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Aujourd’hui dans « Les 4 V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Yannick Jadot, Sénateur EELV de Paris. 

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00:00Bonjour Yann Ouzadou, merci d'être avec nous ce matin. On va d'abord évoquer la situation internationale et ce dont on parlait à 7h30,
00:07cette déclaration de Vladimir Poutine, ce tir d'un missile russe, qu'est-ce qu'il vous inspire, tout comme ces déclarations sur l'élargissement possible
00:16de la doctrine nucléaire, de l'emploi éventuel de l'arme nucléaire. Lorsque vous étiez candidat à l'élection présidentielle et comme député européen
00:22pendant des années, vous étiez en première ligne pour dénoncer ce qui s'était passé, notamment sur la guerre en Ukraine.
00:27Aujourd'hui, vous êtes inquiet ou ce n'est que de la surenchère verbale pour vous ?
00:31C'est de la surenchère. Vladimir Poutine a mentionné plus de 100 fois la menace nucléaire. Il utilise déjà des missiles qui pourraient contenir des têtes nucléaires.
00:43Donc en fait, il n'y a pas véritablement de changement. Quand on écoute les experts militaires, ils disent qu'il n'y a pas véritablement de changement,
00:51mais qu'il y a une surenchère au moment où on considère qu'il pourrait y avoir, pour parler, des négociations de paix.
00:57Là où l'Europe ne doit pas faiblir, là où l'Europe ne doit pas faillir, c'est dans son soutien à l'Ukraine.
01:05On voit bien, y compris l'internationalisation du conflit par Vladimir Poutine avec les soldats nord-coréens.
01:15On voit bien sa volonté de continuer à écraser, à bombarder le peuple ukrainien.
01:21Donc l'Europe doit continuer à soutenir, à armer et à sanctionner le régime de Vladimir Poutine.
01:29La France est un des pays qui importe le plus de gaz naturel liquéfié russe.
01:34On continue à enrichir Vladimir Poutine avec nos importations de gaz.
01:40Tous les experts de l'énergie disent qu'on pourrait se passer du gaz russe.
01:44On a 200 milliards d'avoirs russes gelés en Europe qu'on n'utilise pas.
01:50Toutes les sanctions menées contre la Russie depuis 2022 n'ont pas eu d'effet.
01:54Mais allons au bout de ces sanctions. 200 milliards, vous imaginez ?
01:58On saisit les avoirs russes, on les donne aux Ukrainiens, ça les aide.
02:02On arrête d'importer du gaz russe, ça arrête d'enrichir Vladimir Poutine.
02:06Et puis on continue à armer l'Ukraine pour qu'elle se défende.
02:09Yannick Jadot, la gauche française à laquelle vous appartenez, notamment via le nouveau Front populaire,
02:14qui font partie des écologistes, est loin d'être uni sur cette question.
02:17Vous avez noté ce qu'a dit Jean-Luc Mélenchon qui parlait hier d'une stratégie absurde et criminelle,
02:22mais il ne parlait pas de Vladimir Poutine.
02:24Excusez-moi, il parlait de Joe Biden qui a autorisé l'envoi de missiles par l'Ukraine.
02:29Qu'est-ce que ça vous inspire ces propos ?
02:31Lui aussi dit qu'on est à la veille pour parler de paix.
02:33Écoutez, je trouve ça dramatique qu'y compris après tant de mois de souffrance du peuple ukrainien,
02:40on en revienne au fait que cette agression russe serait de la responsabilité des Américains.
02:45Finalement, Jean-Luc Mélenchon, sur ce dossier-là,
02:48s'aligne sur Donald Trump plutôt que sur celles et ceux qui défendent la démocratie en Ukraine et en Europe.
02:55Mais Donald Trump, il sera au pouvoir dans deux mois.
02:57Oui, il sera au pouvoir dans deux mois, mais finalement toujours accusé de manière de toute façon générique
03:03les Américains de tous les malheurs du monde et surtout en la circonstance.
03:08Encore une fois, faiblir face à l'agression russe, c'est remettre en cause pas simplement les frontières,
03:15mais la démocratie, l'intégrité et l'avenir de l'Europe.
03:18Et vous admettez que la gauche est très divisée sur ce point ?
03:20Écoutez, en tout cas avec Jean-Luc Mélenchon, c'est certain.
03:23On en vient à un autre sujet qui alimente l'actualité, c'est celui du Mercosur.
03:27Pourquoi ? Parce qu'il alimente surtout la colère des agriculteurs qui n'a pas faibli cette semaine.
03:31On voyait encore des barrages, notamment dans le sud-ouest.
03:35Cet accord de libre-échange entre l'Europe et des pays d'Amérique du Sud,
03:39l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay, qu'est-ce qui empêcherait qu'il soit signé ?
03:43Vous avez, vous, lancé une pétition rassemblant 600 parlementaires.
03:47La France se bat à Bruxelles pour éviter une signature, mais tous les autres pays européens le veulent, cet accord.
03:52Donc qu'est-ce qui va se passer ?
03:53Simplement la rationalité politique. Est-ce qu'à un moment donné, après le Covid,
03:58après ce qu'on a ressenti, ce qu'on a subi sur la guerre en Ukraine,
04:03après 20 ans, 30 ans de mondialisation libérale,
04:06on a abandonné les classes populaires ici pour les exploiter de l'autre côté de la planète,
04:10on a construit l'efferment du populisme et du nationalisme.
04:15Est-ce qu'à un moment donné, un accord qui a été pensé il y a plus de 20 ans,
04:19avant le dérèglement climatique et ses conséquences les plus dramatiques,
04:23avant la disparition très lourde des paysans, est-ce qu'à un moment donné,
04:28on arrête les conneries, pardon de le dire comme ça,
04:30mais franchement, dévaster l'Amazonie, dévaster le Cerrado,
04:35faire disparaître les paysans de leur côté.
04:38Mais vous savez, les opinions publiques en Europe ne soutiennent pas cet accord.
04:42Est-ce qu'à un moment donné, on arrête de considérer que l'avenir de l'Europe,
04:45c'est Volkswagen qui exporte des automobiles au Brésil,
04:49ou l'avenir de l'Europe, c'est nous protéger,
04:52avoir une agriculture qui respecte l'environnement,
04:56qui respecte les paysans, qui leur donne un revenu,
04:59protéger l'Amazonie au moment où on voit les terribles conséquences du dérèglement climatique ?
05:04Cette affaire est l'un des ferments de la colère des paysans, pas le seul.
05:07Il y a notamment l'impossibilité d'utiliser des pesticides,
05:11vous savez, là vous êtes en désaccord avec eux.
05:14Avec une partie d'entre eux.
05:17Vous avez beaucoup de paysans qui sont passés au bio,
05:20vous avez beaucoup de paysans qui sont parfaitement lucides.
05:22Mais qu'est-ce que vous répondez à ceux qui veulent y rester, pardon,
05:24et à qui Annie Gennevard, hier la ministre de l'Agriculture, a dit
05:27quand c'est interdit, quand c'est autorisé dans d'autres pays européens,
05:31il faut que ce soit aussi autorisé en France.
05:33Qu'est-ce que vous répondez à cela ?
05:34Que les pesticides aujourd'hui, c'est un enjeu de santé,
05:38il y a une explosion des concerts, y compris et d'abord dans la profession agricole,
05:42que les pesticides, c'est l'effondrement de la biodiversité.
05:45Est-ce qu'à un moment donné, on arrête de construire une agriculture
05:49qui est à la fois produit de la disparition des paysans
05:52et se construit contre la nature.
05:55Il faut faire avec la nature.
05:57Et donc il y a plein, des milliers, des dizaines de milliers de paysans
06:01dans notre pays qui sortent des pesticides.
06:03Alors moi je veux que l'aide publique à l'agriculture...
06:05Mais vous en voulez au gouvernement aujourd'hui de ne pas aller dans ce sens ?
06:08Le gouvernement, plutôt que de régler le problème des revenus des paysans,
06:12avec des vrais prix rémunérateurs,
06:14en mettant la pression sur l'agro-industrie, sur l'agro-alimentaire,
06:18en arrêtant les importations d'autres plateformes qui ne répondent pas à nos lois,
06:22plutôt que de faire ça, il met toujours comme bouc émissaire l'écologie.
06:26Et je trouve ça dramatique.
06:28Vous avez eu des actions contre l'Office français de la biodiversité.
06:31Ce sont des agents publics qui défendent la loi commune
06:35et Retailleau, qui n'arrête pas de gonfler les bras sur l'ordre,
06:39a laissé des agents publics être agressés sans les soutenir.
06:43C'est pas en faisant de l'écologie, de l'environnement,
06:46le bouc émissaire des problèmes agricoles, qu'on résoudra quoi que ce soit.
06:49Alors du coup ce gouvernement, est-ce qu'il mérite de rester en place,
06:52pardon pour cette transition, mais vous êtes sénateur aujourd'hui,
06:55le projet de budget de financement de la sécurité sociale arrive devant cette instance,
06:59enfin aujourd'hui, cette semaine, donc vous êtes désormais membre,
07:02mais ce budget, il pourrait être le premier et le dernier du gouvernement Barnier,
07:05vous suivez, vous êtes dans l'actualité politique,
07:07est-ce que vous êtes d'accord pour qu'une motion de censure conduite par la gauche
07:11et le rassemblement national...
07:12Vous vous rendez compte ce qui est en train de se passer ?
07:13Mais pardon, fasse tomber ce gouvernement ?
07:15Votre éditorialiste sur l'économie vient de dire à quel point
07:20les riches continuent à s'enrichir, les pauvres continuent à s'appauvrir dans notre pays.
07:25Plutôt que de prendre 20 milliards aux plus riches, aux 500 fortunes,
07:30ils ont accumulé des centaines de milliards ces dernières années,
07:34on leur prend 20 milliards, on va supprimer les aides aux crèches,
07:37on va supprimer le recrutement des polices municipales,
07:40on va supprimer les investissements dans les écoles,
07:43c'est le tissu social qui permet à la société de tenir,
07:47qui est en train d'être arraché par ce gouvernement.
07:49Alors oui, on va le censurer...
07:51Donc il doit tomber, quitte à joindre vos voix à celles du RN ?
07:54Non, non, non, on va faire une motion de censure,
07:59le RN fera son vote, mais moi je ne veux pas être en permanence
08:03l'instrument du RN de cette tactique.
08:06Le RN, on le sait, n'aide pas les Françaises, n'aide pas les Français,
08:11donc ils ont leur stratégie, nous on a la nôtre,
08:14on défend les communes, on défend les services publics,
08:17on défend y compris le courage de faire face au dérèglement climatique
08:22et à l'effondrement de la biodiversité.
08:24Merci beaucoup Yannick Jadot, sénateur écologiste,
08:26et c'est la suite de Télémat.
08:28Merci à vous les deux, merci à Florence.

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