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00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à tous, va-t-on pouvoir éviter cet hiver la pénurie de médicaments constatés l'an dernier ?
00:09 Question posée ce soir à l'invité éco. Bonsoir Jérôme Virosius.
00:14 Bonsoir Isabelle.
00:15 Vous êtes le directeur général du laboratoire BioGarant, leader du médicament générique en France.
00:20 Le gouvernement a annoncé une série de mesures pour éviter les ruptures de stock subies l'an dernier.
00:26 Les industriels dont vous faites partie ont obtenu une hausse du prix de l'amoxycyline de 10%. Est-ce que c'est suffisant ?
00:34 Alors déjà merci de nous donner la parole. C'est vrai que BioGarant c'est un laboratoire français, je tiens à le préciser.
00:39 Nous sommes leaders en France sur le marché des médicaments génériques.
00:43 C'est 400 millions de médicaments par an, c'est un médicament sur 8 en France.
00:47 Nos médicaments sont prioritairement fabriqués en France et en Europe.
00:51 On va y revenir.
00:52 On a une hausse de 90% en Europe, mais c'est important de le dire, et donc beaucoup d'emplois aussi,
00:56 puisque c'est 8600 emplois directement et indirectement générés en France.
01:00 Et il est vrai que la France, et je pense que les pouvoirs publics, suite à des années de discussions avec eux,
01:07 surtout très intenses depuis ces trois dernières années, a compris, comme les Français d'ailleurs l'ont compris,
01:13 qu'il y avait un lien entre prix, viabilité économique au sens large du médicament en France,
01:20 et la disponibilité et la souveraineté.
01:23 C'est-à-dire que tout ça est complètement intimement lié.
01:26 C'est la raison pour laquelle, nous, historiquement, on a toujours décidé de fabriquer en France.
01:29 Et que du coup, ces mesures-là, pour nous, sont un premier pas,
01:33 qui prouve que justement, les pouvoirs publics ont compris ce lien entre équation économique et disponibilité.
01:40 Il faut que vous ayez un intérêt à produire en France, à avoir du stock.
01:45 10% de hausse, ça représente 20 centimes à peu près pour la boîte de médicaments.
01:51 Est-ce que, du coup, vous garantissez, aujourd'hui, qu'il y aura suffisamment de médicaments dans les pharmacies cet hiver ?
01:58 Est-ce que vous allez vous y employer, Jérôme Viandouzis ?
02:00 Alors, bien sûr. Alors, tout ça arrive un peu tardivement, je tiens quand même à le dire,
02:04 puisque c'est à partir de mi-juillet que les pouvoirs publics nous ont proposé, justement,
02:10 de travailler ensemble pour garantir des niveaux de stock importants pour affronter la période hivernale.
02:17 Comme vous l'avez constaté, depuis le Covid, avec des pics de pathologies qui sont extraordinairement élevés
02:22 et qui sont extrêmement difficiles à prévoir.
02:25 Et donc, nous avons réussi, en mobilisant très fortement l'ensemble des équipes Biogarant
02:31 et de nos partenaires industriels à garantir 12,8 millions de boîtes d'amoxycyline pour cet hiver 23-24.
02:40 Et donc, c'était moins l'année dernière ? Vous en avez moins produit l'année dernière ?
02:44 Là, on est sur des années, j'ai envie de dire, qui sont des années tout à fait exceptionnelles.
02:48 On est sur des années, par rapport à il y a deux ans, c'est plus 30% aujourd'hui, ce qu'on nous demande, par rapport à plus 30%.
02:54 On vous demande de produire plus, on vous demande de stocker davantage.
02:58 Et cette hausse du prix, elle fait que, pour vous, ça devient intéressant de le faire ?
03:03 Alors nous, en fait, ça fait trois ans qu'on tient à bout de bras un certain nombre de médicaments.
03:07 On a un portefeuille de 900 médicaments différents.
03:10 Le prix moyen d'un générique en France, c'est 3,91€.
03:13 Il y a une étude qui a été faite cette année, qui étudie 20 pays d'Europe qui ont à peu près la même structure que nous.
03:20 On est le 14ème en termes de prix, le plus bas.
03:24 Et vous prenez l'Italie, ils sont 38% en moyenne plus cher que nous sur ces paniers de produits, ces premiers médicaments.
03:30 Nous, ce à quoi on pense, c'est le patient, j'ai envie de dire.
03:32 Donc nous, on s'emploie depuis trois ans, alors que l'équation économique n'est plus au rendez-vous pour 144 de nos produits.
03:38 144 médicaments biogarant qui ne sont plus rentables aujourd'hui.
03:43 Nous avons décidé de les conserver jusqu'à maintenant, de maintenir le dialogue avec les pouvoirs publics,
03:47 de continuer à les fabriquer en France et en Europe, pour les mettre à disposition des patients.
03:51 Mais il est évident, et nous avons alerté très fortement et très vivement les pouvoirs publics,
03:56 que l'on ne pourra pas, ni nous ni d'ailleurs les autres laboratoires de générique,
04:00 ne pourrons faire une année de plus avec un contexte d'inflation, de prix bas déjà en point de départ,
04:06 d'inflation qui est quand même très forte, de nouvelles taxes qui nous sont arrivées
04:11 et qui sont aujourd'hui confiscatoires à peu près 30% de notre rentabilité.
04:15 - Là vous parlez de la clause de sauvegarde, qui a continué à augmenter au fil du temps,
04:22 elle devrait atteindre 1,7 milliard je crois cette année.
04:25 Vous craignez que cette taxe soit augmentée à nouveau dans le prochain projet de loi de finances de la Sécurité sociale ?
04:30 - En fait, nous contestons le fait d'en faire partie.
04:35 - Vous pensez que les génériques devraient en être exclus ?
04:38 - Oui, parce qu'en fait nous on a un mécanisme de régulation économique qui est différent des médicaments innovants.
04:42 Nous lorsqu'on arrive sur le marché, c'est que le brevet est terminé.
04:46 - Aujourd'hui vous en faites partie ?
04:47 - Oui, on en fait partie depuis trois ans alors qu'on en a été exclu jusqu'en 2019.
04:51 En fait ce qui se passe c'est que le médicament générique, son modèle c'est de dire
04:55 une fois qu'un brevet arrive à échéance, le prix du générique est en moyenne 60% moins cher
05:01 que le prix du médicament qui le précédait.
05:04 Et c'est comme ça que les économies sont générées,
05:07 c'est 2 à 3 milliards d'économies selon les années, 2 minimum, 3 à peu près maximum,
05:11 donc entre 2 et 3 milliards d'euros d'économies.
05:13 Et donc ce qu'on est en train de se dire c'est que nous, cette taxe qui justement vise à faire payer
05:19 aux laboratoires qui ont contribué aux plus fortes dépenses de santé
05:23 et au dépassement finalement du budget de santé,
05:25 que ce montant là l'aurait refacturé.
05:27 Or nous, déjà nous ne faisons pas de promotion médicale,
05:30 nous n'allons pas voir des médecins pour pousser nos produits, promouvoir nos produits.
05:34 Et par ailleurs, nos prix de départ sont déjà calculés de telle sorte
05:38 à ce que les économies soient réalisées dès le premier médicament délivré aux patients.
05:42 - Est-ce que vous pensez, ce sera ma dernière question,
05:44 avoir obtenu gain de cause auprès d'un nouveau ministre de la santé ?
05:48 Est-ce que vous pensez être exclu lors du prochain budget ?
05:51 - C'est notre combat, c'est notre combat.
05:53 Je pense que des messages sont passés, j'ignore s'ils seront entendus.
05:58 On est en pleine préparation du projet de loi de finances santé.
06:02 Vous savez qu'il rythme tous les ans et qu'il définit en fait le cadre
06:05 dans lequel le budget de santé va s'exercer.
06:07 Et nous espérons que cette année sera justement le point final de cette surtaxe.
06:14 - Merci beaucoup Jérôme Virossius, le message est passé.
06:17 Vous vous engagez donc à produire plus de 12 millions de boîtes d'amoxyphiline
06:22 pour l'an prochain, pour éviter, pour cet hiver, pour éviter la pénurie.
06:26 Directeur général de BioGarant, invité Echo de France Info ce soir.
06:30 - Merci beaucoup Isabelle.

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