude
01:03:11 qui glissait autour, mais il y avait un truc.
01:03:13 C'est vrai. Quand on est arrivé,
01:03:15 moi, je voulais rien, boire un café,
01:03:17 puis je savais que ça ne fonctionnait pas très bien,
01:03:19 internet, donc on était...
01:03:21 Après, hop, je vois l'homme avec sa voiture
01:03:23 qui se gare et qui bute dans une pierre
01:03:25 en sortant de la voiture, avec un petit carton.
01:03:27 Très bien, oui.
01:03:29 Et je dis, ah, c'est marrant, il pense à autre chose.
01:03:31 Et puis après, il revient, il fait un deuxième tour avec un deuxième carton,
01:03:33 lourd, je me dis, c'est marrant, c'est lourd,
01:03:35 et vous me dites, la Chatelaine,
01:03:37 il apporte les bouquins, et tout ça, c'est rigolo,
01:03:39 mais bon, moi, je fais...
01:03:41 En fait, ce qui se passe en ce moment, c'est
01:03:43 il paraît qu'il y a un lien
01:03:45 entre des gens qui écoutent la radio,
01:03:47 de la dame, là, et moi.
01:03:49 Je vous dis ça comme ça. A cause de mon passé.
01:03:51 J'ai fait des trucs qui étaient plutôt honnêtes, en fait,
01:03:53 et vers les gens.
01:03:55 Et donc,
01:03:57 ce ressenti que je ressens, moi, le matin,
01:03:59 ça fait que quand j'arrive,
01:04:01 rien, je vous regarde,
01:04:03 vous avez arrivé en short...
01:04:05 Ah, si, si, en short,
01:04:07 comme vous êtes,
01:04:09 je parle de la dame des fauteries, là, jeune,
01:04:11 mais ils sont tous jeunes, hein. De toute façon, à mon âge,
01:04:13 tout le monde est jeune.
01:04:15 - Vous m'avez dit qu'elles étaient très jolies, tout ça, mais moi, vous m'avez pas dit que j'étais beau.
01:04:17 - J'ai pas osé. - J'ai fait 1m65.
01:04:19 Peut-être que ça lui manque
01:04:21 quelques centimètres. - J'ai pas osé.
01:04:23 - Un basque un peu susceptible. - J'ai pas osé.
01:04:25 Non, j'ai pas osé.
01:04:27 Mais alors, je vous regardais ce matin, je me demandais
01:04:29 vraiment qui vous étiez, qu'est-ce que vous étiez.
01:04:31 - On avait dit en venant qu'on dirait jamais du mal du basque.
01:04:33 On avait dit, pourtant, sur la route. - C'est lui qui complimente tout le monde.
01:04:35 - Ah ouais. J'avoue que j'ai pas pensé.
01:04:37 J'aurais dû dire,
01:04:39 c'était bien de vous recevoir une fois, deux fois,
01:04:41 il est passé, etc. Et donc, voilà.
01:04:43 C'est un plaisir d'être là.
01:04:45 Et puis, tous les objets que je regarde,
01:04:47 je trouve ça extra. Il y a les petits plateaux,
01:04:49 les petits plateaux en tout fin, tout fin, tout...
01:04:51 Je me dis, merde, les mecs, ils ont des idées.
01:04:53 Tu vois, ça, c'est bien.
01:04:55 - Dans le livre, il y a 50 objets.
01:04:57 Et nous, on n'a pas pu mettre les 50
01:04:59 dans la salle d'expo, bien que
01:05:01 assez impressionnante aussi dans cette dimension,
01:05:03 sous une belle charpente. Donc, il y a 30 objets
01:05:05 qui sont présentés. Et de temps
01:05:07 en temps, on a des gens qui nous disent "et le maquillage,
01:05:09 et l'espadrille".
01:05:11 Bon, ils sont dans le livre, ces objets-là.
01:05:13 C'est sûr, iconique du
01:05:15 Pays basque, mais on a décidé de pas les mettre
01:05:17 dans l'exposition. - C'est bien. - Parce que, aussi,
01:05:19 on voulait équilibrer entre l'artisanat,
01:05:21 l'industrie et le design.
01:05:23 Et justement,
01:05:25 expliquer aux gens, raconter une histoire
01:05:29 qu'ils ne connaissent pas et les faire aller dans des
01:05:31 directions auxquelles
01:05:33 ils ne s'attendaient pas. - Parce qu'effectivement,
01:05:35 les gens qui viennent
01:05:37 de l'extérieur, mais comme les locaux,
01:05:39 ne connaissent pas l'histoire parce qu'on est un peu
01:05:41 administrativement, on est un peu scindés.
01:05:43 Donc, une personne de Molléon a du mal
01:05:45 à savoir ce qui se passe à Iloune. Une personne de
01:05:47 Bilbault ne sait pas ce qui se passe à Bayonne. Donc, on manque un petit peu
01:05:49 de connexion. Donc, c'est un des
01:05:51 objectifs de ce livre. Mais on ne parle
01:05:53 pas de la sandale, mais par contre, on a parlé de la pataugasse.
01:05:55 - Est-ce que... - Parce que la pataugasse
01:05:57 vient de la sandale. Et ça, c'est quelque chose de
01:05:59 magnifique. C'est un créateur
01:06:01 génial, René Elisabidet,
01:06:03 qui, à Molléon, à partir
01:06:05 de la sandale et l'arrivée du caoutchouc,
01:06:07 - Bien sûr.
01:06:09 - Il fait fondre. C'est pour ça que ça s'appelle
01:06:11 la pataugasse. Il fait fondre
01:06:13 la pataugasse.
01:06:15 Le caoutchouc est fondu sur de la toile
01:06:17 de sandale et il crée
01:06:19 la chaussure pataugasse qui est quand même... - Extraordinaire.
01:06:21 - Extraordinaire. - Extraordinaire. C'est mon enfance.
01:06:23 - Voilà. - Ah oui. Et...
01:06:25 Qu'est-ce que j'ai vu encore comme objet à les petits plateaux ?
01:06:27 - La veste, peut-être ? - La veste.
01:06:29 Ah, voilà. Merci.
01:06:31 Heureusement que t'es là. La veste.
01:06:33 Donc, il y a une veste...
01:06:35 Une veste noire, toute simple,
01:06:37 avec des poches comme une canadienne,
01:06:39 un peu, pour mettre les mains. - Oui.
01:06:41 - Une gabardine. - Une gabardine. Voilà.
01:06:43 Elle est en quoi ? Comment elle est étanche ?
01:06:45 - Alors, la gabardine, c'est une marque de
01:06:47 Donochty, Saint-Sébastien,
01:06:49 qui s'appelle L'Oréac Mendiana.
01:06:51 C'est une marque. Et ils ont créé cette veste
01:06:53 avec un tissu
01:06:55 qu'ils ont réussi à modifier,
01:06:57 une trame. Lorsqu'il y a
01:06:59 de l'humidité, la trame s'épaissit
01:07:01 et devient imperméable.
01:07:03 Donc, c'est une veste
01:07:05 incroyable, géniale. Elle s'appelle Oula,
01:07:07 qui veut dire "eau" en basque.
01:07:09 Et c'est... Et donc, ils changent comme ça
01:07:11 juste les couleurs d'année en année.
01:07:13 Mais c'est...
01:07:15 Je pense que c'est une gabardine qui va durer
01:07:17 encore... Parce qu'il pleut quand même pas mal
01:07:19 ici aussi. On n'a pas beaucoup de soleil.
01:07:21 - Contrairement au
01:07:23 Kaoué, elle se...
01:07:25 Elle garde son aspect mat.
01:07:27 Elle ne devient pas brillante. - Brillante, ouais.
01:07:29 Les anciens gabards
01:07:31 de l'armée américaine étaient lourds,
01:07:33 lourds, lourds, et français aussi. Ils faisaient
01:07:35 un petit peu la même chose. Ça pesait
01:07:37 20 kilos, quoi.
01:07:39 Ah non, non. Alors, qu'est-ce que j'ai vu encore comme objet là-haut ?
01:07:41 Qu'est-ce que vous avez... - La planche de surf aussi.
01:07:43 - Oui, j'ai vu la planche de surf. J'ai vu les skates
01:07:45 aussi, les skateboards. Je ne savais pas du tout.
01:07:47 - Ah, le skate, oui. Le skate, c'est marrant.
01:07:49 Parce que personne ne le sait. Le skate,
01:07:51 le premier skate arrive en 1966
01:07:53 depuis la Californie, hein, à Biarritz, à l'aéroport.
01:07:55 J'ai trouvé l'image. - Ah, ouais.
01:07:57 - Le gars qui débarque avec les trois premiers skates.
01:07:59 Et il se trouve que...
01:08:01 Donc, à Iloun,
01:08:03 il y avait déjà une famille qui s'appelait Sanchez,
01:08:05 mais qui fabriquait des skis. Donc, la marque s'appelait
01:08:07 Sanchez Skis. Ils fabriquaient des skis
01:08:09 de grande qualité pour l'armée espagnole, etc.
01:08:11 Et... Donc, ensuite,
01:08:13 Rossignol est venu. Ils ont perdu ce marché.
01:08:15 Mais les fils de cette
01:08:17 famille, Sanchez, ont vu débarquer
01:08:19 le skate et se sont dit
01:08:21 "On fait le skate." 1966,
01:08:23 premier skate européen fabriqué au Pays basque,
01:08:25 à Iloun. - Vachement bien.
01:08:27 Réactivité. Première pub envoyée par Jamel
01:08:29 à 11h27, maintenant.
01:08:31 - Avec tourisme64.com,
01:08:33 passez votre été en Béarn,
01:08:35 votre automne en Pays basque.
01:08:37 - Avec tourisme64.com.
01:08:39 Je répète.
01:08:41 Voilà. C'est vous,
01:08:43 madame que j'ai croisée ce matin, qui est arrivée.
01:08:45 Je regarde les gens. Et alors,
01:08:47 pendant les pubs, je vous dis tout.
01:08:49 Moi, j'ai un casque, donc j'entends les pubs.
01:08:51 J'entends ce qu'il se passe. Mais,
01:08:53 j'ai gaulé la chatelaine
01:08:55 et le monsieur designer à parler.
01:08:57 Et moi, j'ai pas entendu ce qu'ils se disaient.
01:08:59 Après, j'ai compris que vous,
01:09:01 le restaurateur ou toi, il est 11h30, vous alliez peut-être
01:09:03 partir faire à manger.
01:09:05 - Non, je travaille pas aujourd'hui. Mais je cuisine
01:09:07 pour moi, pour moi, pour ma femme et mes enfants, à la maison.
01:09:09 - Ah bon, bah vous restez là, alors. C'est bon.
01:09:11 Parce qu'ils étaient en train de se raconter un truc,
01:09:13 mais je l'ai pas eu, moi.
01:09:15 - Non, mais ça, c'est l'appel du ventre. Il est à 11h31,
01:09:17 et il y a un appel de ventre de chacun.
01:09:19 - Non, non, non, il était en train de...
01:09:21 Qu'est-ce que vous disiez ?
01:09:23 Ça me regarde pas, mais bon.
01:09:25 Vous parliez avec vos mains, comme tricoter un truc.
01:09:27 Aller voir des gens, j'ai compris ces petits mots-là.
01:09:29 Comme si vous alliez voir des entreprises.
01:09:31 - Je lui ai posé la question, le côté virtuel, digital,
01:09:33 est-ce que ça allait pas dénaturer ? Parce que je trouvais que
01:09:35 l'expo, il fallait la vivre,
01:09:37 il fallait la voir. Et tout à l'heure, il a parlé
01:09:39 qu'ils allaient mettre une partie en digital.
01:09:41 Donc je lui ai reposé la question, ce que c'était la partie digital
01:09:43 qu'ils étaient en train de travailler. C'était plus
01:09:45 aller chercher
01:09:47 le créateur,
01:09:49 rentrer dans le créateur et faire une interview,
01:09:51 de voir, de raconter un peu son histoire.
01:09:53 C'était plus ça. Mais il va mieux l'expliquer, comme moi.
01:09:55 - Oui, oui, merci.
01:09:57 C'était ça, hein ? - C'était ça.
01:09:59 - Je comprenais pas, j'entendais pas.
01:10:01 - C'est rencontrer les personnes,
01:10:03 les faiseurs, les gens qui savent faire,
01:10:05 qui font, qui... C'est fantastique.
01:10:07 Donc moi, j'ai toujours...
01:10:09 J'adore pouvoir rentrer
01:10:11 dans un atelier, que ce soit du métal, du bois,
01:10:13 de la terre, que t'as,
01:10:15 et partager avec eux,
01:10:17 et éventuellement même leur proposer
01:10:19 des choses à faire, éventuellement.
01:10:21 Mais... Oui,
01:10:23 ce sont ces environnements. Donc on va passer
01:10:25 une phase digitale. Pourquoi ? Parce que, bon,
01:10:27 on a sorti un bouquin,
01:10:29 et il y a une bonne partie de la jeunesse,
01:10:31 des jeunes, quand même,
01:10:33 regardent davantage de vidéos que de
01:10:35 bouquins, hein ? Ça, c'est un fait.
01:10:37 Et d'autre part, on pense... On va essayer
01:10:39 de le faire correctement, c'est-à-dire
01:10:41 avec des équipes de tournage,
01:10:43 d'aller, comme ça,
01:10:45 chercher des témoignages, chercher des
01:10:47 atmosphères, des ateliers,
01:10:49 des couleurs, des obscurités,
01:10:51 hein ? J'ai regardé... J'ai vu "Black Drunner"
01:10:53 hier soir, je me suis dit "Tiens, je vais rentrer dans l'atelier
01:10:55 et je vais faire la même chose, quoi."
01:10:57 - Ah oui ? Ah non, c'est
01:10:59 bien, c'est bien. "Black Drunner", c'était bien.
01:11:01 - Oh ! - Ah ouais, ouais.
01:11:03 Le cinéma, enfin, il y a des fous, quand même,
01:11:05 il y a des fous partout, puis des
01:11:07 scénarios comme ça, c'est particulier, quand même.
01:11:09 - Parce que quand on rentre dans...
01:11:11 Par exemple, les fabricants
01:11:13 des armes ou
01:11:15 ceux qui fabriquent les outils,
01:11:17 qui sont... C'est de la compression
01:11:19 de métal, et bien c'est un environnement extraordinaire, quoi.
01:11:21 - Je suis d'accord.
01:11:23 - Dans la nitraille, dans l'obscurité,
01:11:25 il y a du feu, enfin, c'est magnifique.
01:11:27 - Je suis d'accord. Mais les armes, c'était...
01:11:29 Pardon. Les armes, c'était quoi ?
01:11:31 Des armes lourdes, des armes de main à main ?
01:11:33 - Les armes du pistolet à la...
01:11:35 Bon, il y a encore,
01:11:37 aujourd'hui, une industrie...
01:11:39 - Non. - Armérie rampée basque.
01:11:41 - Même de l'arme blanche, en fait, au tout début.
01:11:43 - Au tout début, l'arme blanche, mais ensuite,
01:11:45 jusqu'au fusil, le revolver, enfin...
01:11:47 - D'accord. - Un Saint-Etienne.
01:11:49 - Je croyais que vous vouliez... - Non, oui,
01:11:51 en fait, moi, ce que je constate
01:11:53 dans ce projet-là, et j'ai adoré
01:11:55 vraiment travailler avec l'équipe d'Emenzic,
01:11:57 donc il y a Jean-Louis, qui
01:11:59 veut me faire monter des
01:12:01 chaînes Vicina, il a
01:12:03 2 000 kg sur la salle d'expo,
01:12:05 deuxième étage. - Ah, c'est la vache !
01:12:07 - Il y a pas que lui, il y a Eki, il y a Maïder,
01:12:09 il y a...
01:12:11 il y a Ametch aussi, qui a fait tout le design,
01:12:13 enfin, c'est vraiment une équipe... - C'est un vrai travail d'équipe,
01:12:15 d'ailleurs, c'est une association,
01:12:17 et à but non lucratif, on le fait juste pour
01:12:19 pouvoir continuer à faire...
01:12:21 à travailler sur cette mémoire collective,
01:12:23 et donc il y a des designers,
01:12:25 mais il y a des communicants, il y a des...
01:12:27 il y a des photographes, il y a des vidéastes,
01:12:29 tout ça, donc c'est une équipe comme ça,
01:12:31 qui permet... parce que c'est un...
01:12:33 c'est un travail de fond, quand même, on a mis
01:12:35 plus de deux ans à faire...
01:12:37 - Et il y a... je trouve qu'il y a...
01:12:39 il y a une dimension, en fait, dans les objets choisis,
01:12:41 il y a
01:12:43 le savoir-faire qui est valorisé, mais il y a aussi
01:12:45 la beauté de l'objet,
01:12:47 l'objet en tant que tel,
01:12:49 l'émotion qu'il peut dégager, la beauté,
01:12:51 et je trouve que dans tout
01:12:53 votre travail, que ce soit le livre
01:12:55 et ensuite le projet d'exposition, il y avait
01:12:57 ça aussi, de...
01:12:59 de valoriser l'objet
01:13:01 dans l'environnement
01:13:03 dans lequel il est présenté, que ce soit le livre
01:13:05 ou l'exposition, tout est beau, quoi, et puis c'est
01:13:07 de qualité, c'est rare de travailler
01:13:09 comme ça aussi, dans ce souci du détail, quoi.
01:13:11 - L'idée étant de...
01:13:13 de montrer le mieux possible, bien sûr,
01:13:15 mais aussi de montrer les facettes
01:13:17 d'un pays, hein.
01:13:19 Je le disais tout à l'heure, mais
01:13:21 au travers... en fait, on se sert des objets
01:13:23 pour raconter l'histoire d'un pays,
01:13:25 hein, donc...
01:13:27 parce que derrière cette
01:13:29 mémoire matérielle, derrière une pioche
01:13:31 ou un sac en cuir,
01:13:33 il y a une mémoire immatérielle.
01:13:35 Derrière une salle
01:13:37 de Voltaire Design,
01:13:39 il y a une tannerie au XIIe siècle.
01:13:41 Hein, depuis Asparain
01:13:43 jusqu'à Spolète, il y avait
01:13:45 des dizaines et des dizaines de...
01:13:47 de... - Rivières.
01:13:49 - De rivières. - À côté de la rivière, je veux dire.
01:13:51 De tanneries. - De tanneries, bien sûr.
01:13:53 Et donc, parce qu'il y avait des chenteauxins
01:13:55 et des animaux, donc il faut
01:13:57 avoir tous ces composants pour pouvoir le faire.
01:13:59 Et aujourd'hui, il y a encore un travail
01:14:01 de cuir en Hyperaldé, un pays presque nord.
01:14:03 Et donc, voilà, c'est...
01:14:05 essayer de montrer ce...
01:14:07 cette route-là. - Ouais,
01:14:09 le cheminement des hommes, le travail
01:14:11 des hommes était réglé avec l'eau,
01:14:13 l'air, le feu,
01:14:15 et le vent. - Ouais.
01:14:17 - C'est écrit en-dessous. - Et on recommence, hein.
01:14:19 On recommence avec l'air. D'ailleurs, il y a des éoliennes.
01:14:21 - Exactement. - Et on recommencera avec...
01:14:23 - Mais ça, j'ai pas voulu la mettre dans...
01:14:25 l'éolienne. - Ah bon ?
01:14:27 Ha ha ha ! Ha, Chatelaine !
01:14:29 Elle est restée très attachée aux traditions.
01:14:31 Tout à fait. Et alors,
01:14:33 vous, le soupirant ?
01:14:35 Non, le voisin ? - Moi, je subis.
01:14:37 - Ha ha ha !
01:14:39 - Non, non, c'est pas vrai.
01:14:41 - Non, non, non. - Très complémentaire. Les gens, ils se nourrissent de culture
01:14:43 d'abord, et puis après, ils viennent passer à table.
01:14:45 C'est... c'est sympa.
01:14:47 Et c'est là où je mesure ce que c'est,
01:14:49 parce que maintenant, ça fait sept ans qu'on est
01:14:51 dans ce bourg de village. Ce que je
01:14:53 mesure, ce que c'est le poumon d'un village,
01:14:55 c'est qu'on est tous
01:14:57 complémentaires. Il y en a pas un
01:14:59 qui doit faire plus le malin
01:15:01 que l'autre. C'est...
01:15:03 Voilà, on amène tous quelque chose.
01:15:05 Et c'est ça qui rend les gens heureux.
01:15:07 Qu'est-ce qu'il faut de plus ? Le boulanger, quand il ouvre le matin,
01:15:09 le pain, le boucher...
01:15:11 Après, au fil de la journée,
01:15:13 vous avez toujours quelque chose qui se passe.
01:15:15 Qu'est-ce qu'il nous faut de plus ?
01:15:17 - Rien, moi, je trouve. Ça suffit comme ça.
01:15:19 Ce qui est intéressant, ici, quand on arrive
01:15:21 devant le bâtiment, on est impressionné.
01:15:23 Et puis après, on entre,
01:15:25 et il a dû se passer des tas
01:15:27 de trucs, quoi, ici, avec des foules,
01:15:29 avec plein de gens. Là, on est peu nombreux,
01:15:31 on est 6, 7, mais là-bas,
01:15:33 ils étaient nombreux, nombreux, pour tout,
01:15:35 pour les animaux, pour faire à manger. - Il faut s'imaginer
01:15:37 que c'était comme une usine, en fait.
01:15:39 Une petite fourmilière.
01:15:41 On était... - Ça se sent.
01:15:43 - Quand on parle de l'ordre de Malte, il faut laisser
01:15:45 complètement de côté un ordre religieux
01:15:47 qui pouvait vivre ici. Eux, ils y étaient pas.
01:15:49 Par contre, il y avait des employés, pour leur compte,
01:15:51 qui vivaient dans cette ferme, et ça grouillait, quoi.
01:15:53 Et ça passait, on allait au pré-soir,
01:15:55 on pouvait cuisiner, on montait le foin,
01:15:57 il y a le meunier qui venait
01:15:59 chercher ou ramener les sacs
01:16:01 de farine, ça grouillait, quoi.
01:16:03 - Et Anna, on était au royaume de Navarre
01:16:05 ou pas ?
01:16:07 - On va parler du royaume de Navarre, là,
01:16:09 maintenant, si tu veux. - Vas-y, vas-y.
01:16:11 Allez, si, si, si.
01:16:13 - Alors...
01:16:15 En fait,
01:16:17 c'est un peu particulier, parce que...
01:16:19 C'est une histoire complexe, hein.
01:16:21 Ça se décrit pas en 2-3 minutes,
01:16:23 mais bon, je vais essayer, quand même.
01:16:25 Donc, nous, ici, on est
01:16:27 dans la province de la Basse-Navarre,
01:16:29 qui, du coup,
01:16:31 faisait partie
01:16:33 du royaume de Navarre,
01:16:35 qui allait, dont le siège était
01:16:37 à Pampelune, qui allait, du coup, de part et d'autre
01:16:39 des Pyrénées. Les rois de Castille
01:16:41 décident d'envahir la Navarre,
01:16:43 ils prennent Pampelune,
01:16:45 et ensuite, ils traversent les Pyrénées,
01:16:47 ils veulent conquérir
01:16:49 aussi
01:16:51 le nord des Pyrénées.
01:16:53 Ils n'y arrivent pas, ils repartent.
01:16:55 Et pendant un temps, en fait, la Basse-Navarre,
01:16:57 cette province dans laquelle on est,
01:16:59 va être le seul restant
01:17:01 de ce royaume de Navarre. C'est le petit bout
01:17:03 qui va rester. Elle reste indépendante,
01:17:05 et elle a son organisation propre.
01:17:07 C'est pour ça que
01:17:09 on connaît bien l'expression
01:17:11 "roi de France et de Navarre", qui était
01:17:13 le titre de Henri IV,
01:17:15 qui ensuite va se perdre
01:17:17 avec son fils, qui va lui décider de rattacher
01:17:19 la couronne de France et
01:17:21 la couronne de Navarre.
01:17:23 Des gros moments
01:17:25 tragiques pour les Basques. - Donc la Navarre a été
01:17:27 le dernier
01:17:29 État basque,
01:17:31 indépendant. - Avec, voilà,
01:17:33 tout ce que ça veut dire,
01:17:35 mais ici, ce qui est particulier,
01:17:37 c'est qu'il y a...
01:17:39 En fait, le Pays Basse,
01:17:41 c'est très complexe, et c'est pas l'organisation
01:17:43 des terres,
01:17:45 des pouvoirs publics et privés.
01:17:47 C'est pas comme
01:17:49 dans le reste de l'Hexagone,
01:17:51 on retrouve plein de maillons,
01:17:53 plein de strates,
01:17:55 et le roi de Navarre, effectivement,
01:17:57 avait une partie,
01:17:59 mais pas que. En fait,
01:18:01 le propriétaire de sa maison,
01:18:03 l'aîné de la maison,
01:18:05 avait son...
01:18:07 était le seigneur, en fait,
01:18:09 de ses terres.
01:18:11 Et donc, il y a un droit, on a une noblesse
01:18:13 de terre et pas de sang, au Pays Basque.
01:18:15 Il fallait avoir une maison pour être noble.
01:18:17 Et...
01:18:19 ça fait que ça rajoute une couche, ils avaient pas tous
01:18:21 les mêmes...
01:18:23 Ils avaient pas tous les mêmes liens avec
01:18:25 Féodos, avec le roi de Navarre, c'était pas forcément
01:18:27 lié. Et donc, par-dessus ça,
01:18:29 on rajoute l'ordre de Malte,
01:18:31 qui avait des possessions ici, et qui,
01:18:33 lui, était rattaché à,
01:18:35 on appelle la langue de Navarre,
01:18:37 la partie
01:18:39 géographique
01:18:41 dans les possessions de l'ordre de Malte,
01:18:43 dont dépendait Irissary. Et donc,
01:18:45 on avait, comme en Ilo,
01:18:47 ici, où le
01:18:49 commandeur d'Irissary était le seigneur,
01:18:51 pour autant, il y avait d'autres nobles,
01:18:53 puisqu'ils avaient des droits de terre
01:18:55 liés à leur maison, et
01:18:57 ensuite, il y avait le royaume
01:18:59 de Navarre. Je l'explique pas hyper bien,
01:19:01 mais, petite pub pour nos amis
01:19:03 de Saint-Étienne-de-Baïgoury,
01:19:05 il y a un centre d'interprétation
01:19:07 sur l'histoire de la Navarre, qui s'est créée l'année dernière,
01:19:09 qui est vraiment passionnant. C'est une histoire
01:19:11 assez complexe, et vraiment, c'est
01:19:13 un beau lieu pour en découvrir plus.
01:19:15 - Ah non, non, vous expliquez très,
01:19:17 très bien. C'est ce que j'avais ressenti en arrivant
01:19:19 ce matin.
01:19:21 - L'histoire est toujours plus complexe
01:19:23 qu'on ne le croit au Pays basque. - Ouais, ouais, mais on sent
01:19:25 les choses, et on sent que c'est très
01:19:27 différent, quand même. - Mais c'est passionnant, c'est
01:19:29 très intéressant. - Ah oui, c'est vachement intéressant.
01:19:31 "Pub dans une minute", il me dit, de Jamel dans l'Oreille.
01:19:33 Et donc, vous êtes
01:19:35 le bel homme, je l'ai dit, le bel homme
01:19:37 qui est en face de moi, le designer, je l'ai dit.
01:19:39 Ça ne fait rien.
01:19:41 Vous êtes vraiment d'ici, quoi.
01:19:43 Physiologiquement,
01:19:45 vous vous sentez de... - Oui.
01:19:47 - Ah, c'est vrai ? - Je pense que oui.
01:19:49 - Ah non, mais ça se voit.
01:19:51 - Il y a quand même eu pas mal de passages
01:19:53 à bouger, mais oui, je pense être
01:19:55 de quoi, oui.
01:19:57 - Ah, bah oui, bien sûr, bien sûr. Non, c'est chouette.
01:19:59 C'est intéressant, parce qu'en fait, on se promène
01:20:01 à droite à gauche, on va dans
01:20:03 des pâturages de
01:20:05 Lacroze, dans des pâturages de droite à gauche.
01:20:07 Et tout est différent,
01:20:09 bien entendu, mais, encore une fois,
01:20:11 ici, c'est pas pareil.
01:20:13 À toi, Jamel.
01:20:15 - Alors, tourisme64.com,
01:20:29 elle va parler dans 2 minutes,
01:20:31 c'est la dame qui est en face de moi,
01:20:33 que nous présentera la chatelaine,
01:20:35 qui donc a des lunettes
01:20:37 sérieuses, un vraiment
01:20:39 visage souriant, des longs cheveux
01:20:41 roux, et comme elle tient le micro
01:20:43 de la main droite, sa main gauche passe tout le temps
01:20:45 du haut en bas dans les cheveux roux.
01:20:47 Parce que je fais la même chose avec ma coque cheval.
01:20:49 Bah, toi aussi.
01:20:51 C'est vrai que...
01:20:53 Je vais te prêter le micro 2 minutes,
01:20:55 Antoine, parce que t'as un truc vachement important à dire,
01:20:57 et puis après, on parle. Vas-y.
01:20:59 - C'est que, samedi, on avait
01:21:01 regardé le match de l'équipe de France
01:21:03 de rugby, le dernier, ensemble,
01:21:05 lors de notre petit arrêt à Angoulême.
01:21:07 On a regardé le match de rugby
01:21:09 de l'équipe de France, qui a gagné son 3e match de préparation,
01:21:11 et on est dans une région aussi
01:21:13 du rugby, quand on est arrivé à Asparan,
01:21:15 hier, on a vu les différents
01:21:17 stades de rugby qui composent
01:21:19 justement ce club-là. On va en croiser
01:21:21 surtout tout au long de la semaine, parce que vous le savez,
01:21:23 sur la radio du rugby et la radio de la Coupe du Monde
01:21:25 du rugby, qui va commencer dans
01:21:27 quelques jours et dans quelques minutes,
01:21:29 maintenant, dans moins d'1h15,
01:21:31 Fabien Galtier va annoncer son groupe,
01:21:33 le groupe des 33 joueurs, ils sont
01:21:35 42 au départ, ils vont être plus que
01:21:37 33 à composer
01:21:39 ce groupe de l'équipe de France qui va disputer
01:21:41 la Coupe du Monde, avec ce match France All Blacks,
01:21:43 qui entamera le 8 septembre la
01:21:45 Coupe du Monde. Donc c'est vrai que ça va être un
01:21:47 grand événement, on va suivre ça
01:21:49 de près, et on attend,
01:21:51 on est dans l'attente de savoir quel joueur
01:21:53 va être écarté du groupe, on a quelques petites idées,
01:21:55 mais c'est vrai que c'est toujours des moments difficiles,
01:21:57 même si Fabien Galtier, l'entraîneur du 15 de France
01:21:59 le dit, il y a sûrement des joueurs qui seront
01:22:01 à la maison, qui pourront jouer les
01:22:03 matchs les plus importants, parce que, ben voilà,
01:22:05 les aléas du rugby, on l'a vu avec Romain Ntamac,
01:22:07 c'est des joueurs qui peuvent être blessés,
01:22:09 c'est un sport d'engagement, un sport
01:22:11 de contact, et peut-être que
01:22:13 certains joueurs seront amenés
01:22:15 à être blessés, donc ça va être
01:22:17 une pré-liste, on va dire, de 33 joueurs,
01:22:19 mais qui ne va pas forcément être la liste
01:22:21 qui finira la compétition, mais
01:22:23 c'est déjà un premier indicatif sur l'équipe
01:22:25 qui commencera du côté du
01:22:27 Stade de France, le 8 septembre sur la Coupe du Monde,
01:22:29 qu'on suivra bien sûr, évidemment,
01:22:31 sur Sud Radio.
01:22:33 - Eh ben merci Antoine, donc le souhait
01:22:35 d'Antoine, c'est vrai que ça se réalise,
01:22:37 c'est de suivre tous les matchs
01:22:39 de l'équipe de France, de suivre l'équipe
01:22:41 avant, pendant et après, voilà,
01:22:43 donc on ne sait pas si on va y arriver,
01:22:45 tous les jours j'essaie de le répéter, mais vous savez,
01:22:47 dans les radios, il y aura des directeurs, des gens
01:22:49 qui décident, qui décident pas,
01:22:51 qui ont pas un chouchou, qui ont pas un chouchou,
01:22:53 donc j'essaie, je fais de mon mieux,
01:22:55 non c'est vrai, en plus il a joué au rugby,
01:22:57 puis il fait tout, il a 21 ans, il fait tout,
01:22:59 l'équipe elle est d'enfer, moi j'ai 81 ans
01:23:01 au mois d'octobre, donc on a 102 ans,
01:23:03 un ou deux, et Antoine, non mais c'est vrai,
01:23:05 Antoine fait tout et moi je fais le reste, c'est cool quand même.
01:23:07 Par exemple, j'ai trouvé quelqu'un
01:23:09 qui va parler à ma place,
01:23:11 c'est la chatelaine, on va dire, Anna,
01:23:13 qui va nous présenter, madame, s'il vous plaît,
01:23:15 madame touriste, si vous êtes d'accord,
01:23:17 vous pouvez lui passer un micro, s'il te plaît.
01:23:19 - Christiane Bonat,
01:23:21 c'est une des premières personnes que j'ai rencontrée
01:23:23 à l'ADT,
01:23:25 à l'agence départementale du tourisme,
01:23:27 nous on est une structure du département
01:23:29 des Pyrénées-Atlantiques, donc on est presque collègues,
01:23:31 et c'était,
01:23:33 donc elle, elle travaillait à Bayonne,
01:23:35 loin dans la ville, et tout de suite elle a dit
01:23:37 "mais ce lieu-là,
01:23:39 Irisary-Hospitalia, c'est un lieu magnifique,
01:23:41 il faut absolument
01:23:43 qu'il soit connu de tous
01:23:45 et je vais m'employer
01:23:47 à le faire du mieux que je peux" et depuis
01:23:49 elle nous fait venir des gens comme
01:23:51 Gérard Clun,
01:23:53 on a elle
01:23:55 des fois qui vient, on a des
01:23:57 journalistes anglais, et
01:23:59 toujours on a des super retours
01:24:01 de gens qui ont
01:24:03 parlé avec Christiane de nous.
01:24:05 - Non, non, c'est pas évident, moi c'est pas important,
01:24:07 et comment vous faites, bonjour d'abord,
01:24:09 pour contacter des gens,
01:24:11 pour arriver à faire venir du monde,
01:24:13 en leur disant "c'est pas évident" ?
01:24:15 - Ah bah si vous voulez, moi je suis l'attachée de presse,
01:24:17 à l'ADT Bayonne Pays Basque,
01:24:19 donc, comme l'a dit la Chatelaine,
01:24:21 on est chargé
01:24:23 de la valorisation, de la destination,
01:24:25 Pays Basque,
01:24:27 Bayonne, mais moi je reçois
01:24:29 des journalistes, par mon
01:24:31 métier, qui veulent
01:24:33 découvrir ce pays, en parler,
01:24:35 et
01:24:37 j'adore la Côte-Basse, j'adore
01:24:39 ce Pays Basque, mais j'ai une passion
01:24:41 pour l'intérieur, parce que
01:24:43 voilà, on y trouve
01:24:45 des gens
01:24:47 authentiques, des gens passionnés,
01:24:49 et
01:24:51 j'aime aller les rencontrer, j'aime les valoriser,
01:24:53 et on les a entendus ce matin,
01:24:55 ils parlent tous avec passion, on a envie
01:24:57 de les rencontrer, et il y en a
01:24:59 beaucoup comme ça en Pays Basque,
01:25:01 et comme disait Jean-Louis, aller à leurs rencontres,
01:25:03 aller dans leurs ateliers, aller
01:25:05 dans leur cuisine,
01:25:07 aller quand ils préparent une fête,
01:25:09 oui, ça aussi, les fêtes de
01:25:11 village, c'est toujours formidable,
01:25:13 c'est vrai, c'est vrai.
01:25:15 - Ah non, c'est bien, ça se sent,
01:25:17 ça donne envie quand on fait des
01:25:19 émissions comme ça, bon, encore une fois,
01:25:21 je ne fais pas ça pour faire une carrière,
01:25:23 mais j'aime les gens,
01:25:25 on va dire c'est bête, mais je trouve que
01:25:27 montrer des gens comme vous,
01:25:29 l'envie que vous avez,
01:25:31 le désir, tu vois, et la sincérité,
01:25:33 on en voit peu à la télévision
01:25:35 ou à la radio, et c'est vrai, de même
01:25:37 que vous allez faire le livre en numérique,
01:25:39 et c'est évident qu'il faudrait faire
01:25:41 ou sur internet un suivi,
01:25:43 non pas de télé, mais des émissions,
01:25:45 en moins, en tout cas, comme tout le monde a le nez
01:25:47 dans son téléphone maintenant, proposer dans les téléphones,
01:25:49 voir, vous voir,
01:25:51 par exemple, vous le designer,
01:25:53 et puis les, tous,
01:25:55 les chaînes, Voltaire,
01:25:57 le cuir, comment ils travaillent leur cuir,
01:25:59 où ils achètent les cuirs, les coutures,
01:26:01 les montrer, puisque au lieu de regarder,
01:26:03 il y a plein de conneries quand même dans les téléphones,
01:26:05 quand tu, non mais Frida, elle a 11 ans,
01:26:07 Rabouignat, mon meilleur pote,
01:26:09 la dernière de nos petits-enfants,
01:26:11 la plus jeune, et en fait,
01:26:13 le mardi, le jeudi, elle mange à la maison
01:26:15 souvent, ma mère, elle a des trucs à faire,
01:26:17 donc si je suis tout seul, je lui fais à manger, on est tous les deux,
01:26:19 on se marre, et puis après,
01:26:21 elle met son nez dans le téléphone sur
01:26:23 TikTok et tout, mais c'est,
01:26:25 il y a des trucs vraiment nuls, quoi,
01:26:27 il faut être clair, et je lui dis, mais arrête,
01:26:29 tu t'abimes le cerveau, c'est des conneries, je lui dis,
01:26:31 ouais, ça fait un pépé, je regarde,
01:26:33 et je lui dis, donc, pourquoi ne pas proposer autre chose
01:26:35 à tout le monde, même des séquences
01:26:37 très courtes, et il ne faut pas que ce soit chiant,
01:26:39 c'est ça le truc, c'est qu'en général,
01:26:41 enfin, en général, beaucoup d'émissions où la culture
01:26:43 entre eux, c'est bête ce que je vais dire, c'est un peu
01:26:45 chiant, quoi, c'est pas drôle, et là, vous,
01:26:47 c'est vivant. - Tout à fait,
01:26:49 et en digital, il faut vraiment aller sur
01:26:51 du vivant,
01:26:53 vraiment du vivant, des expériences,
01:26:55 des témoignages, des envies,
01:26:57 enfin, il ne faut pas que ça dure
01:26:59 5 minutes par vidéo, effectivement,
01:27:01 et un autre aspect de notre
01:27:03 travail, c'est, on le fait sur différentes
01:27:05 langues, on le fait en noshkara, en basque,
01:27:07 on le fait en français,
01:27:09 on le fait en espagnol et en anglais. - J'ai vu.
01:27:11 - Donc, c'est quelque chose, ce que pour nous,
01:27:13 la langue basque
01:27:15 est un autre des
01:27:17 éléments culturels
01:27:19 déterminants dans le partage
01:27:21 collectif de part et d'autre de la frontière.
01:27:23 - Ah, oui.
01:27:25 - Mais moi, j'ai vu ce
01:27:27 pays évoluer, ça fait plus
01:27:29 de 30 ans que je travaille
01:27:31 pour... Oui.
01:27:33 Je ne suis pas jeune comme la chatelaine.
01:27:35 Ça fait plus de 30 ans, je vois
01:27:37 ce pays qui évolue,
01:27:39 on est parti d'une période, peut-être même
01:27:41 pas l'évoquer, qui était assez compliquée
01:27:43 au niveau du tourisme,
01:27:45 où le tourisme n'était pas très très bien
01:27:47 perçu, même plutôt mal perçu, d'ailleurs,
01:27:49 et j'ai vu cet évol...
01:27:51 fantastique évolu... - Aujourd'hui, encore, il y a un peu
01:27:53 une fête, complètement, pour le
01:27:55 tourisme. - Et moi, j'ai vu
01:27:57 ce pays évoluer, j'ai vu des...
01:27:59 des gens aussi revenir, comme
01:28:01 toi, j'ai vu des...
01:28:03 des établissements se créer,
01:28:05 des événements se créer, il a formidablement
01:28:07 évolué, mais en gardant
01:28:09 bien l'esprit d'ici, et c'est ça qui est passionnant.
01:28:11 C'est pour ça que ce
01:28:13 pays... ce péri...
01:28:15 pays mérite vraiment d'être connu et
01:28:17 d'aller à la rencontre des gens.
01:28:19 - Alors, peut-être que les touristes, justement,
01:28:21 qui vont venir, ne sont pas choisis,
01:28:23 vraiment, mais ont en effet une attitude qui fait
01:28:25 que les gens d'ici
01:28:27 ne seront pas rebelles.
01:28:29 Rebelles, c'est-à-dire en disant
01:28:31 "Vous venez pas nous emmerder chez nous, quoi !"
01:28:33 - Non, non, non, c'est pas ça, non.
01:28:35 Le tourisme, moi, je suis pas...
01:28:37 Vous parliez, je pense,
01:28:39 des années 70-80, où il y avait
01:28:41 même une lutte armée
01:28:43 qui s'est mise contre le tourisme, mais
01:28:45 le fait de travailler contre
01:28:47 le tourisme exclusif, le tout-tourisme,
01:28:49 oui, que c'était quelque chose qui était
01:28:51 nécessaire, même Ipparès Tarak, je pense,
01:28:53 avait raison.
01:28:55 Et donc, il se trouve qu'on peut...
01:28:57 Ce qui est mauvais, c'est la dépendance
01:29:01 du tourisme. Le tourisme,
01:29:03 en soi, évidemment. Je viens d'être flandre,
01:29:05 je viens de passer quelques jours à Bourges,
01:29:07 à Bruges, pardon,
01:29:09 j'étais touriste, et on peut être touriste,
01:29:11 on est tous touristes. Mais une autre chose,
01:29:13 c'est qu'un territoire ne fasse que ça.
01:29:15 Et ça, ça a été,
01:29:17 dans les années...
01:29:19 Ça a été un peu trop long.
01:29:21 - C'est ce qu'on aurait pu...
01:29:23 - Et ça a engendré une crise du foncier,
01:29:25 où les jeunes
01:29:27 ont du mal à se loger, etc.
01:29:29 Donc, le tourisme, oui,
01:29:31 mais contrôlé.
01:29:33 - Très très bien, parce qu'il est en train de se passer
01:29:35 tous ces problèmes-là, dans l'île d'Ori,
01:29:37 l'île d'Alleron, partout, où les gens jeunes
01:29:39 ne peuvent pas se loger. - Non, mais ce qui est formidable,
01:29:41 justement, ici, tu as raison, Jean-Louis,
01:29:43 c'est que, justement, des jeunes
01:29:45 aujourd'hui s'installent,
01:29:47 créent, il y a tout un mouvement
01:29:49 quand même, et justement, on partage,
01:29:51 on vide ce tourisme, mais on partage.
01:29:53 On ne le subit pas, on le partage.
01:29:55 Et ça, c'est très important.
01:29:57 - J'étais bien content de partager
01:29:59 ce matin avec vous. Merci.
01:30:01 Merci à mon voisin, le premier que j'ai rencontré.
01:30:03 Merci à Mme Lachatelaine.
01:30:05 - Avec plaisir. - Merci infiniment.
01:30:07 Merci Jean-Louis.
01:30:09 Tu es très beau.
01:30:11 (rires)
01:30:13 C'est pas de l'irrespect, un tout.
01:30:15 Et merci à Mme Tourisme,
01:30:17 et à vous, la jeune femme
01:30:19 qui a repris l'entreprise
01:30:21 des parents. Ça, c'est énorme.
01:30:23 Vraiment, énorme.
01:30:25 Je vais peut-être terminer avec une minute
01:30:27 d'avance, Jamel,
01:30:29 mais simplement, pour ceux qui ne l'ont pas encore
01:30:31 entendu, là, c'est une toute petite
01:30:33 chansonnette que j'ai faite
01:30:35 avec Mme Frida, où je lui disais,
01:30:37 tu te rends compte, quand t'auras 10 ans,
01:30:39 moi j'aurai 80 ans, donc ça fait 4 fils
01:30:41 et petits-enfants, et surtout, elle chante
01:30:43 à la fin, "t'en fais pas, pépé".
01:30:45 Voilà. Ça veut dire que, quand on n'a pas
01:30:47 eu le temps d'être papa, parce qu'on a
01:30:49 beaucoup travaillé dans des films, ou des trucs comme ça,
01:30:51 qu'on n'était pas à la maison, on a le
01:30:53 devoir, mais vraiment, je dis, le devoir,
01:30:55 d'être grand-père.
01:30:57 À demain.
01:30:59 4 filles, 6 petits-enfants,
01:31:01 c'est un boulot à plein temps,
01:31:03 le plus beau rôle de ma vie.
01:31:05 Et ça commence, aujourd'hui.
01:31:07 J'ai pas le rôle principal,
01:31:09 c'est la vie.
01:31:11 Et c'est normal.
01:31:13 1, 2, 3.
01:31:15 Quand t'auras 10 ans,
01:31:17 moi j'aurai 80 ans,
01:31:19 quand t'auras 20 ans, j'aurai
01:31:21 90 ans, et pour fêter
01:31:23 tes 30 ans, je t'offrirai
01:31:25 mes 100 ans,
01:31:27 en chantant...
01:31:29 Pas facile d'avoir 2 vies,
01:31:31 il me faudrait un siècle et demi,
01:31:33 pour connaître ton mari, tes enfants
01:31:35 et tes amis, pour que ta
01:31:37 grand-mère adorée, leur raconte
01:31:39 mes 68...
01:31:41 Notre histoire
01:31:43 a commencé là, et puis,
01:31:45 j'ai fait du cinéma, de la radio,
01:31:47 de la télé, mais on s'est jamais
01:31:49 quitté. Faudra surtout
01:31:51 parler d'elle, ta grand-mère est
01:31:53 exceptionnelle.
01:31:55 T'en fais pas,
01:31:57 pépé,
01:31:59 je serai toujours là,
01:32:01 pour parler
01:32:03 de toi, de toi.
01:32:05 T'en fais pas, mémé,
01:32:07 je serai toujours là,
01:32:09 pour parler
01:32:11 de toi, de toi.
01:32:13 (sonnerie)
01:32:15 - C'était les routes
01:32:17 de l'été, 10h30, c'est la fin de ces 2h qu'on a
01:32:19 passées en direct de la commanderie
01:32:21 à Irisary, dans le Pays Basque,
01:32:23 et on va continuer cette aventure dans le Pays Basque,
01:32:25 demain on sera à Saint-Angras, en direct,
01:32:27 vous connaissez maintenant l'horaire,
01:32:29 10h30 sur Sud Radio, donc c'est la fin
01:32:31 des routes de l'été, maintenant vous retrouverez les
01:32:33 débats de l'été avec Thierry Stenner, et nous
01:32:35 reviendrons sur la Coupe du monde féminine
01:32:37 qui s'est achevé hier et c'est l'heure de faire les comptes.
01:32:40 Vous nous appelez au 08.

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