Marc Vannesson : "Les Français sont moins bien formés aux premiers secours qu'ailleurs en Europe"

  • l’année dernière
Samedi aura lieu la journée internationale des premiers secours : Marc Vannesson directeur des programmes de la Croix-Rouge. Il est l'invité de 6h20

Retrouvez les invités de 6h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter
Transcript
00:00 France Inter, Alibaboo, Marion Lourd, le 6/9.
00:08 L'invité de 6h20 avec vous Marion Lourd.
00:10 Demain c'est la journée mondiale des premiers secours organisés par la Croix-Rouge.
00:14 Nous sommes 4 sur 10 seulement à maîtriser les gestes qui sauvent et on en parle avec
00:19 le directeur des programmes de la Croix-Rouge.
00:21 Bonjour Marc Vanesson.
00:22 Bonjour.
00:23 Vous organisez demain des ateliers un peu partout en France.
00:25 La bonne nouvelle c'est qu'il y a de plus en plus de candidats pour apprendre ces gestes
00:29 qui sauvent.
00:30 Oui effectivement, ça remonte.
00:32 On avait eu une vraie chute avec la crise du coronavirus et maintenant on a de plus
00:35 en plus de Français qui prennent conscience de l'importance de ces gestes.
00:38 Alors pourquoi vous l'expliquer ?
00:39 Parce qu'après les attaques terroristes, il y avait eu déjà cette forte mobilisation.
00:46 Je pense que confrontés à des situations d'urgence, de plus en plus de Français ont
00:50 envie de pouvoir passer à l'action.
00:52 Et parmi ceux qui veulent se former aux premiers soins, il y a beaucoup de parents, beaucoup
00:56 de grands-parents qui s'inquiètent notamment pour leurs enfants.
00:59 Quels sont les accidents les plus fréquents qui touchent les enfants ?
01:02 Les accidents de la vie courante sont la première cause de mortalité chez les enfants.
01:06 Et notamment chez les 0-14 ans, il y a les risques de noyade et d'étouffement.
01:10 On a vraiment besoin de pouvoir se former.
01:14 Ça peut réagir face à un évanouissement, une coupure, un risque électrique.
01:21 Tous ces sujets, on en parle beaucoup moins que les accidents de la route par exemple,
01:27 sont pourtant une vraie cause d'accidents et de mortalité chez les enfants.
01:32 On en parle beaucoup moins, est-ce qu'ils sont plus fréquents ou moins fréquents ?
01:34 Comme je le disais tout à l'heure, sur les enfants, la mortalité c'est d'abord
01:39 sur les accidents de la vie courante.
01:40 Qu'est-ce qu'on apprend précisément dans ces ateliers ?
01:43 L'idée c'est de pouvoir passer à l'action.
01:46 C'est très pratique.
01:47 On a une séance d'initiation qui ne dure qu'une demi-journée pour le soin des premiers
01:52 secours aux enfants et aux nourrissons.
01:53 Avec justement plein de mise en situation, comment réagir si votre enfant saigne abondamment,
02:00 s'il perd connaissance, comment faire un massage cardiaque sur un nourrisson, c'est
02:04 pas la même chose que sur un adulte.
02:05 Vraiment, c'est de la mise en situation avec l'idée de passer à l'action.
02:10 On est beaucoup moins formés aux premiers secours que beaucoup de pays européens.
02:13 Vous disiez 4 sur 10 en France.
02:16 En Allemagne, 80% des personnes sont formées aux premiers secours.
02:19 En Norvège, on est à 95%.
02:21 On est mauvais élève donc, est-ce que c'est payant ces ateliers ?
02:25 Oui, les ateliers dont vous parliez dans toute la France, demain c'est gratuit.
02:31 C'est des séances d'initiation, des stands, plein d'événements.
02:34 Après, les séances d'initiation sur une demi-journée, ça coûte 30 euros de se former.
02:38 Est-ce que ça devrait être finalement gratuit, obligatoire pour tous peut-être ? Est-ce
02:42 que c'est pour ça que nos voisins sont meilleurs que nous ?
02:43 Il y a déjà maintenant l'obligation de se former dans les programmes scolaires.
02:49 On a du mal à le réaliser pour de vrai malheureusement dans les établissements, mais c'est déjà
02:53 une bonne source pour développer cette formation.
02:55 C'est vrai qu'on pourrait généraliser encore plus cette formation, la rendre encore
03:02 plus accessible.
03:03 Il faut savoir qu'il y a aussi beaucoup de collectivités locales qui financent ces sessions
03:08 de formation.
03:09 Marc Vanesson, en cette période de forte chaleur, est-ce qu'il y a des incidents supplémentaires
03:16 qui peuvent toucher les enfants ? Les coups de chaleur, les choses comme ça ? Des choses
03:18 qu'il faut surveiller ?
03:19 Oui, tout à fait.
03:20 Notamment le risque de déshydratation.
03:22 On parle pour les personnes âgées, mais ça existe aussi pour les plus jeunes et pour
03:25 les enfants.
03:26 Il faut être très vigilant.
03:27 Et les coups de chaleur, notamment pour les travailleurs en extérieur, c'est un vrai
03:33 souci.
03:34 Il faut prendre attention à ces éléments.
03:36 Ça, c'est la prévention.
03:37 Et si je remarque que mon enfant ou que mon collègue, tout d'un coup, est pris d'un
03:42 coup de chaleur, d'une insolation, qu'est-ce que je dois faire ?
03:44 On a toujours trois grands principes sur les premiers secours.
03:46 Protéger, alerter, secourir.
03:48 Protéger, c'est mettre fin à la situation qui cause le danger ou le risque.
03:52 Essayer de prévenir en amont.
03:53 Alerter, les secours.
03:56 Et plus on est rapide, plus les secours arrivent rapidement.
03:58 Et secourir, c'est justement ce qu'on apprend dans ces séances d'initiation, c'est de
04:02 poser les premiers gestes pour réagir.
04:04 Je vous repose la question, parce que vous ne m'avez pas complètement répondu tout
04:07 à l'heure.
04:08 Est-ce qu'il faudrait vraiment une formation obligatoire ?
04:10 En tout cas, si on veut vraiment atteindre cet objectif que fixent les pouvoirs publics
04:14 d'arriver à 80% de personnes formées au premier secours, c'est le plus important.
04:18 C'est sans doute la bonne réponse.
04:20 On a déjà fait beaucoup en l'inscrivant dans les programmes scolaires.
04:24 Maintenant, il faut passer à la réalité.
04:26 Et puis vraiment, on invite tous les Français à se former massivement.
04:29 C'est bon pour eux.
04:31 Et même, ça les rend plus sûrs au-delà de la réaction face à une situation d'urgence.
04:36 Quand on est formé, quand on est prêt à réagir en situation de crise, on est aussi
04:39 mieux dans sa peau et mieux avec les autres.
04:42 Alors Marc Vanesson, on a entendu le week-end dernier le cri d'alarme des Restos du Coeur
04:46 qui était mis en difficulté financière par l'inflation notamment.
04:48 Est-ce que cette inflation pèse aussi sur vous, sur la Croix-Rouge ?
04:52 Oui, clairement.
04:53 On est très frappé par la hausse de la facture énergétique notamment.
04:56 On s'est tourné d'ailleurs vers les pouvoirs publics, vers les entreprises pour venir en
05:01 aide à la Croix-Rouge et nous aider à accomplir notre mission au service des plus fragiles.
05:06 Vous avez besoin de combien ?
05:08 25 millions d'euros qui ne sont pas compensés aujourd'hui par les boucliers énergétiques.
05:15 Donc ça c'est un vrai sujet et notamment sur l'aide alimentaire, on est obligé de
05:19 réduire le panier moyen qu'on donne aux personnes.
05:23 Votre collègue tout à l'heure parlait de toutes ces applications qui permettent
05:26 tout goût tout goût, pour acheter moins cher en quelque sorte.
05:30 C'est positif mais ça a un effet négatif sur les associations comme nous, c'est qu'on
05:34 a moins de ramasse, c'est-à-dire qu'on récupère moins de produits invendus pour
05:38 les distribuer aux personnes fragilisées.
05:42 On a besoin de plus d'argent pour pouvoir acheter nous-mêmes des biens qu'on peut
05:45 redistribuer.
05:46 Donc ça c'est un vrai besoin.
05:47 La bonne nouvelle c'est quand même que les Français restent généreux malgré l'inflation.
05:52 Les volumes des dons restent à peu près stables même si les plus petits dons baissent,
05:57 ce qui montre que les Français les plus en difficulté ont moins la possibilité de donner.
06:00 Et il y en a beaucoup qui du coup donnent du temps.
06:03 Par exemple à la Croix-Rouge française on a plus de bénévoles en ce moment et c'est
06:06 une bonne chose.
06:07 On en a besoin pour venir en aide sur l'aide sociale mais aussi justement sur le projet
06:12 de premiers secours, les secourismes, notamment dans la perspective des Jeux Olympiques où
06:15 on a l'obligation de former massivement les Français au secourisme.
06:20 Vous dites qu'on a lancé un appel, très très rapidement, est-ce qu'il a été entendu
06:23 déjà ? Vous avez eu un retour de la part du gouvernement ?
06:25 Pas suffisamment.
06:27 Merci Marc Vanesson, directeur des programmes de la Croix-Rouge.
06:31 Je rappelle que c'est la journée mondiale des premiers secours demain avec entre autres
06:34 à Paris des ateliers toute la journée sur le parvis de la mairie du 19ème arrondissement.

Recommandée