Avec Thierry Breton, ancien Commissaire européen et ancien ministre
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##L_INVITE_POLITIQUE-2025-01-21##
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00:00— SUDRADIO, l'invité politique Jean-Jacques Bourdin.
00:07— Notre invité ce matin, Thierry Breton. Thierry Breton, bonjour. — Bonjour, Jean-Jacques Bourdin.
00:11— Alors je rappelle que vous avez été ministre de l'Économie et des Finances, commissaire européen.
00:14Vous connaissez parfaitement les États-Unis. Vous avez enseigné aux États-Unis. Thierry Breton, vous avez rencontré Donald Trump.
00:21Ça vous est arrivé. Vous avez rencontré Elon Musk. Enfin bon. Hier, c'était la journée Trump.
00:28« L'âge d'or commence », a déclaré le nouveau président des États-Unis. « Le déclin de l'Amérique est terminé.
00:34Nous allons agrandir l'Amérique ». C'est la phrase qui m'a frappé le plus hier. Le message est clair, Thierry Breton ?
00:42— Vous savez, on sort d'une période un peu particulière aux États-Unis, cette fameuse période dite de transition des 100 jours.
00:49Entre le moment où le président élu est élu et le moment où il va prendre le pouvoir. Et là, c'est vrai qu'évidemment,
00:56le président élu, il a quand même tous les attributs de la puissance. Il n'a pas encore les moyens, par définition.
01:02Et donc il a la parole comme exercice du pouvoir. Et c'est vrai qu'il a beaucoup utilisé la parole pendant ces moments.
01:09Et on a entendu effectivement toutes les grandes lignes de ce qu'il comptait faire. Je crois qu'il faut les prendre au sérieux,
01:15parce qu'on a vu, il a commencé déjà à signer ses décrets. Donc il va vraiment essayer de faire ça. Bon, maintenant, on rentre,
01:23ça y est, maintenant, dans le vif du sujet. — La réalité. — C'est la réalité, depuis ce matin. On est maintenant précisément
01:29dans cette nouvelle période qui s'ouvre à nous de 4 années avec une nouvelle administration. Alors tous les 4 ans, ça change aux États-Unis.
01:35Vous l'avez rappelé, moi, j'ai beaucoup connu ça. Donc dans cette période des 100 jours, les uns et les autres se réalignent
01:41sur la nouvelle administration. On l'a vu cette fois-ci de façon peut-être pour certains d'entre eux un peu plus bruyamment que d'autres.
01:48On peut penser à Mark Zuckerberg, en particulier, lorsqu'il est allé à Mar-el-Lago pour, comment pourrons-nous dire, peut-être faire acte d'allégeance.
01:57Mais il faut pas le prendre non plus de façon caricaturale, parce que je dirais que c'est assez commun ou courant, on va dire, plutôt,
02:05dans l'histoire américaine, que dans ces périodes précisément, chacun se réadapte finalement à la nouvelle administration.
02:10Mais là, c'est vrai que les propos qui sont tenus, pour reprendre votre question, on peut comprendre, en particulier après ce qui a pu être dit
02:17sur le Groenland, par exemple. Il a beaucoup parlé hier, notamment, du Panama. Voilà, ça interroge, c'est sûr.
02:24— Oui, ça interroge. Mais soyons pragmatiques. Parce que les États américains sont pragmatiques. Et Trump l'est plus que tout.
02:32Il est pragmatique. C'est un chef d'entreprise, Trump, avant tout. N'oublions pas. Finalement, il voit les États... Enfin, il gère une entreprise,
02:40l'entreprise américaine. — Alors je sais pas si on peut dire ça, parce qu'il a quand même maintenant l'expérience...
02:45Peut-être on aurait pu le dire, on pouvait le dire... — En 2017 ? — Oui, parce qu'il avait pas encore cette expérience.
02:51Mais là, maintenant, quand même, il faut lui reconnaître le fait qu'il a vraiment maintenant l'expérience du pouvoir.
02:56Il a du reste constitué son équipe. Vous vous souvenez, en 2017, ça avait pris des mois. Là, maintenant, il vient avec son équipe.
03:02Il sait comment ça fonctionne. Donc il est pragmatique, oui, mais il va vouloir être opérationnel très rapidement.
03:11Et vous dites... Il est chef d'entreprise. Je dirais presque plutôt, si vous le permettez, businessman.
03:17— Oui, businessman. — Vous vous en souvenez, il a écrit ce livre « The Art of the Deal ». C'est-à-dire qu'il explique l'art du deal.
03:23Il explique dans ce livre comment on fait des deals, finalement, dans la vie. Et c'est vrai qu'il faut le lire. C'est intéressant,
03:29parce qu'il a écrit ça quand il était aux affaires, ou dans les affaires, on va dire. Mais désormais, évidemment, en tant que président
03:39de la plus grande nation, aujourd'hui la plus puissante, il va évidemment utiliser les mêmes ressorts, les mêmes critères,
03:47et donc avoir des relations plus transactionnelles avec les uns et les autres, pousser très loin son ambition,
03:54revenir un peu en arrière pour essayer toujours d'obtenir « le meilleur deal » pour les États-Unis,
04:00en laissant penser peut-être à ceux qui sont en face, qu'ils ont également quelque chose qui n'est pas trop mauvais pour eux.
04:06Mais enfin, c'est assez transactionnel, comme on dit. — C'est assez transactionnel. On est bien d'accord. Nous allons revenir...
04:10Je vais pas revenir sur toutes les déclarations faites hier. Mais ce qui m'intéresse, c'est l'Europe. C'est la réponse que nous devons apporter,
04:17l'attitude, le comportement que nous devons avoir face à Donald Trump. Il faut absolument – vous l'avez dit, vous le répétez –
04:25un leadership fort en Europe. Est-ce que Ursula von der Leyen – je l'ai trouvée bien faible ces derniers temps –
04:32face à Donald Trump ne propose rien ou presque rien, si ce n'est discuter ? Mais ça ne veut rien dire, évidemment, qu'on va discuter avec les États-Unis.
04:41Quelle attitude doit-on avoir en Europe ? — Alors vous avez raison. Il faut par exemple parler d'Europe, parce que pour nous,
04:46maintenant, c'est une réalité. Donc à charge pour nous de nous... Comment dire ? D'intégrer cette réalité dans nos relations.
04:55Je rappelle quand même qu'on le sait tous. Les États-Unis, c'est notre vieil allié et le plus important pour nous.
05:02Donc bien sûr, aujourd'hui, on n'en parle pas, parce qu'on a tellement... Enfin c'est quand même notre allié. Et donc il faut avoir toujours ça en tête.
05:08— Encore un allié ? — Bien sûr, encore un allié. — Vous en êtes sûr ? — J'en suis certain. Bien sûr, encore un allié.
05:12Mais c'est vrai qu'on l'oublie, parce qu'évidemment, on a eu toutes ces phrases. Certains disent même ces coups de boutoir.
05:19Et donc il faut effectivement que l'Europe, maintenant, soit consciente d'abord d'une chose. C'est qu'on est un continent. On est 27.
05:27On est une grande démocratie. Moi, je ne cesse de le dire, parce que je l'ai vécu, évidemment, à Bruxelles.
05:31Souvent, on ne le comprend pas. Des fois, on le critique même en France. On est une grande démocratie.
05:36Croyez-moi, c'est pas facile, effectivement, de faire marcher une démocratie de 450 millions de concitoyens. C'est notre cas en Europe.
05:44Mais on est cette démocratie-là. Et on est aussi cette puissance-là. Et j'emploie le mot haïtien. On est une puissance en Europe.
05:51Il faut qu'on en soit vraiment conscient. On est aujourd'hui le premier marché au monde. — Mais on n'a pas de leader.
05:57On est une puissance, mais on n'a pas de leader, tiré moto. — Eh bien il faut effectivement exprimer cette puissance.
06:02— Ce n'est pas Emmanuel Macron qui est affaibli politiquement. Ce n'est pas l'Allemagne qui est affaiblie politiquement.
06:07C'est qui ? C'est Mélanie, la leader ? — Mais d'abord, ce ne sont pas des chefs d'État aussi, je dirais, charismatiques,
06:13importants, souhaitent-ils, qui sont des leaders de l'Europe. L'Europe a des institutions, selon nos traités, depuis 70 ans,
06:19fonctionne avec ces institutions. Elles sont claires. Il y a le président du Conseil européen qui représente l'ensemble des 27.
06:25C'est aujourd'hui pour nous Antonio Costa, l'ancien premier ministre portugais. Il y a la présidente du Parlement européen.
06:31C'est Roberta Mezzola. Elle représente évidemment nos concitoyens. Et puis il y a la commission. C'est l'exécutif.
06:37Et voilà quel est le triptyque, je dirais, qui représente aujourd'hui l'Europe. Et puis il y a ensuite notre ministre des Affaires étrangères
06:44ou super-ministre, ce qu'on appelle la haute représentante. C'est Kaya Kallaz, qui est l'ancien premier ministre estonienne.
06:49Donc en fait, il faut effectivement que ceux qui représentent nos institutions aujourd'hui, ils incarnent notre Europe,
06:55tout en respectant évidemment les chefs d'État et de gouvernement. Et c'est évidemment maintenant, selon ce triptyque,
07:01conformément au traité, qu'il faut maintenant rentrer dans cette nouvelle dialectique, dans ces nouveaux échanges, avec évidemment tous ceux qui sont autour de nous.
07:09— Et qui pourraient tourner rapidement à la confrontation, pardon Thierry Breton. Mais si les États-Unis de Trump nous imposent une guerre commerciale, que faire ?
07:16Que faire ? — Eh bien on a déjà eu ces discussions lors du premier mandat. Et moi, j'ai participé. Voilà. On sait, je l'ai rappelé, il est transactionnel.
07:25Je me souviens qu'il disait qu'il demandait... Vous savez, on me demande quelquefois comment voit-il l'Europe.
07:32Et moi, j'avais toujours ce sentiment. Et il voyait l'Europe surtout comme aujourd'hui, je dirais... — Un marché.
07:37— Une balance commerciale qui était négative. Ça veut dire qu'effectivement, aujourd'hui, on a à peu près 180 milliards... Enfin on vend aux États-Unis 180 milliards de plus.
07:46Donc la balance commerciale est déséquilibrée. Et je me souviens, je le sentais vraiment. Il trouvait ça injuste.
07:51Et donc ce qu'il veut, c'est essayer de rééquilibrer la balance commerciale. Alors avec nous, je parle de 180 milliards de dollars.
07:56Alors avec la Chine, n'en parlons pas. C'est 1 000 milliards. Donc il veut rééquilibrer cette balance commerciale.
08:01Il souhaite aussi que chaque État membre de l'OTAN paye leur 2 %. Et personnellement, je vous le dis, je trouve qu'il a raison sur ce point,
08:11parce que c'est vrai que c'est pas normal qu'on ait encore un certain nombre de pays... On peut penser à l'Allemagne, on peut penser à l'Italie,
08:16qui ne dépense pas 2 % de leur PIB en défense. Alors ça, pour lui, c'est un sujet majeur. — Alors Thierry Breton, justement, c'est un peu le deal
08:23que l'Europe pourrait proposer. C'est-à-dire que d'accord, on augmente notre budget de la défense, on crée une défense européenne.
08:30Mais en contrepartie, vous nous épargnez les droits de douane. — Écoutez, c'est pas à moi de le dire. Vous le comprendrez.
08:35Je suis plus commissaire européen. Mais oui, mais... — C'est ce que vous feriez ? — Non. D'abord, c'est un autre sujet, l'Europe de la défense.
08:41Mais là-dessus, vous m'avez souvent entendu. Et je continue à le dire ce matin. Bien sûr, il faut qu'on augmente notre capacité de production
08:50en matière de défense. Il faut qu'on soit beaucoup plus autonome en matière de défense. Enfin si on investit dans notre appareil industriel
08:56et dans notre appareil militaire, c'est pour acheter européen. Quand on dépense de l'argent des Européens, c'est pour acheter européen
09:01et pas pour acheter américain. Donc je sais pas si on pourra rééquilibrer la balance commerciale avec ça. Il y a sans doute d'autres moyens.
09:07Mais en tout cas, il appartient maintenant à ceux qui sont en charge de se mettre autour de la table et puis de rentrer dans cette dialectique
09:12en ayant conscience de notre puissance. — Mais est-ce qu'il faut qu'une voix forte s'élève en Europe-Breton ? On a besoin d'un homme ou d'une femme
09:20face à Trump. — Mais vous savez, elle va le faire, je dirais, de facto, donc dans le cadre des institutions que j'ai rappelées, tout simplement,
09:28parce que très vite, on va rentrer dans cette dialectique, puisque très vite, on va voir encore une fois les décrets qu'il va signer.
09:36Enfin, si jamais on suit ce qu'il a dit, très vite, on va rentrer dans cette nécessité. Oui, il va falloir effectivement s'exprimer en France.
09:41— Dites-moi avec Donald Trump, c'est le règne de l'argent. Ça ne vous gêne pas ? Franchement, le culte de l'argent...
09:48— Ce qui est très surprenant, ou qui est surprenant, disons, pour moi, qui ai vécu, vous l'avez rappelé, aux États-Unis, comme beaucoup d'entre nous, du reste,
09:55qui aiment le dynamisme de ce pays, sa capacité d'intégration, sa capacité d'innovation. Et donc il y a aussi une capacité qu'on connaît moins en Europe,
10:03c'est qu'il y a souvent effectivement des personnes qui ont une expérience quand ils sont nommés au gouvernement. Ils viennent du monde académique
10:10ou du monde des affaires. Il y a souvent des chefs d'entreprise qui sont ministres des différentes administrations qui se sont succédés.
10:16Mais alors là, on a – je crois, je sais plus, je lisais ça quelque part, quelqu'un me disait – 15 ou 16 hyper-milliardaires qui sont désormais
10:25membres de l'administration. Donc ça, c'est effectivement quelque chose d'assez nouveau. — L'oligarchie des milliardaires !
10:29— Alors je n'irai pas jusque-là, parce qu'évidemment, on va voir. Mais c'est quand même quelque chose de nouveau.
10:34— Mais Poutine, les milliardaires, est entouré de milliardaires. En Iran, la famille Khomeini, ce sont des milliardaires.
10:40Ce culte de l'argent dans le monde... — Si vous permettez, je ne comparerai pas à ce qui se passe aux États-Unis ni avec Poutine et encore moins avec l'Iran.
10:50Je ne le comparerai vraiment pas. Je dis simplement que c'est vrai, que c'est une première. Et notamment, on pense en particulier à tous ces...
10:58Ces entrepreneurs, ces chefs d'entreprise, dont beaucoup viennent de la Silicon Valley, qui viennent maintenant aux affaires.
11:04Bon, il va falloir reconnaître ça. — Pourquoi ? Pour gagner de l'argent ?
11:06— Non, je ne le pense pas. Sincèrement, je ne le pense pas. D'abord, pour la plupart d'entre eux, ils ont déjà fait fortune.
11:12Mais voilà. Je me rappelle, lorsque j'étais moi-même ministre des Finances, mon homologue était l'ancien président de Goldman Sachs.
11:23Donc vous voyez. Et il m'avait dit... Quand on m'a appelé, j'ai cédé, j'ai dû céder toutes mes actions. Il ne pouvait rien avoir.
11:34On verra. Qu'est-ce qu'ils vont faire ? Je ne sais pas comment on va intégrer tout ça. Qu'est-ce qui va être demandé pour éviter les conflits d'intérêts ?
11:41Il va falloir suivre ça avec intérêt. On n'a pas encore les réponses. — Oui, conflits d'intérêts. En France, ce serait impossible.
11:48Ce qu'on voit aux États-Unis serait impossible en France. — En France et en Europe, je vous le dis, parce qu'on est effectivement là-dessus très à cheval.
11:54Peut-être moins aux États-Unis. Mais je ne veux pas, encore une fois, tirer de leçon avant de voir. C'est vrai qu'on rentre dans un monde...
12:04— On a même vu Bernard Arnault. Bernard Arnault, qui est votre ami, on l'a même vu là-bas à l'investiture. Pourquoi ?
12:12Parce qu'il a 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires avec les États-Unis ? — Non. Je crois que personne ne peut dire ça.
12:16Je sais... Il est... Encore une fois, je n'ai pas parlé pour lui. Mais il est non seulement un très grand chef d'entreprise.
12:25Mais je sais qu'il est très présent aux États-Unis, qu'il a beaucoup d'activité aux États-Unis. Donc c'est...
12:30— C'est la raison pour laquelle il était là. — Je pense que c'est ça, le signe. Mais enfin voilà. Je ne suis pas dans la tête de ceux qui ont fait les cartons d'habitation.
12:37— Elon Musk, alors. Est-ce que vous avez des échanges avec Elon Musk toujours ? — Non. Non. Mais vous savez, Elon Musk, moi, j'ai... On en a beaucoup parlé.
12:47— Oui, on en a beaucoup parlé. — Mais je le dis sincèrement, c'est pas mon sujet. Elon Musk, il est ce qu'il est. Depuis ce matin, on va voir.
12:57Il va sans doute, c'était annoncé, faire partie de l'administration américaine. Voilà. On rentre dans un monde nouveau là encore.
13:04Et s'il décide de parler, je sais pas. On verra bien. Il parlera certainement, bien entendu, S-qualité de ses nouvelles fonctions.
13:12Donc je n'ai aucun commentaire à faire. Puis voyez-vous, Jean-Jacques Bourdin... — Oui, allez-y. — Il y a quand même quelque chose qui s'est passé.
13:17La Commission européenne a ouvert une enquête, donc, sur X. Je crois que c'était vendredi ou samedi dernier.
13:25Donc précisément pour voir si, dans toutes les actions qu'il a pu entreprendre... — Manipulation de l'algorithme.
13:32— Pour voir les algorithmes. C'est conformément, encore une fois, à la délégation que la Commission européenne, et je le dis encore une fois,
13:39a reçu de la part du Parlement européen, c'est le législateur et du Conseil européen. Donc cette loi, le DSA, dont on a beaucoup parlé,
13:47qui est faite certainement pas pour censurer, encore moins pour brimer la parole. La liberté de parole chez nous, en Europe, est absolument cardinale.
13:58C'est pour vérifier effectivement qu'il n'y a pas d'excès créé par une modification des algorithmes. On sait que sur les plateformes,
14:05les algorithmes peuvent pousser avec une sorte d'effet de tsunami des contenus qui peuvent créer des dommages.
14:10Et donc il faut avoir la transparence. C'est tout. — Oui. Les messages de Musk, par exemple, de l'extrême-droite peuvent être poussés.
14:16— Eh bien je ne sais pas. Je n'ai absolument pas l'information. Mais ce que je sais, c'est que la Commission européenne a ouvert une enquête.
14:22On va donc maintenant lui laisser faire son enquête. — Oui. L'ARCOM, régulateur français du numérique, saisit d'ailleurs la Commission européenne.
14:30— Eh bien donc laissons maintenant les choses se faire. — Il y a des plaintes en France. — Eh bien laissons les choses se faire.
14:33Et puis on parlera quand on aura les conseils. Et personnellement, moi, je trouve que c'est normal et bien que la Commission ait ouvert cette enquête.
14:43— Mais samedi soir, vous étiez sur une émission de télévision. On a dit à côté de vous « Elon Musk est un connard ». Ça vous a gêné ?
14:49— Oui. Mais vous savez, vous faites allusion à cette émission-là. Voilà. — Oui. Ben si, si, je vous émue un peu.
14:55— Oui. Ben écoutez, voilà. Mais encore une fois, je n'ai pas à porter du jugement sur les uns et les autres. Voilà.
15:02Et je ne veux pas rentrer dans ce petit jeu, parce que certains disent « Ah oui, mais alors Elon Musk a dit ci ».
15:07C'est vrai qu'il n'a pas eu des mots tendres ni même polis avec certains de nos chefs d'État et de gouvernement.
15:11C'est vrai que ça a pu en choquer certains. J'en fais partie quand on traite M. Shultz, chancelier quand même allemand.
15:18Mais on peut penser ce qu'on veut de M. Shultz. Mais après, avec des noms d'oiseaux ou le Premier ministre britannique...
15:23Bon, quelqu'un a dit sur cette émission... — C'est un connard.
15:26— ...leur envoyer les mots d'oiseaux qu'il a peut-être utilisés. Voilà. Donc tac. Mais vous savez...
15:30Pardon, mais c'est pas... Je le dis sincèrement. C'est pas mon monde, ça.
15:34— Bon. C'est pas votre monde. Pourtant, vous étiez dans ce monde-là samedi soir. Et ça, je vous ai senti gêné un peu.
15:41— C'est pas mon monde. J'étais avec quelqu'un que j'estime beaucoup. Et c'est aussi la raison pour laquelle j'étais là, qui est Alain Aspé.
15:48Alain Aspé, qui est le prix Nobel de physique. Et on était là tous les deux pour parler de physique quantique.
15:52Et quelque part, j'ai le sentiment qu'on était plus à l'aise à parler de ça. Il venait de sortir un excellent livre que je recommande,
15:58Alain Aspé, une conversation avec Einstein. Voilà exactement dans quel contexte tout ça s'est produit.
16:04— J'aimerais vous interroger là-dessus. L'Europe a-t-elle les moyens de se défendre dans ce domaine-là, le numérique ?
16:12Mais que propose-t-elle ? Est-ce qu'il y en a... Il n'y a pas d'équivalent en Europe ?
16:17— Oui, vous avez raison. Et... — C'est un vrai problème, ça, le Breton.
16:20— Vous avez raison. Et vous savez pourquoi. Parce que l'Europe était sur le marché numérique encore fragmentée.
16:28Lorsque j'ai pris mes fonctions, il y a 5 ans, j'étais commissaire entre autres au numérique. Et il y avait 27 régulations,
16:3627 marchés numériques. Alors qu'on est 450 millions, on est pratiquement une fois et demie plus grande que les États-Unis
16:40en termes de population. On était tellement fragmentés. Ce qui fait que quand quelqu'un avait une idée dans le numérique,
16:47il fallait faire 27 adaptations. Et on pouvait pas bénéficier de la profondeur de notre marché. Et donc on a mis en place
16:54une organisation de l'espace informationnel. Certains appellent ça une régulation. Ça a été le DSA dont on parle.
16:59Ça a été le DAMA, le Data Act, l'EIAct. Donc on a vraiment bâti l'architecture pour qu'enfin, Jean-Jacques Bourdin,
17:06on ait un marché unique, donc du numérique. Ce qui fait que maintenant, les entrepreneurs du numérique,
17:12et on en a d'excellents en Europe, et en France en particulier, vont pouvoir bénéficier comme leurs concurrents
17:20ou amis américains de la profondeur du marché européen. — Va naître un réseau. Par exemple, un réseau social va naître enfin.
17:26Un ou des réseaux sociaux. — Mais on verra. Mais en tout cas, maintenant, il n'y a plus de freins. Alors que c'est vrai, je dois le dire,
17:31il y avait un frein. Vous me demandez pourquoi il y avait-il effectivement... On n'a pas réussi parce qu'on était trop fragmentés.
17:37Donc ça y est. Maintenant, on a cette capacité. Donc je n'ai aucun doute que ça va donner d'abord une... — Il y a déjà marche dedans. Bon, mais...
17:44— Oui, mais même d'autres applications qui vont maintenant pouvoir bénéficier de notre marché à nous. Et c'est vrai qu'il est tellement important
17:52que ça va donner des opportunités, j'en suis certain, de développement à tous ceux qui ont des idées dans ce domaine.
17:57Et Dieu soit loué, nous en avons beaucoup en Europe et d'excellents. — Ça a fait du bruit. Banque d'Amérique, pourquoi ? Banque of America, pourquoi ?
18:04— Pouvez-vous préciser votre question ? — Pourquoi est-ce que vous avez intégré le conseil consultatif de Banque of America ?
18:10— Georges-Jacques Bordin, c'est 3 réunions par an où Banque of America réunit des personnalités. Donc on n'est pas salariés, on est encore moins employés,
18:20on n'est pas membres. Je faisais partie de ces personnes avant de rentrer à la Commission. Donc c'est 3 réunions par an. On est une quinzaine
18:28à parler et à faire entendre précisément la voix du pays où on est ou du continent où on est pour échanger sur des aspects économiques.
18:37Donc lorsque j'ai quitté la Commission, Banque of America m'a demandé si je souhaitais rejoindre à nouveau ces 3 réunions.
18:47Pour la France, par parenthèse, c'est Maurice Lévy qui représente, qui fait porter la voix de la France, pour que je fasse porter la voix de l'Europe.
18:53J'ai demandé à la Commission s'il était compatible avec le fait que j'ai quitté la Commission, que j'assiste à ces 3 réunions par an.
19:02La Commission a réuni son commissaire d'éthique et au bout d'un mois a dit évidemment il n'y a juste aucun problème pour que vous participez à ces 3 réunions par an,
19:09dont acte. Et c'est certainement pas pour être salarié, encore moins je dirais responsable de je ne sais quoi. Et évidemment certains ont voulu s'emparer de ça.
19:21Je sais très bien qui c'est. On peut même lui dire pourquoi. Mais je ne vais pas le dénoncer. — Ah bah vous savez qui s'est emparé de ça ?
19:27— Bien sûr. Je sais très bien de quel parti politique ils sont. Je sais pourquoi ils l'ont fait. Voilà, dont acte. 3 réunions par an.
19:34Pas employé de Bank of America. Encore moins lobbyiste. Et voilà. Mais c'est l'avis politique, vous savez. C'est l'avis politique.
19:41— Alors à propos de l'avis politique, vous avez été ministre de l'Économie et des Finances. J'avais envie d'avoir votre avis.
19:47Est-ce que vous avez lu les déclarations récentes du ministre de l'Économie Eric Lombard ? Oui, j'imagine.
19:53Je rappelle. « La transformation écologique est la principale priorité. Les entreprises françaises doivent accepter de voir leur rentabilité baisser au nom de cette transformation ».
20:04C'est la décroissance qui est bonne ? — Non, je crois que je... Je pense pas du tout qu'Eric Lombard prône la décroissance.
20:11— Non mais d'accord. Mais cette phrase... Que pensez-vous de cette phrase, Thierry Breton ? — Je sais pas, parce que je sais pas dans quel contexte il l'a dit.
20:21— Il l'a dit dans une émission sur RNC vendredi matin. — Je n'aime pas commenter les phrases sans avoir... J'en ai été trop victime, souvent victime moi-même.
20:29On vous sort une phrase. On vous demande ce que vous en pensez. Voilà. Moi, je suis, si vous me demandez, moi, en tant qu'ancien ministre des Finances,
20:36je suis évidemment pour favoriser la croissance. Je suis pour augmenter notre compétitivité. Je sais que nous vivons dans un monde qui est difficile.
20:44Je sais aujourd'hui qu'on souffre de manque de compétitivité en Europe. Je sais ce qui est important pour nous, c'est de réussir une triple transition.
20:52C'est évidemment la transition verte. Elle est essentielle. Mais c'est aussi la transition numérique. On vient d'en parler.
20:57Et puis c'est la transition défense aussi. Faut qu'on investisse plus en défense. Voilà. Tout ça en augmentant la compétitivité de nos entreprises.
21:03Pour moi, voilà, il n'y a que ça. Et puis je vais vous dire une chose. En faisant ça, sans augmenter nos impôts, parce qu'on est déjà en France
21:11le pays qui a la plus grande pression fiscale de tous les pays de l'OCDE et européen. Donc il faut qu'on fasse tout ça, évidemment.
21:19D'abord en réduisant notre dépense publique. C'est une nécessité absolue. On ne peut pas continuer à vivre en créant 150 milliards d'euros de dettes par an
21:28parce qu'on a un déficit qu'on n'arrive pas à résorber. Et tant qu'on ne l'aura pas fait, je le dis, ça passera sur...
21:35— C'est la priorité des priorités. — Pour moi, c'est la priorité des priorités, parce que ça ne donne pas la visibilité qu'on devrait avoir.
21:41Je dirais pour les agents économiques. Ça augmente évidemment la pression sur notre budget, parce que les intérêts de la dette ne cessent d'augmenter.
21:48Donc oui, pour moi, c'est la priorité des priorités, dans le triptyque que j'ai rappelé précédemment sur la transition verte, qui est très importante,
21:55la transition numérique et celle de défense.
21:57— Merci Thierry Breton d'être venu nous voir ce matin. Il est 8 h 57. Vous êtes sur Sud Radio. Après les infos de 9 h, Patrick Roger.