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00:00 [Musique]
00:10 Bonjour, bienvenue sur Investeur TV dans notre nouvelle émission Business Angel,
00:14 où les Business Angels de France vont venir nous partager leur expérience de Business Angel.
00:20 Aujourd'hui, celui qui nous fait l'honneur d'inaugurer cette nouvelle émission,
00:24 c'est Jean Duchesne, en direct, en visio, depuis la région de Lyon. Jean, bonjour.
00:30 Bonjour Stéphane, merci pour votre invitation.
00:33 Merci à vous d'être notre premier invité.
00:36 Pour commencer, je voudrais que vous parliez un petit peu de votre parcours.
00:40 Oui, alors j'ai un parcours assez classique au départ, j'ai été salarié.
00:44 Et puis, par une opportunité, j'ai eu l'occasion de créer une première boîte,
00:49 une deuxième boîte, une troisième boîte.
00:51 Je ne savais absolument pas qu'on pouvait lever des fonds, c'était des métiers et des activités à l'ancienne,
00:56 absolument pas tech. Et suite à deux ventes de ces sociétés, j'ai appris plus tard que ça s'appelait des exits,
01:03 je me suis retrouvé avec de l'argent et du temps libre.
01:07 Et c'est ce qui m'a ensuite emmené vers le métier de Business Angel,
01:15 ou la passion de Business Angel pour mettre mes finances et mes compétences,
01:23 ou en tout cas mon expérience plus que des compétences, à disposition de fondateurs motivés.
01:29 Alors, avant de porter votre casquette Business Angel,
01:32 vous pouvez peut-être nous dire deux mots sur votre activité en dehors de Business Angel,
01:36 comme vous disiez qui est un side activité, de votre société Atica.
01:42 Oui, alors la société Atica, c'est maintenant une activité d'accompagnement à la levée de fonds
01:50 et de financement de startups lorsque celle-ci nous semble intéressante,
01:55 à la fois côté des fondateurs de l'équipe et côté du projet et de l'ambition portée.
02:01 Ok, depuis combien de temps vous investissez dans les startups en tant que Business Angel cette fois
02:06 et combien vous avez fait de réalisées d'investissements ?
02:09 Alors, j'ai investi dans cinq startups au total,
02:14 même si l'une d'entre elles n'est pas vraiment une startup, c'est plutôt une PME,
02:19 mais j'ai investi dans cinq structures depuis deux ans environ,
02:24 au rythme d'un investissement par semestre,
02:28 parce que ça prend du temps de trouver des projets, ça prend du temps de challenger les fondateurs,
02:34 et puis ça reste du capital risque.
02:36 Donc quand on investit, on sait qu'on peut investir un montant relativement conséquent
02:42 et puis le perdre si la société disparaît.
02:45 Donc ça prend un peu de temps de bien sélectionner les entreprises dans lesquelles investir.
02:51 Alors justement, quelle est votre motivation, quels sont vos critères de sélection
02:55 et quel est le ticket moyen que vous y consacrez ?
02:58 Alors, on va laisser le côté finance, j'aborde tout de suite le côté finance pour l'évacuer ensuite.
03:03 Mon ticket moyen, c'est même mon seul ticket, j'ai pas de moyenne, c'est systématiquement 50 000 euros,
03:08 parce que je peux accompagner comme ça une dizaine de deals potentiels.
03:18 Ma vraie motivation, elle est surtout ma passion, mon amour pour l'entrepreneuriat.
03:25 Mais que ce soit l'entrepreneuriat hypertech, station F, BPI,
03:30 ou l'entrepreneuriat très local de l'auto-entrepreneur qui va se lancer,
03:35 j'apprécie moi les gens qui se sortent les mains des poches
03:39 et puis qui disent je prends mon destin professionnel en main,
03:43 qui ont envie de se réaliser, ça passe ou ça passe pas, mais c'est qu'un détail.
03:47 Quand ça passe pas, on repart sur un autre projet en règle générale.
03:50 Et j'adore travailler avec des fondateurs parce que j'adore leur enthousiasme,
03:55 j'adore leur dynamisme, j'adore aussi une certaine forme de naïveté parfois.
04:00 Souvenez-vous de vos premiers projets, vous n'aviez pas l'expérience d'aujourd'hui.
04:05 Et lorsque l'on voit ces jeunes fondateurs avec beaucoup d'énergie,
04:10 mais qui parfois se dispersent, leur redonner un peu un cadre,
04:14 leur faire part d'un retour d'expérience, c'est vraiment quelque chose qui m'anime.
04:18 Et du coup, je suis rentré dans le mécanisme de l'écoutil,
04:26 d'abord en étant mentor auprès de jeunes entrepreneurs au sein d'incubateurs,
04:32 tout simplement, et puis ensuite, c'est un peu comme au poker finalement,
04:36 d'être mentor à titre gratuit ou jouer au poker gratuitement,
04:39 c'est pas très drôle. Investir et être à côté des fondateurs,
04:43 ça veut dire qu'on croit vraiment à leur idée.
04:46 Tout à fait. Alors quels sont vos critères de sélection ?
04:49 Alors, je n'ai pas vraiment de critères au sens de l'activité.
04:53 Ça peut être des activités clean tech, des activités à impact social,
04:57 donc des activités qui ont du sens et qui sont dans l'air du temps,
05:00 mais ça peut être aussi des activités très terre à terre,
05:04 ou des domaines que je ne maîtrise absolument pas,
05:07 le Web3 par exemple, je ne vais pas sur la biotechnologie,
05:11 mais l'IA, tout le monde en parle, et c'est séduisant d'être auprès de fondateurs
05:15 qui commencent à exploiter l'IA.
05:18 Mon critère principal, c'est plutôt la personnalité des fondateurs.
05:24 Est-ce qu'ils sont sympas ? Parce que si on est amené à travailler ensemble
05:28 de manière plus ou moins fréquente, il faut qu'ils soient sympas.
05:32 Est-ce qu'ils me plaisent ? Est-ce qu'ils sont ouverts aux idées, à la critique ?
05:38 Donc, c'est plutôt la personnalité des fondateurs,
05:41 est-ce qu'ils sont capables de m'emmener en fait ?
05:43 Est-ce que je perçois quelque chose ? Alors, c'est très intuitif,
05:46 pas de griffes, pas de barème, etc.
05:48 Mais c'est vraiment la personnalité de l'équipe, leur histoire, leur ambition,
05:53 qui va me donner confiance dans le fait de travailler à leur côté,
06:01 à la fois avec mon argent et à la fois avec mon retour de l'expérience.
06:05 Nous avons des critères communs.
06:07 Alors, vous écoutez, j'ai la réponse à ma question,
06:10 mais je vais quand même vous la poser, ma question suivante.
06:12 Vous êtes plutôt un investisseur impliqué dans le développement de la startup,
06:16 de l'entreprise, ou plutôt un investisseur passif ?
06:19 Alors, je suis un investisseur très, très impliqué.
06:22 C'est même un de mes critères d'investissement.
06:26 J'aime beaucoup murmurer à l'oreille des dirigeants,
06:30 et donc j'ai besoin, mais c'est viscéral en fait,
06:35 d'avoir des nouvelles de mes entreprises, au-delà du tableau de bord, du reporting,
06:40 qu'ils peuvent envoyer à l'ensemble de leurs investisseurs,
06:43 de prendre des temps de dialogue, de susciter des journées de travail
06:47 avec d'autres BA ou d'autres investisseurs.
06:51 Très souvent, on est sollicité, dragué pour notre argent,
06:56 et puis une fois qu'on a investi, une fois qu'on a signé le pacte d'actionnaire,
07:00 finalement, dans certains cas, on peut ne plus exister.
07:03 Et c'est dommage, parce que, notamment pour les jeunes fondateurs,
07:07 notamment pour les moins jeunes, de bénéficier de la richesse,
07:11 pas uniquement de leur borde, mais de l'ensemble de leur conseil d'administration,
07:16 il faut qu'ils s'appuient là-dessus.
07:19 Je rejoins totalement, et dans certains cas, on ne devrait pas murmurer,
07:22 mais parler un peu plus fort, parce que souvent, on n'est pas très entendu.
07:25 C'est vrai. Alors moi, j'ai la chance de…
07:28 Après, ce qui est un peu à la fois frustrant, mais c'est le jeu,
07:31 quand vous possédez 3% d'une boîte, vous pouvez être entendu,
07:35 c'est à vous qui prenez les décisions, mais en même temps, si je voulais prendre…
07:38 Oui, même en ayant 3% d'une boîte, on peut donner des bons conseils.
07:41 Exactement, mais après, c'est bien le rôle du fondateur d'avoir son propre avis,
07:45 mais c'est pour ça que, dans le choix d'investir dans telle ou telle startup,
07:48 ou dans telle ou telle entreprise, l'aptitude du fondateur à savoir bien écouter,
07:53 à savoir bien s'entourer, et à faire ensuite ses propres choix,
07:56 est quelque chose d'important pour moi.
07:58 Tout à fait. Comment vous les sourcez ?
08:00 Vous investissez plutôt en solo, dans des clubs de business angel,
08:03 des clubs d'eal, des fonds de seed ?
08:05 Alors, le sourcing est essentiellement l'in-que-d'in.
08:09 Il suffit de mettre BA et on est énormément sollicité.
08:13 Alors, il y a à boire et à manger dans les becs reçus.
08:18 Et puis, je me suis inscrit sur une base publique d'un de mes voisins
08:23 dans les monts du Lyonnais, Serge Kikinian,
08:26 qui a une base sur Notion, une base à Plément-le-Chegaud.
08:30 Et là également, les start-upeurs accèdent à mon mail et peuvent me contacter.
08:37 Je n'appartiens pas à des réseaux de BA, donc mon sourcing et mon deal flow
08:42 vient très essentiellement de l'in-que-d'in et de cette fameuse base.
08:46 D'accord. Vous avez accepté de partager vos performances.
08:50 Quelles sont-elles jusqu'à présent ?
08:52 Alors, je n'ai pas encore beaucoup de recul puisque ça ne fait que deux ans que j'ai investi.
08:57 Ma première performance, elle est pitoyable puisque le premier ticket de 50 000 que j'ai mis,
09:02 trois mois plus tard, la boîte avait déposé le bilan.
09:05 On apprend la vie, on apprend le métier, on apprend que le capital risque, il y a du risque.
09:11 Ça permet aussi, lorsque je travaille avec les start-up de mon portefeuille
09:19 qui font des levées ensuite, de bien leur expliquer l'état d'esprit des investisseurs,
09:24 des BA, des réseaux de BA et puis ensuite des fonds et des sociétés d'investissement.
09:28 C'est finalement, s'ils ne financent pas un projet, c'est qu'ils estiment que le risque est trop important
09:34 en règle générale et il ne faut jamais oublier que c'est l'argent de chacun d'entre eux
09:38 qui est investi dans la start-up.
09:39 Donc, ça m'a bien servi de leçon.
09:41 Les gars étaient sympas, je n'ai pas assez regardé leur business plan
09:46 et surtout leur maîtrise des charges.
09:48 Les charges étaient trop élevées, la levée de fonds n'a servi qu'à embaucher
09:51 tous les alternants qui étaient là.
09:52 C'est une erreur de ma part, j'aurais dû le voir venir.
09:54 Mais voilà.
09:55 Pour les autres structures, j'ai une PME qui fonctionne très bien,
09:59 qui fait plus 30 à plus 40 % de croissance par an.
10:03 Donc, ce n'est pas un rythme de start-up, mais c'est un fondateur sympa sur Lyon
10:07 avec d'autres business angels.
10:10 Et puis, j'ai investi dans deux structures qui sont là en hypercroissance,
10:13 qui font 10 ou 15 % de plus tous les mois sur des modèles tech,
10:17 10 % de MRR de plus tous les mois.
10:22 Là, j'ai de grands espoirs de beaux exits, mais tant qu'ils ne sont pas faits,
10:27 ça reste une performance complètement virtuelle.
10:30 Ça reste de virtuel et abstrait, tout à fait.
10:33 Alors, même si ça ne fait que depuis deux ans, est-ce que vous avez eu des déceptions
10:37 et puis, à contrario, donc atténué, corrigé par des satisfactions déjà ?
10:41 Oui, alors j'ai eu une seule déception.
10:45 Un fondateur qui était très content que je contribue à sa lever,
10:54 à boucler son tour de table, et puis qui, à chaque fois que j'ai sollicité
10:59 pour faire un point, pour réfléchir à ses enjeux, pour réfléchir à ses préoccupations
11:03 ou tout simplement pour boire une bière, parce que c'est sympa aussi de boire une bière,
11:06 n'a jamais donné suite à mes sollicitations.
11:10 Et je me sens un peu frustré de ne pas pouvoir apporter ou de ne pas avoir
11:17 la contrepartie humaine de mon investissement financier.
11:21 D'accord. Et à contrario, déjà, les satisfactions, indépendamment de la performance financière ?
11:26 Oui, les satisfactions, c'est quand on voit que le fondateur est à l'écoute,
11:31 quand on voit qu'il va ouvrir des nouveaux marchés,
11:33 quand on voit qu'il va suivre des préceptes de management.
11:36 C'est aussi de pouvoir travailler en cercle fermé avec d'autres business angels
11:41 qui sont ou pas au bord des sociétés sur un thème précis,
11:46 comment rentrer sur un nouveau marché, comment ouvrir une nouvelle verticale.
11:49 Donc des réflexions collectives où là, on partage de la compétence
11:54 de différents business angels avec un fondateur.
11:57 Et ça, humainement, c'est vraiment des moments très plaisants et très enrichissants.
12:02 Très bien. En dehors des investissements en start-up,
12:04 vous vous privilégiez des actifs en particulier ?
12:07 Alors non, c'est vraiment l'investissement en start-up.
12:12 J'ai investi quand j'étais plus jeune dans l'immobilier,
12:15 mais l'immobilier n'a aucun aspect humain.
12:18 Il n'y a pas de challenge, il n'y a pas de jeu, il n'y a pas de perspective.
12:22 C'est plan-plan. Et puis fiscalement, ça n'a plus beaucoup d'intérêt avec l'ensemble des normes.
12:28 Donc, ce n'est pas un investissement amusant.
12:31 Il n'y a vraiment aucun plaisir humain, on ne construit rien.
12:35 L'essentiel de mes investissements sont sur le volet des start-up et de liquidités.
12:41 Jean, un grand merci pour votre transparence, pour votre enthousiasme.
12:45 Je ne pouvais pas trouver mieux comme premier invité pour ma nouvelle émission Business Angel.
12:49 Un grand merci. Merci à tous de nous avoir suivis.
12:52 Je vous donne rendez-vous très vite sur Investisseur TV avec un autre business angel.
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13:07 [Silence]