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00:00 L'invité éco
00:02 Bonsoir à toutes et à tous, nous parlons conjoncture avec notre invité, quelle perspective
00:10 pour notre économie. Bonsoir Jean-Luc Tavernier, directeur général de l'INSEE, l'Institut
00:14 national de la statistique, publie ce soir ses prévisions pour le reste de l'année.
00:19 Vous tablez sur une croissance de 0,9% en 2023, révisée à la hausse, on va détailler ça ensemble.
00:24 Mais d'abord parlons de notre porte-monnaie, quelle courbe l'inflation va-t-elle suivre ? Les prix
00:29 vont continuer à augmenter mais moins vite ? Oui bien sûr, les prix devraient continuer à
00:34 augmenter un petit peu mais l'inflation s'est recalculée sur 12 mois, ça devrait continuer
00:37 à baisser. Le pic c'était il n'y a pas si longtemps, c'était il y a 6 mois qu'on a eu le
00:41 pic d'inflation. Ça a commencé à baisser assez fortement parce que notamment les prix d'énergie
00:46 sont stabilisés. Notre prévision c'est que ça continue à refluer graduellement et à la fin de
00:51 l'année on serait à peu près à peu plus de 4% d'inflation. Au mois de décembre sur un an ? C'est
00:56 ça. Avec une inflation moyenne sur 2023 qui s'établira à ? À 5% exactement. Si on décortique
01:07 cette inflation, quel rôle joue l'inflation alimentaire ? On en a beaucoup parlé, elle a
01:12 atteint les deux chiffres, à un moment ce n'est plus le cas maintenant. Historiquement on a eu
01:17 la hausse des prix d'énergie et puis la hausse des prix alimentaires qui a été la plus forte en début
01:22 d'année. Ça reflue graduellement, ça ne veut pas dire que les prix baissent encore, notre prévision
01:25 c'est qu'ils sont stabilisés ou qu'ils augmentent très faiblement dans les mois d'automne. Peut-être
01:29 qu'ils baisseront ultérieurement en 2024 à l'occasion des renégociations de prix etc. Mais
01:34 sur 12 mois ça signifie quand même que l'inflation va continuer de ralentir. On avait atteint des
01:39 chiffres supérieurs à 10% d'inflation des prix des produits alimentaires. Ça se rapprocherait
01:42 graduellement, ça se réduirait graduellement dans les mois qui viennent. Donc on a une inflation
01:48 alimentaire là aussi qui ralentit et pour les prix de l'énergie ? Les prix de l'énergie c'est une
01:54 autre affaire. C'est-à-dire qu'ils ont augmenté très fortement au cours de l'année précédente,
01:58 ils sont stabilisés. On a eu une surprise un peu à la hausse, enfin une recrudescence des prix de
02:03 l'énergie au mois d'août parce qu'il y a l'augmentation des tarifs de l'électricité
02:07 et de remontée des prix du pétrole. Si les prix du pétrole, on sait qu'il y a de la volatilité,
02:12 de l'impure crévisibilité. Si malgré tout ça n'a pas à nouveau choc, les prix de l'énergie
02:19 devraient contribuer positivement mais ne pas faire obstacle au fait que l'inflation globale
02:24 se réduise. Et quelles autres composantes de l'inflation ? Les services, les produits
02:28 manufacturés ? Alors celle qu'on suit beaucoup avec attention, que nous suivons beaucoup à l'INSEE
02:31 avec attention depuis un petit peu de temps, c'est celle des services. Les services c'est 50%
02:36 de l'indice. C'est le coiffeur, mais c'est aussi les services de transport, les services financiers,
02:42 c'est 50% de l'indice. Et c'est très sensible aux coûts salariaux parce que dans les services ce
02:46 qui importe le plus c'est les salaires. Et donc on pouvait craindre du point de vue de l'inflation
02:50 un risque de boucle prix-salaires dans les services avec des coûts qui augmentent, des prix des
02:56 services qui augmentent, qui alimentent une hausse des prix globales, qui elles-mêmes alimentent le
02:59 SMIC, qui alimentent les salaires, etc. Les nouvelles du mois d'août, elles n'étaient pas
03:05 rassurantes au fond de l'énergie, on a dit les prix remontaient, mais du côté des services elles
03:10 étaient plutôt rassurantes. Les prix des services ralentissent un peu et on n'a pas de traces de ce
03:15 risque de boucle qu'on avait là. Donc c'est une inflation dans les services qui est autour de 3%
03:19 qui concourt aussi à ce ralentissement d'ensemble. Et tout ça, quelle influence ça a sur notre
03:24 comportement ? Qu'est-ce qu'on peut dire de la consommation des ménages pour la suite de cette
03:28 année 2023 ? Qu'est-ce qu'on attend ? Ce qu'on a vu sur le passé, ce que nous avons marqué, que nous
03:33 avons commenté pas mal, ce sont les baisses de consommation dans les branches, les secteurs où
03:38 les prix ont le plus augmenté. Alors c'est net dans les prix de l'énergie où la hausse des prix
03:41 de l'énergie, vous vous rappelez, il y a un an a conduit à des comportements de sombriété et à une réaction
03:46 aussi de baisse de consommation face à la hausse des prix. Et ce qu'on observe depuis assez longtemps
03:51 maintenant et qui est inédit, c'est une baisse de la consommation de produits alimentaires liée
03:56 évidemment à la hausse des prix. Cette baisse de consommation des produits alimentaires, j'en profite
04:00 pour le signaler parce qu'il y a toujours de l'ambiguïté, ça signifie pas forcément qu'on consomme moins en
04:04 volume, qu'on consomme moins de kilos de pâtes ou de litres d'eau. Ça peut signifier, et nous le
04:10 commentons, nous essayons de le documenter dans le dernier point de conjoncture en ayant demandé
04:14 aux ménages qu'on enquête ce qu'il en était, ça peut surtout signifier qu'on change de gamme,
04:19 qu'on change de magasin et ce faisant, quand vous prenez un premier prix par rapport à une marque
04:24 plus chère, le volume de consommation globale baisse. On change ses habitudes. Et est-ce qu'on
04:29 se réfugie toujours dans l'épargne ? Et oui, le taux d'épargne était autour de 15%
04:35 assez stable avant la crise Covid. Et là, depuis, il a monté fortement et il reste
04:43 élevé. Il est autour de 19%, un peu en dessous, 18,8, quelque chose comme ça. Alors même que les
04:48 conditions qu'on a actuellement économiques, si on regarde le textbook, si on se rappelle nos leçons
04:52 d'économie, auraient pu conduire à une baisse du taux d'épargne. Quand le revenu ralentit et le revenu,
04:57 en gros, le pouvoir d'achat des ménages, sur l'année 2023, ça sera à peu près 0%, alors que c'est
05:01 positif d'habitude. Et puis, ça veut dire que pour certains, ça baisse. Ça veut dire qu'il faut
05:05 tirer sur son épargne, donc on en accumule moins. En même temps, le taux de chômage et le marché
05:10 de travail se portent bien, donc il n'y a pas de précautions à avoir du point de vue des craintes
05:14 sur le chômage à ce stade, au moins. Et pour autant, le taux d'épargne reste élevé. Alors il y a
05:19 ces comportements de réaction dans certaines branches, produits alimentaires, énergie, qui
05:24 ne sont pas compensés par un surcroît de consommation ailleurs. Il y a peut-être un comportement de
05:27 sobriété globale qui s'instaure. Et puis, il y a quand même un effet de précaution qu'on voit bien
05:32 dans nos enquêtes. Les ménages répondent non-veux-épargner, plus la hausse des taux d'intérêt.
05:36 Et comment vont nos entreprises, Jean-Luc Tavernier ? À quoi doit-on s'entendre pour l'investissement ?
05:41 L'investissement s'est bien tenu jusqu'à présent. Il serait étonnant qu'il ne réagisse pas un petit
05:47 peu à la hausse des taux d'intérêt. Donc, on s'attend, nous, à un investissement qui ne sera pas
05:52 très dynamique, à tout le moins, et clairement une baisse de l'investissement immobilier, au moins
05:58 dans le 9. Ça, on le voit très clairement dans les enquêtes auprès des promoteurs immobiliers.
06:02 C'est quelque chose qui est très commenté. Le climat conjoncturel des entreprises était resté
06:09 très élevé au cours des derniers mois. Il s'est assombri au cours des derniers mois. On est maintenant
06:13 revenu à un climat conjoncturel, disons, moyen, alors qu'il était très au-dessus, notamment sur l'emploi.
06:19 Il nous reste peu de temps pour l'évoquer, mais vous revoyez donc vos prévisions de croissance pour 2023
06:24 à 0,9%. C'était plus que vos dernières prévisions. Il y a eu le deuxième trimestre qui est passé par là,
06:28 0,5% de croissance. À quoi on doit s'attendre pour le reste de l'année ?
06:34 Exactement. On révise la moyenne annuelle parce qu'on a eu une bonne surprise, il faut le dire, sur le
06:37 deuxième trimestre. On a pu le dire dans l'été. 0,5% avec un ensemble de facteurs, par exemple,
06:43 dans l'automobile, moins de difficultés d'approvisionnement, un retour à la normale,
06:47 la production dans certains secteurs, des choses comme ça. Donc un ensemble de facteurs un peu
06:50 ponctuels. Nous avions dit 0,5% trimestriel, c'est 2% annuel. C'est pas la nouvelle normalité.
06:56 Attention, et de fait, dans nos prévisions, ce que nous prévoisons, c'est 0,1% pour le troisième
06:59 trimestre, 0,2% pour le quatrième trimestre. Ça fait 0,9%, quasiment 1% sur l'année.
07:05 Ça fait pas beaucoup d'élan pour le d'acquis, dans notre jargon, pour l'année 2024.
07:10 Et ça, c'est un sujet.
07:12 Et ça se rapproche du 1% de prévision de croissance du gouvernement. Merci beaucoup,
07:16 Jean-Luc Tavernier, directeur général de l'INSEE, vous êtes ce soir l'invité éco de France Info.