Geoffroy Lejeune : «Ce n'est pas le stade de LFI, ni celui d'Eric Zemmour ou de Marine Le Pen. En voyant ces images, je me suis dit qu'il y avait un problème. C'est une vraie fracture avec la France.»
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00:00 Je trouve ça impressionnant.
00:01 Après, je veux bien qu'on discute du caractère, de la dimension morale du
00:05 problème, mais avant tout, il faut dire que c'est une image impressionnante.
00:08 C'est-à-dire que vous avez, juste avant, une cérémonie d'ouverture qui est
00:12 chaleureusement applaudie avec Jean Dujardin, avec Vianney, avec les amis,
00:15 leurs amis artistes, etc.
00:17 Une belle évocation de la France, de cette espèce de carte postale
00:21 de la France, etc.
00:22 - Tout le monde ne le pense pas, si je puis me permettre.
00:24 - Et alors, d'ailleurs, c'est très intéressant, ceux qui ne le pensent pas
00:27 sont ultra minoritaires et parfaitement ridicules.
00:29 Vous faites sans doute écho à Libération, qui fait un article sur le fait que
00:32 c'est une France-France.
00:34 C'est très intéressant. Ce clivage est très intéressant.
00:36 Vous avez des gens qui sont positifs, joyeux et qui montrent des belles
00:38 choses. Et de l'autre côté, des gens aigris et minoritaires qui se
00:42 radicalisent en écrivant dans leur journo que cette cérémonie n'était pas
00:45 réussie. Bref, ça, c'est très applaudi.
00:47 Ça, c'est vraiment la fête. Ça finit par la peña ballona.
00:49 C'est magnifique. Et après, vous avez le match où là, il y a un
00:53 enthousiasme exceptionnel. Le match, en plus, est incroyable.
00:55 Et les Bleus sont évidemment ovationnés parce qu'ils renversent les Blacks.
00:58 Et au milieu, vous avez ces trois minutes de discours ou cinq minutes de
01:00 discours, je ne sais pas, qui sont en effet unanimement sifflées.
01:04 Et moi, je me suis posé la question. Je me suis rappelé déjà il y a
01:07 quelques mois, pendant la finale de la Coupe de France, on s'était posé la
01:10 question "Macron va t'il venir ? Macron sera t'il sifflé ?" etc.
01:13 Il n'avait pas été tant sifflé que ça, d'ailleurs, à l'époque.
01:15 Beaucoup moins que ce que les commentateurs dont je faisais partie
01:17 croyaient. Là, vraiment, c'est 80 000 personnes.
01:21 Le stade de France est rempli et il n'y a pas une partie du stade
01:24 qui le siffle et l'autre partie qui le soutient.
01:26 C'est l'aspect unanime qui est assez impressionnant.
01:30 Et comme on est en présence de 80 000 personnes qui sont des fans de rugby,
01:32 c'est-à-dire des Français "normaux", on sait qu'on n'a pas affaire à un
01:36 stade de la France insoumise, ni à un stade du comité Adama,
01:40 ni à un stade de Marine Le Pen ou d'Éric Zemmour.
01:42 Ce sont des gens très différents.
01:44 Et moi, je me suis dit, en voyant ces images en direct hier soir,
01:47 je me suis dit "il y a un problème, il y a vraiment un problème".
01:50 La manière dont est perçue Emmanuel Macron, mais dont d'ailleurs, je pense,
01:53 sont perçus les responsables politiques en général, en tout cas ceux qui
01:56 ont exercé le pouvoir ou qui sont proches du pouvoir.
01:58 Et comment dire ?
02:00 Et c'est une vraie fracture avec la France, avec la vraie France,
02:03 qu'on peut constater avec beaucoup de moyens.
02:05 Hier, c'était les sifflets au Stade de France,
02:07 mais en fait, il y a les chiffres de l'abstention.
02:09 En fait, il y a la défiance envers les partis politiques qu'on connaît.
02:12 Il y a une sorte de sentiment de ras-le-bol qui est mesuré chaque année
02:15 par le Cévi-Pof au mois de janvier et qui, en fait, ne fait que croître.
02:18 Et je sais qu'Emmanuel Macron a abordé la question
02:22 la semaine dernière quand il a réuni les partis politiques à Saint-Denis
02:25 et qu'ils se sont collectivement posé la question.
02:28 Et que l'un des participants a dit en fait,
02:30 "les Français ont le sentiment que dès qu'on en a l'occasion,
02:33 on leur roule dessus avec un tractopelle".
02:35 Et je pense qu'il y a, à mon avis, au fond, c'est ça la meilleure explication.
02:39 Le sentiment de, comment dire, de déconnexion et de mépris
02:43 par rapport, non pas aux gens, mais à leurs conditions, à leur vie, etc.
02:47 Je pense que c'est ce qui s'est exprimé hier.
02:48 Et ce serait une erreur de croire que c'est juste Emmanuel Macron.
02:50 Je pense que ça concerne quasiment toute la classe politique.
02:52 [Musique]
02:55 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]