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Ce lundi 11 septembre, Fabien Villedieu, délégué du syndicat Sud Rail et Karl Olive, député Renaissance des Yvelines, débattent dans le duel du Live Toussaint.

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00:00 – Karl-Oliv, c'est quand même cette histoire de sifflet
00:04 qui vous fait sortir du bois, j'allais dire,
00:06 et qui vous donne l'idée de cette proposition ?
00:10 – Non, c'est une interpellation d'une de vos consoeurs
00:14 qui me parle effectivement de ce qui s'est passé vendredi.
00:17 Je dis, pour l'occasion, moi j'ai vécu le dernier Liverpool-Real Madrid
00:21 au Stade de France, qui avait notamment été perturbé par des grèves sur le RER D
00:26 et qui avait particulièrement compliqué la tâche.
00:29 Et moi qui suis un éperdu amoureux de l'image de notre pays à l'international,
00:35 je trouve dommage, et je le dis, je trouve dommage
00:38 qu'il n'y ait pas des mesures qui soient prises concrètes,
00:41 les veilles de match, les jours de match.
00:43 Je vous donne un exemple, ce week-end il y a un préavis de grève à Nice
00:48 dans les transports aériens sur les trains régionaux.
00:52 Il y a un match qui est Angleterre contre Japon dimanche.
00:56 Si on peut s'éviter qu'il y ait des problèmes qu'on pourrait signer à l'avance
01:02 avec ce type de grève annoncée, je pense que ça faciliterait la chose.
01:07 Je trouve cohérent, il y a d'autres pays qui le font,
01:09 je pense à l'Italie où on a des dates qui sont bloquées,
01:13 où il y a une interdiction de manifestation.
01:16 Évidemment qu'on ne remet pas en cause et en question le droit de grève.
01:20 – Fabien Villieu, vous êtes opposé évidemment à cette mesure.
01:23 – Oui, on ne remet pas en question le droit de grève mais un petit peu quand même.
01:26 Et avant de partir, il faut savoir que grâce à la grève,
01:31 on a nos congés payés en France.
01:34 Les congés payés ne sont pas arrivés comme ça,
01:36 parce que les anciens se sont battus, ils se sont énormément battus.
01:39 Ils se sont battus et grâce à la grève,
01:41 il y a eu les plus grandes augmentations de salaires de l'histoire de France.
01:44 Je parle en 1968 où il y a eu 10% d'augmentation de salaire.
01:49 Je vous rappelle, vu les problèmes d'inflation, ça nous ferait du bien.
01:53 Et grâce à la grève, il y a aussi les mobilisations sur la retraite.
01:56 On en a beaucoup parlé il y a quelques temps.
01:58 Et si en France, même si on a perdu sur le conflit des retraites,
02:01 on part globalement bien plus tôt que dans les autres pays,
02:04 et notamment en Italie, parce qu'on parle du modèle du système de grève en Italie,
02:08 mais en Italie, ils partent à la retraite à 67 ans.
02:11 C'est aussi parce qu'il y a eu ce droit de grève.
02:12 Donc tout ça pour vous dire que ce droit de grève, attention !
02:15 Parce que plus on crée de règles, il y a déjà des règles,
02:18 il y a des préavis, on doit se déclarer dans un certain nombre de métiers,
02:21 notamment tout ce qui est des transports, services publics, 48 heures à vendre.
02:24 Donc il y a déjà des espèces de restrictions de ce droit de grève.
02:27 Plus vous en rajoutez, et plus la difficulté qu'on risque d'avoir,
02:30 c'est que face à des offensives, on a connu ces offensives,
02:33 les retraites étant un des volets de ces offensives, ce que moi j'appelle antisociales,
02:38 eh bien c'est des outils en moins pour se défendre, tout simplement.
02:40 Voilà pourquoi je pense qu'en dehors des questions de droit constitutionnel,
02:44 les gens sont quand même très attachés au droit de grève.
02:46 – Qu'est-ce que vous répondez à cela ?
02:47 Au fond, c'est un droit, il ne faut pas y toucher, il ne faut pas y mettre d'exception.
02:53 – Ah mais le droit de grève est constitutionnel, monsieur a parfaitement raison,
02:59 d'ailleurs on sait l'user, on est les champions du monde de grève en France
03:03 et très largement devant d'autres pays sur un sondage OCDE.
03:07 Donc ce n'est pas une remise en question évidemment du droit de grève,
03:09 c'est simplement, moi je ne me résous pas à pâtir, encore une fois,
03:13 de l'image de notre pays à l'international,
03:16 quand on a, on va voir les Jeux Olympiques,
03:18 les Jeux Olympiques c'est 4 milliards de téléspectateurs,
03:20 si on peut s'éviter d'envoyer un signal sur une dégradation de l'image de notre pays,
03:27 je trouve que c'est plutôt cohérent.
03:28 Vous voyez, on a, monsieur Toussaint,
03:30 on candidate pour les prochains Jeux Olympiques d'hiver en 2030,
03:34 du côté de Nice notamment, chez Renaud Muselier.
03:38 Je ne suis pas sûr que les organisateurs, les décisionnaires,
03:41 ne se posent pas la question à deux fois,
03:43 si systématiquement lorsque nous avons des rendez-vous internationaux,
03:47 une Coupe du monde de rugby, des Jeux Olympiques,
03:49 il y ait des difficultés et qu'on n'assure pas la sécurité d'accès aux stades par exemple.
03:53 – Alors on va poser la question à Fabien Villeux,
03:54 est-ce que vous pourriez utiliser les JO pour faire pression,
04:00 faire grève, essayer d'obtenir des choses ?
04:02 Non mais c'est une vraie question.
04:03 – Ce n'est pas de notre genre, non, mais de toute façon,
04:06 c'est quand même dans 10 mois aujourd'hui les JO,
04:08 donc ce serait complètement fou de vous dire que dans 10 mois,
04:12 on partira en grève, il faut voir l'actualité sociale qu'il y aura.
04:16 Je sais que par contre, et ça je peux vous le dire,
04:18 c'est que nous on ne s'interdit rien, ça j'ai aucun souci là-dessus,
04:21 y compris sur ce type d'événement.
04:24 Moi je n'ai aucun problème, je vous ai mis même,
04:26 moi j'ai posé un préavis de grève sur la ligne D,
04:28 parce que je suis conducteur de la ligne D, pour le 8 septembre.
04:33 Il y a eu une négociation avec l'entreprise,
04:36 l'entreprise, la SNCF a pris en compte notre prondication
04:40 et finalement tous les trains roulaient sur la ligne D,
04:42 donc il y a aussi des possibilités de rapport de force, de négociation.
04:46 Par contre, ce que je sais, et là où je veux avertir,
04:49 c'est que pour parler un peu des transports,
04:50 parce que derrière le droit de grève dans les transports,
04:52 on parle beaucoup des transports, de la SNCF, de l'RATP.
04:55 Aujourd'hui, c'est une filière qui est malade,
04:57 c'est une filière qui est en grande difficulté,
04:59 c'est une filière à qui on va demander beaucoup de choses,
05:01 parce que si on demande aux gens de ne plus prendre la voiture
05:03 et prendre les transports en commun,
05:04 il va bien falloir des bonhommes et des bonnes femmes
05:06 derrière les bus, derrière les trains, dans les centres de maintenance,
05:09 et que c'est une filière qui n'arrive plus à recruter,
05:13 qui a énormément de turnovers,
05:14 moi je dis turnovers, c'est-à-dire des gens qui ne restent pas,
05:17 c'est énorme, pourquoi ?
05:18 Parce qu'il y a un malaise social.
05:20 Par ailleurs, pour parler de ce qui s'est passé ce week-end,
05:23 c'est-à-dire les conducteurs de trains de TRPACA qui étaient en grève,
05:26 c'est la première région qui ouvre à la concurrence.
05:30 Il y a 700 cheminots qui vont se retrouver en 2025,
05:33 soit dans une filiale de SNCF, soit dans une boîte privée,
05:36 à qui on va renégocier toutes leurs conditions de travail
05:39 et de rémunération, et on leur demanderait surtout de ne rien faire.
05:43 Ça, ce n'est pas dans notre tradition.
05:44 – Est-ce que la meilleure solution, Carl-Olivier,
05:45 ce ne serait pas plutôt le dialogue social,
05:48 plutôt que de vouloir interdire certaines dates ?
05:51 – Alors je vais vous dire, l'un n'empêche pas l'autre,
05:53 mais on a vu ce qui s'est passé pour, encore une fois,
05:55 cette finale de Ligue des champions, les Jeux Olympiques,
05:58 vous avez raison, c'est dans un an.
05:59 – Ce n'est pas à cause de la grève que ça a été un fiasco,
06:01 Carl-Olivier, il y a eu un défaut d'organisation majeure.
06:04 – Je vous le dis, pas seulement, vous avez raison, pas seulement,
06:07 mais quand même, on parle des Jeux Olympiques dans un an,
06:09 à la fin du mois, le Pape vient à Marseille,
06:12 des centaines de milliers de pèlerins du monde entier sont attendus.
06:16 Préavis de grève ? Qu'est-ce qu'on fait ?
06:18 On laisse aller, on ne bouge pas une oreille,
06:21 il va falloir encore déployer des forces de sécurité
06:23 pour assurer la protection, c'est simplement ça où je veux alerter.
06:28 Et après, je vais vous dire quelque chose,
06:29 j'entendais notamment le sénateur LR M.Houpert,
06:32 je vais lui rafraîchir la mémoire
06:33 parce que je pense qu'il a raté une occasion de se taire.
06:36 Il y a quatre propositions de loi déposées par les Républicains
06:39 à l'Assemblée Nationale sur ce sujet.
06:42 M.Houpert, il faut que M.Houpert aille voir ses amis
06:45 qui lui rafraîchissent la mémoire, ce n'est pas sorti du chapeau.
06:48 Cette remontée, moi je fais des remontées de terrain.
06:50 Et encore ce week-end, j'étais à la Ciota,
06:52 chez Michel Platini pour un match de football,
06:54 on a discuté, on a échangé sur ces sujets-là.
06:56 Oui, c'est des sujets qui sont sensibles.
06:59 – Vous n'étiez pas au Stade de France vendredi soir ?
07:02 – Non, non, non, par contre j'ai sifflé devant mon téléviseur.
07:05 – Ah c'est sûr.
07:06 – Comme beaucoup de gens dans le bar, tout le monde a sifflé.
07:07 – J'allais vous poser la question.
07:09 – Je pense qu'on était un peu plus…
07:10 – Expliquez-nous l'idée.
07:13 – L'idée, c'est marquer un mécontentement, voilà.
07:16 De toute façon, on attendait, je crois qu'il y avait eu des premiers matchs,
07:19 justement, où on a… voir est-ce que le président,
07:22 lors d'une intervention devant des milliers de personnes,
07:24 allait se faire siffler.
07:26 Je crois que c'était même du côté de Toulouse.
07:28 Bon, ben voilà, c'était une façon de montrer notre colère
07:31 par rapport à la politique en général de M. Macron.
07:35 Et particulièrement sur la question des retraites.
07:36 Enfin, il y a quand même une séquence de 5 mois de mobilisation,
07:40 où pour le coup, je pense que l'image de la France…
07:42 – Mais quel rapport entre la Coupe du monde de rugby et…
07:45 – C'est l'occasion, voilà, l'occasion de montrer.
07:47 Moi, j'ai pas trop l'occasion, alors moi j'étais devant mon téléviseur,
07:50 mais tous les collègues que j'ai eus qui étaient au Stade de France,
07:52 ils n'ont pas l'occasion de voir M. Macron, donc là, il l'avait devant lui.
07:55 Donc, ils ont sifflé et c'était vraiment, à mon avis, spontané,
07:58 c'était pas du tout organisé.
08:00 Et je peux vous dire que dans le bar où j'étais, ça sifflait beaucoup.
08:03 – Ça, la spontanéité, on ne peut pas, effectivement, vous l'enlever.
08:07 À mon avis, il n'y avait pas de mot d'ordre particulier.
08:09 Qu'est-ce que ça vous a inspiré, Karl Oliv,
08:12 pour aller un peu au-delà de cette histoire de grève ?
08:14 Vous étiez au Stade, vous ?
08:15 – Je n'étais pas au Stade.
08:17 – Et devant votre télé, vous avez ressenti quoi ?
08:20 – Je n'ai pas sifflé. – Je me doute bien que vous n'ayez pas sifflé.
08:22 – Non, parce que je pense qu'il y a un respect aussi,
08:24 par rapport, encore une fois, à ces grands événements.
08:26 Bon, la vérité, c'est que tous les présidents de la République,
08:29 quels qu'ils soient, sous la 5e République,
08:30 lorsqu'ils se sont adressés dans des grands moments,
08:34 ont rarement eu, je reprends l'expression, une "standing ovation".
08:36 D'abord, le président, il ne s'est pas planqué.
08:38 J'ai été… voilà.
08:40 – Il a même un peu retourné, il a commencé sous les sifflets,
08:44 et il a fini, c'était plus neutre.
08:47 – Je vais vous dire, au-delà de ça, en revanche, et ça me gêne aussi,
08:50 par exemple, le haka, le haka des All Blacks,
08:52 qui est sifflé, qui est hué, franchement.
08:55 – Ah !
08:55 – Oui, moi, ça me gêne, parce qu'il n'y a pas de respect sur…
08:58 c'est une Coupe du monde de rugby, enfin, je veux dire,
09:00 ce n'est pas un match amical de première division de district
09:03 où il n'y a personne autour du terrain.
09:04 Une Coupe du monde de rugby, on est sur le toit du monde,
09:07 c'est un miroir de l'image, encore une fois, de notre pays,
09:10 et moi, je suis très fier de ce beau pays qui est le nôtre,
09:13 et ça m'ennuie, je vous le dis, je suis même à l'aise,
09:15 et je pense que je ne suis pas le seul,
09:16 de voir cette image ternie, gratuitement,
09:19 dans des espaces qui ne sont pas forcément les lieux.
09:22 – Non mais la question qui se pose, presque, c'est,
09:23 bon, si le président ne peut pas aller, enfin, en tout cas, là, il y est allé, mais…
09:27 – Enfin, il n'aurait pu rester en tribune, vous savez…
09:28 – Non mais après tout, du coup, qui est-ce qui déclare ouvert la cérémonie…
09:33 – La belle, mais évidemment que ce soit…
09:35 – Vous avez une idée, donc, du coup ? Qui est-ce qui pourrait le remplacer ?
09:37 – Ah, je n'en sais rien, par contre, je sais,
09:39 je pourrais avoir été un peu supporter,
09:41 siffler les adversaires, ça fait partie du jeu, voilà,
09:43 alors qu'on soit pour ou qu'on soit contre,
09:45 je pense que là, ça nous est tous arrivé de siffler les adversaires.

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