Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00Marc Vanhoef, bienvenue dans Patron en question.
00:03Bonjour Sophie.
00:04Alors un patron restaurateur, on aime toujours beaucoup.
00:06Et vous avez votre CCP, ça s'appelle Bistro Réjean.
00:10Oui.
00:11Et alors pourquoi Bistro sans T d'ailleurs ?
00:13Tout simplement parce que les Bistro Réjean, c'est la simplicité, tout simplement.
00:17Et donc même dans l'écriture, on est resté simple, il n'y a pas de T, pas besoin de rajouter un T.
00:21Bistro, c'est prononcé.
00:22Ben bravo, c'est ce que l'État devrait faire, simplifier comme ça.
00:24Et Bistro Réjean, et pourquoi Réjean ?
00:27Alors Réjean parce que j'ai racheté la plus grosse brasserie de luxe de Bordeaux qui s'appelait Réjean.
00:31Oui.
00:32Et donc les Bistro Réjean sont les petits enfants du Réjean qui est une enseigne séculaire qui a plus de 120 ans.
00:36Et tout simplement, j'ai gardé ce nom parce que pour moi, il était emblématique de la mise en franchise des Bistro Réjean.
00:44C'est-à-dire qu'un Réjean, c'est quelqu'un qui réjeante un peu tout, tout simplement.
00:47Et est-ce que vous avez l'impression d'être plus entrepreneur ou plus restaurateur ?
00:51Non, moi je suis restaurateur de base et je suis devenu entrepreneur.
00:55Voilà, tout simplement.
00:56Et donc vous avez commencé je crois à 13 ans, non ?
00:59J'ai commencé à 13 ans comme pré-apprenti, après j'ai fait un apprentissage.
01:02Et vous aimiez ça ? C'est une question un peu bête mais…
01:05La question est très bête, c'est pas que j'aimais ça, c'est qu'à 6-7 ans, à Noël, on vous dit qu'est-ce que vous voulez faire ?
01:09Moi j'ai dit cuisinier, et après j'ai dit cuisinier, comme j'ai qu'une parole, j'ai fini cuisinier.
01:13Voilà, tout simplement.
01:14Et cuisinier, mais à 20 ans, vous trouvez que c'est bien d'élargir un peu les choses ?
01:19Oui, c'est-à-dire que quand j'ai racheté mon premier restaurant, le France Symbolique à l'époque, je ne suis pas resté en cuisine.
01:24Comment on achète un restaurant avec un France Symbolique ?
01:28Vous savez, un restaurant ou une société, peu importe.
01:30Quand il y a une société en difficulté et qu'il y a quelqu'un qui arrive avec un programme qui permet de relancer l'entreprise,
01:35eh bien le tribunal lui fait confiance pour un euro ou un franc à l'époque.
01:39Bravo, à 20 ans, c'est pas évident quand même.
01:42Oui, je les ai séduits dans mon discours et j'ai réussi puisque trois semaines après, le restaurant était complet tous les midis et tous les soirs.
01:47Ah, c'est génial, ça fait du bien, vous savez d'entendre ça.
01:50Mais quand même, vous avez racheté les régions.
01:54Ensuite, il a fallu développer partout.
01:56Vous avez développé une chaîne finalement de restaurants.
01:59Oui, tout à fait, c'est-à-dire que j'ai ouvert les trois le même jour, à la même heure, à 800 mètres d'écart, en plein centre de Bordeaux, sans terrasse, alors qu'on est dans le sud.
02:05Je voulais montrer à tout le monde que même en faisant mal sans terrasse, on pouvait travailler toute l'année.
02:09Et à partir du moment où j'ai validé ces trois premiers, j'ai pu développer en franchise plus facilement évidemment.
02:14Et c'était quoi votre intuition ?
02:16Je crois que vous avez, c'est super simple, menu pas cher.
02:19Il n'y a pas d'entrée surtout.
02:21Ah, pas d'entrée.
02:22C'est la même sauce pour tout le monde.
02:23C'est frites, salades, tout est frais.
02:25On remonte à contre-courant de toutes les autres chaînes avec que des produits frais parce qu'on ne fait pas grand-chose.
02:28Et puis, vous avez un grand chef derrière vous.
02:30Alors, on est recommandé par le chef Philippe Etchevestre, qui au début est venu recommander l'enseigne.
02:36Et aujourd'hui, c'est devenu un ami, mais au début, je ne le connaissais pas du tout.
02:39Mais il a eu des exigences, donné des conseils ?
02:43Oui, il nous donne des conseils.
02:44Il est avec nous en ce qui concerne la négociation des achats chaque année.
02:48Enfin, il porte de tout son poids avec son nom, on va dire, sur les négociations.
02:52Et quel est votre rapport avec les agriculteurs ?
02:54Je dis ça comme ça, mais vous achetez directement chez eux ?
02:57Non, alors on n'achète pas directement chez les agriculteurs.
03:00On essaye de faire au maximum, évidemment, les produits entre guillemets locaux.
03:03Mais vous savez, évidemment que la salade, les frites, on ne les fait pas venir de notre pays.
03:07Mais on reste quand même au maximum sur les produits français.
03:10D'accord. Et là, vous étiez plutôt, oui je vois, frites fraîches en accompagnement partout.
03:16Tout à fait.
03:17Et seulement des frites ?
03:18Oui, seulement des frites.
03:19Et si je veux des haricots verts pour ma lignée ?
03:21Si vous voulez du riz ou des haricots verts, il faut aller chez les concurrents, parce qu'eux aussi, ils ont besoin de travailler.
03:25Donc si je vous demande des haricots verts, vous me montrez la porte ?
03:27Non, je ne vous montre pas la porte, mais je vous explique que la formule, elle est comme ça.
03:30D'accord.
03:31Et donc c'est intéressant, parce que vous avez une forme d'autorité, vous avez décidé que c'était comme ça, et c'est sur ce concept que ça marche.
03:37Tout à fait. Et je pense qu'aujourd'hui, c'est presque 9 millions de clients par an.
03:40Donc à partir de là, je crois qu'on a validé le concept.
03:43Est-ce que vous avez l'impression qu'on nous dit sans arrêt que le pouvoir d'achat regresse, etc.
03:49Alors c'est vrai que vous avez des prix très attractifs. Est-ce que vous avez l'impression qu'ils vont moins au restaurant, les gens ?
03:54Alors écoutez, je pense qu'ils vont de plus en plus au restaurant et que malheureusement, ils n'en ont pas tous les moyens.
03:59Donc si vous voulez, il aurait fallu dans l'éducation des gens, leur expliquer quand on peut ou pas aller au restaurant.
04:04Regardez, là, il y a eu une retraitée interviewée, on lui dit vous allez gagner au lieu de 12 euros, 23 euros de plus.
04:10Elle était FO et elle dit je pourrais aller une fois de plus au restaurant.
04:14Oui, mais là, moi, je ne suis pas tellement d'accord, alors que je suis restaurateur, attention.
04:18Mais ce que je veux dire, je crois que les gens aujourd'hui ne savent pas vraiment bien consommer.
04:21On est dans une société de consommation où il y en a beaucoup qui vont au restaurant, qui ne devraient pas trop par rapport à leur budget, malheureusement.
04:27Mais ils y vont.
04:29On peut dire la même chose du téléphone, remarquez.
04:32Vous vous considérez comme un restaurant populaire en fait ?
04:35On a de 7 à 77 ans, on peut avoir le maire de la ville, des ingénieurs, des notaires, des avocats, des chômeurs, des retraités.
04:42Vraiment tous, tout le monde aime un steak frites et certains le mangeraient deux fois par jour.
04:46Nous, il y a quand même du saumon, du bœuf, du magret, du poulet avec la même sauce et les frites et la salade.
04:51Tout le monde y trouve son compte simplement.
04:54Il y a quelque chose que je trouvais extra, c'est que vous êtes un vrai commerçant, dans le sens parce qu'il y a les entrepreneurs et les vrais commerçants.
05:00Et donc en l'occurrence, vous formez les gens, tout le monde est très souriant dans votre programme bien sûr.
05:06Mais vous les formez à ce qu'ils font et pas à autre chose.
05:09C'est ça, c'est-à-dire qu'en réalité, à la base, on n'a pas de cuisinier, on les formate à notre système.
05:13Ce qui fait qu'on n'a pas de problème de personnel parce qu'on ne peut pas nous piquer nos cuisiniers.
05:16Ils ne savent pas faire un œuf mayonnaise, un plat du jour ou une mousse au chocolat.
05:19Donc ils restent chez nous et on est tranquille, là où les autres s'embêtent un peu avec le personnel.
05:23Je trouve ça assez formidable de leur apprendre juste de quoi rester chez vous et d'être efficace dans ce qu'ils font.
05:28Donc c'est bien. Et qu'est-ce que vous avez ?
05:31Alors je vois que vous avez huit succursales. Vous êtes à Paris, au fait ?
05:35Oui, nous sommes à Paris, place de la Bastille.
05:37Puis autour de Paris, sur la Couronne, on a douze établissements.
05:40Et alors pour conclure, quel est votre rêve ?
05:42Mon rêve ?
05:43Allez, une baguette magique, là maintenant, c'est quoi ?
05:45Si je vous le dis, ça serait d'être président de la République. Mais bon, malheureusement, je ne le ferai jamais.
05:49Ah bon ? Ah non, mais vous êtes le seul en France à vouloir être président de la République.
05:52Non, non, je rigole. Mais c'est vrai, quand j'étais petit, oui, en effet, c'était mon ambition politique, oui, c'est vrai.
05:56Mais aujourd'hui, quand je vois comment ça se passe, je m'aperçois que c'est très compliqué.
06:00Moi, je n'ai jamais été à l'école.
06:01Donc si vous voulez, quand j'ai commencé à gratter à la porte des politiques,
06:04les gens, ils voient que vous n'avez aucun diplôme, vous n'avez rien.
06:07Ils disent, oh là là, si on le prend à lui, on va se prendre un caramel.
06:09Merci infiniment. Et je pense que vous avez tort, parce que la politique, c'est avant tout de la cuisine.
06:12Oui.
06:13Merci infiniment.
06:14Merci beaucoup, Sophie.
06:15À bientôt.