École : «Il faut repenser complètement l'emploi du temps», estime Jean-Paul Brighelli

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Jean-Paul Brighelli, essayiste et auteur de "L'École à deux vitesses" aux éditions de L'Archipel , répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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Transcript
00:00 sur Europe 1. Bon réveil à tous, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin
00:03 l'essayiste et enseignant à la retraite Jean-Paul Brighelli.
00:06 - Bonjour Jean-Paul Brighelli.
00:08 - Bonjour Dimitri.
00:09 - Bienvenue sur Europe 1, vous avez beaucoup écrit sur l'école, votre dernier livre "L'école à deux vitesses"
00:14 paru chez l'Archipel, la rentrée scolaire approche à grand pas, c'est même aujourd'hui
00:18 pour le nouveau ministre de l'éducation Gabriel Attal, il tiendra tout à l'heure sa conférence de presse de rentrée.
00:23 D'ores et déjà deux annonces importantes, alors l'une concerne le bac, on va en parler,
00:28 et l'autre c'est l'interdiction du port de l'abaya à l'école.
00:32 Alors je rappelle, l'abaya c'est cette robe traditionnelle ample que les femmes portent par-dessus leurs autres vêtements,
00:39 on débat en France de son caractère religieux ou non, en tout cas voilà c'est tranché, c'est interdit dans les écoles.
00:46 Est-ce que vous saluez cette décision Jean-Paul Brighelli ?
00:49 - Oui bien sûr, ça lève une ambiguïté parce que le précédent ministre
00:55 avait laissé chaque chef d'établissement libre de décider s'il fallait ou non l'interdire etc.
01:04 J'avais fait un article dans Causer pour expliquer que par exemple à Marseille, au lycée Victor Hugo,
01:09 ça avait amené des manifestations monstres avec l'invasion du bureau du proviseur etc.
01:16 par en fait des gens, peu m'importe que l'abaya soit ou non un vêtement religieux etc.
01:22 C'est un vêtement communautariste et le communautarisme n'a rien à faire dans l'école de la République.
01:28 - Vous voyez dans cette décision Jean-Paul Brighelli un retour de l'autorité dans l'institution scolaire ?
01:35 - Un petit retour de l'autorité, je veux dire en fait tout est absolument lié,
01:41 le ministre a commencé parce qu'il y avait le plus facile, déplacer les dates du bac de façon à reconquérir
01:48 non pas le mois de juin mais au moins avril et mai parce que cette année les classes se sont désertées à partir d'avril
01:55 puisque les élèves en gros connaissaient leurs notes, connaissaient le résultat,
01:59 n'avaient plus aucune raison de revenir en classe en terminale.
02:03 Décréter que l'abaya n'est pas conforme aux lois républicaines, bon.
02:11 Maintenant il va rentrer dans le dur en quelque sorte.
02:14 Tout ce qu'il a décidé là avait été programmé déjà jeudi dernier lorsqu'il a reçu les recteurs de France
02:21 et qu'il leur a fait part de ces diverses décisions.
02:25 Ce qu'il faut faire maintenant c'est faire revenir l'autorité pédagogique en quelque sorte,
02:32 c'est-à-dire modifier les programmes, modifier les enclos du temps,
02:37 modifier la cotation horaire pour chaque discipline actuellement en difficulté,
02:42 là ça c'est une autre paire de manches.
02:44 - Alors le ministère dit que ce sont 15 millions d'heures de cours
02:49 qui sont perdues chaque année pour diverses raisons.
02:51 Gabriel Attal dit aussi vouloir lutter par tous les moyens contre l'échec scolaire.
02:56 Alors il y a plusieurs initiatives qui sont d'ores et déjà un peu dans l'air du temps.
03:00 L'idée d'une rentrée précoce le 20 août pour les élèves en difficulté,
03:03 ça Emmanuel Macron en parlait dans son interview au Point la semaine dernière.
03:07 Il est question de mettre aussi plus de soutien scolaire,
03:11 des collèges qui seraient ouverts jusqu'à 18h.
03:13 On a l'impression, Jean-Paul Briguelli, vous allez me dire ce que vous en pensez,
03:16 qu'en fait c'est le volume de temps passé à l'école qui serait insuffisant.
03:20 Est-ce que c'est le bon diagnostic ?
03:22 - Alors c'est une partie du diagnostic.
03:26 Il est évident que le vrai diagnostic, vous avez tout à fait raison,
03:29 ce n'est pas quantitatif, c'est qualitatif.
03:31 C'est-à-dire dans ces heures nouvelles où les enfants seront à l'école,
03:37 qu'est-ce qu'ils vont faire ?
03:39 Quant à l'initiative de faire commencer l'école le 20 août,
03:44 j'habite dans le Midi et ce 20 août il faisait 42 degrés dans le Midi.
03:50 Il faudrait peut-être signaler à Emmanuel Macron et à Gabriel Attal
03:55 que les collèges et les lycées ne sont pas climatisés.
03:58 Et je défie, je défie qui que ce soit de travailler au-delà de 10h du matin
04:03 dans une atmosphère pareille.
04:06 Non, s'il y a des vacances par exemple sur lesquelles on peut rogner,
04:10 ce sont par exemple les vacances de la Toussaint,
04:12 qui n'ont aucune raison d'être véritablement,
04:15 qui sont gonflées pour des raisons d'équilibrage du nombre de semaines, etc.
04:22 Ça c'est certain, mais surtout, surtout,
04:25 il faut repenser complètement l'emploi du temps et se dire
04:30 telle ou telle discipline est-elle utile à des élèves
04:33 qui ne savent pratiquement ni lire ni écrire.
04:35 - Alors ça vous le dites livre après livre Jean-Paul Briguelli,
04:37 vous dénoncez vous depuis longtemps la faillite de l'école
04:40 qui est devenue la fabrique du crétin.
04:43 C'est votre livre à succès qui est paru maintenant il y a 18 ans.
04:47 Et vous dites en fait que c'est encore pire aujourd'hui,
04:50 mais c'est normal puisqu'en fait rien n'a vraiment été entrepris
04:52 pour tenter d'améliorer l'école.
04:55 L'école ne serait pas jugée malade par ceux qui la dirigent.
04:58 Pourquoi vous dites ça Jean-Paul Briguelli ?
05:01 - Mais parce que ceux qui la dirigent en quelque sorte
05:05 ont fabriqué une école pour eux et pour leurs enfants.
05:09 C'est le sens de mon dernier livre d'ailleurs,
05:11 "L'école à deux vitesses".
05:12 Il y a en France une école des riches et une école des pauvres.
05:16 Et l'école des pauvres, croyez-moi,
05:18 c'est un projet qui n'est pas français, qui est européen,
05:20 qui remonte à ce qu'on appelle le protocole de Lisbonne en 1999-2000.
05:25 Bon, l'école des pauvres, c'est une garderie
05:29 dans laquelle vous apprenez au fond,
05:32 enfin la compétence avec laquelle vous en sortirez,
05:34 c'est de téléphoner à Uber pour faire livrer une pizza
05:39 en regardant le foot à la télé.
05:42 - C'est un peu caricatural.
05:43 - C'est la seule compétence qui intéresse véritablement.
05:46 Mais en revanche, en revanche,
05:49 sortir de telle ou telle école, on va dire chic,
05:52 une école où la caste se retrouve entre elle,
05:57 une école où les gens ont les codes en quelque sorte.
06:00 Je prends un exemple,
06:02 Gabriel Attal sort de l'école alsacienne,
06:06 qui est sans doute l'une des meilleures écoles privées de Paris.
06:09 Il n'était pas d'ailleurs un élève absolument extraordinaire
06:12 à l'école alsacienne,
06:13 mais il a été pris immédiatement à Sciences Po Paris.
06:16 Sciences Po Paris qui, par ce temps,
06:18 refusait toutes sortes d'élèves potentiellement brillants
06:22 venus de lycées tout à fait anonymes.
06:24 Il faut comprendre que l'école de certains,
06:30 c'est une école de l'entre-soi.
06:31 Et puis qu'à côté, il y a l'école des ghettos,
06:35 l'école ghetto à l'intérieur des ghettos.
06:37 Voilà, c'est ça la réalité.
06:39 Et je voudrais surtout faire comprendre
06:43 que l'école dans laquelle la classe moyenne envoie ses enfants
06:48 est une école qui n'intéresse rigoureusement personne.
06:50 - La classe moyenne, on parle beaucoup en cette rentrée,
06:53 Gérald Darmanin en parle,
06:55 Gabriel Attal veut en faire la priorité
06:57 de son action à la tête de l'éducation nationale.
06:59 Merci d'avoir été avec nous.
07:01 Jean-Paul Brighelli,
07:02 je rappelle le titre de votre dernier ouvrage,
07:05 "L'école à deux vitesses" paru chez l'Archipel.

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