L'invitée de France Bleu Matin : Catherine Renne, directrice de l'INSEE Hauts-de-France

  • l’année dernière
L'INSEE a publié une étude sur la hausse des températures prévues dans les Hauts-de-France lors des trente prochaines années. Selon ces prévisions, les températures moyennes lors des trois mois d'été va augmenter de 1,1 °C.
Transcript
00:00 Bonjour Catherine Rennes, vos équipes ont établi des prévisions pour une période qui va de 2021 à 2050.
00:05 Les températures sur les trois mois d'été, juin, juillet et août, vont prendre grosso modo 1°C, 1,1°C très précisément
00:12 par rapport à ce que nous avons connu ces dernières années, c'est ça ?
00:15 C'est ça oui, donc ces dernières années, pendant les périodes estivales, la température moyenne c'était plutôt 17,2°C
00:22 et on passerait plutôt à 18,3°C, donc 1°C supplémentaire.
00:26 18,3°C quand on le dit comme ça, on n'a pas l'impression que ce soit beaucoup, on est loin d'une canicule,
00:32 mais on va préciser quand même que ce sont des moyennes, c'est-à-dire que 18,3°C c'est température de nuit et température de jour,
00:37 vous faites une moyenne, c'est ça ?
00:38 Oui c'est ça, c'est Météo France qui suit les températures et donc ils font la moyenne entre les températures de la nuit et les températures du jour.
00:46 L'autre enseignement de votre étude, c'est qu'au-delà de ces moyennes, donc au-delà de cette hausse globale d'un degré,
00:52 ce sont les journées, les nuits anormalement chaudes qui vont se multiplier, les pics de température,
00:57 finalement ces journées seront de plus en plus fréquentes puisque vous prévoyez en moyenne là aussi 17 jours, 6 nuits au-dessus des normales dans les prochaines années,
01:04 ça veut dire 17 jours de canicule ?
01:06 17 jours où les températures sont 5°C supérieures aux moyennes constatées sur le territoire,
01:13 donc ce sont quand même des anomalies de température et des températures assez élevées.
01:19 Alors bien évidemment tous les territoires du Nord et du Pas-de-Calais ne vont pas être touchés,
01:24 la région est même plutôt préservée par rapport à d'autres régions françaises.
01:29 Oui puisque vous mettez dans votre étude que seulement finalement 9% de la population des Hauts-de-France
01:36 sera concernée par ces chaleurs anormales, par ces pics de température dans les prochaines années.
01:41 Oui la région bénéficie de l'absence de relief, on sait que les massifs etc. ça favorise aussi les anomalies de température,
01:50 on bénéficie d'un littoral, donc tout ça explique pourquoi dans la région,
01:56 seuls 9% de la population pourrait être soumis à des anomalies de température.
02:01 Alors ça ne veut pas dire que dans les territoires les plus préservés, notamment sur le littoral,
02:06 il n'y ait pas des endroits où il y ait des augmentations un peu anormales de température,
02:11 notamment dans les villes, parce qu'on sait que dans les villes il y a le phénomène d'îlots de chaleur
02:15 qui est lié à l'urbanisation et à la moindre végétalisation.
02:18 En tout cas ces anomalies seront de plus en plus fréquentes plutôt sur l'Est de la région,
02:23 et quand on regarde la zone en rouge sur votre carte, c'est vraiment l'Est la Vaignois,
02:28 finalement le Valenciennois, la Vaignois sera par là,
02:30 qu'il y aura de plus en plus dans les prochaines années d'anomalies de chaleur, de pics de chaleur dans la région.
02:34 Oui c'est ça, c'est dans l'Est, l'ensemble des Hauts-de-France on va trouver ça dans le Sud de l'Oise et dans l'Aisne,
02:40 et puis pour le Nord et le Pas-de-Calais, effectivement on va plutôt trouver ça dans l'Est et donc dans la Vaignois.
02:46 France Bleu Nord, il est 7h48, nous sommes en direct avec Catherine Rennes, la directrice de l'INSEE dans les Hauts-de-France.
02:52 Catherine Rennes, quand on regarde la carte de France, on sentit finalement plutôt pas mal dans la région,
02:57 dans le Nord, dans le Pas-de-Calais, 18,3 de moyenne, c'est ce que nous disions chez nous,
03:00 quand vous prévoyez au niveau national 19,6 degrés, est-ce que vous prévoyez dans les années qui viennent des gens qui vont privilégier justement l'INSEE,
03:08 les mouvements de population qui vont privilégier désormais notre région,
03:12 puisqu'on voit que ça va commencer à devenir sacrément compliqué plutôt dans le Sud de la France ?
03:16 Ça c'est la question, et c'est pour ça que c'est important de disposer de statistiques, d'un point de départ,
03:21 parce que les questions qui se posent c'est déjà à court terme, est-ce que déjà les personnes vont changer leur comportement,
03:26 par exemple pour le tourisme, est-ce que l'été les personnes iront plutôt vers la Normandie, la Bretagne et Hauts-de-France plutôt que le Sud du pays ?
03:35 Et puis à plus long terme, on pourrait s'interroger sur est-ce que les personnes choisiront des lieux de résidence différents de ce qui est actuellement ?
03:42 Votre étude nous renseigne finalement sur les températures, mais le dérèglement global a aussi des conséquences,
03:48 sur l'érosion, sur le trait de côte, sur l'assèchement des nappes phréatiques,
03:52 parce que c'est vrai que là on vient de dire que sur le littoral finalement on sera plutôt préservé,
03:55 mais il y a aussi toutes les autres conséquences du réchauffement climatique, vous les étudiez également ?
04:00 Oui, donc l'INSEE a tout son rôle pour justement mettre à disposition des statistiques qui permettent de déclarer les acteurs publics
04:08 sur toutes les dimensions de la transition climatique et les enjeux.
04:13 Donc la semaine prochaine, par exemple, nous sortons une étude sur les émissions de CO2 liées au déplacement des actifs de la région,
04:21 et puis début 2024 nous sortirons une étude sur le risque de submersion marine,
04:26 la région dispose d'une façade littorale et ça aussi c'est un enjeu pour la région.
04:30 Et en attendant ces prochaines études, donc celle-ci qui vient d'être publiée,
04:33 vous retrouvez tous les chiffres sur le site de France Bleu Nord, Francebleu.fr,
04:37 chiffre à retenir donc 18,3 de moyenne dans les prochaines années, sur les trois mois d'été, contre 17,2 degrés aujourd'hui.
04:44 Merci beaucoup Catherine Renneve de venir nous présenter cette étude ce matin sur France Bleu Nord, bonne journée.

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