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Avec Bernard Lecherbonnier, professeur et auteur de "Philippe Rossillon, inventeur de la Francophonie" publié aux éditions Descartes et Cie.

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##LE_FACE_A_FACE-2023-09-11##

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Transcription
00:00 si on se fait à face aujourd'hui, André Bercoff reçoit Bernard Lecherbonnier, professeur et auteur de ce livre.
00:04 Philippe Rossillon, l'inventeur de la francophonie, s'est aux éditions Descartes et compagnie. Bonjour.
00:09 - Bonjour. Bonjour André Bercoff.
00:11 - Alors Bernard Lecherbonnier, un livre vraiment qui vient à son heure, parce que
00:15 aujourd'hui on a la pression justement à la francophonie, à l'heure où
00:20 Mohamed Six refuse de prendre Macron au téléphone, à l'heure où
00:26 quand il va aller au Brics, ça ne marche pas, à l'heure où on ne sait plus
00:31 s'il y a une culture française ou si encore, voilà, le prestige de la France, lequel est-il ?
00:36 Vous nous rappelez, et vous nous rappelez dans ce livre, des choses essentielles.
00:41 Juste, je rappelle qu'en 2022, sur 112 pays et territoires,
00:46 321 millions de locuteurs en français, dont 250 millions en font un usage quotidien.
00:53 Aujourd'hui, la francophonie. Depuis 4 ans, 21 millions de personnes supplémentaires
00:58 parlent le français, soit une progression de 7% depuis 2018.
01:02 Cinquième langue mondiale après l'anglais, le chinois, l'indien et l'espagnol,
01:05 une langue parlée sur tous les continents, etc. Et oui, on nous parle en même temps,
01:11 voilà, oh c'est fini, la francophonie. Et vous nous rappelez, Philippe Rossillon.
01:15 Alors, qui est ce Philippe Rossillon, inventeur de la francophonie ?
01:19 Et dites-nous son combat, Bernard Lecherbonnier.
01:21 - Philippe Rossillon a été chargé, en 1968, d'une mission extraordinaire,
01:28 à savoir de créer les institutions francophones.
01:32 Les institutions francophones, aujourd'hui, ça s'appelle l'Organisation internationale de la francophonie.
01:36 - C'était le Haut Comité de la langue française. - Ça s'appelait le Haut Comité de la langue française.
01:41 Haut Comité au début pour le rayonnement et l'expansion du français.
01:44 Et donc, c'est en 1966 que Georges Pompidou lui confie cette mission.
01:48 Et pendant 7 ans, jusqu'en 1973, Rossillon va créer, d'une part, la politique de la langue en France,
01:56 politique de la langue en France qui n'avait jamais été reprise en main de Péry-Cholieu,
02:01 c'était quand même pas mal, c'était Péry-Cholieu. - Ah oui, il n'y avait plus de politique de la langue.
02:04 - Ah, il n'y avait plus de politique de la langue, d'un seul coup, il y a une politique de la langue.
02:07 On s'aperçoit que la langue, ça doit s'enrichir, que la langue, ça doit se moderniser.
02:12 On s'aperçoit que la langue, il faut en tenir, il faut en garantir la qualité pour les locuteurs,
02:17 qu'il faut protéger les locuteurs contre d'autres langues qui peuvent être parasites,
02:21 c'est la fameuse loi Toubon qui en sortira.
02:24 Bref, il n'y avait plus de politique de la langue.
02:26 Et il recrée la politique de la langue, mais pour le plan intérieur, mais également pour le plan extérieur.
02:32 Nous sommes donc, en arrivant en 1960, qu'est-ce qui s'est passé en 1960 ?
02:38 Décolonisation. - Eh bien sûr.
02:41 - Et Senghor, Bourguiba... - Les indépendants, ça fallait que c'était...
02:45 - Senghor Bourguiba disait "il faut bien quand même qu'on soit reliés les uns aux autres par quelque chose".
02:49 Nous, les Africains, et les Africains avec l'ancien colonisateur.
02:53 Même année 1960, le Québec. Le Québec, révolution tranquille.
02:58 Le Québec affirme son identité par rapport au Canada anglais.
03:01 Et les Anglais disent "oui, bon, les Québécois disent bien qu'ils voudrient également être en relation avec les autres francophones de la planète".
03:09 Et donc, en réalité, de partout, à cause de la décolonisation, à cause de la révolution tranquille au Québec,
03:14 à cause également du fait qu'il y ait un peu une désorganisation de tout l'espace francophone,
03:20 y compris au Liban, que vous connaissez bien, y compris en Asie, bien entendu.
03:26 N'oublions pas que c'est l'époque où Sianouk est en train de courir après le pouvoir.
03:30 - Le Cambodge, oui. - Le Cambodge.
03:33 Donc en fait, à toute cette époque, en France, il y a une reconstitution d'une politique nationale de la langue.
03:39 Et à l'extérieur, il s'agit de recréer la grande famille, la grande communauté autour d'un nouveau concept.
03:46 Et Rossillon invente ce nouveau concept et d'autre part va en faire une institution.
03:51 On va en parler parce que c'est un personnage tout à fait passionnant dont vous faites le portrait, Bernard Le Cherbonnier.
03:57 On va continuer à parler tout de suite après cette pause.
04:00 On continue de parler de francophonie avec Bernard Le Cherbonnier aujourd'hui qui est notre invité.
04:04 Et puis vous, au 0826 300 300. A tout de suite.
04:07 - C'est un cerf-cauve dans tous ses états et dans ce Face à Face aujourd'hui, nous accueillons Bernard Le Cherbonnier,
04:11 professeur et auteur de Philippe Rossillon, inventeur de la francophonie.
04:14 C'est aux éditions Descartes et compagnie.
04:16 - Alors Bernard Le Cherbonnier, ce Philippe Rossillon, est-ce que c'était un rebelle ?
04:21 Est-ce que c'était... C'est-à-dire, qu'est-ce qu'il animait ?
04:23 Qu'est-ce qui faisait courir Rossillon ?
04:24 On se dit "Ah là là, c'est parce qu'il a fait Sciences Po, il a fait l'ENA, il est né, je rappelle, en 1931".
04:32 C'est donc la génération qui... Quand de Gaulle arrive au pouvoir, il avait 26 ans, 27 ans, c'est ça ?
04:38 Quand de Gaulle reprend le pouvoir en 58, donc il était gaulliste, vous le racontez dans votre livre.
04:44 Mais qu'est-ce qui le faisait courir ? Qu'est-ce qui l'animait surtout ?
04:47 - Au départ, c'est ce qu'on appelait les jeunes gaullistes.
04:50 C'est-à-dire des jeunes qui, en fait, se retrouvaient complètement dans le gaullisme, dans le patriotisme,
04:55 tel que de Gaulle le décrivait, avec ses valeurs morales.
04:58 Mais qui se posaient une question, comment, à moins de 30 ans, nous allons pouvoir survivre à de Gaulle ?
05:05 C'est d'ailleurs le surtitre de son premier livre, "Patrie et progrès", et il réunit autour de lui...
05:10 - C'était "Survivre à de Gaulle".
05:11 - Ah, c'était "Survivre à de Gaulle" qui était vraiment le surtitre.
05:14 Après ça, "Patrie et progrès", c'était le programme du parti politique qu'il crée pour répondre à cette question.
05:20 Alors, quelle réponse apportait-il à cette question ? Nous sommes en 1958-59.
05:25 Et donc, à ce moment-là, ces hommes, qui sont plutôt des hommes de gauche, et même d'extrême-gauche,
05:31 considèrent que, malgré tout, c'est une honte d'abonner l'Algérie.
05:35 Donc, il crée un mouvement d'Algérie française socialiste.
05:38 Et, en fait, il demande à ce que l'Algérie...
05:41 - Parce que toute la gauche était pour l'indépendance de l'algérienisme.
05:43 - Absolument. Et alors, donc, Rossillon et ses copains, donc Chevenemans en particulier, très proche de lui,
05:49 demandent qu'on réfléchisse quand même avant d'aboutir à la grande séparation.
05:55 Et donc, Rossillon, qui est plutôt de gauche, ainsi que tous ses camarades,
06:00 pense que si la France devenait socialiste, et si l'Algérie devenait socialiste,
06:04 on pourrait faire une grande république socialiste.
06:06 À ce moment-là, il s'illusionne sur ce qu'est une république socialiste.
06:11 - Il disait en fait qu'il voulait que l'Algérie reste française et on devienne socialiste.
06:14 - Et devienne socialiste, et qu'en réalité, les Français, les Algériens,
06:17 soient des camarades à l'intérieur d'une république complètement repensée.
06:21 Ce qui était une utopie absolue.
06:23 Mais ce qui est intéressant, dans la mesure même où, en fait, ils disent,
06:28 on a le droit de dire ce que l'on veut, on a le droit de penser ce que l'on veut,
06:32 et ce qui est intéressant, c'est de voir que De Gaulle n'interdit pas la réflexion
06:36 qui va également dans ce sens-là.
06:38 Et donc, ce mouvement, en 6-7 ans, va faire naître énormément de talents
06:45 pour asseoir dans la haute administration, chez même des politiques,
06:50 des gens qui se rapprochent comme Charbonnel, etc.
06:54 Et ce mouvement va, en fin de compte, se dissoudre en 1965,
07:01 et le jeune Rossillon, qui est un haut fonctionnaire, qui était narque au haut fonctionnaire,
07:06 va sembler être l'homme de la situation à De Gaulle, Pompidou et Michel Jaubert,
07:14 pour prendre en main cette fameuse politique nationale de la langue en France.
07:18 - Alors, attendez, l'idée est venue de De Gaulle, Pompidou et Jaubert,
07:23 ils se sont dit, il faut s'occuper du français, de la langue française,
07:26 de la diffusion de la langue française, où c'est Rossillon...
07:31 Comment Rossillon s'est imposé comme l'homme de la situation ?
07:33 - D'abord, Rossillon est proche de Pompidou, il est proche de tout ce milieu,
07:39 puisqu'ils partent de la même génération, ils ont fréquenté les mêmes écoles,
07:42 ils se connaissent depuis l'âge de 18 ans, pour ainsi dire.
07:45 L'idée de Rossillon, c'est de dire, effectivement, les anciens combats, c'est-à-dire l'Algérie oubliant,
07:52 allons vers les nouveaux combats, et les nouveaux combats, ça va être, effectivement,
07:57 de reforcer la France, dans ce cas-là, de plus talentueux, de plus anciens, de plus profonds,
08:02 de plus identitaires, dont la langue.
08:04 Et donc ainsi, Rossillon va proposer à Pompidou et à Jaubert en particulier,
08:12 de créer ce fameux Haut Comité de la langue française.
08:16 Et quand le Haut Comité va être créé solennellement par Pompidou,
08:22 - 66, non ? - 66, mars 66, à ce moment, mars avril 66,
08:26 la fameuse phrase de Pompidou le baptise, "Ce doit être une croisade pour la langue française".
08:32 - Oui, c'est ça, c'était le mot de Pompidou lui-même, etc.
08:35 En fait, c'était non pas un substitut, mais peut-être une augmentation du champ des possibles pour Rossillon,
08:41 en disant, voilà, je me suis battu pour, peut-être, une France socialiste avec l'Algérie, etc.
08:47 Bon, c'était d'utopie, ça ne s'est pas fait, bon.
08:50 Mais la France doit continuer, dans tous les pays, à vocation internationale, par la langue aussi.
08:56 - Absolument, c'est l'union nationale.
08:57 Chez Rossillon, jusqu'à la fin de sa vie, ça va être l'union, l'union, l'union.
09:01 L'union d'une part nationale, l'union des francophones,
09:04 et puis, à la fin, dans sa dernière partie de son existence militante, ça va être l'union des latins.
09:09 Puisque, après avoir été le patron du Haut Comité de la langue française,
09:13 il passera les 15 dernières années à la tête de cet organisme incroyable, l'Union latine,
09:18 dont il souhaitait faire le pendant de l'Union européenne.
09:21 - Oui, c'est fou, ça aussi une utopie, enfin, pour le moment, en tout cas.
09:24 - Ça a très bien marché tant qu'il était là, et tant qu'il y mettait son énergie, ses moyens.
09:29 Bon, la francophonie a demeuré à travers les institutions,
09:33 mais pas, effectivement, l'Union latine qui s'est effondrée peu à peu après.
09:36 - Mais oui, vous me donnez l'idée, peut-être, qu'au lieu de mettre les Français parlent aux Français
09:40 comme générique de mon émission, je mettrai les francophones parlent aux francophones,
09:43 parce que nous sommes écoutés en Afrique, nous sommes écoutés au Québec, en Suisse,
09:48 et un peu partout en Belgique, donc c'est vraiment intéressant.
09:51 Et alors, comment ça s'est passé ?
09:54 Je veux dire, quels obstacles ou quelles alliances a-t-il tissé ?
09:57 Vous le racontez dans votre livre, Bernard, mais c'est bien que je recommande,
10:00 lisez-le pour tous ceux qui s'intéressent à la langue française.
10:03 Et qui a dit, quel écrivain a dit, vous savez, c'était un écrivain algérien, je me rappelle,
10:09 avait dit "mon exil, c'est la langue française",
10:12 et l'autre avait dit "ma patrie, c'est la langue française".
10:15 - Alors, il y a deux grands écrivains,
10:17 et un écrivain qui appartenait au FLN, c'est-à-dire Kata Biasin,
10:21 et Kata Biasin a dit "le français, c'est le tribut qu'on a réussi à leur arracher".
10:26 - Le butin de guerre. - Le butin de guerre.
10:28 Et Camus a dit "ma vraie patrie, c'est la langue".
10:32 Alors, en réalité, c'est intéressant de voir que les deux parties n'ont pas opposé, d'ailleurs.
10:37 Face à face, on peut le dire, parlent du même langage, mais...
10:41 Non, et Rossignol, à quoi s'est-il heurté ?
10:44 Il s'est surtout heurté à l'administration française.
10:47 - Ah ouais. - C'était l'administration.
10:49 - Il a empiété sur des territoires, non ?
10:52 - Il a empiété d'abord sur le territoire de l'éducation nationale,
10:55 et on se dirait qu'il n'avait strictement rien à faire là-dessus,
10:58 alors qu'il voulait, lui, et c'est ce qu'il a fait,
11:00 créer des commissions de terminologie afin que le français scientifique
11:04 s'enrichisse à mesure que des inventions se faisaient.
11:08 Et ça, il y est arrivé, en faisant des pressions multiples et variées,
11:12 en créant des institutions, des commissions.
11:16 D'autre part, il s'est heurté à l'éducation nationale,
11:18 qui a toujours refusé qu'on s'occupe de la langue, tant elle qu'elle était enseignée.
11:24 C'est un échec, il n'a jamais réussi à entrer dans ce bastion,
11:27 bien malheureusement, entre nous, vu ce qui se passe actuellement.
11:32 Et puis après ça, il s'est beaucoup heurté à l'ORTF,
11:35 puisqu'en fin de compte, ce qu'il voulait, c'était que les journalistes parlent français,
11:40 et qu'on évite donc le jargon technocratique.
11:44 - Les anglicismes, c'est ça ? - Les anglicismes, etc.
11:47 - Il doit se retourner dans sa tombe, là, Philippe Rossillon.
11:51 - Il doit se retourner dans... Oui, mais en fait, il a quand même réussi,
11:54 à travers la loi Balloriole de 1972, et qui ensuite est devenue la loi Toubon,
11:58 pendant un certain temps, à créer une sorte de barrage, au moins au niveau publicitaire.
12:03 - Oui, d'accord. Mais au niveau de la langue, bon, c'est très difficile d'ailleurs,
12:07 c'est vrai d'éviter les anglicismes, même nous aussi,
12:10 hélas, on y succombe quelquefois.
12:13 Et c'est quelqu'un, au fond, qui a mené aussi, il faut le rappeler,
12:19 il était maire de Bénac, à la vie de Pierrigor,
12:23 et ça comptait pour lui beaucoup, cet enracinement local ?
12:27 - C'était le Pierrigourdin pur. D'ailleurs, il aimait bien,
12:31 pendant les dîners multiples, y compris officiels,
12:34 se mettre à parler comme un paysan Pierrigourdin, il trouvait ça très bien.
12:37 C'était pas un jacobin.
12:40 Moi, j'ai beaucoup travaillé sur les archives du Haut Comité,
12:43 j'ai retrouvé nombre de propositions de Rossillon
12:47 concernant les langues régionales. Il considérait qu'il fallait revenir
12:50 sur cet interdit des langues régionales,
12:53 et en fait, retrouver une paix entre le français et les langues de France.
12:59 Et c'est intéressant parce qu'aujourd'hui, Paul de Cinéti,
13:03 qui dirige la délégation générale à la langue française
13:05 au ministère de la Culture, et l'organisme qui descend de Rossillon,
13:10 en a fait un objectif fondamental.
13:13 - Un cheval de bataille.
13:14 - Oui, ça s'appelle d'ailleurs la délégation à la langue française
13:17 et aux langues de France, pour considérer que tout approvissement
13:22 du patrimoine culturel est un approvissement de la France.
13:27 - On va en parler tout de suite après cette pause.
13:29 - Dites-nous si vous voulez nous écrire à propos de vos langues régionales,
13:33 on est aussi en direct sur Youtube, vous pouvez nous suivre sur Youtube en vidéo
13:36 ou sur le Facebook Live, et puis bien sûr au 0826 300 300 pour réagir à tout de suite.
13:40 - Soudradio, on accueille aujourd'hui Bernard Lecherbonnier,
13:43 qui est auteur de ce livre.
13:44 Philippe Rossillon, inventeur de la francophonie, c'est aux éditions Descartes.
13:48 - Alors effectivement, Bernard Lecherbonnier, on pourrait se poser des questions,
13:52 on voit des chiffres, bon, évidemment, des chiffres intéressants,
13:55 au sein de l'Union européenne, la française est la deuxième langue vivante étrangère
13:59 des enseignements primaires et secondaires, deuxième langue la plus enseignée,
14:03 après l'anglais, etc.
14:05 Sauf que moi j'ai une question, je la pose un peu brutalement, mais quand même,
14:09 est-ce qu'on parle français à l'école aujourd'hui, en tout cas,
14:12 est-ce qu'il n'y a pas un problème de niveau de la langue française,
14:16 depuis déjà, récent, depuis quelques décennies ?
14:20 - Il y a un niveau d'apprentissage de la langue française,
14:24 il y a un problème en France et un problème dans la francophonie,
14:27 qui ne sont pas tout à fait les mêmes.
14:28 Au niveau de la francophonie, notamment de la francophonie africaine,
14:31 le grand problème c'est l'alphabétisation.
14:33 On s'étonne par exemple que le Mali, le Burkina, le Niger aient basculé,
14:38 mais regardons ce qui s'est passé.
14:40 Dans ces pays, on est à moins de 30% de personnes qui comprennent le français,
14:45 et on est à 15% d'alphabétisation.
14:48 Donc ces pays ont déjà basculé, au moment où il y a la bascule politique,
14:52 la bascule linguistique s'est déjà produite.
14:55 Et donc, en fait, on s'aperçoit que dans l'ensemble de l'Afrique francophone,
15:02 on doit être sur un taux d'alphabétisation autour de 50%,
15:06 qui n'a pas bougé d'ailleurs depuis des décennies.
15:10 Mais ils ne progressent pas non plus.
15:12 Et que s'il continue d'y avoir cette chaîne de coups d'État,
15:17 on peut imaginer que cette francophonie devienne francophobie,
15:22 et on ne sait pas ce que le français va devenir.
15:24 En France, c'est un autre problème.
15:26 En France, c'est un effondrement de l'apprentissage à l'école.
15:31 Je dirais après l'alphabétisation, apprentissage à l'école.
15:35 - Effondrement dans quel domaine ? À quel niveau ?
15:40 - Au niveau de l'usage de la langue écrite en particulier.
15:46 Actuellement, on doit être le 22ème ou le 23ème pays au niveau de l'OCDE,
15:51 au niveau de la qualité de l'apprentissage de la langue dans notre pays.
15:55 - De notre propre langue.
15:57 - De notre propre langue.
15:58 Alors que pendant toute la République,
16:00 on a toujours été le 2ème, 3ème de l'ensemble de tous les pays développés.
16:04 Donc aujourd'hui, on est de plus en plus bas.
16:07 Le nombre de fautes par dictée, par les élèves, est absolument hallucinant.
16:13 Le nombre de fautes a doublé depuis 30 ans encore.
16:16 - Fautes d'orthographe, etc.
16:18 - Fautes d'orthographe, fautes de grammaire,
16:20 c'est-à-dire qu'on doit arriver aujourd'hui à 30-40 fautes
16:24 pour une dictée de 60 mots, 70 mots, quelque chose comme ça.
16:28 Donc ça s'effondre de plus en plus.
16:31 Et là, la grande difficulté, c'est qu'on ne voit absolument pas comment l'on peut s'en sortir.
16:36 Alors bien entendu, certains disent "mais il faudrait simplifier le français".
16:38 Bien entendu, c'est simple.
16:40 La meilleure solution, c'est effectivement...
16:42 - Un vol à buque, comme dit Zidane.
16:44 - De supprimer le thermomètre.
16:46 Comme ça, ça règle les problèmes.
16:48 Donc oui.
16:49 Alors, en fait, au niveau de la francophonie,
16:52 c'est l'alphabétisation qui est le problème numéro 1.
16:55 Et en France, c'est le problème de l'apprentissage du français.
16:57 - Mais alors, qu'est-ce qu'on peut faire, à votre avis ?
16:59 Vous qui avez suivi ça depuis toujours.
17:01 Est-ce qu'on va rester avec cet effondrement de la langue de l'expression ?
17:06 Et vous savez très bien, cet intruisme, ça renvoie à la pensée.
17:09 Qui n'a pas suffisamment les mots pour s'exprimer,
17:12 comment voulez-vous qu'il ait une pensée, je ne dis même pas complexe,
17:15 mais une pensée nuancée, quoi ?
17:17 - Si ce n'est pas la priorité d'un ministère de l'Éducation nationale, rien ne se fera.
17:21 Moi, je me dis qu'à la fin du 19ème siècle,
17:24 les français étaient à peine alphabétisés.
17:28 Et donc, en 1870-1880, il y a des gens extraordinaires
17:34 autour des féries, des grévistes, de toute cette 3ème République
17:38 qui croyait à la nation, qui croyait à la force d'une nation.
17:42 Et en fait, on a appris le français, tout simplement,
17:44 à des garçons qui sont devenus les fameux usards de la République,
17:48 les fameux instituteurs.
17:50 C'est une question de volonté politique.
17:52 Et on s'aperçoit que dans beaucoup de pays,
17:54 la langue peut, effectivement, mieux s'apprendre à la condition que quelqu'un le veuille.
17:59 Est-ce que quelqu'un le veut aujourd'hui en France ?
18:01 - C'est une vraie question, et elle s'adresse effectivement au prince qui nous gouverne,
18:06 au pluriel, qu'il soit de droite, de gauche ou d'ailleurs.
18:10 Mais vous, vous le sentez comme une espèce de...
18:12 Ça peut être corrigé, ça peut être...
18:14 Parce que, eu égard à l'état des forces, à l'état des lieux, aujourd'hui,
18:20 Bernard Le Charbonnier, est-ce que ça peut être corrigé ?
18:23 Est-ce que ça peut être...
18:25 Je dirais, est-ce que cette espèce d'effondrement peut être arrêtée, ou c'est trop tard ?
18:28 - Je pense qu'il peut être arrêté, mais c'est totalement une question de volonté politique.
18:32 Regardons les programmes politiques des partis politiques par rapport à la langue.
18:37 - Oui.
18:38 - Ça, c'est quand même intéressant.
18:39 Aujourd'hui, on a d'excellentes volontés chez les Républicains.
18:44 Comment ça se traduit ? Quelles sont leurs propositions ?
18:46 On voudrait le savoir.
18:48 Aujourd'hui, très curieusement, ce que je vais vous dire va vous étonner,
18:50 le seul parti politique qui a vraiment un programme construit, solide et efficace par rapport à ça,
18:57 c'est les Insoumis.
18:59 Mélenchon a écrit un très très bon programme.
19:02 - Sur la langue française.
19:03 - Sur la langue française, il y a...
19:04 C'est Bernard Cassen, qu'on connaît bien, qui était au monde diplomatique,
19:08 qui venait d'Attaque, qui a écrit ce programme-là pour les Insoumis.
19:12 C'est remarquable.
19:13 Donc, en fait, c'est tout à fait étonnant de voir que ça va être aux extrêmes,
19:16 au Rassemblement National, chez les Insoumis, qu'on va avoir au moins l'expression de quelque chose.
19:21 - Des défenseurs de l'expression.
19:22 C'est intéressant, oui, parce que d'un autre côté, ils disent,
19:25 "Mais, est-ce que ça..."
19:27 Oui, mais quand on accueille des millions de gens ou des milliers de gens qui ne parlent pas du tout français,
19:31 c'est aussi un problème, ça.
19:33 Je ne veux pas lier à l'immigration, mais...
19:35 - Oui, mais à condition... Pourquoi ne pas prendre les bonnes mesures ?
19:37 On connaît les mesures.
19:39 Prenons, par exemple, un pays comme la Finlande.
19:41 La Finlande qui réussit tout en matière d'éducation.
19:45 La Finlande, qu'est-ce qu'elle fait ?
19:47 Quand les enfants viennent du bout du monde,
19:49 et ils ne connaissent absolument rien du français, les familles non plus,
19:52 bien entendu, on apprend le finlandais aux petits gamins qui viennent,
19:57 notamment des Ritrées ou qui viennent de Somalie.
19:59 Et qu'est-ce qu'on fait aussi ?
20:01 On donne les cours aux mamans.
20:03 Les mamans doivent apprendre le français aussi.
20:06 Si bien qu'en réalité, il y a des écoles avec des classes pour mamans,
20:09 une classe pour gamins, et tout le monde apprend le finlandais.
20:11 Et c'est une condition d'intégration.
20:13 Il y a des solutions.
20:15 - C'est intelligent ça.
20:17 On va demander aussi ce qu'en pensent nos éditeurs.
20:19 Esteban ?
20:21 - Oui, on va demander ce qu'en pense Philippe,
20:23 qui nous appelle de Marseille au 0826 300 300.
20:25 Bonjour Philippe.
20:27 - Bonjour à tous.
20:29 J'ai une question concernant un petit peu la francophonie en général.
20:31 Parce qu'on entend un peu des choses contradictoires.
20:33 D'un côté, on dit que grâce à la démographie africaine,
20:37 dans quelques années, le français sera une des langues les plus parlées au monde.
20:40 Mais dans la pratique, moi je vois assez souvent, même en Afrique ou en Europe,
20:44 je ne sais pas du tout ce que je vois,
20:46 je vois plutôt un effondrement du français.
20:48 Même dans des pays en Europe, où traditionnellement on trouvait des francophones,
20:50 comme en Italie, en Espagne,
20:52 là il faut trouver des gens de plus de 50 ans qui parlent français.
20:55 Les jeunes ne parlent pas du tout français.
20:57 Et alors en Afrique, moi ce qui m'inquiète, c'est que...
20:59 Alors je ne vois pas, par exemple au Maroc,
21:01 ce pauvre pays aujourd'hui, vraiment frapper.
21:03 Mais c'est un phénomène tout à fait nouveau
21:05 que je ne voyais pas encore il y a 3-4 ans.
21:07 Quand je parle avec des jeunes, dans un cadre professionnel,
21:10 maintenant spontanément, ils vont me parler en anglais.
21:12 Ils ne vont plus du tout me parler.
21:14 Avant c'était impensable de ne pas parler français.
21:16 Maintenant c'est l'anglais.
21:17 Et je vois un pays comme le Sénégal,
21:19 je finirai par là,
21:21 où là j'ai rencontré un Sénégalais,
21:23 alors lui il y est ça un petit peu au problème
21:25 à la fois de la mondialisation et un peu des problèmes ethniques,
21:27 mais il m'a dit "tu verras dans 30 ans au Sénégal",
21:30 et pourtant on est dans le pays de Sangor,
21:32 "dans 30 ans au Sénégal, la langue officielle ce sera le Wolof,
21:35 et pour les échanges extérieurs, on prendra l'anglais.
21:38 Mais le français aura disparu.
21:40 Alors qu'en est-il ?
21:42 Combien y aura-t-il de locuteurs français
21:44 dans 20, 30, 40 ans dans le monde ?
21:46 - Bernard Le Charbonnier, partagez un peu votre politique.
21:49 - Actuellement, le chiffre VC est de 321 millions de francophones.
21:53 C'est un chiffre qui est établi à partir des statistiques
21:56 qui sont données par les États eux-mêmes.
21:59 On pense que malgré tout, c'est pas si faux que ça.
22:03 Alors maintenant, vous avez tout à fait raison,
22:06 dans la mesure où les étudiants ont plutôt tendance à partir
22:09 se perfectionner aux États-Unis ou en Angleterre,
22:13 il est certain que quand ils reviennent,
22:15 ils sont acquis à la langue dans laquelle ils ont fait leur formation supérieure.
22:18 La preuve en est que les généraux qu'on a vus prendre le pouvoir
22:21 dans les derniers coups d'État,
22:23 ont tous fait leurs études aux États-Unis.
22:28 Donc c'est clair que c'est le risque.
22:32 C'est un risque extrêmement grave,
22:36 puisque ce sont les dirigeants, ce seront les dirigeants,
22:39 donc les modèles, les exemples par rapport à la jeunesse.
22:42 - Ils vont imprimer ça ou ça.
22:44 - On a un deuxième auditeur qui nous appelle de Lyon.
22:47 C'est Serge qui a composé le 0826-300-300. Bonjour Serge.
22:50 - Bonjour Serge.
22:51 - Bonjour M. Barkoff. Je vous appelle pour une question pour votre invité.
22:55 Pour préserver la francophonie,
22:57 et déjà pour savoir c'est quoi le danger qui pèse dessus,
23:00 n'est-ce pas que l'anglais est devenu la langue des affaires ?
23:04 C'est-à-dire que pour avoir un meilleur boulot, un meilleur salaire,
23:08 on est obligé de travailler avec des entreprises américaines
23:10 qui ont beaucoup plus de pouvoir en matière de salaire, etc.
23:14 C'est-à-dire que pour un peuple étranger qui veut apprendre une deuxième langue,
23:19 il va sûrement favoriser l'anglais dès le début.
23:22 Il y a de moins en moins de grosses entreprises françaises à l'international.
23:26 Elles sont toujours attaquées, un peu comme l'affaire Alstom et tout.
23:30 Je pense que dans le passé on pouvait travailler chez Alstom en parlant juste français.
23:36 Maintenant il faut apprendre l'anglais pour travailler dans...
23:39 - Chez Alstom et autres.
23:41 - Voilà.
23:42 - Ou pour le paracétamol et autres.
23:44 Oui, est-ce que c'est pas le problème Bernard Rechemounier ?
23:47 L'anglais est devenu la langue des affaires,
23:49 de la mondialisation heureuse comme disait l'autre.
23:52 - Il est certain que par rapport aux critères "langue des affaires",
24:00 c'est que le français doit être la quatrième ou cinquième langue du monde des affaires,
24:04 quelque chose comme ça.
24:06 Et que l'anglais, naturellement, l'emporte de plus en plus.
24:11 Alors il y a un certain nombre de points d'interrogation.
24:13 Je ne dis pas de certitude, mais il y a des points d'interrogation.
24:16 Alors le premier point d'interrogation c'est la résistance des asiatiques
24:19 par rapport au tout anglais.
24:21 Les asiatiques font très attention à ce que, effectivement,
24:26 leur propre élite ne soit pas entièrement anglophone.
24:29 Actuellement la Chine déclare seulement 10 millions de chinois anglophones.
24:35 En Chine même.
24:37 - Est-ce que c'est pas...
24:38 - Non mais ce qui est politique, on sent bien entendu qu'il y en a plus que ça.
24:42 Mais c'est intéressant de voir que les chinois ne veulent pas qu'Internet en particulier,
24:47 et les japonais encore moins, soient entièrement dominés par la langue anglaise.
24:53 Donc je dirais qu'il y a une protection, peut-être négative,
24:57 mais une protection de la part de l'Asie sur le fait que d'autres langues que l'anglais doivent être parlées.
25:03 C'est quelque chose qu'on a vu à l'époque de l'Union soviétique.
25:05 À l'époque de l'Union soviétique, il y avait un parapluie contre l'anglais.
25:10 Et en fait tous les pays de l'Est, à cette époque-là,
25:13 que ce soit les Russes, les Hongrois, les Bulgares,
25:16 étaient enseignés en français.
25:18 - Mais n'oubliez jamais que le Parti commune chinois,
25:20 le parti unique, bien sûr qu'il reste plus que jamais,
25:23 envoie ses cadres supérieurs à Harvard.
25:26 - Bien sûr, bien sûr.
25:28 - On va continuer de parler de francophonie dans un instant avec Bernard Lecherbonnier,
25:32 et puis vous, au 0826 300 300.
25:34 À tout de suite.
25:35 En faisant tous ces étangs, on continue de parler de francophonie avec Daniel,
25:39 qui a composé le 0826 300 300.
25:41 Il nous appelle de Gironde. Bonjour Daniel.
25:43 - Bonjour Daniel.
25:44 - Bonjour messieurs.
25:46 - On vous écoute.
25:48 - Donc oui, vous parlez de francophonie, ce qui est très bien,
25:52 j'y suis bien sûr préférable.
25:54 Mais ce qui m'inquiète, c'est de voir notre belle langue de Molière
26:00 envahie de plus en plus par des anglicismes,
26:04 employés, j'irai quelquefois, inutilement.
26:09 Nous avons la traduction directe en français.
26:12 Et je vais prendre deux exemples, si vous me le permettez.
26:14 - Allez-y.
26:15 - Compagnie aérienne low cost.
26:17 Je suis désolé, mais nous pouvons dire à bas coût ou à bas prix.
26:21 - Tout à fait.
26:22 - Deuxième exemple, sur internet qui circule des fake news.
26:26 Désolé, mais nous pouvons dire false news.
26:29 - Certes.
26:30 - Je ne pense pas que ce soit dégradant pour nous.
26:34 Et je pense que si nous voulons favoriser cette francophonie,
26:39 encore faut-il protéger notre langue.
26:42 Et je ne sais pas si vous êtes allé un jour en Islande.
26:45 - Non, non, mais dites-moi.
26:46 - Du tout.
26:47 Eh bien, je vais vous dire pourquoi.
26:49 Lorsque je suis allé en Islande,
26:51 des Islandiens m'ont dit, voilà, c'est nous,
26:54 nous rejetons tout le monde d'origine étrangère.
27:00 - Ah bon ?
27:01 - Alors, la traduction, c'est très bien.
27:05 Lorsque nous n'en avons pas la traduction,
27:08 nous inventons le mot "Islandais"
27:11 qui va effectivement se rapprocher le plus du mot "Anglais".
27:14 - D'accord.
27:15 - C'est une façon qu'ils ont de protéger leur langue.
27:18 J'ai été surpris d'entendre ça dans la bouche,
27:20 mais effectivement, ça existe.
27:22 Et donc, si nous pouvions,
27:24 afin de promouvoir encore mieux la francophonie,
27:27 donc l'usage et la beauté de notre langue,
27:30 peut-être faudrait-il employer moins d'anglicismes.
27:33 Je crois qu'il y en a, selon le livre de journalistes,
27:36 plus de 3000 actuellement, ce qui est absolument effarant.
27:39 - Il y en a même plus que ça, bien dans le chevalier.
27:42 - Ah oui, vous voyez !
27:44 - C'est vrai, ce que dit Daniel, c'est vrai que...
27:47 Il dit ça, mais "by the way", on entend...
27:52 Alors, le plus beau, c'est...
27:54 Moi, je me suis frappé, ce matin,
27:57 j'ai appelé 3-4 personnes,
27:59 et c'est drôle, ça m'a amené,
28:01 parce que je savais qu'on faisait cette émission,
28:03 3-4 personnes, j'ai dit "alors bon, on se voit la semaine prochaine, cool".
28:05 Maintenant, ils vous disent "cool".
28:07 Je veux dire, mais 3-4 personnes différentes, ce matin !
28:10 Des gens d'âge différent, d'ailleurs, je cite.
28:13 C'est quand même marrant. Pourquoi pas "cool" ?
28:15 Mais ça dit bien ce que ça veut dire.
28:17 - Alors, au niveau de l'État,
28:21 il y a, à travers la fameuse délégation à langue française,
28:25 pour chacun des secteurs d'activité,
28:29 que ce soit le commerce, l'armée, le commerce, etc.,
28:33 il y a des commissions de terminologie.
28:35 Et ces commissions de terminologie,
28:37 je crois que c'est 350 terminologues, c'est quand même pas mal,
28:40 créent à longueur d'année des équivalents anglais
28:44 de termes qui s'introduisent dans la langue française.
28:47 Bon.
28:48 Alors, ensuite de ça, ces termes...
28:50 - Vous voulez dire, créer des équivalents français ?
28:52 - Des équivalents français, c'est-à-dire un terme anglais s'introduit dans la langue,
28:57 immédiatement, donc la mi-commission de terminologie
29:01 propose un équivalent en français.
29:04 - D'accord.
29:05 - Et ces équivalents sont intégrés ensuite par l'Académie française comme mots français.
29:11 Bon.
29:12 Mais ce qui n'existe pas, c'est l'obligation d'utiliser le terme en question.
29:19 - Ah oui. Il n'y a pas d'obligation.
29:21 - Il n'y a pas d'obligation. C'est ça la grande question.
29:23 Alors, parfois le terme, effectivement, est enregistré.
29:28 Bon. Par exemple, vous dites "ordinateur", pas "computer"
29:31 parce que ça a bien marché dès le départ.
29:33 Bien sûr, le coup, les gens ont admis que c'était mieux "ordinateur" que "computer".
29:36 Autrement, on dirait "computer".
29:38 Donc, un nombre considérable de mots, effectivement, sont déjà intégrés
29:42 et ont fait disparaître le terme anglais.
29:45 Mais il y a une telle avalanche, et c'est là que votre auditeur a raison,
29:48 c'est que, malgré tout, personne n'a le temps d'intégrer ces nouveautés,
29:53 d'autant plus qu'il n'y a pas d'obligation,
29:55 notamment par l'école et par la radio.
29:58 - Non mais voilà. - Et en fait, c'est là que les deux...
30:00 - Ben oui, c'est là où vous soulignez l'essentiel.
30:02 S'il n'y a pas d'obligation, on ira au plus pressé, au plus simple.
30:06 - Voilà. Alors, donc, on ne peut pas dire qu'il n'y a pas un effort terminologique en France,
30:09 il est extrêmement important, sauf qu'il est occulté par l'apparaisse intellectuelle
30:14 et l'apparaisse, je dirais, de la pari d'État, tout simplement.
30:18 - Moi, je me suis garé dans le parking, je ne sais pas si je n'ai pas été engueulé.
30:21 - Oui, c'est vrai, "parking", d'ailleurs,
30:23 personne ne dit rien d'autre que "parking".
30:26 - Mais parfois, des termes entrent naturellement, je dirais, dans la vie.
30:33 En plus, les mots ne sont pas non plus éternels.
30:36 - Oui, je suis bougé, bien sûr.
30:38 - Mais là, c'est clair qu'il y a quelque chose qui est de ressort
30:43 de l'économique et du langage technologique, surtout.
30:45 Alors, on pourrait en parler, du langage technologique.
30:47 - Ce qui fait le problème, c'est que l'essentiel des termes étrangers
30:50 viennent de la souche anglaise.
30:53 - Bien sûr.
30:54 - Un peu, maintenant, de la souche arabe.
30:56 Donc, il y a quand même un peu de terminologie,
30:59 de nouveaux mots en arabe qui arrivent par les banlieues.
31:02 Mais il n'y a plus l'apport de l'espagnol, l'apport de l'italien,
31:06 qui sont des langues dans un État encore plus en danger que nous.
31:11 - Le "wesh" n'est pas aussi répandu que le "cool", mais enfin bon.
31:14 Et alors, nous avons qui ?
31:15 - Nous avons Marie-Josée, qui nous appelle de région parisienne, à Clamart.
31:18 Bonjour, Marie-Josée.
31:19 - Bonjour tout le monde.
31:21 Alors, je reviens de Venise et je suis extrêmement déçue.
31:24 On ne parle qu'anglais.
31:26 - Ah oui, à Venise.
31:27 - Voilà, dans les hôtels, les commerçants, voilà.
31:30 Donc, moi j'ai une mère italienne et un père portugais.
31:33 Et de toute façon, quand je vais d'un pays,
31:35 j'essaie d'avoir, même en Chine, quelques mots.
31:38 Et là, je m'efforçais, moi, de parler quelques mots italiens,
31:41 mais on ne parle qu'anglais.
31:42 Anglais, même les italiens, ils parlent anglais.
31:44 - Oui, oui.
31:45 Et dès qu'ils voient un touriste, ils parlent anglais.
31:47 - Tout de suite, tout de suite.
31:49 Et là, je suis très étonnée d'entendre que le français est une des langues les plus...
31:56 La cinquième, c'est ça ?
31:58 - Oui, oui.
31:59 - On a vraiment des affaires, oui.
32:00 - Moi, je suis étonnée.
32:01 En fait, la langue de l'argent, c'est l'anglais, quoi.
32:04 - Ah ben, ça me paraît assez évident, ce qui est étonnant.
32:07 Vous voyez, on parlait des latines, je pensais à Philippe Roussillon,
32:11 à quel vous consacrez un très bon livre, Bernard Le Charbonnier.
32:15 Mais vous voyez, il parlait de l'union des langues latines et compagnie.
32:18 Regardez, en Italie, la Latina...
32:22 J'allais dire la Latina Nation pour faire un très mauvais mot,
32:27 mais c'est fou, quoi.
32:29 On parle qu'anglais.
32:30 - Les langues... L'italien étant de grand danger,
32:32 ne serait-ce que parce que l'italien n'a absolument pas d'arrière-cours.
32:36 L'espagnol a un arrière-cours avec l'Amérique du Sud et les Etats-Unis.
32:40 Le français, malgré tout, avec l'Afrique et le portugais également.
32:43 La grande faiblesse de l'italien, c'est la dernière troisième année qu'en Italie.
32:47 Il y a deux langues, en fait, parmi les langues latines qui sont en danger,
32:51 c'est l'italien d'un côté et le roumain de l'autre.
32:55 Mais d'autant plus qu'il y a une telle faiblesse démographique en Italie.
33:02 En Italie, les femmes sont 1,4 enfants.
33:05 Donc, en réalité, on sait parfaitement bien que dans 100 ans,
33:09 il n'y aura plus d'italien.
33:11 Il y a des pays qui vont disparaître.
33:13 La Corée du Sud, 0,7% de démographie.
33:16 - L'anglo-soudien qui est le fondamental de la démographie.
33:19 - Ah, c'est fondamental, la démographie à l'origine de tout.
33:23 En Espagne, maintenant, on a...
33:26 Alors, donc, la baisse du christianisme, d'une part,
33:29 ce sont des pays chrétiens qui se déchristianisent.
33:33 D'autre part, ce sont des pays qui ont associé le confort à une faible démographie,
33:38 contrairement à tout ce qu'on avait dit jusqu'à présent.
33:41 Et donc, en réalité, du moment où il y a un affaiblissement démographique,
33:46 il y a une affaiblisse linguistique, c'est absolument certain.
33:49 - C'est assez... Oui. Et en fait, tout découle de là.
33:52 La politique aussi découle de la démographie.
33:54 - Tout dépend de la démographie.
33:56 - Tout découle de là.
33:57 Et en fait, juste un mot.
34:00 Par exemple, aujourd'hui, est-ce qu'il y aurait besoin d'un...
34:04 Enfin, d'un Philippe Roussillon.
34:06 Je ne dis pas que les gens qui sont là ne sont pas à la hauteur.
34:09 Mais s'il y avait à renforcer quelque chose,
34:12 vous avez évoqué, Bernard Charbonnier, le fait que...
34:15 Est-ce qu'on n'aurait pas à rendre obligatoire ces termes français
34:19 à l'éducation nationale, à la radio et la télévision ?
34:23 Après tout, oui. C'est peut-être...
34:26 C'est peut-être, je dirais, un excès de pouvoir.
34:29 Mais après tout, un excès de pouvoir nécessaire.
34:32 D'obliger qu'à terme égal, on emploie le français plutôt que l'anglais, par exemple.
34:37 - Alors, c'est tout le pari qui sera ou non raté de Willard Cotteray.
34:41 Willard Cotteray, donc, est créé le 19 octobre.
34:44 La cité internationale de la langue française et de la francophonie.
34:48 Bon, je dirais que sous un pouvoir, qui soit un pouvoir volontaire,
34:52 on pourrait peut-être dire que c'est le miracle qu'on attendait,
34:56 puisqu'on n'avait pas justement ce type d'outils jusqu'à présent.
34:59 Qu'est-ce qui va se passer ?
35:01 Est-ce que si c'est simplement un musée
35:04 avec quelques expositions temporaires
35:09 et puis trois ou quatre artistes du passé qui vont venir faire des prestations
35:13 parce que, en fait, quand ils sont contents d'avoir un cachet, c'est fini.
35:16 On n'en parle plus.
35:17 Si Willard Cotteray peut devenir effectivement un symbole d'un renouveau
35:22 et d'appeler vers Willard Cotteray les créateurs...
35:26 On n'a pas parlé, c'est des créateurs, francophones.
35:28 Ceux qui, à mon avis, aujourd'hui, sont les plus actifs,
35:31 ce sont les créateurs.
35:32 Les créateurs africains, les créateurs...
35:35 - Québécois, africains...
35:37 - On voit, il y a un quart de l'académie française, aujourd'hui, ce sont des francophones.
35:41 - Oui, exactement.
35:42 - Et on s'aperçoit que les prix littéraires, c'est les francophones.
35:45 Moi qui suis universitaire, de plus en plus, je vois des francophones
35:48 prendre les grandes chaires, y compris dans des disciplines comme les mathématiques, etc.
35:53 Donc c'est les francophones.
35:55 - L'avenir est aux francophones, effectivement.
35:57 - Si les francophones ne prennent pas le pouvoir, ce ne sont pas les français qui le font pour eux.
36:00 - Eh bien, écoutez, sur ces paroles, en tout cas, à choisir,
36:04 on a des choix à faire.
36:05 Merci Bernard Le Charbonnier.
36:07 Philippe Rossillon, l'inventeur de la francophonie.
36:10 - C'est disponible aux éditions Descartes.
36:12 Merci d'avoir été avec nous.
36:13 nous tout de suite.

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