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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Audrey Crespo-Mara, journaliste, pour "L’interview-portrait" de Sept à Huit sur TF1 et les éditions JT du week-end sur TF1.

Retrouvez "L'invité média" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-du-grand-direct
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News
Transcription
00:00 - Perrepin Culture Media.
00:02 - Il va décider de vendre.
00:04 - On le remet parce qu'on adore.
00:06 - C'est un nic.
00:08 - On adore ces petites notes signées.
00:10 - Depuis près de 25 ans maintenant.
00:12 - C'est ça, 23 ans exactement.
00:14 C'est devenu un peu une institution de la télévision
00:16 ce portrait, Audrey Crespo-Maras.
00:18 C'est votre troisième saison, ou quatrième,
00:20 au commande de ce portrait.
00:22 Vous avez succédé à Thierry de Maizière.
00:24 Un portrait très particulier
00:26 puisque vous êtes comme lui, dans l'ombre.
00:28 On n'entend que votre voix.
00:30 Pourquoi ce choix d'ailleurs ?
00:32 - C'était la signature du portrait.
00:34 Quand Thierry Tuiliers et Emmanuel Chambl ont confié,
00:36 il n'était pas question
00:38 de changer cette signature-là.
00:40 Moi ça ne me gênait pas qu'on ne me voit pas.
00:42 On se dit toujours, les gens d'antenne
00:44 ont peut-être un ego tellement boursouflé
00:46 qu'il faut absolument les voir. Pas du tout.
00:48 Je trouve qu'au contraire, ça apporte beaucoup.
00:50 On est intéressé avant tout
00:52 par la réaction de l'invité.
00:54 Ce qui est intéressant,
00:56 c'est que pendant mes questions,
00:58 vous les voyez réagir.
01:00 Ça apporte autre chose, clairement.
01:02 C'est un écran magnifique.
01:04 - C'est un portrait particulier aussi
01:06 parce qu'il est long, près de 15 minutes.
01:08 Cette heure-là, c'est assez unique à la télévision.
01:10 - Oui, c'est unique, clairement.
01:12 Je vous dis, c'est un écran formidable
01:14 parce que c'est l'interview la plus longue
01:16 de la télé, autour de 15 minutes.
01:18 La plus regardée,
01:20 autour de 4-5 millions.
01:22 Et la plus confortable, parce qu'il n'y a pas le stress du direct.
01:24 Pour obtenir des confessions,
01:26 c'est un luxe.
01:28 - Pour faire 15 minutes, vous tournez combien de temps ?
01:30 - C'est très aléatoire. Quand j'ai interviewé Emmanuel Macron,
01:32 j'ai eu droit à 17 minutes, parce qu'il n'a jamais de temps.
01:34 - Ah oui ?
01:36 - Florent Pagny, je l'ai suivi pendant un an.
01:38 Ça, c'était fabuleux.
01:40 Il m'avait appelé pour que je le suive
01:42 sur son combat contre le cancer
01:44 et sa reconstruction.
01:46 On a eu plus de temps ensemble.
01:48 - C'est un mélange entre personnes de la société civile
01:50 et célébrités.
01:52 Comment vous faites votre casting ?
01:54 - J'y vais beaucoup au feeling,
01:56 à l'intuition et à l'envie d'interviewer des gens.
01:58 Je me dis qu'après tout, j'ai ce luxe
02:00 d'avoir cette case d'interview et autant
02:02 passer du temps avec des gens qu'on a un minimum envie d'interviewer.
02:04 Et puis,
02:06 les célébrités certes,
02:08 et les anonymes qui ont un parcours de vie incroyable,
02:10 qui ont des destins hors normes
02:12 et qui nous
02:14 transportent dans d'autres vies
02:16 qu'on n'en a pas pu imaginer le plus souvent.
02:18 Je pense à Stéphane Voirain, cet homme
02:20 qui danse devant le cercueil de sa femme,
02:22 c'était sa seule interview.
02:24 C'était d'une dignité, d'une grâce absolue.
02:26 Et puis, il y a mille personnalités, on ne fait pas de politique.
02:28 J'ai eu Gabriel Attal ce week-end,
02:30 qui était dans un mode d'ailleurs
02:32 plus confession et intime.
02:34 - Gabriel Attal, évidemment,
02:36 ça a fait beaucoup parler, ça a fait d'ailleurs l'un de vos
02:38 records d'audience. Il a raconté notamment le harcèlement
02:40 qu'il a subi à l'école. Vous allez nous raconter
02:42 d'ailleurs les coulisses de cet entretien
02:44 dans un instant, juste après la session de rattrapage
02:46 du ministre de l'Humour, Jean-Luc Lemoyne.
02:48 À tout de suite sur Europe 1.
02:50 - Culture Média sur Europe 1,
02:52 Thomas Hill, ce matin avec Audrey Crespo-Marin.
02:54 - Et alors, vous avez eu l'un de vos
02:56 records d'audience la semaine dernière,
02:58 Audrey, puisque vous receviez dans 7 à 8
03:00 le ministre de l'Éducation, Gabriel Attal,
03:02 qui a raconté notamment
03:04 le harcèlement qu'il a subi, mais aussi
03:06 la difficulté qu'il a eu à
03:08 confier à son père son homosexualité.
03:10 - J'ai fini par me lancer.
03:12 Je lui ai dit "papa, je suis tombé amoureux d'un garçon".
03:16 Et là, il m'a souri.
03:18 Et il m'a dit
03:20 "ah mais c'est...
03:22 enfin, tu m'en parles.
03:24 Tout le reste n'a
03:26 aucune importance à côté de l'amour".
03:28 Il m'a dit "bon, j'espère
03:30 que je serai sorti ce week-end
03:32 de l'hôpital pour qu'il puisse venir manger
03:34 le poulet à la maison dimanche avec nous".
03:36 Il s'est endormi et...
03:38 le lendemain, il est mort.
03:42 - Donc dire que vous avez été soulagé
03:44 de la mort de votre père, à ce que prétend
03:46 l'auteur du livre, à ce qu'il écrit même...
03:48 - C'est...
03:50 c'est immonde de dire un truc pareil.
03:52 - J'imagine qu'un portrait
03:54 comme celui-là, Audrey Crespo-Maras,
03:56 c'est une longue négociation, non ?
03:58 - Alors en fait,
04:00 j'avais lu dans l'Obs un article
04:02 sur le harcèlement et j'avais vu une courte phrase
04:04 qui laissait entendre
04:06 que Gabriel Attal avait été victime de harcèlement.
04:08 Mais sans plus. Donc j'ai appelé
04:10 son conseiller en lui disant "je crois
04:12 comprendre que..." Il m'a dit "je vous rappelle".
04:14 Il m'a rappelé "Gabriel Attal veut vous voir".
04:16 Donc je suis allée au ministère, on a passé
04:18 une bonne heure ensemble où il m'a raconté effectivement
04:20 tout ce qu'il avait vécu.
04:22 Je sentais qu'il avait à la fois envie de révéler
04:24 cela, mais que ça le gênait
04:26 aussi de parler de lui.
04:28 Un poste de ministre, c'est compliqué.
04:30 Et donc j'ai laissé mûrir
04:32 sa réflexion. Enfin voilà, il a réfléchi
04:34 un petit moment et...
04:36 et ils m'ont rappelé.
04:38 Et on a fait cette interview qui n'était pas
04:40 simple.
04:42 Parce que se mettre à nu,
04:44 c'est révéler... - Il vous le dit d'ailleurs.
04:46 - ... au grand public à la fois qu'il a été harcelé,
04:48 à la fois qu'il est homosexuel.
04:50 La difficulté qu'il a eu justement à parler du harcèlement
04:52 à ses parents parce que ça impliquait
04:54 de révéler l'objet du harcèlement.
04:56 Et donc une orientation sexuelle
04:58 en pleine construction à 14-15 ans.
05:00 Ensuite, ce que vous venez
05:02 effectivement de passer à l'antenne,
05:04 la difficulté de révéler à son père
05:06 l'homosexualité parce que ce n'était pas simple.
05:08 C'était très fort et en même temps
05:10 je pense qu'au-delà de son récit,
05:12 il y avait un message universel
05:14 comme souvent dans les portraits,
05:16 qui est de dire, voilà, le pire c'est de penser
05:18 au moment où on est harcelé qu'il n'y a pas
05:20 de fin à la souffrance et il n'y a rien de pire
05:22 et c'est pour ça que certains mettent fin à leur jour, ce qui est terrible
05:24 on le voit dans l'actualité avec Nicolas,
05:26 avec l'INSEE. Et de dire, voilà,
05:28 on peut cicatriser,
05:30 on peut se relever, on peut avancer
05:32 et je crois que son engagement contre
05:34 le harcèlement scolaire
05:36 a évidemment une origine très personnelle
05:38 et on le voit bien,
05:40 beaucoup de ses forces. - J'imagine que
05:42 les thèmes de l'interview sont calés
05:44 à l'avance, vous savez, dans les grandes lignes, ce qu'il va dire ?
05:46 - Alors là, bon, moi il m'avait
05:48 parlé pendant une heure, je savais quel était le propos.
05:50 La difficulté ensuite, c'est
05:52 de lui dire, bon,
05:54 le deal, c'est qu'effectivement
05:56 le portrait c'est jeu, c'est
05:58 parler de soi, c'est quelque chose
06:00 d'intime et vous composez,
06:02 moi je compose tout le temps avec les pudeurs de l'invité
06:04 et c'est bien logique.
06:06 En revanche, l'idée
06:08 c'était vraiment qu'il témoigne de ce
06:10 qu'il avait vécu et c'était pas
06:12 une interview politique. Quand j'ai
06:14 reçu Emmanuel Macron, Marine Le Pen
06:16 dans le dimanche de l'entre-deux-tours, il y avait
06:18 une partie intime. Bon là, le timing était plus compliqué
06:20 parce qu'on était vraiment dans une course à l'élection
06:22 mais Edouard Philippe, pareil,
06:24 c'était très intime et donc, et Gabriel Attal,
06:26 encore plus forcément
06:28 puisque ce témoignage, cette révélation,
06:30 elle est tellement forte.
06:32 Je pense que moi j'ai reçu beaucoup de messages
06:34 qui révélaient, enfin qui relevaient
06:36 sa sincérité et cette
06:38 sincérité-là, elle est là quand vous parlez
06:40 de quelque chose d'intime et pas quand vous rentrez à nouveau
06:42 dans le logiciel
06:44 comme politique. - Et là,
06:46 pour ce portrait, il a fallu combien de temps de tournage du coup ?
06:48 - Une trentaine de minutes.
06:50 - Ouais, d'accord. - Pour 15 minutes.
06:52 - Parce que l'un des secrets, c'est le temps, j'imagine.
06:54 - Justement, pour que le récit
06:56 soit très fluide et puis
06:58 respecter la sincérité de ce
07:00 témoignage et ne surtout pas
07:02 être infidèle
07:06 finalement à ce qu'il m'a révélé.
07:08 - Et alors, l'un des secrets,
07:10 c'est aussi sans doute la douceur
07:12 dont vous faites preuve dans
07:14 ces interviews. Il y a deux moyens
07:16 d'obtenir des confessions. En général, c'est soit
07:18 la violence, le "rentre dedans"
07:20 ou la douceur,
07:22 la complicité. Vous, vous avez clairement
07:24 choisi plutôt cette deuxième option. - Ce n'est pas que j'ai choisi, c'est que je suis
07:26 comme ça en fait. Je pense qu'à la télé
07:28 comme à la radio, vous ne pouvez
07:30 pas jouer un personnage, vous êtes qui vous êtes.
07:32 Donc moi, je suis comme ça
07:34 et je pense par ailleurs
07:36 qu'on obtient beaucoup plus de confidences
07:38 et de choses quand
07:40 on est sincère avec l'invité et qu'on
07:42 ne le brusque pas. Parce que des confessions comme ça,
07:44 il faut faire,
07:46 comme on dit, accoucher
07:48 l'invité. C'est un peu un autre jargon
07:50 mais il faut parvenir à
07:52 obtenir ses confidences et ce n'est pas en les brusquant
07:54 je crois, que vous les obtenez.
07:56 - Ils ne doivent rien, Gabriel Attal, il n'a pas besoin de moi.
07:58 Enfin, il a une cote de popularité dingue.
08:00 Donc, il
08:02 décide de révéler quelque chose
08:04 de très intime qui n'est pas simple
08:06 et à moi de l'aider en fait
08:08 à délivrer ce témoignage.
08:10 - J'ai le souvenir d'un certain Thierry
08:12 Ardisson par exemple, qui avait d'autres techniques.
08:14 - On a deux personnalités
08:16 aux antipodes. - Oui, c'est ça.
08:18 C'est amusant. Et cette interview
08:20 a été vue par 4,4 millions
08:22 de téléspectateurs et beaucoup plus en ligne
08:24 j'imagine, parce qu'après c'est diffusé
08:26 sur les réseaux. - Oui, il y a une seconde vie aujourd'hui sur les réseaux
08:28 on le sait tous. - Et alors
08:30 ce dimanche, qui sera votre invité ?
08:32 - Ce dimanche, c'est Jacques Dutronc.
08:34 Ce sera sa seule interview télé à l'occasion
08:36 de la sortie de ses mémoires.
08:38 Donc, je suis allée le retrouver
08:40 dans son refuge corse sur les hauteurs de Monticello
08:42 qui ne quitte quasiment plus.
08:44 Alors là, c'est un autre exercice.
08:46 - C'est à voir dimanche
08:48 dans 7 à 8 sur TF1.
08:50 - Et Audrey Crespo-Mara vous présentez aussi
08:52 les journaux sur TF1. Eh bien, dans un instant
08:54 nous vous proposons d'assister au journal
08:56 des médias, de Culture Média
08:58 signé Julien Pichelet. A tout de suite sur En Repas.