Avec Alexandre Del Valle, géo-politologue, consultant, essayiste et docteur en histoire contemporaine ; Nicolas de Villiers, président du Puy du Fou ; Bernard Lecherbonnier, professeur et auteur de "Philippe Rossillon, inventeur de la Francophonie" publié aux éditions Descartes et Cie.
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00:00:00 Saint-Jean, l'amour de la Saint-Jean, Zaz qui chantait ça.
00:00:04 Vous voyez, c'était l'ouverture du match, c'était avant l'ouverture du match.
00:00:08 On va en parler, on va en parler longuement de cette France-là,
00:00:11 et des gens qui vitupèrent aussi cette France-là.
00:00:13 Comment, comment, l'amour de Saint-Jean ?
00:00:15 Et puis après, et puis après, est arrivé le Président de la République
00:00:19 pour prononcer un discours, il a préféré, et c'est son droit le plus strict,
00:00:23 de n'être pas au G20, et d'être là, effectivement, sur le stade de France.
00:00:28 Et il s'est passé ceci, écoutez.
00:00:31 Amis du rugby,
00:00:33 pour nous tous, pour nous Français,
00:00:42 c'est une immense fierté d'accueillir sur notre sol
00:00:47 toutes les équipes de la Coupe du monde de rugby,
00:00:51 et bien sûr, nos Bleus !
00:00:54 Couiges, cantanges, vous avez vu, effectivement,
00:00:58 il y avait des vivas, effectivement, pendant Zaz,
00:01:02 et puis tout d'un coup, le sifflet, les sifflets,
00:01:06 mais quel sifflet, mais un espèce de tsunami de torrents,
00:01:09 quatre, je ne dis pas que les 80 000 personnes présentes au stade de France
00:01:12 étaient en train de siffler, mais quand même, quand même,
00:01:15 devant les radios, les télévisions du monde entier,
00:01:19 il y avait cette espèce de, allez, on va pas dire référendum,
00:01:23 ça n'a pas de sens, cette espèce de vote,
00:01:26 et pourquoi ce vote ? Alors, il y a eu tout après ça, évidemment.
00:01:29 Et je voudrais juste répertorier les choses.
00:01:33 Il y a eu quand même deux phénomènes qui montrent l'état de la crise
00:01:38 dans notre douce France d'aujourd'hui, dans ce cher et vieux pays dont parlait le Général.
00:01:43 D'abord, effectivement, on montre un genre du jardin,
00:01:46 Baguette, Béret Basque, Baguette, etc.
00:01:51 Voilà, la France rurale, la France de toujours, etc.
00:01:55 Ah non, ah non, ah non, c'est pas possible !
00:01:58 Et vous avez vu les réactions chez un certain nombre de gens
00:02:03 qui disaient "mais c'est pas ça la France !"
00:02:05 Mais non, la France, c'est les transphobes,
00:02:09 ceux qui peuvent avoir un cancer de l'utérus, même quand ils sont hommes !
00:02:12 Où sont les racisés ? Où sont les opprimés ?
00:02:16 Où sont les... la diversité, la diversité, d'ailleurs, on pourra en parler,
00:02:20 c'est extraordinaire !
00:02:22 C'est-à-dire que tout se passe, c'est une cérémonie, après tout, c'est une cérémonie.
00:02:26 Voilà, on est en France, on est au stade de France,
00:02:28 on veut parler d'une certaine France qui a existé depuis 1500 ans.
00:02:33 Mais c'est fini, ça c'est ringard, c'est passiste, évidemment !
00:02:38 Vous n'êtes pas dans le rap dur, vous n'êtes pas dans le rap tout,
00:02:42 vous n'êtes pas dans la trap tout, non, non, non, non, non !
00:02:45 Vous êtes dans cette espèce d'image d'épinal qui est inadmissible !
00:02:50 Quoi, se sentir français par la baguette de pain et par le litron de rouge ?
00:02:56 Comment ? Non, on est en France aujourd'hui qui mange des insectes
00:02:59 et qui va abandonner les animaux, etc., etc.
00:03:02 Enfin, je ne vais pas m'éterniser là-dessus,
00:03:05 mais c'était assez étonnant de voir le bêlement des moutons le soir,
00:03:11 au fond des bois, en disant "c'est fini, tout ça c'est fini".
00:03:14 Bon, ah bon c'est fini ?
00:03:16 Bah écoutez, en tout cas, c'est clair que c'est sur le grill,
00:03:20 que c'est une des questions les plus importantes, l'identité de la France.
00:03:24 Alors je ne dis pas qu'elle n'est que, évidemment, ce serait idiot que les baguettes, etc.
00:03:28 Mais elle n'est aussi peut-être pas spécialement et uniquement dans les plus LGBT,
00:03:37 plus rien contre les LGBT que plus,
00:03:40 mais peut-être qu'on pourrait accepter que dans une cérémonie comme ça,
00:03:45 comme la Coupe du monde du rugby,
00:03:48 on pourrait peut-être accepter d'avoir une image de la France.
00:03:51 Voilà, non, non, non, on n'en veut pas.
00:03:53 Et puis, alors, second chapitre, les sifflets.
00:03:57 Les sifflets, alors là, ça a été étonnant.
00:04:01 Parce qu'on a entendu, effectivement, des réactions partout.
00:04:03 Il se fait que, voilà, Emmanuel Macron a été sifflé.
00:04:06 Et alors, est-ce qu'aujourd'hui, en France, dans des pays dits démocratiques,
00:04:10 on a le droit de siffler un président de la République,
00:04:13 ou de le huer, ou de le conspirer ?
00:04:15 Attention, sans aucune violence, il faut le répéter, aucune violence.
00:04:19 Des sifflets, des sifflets comme il y a eu des casseroles, vous vous rappelez,
00:04:22 il n'y a pas si longtemps.
00:04:23 Eh bien, apparemment non, apparemment non, par exemple, pour la députée Aurore Berger.
00:04:29 Écoutez.
00:04:30 Moi, je pense qu'il ne faut pas en tirer d'enseignement politique.
00:04:32 Certains voulaient le relier ici aux retraites, ici au 49.3.
00:04:35 Je crois que ce n'est pas le sujet.
00:04:36 Ce qui est intéressant aussi, c'est que d'ailleurs, il a été applaudi
00:04:39 à partir du moment où il a fini son discours.
00:04:41 Donc, vous voyez, on peut arriver en étant parfois hué, malmené.
00:04:44 - Il a parlé des bleus et de la victoire.
00:04:46 - Je crois que quand vous sifflez le président de la République,
00:04:48 vous sifflez aussi une institution, qui est celle de la présidence de la République.
00:04:52 D'autant plus dans un moment qui doit être un moment, d'abord, insportif
00:04:55 et de rayonnement international.
00:04:57 J'ai vu aussi des polémiques, que je trouve absolument ridicules,
00:04:59 sur la cérémonie d'ouverture.
00:05:02 Voilà, alors critiquer le président, c'est critiquer une institution.
00:05:07 Et c'est ce qu'a dit également Jean-Marc Dumonté, l'homme de théâtre,
00:05:10 le propriétaire de théâtre et producteur, Jean-Marc Dumonté,
00:05:13 qui a tweeté ceci.
00:05:16 "Siffler le président, c'est siffler la France.
00:05:19 Siffler, c'est ne pas respecter les urnes."
00:05:22 Siffler, écoutez-moi bien, hein.
00:05:24 "Siffler le président, c'est siffler la France.
00:05:26 Siffler, ce n'est pas respecter les urnes.
00:05:28 La démocratie permet de s'opposer, de contester, de débattre.
00:05:30 La démocratie exige, exige, le respect de l'autre et des représentants.
00:05:34 Siffler, c'est le degré zéro de la pensée, le déni de la démocratie."
00:05:38 Voilà, donc, vous comprenez bien que si vous sifflez, hein, l'autorité,
00:05:42 eh bien, voilà, vous êtes contre la démocratie.
00:05:45 Donc, quelqu'un a à surveiller et à punir.
00:05:47 Vous dites "attendez, c'est pas ce que dit Jean-Marc Dumonté."
00:05:49 Non, non, pas du tout.
00:05:51 Mais, c'est ce que suggère le député Karl Olive.
00:05:55 Voici ce qu'il disait sur France Info, écoutez.
00:05:58 "Pardonnez-moi, non mais franchement, M. Boudot, moi, ça me fait marrer.
00:06:01 Dans ce pays, on est toujours pour aller chercher l'aiguille dans la botte de foin.
00:06:05 Non, mais ça, c'est formidable, c'est formidable.
00:06:07 Ici, tout n'est pas parfait, mais de grâce, quand même, soyons fiers de notre pays.
00:06:11 On va avoir les Jeux Olympiques, on va avoir 4 milliards de téléspectateurs
00:06:16 et on va encore se draper parce qu'une minorité vient siffler,
00:06:20 vient faire des grèves de façon opportune.
00:06:23 D'ailleurs, moi, je serai pour des lois d'exception sur le sujet."
00:06:25 Ah ben, alors, voilà, on a passé, là, là, on monte d'un cran.
00:06:29 "Moi, je serai pour des lois d'exception sur le sujet."
00:06:32 Alors, écoutez, M. Karl Olive, vous venez quand ?
00:06:34 Vous voulez ici, à Bercov dans tous les états, sur une radio,
00:06:37 expliquer de façon claire que donc, si je siffle,
00:06:41 si je ne suis pas d'accord avec le président de la République,
00:06:43 quel qu'il soit, encore une fois,
00:06:45 eh ben, il faut faire des lois d'exception ?
00:06:47 Attendez, vous vous rendez compte, un tout petit peu, de ce qu'on dit, là ?
00:06:51 Bon, il y a eu, effectivement, comme... il a été sifflé.
00:06:56 Mais, attendez, c'est quoi la démocratie ?
00:07:00 Est-ce qu'on a le droit, parce qu'on ne peut pas s'exprimer autrement ?
00:07:03 Parce que ce n'est pas vrai.
00:07:04 Parce que, quand vous dites "oui, vous pouvez vous exprimer tous les cinq ans",
00:07:07 alors, ça veut dire qu'on peut s'exprimer tous les cinq ans dans les élections,
00:07:09 et qu'autrement, on ferme sa gueule.
00:07:11 C'est ça. Ça, c'est la démocratie.
00:07:13 Ça, c'est la démocratie.
00:07:15 C'est vrai, ça me rappelle ce proverbe qui disait
00:07:17 "En dictature, c'est ferme ta gueule,
00:07:19 en démocratie, c'est cause toujours."
00:07:21 Mais là, on a envie même plus de causer toujours !
00:07:23 Non, non, non, non ! Siffler toujours, causer toujours,
00:07:25 ça ne va pas ! Ça ne fonctionne pas !
00:07:29 Mais, écoutez, on va peut-être, un tout petit peu, dire quelques mots là-dessus.
00:07:34 Ce n'est pas le corps du roi, ici.
00:07:36 Ce n'est pas la royauté, c'est la République.
00:07:38 Et la République, et bien, vous savez ce qui se passe ?
00:07:42 Quand il n'y a pas de contre-pouvoir,
00:07:44 quand il n'y a pas assez de contre-pouvoir,
00:07:46 quand il y a des gens qui sont, aujourd'hui,
00:07:48 majorité comme opposition,
00:07:50 uniquement sur le registre du commentaire,
00:07:52 que nous soyons dans le registre du commentaire, d'accord ?
00:07:54 C'est l'autre boulot. C'est l'autre boulot,
00:07:56 d'éditorialiste, d'écrivain, de journaliste, etc.
00:07:58 Mais que eux, qui ont prétention à légiférer,
00:08:01 qui ont prétention, et dont c'est le job,
00:08:04 ils sont payés pour ça, pour faire des lois,
00:08:06 pour les acter, pour ne pas être des corps.
00:08:08 Qu'est-ce que vous voulez ? Quand on voit que c'est le 49.3
00:08:10 qui fonctionne, pratiquement, au quotidien,
00:08:13 quand on voit qu'un centaine de choses ne sont pas tenues,
00:08:16 eh bien, les gens, qu'est-ce que vous voulez ?
00:08:18 Oui, quelquefois, ils prennent des avions, c'est pas très bien.
00:08:20 Ils prennent des ULM, ils commencent à discuter,
00:08:22 ils mettent des mandroles d'institution.
00:08:24 Le problème, c'est, encore une fois, l'expression.
00:08:27 Et je vais vous dire, aujourd'hui, ce qui est en jeu.
00:08:29 Ce n'est pas la liberté d'expression,
00:08:31 c'est les expressions de la liberté.
00:08:33 Où sont les lieux d'expression de la liberté ?
00:08:36 Tant qu'on n'aura pas parlé de ce problème,
00:08:38 on ne parle de rien.
00:08:39 Alors, faire les effarouchés,
00:08:41 entonner le cœur des vierges en disant
00:08:43 "Ah là là, toucher, siffler,
00:08:45 le président, c'est siffler les institutions."
00:08:47 Pas du tout.
00:08:49 Siffler le président, c'est exercer les institutions.
00:08:53 C'est remplir l'article 1, 2, 3 de la Constitution.
00:08:57 Le gouvernement parle, le peuple est pour le peuple.
00:09:00 Sauf que le peuple, on l'entend où ?
00:09:02 Il a le droit de s'exprimer où ?
00:09:04 Il peut s'exprimer où ?
00:09:06 Alors, malheureusement, moi, je ne dis pas que c'est bien.
00:09:08 Eh bien, il s'exprime dans un stade.
00:09:10 En tout cas, un peuple, c'est pas mal, 80 000 personnes.
00:09:12 Bien sûr que c'est une minorité.
00:09:14 Mais il faut arrêter.
00:09:15 Et puis, franchement, M. le député Karl-Oliv,
00:09:17 arrêtez de parler de loi d'exception.
00:09:19 N'allons pas vers ça aussi.
00:09:21 Vous savez très bien, la tentation, elle est forte.
00:09:24 La tentation de glisser vers l'espèce de pouvoir personnel.
00:09:27 On avait assez accusé le général de Gaulle de cela.
00:09:29 Mitterrand l'avait traité de douché, de caudillot, etc.
00:09:32 Et très franchement, quand le général de Gaulle,
00:09:34 il y a eu un référendum, il faut le rappeler, toujours,
00:09:37 quand il a dit le référendum en 1969,
00:09:40 eh bien, si les Français ne sont pas d'accord, je m'en vais.
00:09:43 Et il est parti dans l'heure qui a suivi les résultats du référendum.
00:09:47 Ça, ça s'appelle la démocratie.
00:09:49 Ça, ça s'appelle un démocrate.
00:09:51 On ferait bien tous et toutes de s'en souvenir.
00:09:54 Le monde entier se rappelle où que vous étiez.
00:10:00 Pour ceux qui, évidemment, étaient nés et conscients à ce moment-là,
00:10:04 où que vous étiez, on se rappelle ce 11 septembre 2001,
00:10:08 où des avions, quatre avions en fait, trois avions,
00:10:13 ont percuté les deux tours du portrait de Sainte-Hère et le Pentagone.
00:10:17 Changeant, en tout cas, peut-être aussi dans la face du monde,
00:10:21 de moins l'état des lieux et un bouleversement géopolitique qui s'en est suivi.
00:10:27 On va en parler avec Alexandre Delval, géopolitologue, consultant et essayiste,
00:10:32 et qui va sortir bientôt, et nous le recevrons pour ça,
00:10:35 son nouveau livre "Vers le choc global" aux éditions de l'Artilleur.
00:10:39 Alexandre Delval, on vous a toujours reçu avec plaisir,
00:10:44 depuis le totalitarisme vert jusqu'au déclin de l'Occident,
00:10:48 aux faiblesses de l'Occident, vous les avez toujours étayés avec force.
00:10:54 Je voulais vous faire entendre quelque chose.
00:10:56 Donc, il y a eu le 11 septembre, rappelez, c'était la fin de l'histoire,
00:11:00 selon M. Fukuyama, l'Amérique était unique.
00:11:04 On ne parlait même pas du monde multipolaire, et puis il s'est passé ce qui s'est passé.
00:11:08 Et aujourd'hui, nous sommes sous la présidence d'Unter Biden.
00:11:12 Il était à Hanoi, il y a encore deux jours, il prononçait un discours, et on entend ça.
00:11:18 Je suis en train de suivre mes ordres.
00:11:26 Il a un plan de jeu, il a peut-être un plan de jeu, il n'a pas partagé avec moi.
00:11:32 Mais je vous dis, je ne sais pas de vous, mais je vais me coucher.
00:11:36 Voilà, je suis les ordres, je ne sais pas ce que vous allez faire vous, mais moi je vais au lit.
00:11:42 Il a interrompu sa conférence de presse, et on se dit,
00:11:46 attendez, l'Amérique des années 2000, 2000 et même avant, depuis 1945,
00:11:52 l'Amérique surpissante, et aujourd'hui le président américain, l'actuel président américain,
00:11:58 Joseph Rominette Biden, obligé, mais ce n'est pas la première fois, d'interrompre ses conférences de presse.
00:12:04 Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui s'est passé, Alexandre Delval ?
00:12:07 - C'est sûr qu'il n'y a pas votre pêche sans vouloir vous faire de compliments, cher André.
00:12:12 Et ça, bon, ce n'est pas de sa faute, mais ça ne gêne pas tant que ça, finalement,
00:12:17 le système, ou on l'appelle, certains disent, le "deep state", le système, moi je dirais...
00:12:21 - L'état profond. - L'état profond, moi je dirais même,
00:12:24 le pouvoir dans sa complexité, car un pouvoir n'est jamais unique, basé sur une personne,
00:12:29 même en Russie ou même en Corée du Nord, c'est légèrement plus complexe qu'un seul homme,
00:12:33 même quand il y a un seul homme, apparemment, on commande.
00:12:36 Donc, ce n'est pas ça le plus choquant, il a son âge, il a son état de santé.
00:12:40 - Qu'est-ce qui est le plus choquant, alors, à votre avis ?
00:12:42 - Ce qui est choquant, c'est qu'il veuille se représenter,
00:12:46 comparément, si on compare d'ailleurs avec M. Trump, Trump est beaucoup plus frais au même âge,
00:12:50 parce que ce qui compte, ce n'est pas l'âge d'un quart d'identité, c'est l'âge d'Even,
00:12:54 et cet homme a de... et je ne veux pas me moquer de lui, d'ailleurs, a beaucoup d'absence,
00:12:58 à un moment, il cherchait sa mère, qui était morte depuis 12 ans, c'était il y a quelques années,
00:13:02 une autre fois, il atterrit dans un endroit, il ne savait pas dans quel pays il était,
00:13:06 c'est quand même assez grave, quand on est à la tête de la première puissance mondiale,
00:13:10 qui en plus livre des guerres un peu partout dans le monde, sans parler de celle qu'elle a suscité,
00:13:14 en disant que ce n'est pas elle, et donc c'est assez inquiétant,
00:13:18 mais en fait, finalement, il y a un système, il y a une bureaucratie, un deep state,
00:13:22 et un système qui fonctionne assez bien, et qui contrairement à ce qu'on a dit pendant des années,
00:13:26 ce ne sont pas des néo-conservateurs républicains,
00:13:30 les vrais néo-conservateurs viennent de la gauche américaine,
00:13:34 - Des démocrates ! - Et ce sont souvent des démocrates, ou des anciens gauchistes durs,
00:13:38 redevenus néo-conservateurs, et ont fait croire qu'ils sont à droite,
00:13:42 c'est presque par hasard qu'ils ont atterri au parti républicain,
00:13:46 qui a une plus grande tradition d'ailleurs isolationniste, mais en fait,
00:13:50 les vrais néo-conservateurs, qu'on a assimilés à Bush, sont essentiellement autour de Biden.
00:13:54 Pas Obama, qui était beaucoup moins interventionniste, d'ailleurs Obama a essayé de faire la paix
00:13:58 à un moment avec la Russie, il a essayé de faire un reset avec le monde musulman,
00:14:02 il avait quelque chose de relativement sincère dans le pacifisme d'Obama,
00:14:06 le premier Obama, pas à la fin de son mandat, par contre,
00:14:10 M. Biden a accepté et favorisé
00:14:14 toutes les guerres depuis une quarantaine d'années,
00:14:18 c'est vraiment le cow-boy qui fait croire qu'il est un ange pacifique,
00:14:22 mais c'est vraiment quelqu'un qui est aussi radical que George Bush,
00:14:26 et ça c'est inquiétant parce que finalement, ce n'est pas lui le seul radical autour de lui,
00:14:30 il n'y a que des néo-conservateurs, on pourrait parler de Nuland,
00:14:34 ou même Blinken, qui sont très partie prenante dans cette guerre en Ukraine,
00:14:38 parce qu'eux-mêmes, ils sont plus ukrainiens que les ukrainiens,
00:14:42 et eux-mêmes, c'est pas pour les dénigrer, ils ont le droit d'avoir leurs origines, mais quand vous êtes
00:14:46 originaire de pays qui ont des contentieux avec la Russie, cela rejaillit sur votre façon
00:14:50 de faire la politique américaine, et en plus ça sert l'industrie
00:14:54 militaro, le complexe militaro-industriel, juste pour la petite histoire,
00:14:58 Kamala Harris est tout de même la femme de l'ancien lobbyiste
00:15:02 en chef et avocat de la plus grande société de fabrique d'armement
00:15:06 américaine, Leclerc de Martine, donc on voit bien qu'il y a derrière lui, il y a des gens
00:15:10 très sérieux, au sens figuré du terme, derrière lui, qui sont très contents d'avoir
00:15:14 quelqu'un d'ailleurs un petit peu grabataire, ça les arrange. - Alors on va continuer
00:15:18 à en parler, après cette petite pause Alexandre Delval, c'est très
00:15:22 intéressant de savoir surtout où on en est aujourd'hui, entre le G20, entre
00:15:26 les BRICS, Ang Zijiping, Biden dont on a parlé,
00:15:30 Trump et Poutine. Ce septembre 2001, 11
00:15:34 septembre 2023, et nous sommes toujours avec Alexandre Delval,
00:15:38 qui je rappelle sort vers le choc global sur l'artilleur
00:15:42 fin septembre, le 28 septembre à la fin du mois, et on le recevra bien sûr,
00:15:46 mais Alexandre Delval, à l'époque on disait quand même que
00:15:50 oui, ça a été terrible, l'Amérique est effectivement frappée au coeur
00:15:54 à New York, ce n'est pas arrivé depuis la guerre de Session, et même
00:15:58 avant, mais on a dit quand même, il y a eu
00:16:02 la guerre d'Afghanistan, il y a eu l'Irak, il y a eu tout ce que vous savez,
00:16:06 la Libye, toutes les ondes de choc, et puis
00:16:10 on a dit quand même qu'Al Qaïda a été vaincu, même Daesh
00:16:14 a été vaincu, et vous vous dites, attention, Al Qaïda a été
00:16:18 vaincu, non, il y a eu une victoire psychologique qui a duré de l'islasisme
00:16:22 radical et qui perdure jusqu'à aujourd'hui. - Oui, alors on a pas mal
00:16:26 d'universitaires américains, j'incite nos éditeurs
00:16:30 à aller voir sur internet, il y a beaucoup de documentation là-dessus, qui ont constaté
00:16:34 quelque chose d'assez contre-intuitif, depuis le 11 septembre 2001,
00:16:38 on n'a pas vu des musulmans abandonner l'islam, ou des intégristes
00:16:42 devenir modérés par horreur, par indignation de ce qui s'est
00:16:46 passé, on n'a même pas vu des occidentaux devenir assez
00:16:50 critiques sur les textes, dans la mesure où certains textes, pas tous, incitent à la
00:16:54 violence. On a vu un phénomène assez impressionnant, d'accélération
00:16:58 des conversions à l'islam, et pas à l'islam
00:17:02 de l'eau de rose, comme dit Pierre-Rosé Lugos,
00:17:06 pas l'islam qui à un moment était à la mode aux Etats-Unis, il y a pas mal d'études
00:17:10 là-dessus, dans les années 60 il y avait une mode de l'islam soufie, et c'était très sympathique
00:17:14 d'embrasser un islam modéré soufie. Non, après le 11 septembre, on n'embrasse pas
00:17:18 l'islam soufie, on a une accélération chez les musulmans et chez les non-musulmans
00:17:22 y compris des latinos et des blacks protestants et évangéliques, etc.
00:17:26 On a une progression assez fulgurante des conversions à l'islam politique
00:17:30 et à l'islam radical. Je parle même pas du djihadiste, mais à l'islam radical
00:17:34 à l'islam qui veut le califat, l'islam des frères musulmans qui veut le califat
00:17:38 c'est-à-dire c'est l'idéologie d'Al-Qaïda en soft. Donc c'est assez extraordinaire
00:17:42 de voir que plus on tue au nom de l'islam,
00:17:46 et bien plus il y a finalement une victimisation des musulmans
00:17:50 pas que par les musulmans, d'ailleurs souvent c'est des officines antiracistes et wokistes
00:17:54 dont vous parliez avant, et plus il y a finalement une publicité extraordinaire
00:17:58 livrée en faveur de l'islam dont aucune autre religion ne bénéficie.
00:18:02 Est-ce que vous voyez souvent, lorsqu'un catholique fait quelque chose
00:18:06 de condamnable, des gens qui disent "mais le vrai catholisme est merveilleux"
00:18:10 "le vrai catholisme est extraordinaire, le vrai catholisme il est amour et paix"
00:18:14 "l'évangile est un texte extraordinaire" on voit très rarement ce genre de justification
00:18:18 mais à chaque fois que l'on tue au nom de l'islam, et ça arrive pratiquement tous les mois
00:18:22 ou toutes les semaines en France, directement le djihadiste
00:18:26 ou en tout cas si c'est pas un djihadiste, souvent quelqu'un qui est musulman
00:18:30 bien entendu je pense qu'il ne faut surtout pas que ça suscite bien sûr de la haine
00:18:34 et de l'amalgame, le souci de l'amalgame est tout à fait légitime
00:18:38 mais ce qui est impressionnant parfois, après un attentat islamiste
00:18:42 on voit plus de voix s'élever contre le risque de l'amalgame
00:18:46 que contre l'horreur de la personne qui a été massacrée à coup de couteau ou décapitée
00:18:50 et ça c'est assez impressionnant, et c'est la vraie victoire d'Al Qaïda
00:18:54 de susciter un victimisme des musulmans et une absence de remise en question
00:18:58 qui n'aide pas nos amis musulmans à se débarrasser de tout ce qui est radical
00:19:02 ou totalitaire dans certains corpus
00:19:06 je précise, c'est pas l'islam, c'est certains corpus de la charia
00:19:10 - Oui mais alors Alexandre Delval, d'accord, vous dites
00:19:14 c'est intéressant d'ailleurs qu'effectivement on n'a pas constaté un reflux
00:19:18 mais quand même quand on regarde la géopolitique d'aujourd'hui, et vous vous y intéressez
00:19:22 au moins autant que tout le monde, quand même regardez ce qui se passe
00:19:26 en Arabie Saoudite, regardez ce qui se passe avec
00:19:30 l'extraordinaire, les plaques tectoniques du monde qui ont bougé
00:19:34 regardez ce qui se passe quand même dans les territoires où on disait
00:19:38 "le hub de l'islam radical, de l'islamisme radical"
00:19:42 or là effectivement ça change aussi beaucoup, est-ce qu'il n'y a pas là
00:19:46 un réel balancier ? - Il y a les deux, il y a en Iran une société qui est
00:19:50 peut-être la moins islamiste aujourd'hui, qui en a marre d'avoir goûté
00:19:54 - Sauf pour les voiles des femmes - Bien sûr, ils sont chiites, donc je sais que ça n'a rien à voir
00:19:58 avec Al-Qaïda, mais en Iran, ce qui a lancé la mode du radicalisme
00:20:02 islamiste, il y a un ras-le-bol, ça c'est une bonne nouvelle, en Arabie Saoudite
00:20:06 il y a un nationaliste, comme en Égypte ou comme dans les Émirats
00:20:10 qui promeut un modèle anti-islamiste, c'est-à-dire qui est musulman, qui
00:20:14 accepte un modèle musulman même assez conservateur, mais qui ne veut plus
00:20:18 l'exporter comme un virus pour contrer ici le communisme
00:20:22 ou là l'Iran chiite, ça c'est une bonne nouvelle. Par contre, on a un déplacement
00:20:26 du hub, aujourd'hui l'Asie, le sud-est asiatique
00:20:30 est en pleine explosion islamiste, il y a vraiment un succès
00:20:34 extraordinaire de l'islamisme radical, tant politique que djihadiste
00:20:38 - Où ça, par exemple ? - Par exemple, le sud des Philippines, le sud de la Thaïlande
00:20:42 et des états musulmans comme la Malaisie ou l'Indonésie, tous les chercheurs
00:20:46 ont bien constaté depuis des années, et même le Bangladesh qui était beaucoup plus laïque
00:20:50 que son frère le Pakistan, tous ces pays ont connu une radicalisation
00:20:54 islamique, tant par le djihadisme que par l'islamisation politique qui en général
00:20:58 va avec, à chaque fois qu'il y a des campagnes d'attentats contre des blasphémateurs
00:21:02 etc., comme par hasard, quelques temps plus tard, les pays adoptent des lois contre le blasphème
00:21:06 ça montre bien que ça marche, quand les islamistes ont frappé en Algérie
00:21:10 dans les années 80-90, ça a suscité l'ère Bouteflika
00:21:14 qui a fait adopter des lois qui condamnent le blasphème, qui condamnent la conversion au christianisme
00:21:18 donc ça marche, quand les islamistes tuent, ils donnent envie aux états
00:21:22 en place d'adopter des mesures plus conservatrices
00:21:26 en croyant que ça va couper l'herbe sous le pied des islamistes, mais ça aboutit
00:21:30 à l'inverse, et on pourrait parler de l'Afrique, l'endroit où aujourd'hui
00:21:34 il y a rien que le Mali et le Burkina Faso, 20 000 morts en 2 ans
00:21:38 on est à 20 000 morts sur cette petite zone, des zones très rurales
00:21:42 sans parler du Nigeria, aujourd'hui j'en parle de mon livre, même au Mozambique
00:21:46 on a des villages entiers qui sont assaillis par des gens qui viennent du Nord
00:21:50 et à chaque fois 50-60 têtes coupées, personne n'en parle, ça ça n'a aucune importance
00:21:54 dans nos médias, parce que nous en Occident on s'intéresse à l'Ukraine, mais ce qui se passe en Afrique
00:21:58 qui est en pleine décomposition, ça n'a aucune importance pour nous. L'Afrique
00:22:02 paye le tribut le plus lourd au djihadisme, et regardez Tombouctou, le lieu du
00:22:06 soufisme maraboutique de cet islam africain tolérant
00:22:10 un peu imbriqué avec des religions un peu africaines
00:22:14 totémistes, cet islam là est totalement hors la loi
00:22:18 Tombouctou aujourd'hui est prise d'assaut, vous savez qu'il y a un blocus et les autorités
00:22:22 locales n'arrivent pas à dégager ces islamistes qui prennent d'assaut
00:22:26 le pays, et pareil au Nigeria, ça va même jusqu'à la Côte d'Ivoire, des pays qui connaissaient
00:22:30 pas cela. - Donc ce que vous dites Alexandre Delval c'est très intéressant
00:22:34 donc 22 ans après le 11 septembre 2001
00:22:38 au fond il y a effectivement une vague nationalisme
00:22:42 et d'un islam, mais d'un islam qui se veut d'abord nationaliste
00:22:46 et indépendant et pas du tout intégriste et califal
00:22:50 et puis il y a le reste, et le reste est tout aussi important. Donc aujourd'hui
00:22:54 est-ce que c'est match nul ou vous pensez qu'au fond, on peut dire 22 ans aujourd'hui
00:22:58 que la vague islamiste radicale continue
00:23:02 depuis vingt ans ? - Ah oui elle continue parce que finalement le djihadisme a été vaincu
00:23:06 territorialement, ceux qui avaient anticipé Daech bien avant
00:23:10 El-Shishani qui était le numéro 2 de Daech et porte parole et chef de plusieurs
00:23:14 opérations, avait dit "quand nous perdons des territoires, l'occidental
00:23:18 croit que nous avons perdu, mais le seul territoire qui compte il est virtuel
00:23:22 c'est le territoire du Coran et du projet de la charia". Or,
00:23:26 analysé à chaque fois que quelqu'un est tué, que ce soit un gros attentat ou un petit attentat
00:23:30 au couteau dans un lycée, on parle des leitmotifs
00:23:34 on parle de la radicalisation de ce monsieur, il y a même sa maman qui dit qu'il était gentil et d'autres
00:23:38 qui disent "oui il était atterré par l'islam mais il n'était pas criminel" et puis après on va dire
00:23:42 il avait un projet, il croyait au califat, il aimait la charia, il pensait que les femmes musulmanes étaient persécutées
00:23:46 que la France laïque persécutait celles, nos soeurs
00:23:50 pudies qui ne veulent pas être comme toutes ces femmes en minijupes, elles veulent juste être habillées
00:23:54 décemment, elles ont le droit de s'habiller comme elles veulent. Donc cette victimisation
00:23:58 a progressé, c'est extraordinaire. Le résultat d'Al Qaïda
00:24:02 c'est que finalement, la publicité envers cette religion, en mal
00:24:06 qu'on en parle en mal, parce que ça les intéresse aussi, ou qu'on en parle
00:24:10 en bien, c'est quelque chose d'extraordinaire, je pense qu'il faudrait des millions
00:24:14 et des centaines de millions pour avoir l'équivalent en termes de publicité achetée
00:24:18 sauf que là c'est gratuit. Chaque attentat, c'est une pub gratuite envers l'islam
00:24:22 en bien ou en mal, parce que dans le marketing, ce qui compte, regardez Benetton, vous savez
00:24:26 dans les années 90, ils ont été les premiers à faire du marketing crash avec du sang
00:24:30 des choses assez dégoûtantes, et bien c'est ça, le marketing il fonctionne même
00:24:34 quand quelque chose est choquant. Et l'islamisme, plus il tue, plus
00:24:38 il impressionne ceux qui sont fascinés par la violence, et beaucoup de gens sont comme ça
00:24:42 regardez les Corses ou les Basques, leur terrorisme n'a jamais
00:24:46 suscité une prise de conscience et une indignation comparable
00:24:50 à celle que l'on a envers des simples idées d'extrême droite. - Et ça n'a rien à voir.
00:24:54 - Non mais ce qui est assez étonnant, des idées d'extrême droite non violentes, suscitent beaucoup plus
00:24:58 d'indignation, voire même de loi et de condamnation, que certains
00:25:02 actes commis, ou certains soutiens au terrorisme de certains
00:25:06 identitaires anti-Etat, c'est-à-dire l'identité qui est acceptée aujourd'hui, c'est celle du radical
00:25:10 celui qui n'est pas occidental, celui qui est musulman ou qui
00:25:14 parle au nom du Sud global. - En fait ce qu'on peut espérer, mais votre
00:25:18 analyse évidemment en tient, c'est que les terrifiants pépins de la réalité ne soient pas
00:25:22 seulement terrifiants, et que les pragmatiques pépins de la réalité aussi
00:25:26 un peu, non pas l'emporte, mais fassent l'équilibre. En tout cas on en reparlera très
00:25:30 bientôt, Alexandre Delval avec vous, et avec votre prochain livre
00:25:34 vers le choc global, parce que, choc global, voyez, 21, 22
00:25:38 ans après le 11 septembre, et bien le choc est de plus en plus
00:25:42 et de mieux en mieux, hélas, global. - Et il va être global parce que s'il y a une dédolarisation
00:25:46 en cours, il y aura une guerre. L'Amérique fera
00:25:50 100%, de manière certaine, une guerre à ceux qui mettront en oeuvre
00:25:54 la dédolarisation. Ca va être difficile, mais s'il y arrive, ce sera
00:25:58 un des motifs parmi tant d'autres de guerre globale. - Et bien écoutez, voyez, sur ces
00:26:02 Et bien vous l'avez reconnu évidemment, tout cela, la fameuse
00:26:06 AK des Néo-Zélandais, des All Blacks
00:26:10 magnifique, en plus la gestuelle est extraordinaire.
00:26:14 Tout cela est extraordinaire, mais évidemment, alors, et là, nous sommes
00:26:18 très heureux d'avoir retrouvé Sandrine Rousseau, parce que, encore une fois, moi cet été
00:26:22 vous savez, ça m'a un peu manqué, on avait des personnes
00:26:26 comme ça, qui nous apportaient toujours du grain à moudre, mais
00:26:30 tel merveilleux grain, quoi, si le grain ne meurt, disait déjà André Gide.
00:26:34 Et bien, la AK, cette formidable
00:26:38 gestuelle avant le match des Néo-Zélandais,
00:26:42 et bien évidemment, Sandrine Rousseau a réagi, et il fallait que
00:26:46 Sandrine Rousseau réagisse, écoutez. - Si la question que vous me posez, c'est
00:26:50 est-ce qu'un monde où on glorifie et où on met
00:26:54 en exergue des codes virilistes à ce point-là
00:26:58 et qu'on passe complètement sous silence tout ce qui est
00:27:02 compétition féminine, parce qu'on l'a vu, on pourrait parler de la coupe du monde
00:27:06 de foot féminine, etc., oui, enfin, je veux dire, oui !
00:27:10 Quand j'ai vu Emmanuel Macron descendre une bouteille de bière
00:27:14 dans un vestiaire, non ! - Eh bien, oui, oui, oui,
00:27:18 oui, ces codes virilistes, c'est pas possible. Mais Sandrine Rousseau,
00:27:22 vous savez qu'il y a des compétitions
00:27:26 y compris en Nouvelle-Zélande, féminines de rugby.
00:27:30 Le rugby féminin est aussi fort que le rugby masculin, oui, oui, oui,
00:27:34 je vous assure, des femmes, mais oui, ces femmes, et vous avez tellement raison
00:27:38 de les mettre au pinacle, sauf que là, codes virilistes, et vous savez ce qu'elles font ces femmes ?
00:27:42 Eh bien, elles font la AK, vous n'y croyez pas ?
00:27:46 Écoutez.
00:28:02 Sandrine, Sandrine Rousseau, ça vous fait peur ?
00:28:06 Ah oui, oui, ce sont des femmes qui font la AK.
00:28:10 Eh oui, vous voyez, alors c'est pas vraiment un code viriliste,
00:28:14 ça peut être tout à fait autre chose. Intéressant, non ?
00:28:18 Peut-être que ce serait pas mal d'apprendre quelque chose à mots français.
00:28:22 Sandrine Rousseau, vous le connaissez ? Ça s'appelle la nuance,
00:28:26 ça s'appelle l'art de la nuance. Je vous assure que ça ferait du bien
00:28:30 pour vous, comme pour nous.
00:28:34 Oh ça, c'est magnifique, effectivement, c'est une chanson
00:28:38 du Puy du Fou, oui, vous savez, cette extraordinaire saga
00:28:42 du Puy du Fou,
00:28:46 vous êtes évidemment très noble d'être allé, j'y suis allé aussi,
00:28:50 et cette espèce d'aventure qui a commencé il y a plus de 30 ans,
00:28:54 plus de presque 50 ans, Nicolas De Villiers va nous en parler,
00:28:58 et puis qui aujourd'hui, pas seulement aujourd'hui, mais déjà il y a eu
00:29:02 Vili Pandé, et notamment il y a eu une émission
00:29:06 complément d'enquête sur France 2,
00:29:10 qui parlait, qui était un spécial Puy du Fou, qui expliquait que
00:29:14 le Puy du Fou, c'était quelque chose de pas très très très bien.
00:29:18 Pourquoi ? Bonjour Nicolas De Villiers.
00:29:22 - Bonjour André Bercoff. - Alors vous êtes aujourd'hui le patron du Puy du Fou,
00:29:26 fondé par votre père, Philippe De Villiers,
00:29:30 et effectivement, il y a eu
00:29:34 un film à charge, ou à décharge, chacun a des cimes,
00:29:38 enfin, complément d'enquête a attaqué, alors il y a une chose que
00:29:42 je voulais vous demander d'abord Nicolas De Villiers, c'est que dans complément
00:29:46 d'enquête, il y a une partie qui reproche au Parc d'utiliser
00:29:50 ses 4 300 bénévoles pour en tirer profit, c'était la thèse de
00:29:54 complément d'enquête, et j'ai vu que par le biais de votre avocat
00:29:58 Gilles-William Golnadel, elle a l'intention de
00:30:02 porter plainte contre la chaîne publique, donc France 2, pour ses propos
00:30:06 niant le génocide vendéen. Alors, on va parler
00:30:10 des deux sujets, mais pourquoi n'avez-vous pas porté plainte
00:30:14 si vous considérez que c'est une fake news,
00:30:18 une fausse nouvelle sur l'emploi des bénévoles, et expliquez-vous là-dessus si vous voulez bien.
00:30:22 - Ecoutez, c'est très simple, en fait tout le reportage dont vous parlez
00:30:26 utilise le conditionnel, ce qui dans la langue française permet d'éviter
00:30:30 l'affirmation, mais simplement en droit, en justice, vous ne pouvez pas
00:30:34 attaquer quelqu'un qui a dit au conditionnel quelque chose, si on dit par exemple André Bercoff
00:30:38 aurait piqué dans la caisse, vous ne pouvez pas m'attaquer
00:30:42 en justice, mais j'ai quand même sali votre nom, et voyez comme c'est un
00:30:46 procédé assez classique, qui consiste en fait à laisser planer le doute
00:30:50 et à jeter l'opprobre, mais sans jamais prendre le risque justement
00:30:54 du combat judiciaire. Voilà pourquoi il est
00:30:58 effectivement bien difficile d'attaquer une émission comme celle-là,
00:31:02 mais vous savez, France Télévisions paye fort cher des juristes
00:31:06 et tout un tas de conseils, qui sont financés par nos impôts bien sûr, pour se défendre
00:31:10 en amont contre ce type d'attaque. - Alors Nicolas De Villiers
00:31:14 juste pour votre réponse quand même, non judiciaire,
00:31:18 mais sur les bénévoles, parce qu'on sait très bien que le Puy du Fou
00:31:22 a été fait depuis très longtemps et depuis toujours, il y a des milliers de salariés
00:31:26 des centaines, et puis il y a des milliers de bénévoles qui sont là
00:31:30 alors est-ce que peut-être pour les auditeurs éclaircir un tout petit peu
00:31:34 - Bien sûr, c'est très simple, nous avons une association qui est à l'origine
00:31:38 du Puy du Fou et qui est toujours là 45 ans après la naissance du Puy du Fou,
00:31:42 dans laquelle nous sommes 4300 bénévoles, nous portons un spectacle
00:31:46 qui s'appelle la Ciné-Céni, qui est le premier spectacle du Puy du Fou, qui a fait son succès
00:31:50 et cette association elle a sa propre billetterie, sa propre comptabilité, sa propre vie
00:31:54 elle a donné naissance à une filiale qui est une société, une SAS
00:31:58 et qui elle emploie aujourd'hui 2500 personnes, puis
00:32:02 cette SAS a d'autres filiales, y compris à l'étranger, ce qui nous permet
00:32:06 d'employer au total plus de 3500 personnes dans le grand Puy du Fou
00:32:10 avec ses filiales étrangères, donc on a cette immense fierté
00:32:14 d'être une association qui a gardé la propriété
00:32:18 de l'ensemble du Puy du Fou et en plus qui a créé des emplois
00:32:22 et qui ne génère aucune remontée de dividendes
00:32:26 pour aucune personne physique, c'est-à-dire que ni le créateur du Puy du Fou
00:32:30 ni moi-même le président du Puy du Fou, ni aucun dirigeant du Puy du Fou
00:32:34 ne touche de dividendes, et je dirais même mieux que ça parce que vous me donnez la parole
00:32:38 nous avons fait don de nos droits d'auteur sur les spectacles que nous créons
00:32:42 qui donnent lieu par la loi à de la propriété intellectuelle
00:32:46 et c'est un fait assez rare, je dois le reconnaître, qui sans doute
00:32:50 a excité France Télévisions, et bien nous avons fait don de ces droits
00:32:54 d'auteur, de ces droits patrimoniaux, on appelle ça, c'est-à-dire de l'argent qu'on pourrait toucher
00:32:58 sur les scénarios, mon père comme moi-même, à une association qui s'appelle
00:33:02 Puy du Fou Stratégie, qui est d'ailleurs mentionnée en long et en large,
00:33:06 sur notre site internet, on en présente tous les aspects depuis bien des années
00:33:10 donc il n'y avait pas besoin de faire un complément d'enquête pour le découvrir
00:33:14 et cette association Puy du Fou Stratégie a vocation à protéger le Puy du Fou
00:33:18 contre toute forme de prédation, puisque justement, ça ne sont pas
00:33:22 nos éants droits qui vont hériter de droits financiers sur les oeuvres, il n'y a aucun
00:33:26 droit financier sur les oeuvres, tout ça a fait l'objet d'un don, et nous sommes
00:33:30 dans ce cadre parfaitement bénévoles, donc oui, il y a d'autres moteurs dans la vie
00:33:34 que le seul moteur de l'argent, en effet, je vous dis ça en le prouvant
00:33:38 à travers les actes que nous avons posés depuis des années, et je suis bien désolé
00:33:42 que des journalistes de France Télévisions aient une vie bien trop triste pour penser
00:33:46 que tout acte dans la vie doit être marchandisé, eh bien non, on peut
00:33:50 poser des actes gratuits, qui soient des actes peut-être plus nobles que les actes monétarisés
00:33:54 - Nicolas Devilliers, non mais il est bon d'éclaircir tout cela, les dons
00:33:58 vous les donnez à des associations, enfin les dons dont vous parlez là ?
00:34:02 - En fait, à partir du moment où nous avons apporté notre patrimoine immatériel
00:34:06 qui sont la propriété intellectuelle du Puy du Fou
00:34:10 eh bien, ça ne génère pas d'argent, ça génère simplement
00:34:14 que cette association Puy du Fou Stratégie devient actionnaire
00:34:18 elle est devenue actionnaire il y a maintenant plus de 10 ans, de la SAS
00:34:22 du Parc et de l'ensemble du groupe, pourquoi ? Pour que justement le Puy du Fou
00:34:26 soit propriétaire de cette propriété intellectuelle, et que les auteurs
00:34:30 ne puissent plus y toucher, et ainsi les bénévoles Puy Follet
00:34:34 sont les vrais propriétaires, non seulement affectifs mais même juridiques du Puy du Fou.
00:34:38 - Et donc simplement, pour terminer Nicolas Devilliers, on en reparlera de toute façon
00:34:42 enfin, on se demande si on vous a fait un bon ou un mauvais procès
00:34:46 ça on peut vraiment se poser la question
00:34:50 vous salariez combien de personnes aujourd'hui ?
00:34:54 - Alors, 2500 en France, 800 en Espagne, 50 aux Pays-Bas
00:34:58 et dans quelques autres pays dans lesquels nous préparons des projets, il y en a encore une centaine
00:35:02 donc vous voyez, c'est un nombre considérable de gens qui sont pour
00:35:06 800 d'entre eux en France des intermittents du spectacle, donc nous sommes fiers
00:35:10 de dire que le bénévolat a créé des emplois, y compris pour les intermittents
00:35:14 du spectacle, mais vous savez, est-ce que nous sommes un exemple isolé ? Je ne crois pas
00:35:18 tous les festivals, la coupe du monde du rugby et tous les grands événements sportifs français
00:35:22 vivent grâce au bénévolat, le Puy du Fou n'est pas une exception, il faut se réjouir
00:35:26 qu'il y ait en France encore des bénévoles, moi je préfère voir nos jeunes
00:35:30 qui se donnent, qui donnent du temps, de leur talent, de leur énergie, qui se découvrent une vocation
00:35:34 bien souvent grâce au bénévolat et qui parfois d'ailleurs débouchent sur un emploi
00:35:38 cette vocation-là, plutôt que de les voir détruire des voitures
00:35:42 ou casser quoi que ce soit, vous voyez, je pense que c'est très sain que notre pays
00:35:46 conserve cet esprit de bénévolat. - En tout cas, le Puy du Fou continue et le Puy du Fou
00:35:50 on le sait, a un succès phénoménal et moi je dirais
00:35:54 personnellement, mérité. Merci Nicolas Devilliers. - Merci à vous.
00:35:58 - Il crie "vaccinez-moi, vaccinez-moi" alors il y a eu hier
00:36:02 quand même quelque chose de très intéressant, c'est toujours de l'ordre du symbole
00:36:06 et encore une fois, nous ne prenons aucun parti entre les Vax, les Anti-Vax, les Néo-Vax
00:36:10 et Archéo-Vax. Novak Djokovic
00:36:14 vous connaissez Novak Djokovic, on ne va pas vous le présenter
00:36:18 il s'est adjugé hier son quatrième US Open en dontant
00:36:22 en finale, Danil Medvedev, égalant ainsi le record
00:36:26 absolu de 24 titres du grand chelem de l'australienne Margaret
00:36:30 Court. Je rappelle que Novak Djokovic était pendant
00:36:34 deux ans interdit de séjour aux Etats-Unis parce qu'il avait refusé
00:36:38 de se faire vacciner. Mais pourquoi on prend ça ? Parce que
00:36:42 de temps en temps c'est vrai, le hasard objectif, il y a comme ça des retournements
00:36:46 des moumerangues, car qui est l'un des partenaires
00:36:50 principaux de l'US Open ? Eh bien c'est le vaccin Moderna.
00:36:54 Eh oui ! Et imaginez que Novak Djokovic il a refusé
00:36:58 le vaccin Moderna comme faisait ou autre, franchement, pas sérieux ça.
00:37:02 Oui mais lui il considère son corps comme son principe, au-delà du travail
00:37:06 et il s'est dit voilà, moi je refuse ce vaccin
00:37:10 et bien il a été expulsé d'Australie, il a été expulsé, il a été en semaine
00:37:14 en rétention, rappelez-vous, et puis les Etats-Unis étaient interdits. Puis maintenant c'est fini
00:37:18 l'interdit a été levé et voilà, t'il pas que le non-vacciné
00:37:22 incroyable quand même, mais où est-on enfin ?
00:37:26 Dans quel monde vivons-nous ? Eh bien il gagne son 4ème US Open
00:37:30 Voilà, et Moderna, bah écoutez, il devait être
00:37:34 très content de lui remettre, je ne sais pas s'il y avait un prix de sponsoring, mais voilà
00:37:38 au grand désespoir ou espoir de chacun, mais voyez
00:37:42 les histoires ont toujours une symbolique
00:37:46 et une morale, ça fait partie effectivement de l'histoire.
00:37:50 Et dans ce Face à Face aujourd'hui, André Bercoff reçoit Bernard Lecherbonnier, professeur
00:37:54 et auteur de ce livre. Philippe Rossillon, l'inventeur de la francophonie, s'est aux éditions
00:37:58 Descartes et compagnie. Bonjour. - Bonjour, André Bercoff.
00:38:02 Alors Bernard Lecherbonnier, un livre vraiment qui vient à son heure, parce que
00:38:06 aujourd'hui on a la pression justement à la francophonie, à l'heure où
00:38:10 Mohamed VI refuse
00:38:14 de prendre Macron au téléphone, à l'heure où quand il va aller au Brics
00:38:18 ça ne marche pas, à l'heure où on ne sait plus s'il y a
00:38:22 une culture française ou si encore, voilà, le prestige
00:38:26 de la France, lequel est-il ? Vous nous rappelez, et vous nous rappelez dans ce livre
00:38:30 des choses essentielles. Juste, je rappelle que
00:38:34 en 2022, sur 112 pays et territoires, 321 millions
00:38:38 de locuteurs en français, dont 250 millions
00:38:42 en font un usage quotidien, aujourd'hui, la francophonie. Depuis
00:38:46 4 ans, 21 millions de personnes supplémentaires parlent le français,
00:38:50 sur une progression de 7% depuis 2018. 5ème langue mondiale
00:38:54 après l'anglais, le chinois, l'indien et l'espagnol, une langue parlée sur tous les continents
00:38:58 etc. Et oui, on nous parle en même temps, voilà,
00:39:02 c'est fini la francophonie, et vous nous rappelez, Philippe Rossillon.
00:39:06 Alors, qui est ce Philippe Rossillon, inventeur de la francophonie ? Et dites-nous
00:39:10 son combat, Bernard Lecherbonnier. - Philippe Rossillon a été chargé
00:39:14 en 1968, d'une
00:39:18 mission extraordinaire, à savoir de créer les institutions
00:39:22 francophones. Les institutions francophones, aujourd'hui, ça s'appelle l'Organisation Internationale de la
00:39:26 Francophonie. - C'était le Haut Comité... - Alors ça s'appelait le Haut Comité
00:39:30 de la langue française. Haut Comité au début pour le rayonnement et l'expansion du français.
00:39:34 Et donc, c'est en 66 que Georges Pompidou lui confie cette
00:39:38 mission, et pendant 7 ans, jusqu'en 1973,
00:39:42 Rossillon va créer, d'une part, la politique de la langue
00:39:46 en France, politique de la langue en France qui n'avait jamais été
00:39:50 reprise en main depuis Richelieu, c'était quand même pas mal, Richelieu... - Ah oui, il n'y avait
00:39:54 plus de politique de la langue. - Ah, il n'y avait plus de politique de la langue, d'un seul coup, il y a une politique de la langue.
00:39:58 On s'aperçoit que la langue, ça doit s'enrichir, que la langue, ça doit se moderniser,
00:40:02 on s'aperçoit que la langue, il faut en tenir, il faut en garantir
00:40:06 la qualité pour les locuteurs, qu'il faut protéger les locuteurs contre d'autres langues
00:40:10 qui peuvent être parasites, c'est la fameuse loi Toubon qui en sortira.
00:40:14 Bref, il n'y avait plus de politique de la langue. Et il recrée la politique
00:40:18 de la langue, pour le plan intérieur, mais également pour le plan extérieur.
00:40:22 Nous sommes donc, en arrivant en 1960,
00:40:26 qu'est-ce qui s'est passé en 1960 ? Décolonisation.
00:40:30 - Eh bien sûr ! - Et Senghor, Bourguiba... - Les indépendants,
00:40:34 ça a fallu qu'il s'y aie. - Voilà, Senghor-Bourguiba, il faut bien quand même qu'on soit
00:40:38 reliés les uns aux autres par quelque chose, nous les Africains, et les Africains avec
00:40:42 l'ancien colonisateur. Même année 1960, le Québec,
00:40:46 le Québec, Révolution Tranquille, le Québec affirme son identité
00:40:50 par rapport au Canada anglais, et les Anglais disent, oui, bon,
00:40:54 les Québécois disent, bien, nous voudrions également être en relation avec les autres
00:40:58 francophones de la planète, et donc en réalité, de partout, à cause
00:41:02 de la décolonisation, à cause de la Révolution Tranquille au Québec, à cause
00:41:06 également du fait qu'il y ait un peu une désorganisation de tout l'espace
00:41:10 francophone, y compris au Liban, que vous connaissez bien,
00:41:14 y compris en Asie, bien entendu, n'oublions pas que c'est
00:41:18 l'époque où Sianouk était en train de courir après le pouvoir. - Le Cambodge, oui.
00:41:22 - Donc, en fait, à toute cette époque, en fait,
00:41:26 en France, il y a une reconstitution d'une politique nationale de la langue,
00:41:30 et à l'extérieur, eh bien, il s'agit de recréer la grande
00:41:34 famille, la grande communauté autour d'un nouveau concept, et Rossillon invente
00:41:38 ce nouveau concept, et de notre part, va donc en faire une institution.
00:41:42 - On va en parler, parce que c'est un personnage tout à fait passionnant,
00:41:46 dont vous faites le portrait, Bernard Lecherbonnier, on va continuer à parler tout de suite
00:41:50 après cette pause. - On continue de parler de francophonie avec Bernard Lecherbonnier aujourd'hui,
00:41:54 qui est notre invité, puis vous, au 0826 300 300, à tout de suite.
00:41:58 - Cercov dans tous ses états et dans ce Face à Face, aujourd'hui, nous accueillons Bernard Lecherbonnier, professeur
00:42:02 et auteur de Philippe Rossillon, inventeur de la francophonie, c'est aux éditions Descartes et compagnie.
00:42:06 - Alors Bernard Lecherbonnier, ce Philippe Rossillon,
00:42:10 est-ce que c'était un rebelle ? Est-ce que c'était... c'est-à-dire, qu'est-ce qu'il animait ?
00:42:14 Qu'est-ce qui faisait courir Rossillon, se dire "Ah là là, c'est parce qu'il a fait
00:42:18 Sciences Po, il a fait l'ENA, il est né, je rappelle, en 1931,
00:42:22 c'est donc la génération qui... Cardegaul arrive au pouvoir,
00:42:26 il avait 26 ans, 27 ans, hein, c'est ça, Cardegaul reprend le pouvoir
00:42:30 en 1958, donc il était gaulliste, vous le racontez dans votre livre,
00:42:34 mais qu'est-ce qui le faisait courir ? Qu'est-ce qui l'animait surtout ?
00:42:38 - Au départ, c'est ce qu'on appelait des jeunes gaullistes, c'est-à-dire des jeunes qui, en fait,
00:42:42 se retrouvaient complètement dans le gaullisme, dans le patriotisme tel que De Gaulle
00:42:46 le décrivait, avec ses valeurs morales, mais qui
00:42:50 se posaient une question, comment, moins de 30 ans, à moins de 30 ans, nous allons pouvoir
00:42:54 survivre à De Gaulle, c'est d'ailleurs le surtitre de son premier livre,
00:42:58 "Patrie et Progrès", et il réunit autour de lui... - Ah, c'était "Survivre à De Gaulle"
00:43:02 - Ah, c'était "Survivre à De Gaulle", qui était vraiment le surtitre, après ça, "Patrie et Progrès",
00:43:06 c'était le programme du parti politique qu'il crée pour répondre à cette question.
00:43:10 Alors, quelle réponse apportait-il à cette question ? Nous sommes en 1958-59,
00:43:14 et donc, à ce moment-là, ces
00:43:18 hommes, qui sont plutôt des hommes de gauche, et même d'extrême-gauche, considèrent
00:43:22 que, malgré tout, c'est une honte d'abandonner l'Algérie. Donc, il crée
00:43:26 un mouvement d'Algérie française socialiste. Et, en fait,
00:43:30 il demande à ce que l'Algérie... - Parce que la gauche était pour l'indépendance de l'Algérie.
00:43:34 - Absolument. Et alors, eux, donc, et donc, Rossillon et ses copains, dont Chevenement
00:43:38 en particulier, très proche de lui, demandent qu'on réfléchisse
00:43:42 quand même avant d'aboutir à la grande séparation. Et
00:43:46 donc, Rossillon, qui est plutôt de gauche, ainsi que tous ses camarades,
00:43:50 pense que si la France devenait socialiste, et si l'Algérie devenait
00:43:54 socialiste, on pourrait faire une grande république socialiste. À ce moment-là,
00:43:58 il s'illusionne sur ce qu'est une république socialiste. - Il disait en fait qu'il voulait
00:44:02 l'Algérie reste française et on devient socialiste. - Et devienne socialiste, et qu'en
00:44:06 réalité, les Français, les Algériens, soient des camarades à l'intérieur d'une
00:44:10 république complètement repensée. Ce qui était une utopie absolue.
00:44:14 Mais, ce qui est intéressant, dans la mesure même où, en fait,
00:44:18 ils disent, on a le droit de dire ce que l'on veut, on a le droit de penser ce que l'on
00:44:22 veut. Et ce qui est intéressant, c'est de voir que De Gaulle n'interdit pas la
00:44:26 réflexion, qui va également dans ce sens-là. Et donc, ce mouvement,
00:44:30 en 6-7 ans, va faire naître énormément de
00:44:34 talents pour insérer d'abord à la haute administration,
00:44:38 chez même des politiques, des gens qui
00:44:42 s'en rapprochent, comme Charbonnel, etc. Et ce mouvement,
00:44:46 va, en fin de compte, se dissoudre
00:44:50 en 1965, et le jeune Rossillon,
00:44:54 qui est un haut fonctionnaire, qui était narco-fonctionnaire,
00:44:58 va sembler être l'homme de la situation à
00:45:02 De Gaulle, Pompidou et Michel Jaubert, pour prendre en main
00:45:06 cette fameuse politique nationale de la langue en France. - Alors, attendez,
00:45:10 l'idée est venue de De Gaulle, Pompidou et Jaubert,
00:45:14 ils se sont dit, il faut s'occuper du français, de la langue française, de la diffusion
00:45:18 de la vie de la langue française, ou c'est Rossillon ? Enfin, comment
00:45:22 Rossillon s'est imposé comme l'homme de la situation ? - D'abord, Rossillon est proche
00:45:26 de Pompidou, il est proche de tout ce milieu, puisqu'ils partent
00:45:30 de la même génération, ils ont fréquenté les mêmes écoles, ils se connaissent depuis l'âge de 18 ans,
00:45:34 bon, ainsi de dire, bon. Et c'est...
00:45:38 L'idée de Rossillon, c'est de dire, effectivement, les anciens combats,
00:45:42 si l'Algérie oubliant, allons vers les nouveaux combats, et les nouveaux combats,
00:45:46 ça va être, effectivement, de reforcer la France dans ce cas-là,
00:45:50 de plus talentueux, de plus anciens, de plus profonds, de plus identitaires,
00:45:54 dont la langue. Et donc ainsi, Rossillon va proposer
00:45:58 à Pompidou et à Jaubert en particulier,
00:46:02 de créer ce fameux Haut Comité de la langue française.
00:46:06 Et quand le Haut Comité va être créé
00:46:10 solennellement par Pompidou, - 66, non ? - 66, mars 66,
00:46:14 à ce moment, mars-avril 66, la fameuse phrase
00:46:18 de Pompidou le baptise "Ce doit être une croisade pour la langue française".
00:46:22 - Oui, c'est ça, c'était le mot de Pompidou lui-même, etc.
00:46:26 En fait, c'était non pas un substitut, mais peut-être une augmentation
00:46:30 du champ des possibles pour Rossillon, en disant, voilà, je me suis battu pour peut-être
00:46:34 une France socialiste avec l'Algérie, etc.
00:46:38 Bon, c'était d'utopie, ça ne s'est pas fait, bon. Mais,
00:46:42 la France doit continuer, dans tous les pays, à vocation internationale,
00:46:46 par la langue aussi. - Absolument, c'est l'union nationale. Chez Rossillon, jusqu'à la fin de sa vie,
00:46:50 ça va être l'union, l'union, l'union. L'union d'une part nationale,
00:46:54 l'union des francophones, et puis, à la fin, dans sa dernière partie de son existence
00:46:58 militante, ça va être l'union des latins, puisque après avoir été le patron
00:47:02 du Haut Comité de la langue française, il passera les 15 dernières années
00:47:06 à la tête de cet organisme incroyable, l'Union latine, dont il souhaitait faire
00:47:10 le pendant de l'Union européenne. - Oui, c'est fou. Ça aussi, une utopie,
00:47:14 pour le moment, en tout cas. - Ça a très bien marché tant qu'il était là, et tant qu'il y mettait
00:47:18 son énergie, ses moyens. Bon, la francophonie a
00:47:22 demeuré à travers les institutions, mais pas, effectivement, l'union latine, qui s'est effondrée
00:47:26 peu à peu après. - Mais, vous voyez, vous me donnez l'idée, peut-être, qu'au lieu de mettre
00:47:30 "les français parlent au français" comme générique de mon émission, je mettrais "les francophones parlent au francophone"
00:47:34 parce que nous sommes écoutés en Afrique, nous sommes écoutés au Québec, en Suisse,
00:47:38 et un peu partout en Belgique, donc c'est vraiment intéressant.
00:47:42 Et alors, comment ça s'est passé ? Je veux dire, quels obstacles
00:47:46 ou quelles alliances a-t-il tissé ? Vous racontez dans votre livre, Bernard, mais c'est bien
00:47:50 que je recommande, lisez-le, pour tous ceux qui s'intéressent à la langue française.
00:47:54 Et qui a dit ? Quel écrivain a dit ? Vous savez, c'était
00:47:58 un écrivain algérien, je me rappelle, avait dit "mon exil, c'est la langue française"
00:48:02 et l'autre avait dit "ma patrie, c'est la langue française".
00:48:06 Il y a deux grands écrivains. Il y a un écrivain qui appartenait au FLN,
00:48:10 c'était Katabiasin, et Katabiasin a dit "le français,
00:48:14 c'est le tribut qu'on a réussi à leur arracher" - Le butin de guerre.
00:48:18 - Le butin de guerre. Et Camus a dit "ma vraie patrie, c'est la langue".
00:48:22 - C'est absolument. - Alors donc, en réalité, c'est intéressant de voir que les deux
00:48:26 parties n'ont pas opposé, d'ailleurs, face à face, on peut le dire,
00:48:30 parlent du même langage, mais... Non, et rassurant, à quoi s'est-il heurté ?
00:48:34 - Il s'est surtout heurté à l'administration française.
00:48:38 - Ah ouais ? - C'était l'administration. Par exemple... - Il a empiété sur des
00:48:42 territoires, non ? - Il a empiété d'abord sur le territoire de l'éducation nationale,
00:48:46 qui se dirait qu'il n'avait strictement rien à faire là-dessus, alors qu'il voulait, lui,
00:48:50 et c'est ce qu'il a fait, créer des commissions de terminologie afin que le français scientifique
00:48:54 s'enrichisse à mesure que des inventions se faisaient.
00:48:58 Et ça, il y est arrivé, en faisant des pressions multiples et variées,
00:49:02 en créant des institutions, des commissions.
00:49:06 D'autre part, il s'est heurté à l'éducation nationale, qui a toujours refusé
00:49:10 qu'on s'occupe de la langue, tant elle qu'elle était enseignée.
00:49:14 Et là, c'est un échec, il n'a jamais réussi à entrer dans ce bastion, bien malheureusement,
00:49:18 entre nous, vu ce qui se passe actuellement.
00:49:22 Et puis après ça, il s'est beaucoup heurté à l'ORTF,
00:49:26 puisqu'en fin de compte, ce qu'il voulait, c'était que les journalistes
00:49:30 parlent français, et qu'on évite donc
00:49:34 le jargon technocratique, les anglicismes, etc.
00:49:38 - Il doit se retourner dans sa tombe, là, Philippe Rossillon !
00:49:42 - Oui, mais en fait, il a quand même réussi, à travers la loi Balloriol
00:49:46 de 1972, et qui ensuite est devenue la loi Toubon, pendant un certain
00:49:50 temps, à créer une sorte de barrage, au moins au niveau publicitaire.
00:49:54 - Oui, d'accord. Mais au niveau de la langue, c'est très difficile, d'ailleurs.
00:49:58 C'est vrai d'éviter les anglicismes, même nous aussi, hélas, on y succombe
00:50:02 quelquefois. Et c'est quelqu'un, au fond,
00:50:06 qui a mené aussi, il faut le rappeler,
00:50:10 il était maire de Bénac, il vit à Périgord,
00:50:14 etc. Et ça comptait pour lui beaucoup, cet enracinement local.
00:50:18 - C'était le Périgordin pur ! D'ailleurs, il aimait bien, pendant
00:50:22 les dîners multiples, y compris officiels, se mettre à parler comme un paysan
00:50:26 Périgordin, il trouvait ça très bien. C'était pas un jacobin.
00:50:30 Moi, j'ai beaucoup travaillé sur les archives du Haut Comité,
00:50:34 j'ai retrouvé nombre de propositions de Rossillon
00:50:38 concernant les langues régionales. Il considérait qu'il fallait revenir sur cet interdit
00:50:42 des langues régionales, et en fait, retrouver une paix
00:50:46 entre le français et les langues de France.
00:50:50 Et c'est intéressant, parce qu'aujourd'hui, Paul de Sinetti, qui dirige
00:50:54 la délégation générale à la langue française au ministère de la Culture, et qui est l'organisme
00:50:58 qui descend de Rossillon, en a fait
00:51:02 un objectif fondamental. - Un cheval de bataille ! - Oui, il s'appelle d'ailleurs
00:51:06 la délégation à la langue française et aux langues de France
00:51:10 pour considérer que tout approvrissement du patrimoine
00:51:14 culturel est un approvrissement de la France.
00:51:18 - On va en parler tout de suite après cette pause. - Dites-nous si vous voulez
00:51:22 nous écrire à propos de vos langues régionales, on est aussi en direct sur Youtube.
00:51:26 Vous pouvez nous suivre sur Youtube en vidéo ou sur le Facebook Live, et puis bien sûr au 0826 300 300
00:51:30 pour réagir tout de suite. Sud Radio, on accueille aujourd'hui Bernard Lecherbonnier
00:51:34 qui est auteur de ce livre. Philippe Rossillon, inventeur de la francophonie, c'est aux éditions Descartes.
00:51:38 - Alors effectivement, Bernard Lecherbonnier,
00:51:42 on pourrait se poser des questions, on voit des chiffres, bon, évidemment, des chiffres intéressants
00:51:46 au sein de l'Union européenne, la français est la deuxième langue vivante étrangère
00:51:50 des enseignements primaires et secondaires, deuxième langue la plus enseignée
00:51:54 après l'anglais, etc. Sauf que moi j'ai une question, je vais la poser
00:51:58 un peu brutalement, mais quand même, est-ce qu'on parle français à l'école
00:52:02 aujourd'hui, en tout cas, est-ce qu'il n'y a pas un problème de niveau
00:52:06 de la langue française, déjà récent, depuis quelques décennies ?
00:52:10 - Il y a un niveau d'apprentissage
00:52:14 de la langue française, c'est-à-dire qu'il y a un problème en France et un problème dans la francophonie,
00:52:18 tout à fait le même. Au niveau de la francophonie, notamment de la francophonie africaine,
00:52:22 le grand problème c'est l'alphabétisation. On s'étonne, par exemple,
00:52:26 que le Mali, le Burkina, le Niger aient basculé. Mais regardons ce qui s'est passé.
00:52:30 Dans ces pays, on est à moins de 30%
00:52:34 de personnes qui comprennent le français, et on est à 15% d'alphabétisation.
00:52:38 Donc ces pays ont déjà basculé, au moment où
00:52:42 il y a la bascule politique, la bascule linguistique s'est déjà produite.
00:52:46 Et donc, en fait, on s'aperçoit que
00:52:50 dans l'ensemble de l'Afrique francophone, on doit être
00:52:54 sur un taux d'alphabétisation autour de 50%, qui n'a pas bougé
00:52:58 d'ailleurs depuis des décennies. Mais il ne progresse pas
00:53:02 non plus, et que s'il continue d'y avoir
00:53:06 cette chaîne de coups d'État, on peut imaginer que
00:53:10 cette francophonie devienne une francophobie, et on ne sait pas ce que le français
00:53:14 va devenir. En France, c'est un autre problème. En France, c'est un
00:53:18 effondrement de l'apprentissage à l'école.
00:53:22 Je dirais, après l'alphabétisation, apprentissage à l'école.
00:53:26 - Effondrement dans quel domaine ? A quel niveau, je dirais ?
00:53:30 - Au niveau de
00:53:34 l'usage de la langue écrite en particulier. Actuellement,
00:53:38 on doit être le 22ème ou le 23ème pays au niveau de l'OCDE, au niveau
00:53:42 de la qualité de l'apprentissage de la langue dans notre pays.
00:53:46 - De notre propre langue. - Alors que pendant toute
00:53:50 la République, on a toujours été le 2ème, 3ème de l'ensemble de tous
00:53:54 les pays développés. Donc aujourd'hui, on est de plus en plus bas.
00:53:58 Le nombre de fautes par dictée, par les élèves,
00:54:02 est absolument hallucinant. Le nombre de fautes a doublé depuis 30 ans.
00:54:06 - Fautes d'orthographe, etc. - Fautes d'orthographe, faute de grammaire,
00:54:10 c'est-à-dire qu'on doit arriver aujourd'hui
00:54:14 à 30-40 fautes pour une dictée de 60 mots, 70 mots,
00:54:18 quelque chose comme ça. Et ça s'effondre de plus en plus.
00:54:22 Et là, la grande difficulté, c'est qu'on ne voit absolument pas comment l'on peut
00:54:26 s'en sortir. Alors bien entendu, certains disent qu'il faudrait simplifier le français. Bien entendu,
00:54:30 c'est la meilleure solution. - Nous sommes à vol à bucs,
00:54:34 comme dit Laurent. - De supprimer le thermomètre,
00:54:38 ça règle les problèmes. Donc oui, en fait, au niveau de la
00:54:42 francophonie, c'est l'âge d'habitisation qui est le problème numéro un,
00:54:46 et en France, c'est le problème de l'apprentissage du français. - Mais alors qu'est-ce qu'on peut faire, à votre avis ?
00:54:50 Vous qui avez suivi ça depuis toujours, est-ce qu'on va rester
00:54:54 avec cet effondrement de la langue de l'expression ? Et vous savez très bien,
00:54:58 cet intruisme, ça renvoie à la pensée. Qui n'a pas suffisamment les mots
00:55:02 pour s'exprimer, comment voulez-vous qu'il ait une pensée, je ne dis même pas complexe,
00:55:06 mais une pensée nuancée, quoi ? - Si ce n'est pas la priorité d'un ministère
00:55:10 de l'Education nationale, rien ne se fera. Moi, je me dis qu'à la fin du 19e
00:55:14 siècle, les français étaient à peine
00:55:18 alphabétisés. Et donc, en 1870,
00:55:22 1880, il y a des gens extraordinaires autour des Ferry, des Grévy,
00:55:26 de toute cette troisième république qui croyait à la nation,
00:55:30 qui croyait donc à la force d'une nation, et en fait, on a appris le français
00:55:34 tout simplement à des garçons qui sont des fameux
00:55:38 usards de réplique, des fameux instituteurs. C'est une question
00:55:42 de volonté politique. Et on s'aperçoit que dans beaucoup de pays, la langue peut
00:55:46 effectivement mieux s'apprendre à la condition que quelqu'un le veuille. Est-ce que
00:55:50 quelqu'un le veut aujourd'hui en France ? - C'est une vraie question,
00:55:54 et elle s'adresse effectivement au prince qui nous gouverne, au pluriel,
00:55:58 qu'il soit de droite, de gauche ou d'ailleurs, mais vous le sentez comme une
00:56:02 espèce de... ça peut être corrigé, ça peut être... parce que,
00:56:06 eu égard à l'état des forces, à l'état des lieux
00:56:10 aujourd'hui, Bernard Le Charbonnier, est-ce que ça peut être corrigé ?
00:56:14 Je dirais, est-ce que cette espèce d'effondrement peut être arrêtée ou c'est trop tard ?
00:56:18 - Je pense qu'il peut être arrêté, mais c'est totalement une question de volonté
00:56:22 politique. Regardons les programmes politiques des
00:56:26 partis politiques par rapport à la langue. Ça, c'est quand même intéressant.
00:56:30 Aujourd'hui, on a d'excellentes... une excellente volonté
00:56:34 chez les républicains. Comment ça se traduit ? Quelles sont leurs propositions ? On voudrait le savoir.
00:56:38 Aujourd'hui, très curieusement, ce que je vais vous dire va vous étonner, le seul parti politique
00:56:42 qui a vraiment un programme construit, solide et
00:56:46 efficace par rapport à ça, c'est le désinsoumis.
00:56:50 Mélenchon a écrit un très très bon programme sur la langue française.
00:56:54 Il y a... c'est Bernard Cassen, qu'on connaît bien, qui était
00:56:58 au monde diplomatique, qui venait d'Attaque, qui a écrit ce programme-là
00:57:02 pour les insoumis. C'est remarquable. Donc en fait, c'est tout à fait étonnant de voir que
00:57:06 ça va être aux extrêmes, au Rassemblement National, chez les insoumis, qu'on va avoir
00:57:10 au moins l'expression de quelque chose. - Des défenseurs de l'expression.
00:57:14 C'est intéressant, oui, parce que d'un autre côté, ils disent "mais est-ce que ça..."
00:57:18 Oui, mais quand on accueille des millions de gens ou des milliers de gens qui parlent pas du tout français,
00:57:22 c'est aussi un problème, ça. Je veux pas lier à l'immigration, mais...
00:57:26 - C'est la condition. Pourquoi ne pas prendre les bonnes mesures ? On connaît les mesures.
00:57:30 Prenons par exemple un pays comme la Finlande. La Finlande qui réussit tout en matière
00:57:34 d'éducation. La Finlande, qu'est-ce qu'elle fait ? Quand les enfants
00:57:38 viennent du bout du monde, et elles ne connaissent absolument rien du français
00:57:42 et des familles non plus, bien entendu on apprend. Donc le finlandais,
00:57:46 aux petits gamins qui viennent notamment d'Erythrée ou qui viennent de Somalie.
00:57:50 Et qu'est-ce qu'on fait aussi ? On donne les cours aux mamans.
00:57:54 Les mamans doivent apprendre le français aussi. En réalité, il y a des écoles
00:57:58 avec des classes pour mamans, une classe pour gamins, et tout le monde apprend le finlandais.
00:58:02 Et c'est une condition d'intégration. Il y a des solutions.
00:58:06 - C'est intelligent, ça. Écoutez, on va demander aussi ce qu'en pensent nos éditeurs.
00:58:10 Esteban ? - Oui, on va demander ce qu'en pense Philippe, qui nous appelle de Marseille
00:58:14 au 0826 300 300. Bonjour Philippe. - Bonjour Philippe. - Bonjour à tous.
00:58:18 Moi j'ai une question concernant un petit peu la francophonie en général.
00:58:22 Parce qu'on entend un peu des choses contradictoires. D'un côté on dit que grâce
00:58:26 à la démographie africaine, dans quelques années, le français sera une des langues
00:58:30 les plus parlées au monde. Mais dans la pratique, moi je vois assez souvent, même en Afrique
00:58:34 ou en Europe, je ne sais pas du tout ce que je vois, je vois plutôt un effondrement du français.
00:58:38 Même dans des pays en Europe où traditionnellement on trouvait des francophones, comme en Italie
00:58:42 ou en Espagne, là il faut trouver des gens de plus de 50 ans qui parlent français.
00:58:46 Les jeunes ne parlent pas du tout français. Et alors en Afrique, moi ce qui m'inquiète,
00:58:50 alors je vois par exemple au Maroc, le pauvre pays aujourd'hui, qui va se faire rattraper,
00:58:54 un phénomène tout à fait nouveau que je ne voyais pas encore il y a 3-4 ans.
00:58:58 Quand je parle avec des jeunes, dans un cadre professionnel, maintenant spontanément,
00:59:02 ils vont me parler en anglais. Ils ne vont plus du tout me parler. Avant c'était impensable
00:59:06 de ne pas parler français. Maintenant c'est l'anglais. Et je vois un pays comme le Sénégal,
00:59:10 j'en finirai par là, où là j'ai rencontré un ami, un Sénégalais, alors lui il y est
00:59:14 fait un petit peu au problème à la fois de la mondialisation et un peu des problèmes ethniques.
00:59:18 Mais il m'a dit tu verras dans 30 ans au Sénégal, et pourtant on est dans le pays de Sangor,
00:59:22 dans 30 ans au Sénégal, la langue officielle ce sera le Wolof, et pour les échanges extérieurs,
00:59:28 on prendra l'anglais. Mais le français aura disparu. Alors qu'en est-il ?
00:59:32 Combien y aura-t-il de locuteurs français dans 20, 30, 40 ans dans le monde ?
00:59:37 - Bernard Le Charbonnier, partagez un peu vos politiques.
00:59:40 - Actuellement, le chiffre VC est de 321 millions de francophones.
00:59:44 Alors c'est un chiffre qui est établi à partir des statistiques qui sont données
00:59:48 par les États eux-mêmes. On pense que malgré tout c'est pas si faux que ça.
00:59:54 Alors maintenant, vous avez tout à fait raison, dans la mesure où les étudiants ont plutôt
00:59:58 tendance à partir se perfectionner aux États-Unis ou en Angleterre, il est certain que quand
01:00:04 ils reviennent, ils sont acquis à la langue dans laquelle ils ont fait leur formation supérieure.
01:00:09 La preuve en est que les généraux qu'on a vu prendre le pouvoir dans les derniers coups d'État
01:00:14 ont tous fait leurs études aux États-Unis. Donc c'est clair que c'est le risque.
01:00:23 C'est un risque extrêmement grave puisque ce sont les dirigeants, ce seront les dirigeants,
01:00:29 donc les modèles, les exemples par rapport à la jeunesse.
01:00:32 - Ils vont imprimer ça ou ça.
01:00:34 - On a un deuxième auditeur qui nous appelle de Lyon, c'est Serge qui a composé le 0826-300-300.
01:00:40 Bonjour Serge.
01:00:41 - Bonjour Serge.
01:00:42 - Bonjour M. Barkoff, je vous appelle pour une question pour votre invité.
01:00:45 Alors pour préserver du coup la francophonie et déjà pour savoir c'est quoi le danger
01:00:49 qui pèse dessus, n'est-ce pas que l'anglais est devenu la langue des affaires ?
01:00:55 C'est-à-dire que pour avoir un meilleur boulot, un meilleur salaire, on est obligé de travailler
01:01:00 avec des entreprises américaines qui ont beaucoup plus de pouvoir en matière de salaire, etc.
01:01:05 C'est-à-dire que pour un peuple étranger qui veut apprendre une deuxième langue,
01:01:10 il va sûrement favoriser l'anglais dès le début.
01:01:13 Il y a de moins en moins de grosses entreprises françaises à l'international.
01:01:17 Elles sont toujours attaquées, un peu comme l'affaire Alstom et tout.
01:01:21 Je pense que dans le passé, on pouvait travailler chez Alstom en parlant juste français.
01:01:27 Il faudrait apprendre l'anglais pour travailler chez Alstom et autres.
01:01:32 Ou pour le paracétamol et autres.
01:01:35 Est-ce que ce n'est pas le problème, Bernard Enchemounier, l'anglais étant devenu la langue des affaires,
01:01:39 de la mondialisation heureuse comme disait l'autre ?
01:01:44 Il est certain que par rapport aux critères langue des affaires, c'est que le français,
01:01:52 la 4e ou 5e langue du monde des affaires,
01:01:57 l'anglais l'emporte de plus en plus.
01:02:02 Il y a un certain nombre de points d'interrogation. Je ne dis pas de certitude, mais il y a des points d'interrogation.
01:02:07 Le premier point d'interrogation, c'est la résistance des Asiatiques par rapport au tout anglais.
01:02:12 Les Asiatiques font très attention à ce que leur propre élite ne soit pas entièrement anglophone.
01:02:20 Actuellement, la Chine déclare seulement 10 millions de Chinois anglophones.
01:02:26 En Chine même.
01:02:28 Ce qui est politique, on sent bien qu'il y en a plus que ça.
01:02:32 Mais c'est intéressant de voir que les Chinois ne veulent pas qu'Internet en particulier,
01:02:38 et les Japonais encore moins, soient entièrement dominés par la langue anglaise.
01:02:44 Je dirais qu'il y a une protection, peut-être négative,
01:02:48 mais une protection de la part de l'Asie sur le fait que d'autres langues que l'anglais doivent être parlées.
01:02:54 C'est quelque chose qu'on a vu à l'époque de l'Union soviétique.
01:02:58 Il y avait un parapluie contre l'anglais.
01:03:01 Et en fait, tous les pays de l'Est, à cette époque-là,
01:03:04 que ce soit les Russes, les Hongrois, les Bulgares, étaient enseignés en français.
01:03:08 - Mais n'oubliez jamais que le Parti communiste chinois, le parti unique, bien sûr qu'il reste plus que jamais,
01:03:14 envoie ses cadres supérieurs à Harvard.
01:03:17 - Bien sûr, bien sûr.
01:03:19 - On va continuer de parler de francophonie dans un instant avec Bernard Lecherbonnier,
01:03:23 puis vous, au 0826 300 300.
01:03:25 A tout de suite.
01:03:26 Quand on fait dans tous ces états, on continue de parler de francophonie avec Daniel,
01:03:30 qui a composé le 0826 300 300.
01:03:32 Il nous appelle de Gironde. Bonjour Daniel.
01:03:34 - Bonjour Daniel.
01:03:35 - Bonjour messieurs.
01:03:38 - On vous écoute.
01:03:39 - Donc oui, vous parlez de francophonie, ce qui est très bien, j'y suis bien sûr préfavorable.
01:03:44 Mais ce qui m'inquiète, c'est de voir notre belle langue monnière
01:03:51 envahie de plus en plus par des anglicismes.
01:03:55 Employés, gérés, quelques fois inutilement.
01:04:00 Nous avons la traduction directe en français.
01:04:03 Et je vais prendre deux exemples, si vous me le permettez.
01:04:05 - Allez-y.
01:04:06 - Une compagnie aérienne low cost.
01:04:08 Je suis désolé, mais nous pouvons dire à bas coût ou à bas prix.
01:04:12 - Tout à fait.
01:04:13 - Deuxième exemple, sur Internet, il circule des fake news.
01:04:17 Désolé, mais nous pouvons dire false news.
01:04:20 - Certes.
01:04:21 - Je ne pense pas que ce soit dégradant pour nous.
01:04:25 Et je pense que si nous voulons favoriser cette francophonie,
01:04:30 encore faut-il protéger notre langue.
01:04:33 Je ne sais pas si vous êtes allé un jour en Islande.
01:04:36 - Non, non, mais dites-moi.
01:04:37 - Du tout.
01:04:38 Eh bien, je vais vous dire pourquoi.
01:04:40 Lorsque je suis allé en Islande,
01:04:42 les Islandiens m'ont dit, voilà, c'est nous,
01:04:45 nous rejetons tout le monde d'origine étrangère.
01:04:51 - Ah bon ?
01:04:52 - Alors, la traduction, c'est très bien.
01:04:56 Lorsque nous n'annonçons pas la traduction,
01:04:59 nous inventons le mot "Islandais"
01:05:02 qui va effectivement se rapprocher le plus du mot "Anglais".
01:05:05 - D'accord.
01:05:06 - C'est une façon qu'ils ont de protéger leur langue.
01:05:09 J'ai été surpris d'entendre ça dans la bouche,
01:05:11 mais effectivement, ça existe.
01:05:13 Et donc, si nous pouvions,
01:05:15 afin de promouvoir encore mieux la francophonie,
01:05:18 donc l'usage et la beauté de notre langue,
01:05:21 peut-être faut-il employer moins d'anglicismes.
01:05:24 Je crois qu'il y en a, selon le dire du journaliste,
01:05:27 plus de 3000 actuellement, c'est absolument effarant.
01:05:29 - Ah ça, il y en a même plus que ça.
01:05:31 Bernard Le Chabrier, c'est vrai que...
01:05:33 - Ah vous voyez !
01:05:34 - Non mais c'est vrai, ce que dit Daniel,
01:05:36 c'est vrai que...
01:05:37 Il dit ça, mais "by the way", on entend...
01:05:42 Alors non, le plus beau, c'est...
01:05:45 Moi, je me suis frappé, hein.
01:05:46 Ce matin, j'ai appelé 3-4 personnes,
01:05:49 et c'est drôle, ça m'a amené,
01:05:51 parce que je savais qu'on faisait cette émission,
01:05:53 3-4 personnes, j'ai dit "Alors bon, on se voit la semaine prochaine, cool."
01:05:56 Mais là, ils vous disent "cool".
01:05:58 J'ai appelé 3-4 personnes différentes ce matin.
01:06:01 Des gens d'âge différent, d'ailleurs, je le sais.
01:06:03 C'est quand même marrant.
01:06:04 Pourquoi pas "cool", mais ça dit bien ce que ça veut dire.
01:06:08 - Alors, au niveau de l'État,
01:06:11 il y a, à travers la fameuse délégation à langue française,
01:06:16 pour chacun des secteurs d'activité,
01:06:19 que ce soit le commerce, l'armée, le commerce, etc.,
01:06:23 il y a des commissions de terminologie.
01:06:25 Et ces commissions de terminologie,
01:06:27 je crois que c'est 350 terminologues, c'est quand même pas mal,
01:06:31 créent à longueur d'année des équivalents anglais
01:06:35 de termes qui s'introduisent dans la langue française.
01:06:38 Alors, ensuite de ça, ces termes...
01:06:40 - Vous voulez dire créer des équivalents français ?
01:06:42 - Des équivalents français, c'est-à-dire un terme anglais s'introduit dans la langue,
01:06:48 immédiatement, donc la commission de terminologie
01:06:52 propose un équivalent en français.
01:06:55 Et ces équivalences sont intégrées ensuite par l'Académie française comme mot français.
01:07:02 Mais ce qui n'existe pas, c'est l'obligation d'utiliser le terme en question.
01:07:09 - Ah oui, il n'y a pas d'obligation.
01:07:12 - Il n'y a pas d'obligation, c'est ça la grande question.
01:07:14 Alors, parfois le terme, effectivement, est enregistré.
01:07:19 Par exemple, vous dites "ordinateur", pas "computer"
01:07:22 parce que ça a bien marché dès le départ,
01:07:24 et d'un seul coup, les gens ont admis que c'était mieux "ordinateur" que "computer".
01:07:27 Autrement, on dirait "computer".
01:07:29 Donc, un nombre considérable de mots, effectivement, sont déjà intégrés
01:07:33 et ont fait disparaître le terme anglais,
01:07:36 mais il y a une telle avalanche, et c'est là que votre auditeur a raison,
01:07:39 c'est que, malgré tout, personne n'a le temps d'intégrer ces nouveautés,
01:07:44 d'autant plus qu'il n'y a pas d'obligation,
01:07:46 notamment par l'école et par la radio.
01:07:49 - Non mais voilà...
01:07:50 - Et en fait, c'est là que les deux...
01:07:51 - Ben oui, c'est là où vous soulignez l'essentiel,
01:07:53 s'il n'y a pas d'obligation, on ira au plus pressé, au plus simple.
01:07:57 - Voilà. Alors, donc, on ne peut pas dire qu'il n'y a pas un effort terminologique en France,
01:08:00 il est extrêmement important, sauf qu'il est occulté par la paresse intellectuelle
01:08:04 et la paresse, je dirais, de l'appareil d'État, tout simplement.
01:08:08 - Moi, je me suis garé dans le parking, je ne sais pas si je n'ai pas été rengueulé.
01:08:12 - Oui, c'est vrai, "parking", d'ailleurs,
01:08:14 personne ne dit rien d'autre que "parking".
01:08:17 - Mais parfois, des termes entrent naturellement, je dirais, dans la vie.
01:08:24 En plus, les mots ne sont pas non plus éternels.
01:08:27 - Oui, je suis bougé, bien sûr.
01:08:29 - Mais là, c'est clair qu'il y a quelque chose qui est de ressort de l'économique
01:08:34 et du langage technologique, surtout.
01:08:36 Alors, on pourrait en parler, du langage technologique.
01:08:38 - Ce qui fait le problème, c'est que l'essentiel des termes étangers
01:08:41 viennent de la souche anglaise.
01:08:44 Et un peu, maintenant, de la souche arabe.
01:08:47 Donc, il y a quand même un peu de terminologie,
01:08:50 de nouveaux mots en arabe qui arrivent par les banlieues.
01:08:53 Mais il n'y a plus l'apport de l'espagnol, l'apport de l'italien,
01:08:57 qui sont des langues dans un État encore plus en danger que nous.
01:09:02 - Le "wesh" n'est pas aussi répandu que le "cool", mais enfin bon.
01:09:05 Et alors, nous avons qui ?
01:09:06 - Nous avons Marie-Josée, qui nous appelle de région parisienne, à Clamart.
01:09:09 Bonjour, Marie-Josée.
01:09:10 - Bonjour tout le monde. Alors, je reviens de Venise,
01:09:13 et je suis extrêmement déçue, on ne parle qu'anglais.
01:09:16 - Ah ouais, à Venise.
01:09:18 - Voilà, dans les hôtels, les commerçants, voilà.
01:09:21 Donc, moi j'ai une mère italienne, un père portugais,
01:09:23 et de toute façon, quand je vais d'un pays,
01:09:26 j'essaie d'avoir, même en Chine, quelques mots.
01:09:28 Et là, je m'efforçais, moi, de parler quelques mots italiens,
01:09:32 mais on ne parle qu'anglais.
01:09:33 Anglais, même les italiens, ils parlent anglais.
01:09:35 - Ouais, ouais. Et dès qu'ils voient le touriste, ils parlent anglais.
01:09:37 - Tout de suite, tout de suite.
01:09:39 Et là, je suis très étonnée d'entendre que le français
01:09:45 est une des langues les plus... La cinquième, c'est ça ?
01:09:48 - Oui, oui.
01:09:49 - Un des affaires, oui.
01:09:50 - Je suis étonnée. En fait, la langue de l'argent, c'est l'anglais, quoi.
01:09:54 - Ah ben, ça me paraît assez évident, ce qui est étonnant.
01:09:57 Vous voyez, on parlait des latines, donc je pensais à Philippe Roussillon,
01:10:02 auquel vous consacrez un très bon livre, Bernard Le Charbonnier.
01:10:05 Mais vous voyez, il parlait de lui, des langues latines et compagnie.
01:10:08 Regardez, en Italie, la Latina Nation, pour faire un très mauvais mot,
01:10:17 mais c'est fou, quoi. On parle qu'anglais.
01:10:20 - Les langues, l'italien étant de grand danger, ne serait-ce que parce que
01:10:24 l'italien n'a absolument pas d'arrière-cours.
01:10:26 L'espagnol a un arrière-cours avec l'Amérique du Sud et les Etats-Unis.
01:10:30 Le français, malgré tout, avec l'Afrique et le portugais également.
01:10:34 La grande faiblesse de l'italien, c'est la Néto-Amerique en Italie.
01:10:38 Il y a deux langues, en fait, parmi les langues latines qui sont en danger,
01:10:42 c'est l'italien d'un côté et le roumain de l'autre.
01:10:45 Mais d'autant plus qu'il y a une telle faiblesse démographique en Italie.
01:10:53 En Italie, les femmes sont 1,4 enfants.
01:10:55 Donc, en réalité, on sait parfaitement bien que dans 100 ans, il n'y aura plus d'italien.
01:11:01 Il y a des pays qui vont disparaître. La Corée du Sud, 0,7% de démographie.
01:11:06 - Là, on peut dire que c'est fondamental de la démographie.
01:11:10 - Ah, c'est fondamental. La démographie est à l'origine de tout.
01:11:13 En Espagne, maintenant, on a...
01:11:16 Alors, donc, la baisse de christianisme, d'une part,
01:11:19 ce sont des pays chrétiens qui se déchristianisent.
01:11:23 D'autre part, ce sont des pays qui ont associé le confort à une faible démographie,
01:11:28 contrairement à tout ce qu'on avait dit jusqu'à présent.
01:11:31 Et donc, en réalité, du moment où il y a un affaiblissement démographique,
01:11:36 il y a une affaiblissement linguistique. C'est absolument certain.
01:11:39 - C'est assez... Oui. Et en fait, tout découle de là.
01:11:42 La politique aussi découle de la démographie.
01:11:44 - Tout dépend. - Tout découle de là.
01:11:47 Et en fait, juste un mot.
01:11:50 Par exemple, aujourd'hui, est-ce qu'il y aurait besoin d'un...
01:11:55 Enfin, d'un Philippe Roussillon, je ne dis pas que les gens qui sont là ne sont pas à la hauteur.
01:11:59 Mais s'il y avait à renforcer quelque chose,
01:12:03 vous avez évoqué, Bernard Le Charbonnier, le fait que...
01:12:06 Est-ce qu'on ne devrait pas rendre obligatoire ces termes français
01:12:09 à l'éducation nationale, à la radio et la télévision ?
01:12:14 Après tout, oui, c'est peut-être...
01:12:18 Je dirais un excès de pouvoir, mais après tout, un excès de pouvoir nécessaire.
01:12:22 D'obliger qu'à terme égal, on emploie le français plutôt que l'anglais, par exemple.
01:12:28 - Alors, c'est tout le pari qui sera ou non raté de Willard Cotteray.
01:12:32 Willard Cotteray, donc, a écrit le 19 octobre
01:12:35 "La cité internationale de la langue française et de la francophonie".
01:12:38 Bon, je dirais que sous un pouvoir qui soit un pouvoir volontaire,
01:12:43 on pourrait peut-être dire que c'est le miracle qu'on attendait,
01:12:47 puisqu'on n'avait pas justement ce type d'outil jusqu'à présent.
01:12:50 Qu'est-ce qui va se passer ?
01:12:52 Est-ce que si c'est simplement un musée avec quelques expositions temporaires
01:13:00 et puis trois ou quatre artistes du passé qui vont venir faire des prestations
01:13:04 parce que, en fait, quand ils sont contents d'avoir un cachet, c'est fini, on n'en parle plus ?
01:13:08 Si Willard Cotteray peut devenir effectivement un symbole d'un renouveau
01:13:13 et d'appeler vers Willard Cotteray les créateurs...
01:13:17 On n'a pas parlé, c'est des créateurs francophones.
01:13:19 Ceux qui, à mon avis, aujourd'hui, sont les plus actifs, ce sont les créateurs.
01:13:23 Les créateurs africains, les créateurs...
01:13:26 - Québécois, africains...
01:13:28 - On voit, il y a un quart de l'académie française, aujourd'hui, ce sont des francophones.
01:13:32 Et on s'aperçoit que les prix littéraires, c'est les francophones.
01:13:35 Moi qui suis universitaire, de plus en plus, je vois des francophones
01:13:39 prendre les grandes chaires, y compris dans des disciplines comme les mathématiques, etc.
01:13:44 Donc c'est les francophones.
01:13:46 - Ceux qui veulent venir sont aux francophones.
01:13:48 - Les francophones ne prennent pas le pouvoir, ce ne sont pas les français qui le font pour eux.
01:13:51 - Eh bien écoutez, sur ces paroles, en tout cas, à choisir, il y a des choix à faire.
01:13:56 Merci Bernard Le Charbonnier.
01:13:57 Voilà Philippe Rossillon, l'inventeur de la francophonie.
01:14:00 - C'est disponible aux éditions Descartes.
01:14:03 Merci d'avoir été avec nous.