Avec Thierry Robert, secrétaire national au Secours Populaire ; Audrey Lalanne, secrétaire nationale SE-UNSA en charge des conditions de travail.
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00:00 Thierry Robert, bonjour. Vous êtes le secrétaire national du Secours Populaire et vous sortez avec Ipsos, un baromètre de la pauvreté.
00:07 On y apprend que un Français sur cinq déclare vivre à découvert,
00:11 moins d'un Français sur deux déclare parvenir à mettre de l'argent de côté, et près d'un
00:16 sur cinq c'est quand même une hausse assez incroyable de la pauvreté.
00:19 De nombreux Français qui ont des difficultés pour payer certains actes médicaux, qui vont refuser finalement de se soigner,
00:25 qui ont du mal aussi pour tout simplement faire trois repas par jour, et le seuil de la pauvreté subjectif qui est monté à
00:33 1377 euros du fait de l'inflation.
00:36 Alors, Bruno Le Maire, notre ministre de l'économie, disait au micro d'une radio concurrente
00:45 qu'il récusait le terme de paupérisation de la France, mais quand on voit les chiffres,
00:51 de voir qu'il y a 20 à 40 % de hausse du nombre de personnes aidées aux secours populaires,
00:57 quand on voit l'appel à l'aide des Restos du Coeur,
00:59 vous qui travaillez au contact de ces personnes qui tombent dans la pauvreté et la précarité,
01:04 qu'est-ce que vous répondez au ministre ?
01:06 Nous répondons qu'il y a effectivement une population de plus en plus pauvre dans notre pays, et qu'il y a une précarisation aussi.
01:12 Des personnes viennent aux secours populaires français alors qu'il y a quelques années,
01:16 elles n'avaient pas besoin d'aide des associations comme la nôtre.
01:20 Ce sont aussi des personnes d'ailleurs qui pour certaines d'entre elles ne sont pas dans les radars des aides sociales,
01:26 et posent question donc sur cette précarisation de personnes qui pourtant travaillent,
01:31 ont un salaire, mais n'arrivent pas à joindre les deux bouts, et donc le constat de cette enquête vient appuyer
01:39 la réalité de terrain de ce que nous vivons, que ce que vivent les 90 000 bénévoles de notre association,
01:45 qui sur 1300 lieux sur toute la France,
01:48 développent la solidarité, vous l'avez dit, 20 à 40 % selon les territoires, de demande d'aide en plus, mais de
01:54 demandes nouvelles et de populations nouvelles, et c'est là que nous pointons vers cette question de la précarité.
01:59 Et c'est quoi le profil de ces nouveaux
02:03 personnes qui viennent au guichet du secours populaire ?
02:07 Sous l'effet de la période du confinement et du Covid, on avait beaucoup d'étudiants venir
02:13 demander de l'aide, et cette situation n'a pas régressé. Donc c'est une population qui a du mal à effectivement payer ses études.
02:21 Nous avons aujourd'hui des retraités, qui plus est, pouvaient par le passé aider
02:26 leurs enfants, leurs petits-enfants, qui aujourd'hui ont du mal à joindre les deux bouts, et donc eux aussi
02:30 viennent dans nos libres services de la solidarité au secours populaire, et puis comme je vous le disais à l'instant, des personnes qui
02:37 sont en activité professionnelle, des familles monoparentales,
02:41 qui n'arrivent pas à subvenir à leurs besoins.
02:43 Est-ce que, parce que vous parlez d'un ras-de-marée de la pauvreté dans un communiqué de presse,
02:48 est-ce que les chiffres vous inquiètent ? Est-ce qu'ils sont inédits en termes d'ampleur compte tenu
02:55 de l'état économique de notre pays ?
02:58 D'abord nous avions pensé qu'après la période dramatique de la crise sanitaire, les choses
03:03 retomberaient un peu, et finalement non, on est toujours dans un constat d'augmentation, et ces chiffres nous font effectivement peur.
03:10 Parce que nous ne pouvons penser que dans ce pays, seules les associations de solidarité composée bénévole peuvent répondre à cette problématique.
03:18 Et donc là nous avons une question importante de comment on prend l'humain dans toute sa dimension, et comment
03:24 il est encore mieux et plus accompagné. Nous le faisons nous au niveau du secours populaire français, mais comment ça se fait,
03:30 ça peut se faire aussi du côté des pouvoirs publics,
03:34 avec un éloignement considérable
03:37 des relations de proximité avec les populations en difficulté. Quand on est en difficulté, c'est difficile de venir demander de l'aide.
03:43 Devoir remplir des formulaires pour pouvoir percevoir des aides,
03:48 ce n'est pas la bonne solution, et nous dénonçons depuis plusieurs années déjà la dématérialisation
03:52 et l'absence de services de relations de proximité
03:56 avec les personnes en difficulté, pour lequel il faut prendre toute la dimension de la personne pour pouvoir l'aider.
04:02 L'aide alimentaire c'est important, on le dit, mais aujourd'hui on parle, vous l'avez dit, du problème d'accès aux soins, au problème de paiement de l'énergie.
04:09 Là on va parler de sport dans notre pays pendant toute une année,
04:12 l'accès aux pratiques sportives, aux pratiques culturelles, et en ce moment les enfants qui s'inscrivent dans les clubs de sport ou dans les
04:19 écoles de musique, etc. Pour certains, aujourd'hui ce n'est plus possible.
04:22 Ce n'était pas possible pour d'autres, et nous avons donc de plus en plus d'actions de solidarité au secours populaire
04:28 qui favorisent l'émancipation des gens. Au-delà de l'aide alimentaire,
04:31 tous ceux qui participent, de l'accès aux soins avec les médecins du secours populaire, de l'accès au sport, de l'accès
04:37 aux loisirs, et puis du soutien au maintien au logement.
04:39 - Alors on l'a vu,
04:42 Aurore Berger, la ministre des solidarités, a fait appel à l'OMON pour essayer d'aider les associations, notamment les Restos du Coeur. C'est
04:49 la famille de Bernard Arnault qui est venue médiatiquement en aide au Restos du Coeur. Est-ce que vous, vous avez eu des milliardaires qui sont venus
04:57 à votre chevet pour vous aider, à pouvoir aider les uns et les autres ? Ou est-ce que ce sont les dons
05:02 des Français anonymes qui vous aident aujourd'hui ?
05:04 - Alors la grosse ressource financière du secours populaire, et on tient à souligner cet élan de générosité
05:09 qui existe aussi dans notre pays. D'ailleurs notre sondage
05:13 Yves Sausse le dit lui-même, 76%
05:15 alors c'est côté européen, mais ça inclut bien sûr la France, 76% d'européens prêts à faire quelque chose pour venir en aide à leurs prochains.
05:23 L'essentiel de nos ressources c'est bien sûr la générosité du public, les initiatives de collecte qui sont conduites ici ou là,
05:28 bien évidemment le soutien des pouvoirs publics,
05:31 mais aussi le soutien des entreprises et parmi celles que vous avez citées ce sont aussi des partenaires du secours populaire.
05:37 - Alors je rappelle que vous pouvez faire des dons, c'est sur le site du secourspopulaire.fr
05:42 Vous disiez l'aide des pouvoirs publics, mais il y a quand même une sorte d'hypocrisie entre d'un côté une politique qui vise à
05:51 arrêter certains services publics, les bureaux de poste qui ferment, les services de proximité qui ferment etc.
05:57 La politique aussi d'austérité de Bruno Le Maire qui voudrait qu'il n'y ait pas de
06:02 dépenses inconsidérées après le quoi qu'il en coûte, et de l'autre côté des associations sur qui tout repose pour la solidarité
06:08 et où finalement vous vous rendez compte qu'à un moment
06:11 vous ne voulez pas faire de tri entre les personnes qui auraient droit à une aide et les autres et qu'il va bien
06:16 falloir trouver une solution. Quelles sont les solutions aujourd'hui qui sont sur la table ?
06:19 - Alors nous au secourspopulaire on n'a pas pour habitude d'agir sur les causes, on est sur les conséquences, on constate à travers ce que nous faisons et
06:26 nous pointons du doigt les difficultés. C'est pourquoi nous voyons bien à travers
06:31 l'augmentation de la précarisation du nombre de personnes que nous aidons qu'il y a effectivement cet éloignement des services publics de proximité. Nous l'avons dit
06:38 au gouvernement plusieurs reprises, nous le redisons aujourd'hui et nous avons même souhaité le dire avec les quatre autres associations
06:46 Restos du coeur, Banque alimentaire et Croix-Rouge au président de la république pour lequel nous attendons aujourd'hui encore un rendez-vous de façon à pouvoir
06:53 échanger les yeux dans les yeux de cette situation que nous constatons sur le fait qu'effectivement
06:57 tout ne peut pas reposer sur l'action des bénévoles et qu'il y a à la fois la solidarité libre et volontaire celle de personnes qui se dévouent,
07:04 de citoyens, mais une solidarité obligatoire qui est celle
07:07 qui vient de l'État.
07:10 - Oui parce que si on regarde les chiffres en 2022 le CAC 40, les 40 plus importantes sociétés du pays ont versé
07:17 80 milliards d'euros de dividendes. Alors c'est une entreprise qui fonctionne pas seulement en France, heureusement c'est une hausse de 15,5%
07:22 c'est deux tiers des bénéfices à 142 milliards d'euros et puis l'observatoire des inégalités
07:29 expliquait en 2022 qu'il faudrait peut-être simplement 8 milliards de plus pour aider toutes ces associations.
07:35 Pourquoi les pouvoirs publics refusent d'aller voir du côté des super profits pour aider justement la solidarité au niveau national ?
07:41 - C'est vrai qu'il faut le demander.
07:43 Encore une fois on n'a pas de commentaires à avoir sur le sujet. Ce que l'on constate on le dit et surtout on dit ce qu'on fait.
07:51 Et ce qu'on fait c'est très concret et c'est aussi ce sujet qu'il faut prendre en compte. La vie associative de ce pays
07:57 a une place considérable, il a toujours eu, il a eu pendant cette période du Covid, le Secours Populaire
08:02 dès le début du confinement a choisi de ne pas confiner la solidarité. Les gens se sont dévoués.
08:07 Donc il faut entendre effectivement qu'il y a ce dévouement, il faut le soutenir et la générosité de tous est la bienvenue.
08:12 Après au pouvoir public d'entendre ce que nous disons, ce que nous constatons et de prendre les décisions qui leur appartiennent.
08:19 - Et aujourd'hui le dialogue est en place, il y a une écoute de la part d'Aurore Berger et des différents acteurs ?
08:24 - Nous avons toujours eu de bonnes relations avec le ministère des Solidarités, que ce soit son prédécesseur ou maintenant Aurore Berger.
08:32 Et nous avons l'espoir de pouvoir se rencontrer relativement rapidement. Mais encore une fois, la situation est dramatique.
08:41 Et on ne peut pas résumer la solidarité au seul sujet de manger. Il faut que les gens mangent bien et on se bat pour ça.
08:48 Il faut que les gens aient aussi accès à une nourriture autre que celle qui vient dans l'estomac.
08:53 Parce qu'à un moment donné, c'est facteur de l'émancipation, du vivre ensemble, du faire ensemble. Et c'est important pour notre démocratie.
09:00 - Éviter l'exclusion, ne pas avoir assez d'argent pour pouvoir mettre ses enfants à des activités sportives, aux sorties scolaires, etc.
09:06 - Tout à fait. - On voit que petit à petit, on s'exclue de la société.
09:10 - On l'a vu cet été avec notre campagne "Vacances", où nous avons pu faire partir plus de monde en vacances, mais ce n'est encore pas suffisant.
09:16 - Il y a quand même quelque chose de très préoccupant, c'est qu'en France, dans les années 80 et les années 90,
09:23 on avait réussi à faire reculer le taux de pauvreté, or celui-ci explose depuis quelques années.
09:29 Comment vous l'expliquez, ce retour, cette explosion, ce raz-de-marée de la pauvreté ?
09:36 - Je vous le disais à l'instant, à la fois bien sûr il y a la question de l'inflation, le niveau de vie des gens aujourd'hui est pointé du doigt,
09:45 pas seulement par le Secours Populaire, mais aussi et notamment à travers cette étude, on est 17e édition,
09:51 donc on peut comparer les chiffres d'année en année, et cette année ça explose, ça explose sur le nombre de demandes d'aide.
09:57 Donc les conséquences de l'inflation, la difficulté pour les personnes, l'isolement est un facteur essentiel de la précarisation.
10:06 Il faut du temps pour exprimer ses besoins et ses attentes, et des fois on plonge sans s'en rendre compte vraiment,
10:12 et quand on commence à plonger, il est déjà un peu trop tard. Donc il faut aussi anticiper, il faut sans doute réfléchir à plus
10:19 qu'uniquement les soutiens qui sont aujourd'hui apportés, et heureusement d'ailleurs, quand même, aux associations.
10:25 – Mais est-ce que justement, vous parlez d'isolement, la politique de confinement n'a pas précipité certaines situations
10:32 qui étaient limites vers la pauvreté, parce que justement on n'avait plus de repères, ni savoir,
10:38 personne jasée notamment, c'était très difficile, est-ce qu'il n'y a pas eu là un bond que vous avez vu,
10:42 suite à la crise sanitaire, et aux politiques sanitaires ?
10:46 – Je pense que tout le monde constate que la crise sanitaire a eu des impacts bien au-delà de son seul souci
10:52 qui est lié à la santé de nos concitoyens, mais malgré tout, derrière le Covid, les choses auraient pu revenir un peu plus à la normale,
11:01 et le fait que l'isolement soit généré par la nécessité pour chacun de faire des demandes à travers des ordinateurs,
11:11 à travers des écrans sur lesquels il faut remplir des cases, on est en difficulté,
11:15 mais ce n'est pas une question d'âge, les jeunes eux-mêmes nous ont dit que c'était compliqué aujourd'hui,
11:19 cette dématérialisation, parce que nous ne pouvons pas exposer réellement nos soucis,
11:24 on remplit des cases, on fait des erreurs, parfois dans certains foyers ce sont les enfants qui remplissent à la place des parents,
11:30 parce qu'ils sont en difficulté, vous imaginez la responsabilité qu'il y a sur des enfants
11:34 à faire les déclarations des prestations sociales de leurs parents,
11:37 ce sont des situations que nous rencontrons parce que ces mêmes personnes, nous les accompagnons,
11:41 donc nous savons la difficulté qu'ils ont à pouvoir avoir accès aux aides auxquelles ils pourraient avoir droit.
11:47 – Il y a cette question de la santé publique aussi, vous le dites dans votre enquête,
11:52 c'est beaucoup de Français interrogés qui ont des difficultés pour payer les frais médicaux,
11:57 qui vont refuser finalement de se soigner,
11:59 est-ce qu'on ne prépare pas là encore un vrai sujet de problèmes de santé publique
12:04 avec le problème des dépistages précoces des cancers, avec le problème des maladies chroniques etc.
12:09 Est-ce que là, ça ne va pas être encore un coup supplémentaire pour la société
12:13 de voir des malades non pris en charge pour des histoires de pauvreté, de manque de moyens,
12:18 qui vont au final coûter beaucoup plus cher à la sécurité sociale ?
12:21 – Aujourd'hui, c'est parce que nous avons au Secours Populaire,
12:24 ce qu'on appelle les médecins du Secours Populaire, des professionnels de santé qui sont présents
12:28 quand on fait les sorties des enfants, qui sont présents dans nos permanences,
12:31 qui nous accompagnent, y compris pour la question de l'équilibre nutritionnel
12:34 qui est un facteur aussi de santé publique,
12:38 que l'on constate effectivement que des gens sont éloignés de ces services,
12:43 ça renforce encore plus ce que l'on dit sur la relation de proximité.
12:47 Et aujourd'hui, il y a peut-être à regarder de près du côté de la médecine scolaire,
12:51 la médecine du travail, tous ces éléments qui peuvent être facteurs pour détecter des situations.
12:56 En tous les cas, nous on le constate réellement dans nos activités.
12:59 – En fait, on voit dans tout ce que vous dites que le problème c'est l'éloignement
13:03 de certaines structures, de solidarité mais aussi tout simplement de services publics.
13:09 Il y a eu ces lieux de Maison France qui sont là pour essayer de remettre les services publics,
13:15 des camions itinérants aussi, est-ce que vous faites partie de ces initiatives ?
13:19 Est-ce que vous voyez des résultats par rapport à ça ?
13:22 – Alors nous, on a effectivement inventé depuis déjà longtemps les solidaribus
13:26 à un moment où s'est posée la question de la pauvreté, de la précarité dans les milieux ruraux.
13:31 Ces dernières années, nous avons développé ce type de permanence mobile
13:36 pour les milieux ruraux mais aussi pour les milieux étudiants en allant dans les universités.
13:40 Et effectivement, on constate que parfois la seule présence dans certains endroits,
13:45 c'est la permanence, le solidaribus du Secours Populaire.
13:48 – Merci beaucoup Thierry Robert.
13:50 Je rappelle que vous pouvez donner au Secours Populaire sur le site secourspopulaire.fr
13:55 puisque vous avez besoin d'aide et pas seulement de Bernard Arnault
13:59 et d'autres milliardaires mais de tous les Français.
14:01 On se retrouve dans un instant.
14:02 Alexis Poulin, sans réserve, l'édito.
14:06 – On apprend de la bouche de notre ministre et écrivain Bruno Le Maire,
14:12 ministre de l'économie, que les détaxes sur le gazole dont bénéficient certaines professions
14:18 seront supprimées pour les agriculteurs et les entreprises de travaux publics
14:21 mais pas pour les transporteurs routiers afin de préserver leur compétitivité.
14:26 L'idée c'est de supprimer la niche fiscale sur le gazole non routier
14:30 pour faire basculer la fiscalité d'une fiscalité brune,
14:34 comme nous dit Bruno Le Maire,
14:35 à une fiscalité qui incite à consommer moins d'énergie fossile
14:39 et donc mauvaise pour le climat,
14:41 à une fiscalité qui valorise les investissements verts.
14:43 Donc on passe non pas du renflement brun mais de la fiscalité brune à la dilatation verte
14:49 mais attention on va le faire en douceur
14:50 parce que cette défiscalisation va s'appliquer progressivement
14:54 à partir de 2024 jusqu'en 2030 pour le BTP et au-delà pour les agriculteurs.
14:59 D'ailleurs le président de la FNSEA est attendu à Bercy la semaine prochaine
15:03 en disant on va vraiment avoir besoin des aides
15:06 parce que pourquoi faire deux politiques, deux poids, deux mesures ?
15:09 Les transporteurs routiers d'un côté, les agriculteurs de l'autre.
15:12 On ne peut pas dire que les agriculteurs soient forcément en bonne forme économique
15:15 donc ils attendent bien sûr des mesures.
15:18 En tout cas on voit que l'idée de faire baisser le prix du carburant à la pompe
15:24 pour tous les français c'est quelque chose qui est hors de question pour Bruno Le Maire.
15:28 On l'écoute, c'était au micro de France Info il y a de ça une journée.
15:33 Vous ne pouvez pas matin, midi et soir à juste titre nous expliquer que la planète flambe
15:38 qu'on n'a jamais eu des températures aussi élevées et dépenser 12 milliards d'euros
15:43 c'est le coût de remise à 20 centimes sur un an pour les énergies fossiles et pour les carburants
15:48 c'est une aberration écologique.
15:50 Alors c'est pas écolo nous dit Bruno, attention 12 milliards d'euros
15:54 qu'il n'y aurait pas de recettes suite aux taxes nombreuses sur ces carburants.
15:58 Mais pour Marine Tondelier qui est secrétaire nationale d'Europe Ecologie Les Verts
16:02 Bruno Le Maire ne s'est pas pris de passion soudaine pour l'écologie, non, loin de là
16:06 mais il se fait tout simplement porte-parole des lobbies. On l'écoute.
16:09 Bruno Le Maire là il ne se fait pas le porte-parole de l'écologie, c'est le porte-parole de Total.
16:13 Total qui l'année dernière a fait 36 milliards de bénéfices.
16:17 La réalité c'est qu'ils ne vont pas chercher ces superbes profits chez Total.
16:20 C'est à Total de rendre l'argent qu'il nous prend dans les poches à chaque plein d'essence
16:25 parce qu'il bénéficie de cette crise.
16:28 Et donc normalement dans un pays juste où il y a de plus en plus de pauvres
16:31 mais aussi de plus en plus de milliardaires, on doit organiser la redistribution dans ces cas-là.
16:36 Donc oui il faut aider dans l'urgence les Français et aller les chercher dans les caisses de Total.
16:40 C'est ça que ce gouvernement a peur de faire.
16:42 Eh oui, le gouvernement qui a peur évidemment de taxer les super profits,
16:46 on en parlait à l'instant avec notre invité.
16:48 Donc on connaît malheureusement la fin de l'histoire.
16:51 C'est encore nous comme toujours qui allons payer le prix, bien sûr la note.
16:55 Et on va le faire avec plaisir bien sûr pour nos valeurs et pour le pays.
16:59 N'hésitez pas à nous appeler au 0 826 300 300
17:03 puisqu'on va parler de la rentrée scolaire et comment elle s'est passée avec notre invité.
17:08 Audrey Lalanne, secrétaire nationale de UNSA, bonjour.
17:12 Bonjour.
17:12 Alors au-delà des déclarations du ministre Gabriel Attal des uns et des autres,
17:16 comment s'est réellement passée cette rentrée ?
17:18 Combien il manque de profs ?
17:20 Est-ce qu'il y a eu des petits couacs qui ont été un peu mis sous le tapis ?
17:24 Alors cette rentrée, on va dire qu'elle s'est passée un petit peu comme toutes les autres,
17:27 c'est-à-dire avec des tensions mais avec des personnels qui font leur maximum
17:31 pour que cela ne se voit pas et faire en sorte que cela ne se répercute pas sur les élèves.
17:34 Donc oui bien sûr il nous manque encore des enseignants,
17:37 mais il nous manque également d'autres personnels,
17:39 des personnels d'éducation, des psychologues.
17:42 On a besoin d'un maximum de personnel.
17:44 Et aujourd'hui on voit encore dans de nombreux établissements que ce n'est pas le cas.
17:49 Et donc malgré les annonces qu'il y aura un prof devant chaque classe,
17:52 on voit bien qu'en réalité on manque encore d'enseignants,
17:57 on manque de personnels pour pouvoir faire notre mission d'éducation.
18:01 Mais alors on a vu, au-delà de la priorité de ce manque d'enseignants,
18:06 de mettre un enseignant devant chaque élève, comme disait Gabriel Attal,
18:08 chaque classe en réalité déjà ce serait bien,
18:11 la priorité était à la chasse aux vêtements amples,
18:15 et pas seulement les abaya puisque certaines jeunes filles se sont fait refuser l'entrée
18:18 simplement parce qu'elles portaient des vêtements amples,
18:20 parce qu'elles étaient un peu contrariées par leur corde adolescente.
18:25 Qu'est-ce qui s'est passé là encore sur cette hystérie sur l'abaya ?
18:30 Est-ce que c'était un coup de com' selon vous ?
18:32 Ou est-ce que c'était quelque chose de nécessaire
18:34 pour imposer davantage la laïcité dans nos établissements ?
18:37 Alors effectivement je crois que vous avez raison quand vous parlez de coup de com'.
18:41 Sincèrement ce n'est pas en tout cas la chose qui va permettre
18:45 de régler les problèmes d'atteinte à la laïcité.
18:47 La question de l'abaya c'est une question qui se focalise uniquement sur
18:51 un objet très très particulier et on laisse de côté tout le reste.
18:54 Déjà si je peux me permettre simplement de rappeler que
18:57 la laïcité c'est un principe émancipateur,
18:59 la laïcité c'est la liberté de conscience.
19:01 Malheureusement aujourd'hui quand on parle de la laïcité,
19:04 on parle d'atteinte à la laïcité et de tout ce qui peut poser problème.
19:07 Donc oui c'est un souci,
19:10 en revanche ce n'est pas ce qui va résoudre la question des atteintes à la laïcité.
19:15 C'est ouvrir une brèche en plus dans un règlement et dans une loi
19:18 qui sont pourtant assez claires sur le fait que
19:20 on ne doit pas porter de signe ou de tenue qui montre,
19:24 enfin qui manifeste ostensiblement l'appartenance à une religion.
19:28 Donc pour nous cette interdiction n'amène rien de plus que ce qui existait
19:32 et n'est pas la solution, en tout cas ne va pas régler la situation.
19:36 Alors l'autre solution qui est sur la table,
19:37 puisqu'on parle chiffon et tenue vestimentaire,
19:40 c'est l'uniforme à l'école.
19:41 Alors Brigitte Macron est totalement pour,
19:43 Gabriel Attal se dit ouvert à certaines expérimentations
19:46 et Xioti voudrait que ce soit dans certains quartiers prioritaires,
19:49 donc une stigmatisation là encore de certaines populations.
19:52 Vous en pensez quoi vous de l'uniforme à l'école ?
19:54 Vous êtes pour ou contre ?
19:55 Alors nous ne sommes pas pour un uniforme à l'école.
19:58 Déjà effectivement vous parlez de Brigitte Macron,
20:01 je ne savais pas qu'elle était ministre de l'éducation nationale.
20:03 Quasiment.
20:03 Et c'est vrai qu'on a régulièrement des annonces comme ça.
20:07 Les choses doivent se construire avec les personnels,
20:10 pas simplement de par un souvenir qu'on a eu de son enfance
20:14 ou d'une imagination qu'on a,
20:15 parce qu'on a parfois une vision un peu passéiste des choses.
20:18 Je rappelle d'ailleurs que l'uniforme n'a jamais existé en France,
20:20 il y a eu des blouses qui ont existé,
20:22 mais on n'a jamais eu d'uniforme en réalité.
20:24 Et la question de l'uniforme pour gommer les différences,
20:27 puisque on entend ça et que l'intérêt c'est bien de travailler
20:30 contre les inégalités scolaires,
20:31 et autant on peut partager le but, l'objectif,
20:35 autant l'objet n'est pas le bon.
20:37 Vous avez beau avoir des uniformes,
20:38 vous aurez toujours des élèves qui auront des chaussures différentes,
20:41 certaines de marque, d'autres non.
20:42 Peut-être des élèves qui pourront s'acheter des uniformes neufs
20:45 régulièrement et pas les autres.
20:47 Ça ne va pas régler les différences que l'on voit aujourd'hui.
20:50 C'est pas là-dedans qu'il faut trouver des solutions.
20:53 Nous on pense plutôt au SES que c'est via la mixité scolaire notamment
20:56 que l'on peut agir,
20:57 et que l'uniforme qui viserait à gommer les inégalités
21:00 n'aurait pas cette vertu en réalité.
21:03 - Alors, avant de parler justement des programmes scolaires,
21:06 puisque c'est une question de ça à l'école quand même,
21:08 d'apprendre des savoirs essentiels,
21:09 on va parler de la laïcité,
21:11 puisque Emmanuel Macron répondait aux questions d'Hugo Décrypte
21:15 en début de semaine,
21:17 faisait un parallèle même en s'en défendant
21:19 entre Abaya et l'assassinat de Samuel Paty.
21:21 Qu'est-ce qui a été fait finalement depuis l'assassinat de ce professeur
21:25 par un djihadiste pour protéger les professeurs,
21:28 pour expliquer la laïcité dans l'école ?
21:31 Est-ce qu'il y a eu des référents laïcité comme c'était annoncé ?
21:34 Il y avait des équipes Valeurs de la République
21:36 qui étaient dépêchées pour la rentrée.
21:38 Qu'est-ce que vous, vous avez vu pour expliquer la laïcité,
21:42 pour la mettre en pratique dans les établissements scolaires ?
21:44 - Alors, on n'a pas vu assez de choses.
21:46 Je tiens quand même à préciser que la laïcité,
21:49 c'est quelque chose que l'on défend à l'école depuis toujours,
21:52 qu'on n'a pas attendu l'assassinat de Samuel Paty
21:55 pour s'emparer de la laïcité, évidemment.
21:57 Mais effectivement, on nous a promis des formations,
21:59 on nous a promis de nombreux formateurs,
22:01 1000 formateurs sur toute la France.
22:03 Pour l'instant, ce ne sont pas encore des choses qui sont réellement opérationnelles.
22:06 Or, on a besoin de former, certes des formateurs,
22:09 mais de former l'ensemble des personnels
22:11 puisqu'on est tous confrontés à la laïcité,
22:15 on doit tous pouvoir expliquer aux élèves ce que c'est.
22:17 Donc, il nous faut absolument ces formations
22:19 qui, pour l'instant, tardent beaucoup à se mettre en œuvre.
22:21 Oui, il y a des référents, mais c'est toujours pareil.
22:24 C'est beau les effets d'annonce,
22:26 mais on a besoin, sur le terrain, de personnels
22:28 qui soient formés, qui puissent être disponibles
22:30 pour aider les différents personnels
22:32 qui œuvrent au quotidien dans les écoles, dans les établissements.
22:37 Donc, il faut faire plus,
22:39 mais, et vous allez voir toute la difficulté que l'on rencontre,
22:42 c'est qu'on a besoin de formation à la laïcité.
22:44 Or, avec le pacte notamment, ou avec les annonces qui ont été faites,
22:48 on nous dit bien que les formations, il ne faut pas trop en faire sur le temps de classe quand même,
22:51 parce que les élèves ont besoin d'autre chose.
22:53 Donc, on est face à cette problématique,
22:55 à la fois il faut former les personnels,
22:57 mais en même temps, on ne veut pas trop les former,
22:59 parce que ça prend du temps de classe.
23:01 - Mais c'est incroyable, parce que les personnels, justement,
23:03 on va les recruter un peu n'importe comment,
23:05 avec ces job dating, ces speed dating,
23:07 pour chercher du personnel enseignant,
23:09 parce qu'on a du mal à recruter des professeurs,
23:11 ça va être une catastrophe.
23:13 Qu'est-ce que vous pensez du pacte enseignant,
23:15 en l'occurrence, sur ces heures sup,
23:17 sur davantage de missions aux professeurs,
23:21 est-ce qu'il y a quelque chose de positif dans le pacte enseignant ?
23:23 - Alors, dans le pacte enseignant,
23:25 je vous dirais qu'il n'y a pas spécialement quelque chose de positif.
23:27 Nous avons eu des mesures socles,
23:29 c'est-à-dire qui concernaient tout le monde.
23:31 Ça, ce sont des mesures qui permettent effectivement des avancées.
23:33 En revanche, pour le pacte,
23:35 ce qu'on constate aujourd'hui,
23:37 c'est que ce sont des possibilités qu'on offre aux enseignants,
23:39 en fait, on leur dit "vous pouvez travailler plus pour gagner plus",
23:41 et on voit bien que malheureusement,
23:43 c'est souvent le problème de rémunération,
23:45 qui n'est pas assez importante,
23:47 qui entraîne les collègues,
23:49 pourtant déjà, qui font des heures très très nombreuses,
23:51 on est en moyenne à plus de 43 heures par semaine,
23:53 pour les différents collègues,
23:55 donc on voit bien que c'est ce problème de rémunération
23:57 qui les entraîne à se dire
23:59 "ben, finalement, je prends des heures en plus,
24:01 non pas parce que je m'ennuie,
24:03 non pas parce que ça va faire forcément des projets extraordinaires,
24:05 mais souvent, c'est uniquement une question pécuniaire
24:07 qui les amène à faire ça".
24:09 Et malheureusement, lorsqu'on a déjà
24:11 un nombre d'heures qui est conséquent,
24:13 quand il faut faire des heures en plus,
24:15 il y a un moment où on ne peut pas tout gérer de front.
24:17 Donc notre crainte à nous, c'est que ça ait des conséquences
24:19 déjà sur les conditions de travail des personnels,
24:21 et qu'ensuite, ils ne puissent pas se consacrer
24:23 autant qu'il le faudrait au travail mené.
24:25 Il ne faudrait pas que certaines heures
24:27 se fassent au détriment d'autres,
24:29 parce que l'intérêt pour nous, c'est bien la réussite des élèves.
24:31 Il faut qu'on puisse avoir à chaque fois
24:33 des personnels qui soient en capacité de travailler correctement.
24:35 - Mais justement, la rémunération des enseignants,
24:37 c'est quoi la réalité
24:39 entre les différentes annonces ?
24:41 On voit souvent que la France est bien
24:43 à la traîne par rapport aux partenaires européens
24:45 en termes de rémunération, même si
24:47 les ministres vantent le modèle nord-européen
24:49 ou allemand.
24:51 En France, clairement,
24:53 il y a eu des efforts ces derniers mois,
24:55 mais est-ce qu'ils sont suffisants ou est-ce qu'on est très loin du compte ?
24:57 - Alors on est encore très loin du compte,
24:59 malheureusement. La rémunération,
25:01 en réalité, c'est un véritable
25:03 problème, c'est peut-être même le premier problème
25:05 qui crée le problème
25:07 d'attractivité que l'on rencontre dans nos métiers.
25:09 On a une crise de recrutement qui est énorme,
25:11 on a une hausse des démissions. La rémunération
25:13 n'est pas le seul facteur, évidemment, mais ça en fait
25:15 partie. Oui, nous avons des salaires
25:17 plus faibles qu'en Europe, après,
25:19 nous avons conscience aussi qu'une grande partie
25:21 de la population française n'a pas
25:23 notre salaire, c'est vrai, néanmoins,
25:25 pour le niveau
25:27 de recrutement, c'est-à-dire pour le niveau de diplôme,
25:29 pour le travail qui est demandé,
25:31 parce que vraiment, il faut être expert quand même
25:33 dans ce qui est fait,
25:35 c'est pas juste faire des coloriages avec des élèves,
25:37 être enseignant, donc pour le niveau qui est
25:39 exigé, les salaires ne sont pas
25:41 suffisants, clairement. - Oui, on est
25:43 loin du compte. Alors, il y a aussi,
25:45 quand on est parent d'élève,
25:47 une inquiétude de se demander, mais qu'est-ce
25:49 qui se passe à l'éducation nationale ? On a l'impression
25:51 que tous les ans, tous les 5 ans,
25:53 on réinvente la roue. On a eu
25:55 le bac blancaire et puis on voit que finalement,
25:57 c'est une très mauvaise idée, que l'Emad doit
25:59 revenir. On a eu la parenthèse Papendiaï,
26:01 on n'a pas trop compris
26:03 ce qu'il faisait à la tête du ministère de l'Éducation nationale.
26:05 Là, on a Gabriel Attal qui arrive
26:07 avec un discours sur la laïcité,
26:09 sur la baïa, etc.
26:11 Est-ce que les années blancaires, ça a été
26:13 5 ans pour rien ?
26:15 Même si le gouvernement ne veut pas le dire,
26:17 est-ce qu'il y a un aveu d'échec ? Est-ce qu'on peut rassurer
26:19 les parents en disant que les savoirs essentiels
26:21 vont être préservés et que les programmes ont encore
26:23 un sens ? Ou est-ce qu'on a affaire à des apprentis
26:25 sorciers dans les rectorats
26:27 et au ministère de l'Éducation qui essayent des trucs
26:29 finalement et utilisent nos enfants
26:31 comme des cobayes pour des apprentissages dont on ne
26:33 sait pas ce qu'ils vont être ?
26:35 - Alors, la première chose, c'est que oui, on peut rassurer les parents.
26:37 On peut rassurer les parents parce que vous avez,
26:39 face à vos enfants,
26:41 des professionnels.
26:43 On est là, vraiment, je le répète, pour la réussite de nos élèves.
26:45 On est là pour faire en sorte que tout se passe
26:47 au mieux et qu'on puisse leur apporter les clés
26:49 pour devenir des citoyens
26:51 qui pourront
26:53 être des personnes
26:55 qui seront bien dans leur vie d'adultes
26:57 par la suite. Par contre, c'est vrai
26:59 que l'on constate beaucoup de choses qui viennent
27:01 des différents ministères.
27:03 On a souvent constaté que dès qu'un ministre arrivait,
27:05 il fallait une réforme de ce ministre.
27:07 Il fallait qu'on garde en tête ces années-là.
27:09 Alors, on a eu
27:11 quand même,
27:13 je suis désolée pour la formulation peut-être
27:15 un petit peu forte, mais une vision
27:17 très passéiste sous les années blancaires.
27:19 On a une parenthèse,
27:21 mais j'ai le sentiment,
27:23 alors, Gabriel Attal vient d'arriver,
27:25 donc on va lui laisser le temps
27:27 de prendre ses marques et on va voir
27:29 comment il va mettre en œuvre
27:31 sa politique, mais on peut peut-être
27:33 craindre une vision un peu passéiste lorsqu'on parle
27:35 uniquement de retour aux fondamentaux,
27:37 comme si on ne travaillait pas les fondamentaux déjà.
27:39 On a la sensation
27:41 souvent qu'au ministère,
27:43 on ne sait pas comment ça se passe dans les classes.
27:45 Et on n'écoute pas assez les représentants des personnels.
27:47 On n'écoute pas assez les personnels
27:49 pour savoir ce qui se passe.
27:51 - Deux ministres de suite qui viennent de l'école alsacienne,
27:53 qui ne connaissent rien à l'école publique de la République.
27:55 Ça dit quelque chose quand même de la déconnexion, non ?
27:57 - Alors, je ne sais pas s'ils ne connaissent rien
27:59 à l'école publique, je ne peux pas en juger,
28:01 mais effectivement, c'est quand même un symbole
28:03 qui est très particulier. Quand on défend l'école
28:05 de la République, oui,
28:07 c'est quelque chose qui interroge énormément.
28:09 - Et puis, il y a eu un drame
28:11 une semaine de la rentrée,
28:13 le suicide d'un adolescent de 15 ans
28:15 à Poissy pour cause de
28:17 harcèlement à l'école.
28:19 C'était censé être une grande cause.
28:21 Elisabeth Borne a annoncé
28:23 des mesures pour la rentrée.
28:25 On attend de voir quelles vont être ces mesures.
28:27 Sur le harcèlement,
28:29 est-ce que vous pensez que, là encore,
28:31 il va y avoir
28:33 une vraie prise de conscience et une politique
28:35 forte pour protéger les victimes
28:37 de harcèlement à l'école ? - Alors, on ne peut que le souhaiter,
28:39 mais déjà, ce qu'il faut rappeler,
28:41 c'est que le harcèlement est une question
28:43 primordiale qui est déjà prise en charge.
28:45 Malheureusement, on voit apparaître
28:47 ces drames
28:49 qui se produisent et que l'on
28:51 entend peut-être qui ont plus de retentissement dans les médias,
28:53 mais c'est quelque chose qui est déjà pris en charge
28:55 qui doit cependant être renforcé
28:57 et absolument être renforcé.
28:59 C'est l'affaire de tous les personnels dans les établissements.
29:01 Donc, on a besoin, là encore,
29:03 de formation, mais on a besoin de personnel.
29:05 Je vous disais tout à l'heure qu'on manquait d'enseignants,
29:07 de CPU, de PSI-UN. Là, clairement,
29:09 les personnels d'éducation, les psychologues
29:11 ont un rôle majeur et sans eux,
29:13 ou en tout cas, lorsqu'on n'a pas ces personnels
29:15 en nombre suffisant, ce sont autant
29:17 d'élèves qui vont être plus en difficulté
29:19 et auprès de qui on ne pourra pas répondre correctement.
29:21 Donc, on a besoin de temps de formation,
29:23 d'appropriation et puis d'une mise en œuvre
29:25 des choses. Mais le harcèlement, ça ne se limite pas
29:27 aux portes de l'école. C'est quelque chose qui
29:29 a trait dans toute la société. Donc, on a besoin
29:31 de conduire un travail avec les parents,
29:33 avec les autres partenaires,
29:35 les acteurs de la société, de la santé.
29:37 On doit vraiment mener un travail commun
29:39 et on ne doit pas faire croire qu'on peut
29:41 tout faire porter sur l'école. On ne pourra pas
29:43 tout, on fera notre maximum, mais on ne
29:45 ne pourra pas tout, tout seul. - Parce que ça se passe beaucoup
29:47 en dehors de l'école, aujourd'hui, avec les réseaux sociaux.
29:49 - Les réseaux sociaux, notamment.
29:51 - Et le fait que l'école est certes un lieu du
29:53 harcèlement, mais c'est au-delà de ça, bien sûr.
29:55 - Tout à fait.
29:57 - Emmanuel Macron a annoncé
29:59 qu'il souhaitait que chaque élève
30:01 de 6ème plante un arbre.
30:03 Grosse mesure écologique du
30:05 quinquennat, vous en pensez quoi ?
30:07 - C'est très bien de planter des arbres.
30:09 Ce qui serait encore mieux, peut-être, ce serait d'avoir
30:11 un bâti scolaire qui soit éco-responsable.
30:13 C'est-à-dire qu'on ait pas seulement
30:15 l'image d'un arbre qui a été planté,
30:17 mais qu'on ait des bâtiments qui répondent aux enjeux
30:19 climatiques, aujourd'hui. Qu'on ait des normes
30:21 thermiques qui soient respectées.
30:23 Qu'on ait, en fait, des élèves et des personnels
30:25 dans des bonnes conditions de travail
30:27 qui comprennent qu'on est face à un changement climatique
30:29 qui est conséquent. Et donc,
30:31 ça ne peut pas être la seule mesure.
30:33 Planter des arbres, oui, mais on ne peut pas s'arrêter là.
30:35 - Mais justement, là encore,
30:37 l'idée de faire rentrer
30:39 les élèves en échec scolaire avant les autres,
30:41 fin août, dans des bâtiments
30:43 qui sont des vrais passoires thermiques,
30:45 avec des bocs, des aquariums
30:47 où le soleil tape et où il fait plus de
30:49 30, 40 degrés parfois dans les salles de classe,
30:51 ça montre encore une fois la déconnexion
30:53 de ces responsables politiques avec la réalité du terrain.
30:55 - Oui, et là je dirais qu'il y a deux éléments
30:57 à prendre en compte. Le premier, c'est que
30:59 on parle d'élèves en échec scolaire
31:01 à qui il faudrait proposer plus de temps,
31:03 mais pour nous, le temps scolaire, le temps d'enseignement,
31:05 il doit être avant tout qualitatif.
31:07 Avant de penser à du quantitatif,
31:09 il faut abaisser le nombre d'élèves
31:11 par classe. Il faut s'assurer qu'on ait
31:13 assez de personnel face à eux, que ce soit les enseignants
31:15 ou autres. Donc, on rejoint toujours cette même
31:17 difficulté. Et oui, on a besoin
31:19 de travailler énormément, je parlais
31:21 du bâti scolaire. On a des plans de rénovation
31:23 qui sont prévus, mais on a
31:25 besoin d'accélérer les choses et on a vraiment
31:27 besoin de la prise de conscience de tout le monde
31:29 sur ce sujet. - Mais on voit que sur le
31:31 bâti, notamment, ce n'est pas une priorité,
31:33 puisqu'il a été demandé aux universités de
31:35 renier un peu sur les plans de rénovation
31:37 pour essayer de récupérer un peu d'argent
31:39 pour la solidarité ailleurs.
31:41 Sur les différents
31:43 collèges et lycées en France,
31:45 est-ce qu'il y a quelque chose de nouveau qui se fait jour ?
31:47 Ou on est toujours
31:49 au même niveau ? Ou est-ce qu'il y a des chantiers qui sont en cours
31:51 et des choses encourageantes ? - Il y a des chantiers
31:53 en cours, on est sur deux objectifs, on va dire
31:55 à moyen terme, notamment
31:57 en 2030. La grande difficulté qu'on rencontre
31:59 après dans l'éducation nationale, c'est que
32:01 les bâtiments sont à la main des collectivités.
32:03 Donc, que ce soit les municipalités,
32:05 les collèges, pardon,
32:07 les municipalités pour les écoles,
32:09 les départements pour les collèges et les régions pour les lycées,
32:11 on n'a pas toujours les mêmes acteurs
32:13 ou en tout cas, on va dire que
32:15 les volontés des uns et des autres ne sont pas toujours
32:17 concomitantes et il faut réussir à trouver un point
32:19 d'entente pour tous, dans l'intérêt des élèves
32:21 et des personnels. - Et est-ce que
32:23 vous avez un message à faire passer
32:25 à ce nouveau ministre, Gabriel Attal,
32:27 qui vient d'arriver ? Un message clé
32:29 pour cette rentrée ? - Qu'il nous
32:31 écoute, surtout qu'il n'hésite pas à dialoguer
32:33 avec nous parce que le dialogue social est vraiment
32:35 essentiel. On a besoin en fait
32:37 de retrouver la confiance.
32:39 On a besoin de montrer qu'on fait
32:41 un métier magnifique, on a envie qu'il y ait
32:43 davantage de personnes qui puissent le faire aussi.
32:45 Donc, on aimerait réussir à combler
32:47 ce problème d'attractivité et pour cela
32:49 il faut qu'il puisse construire avec
32:51 les personnels et pour les personnels
32:53 les différentes mesures qui viendront dans son
32:55 ministère. - Mais avant le dialogue, il y a déjà
32:57 une mobilisation qui est prévue le 13 octobre
32:59 sur les salaires, notamment
33:01 avant la conférence sociale peut-être sur les salaires.
33:03 L'UNSSA en fera partie, j'imagine
33:05 les professeurs aussi.
33:07 Est-ce qu'il y a
33:09 d'autres mouvements de grève qui se
33:11 profilent à l'horizon pour les parents d'élèves
33:13 et les professeurs qui vont se mettre en grève
33:15 là, dès la rentrée ?
33:17 Où est-ce qu'on attend le 13 octobre ?
33:19 - Alors, nous attendons le 13 octobre.
33:21 À ce jour, il n'y a pas particulièrement de mouvements de grève
33:23 spécifiques, enfin, qui soient
33:25 prévus pour l'ensemble de la France.
33:27 Il peut y avoir des mouvements de grève spécifiques,
33:29 il y a des difficultés très localisées.
33:31 Mais pour l'instant, oui, on attend le 13 octobre
33:34 pour voir la suite. - Merci beaucoup
33:36 Audrey Lalanne de l'UNSSA
33:38 de nous avoir parlé de cette rentrée scolaire.
33:40 Merci à vous.