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Jeudi 7 septembre 2023, SMART BOURSE reçoit Bassel Choughari (Gérant actions thématiques et internationales, Montpensier finance)

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00:00 Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, chaque soir c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Le thème ce soir c'est celui du climat et de la stratégie climat qu'on peut développer
00:18 sur les marchés financiers et notamment sur les marchés actions.
00:21 Nous en parlons avec Bacel Sugar, gérant action internationale chez Mon Pensier Finance.
00:25 Bonsoir Bacel.
00:26 Bonsoir.
00:27 Merci beaucoup d'être là.
00:28 Le thème de ce soir c'est M-Climate Solutions, lancé en décembre 2019.
00:31 C'est ça, si je ne dis pas de bêtises, qui commence à avoir plusieurs années de
00:36 track record.
00:37 Avant de parler peut-être du fond et de la stratégie en cette rentrée pour vous, Bacel,
00:42 un mot quand même du thème du climat dans les marchés.
00:45 Alors, il y a plusieurs manières de le regarder, mais une des manières de regarder comment
00:49 ce thème est représenté dans les marchés financiers et les marchés boursiers, c'est
00:52 la partie Clean Tech, énergie verte.
00:55 Et c'est vrai que, pas tout à fait au terme de cette année 2023, il reste encore quelques
01:00 mois bien sûr, mais on comprend que ce ne sera peut-être pas le thème vedette de cette
01:05 année 2023 sur les marchés, alors même que mois après mois, trimestre après trimestre,
01:11 année après année maintenant, le sujet du climat prend de plus en plus de place,
01:15 que ce soit dans les débats publics, dans les stratégies d'entreprise et dans les
01:20 discussions de marché.
01:22 Pourquoi ça ne se voit pas en cette rentrée 2023 sur les performances boursières ?
01:27 Alors, on est un peu comme dans la même situation que pour les citoyens, tout le monde est
01:32 pour l'écologie et puis au moment où il faut payer, c'est un peu plus compliqué.
01:35 Et on voit que sur les stratégies climat, si on prend la gestion passive qui va être
01:40 un bon proxy, en fait aujourd'hui on est revenu à des niveaux de détention chez les
01:45 investisseurs qui sont équivalents à fin 2018, début 2019.
01:50 Donc le niveau de détention dans les fonds climat a significativement baissé auprès
01:55 des investisseurs et il y a eu plusieurs raisons à ça.
01:58 La hausse des taux d'intérêt qui a eu un impact sur les durations longues.
02:01 Si on part en début 2021 et qu'on déconstruisait la valorisation des entreprises dans le climat,
02:08 le marché a signé environ 60% de la valeur d'entreprise à la croissance future.
02:12 Aujourd'hui on est à un niveau de zéro et ce qui est paradoxal puisque le marché
02:18 vous dit quoi ? Je veux payer pour la base installée.
02:20 Or la plupart de ces entreprises là ne sont qu'au début de leur histoire.
02:23 On a une base installée qui est relativement petite et un potentiel de croissance qui est
02:28 relativement grand et attractif.
02:30 C'est ça que je n'arrive pas à comprendre, c'est que l'investisseur il est rationnel
02:35 quand même à un moment là.
02:37 Il y a eu cet effet d'emballement effectivement et puis on a pu se dire bon ben voilà, on
02:43 a bien été payé pour ce thème là, maintenant on verra un peu plus tard.
02:48 Mais ça y est on est un peu plus tard quand même, c'est ça que je n'arrive pas à comprendre.
02:52 Je parle du pétrole parce que c'est l'actualité du moment mais voilà, total énergie à 60
03:00 euros, c'est revenu quasiment au plus haut et dans le même temps les investisseurs ne
03:05 voient pas au-delà.
03:06 Les investisseurs sont rationnels mais...
03:08 Je parle des marchés boursiers parce que peut-être que dans les marchés non cotés
03:11 ce n'est pas la même histoire non plus.
03:12 Clairement on n'a pas vu ces décalages de valorisation mais disons que le marché a
03:17 tendance à être rationnel mais aussi à être myope.
03:19 Et donc par moments certaines thématiques peuvent devenir un peu contrariantes comme
03:23 le climat en ce moment et ça peut créer certaines frustrations chez certains investisseurs
03:27 qui ont l'impression d'avoir peint un mur et de regarder la peinture sécher mais le
03:31 potentiel est toujours là.
03:32 Et les raisons sont relativement simples, il y a les taux d'intérêt qu'on a évolués
03:35 à une duration longue et ça, ça a fait quoi ? Ça a créé un marché qui pendant
03:39 une bonne période aujourd'hui s'est déporté vers des valeurs comme les financières qui
03:43 bénéficiaient de cette hausse des taux d'intérêt, comme les pétrolières puisqu'en fait il
03:47 y a un effet de levier opérationnel mécanique qui est très significatif quand les prix
03:51 du pétrole montent et donc on s'est retrouvé avec des entreprises qui avaient des valorisations
03:55 relativement faibles puisque le pétrole et les financières avaient été délaissées
03:58 pendant des années mais avec des profils de croissance qui s'approchaient de ceux
04:02 de la thématique climat.
04:04 Ce qui était vrai à court terme.
04:05 Structurellement, c'est un autre débat, ça sera compliqué.
04:11 À moins d'espérer que les prix du pétrole augmentent de 10 à 15% par an, il y a un
04:16 moment où l'équation devient un peu complexe mais si on regarde le monde, le monde n'a
04:20 jamais consommé autant de pétrole mais le monde n'a jamais déployé et utilisé autant
04:24 de renouvelables non plus.
04:25 C'était le chiffre qu'on citait hier, la Chine va déployer cette année plus de 200
04:31 gigawatts de puissance de panneau solaire, c'est plus que ce qu'on a fait dans l'ensemble
04:35 du monde l'an dernier.
04:36 Et à la fois, la Chine n'a jamais consommé autant de pétrole, de produits distillés
04:42 et de métaux.
04:43 Mais c'est pareil sur l'éolien, vous avez un acteur en Chine qui s'appelle Gold Wind
04:48 aujourd'hui et en fait Gold Wind cette année est passé devant Vestas qui était le leader
04:52 de l'éolien, c'est devenu le numéro 1 mondial en termes de production et Gold Wind
04:57 est inconnu chez nous parce que 95% de leur production est destinée au marché domestique.
05:01 Ils ont la taille critique sur leur propre marché.
05:03 A propos de l'éolien, qu'est-ce qui s'est passé avec l'éolien offshore coté en Europe
05:08 notamment ? Coup sur coup, on a eu un gros plomb sur Siemens Energy, je crois que c'était
05:12 au mois de juillet, fin juin.
05:14 Grosse grosse baisse avec l'activité, alors Gamessa à l'époque mais intégré aujourd'hui
05:19 chez Siemens Energy, qui est l'activité éolien offshore.
05:21 Et puis quelques semaines après, au mois d'août, c'est Orsted, la star danoise,
05:26 en tout cas une valeur emblématique de la thématique de la transition à Copenhague,
05:32 qui se prend un sacré pas et visiblement c'est le sujet de l'éolien qui se retrouve
05:37 en tout cas dans ces deux histoires.
05:39 C'est quoi les histoires spécifiques ? Est-ce qu'il y a une lecture un peu générale
05:42 à faire de ce segment de l'éolien offshore aujourd'hui ?
05:45 Partiellement, il y a quand même des composantes qui sont très spécifiques.
05:49 Si on commence par Siemens Energy et donc on parle de Gamessa, Gamessa est le leader
05:54 mondial de l'offshore et Gamessa a également une activité onshore.
05:59 Et sur l'activité onshore, ça faisait bientôt deux ans qu'ils avaient des problèmes
06:04 avec leur technologie d'éolien et donc ils avaient des rappels en permanence et ça
06:08 leur coûtait beaucoup d'argent et ce phénomène a continué.
06:10 C'est à peu près la moitié de la provision qu'un Gamessa a dû passer.
06:14 C'est ajouté à ça le problème sur l'éolien offshore où ils ont eu des problèmes de
06:18 qualité sur leurs produits, donc des besoins de rappel et donc devoir dédommager des clients
06:23 et ça, ça a coûté très très cher, quasiment 3 milliards, le tout mis ensemble.
06:26 Sur Orsted.
06:27 Il y a une telle...
06:29 C'est quoi ? C'est la pression, la course de vitesse qui fait qu'en produisant, en
06:35 essayant de produire aussi vite, on se retrouve avec des problèmes de qualité ?
06:39 Exactement, pour une raison qui est assez simple.
06:42 C'est quand même un problème quoi.
06:43 Sur l'offshore, vous commissionnez des projets dans cinq ans et en fait avec des besoins
06:48 de production qui nécessitent des eaux éoliennes qui n'existent pas aujourd'hui, qui sont
06:52 donc de plus en plus grandes et malheureusement parfois on découvre sur le terrain que c'est
06:57 un peu plus problématique que ça.
06:59 Après, ce n'est pas le cas pour tout le monde.
07:00 Si vous prenez Vestas, les provisions font partie de l'activité mais Vestas ne consomme
07:06 pas l'intégralité de ses provisions.
07:07 Donc ça fait partie de l'activité mais il se trouve que chez Gamessa, le curseur est
07:12 allé beaucoup trop loin et la machine s'est emballée, ça a été très problématique.
07:15 Sur Orsted alors, quelle est l'histoire ?
07:18 Alors sur Orsted, c'est encore une autre histoire.
07:20 Ça faisait un moment qu'Orsted avait des problèmes et n'était plus trop à la faveur
07:23 des marchés.
07:24 Avant de commencer, il faut quand même rappeler qu'Orsted, c'est une superbe histoire de transition
07:29 des énergies fossiles vers le renouvelable.
07:31 Il leur reste un peu de gaz naturel aujourd'hui.
07:32 D'ailleurs, ce qui leur a posé problème il y a environ un an, puisqu'ils avaient des
07:36 problèmes de hedging et ça avait fortement impacté leur résultat net.
07:40 Et là, le problème a été sur l'éolien offshore et en fait, ils avaient notamment
07:44 des projets offshore qui avaient été commissionnés et budgétés avec comme objectif de bénéficier
07:50 de certaines incentives fiscales aux États-Unis, qu'ils ont négociés.
07:54 Et en fait, les incentives ne sont toujours pas arrivés à cause de la réglementation
07:59 locale et des règles de l'IRS.
08:01 Et donc, ils ont été obligés de revoir leur budget et de faire un impermant.
08:06 Donc, il y a eu cet impact-là.
08:07 Et en refaisant cet impermant, ils ont dû également revoir tous les problèmes et l'inflation
08:13 des matériaux utilisés à cause des problèmes de supply chain.
08:16 Et on ajoute à ça la hausse des taux d'intérêt et ça nous donne un cocktail qui fait en
08:21 fait un imperman qui est équivalent à environ 7% de la capitalisation de l'Europe.
08:26 - Ah oui, c'est énorme.
08:27 Donc, ça veut dire que ce n'est pas open bar l'IRA aux USA.
08:30 Ce n'est pas automatique.
08:32 - Ce n'est surtout pas là encore.
08:34 Parce qu'en fait, l'IRA, le montant est annoncé, les autorités fiscales sont en
08:38 train de définir comment on peut avoir droit aux incentives, etc.
08:42 Mais l'argent n'est pas encore arrivé sur le terrain.
08:44 Donc, ce n'est pas encore là.
08:46 Et ça se fait attendre.
08:47 - L'éolien offshore, dans la manière de s'exposer à la thématique énergétique,
08:53 il faut bien s'exposer à la thématique énergétique d'une manière différente,
08:57 Bachel, l'éolien offshore, ce n'est pas le segment que vous privilégiez dans le fond.
09:02 - Ce n'est pas le segment qu'on privilégie.
09:04 On a tendance à préférer le solaire.
09:06 - Pourquoi ?
09:07 - Pour plusieurs raisons.
09:08 D'abord, parce qu'on a une profondeur de marché qui est plus grande.
09:10 Puisque sur le solaire, vous avez le business des utilities qui sont des producteurs d'énergie.
09:16 Mais vous avez également des applications qui sont plus domestiques,
09:20 type le résidentiel solaire.
09:22 Et on peut envisager qu'avec l'innovation,
09:24 on se retrouve avec des panneaux solaires qui sont de plus en plus petits.
09:27 On a par exemple une boîte qui, enfin on l'a dit un peu en portefeuille,
09:30 mais il y a une boîte en Allemagne qui est cotée,
09:32 qui essaye d'intégrer des panneaux solaires à la carrosserie des véhicules.
09:36 Donc, on a un potentiel d'innovation et de marché qui est très profond.
09:39 Alors que sur l'éolien, on ne va pas installer une éolienne dans notre jardin.
09:44 Et il faut des éoliennes qui vont être de plus en plus grandes.
09:47 Plus les problèmes de qualité.
09:49 On a plutôt tendance à jouer la thématique de l'éolien,
09:51 par exemple avec des acteurs comme Nexens, sur le côté des câbles.
09:54 - Bien sûr, câbles, grides.
09:56 - On a le câble et on laisse un peu de côté le problème de qualité des pales.
10:00 - Je voyais aussi, là je regardais le dernier reporting mensuel du fonds,
10:05 M-Climate Solutions, et je voyais donc tous les gérants sont obligés de publier le top 10,
10:10 ou en tout cas les plus grosses positions du fonds, et je tombe sur NVIDIA.
10:14 Quel est le...
10:16 Du coup, il y a quelques mots, quelques années en arrière, je ne sais même pas si je l'aurais relevé.
10:21 Aujourd'hui, évidemment, il faut m'expliquer,
10:24 dans le cadre d'investissement NVIDIA, dont tout le monde parle aujourd'hui,
10:27 qu'est-ce qui vous intéresse justement dans le cadre d'une stratégie climat, Bacel ?
10:32 - Plein de choses. Alors NVIDIA est là depuis le lancement du fonds.
10:35 C'était avant la mode de l'intelligence artificielle.
10:38 Et forcément, elle s'est mécaniquement retrouvée dans le top 10,
10:41 puisque vous avez vu la performance cette année.
10:44 Et en fait, il y a plusieurs choses dans NVIDIA,
10:46 et notamment, on est dans un monde, ça ne vous échappe pas,
10:49 on parle d'intelligence artificielle, on parle d'électrification,
10:52 et en fait, les besoins en électricité dans le monde
10:56 ont tendance à croître environ 10% au-dessus de la croissance du PIB mondial.
11:02 Donc on a besoin de plus en plus d'électricité.
11:05 Et l'efficience énergétique, ce n'est pas uniquement la manière dont on produit l'énergie,
11:08 mais également la manière dont on la consomme.
11:10 Intelligence artificielle, typiquement, on a besoin de serveurs.
11:13 Les serveurs NVIDIA, qui utilisent de l'équipe NVIDIA,
11:17 consomment 30% d'énergie en moins.
11:19 Le machine learning, pour faire l'intelligence artificielle,
11:22 il faut apprendre aux machines, et grâce aux outils NVIDIA,
11:25 vous réduisez la consommation d'énergie d'environ 5 fois.
11:28 Donc il y a un volet efficience énergétique qui nous intéresse,
11:31 mais il y a un autre volet qui est extrêmement important
11:34 et qui est aussi lié à l'intelligence artificielle,
11:36 c'est la voiture électrique et la voiture autonome.
11:39 Et aujourd'hui, les solutions de NVIDIA permettent d'apprendre à la voiture,
11:44 de comprendre où elle se promène, quels sont les différents obstacles,
11:47 quand freiner, quand s'arrêter, comment optimiser l'utilisation de l'énergie de la batterie.
11:52 Il y a ensuite toute la partie infotainment,
11:54 et donc tout ce qui est logiciel dans la voiture.
11:57 Et donc ça, c'est des besoins qui sont de plus en plus croissants.
12:00 - Je n'avais pas en tête que NVIDIA, dans les industries et les secteurs que NVIDIA adresse,
12:05 je n'avais pas en tête que l'automobile et la mobilité étaient un secteur important.
12:08 - Alors, c'est non seulement un secteur important,
12:10 mais c'est un secteur important avec des clients importants.
12:12 Aujourd'hui, NVIDIA va travailler avec Mercedes, par exemple, dans les gros acteurs.
12:18 Ils vont également travailler avec Volvo, ça c'est pour les acteurs connus,
12:22 mais ils vont aussi également travailler avec les champions chinois comme BYD ou NIO.
12:26 Donc c'est un segment de croissance qui est important pour eux.
12:28 Et quand on dit voiture autonome, la voiture autonome, en fait,
12:31 est une voiture intelligente qui ira chercher ses données quelque part,
12:34 et ce quelque part est un serveur.
12:35 Et ce serveur, ce sera NVIDIA.
12:38 - Vous êtes très attentif à la pureté du thème dans la gestion de la solution,
12:42 mais ça veut dire que vous avez vraiment, et depuis le début,
12:45 identifié NVIDIA comme étant un maillon clé des solutions
12:51 pour demain destinées à lutter contre le réchauffement climatique.
12:55 Ce n'est pas une petite part de l'activité de NVIDIA qui contribue à ça,
13:00 c'est une part importante de l'activité d'NVIDIA.
13:02 - C'est quasiment 39% des activités d'NVIDIA qui sont liées à ce qu'on appelle des écoactivités,
13:08 si on se base sur la nomenclature du label Greenfin.
13:11 Et ensuite, sur cette thématique de la pureté, dans le label Greenfin,
13:14 il y a trois grandes catégories d'entreprises.
13:16 Les parts vertes élevées, plus de 50% du chiffre d'affaires dans les écoactivités,
13:19 intermédiaires de 10 à 50%, et faibles jusqu'à 10%.
13:23 Nous avons fait le choix de ne pas utiliser les parts vertes faibles,
13:25 et on est quasiment structurellement investi à environ 70% de parts vertes élevées
13:30 et environ 30% de parts vertes intermédiaires,
13:32 et toujours 0% d'exposition aux énergies fossiles.
13:35 Et ça, c'est quelque chose de très important pour nous.
13:37 - Merci beaucoup, Bacel. Merci d'être venu nous parler du thème du climat
13:41 et de la manière d'appréhender ce thème sur les marchés boursiers
13:44 à travers la stratégie que vous pilotez, que vous co-pilotez avec Nicolas Kieffer
13:49 chez Mon Pensée Finance, le fonds s'appelle M-Climate Solutions.
13:51 Vous êtes gérant d'actions internationales chez Mon Pensée.
13:54 (Générique)

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