Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Les auditeurs sont invités à réagir, par téléphone ou via les réseaux sociaux aux grandes thématiques développées dans l'émission du jour. Aujourd’hui, il revient sur l'inflation alimentaire.
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00:00 - Europain - Pascal Prohevo
00:02 - La ministre chargée des PME, Olivia Grégoire, est favorable à des cours de cuisine à l'école. C'est des bruits de cuisine ?
00:13 C'est pour illustrer notre conversation ?
00:15 - On dirait ça dans ma cuisine ce matin.
00:17 - C'est une bonne illustration musicale.
00:21 Vraiment, je vous remercie beaucoup.
00:23 La déclaration a provoqué un tollé à gauche.
00:25 Pour la ministre, il faut réapprendre à cuisiner les produits bruts
00:28 pour éviter d'acheter tous ceux qui sont trop chers.
00:31 L'idée est-elle absurde ou pas si bête ?
00:33 Apprendre à faire la cuisine, donnez-nous évidemment votre avis.
00:36 On est avec Angèle Préville.
00:38 Bonjour Madame Préville, vous êtes sénatrice socialiste du Lot.
00:41 - Oui, bonjour.
00:43 - C'est vrai que c'est...
00:45 Comment dire ? Moi ce qui m'ennuie toujours quand j'entends ça,
00:47 c'est que je trouve que c'est un peu infantiliser les gens.
00:50 Je ne sais pas si la politique est faite pour ça.
00:53 Mais en même temps j'aime bien Madame Grégoire parce que
00:55 elle vient du privé, elle a de l'énergie,
00:58 elle veut faire bouger les choses et pourquoi pas ?
01:00 Alors je suis partagé.
01:02 Madame Préville, c'est à vous.
01:06 - Oui, bien sûr.
01:08 Moi j'ai mené un travail dans le cadre de l'OPEX
01:11 sur l'alimentation ultra transformée justement.
01:14 C'est-à-dire ce qui est trop gras, trop sucré, trop salé.
01:17 Qui est donc trop calorique,
01:19 qui ne contient pas assez de fibres,
01:21 donc qui ne provoque pas de satiété,
01:23 qui provoque des problèmes de digestibilité
01:25 puisque c'est fait à partir de briques alimentaires
01:27 et non pas à partir de vrais aliments.
01:29 Et qui donc pose un gros problème de santé publique.
01:32 Donc effectivement, je suis,
01:34 alors pas pour les mêmes raisons sans doute,
01:37 d'accord avec le fait qu'il faudrait remettre des cours de cuisine
01:40 puisque c'était une de mes préconisations
01:42 dans le travail que j'ai fait dans ce cadre-là,
01:45 dans le cadre de l'OPEX.
01:47 - Mais vous êtes vous-même socialiste ?
01:49 Vous êtes dans le parti d'Olivier Faillefort ?
01:52 Donc vous êtes plutôt favorable à ce que dit Olivia Grégoire ?
01:55 - C'est-à-dire, peut-être pas pour les mêmes raisons qu'elle,
02:00 moi je le dis pour une question de santé publique.
02:03 Il faut voir que les habitudes alimentaires
02:05 ont extrêmement vite changé.
02:07 La publicité est très agressive,
02:09 omniprésente pour ces produits-là.
02:11 - Non mais est-ce que c'est au ministre de le dire ?
02:13 C'est toujours la même question.
02:15 Ou est-ce que c'est aux parents,
02:17 aux familles, de faire passer ces messages-là ?
02:20 Je me permets de dire qu'Olivier Faillefort,
02:23 qui dirige votre parti,
02:25 lorsqu'il a entendu cette information,
02:27 il a fait un petit tweet, "même plus envie d'en rire,
02:29 chaque semaine l'un d'entre eux dévoile leur inconscient,
02:31 le mépris social en lieu et place de la justice."
02:35 Voilà comment il interprète, lui,
02:37 l'initiative de madame Grégoire.
02:39 Mais la question reste posée.
02:41 - Oui, mais c'est parce que,
02:44 effectivement, c'est en réponse au fait
02:46 que les gens n'arrivent plus à se nourrir
02:48 ou sautent des repas.
02:50 Donc effectivement, ce n'est pas la bonne réponse de dire ça.
02:52 Moi, ce que je dis quand je préconise
02:54 les cours de cuisine, c'est pour palier...
02:57 - Pour mieux manger.
02:59 - Oui, pour mieux manger.
03:01 - Pour mieux manger, pour mieux apprendre, voilà, bien sûr.
03:03 - Oui, on a 8 millions d'obèses et de diabète de type 2 en France.
03:06 On a une augmentation dangereuse
03:08 qui touche particulièrement les jeunes.
03:10 C'est vraiment préoccupant.
03:12 - Vous avez raison.
03:14 - Oui, ça va induire des maladies chroniques.
03:17 Ça va avoir un coût pour ces jeunes-là
03:19 qui vont avoir, évidemment, leur vie handicapée
03:22 avec ces problèmes de santé-là
03:24 et également un coût pour toute la société.
03:26 Mais je reviens sur cette alimentation ultra transformée
03:30 qui est, cela dit, à des prix très bas,
03:33 avec une offre pléthorique dans les magasins,
03:36 avec de la publicité énormissime.
03:38 Donc les gens, sans peut-être faire attention,
03:41 ont de plus en plus recours à ces plats-là.
03:44 Or, comme je l'ai dit, ça génère d'énormes problèmes de santé
03:48 et il n'y a plus, dans certaines familles,
03:50 les modèles où on apprend à faire délicieux
03:54 avec très peu et pour un coût très faible.
03:58 Donc on est quand même le pays de la gastronomie,
04:01 inscrit au patrimoine immatériel de l'UNESCO
04:05 pour la préparation des repas.
04:07 Et je pense que, pour ma part,
04:10 ce serait nécessaire de remettre des cours de cuisine.
04:13 Il est plus que temps.
04:15 Il y a beaucoup d'enfants qui n'ont plus les modèles.
04:17 - Merci pour cet avis qui, effectivement, mérite débat.
04:21 Sylvie est avec nous. Bonjour Sylvie.
04:23 - Bonjour, monsieur Proulx.
04:25 - Vous êtes professeur ?
04:27 - Oui, de biotechnologie.
04:29 Je suis professeur de cuisine, entre autres.
04:31 - Oui, mais alors ça c'est bien.
04:33 Dans des lycées qui, j'imagine, préparent...
04:35 - Dans un lycée pro.
04:37 Je forme des auxiliaires de vie.
04:39 Et des bacs pro à FSP.
04:41 - Et vous leur proposez également d'apprendre à cuisiner.
04:45 - Alors oui, on a quelques cours,
04:47 quelques TP de cuisine à faire.
04:51 Et donc, voilà, elles font des plats, deux, voire quatre.
04:56 - Qu'est-ce qu'on fait, par exemple, comme plat ?
04:58 - Oh, ben, sur les mentions complémentaires,
05:01 l'année dernière, j'ai pu faire des potages, une blanquette...
05:06 - Des potages, c'est-à-dire qu'il faut éplucher les légumes ?
05:09 - L'objectif du TP, c'est l'épluchage des légumes, effectivement.
05:12 Et la cuisson.
05:14 - Un potage à quoi, par exemple ?
05:16 - Un potage aux légumes tout simple,
05:18 un pomme de terre, carottes, navets, poireaux.
05:20 - D'accord, et on met ça...
05:22 Vous savez que je sais... Et ça, c'est facile à faire ?
05:25 - Ah mais oui, c'est très facile, vous pourriez le faire.
05:27 - C'est possible, mais je ne suis pas un as de la cuisine.
05:31 - Non, mais de l'as non plus.
05:33 J'ai des élèves qui... - Bien sûr, tous apprennent, vous avez raison.
05:36 - Ne savent pas, leurs parents ne leur ont pas inculqué ça.
05:41 Moi-même, ma maman ne m'a pas appris à cuisiner.
05:44 J'ai appris à cuisiner en BTS.
05:46 - Moi, on ne m'a pas appris non plus à cuisiner.
05:49 Je cuisine les autres, parfois, ça m'est arrivé.
05:52 - Oui, tout à fait.
05:54 - J'aimerais bien, parce que je trouve que c'est un beau savoir de savoir cuisiner.
05:58 Mais là, c'est pour éviter d'acheter des produits plus chers.
06:02 - Non, en fait, oui.
06:04 Cette dame qui vient du milieu privé, c'est pour lutter contre l'inflation.
06:12 Elle a raison, j'apprends à mes élèves aussi à calculer le prix de revient de ce que nous fabriquons.
06:17 - Ah, ça, c'est une bonne idée.
06:19 - Et effectivement, c'est moins cher.
06:20 - Une soupe, par exemple, ça revient à combien une soupe ?
06:22 Une soupe, carottes, pommes de terre ?
06:24 - Je ne sais pas, ça revient pour 2 à 4 personnes à moins d'un euro.
06:28 - Moins d'un euro pour 4 personnes ?
06:30 - Oui. - Ah oui, ça, c'est pas cher, effectivement.
06:32 - Oui, parce qu'il y a de l'eau.
06:35 - Ah oui, ça, je vais me faire une soupe plus souvent.
06:37 - Bon, bah écoutez, c'est bien.
06:40 - Après, je n'ai pas refait mes calculs récemment.
06:43 - Oui, non, mais c'est bien.
06:44 Bon, écoutez, peut-être que c'est une bonne idée.
06:46 - Je voulais juste rajouter, par rapport au thème précédent,
06:50 que ce soit le harcèlement, que ce soit l'immigration,
06:53 je pense qu'il y a un maître mot,
06:55 et que ce soit les élèves d'une façon générale,
06:58 les gens d'une façon générale qui est importante,
07:01 c'est le mot "respect".
07:02 Si tout le monde pouvait se respecter.
07:04 - Mais oui, mais c'est mon...
07:06 Je suis d'accord avec vous, mais vous savez bien que c'est des vieux pieux,
07:09 et mon nous les uns des autres, bien sûr.
07:11 - Ah oui, mais des vieux pieux, je pense qu'il faut en faire,
07:14 surtout aujourd'hui.
07:16 - Bien sûr, mais vous avez raison, il y a une agressivité, souvent,
07:19 il y a une incompréhension des uns et des autres,
07:22 il y a aussi beaucoup de misère, hein, aujourd'hui,
07:24 on est sur des difficultés financières très très grandes,
07:28 dans les supermarchés, aujourd'hui,
07:31 vous voyez des gens qui arrivent à rencaisse,
07:33 et puis qui sont obligés de laisser des produits qu'ils avaient achetés en Rion,
07:36 parce qu'ils n'en ont pas assez, c'est la réalité.
07:38 - Mais moi, ça m'est arrivé quand j'étais étudiante.
07:40 - Oui, mais...
07:41 - Il y a longtemps, vous avez le dire.
07:43 - Quand on est étudiant, on accepte beaucoup de choses,
07:45 mais quand à 50 ans, qu'on travaille,
07:47 qu'on travaille, qu'on galère depuis 30 ans,
07:50 et qu'on n'a pas un centime à partir du 20 du mois,
07:53 c'est plus compliqué.
07:54 Merci en tout cas, Sylvie, parce qu'il nous reste 3-4 minutes.