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Chroniqueur : Jeff Wittenberg 


Ce matin, Jeff Wittenberg reçoit Astrid Panosyan-Bouvet, députée Renaissance de Paris, dans les 4 vérités. 

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Transcription
00:00 Bonjour à tous, bonjour à Street, on est aussi en Bouvée.
00:04 Bonjour.
00:05 Et vous avez publié dans le journal Le Monde il y a quelques jours une tribune très remarquée
00:09 sur les moyens selon vous d'augmenter le montant des plus bas salaires.
00:13 Alors c'est d'actualité car c'est pour vous la meilleure façon d'agir face à l'inflation
00:17 qui reste très forte.
00:18 Le pouvoir d'achat, on le sait, c'est la préoccupation numéro un des Français.
00:22 La promesse républicaine c'est quand même de se construire une meilleure vie pour soi-même,
00:26 pour ses enfants quand on travaille et qu'on respecte la loi.
00:28 Et pour qu'il y ait un meilleur salaire, il faut qu'il y ait travail.
00:32 Donc il y a aussi la question du chômage qui est en train de se résoudre même s'il
00:35 faut continuer sur les jeunes et les seniors.
00:39 Mais il y a un vrai sujet aujourd'hui qui est le travail, la rémunération, les conditions
00:43 de travail, le sens du travail, les perspectives données au travail.
00:47 Et c'est vrai que quand on a du mal à remplir le frigo, quand on a du mal à payer la cantine
00:50 des enfants, cette question de la promesse républicaine elle peut sembler assez creuse.
00:54 Et c'est ce qui fait aussi le terreau du Rassemblement National et c'est pour ça que j'ai voulu
00:57 écrire cette tribune.
00:58 C'est une question économique et sociale au cœur des préoccupations des Français.
01:02 C'est une question très politique également.
01:04 Mais la solution que vous proposez, elle se heurte à un problème immédiat, c'est qu'avant
01:08 d'augmenter les salaires, il faut déjà que les prix au moins stagnent ou n'augmentent
01:13 pas.
01:14 Et vous voyez aujourd'hui qu'il y a une forte colère qui monte contre la hausse des
01:17 prix dans l'alimentaire, dans la distribution.
01:21 Je voudrais juste vous poser une question, qu'est-ce que vous pensez par exemple de
01:24 l'appel de Fabien Roussel à envahir les préfectures, les stations-services, les
01:29 grandes surfaces pour dire non à la vie chère ?
01:31 Moi j'écoute ce que dit Fabien Roussel, je pense que là sur ce point-là il a été
01:34 très mal inspiré.
01:35 Je pense qu'on peut se mobiliser devant les préfectures mais appeler à vouloir les
01:38 occuper c'est inacceptable venant d'un dirigeant républicain comme Fabien Roussel.
01:42 Je pense que les gens ne veulent pas vivre d'aumône et d'aide quand ils travaillent.
01:46 Ils veulent pouvoir vivre décemment et dignement de leurs salaires.
01:49 Or on voit, et c'est l'objet de la tribune, qu'il y a trois sujets autour du travail
01:53 et des travailleurs pauvres qui est un phénomène qui se développe en France.
01:56 D'abord c'est qu'il y a des gens qui travaillent à temps partiel, contraints.
01:59 C'est le cas notamment des femmes dans le nettoyage, dans les aides à domicile, les
02:03 aides à domicile qui tiennent aujourd'hui nos campagnes et beaucoup de villes là-dessus.
02:06 Elles travaillent à temps partiel, contraints.
02:08 C'est des petits salaires tout au long de la vie et on l'a vu pendant les retraites,
02:11 c'est des petites retraites pour les femmes.
02:12 Le deuxième sujet c'est les minima conventionnels.
02:14 C'est-à-dire que c'est des gens qui restent littéralement scotchés pendant des années
02:18 voire des décennies sur le SMIC.
02:20 Le SMIC c'est un salaire d'entrée, ce n'est pas une rémunération à vie.
02:23 Et enfin c'est le sujet de la progressivité.
02:25 Et là dans cette tribune je propose des réponses…
02:28 Vous proposez notamment que l'aide aux entreprises soit conditionnée aux conditions
02:33 salariales et sociales que chacun fait dans leur propriété.
02:35 Mais comment on vérifie ça ?
02:36 Alors sur le sujet des minima conventionnels et des bas salaires, moi j'ai un principe
02:40 très simple.
02:41 Je pense que quand on est assuré social, quand on est chômeur et quand on est entreprise
02:44 et qu'on reçoit des fonds publics, on doit rendre des comptes.
02:48 Et une entreprise doit rendre des comptes sur la question des minima conventionnels
02:51 ou effectivement des centaines de milliers de salariés.
02:54 Rendre des comptes c'est-à-dire que quand il y a dans les conventions collectives des
02:58 coefficients, c'est un peu technique mais trop important, ce qui fait que concrètement
03:03 quelqu'un doit attendre plusieurs années avant d'attendre le premier échelon qui
03:06 est le SMIC, ce n'est pas possible.
03:08 Donc l'entreprise doit être sanctionnée ?
03:09 L'entreprise doit être sanctionnée, en tout cas elle doit recevoir moins d'aide.
03:13 On doit pouvoir rendre compte quand on reçoit de l'argent public, quelle que soit sa situation.
03:17 Emmanuel Macron a laissé entrevoir la tenue d'une conférence sociale sur les bas salaires,
03:20 c'était, certains l'ont dit, le seul résultat un peu concret de la rencontre avec
03:25 les partis politiques à Saint-Denis.
03:27 Mais elle aura lieu quand cette conférence sur les bas salaires ? Il y a urgence, est-ce
03:31 que vous ne pensez pas qu'aujourd'hui on voudrait avoir du concret et non pas cette
03:36 éventuelle promesse ?
03:37 Alors il y a urgence et c'est précisément pour ça qu'elle aura lieu, de ce que je
03:40 comprends, le mois prochain.
03:42 Donc c'est quand même une chose dont il faut se féliciter, où tout le monde sera
03:44 autour de la table et il faudra traiter de toutes les réponses possibles sans tabou.
03:49 Il y a la conditionnalité de la dose entreprise sur les bas salaires, il y a pourquoi pas
03:53 la fusion des branches de celles qui tardent à négocier.
03:56 On a 170 branches collectives en France, il y en a encore une vingtaine qui n'ont pas
03:59 renégocié les salaires depuis janvier dernier, alors que l'inflation monte et qu'il y
04:04 a une indexation automatique du SMIC.
04:05 Et qu'il n'y ait plus ou en tout cas moins de salaires en dessous du SMIC parce que c'était
04:08 ça la promesse du président.
04:09 Exactement, exactement.
04:10 Et ça il faut que la conférence ait lieu dès le mois prochain et on s'active pour
04:13 le faire.
04:14 Et le dernier point qui est important, c'est qu'on a un système qui marche un peu sur
04:17 la tête.
04:18 Entre les primes d'activité que le salarié reçoit de côté, les exonérations de cotisation.
04:24 Je pense que là, c'est ce qui crée un désalignement entre l'employeur et l'employé.
04:28 Vraiment des choses qui marchent sur la tête, on ne va pas s'encombrer de chiffres.
04:31 Et là aussi il faut le mettre sur la table pour qu'on puisse avoir une vraie progression
04:35 et une vraie perspective au travail.
04:36 En tout cas, on entend un discours volontariste mais les hausses des salaires, pardon, ce
04:38 sont les entreprises qui les font.
04:40 Est-ce que l'État a suffisamment de levier aujourd'hui pour les obliger plus que les
04:45 inciter même à le faire ?
04:46 Eh bien les obliger c'est à travers la fusion des branches encore une fois.
04:49 Ça c'est quelque chose qui marche.
04:51 Mais après c'est de la négociation.
04:52 Oui mais c'est quelque chose qui marche.
04:53 Parce que quand vous dites aux dirigeants de branches collectives écoutez, vous allez
04:56 fusionner sur le mieux-disant si vous ne commencez pas à vous activer sur des négociations
05:00 qui traînent, eh bien ça marche.
05:02 L'expérience l'a prouvée l'année dernière parce que l'État a été plus proactif.
05:04 Et je pense encore une fois que mettre sur la table la question des minimas conventionnels
05:09 et des conditionnalités des aides aux entreprises, c'est aussi quelque chose qui peut faire
05:12 avancer les choses.
05:13 Ça peut faire bouger les choses et faire augmenter les salaires en France.
05:15 Vous prenez un dialogue transpartisan à l'Assemblée nationale sur cette question.
05:18 C'est une pratique qui est dans l'air du temps, en cette rentrée.
05:20 Enfin, enfin.
05:21 On verra.
05:22 Je fais référence à cette tribune en tout cas signée par des élus de votre parti.
05:26 Renaissance sur l'immigration.
05:27 On a vu Sacha Houllier qui représente l'aile gauche, c'est ce qu'on dit en tout cas de
05:32 votre parti, co-signer donc une tribune réclamant notamment la régularisation des sans-papiers
05:37 qui travaillent dans les métiers dits en tension.
05:39 Il l'a signé avec des élus de gauche.
05:41 Vous, vous n'avez pas signé cette tribune.
05:42 Pourquoi ? Moi, je n'ai pas signé parce que je pense,
05:45 moi, je crois à l'équilibre, c'est-à-dire qu'il y a à la fois un équilibre sur la
05:48 question du travail.
05:49 Les métiers en tension, ça veut dire quoi ? C'est le mot poli pour dire les métiers
05:51 pénibles, mal payés que personne ne veut faire et que des immigrés et que beaucoup
05:55 d'immigrés font en situation régulière.
05:57 Et je pense qu'aujourd'hui, il y a un dumping quelque part qui se fait par le recours à
06:01 de la main d'oeuvre clandestine et qui se fait au détriment des travailleurs français
06:05 et étrangers quels qu'ils soient sur notre sol.
06:07 Donc, je pense que c'est un sujet qu'il faut regarder et que la régularisation des
06:10 travailleurs dans les métiers mal payés et qui sont essentiels, on parle du nettoyage,
06:16 on parle des aides à domicile, on parle du BTP, il faut la faire.
06:19 Donc, vous l'auriez dû signer.
06:20 Non, pas nécessairement parce que moi, il y a un deuxième sujet et je ne suis pas sûr
06:23 que des gens qui ont signé cette tribune sont d'accord sur la deuxième partie qui
06:27 est tout à fait essentielle qui est ce droit fondamental de la République française à
06:31 fixer les conditions d'entrée, de sortie et de séjour sur notre sol.
06:35 Et c'est le deuxième volet très régalien sur lequel il faut pouvoir agir parce que
06:40 les Français attendent des réponses concrètes là-dessus.
06:42 Et ça se tient, les deux parties se tient.
06:44 Vous pensez vraiment que ça se tient ? On a l'impression aujourd'hui qu'il y a deux
06:47 lignes qui finalement ne satisfont personne au sein de votre parti.
06:50 C'est le retour du en même temps et sur l'immigration, ni la droite ne vous rejoint parce qu'elle
06:55 ne vous trouve pas assez ferme, ni la gauche ne vous soutiendra si vous voulez par exemple
07:00 accentuer les expulsions des étrangers ?
07:02 Eh bien moi je crois dans la radicalité.
07:04 La radicalité c'est de dire qu'il y a un vrai sujet sur les métiers en tension aujourd'hui
07:08 et que quelque part le travail clandestin sert de dumping social et évite aux patrons,
07:14 s'il faut le dire comme ça, de négocier la valorisation des salaires et des conditions
07:18 de travail dans des métiers qui sont essentiels.
07:20 Et je crois à la radicalité et pourquoi, et c'est peut-être pour ça que je n'ai
07:24 pas signé cette tribune, ne pas aller plus loin à l'image de ce que fait l'Allemagne
07:28 sur la question du regroupement familial qui fixe des délais de séjour plus longs avant
07:33 de pouvoir faire venir sa famille, des logements suffisants, des ressources suffisantes avant
07:37 de faire venir sa famille.
07:38 Je pense qu'il faut que là aussi, c'est comme sur la question débat salaire, il faut
07:42 que toutes les questions soient sur la table, aucun tabou, ni sur les réponses, ni sur
07:46 les modalités de consultation.
07:48 Astrid Pannossian-Bouvé, il y a un homme qui va parler de la question migratoire avec
07:52 des paroles fortes sans doute dans quelques jours, c'est le pape, qui vient à Marseille,
07:57 il va s'adresser à peut-être 60 000 personnes au stade Vélodrome de Marseille.
08:01 Vous vous attendez à ce qu'il critique la position des pays européens confrontés
08:05 à l'afflux des migrants ? On voit ce qui se passe ces jours-ci à Lampedusa, il a des
08:08 paroles souvent dures contre l'égoïsme des pays occidentaux.
08:12 Alors moi je me félicite d'abord que le pape revienne en France après presque 10
08:16 ans.
08:17 Donc la dernière fois c'était en 2014 et il a des paroles fortes sur les questions
08:20 internationales contemporaines, l'environnement et aujourd'hui depuis 2020, les migrations
08:25 et les réfugiés.
08:26 Donc il aura des paroles fortes et il est dans son rôle, c'est également un chef religieux,
08:30 c'est un chef d'État.
08:31 Vous me donnez envie de vous poser une question, est-ce que le pape François, est-ce que ça
08:36 vaut bien une messe puisque vous savez que c'est aujourd'hui la polémique ? Le président
08:40 Macron doit-il assister, puisque certains le lui reprochent, à la messe qui sera célébrée
08:45 par le pape au stade Vélodrome ?
08:46 Il assistera à la messe, il ne va pas participer à la messe, à la communion, au sacrement.
08:51 C'est quand même une première depuis 43 ans.
08:53 Et il va faire ce que font beaucoup d'élus de tout parti politique à travers toute la
08:59 France, quand ils vont assister à l'installation d'un évêque, d'un grand rabbin ou quand
09:03 ils assistent et non pas participent à des fêtes religieuses.
09:06 Je pense par exemple au ministre de l'Intérieur et des Cultes qui, chaque année, se rend
09:11 à la Grande Mosquée.
09:12 C'est aussi un chef d'État.
09:13 Il doit participer à un événement religieux, il peut l'accueillir en tant que chef d'État.
09:18 C'est une décision du chef de l'État, encore une fois, il ne fait qu'assister.
09:21 Je pense que c'est un sujet, il n'y a qu'en France qu'on a ce genre de débat.
09:24 La laïcité, ce n'est pas exclure les religions, c'est par contre, entre autres, interdire
09:30 que tout élu ou tout dépositaire de l'autorité publique affiche une appartenance religieuse.
09:35 En allant à cette messe, il n'affiche pas son appartenance religieuse puisqu'il ne
09:40 va pas communier, il ne va pas participer, il affiche juste sa présence.
09:44 Donc je pense que le débat, il est là, mais parlons des choses essentielles, les bas salaires,
09:50 parlons de la question des migrants qui est un vrai sujet à la fois humanitaire mais
09:53 également politique.
09:54 Et bien vous en avez parlé ce matin.
09:56 Merci beaucoup Astrid Panossian-Brouvé, députée de Paris et donc l'une des voix
10:01 aujourd'hui qui monte au sein du parti Renaissance.
10:03 Merci beaucoup.
10:04 Merci beaucoup à tous les deux.
10:05 Merci à Frédéric Cheminy.