Abaya : "Dans une dizaine d'établissements, il y aura peut être des tensions" - Iannis Roder

Sud Radio

l’année dernière

Avec Iannis Roder, professeur d’histoire-géographie au collège en Seine-Saint-Denis, Directeur de l’observatoire de l’éducation de la Fondation Jean-Jaurès

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2023-08-29##

Transcript

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00:00 - Il est 7h48, Sud Radio vous explique, interdire les abayas comme le veut le ministre de l'éducation, les abayas à l'école, est-ce que c'est possible ?

00:08 Nous sommes avec Yanis Roder, professeur d'histoire géographie au collège en Seine-Saint-Denis,

00:13 et directeur aussi de l'Observatoire de l'éducation de la fondation Jean Jaurès et qui œuvre beaucoup pour la laïcité.

00:18 Bonjour Yanis Roder ! - Bonjour !

00:20 - Des questions se posent sur l'application et même la légalité des décisions.

00:24 Déjà, comment déterminer si l'abaya est un caractère religieux ou non, puisqu'il y a eu des réserves du Conseil français du culte musulman qui dit que l'abaya n'est pas un signe religieux musulman ?

00:37 - Alors vous savez, le CFCM va plus loin que ça, puisqu'il dit qu'il n'y a pas de vêtements religieux,

00:43 ce qui sous-entend que le voile n'est pas religieux non plus pour les théologiens du CFCM.

00:48 Mais ça, ça ne regarde pas l'État, et ce n'est pas aux religions de nous dire ce qui est porteur d'un signe religieux ou qui manifeste une religiosité au sein de l'école.

00:58 La loi de 2004 dit que ce n'est pas le signe qui fait la chose, mais la manifestation.

01:05 C'est cela qu'il faut voir.

01:06 Et donc en fait, en réalité, il faut voir si à travers le port d'un vêtement, quel qu'il soit en réalité, il y a une manifestation religieuse.

01:14 C'est ça que dit la loi de 2004.

01:16 - Alors maintenant, il faudra déterminer à l'entrée de l'école si c'est un signe religieux,

01:23 faire la distinction entre une robe longue et large et une abaya.

01:28 Il va falloir former aussi les personnels de direction.

01:31 Yannis Roder, vous qui connaissez bien les établissements scolaires.

01:34 - Oui, tout à fait. Mais vous savez, la loi de 2004 a eu une circulaire de mise en application.

01:39 Cette circulaire du 18 mai 2004 dit très clairement que tout signe qui amène à se faire immédiatement reconnaître par son appartenance religieuse est proscrit.

01:48 Donc effectivement, il va falloir former les chefs d'établissement, mais qu'ils le sont déjà en grande partie.

01:54 Et ce seront eux qui verront s'ils considèrent que le vêtement ou le signe porté, quel qu'il soit, permet d'identifier la communauté religieuse à laquelle appartiennent ou pensent appartenir les jeunes.

02:08 Il faut se baser sur les textes.

02:10 - Yannis Roder, vous êtes sur le terrain. Est-ce que c'est tendu, justement ?

02:14 Est-ce que c'est une réalité dans les établissements ? Et que disent les professeurs, les enseignants face à ça ?

02:19 - Alors, pour commencer sur les enseignants, un sondage IFOP, qui a été rappelé hier,

02:25 a montré que 80% des enseignants sont favorables à l'interdiction de signes religieux à l'école, et notamment des abayas.

02:31 D'autre part, la situation n'est pas tendue partout, heureusement.

02:36 Il y a quelques dizaines d'établissements dans lesquels, effectivement, les abayas se comptent par dizaines.

02:42 Je pense à des villes comme Lyon ou Rény-sur-Yves qui connaissent cela.

02:46 Là, effectivement, il y aura peut-être des tensions, parce qu'il y a des habitudes qui se sont installées depuis 18 mois, depuis l'apparition de ce phénomène vestimentaire.

02:56 Et donc, effectivement, revenir avec des jeunes sur des habitudes qu'ils ont, ça risque de créer des tensions.

03:02 Justement, le ministre a préparé un grand plan d'accompagnement des personnels et d'accompagnement des équipes pédagogiques pour gérer ces questions-là.

03:10 Donc, il y aura peut-être des tensions, mais tout est fait pour qu'il y en ait le moins possible.

03:14 - Oui. Merci beaucoup, Yanis Rader, pour ces premières précisions.

03:17 Évidemment, sur cette abaya, on en reparlera beaucoup, forcément, parce qu'il va y avoir cette mise en application qui risque d'être un petit peu difficile.

03:27 Merci, Yanis Rader, directeur de l'Observatoire de l'Éducation de la Fondation Jean Jaurès.