• l’année dernière
Les Pays-Bas et le Danemark se sont engagés à livrer pas moins de 42 avions de combat F16 à l’Ukraine. Zelensky tient-il là de quoi prendre le dessus sur l’adversaire russe ou bien s'agit-il d'abord d'une opération de communication ?

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Transcription
00:00 [Générique]
00:03 La photo a bien évidemment fait le tour du monde.
00:06 Volodymyr Zelensky aux commandes d'un F-16 dans un hangar de l'armée néerlandaise.
00:11 Un des 42 F-16 que les Pays-Bas et le Danemark
00:15 se sont engagés à livrer au cours des prochains mois.
00:17 Et les commentateurs de nous expliquer doctement
00:20 qu'il s'agit là d'un tournant de la guerre
00:22 et que ces F-16 sont de nature à en changer l'issue.
00:26 Mais avant que les appareils et les pilotes ukrainiens
00:28 actuellement en formation soient opérationnels,
00:31 beaucoup d'eau aura coulé sous les rares ponts encore intactes du Nièvre.
00:35 En fait, la décision de livrer les F-16 est politique.
00:39 Elle vise à conforter Zelensky qui connaît quelques problèmes intérieurs.
00:44 Elle est aussi et surtout une opération de communication
00:47 pour remonter le moral de la population et des troupes.
00:51 Ce sont des sujets dont on parle bien peu dans les médias français,
00:54 mais le moral n'est pas au bout fixe à Kiev.
00:56 En cause, bien sûr, la lassitude après 18 mois de guerre.
01:00 Avec l'impression que la contre-offensive n'a pas donné les résultats espérés.
01:05 Et surtout que les pertes en hommes et en matériel
01:08 deviennent très importantes, trop importantes.
01:11 C'est depuis le début du conflit un des secrets les mieux gardés de chaque côté.
01:16 Le chiffre des morts et des blessés est éminemment stratégique.
01:20 Du côté russe, le communiqué quotidien du ministère de la Défense
01:24 dénombre les pertes ennemies.
01:25 Si on les additionne, il ne devrait plus y avoir d'armée ukrainienne.
01:29 En revanche, pas un chiffre sur les pertes russes.
01:32 Du côté ukrainien et des occidentaux,
01:35 on insiste depuis le début sur les pertes de l'adversaire.
01:38 À les prendre au pied de la lettre,
01:39 l'ensemble du corps expéditionnaire russe engagé au début aurait été anéanti.
01:45 Une chose est certaine,
01:46 cette guerre est l'une des plus meurtrières qui soit depuis bien longtemps.
01:51 L'administration américaine vient de procéder à des évaluations.
01:54 Selon elle, on compterait 300 000 morts et blessés russes
01:57 et 200 000 morts et blessés ukrainiens.
02:00 Ces chiffres masquent cependant une tendance, l'inversion des courbes.
02:05 Au début, les pertes russes ont été massives dans la région de Kiev puis de Kharkiv.
02:10 Mais les pertes ukrainiennes ont commencé à monter en flèche à Bakhmout
02:13 et surtout depuis le début de la contre-offensive, il y a deux mois.
02:18 Les attaques aveugles se sont fracassées sur les champs de mine.
02:21 Les Ukrainiens ont perdu 20% de leur matériel et des dizaines de milliers d'hommes.
02:26 Il fallait absolument afficher des victoires pour montrer aux Occidentaux
02:29 que les Ukrainiens pouvaient gagner
02:31 et qu'il fallait donc continuer à leur livrer des armes
02:34 et des matériels de plus en plus sophistiqués.
02:37 Devant l'ampleur des pertes, l'état-major a mis au point une nouvelle tactique.
02:42 Plus d'attaques frontales, mais des opérations commando par petits groupes
02:46 qui harcèlent les lignes russes avec un appui massif de l'artillerie
02:49 et des missiles occidentaux, Scalp et Storm Shadow,
02:52 et une tactique moins coûteuse en hommes, mais qui consomme beaucoup de munitions.
02:57 Or, les industries occidentales ne sont pas en capacité de fournir les munitions demandées.
03:03 Les industriels américains ont tiré la sonnette d'alarme
03:06 et les militaires américains ne veulent pas que les livraisons à l'Ukraine
03:10 se fassent au détriment des stocks de l'armée américaine
03:13 dans la perspective d'un éventuel conflit avec la Chine.
03:17 Pour le moment, l'offensive au sud des Ukrainiens qui ont envoyé sur le front
03:22 leur dernière brigade entièrement équipée de matériaux occidentaux
03:25 a grignoté quelques dizaines de kilomètres carrés.
03:28 Mais elle n'a toujours pas atteint la première ligne de défense russe.
03:32 Plus préoccupée encore, l'état d'esprit des jeunes Ukrainiens face à la guerre.
03:37 Loin des discours des passionnariats ukrainiens des chaînes d'info françaises,
03:41 il y a une autre réalité.
03:43 Le quotidien espagnol El Pais, dans son édition internationale,
03:46 a fait une très intéressante enquête sur le comportement des jeunes ukrainiens âgés de 18 ans.
03:51 Actuellement, la loi martiale prévoit que les hommes de 18 à 60 ans sont mobilisables
03:57 et doivent rester à la disposition des autorités.
04:01 Et il est même envisagé d'abaisser à 16 ans cette limite.
04:05 D'après El Pais, beaucoup de jeunes sont partis à l'étranger depuis le début de la guerre,
04:09 surtout chez les plus éduqués.
04:11 Et c'est exactement le même phénomène qui s'est produit en Russie.
04:15 Quand on interroge ces jeunes restés en Ukraine,
04:17 le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils sont plus que dubitatifs
04:21 vis-à-vis de la propagande du gouvernement.
04:23 Ils voient le niveau des pertes, les blessés,
04:26 et cherchent par tous les moyens à éviter d'être enrôlés.
04:29 La corruption, cet état endémique ukrainien,
04:32 a permis à bon nombre d'entre eux de se faire exempter.
04:36 D'où le limogeage par Zelensky de la totalité des responsables du service de recrutement.
04:42 Ce qui menace l'Ukraine, en fait, c'est l'attrition.
04:44 L'attrition du matériel, des munitions et des hommes.
04:48 Certes, la Russie connaît aussi bien des problèmes.
04:51 Mais son outil industriel est passé en économie de guerre
04:54 et les usines produisent en masse matériel et munitions.
04:58 Alors ce ne sont pas des produits de la dernière technologie,
05:01 mais dans une guerre de tranchées, cela fait l'affaire.
05:04 Quant aux hommes, la population russe est quatre fois plus importante que celle de l'Ukraine.
05:09 Actuellement, l'armée russe compte plus de 1,3 million de soldats
05:13 et elle a encore des capacités de mobilisation.
05:15 Alors que pour les Ukrainiens, le réservoir se tarie peu à peu.
05:20 Vladimir Poutine joue donc la durée.
05:23 Les F-16 peuvent-ils dans ces conditions faire basculer l'issue de la guerre ?
05:28 Quoi qu'en disent les experts autoproclamés, c'est loin d'être certain.
05:32 Les aérodromes sont des cibles privilégiées que les Russes bombardent régulièrement par missiles.
05:37 Pour qu'ils soient protégés, ces F-16 devraient donc avoir leur base hors d'Ukraine.
05:43 Mais là, s'ils le reprendent dans ce jeu, on franchirait un nouveau pas dans l'escalade.
05:48 [SILENCE]

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