• il y a 10 mois
Les syndicats enseignants appellent à la grève ce jeudi 1er février. La co-secrétaire départementale du syndicat FSU dans le Bas-Rhin, Géraldine Delaye, est invitée de France Bleu Alsace.

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00:00 Nous sommes le 1er février, on vous souhaite la bienvenue sur France Blas.
00:04 La mobilisation Théo était prévue de longue date, mais avec le remaniement, les propos polémiques d'Amélie Oudéa,
00:10 Castera et les annonces d'Emmanuel Macron pour la rentrée prochaine, les syndicats enseignants sont plus que jamais remontés.
00:16 Ils veulent faire entendre leur mal-être.
00:18 Oui, avec cette journée de grève aujourd'hui dans toute l'éducation nationale.
00:21 Bonjour Géraldine Delay, vous êtes co-secrétaire départementale du syndicat FSU.
00:27 Il y a eu le discours de politique générale de Gabriel Attal où il a parlé du choc des savoirs, il a parlé de l'uniforme, du harcèlement.
00:33 Il n'a pas eu un mot pour les conditions de travail des enseignants, c'est plutôt mal parti pour vos revendications non ?
00:39 C'est sûr qu'aujourd'hui l'AFSU appelle les enseignants à rejoindre ce mouvement pour améliorer leurs conditions de travail et améliorer les conditions salariales.
00:50 Toutes les décisions que le gouvernement veut prendre sur les groupes de niveau à partir du collège, sur les enseignements renforcés en instruction civique aussi, ça ne peut pas se faire en l'état actuel ?
01:01 Alors déjà l'AFSU est opposée au regroupement de niveau et en plus il n'y a pas les moyens pour le faire.
01:12 Le SNESFSU de Strasbourg a calculé que pour notre académie il faudrait 500 postes supplémentaires pour pouvoir mettre en place ces regroupements de niveau en 6ème et en 5ème,
01:23 en mathématiques et en français à partir de la rentrée prochaine et les dotations académiques sont de zéro.
01:29 Donc 500 postes nécessaires, zéro. Ça pose un problème.
01:34 Il y a toujours des suppressions de postes même qui sont annoncées dans l'académie ?
01:37 Alors pour le second degré il n'y en a pas, on est à zéro de dotations académiques.
01:42 Pour le premier degré effectivement il y a des suppressions de postes, 10 suppressions de postes dans le barin et 30 suppressions de postes dans le haurin,
01:49 donc pour les écoles maternelles et élémentaires de l'académie.
01:52 Et donc ça ne va pas arranger la situation des heures de cours qui ne sont pas remplacées ?
01:57 D'après le syndicat du primaire, le SMIPP, il y a même 40% des absences qui sont prévisibles mais qui ne sont pas remplacées, c'est juste parce qu'il n'y a pas assez de remplaçants ?
02:06 Tout à fait. En fait, la FSU SNUPP a la semaine dernière lancé une grande enquête en direction des écoles du barin,
02:14 en demandant aux collègues qui avaient des collègues absents, non remplacés, de se signaler.
02:20 Et sur l'ensemble de la semaine, il y a eu un tiers des écoles du barin qui ont répondu à cette enquête,
02:26 et on a constaté qu'il y avait 448 journées d'absence d'enseignants non remplacés.
02:32 Donc ça veut dire qu'il manque des postes de remplaçants, clairement,
02:37 et en supprimant encore 10 postes dans le barin à la prochaine rentrée,
02:43 c'est ça qui va permettre de créer des postes supplémentaires de remplaçants dont on manque cruellement.
02:48 Et cette situation, elle est vraie dans le primaire ? Elle est vraie aussi pour le collège et le lycée ?
02:53 Ah oui, tout à fait. Il manque aussi de nombreux enseignants remplaçants dans le second degré.
02:59 Il y a même des établissements, un collège de Strasbourg par exemple,
03:04 où un prof de sciences physiques était absent à la rentrée,
03:09 il a été absent pendant 4 mois et il n'a pas été remplacé.
03:12 Mais ça, il y a le sens d'avoir du changement, en tout cas pour le lycée avec le dispositif PACT,
03:19 qui permet à des enseignants de prendre la place d'autres enseignants lorsqu'ils sont absents.
03:24 Ce dispositif-là, il est en place depuis septembre. Est-ce qu'il tourne ?
03:29 Est-ce qu'il permet numériquement de remplacer les heures d'absence ?
03:32 Là aussi, la FSU était contre ce dispositif en dénonçant tout de suite
03:37 que ça ne répondait pas au problème du manque de remplaçants,
03:40 parce qu'effectivement, le PACT permet à des enseignants de prendre la classe de collègues absents,
03:48 mais ça n'assure pas forcément les heures dans la discipline de l'enseignant absent,
03:54 puisque un prof d'histoire ne va pas faire les heures de maths,
03:58 et donc du coup, il y a une rupture dans les apprentissages.
04:01 Et puis en plus, je vous donne cet exemple d'un collège où pendant 4 mois,
04:05 un enseignant n'a pas été remplacé.
04:07 Ce sont des remplacements sur des courtes durées,
04:11 pas forcément avec la classe, donc avec les élèves qu'on connaît,
04:15 et pas forcément dans la discipline de l'enseignant absent.
04:18 - Vous, parents qui écoutez France Bleu Alsace ce matin,
04:21 qui nous regardez sur France 3 Alsace,
04:23 vous avez des enfants et vous avez été confrontés à l'absence de ces professeurs,
04:27 vous vous êtes retrouvés devant le fait accompli peut-être.
04:29 Comment vous réagissez quand cela arrive ?
04:33 Vous vous dites encore une fois que ça arrive trop souvent,
04:36 vous le prenez avec fatalité.
04:37 Vous réagissez ce matin.
04:39 Venez nous dire aussi quand le cas arrive, comment vous vous organisez ?
04:42 0388 25 15 15, c'est Géraldine, de l'éco-secrétaire départementale de la FSU,
04:47 qui répond à vos questions. Théo Bauchet.
04:49 - Est-ce que ces absences répétées, elles traduisent aussi une fatigue des équipes enseignantes ?
04:55 - Ça c'est sûr que les conditions de travail n'ont cessé de se dégrader ces dernières années.
05:00 Les annonces du gouvernement, à la fois de mettre en place les regroupements de niveaux
05:06 qui vont avoir un impact sur l'organisation du collège et sur les enseignants,
05:12 puisqu'il n'y en a pas assez pour le mettre en place.
05:15 Et puis les suppressions de postes massifs,
05:19 qui fait qu'il n'y a pas assez de moyens humains pour l'école.
05:22 Ça a un impact sur les conditions de travail, sur la fatigue des enseignants,
05:26 et explique en partie pourquoi aussi ils sont malades.
05:30 - Mais vous demandez également des augmentations de salaires.
05:34 Alors ça, évidemment, on l'entend un petit peu partout.
05:36 Vous voyez aussi qu'il y a très peu de professions qui en bénéficient en général,
05:40 malgré les demandes adressées au gouvernement.
05:42 Est-ce que vous y croyez, à ces augmentations de salaires ?
05:45 - En tous les cas, elles sont nécessaires.
05:47 L'année dernière, le gouvernement a fait un premier pas en direction des enseignants,
05:51 en revalorisant les débuts de carrière.
05:53 Mais ce n'est pas que les débuts de carrière qu'il faut revaloriser,
05:56 c'est l'ensemble des carrières et l'ensemble des carrières des fonctionnaires de manière générale
06:01 qu'il faut revaloriser, parce que, pour le cas des enseignants,
06:04 en 10 ans, ils ont perdu 25% de leur pouvoir d'achat.
06:08 Maintenant, les annonces actuelles du gouvernement ne vont pas du tout dans ce sens,
06:12 puisqu'il a annoncé que ce serait une année blanche en termes de salaire.
06:17 - En ce moment, il y a la grogne des agriculteurs, évidemment,
06:22 qui fait que le gouvernement a lâché plusieurs choses, plusieurs mesures.
06:25 Est-ce que vous espérez pouvoir vous engouffrer dans cette brèche,
06:29 si cette journée sert à ça ?
06:31 - Écoutez, cette journée d'action a été annoncée bien avant que les agriculteurs se mobilisent.
06:37 Ils ont leurs propres revendications qui correspondent à leur champ professionnel.
06:41 Les enseignants et le monde éducatif a le sien.
06:44 Et on se dit que, vraiment, effectivement, il est temps que le gouvernement
06:47 entende les revendications que portent les organisations syndicales représentant des collègues.
06:53 - Nous finons à Strasbourg, à 7h53, retrouvée Nathalie qui nous appelle, qui nous attend.
06:58 Bonjour Nathalie.
07:00 - Bonjour, bonjour à tous. Je suis désolée, je suis très malade, j'ai presque plus de voix.
07:04 - On va faire vite alors. Bonjour Nathalie.
07:06 - On va faire économiser votre voix, parler doucement.
07:08 Nathalie, que se passe-t-il ? On s'intéresse au non-remplacement des profs.
07:12 Ce matin, c'est l'une des revendications des enseignants qui se mobilisent aujourd'hui.
07:16 Quel a été votre cas, vous, particulier ?
07:18 - Alors, moi, ma fille est 7 ans en 3e, et l'an dernier, toute sa classe de 4e,
07:22 elle n'a pas eu de prof de technologie.
07:24 On est à quelques semaines du tirage au sort des sciences pour le brevet des collèges.
07:28 Elle a un gros déficit d'enseignement en technologie.
07:31 Et on a eu beau se mobiliser, franchement, l'association des parents d'élèves du collège,
07:36 plusieurs personnes nous ont aidé à porter ce dossier, on a fait des courriers au rectorat,
07:41 on les a informés de la situation, on n'a eu aucune solution,
07:45 parce que tout simplement le vivier d'enseignants en technologie est complètement à sec.
07:49 Et il n'est pas seulement en Alsace, partout en France, on le sait.
07:52 Le métier d'enseignant est déjà très très difficile à rendre attractif,
07:57 pas seulement au niveau des conditions de salaire ou des conditions de travail,
08:01 c'est simplement qu'il n'y a plus cette espèce de reconnaissance des gens
08:04 de ce qu'apporte un enseignant aux enfants.
08:06 - Un an sans technologie, c'est incroyable !
08:09 - Et en technologie, on sait que c'est pire.
08:11 Et là, en fait, à quelques semaines du tirage au sort,
08:13 on ne sait pas si la technologie va sortir pour le brevet des collèges,
08:16 et on se retrouve avec des gamins qui sont ultra stressés,
08:20 qui ont de grosses lacunes, et même des bons élèves.
08:23 Ma fille a 17 ans de moyenne générale,
08:25 mais même des bons élèves se retrouvent avec des périodes de stress pas possibles,
08:30 parce qu'ils sentent bien que derrière, il y a des fondamentaux qu'ils n'ont pas.
08:33 - Nathalie, on va laisser Géraldine Dele répondre à vos questions, à vos préoccupations.
08:38 Restez à l'écoute, Nathalie, si vous souhaitez continuer à réagir en direct sur France Bleu Alsace.
08:42 - C'est vrai que ça fait écho à ce que vous disiez,
08:44 c'est-à-dire qu'il n'y a pas de professeur pour remplacer,
08:46 donc il y a des situations comme ça qui traînent.
08:48 Ça fait des mois que vous vous alertez sur cette situation.
08:51 Est-ce que vous recevez le soutien des parents, qu'on peut entendre là,
08:55 en général, ou même de la population en général,
08:58 parce que ça concerne aussi les enfants, les revendications que vous portez,
09:01 et pas que les profs ?
09:02 - C'est sûr qu'il y a une inquiétude des parents.
09:05 Cette dame témoigne de la discipline de technologie.
09:09 Il y a des disciplines qui sont fortement impactées.
09:12 La technologie, l'allemand, l'éco-gestion, par exemple, dans le second degré.
09:17 Et maintenant, on voit bien que même le rectorat
09:21 qui avait recruté des contractuels pour remplacer les enseignants absents,
09:25 et bien, même là, on n'arrive plus à trouver de contractuel.
09:29 Les conditions de travail et les conditions salariales
09:31 font que même des contractuels ne postulent plus pour enseigner.
09:36 - Et là, il y a les concours, les inscriptions pour les concours
09:38 qui sont terminées en décembre.
09:39 Est-ce que vous savez déjà s'il y a suffisamment de candidats ?
09:41 C'était l'inquiétude déjà l'année dernière.
09:43 - Pour le premier degré, ça dépend des académies.
09:46 Il y a certaines académies où il y a plus de postes offerts au concours que de candidats.
09:52 Ce n'est pas le cas dans le Barin pour le premier degré.
09:55 Et puis après, ça dépend des disciplines pour le second degré.
09:59 - Une dernière question, évidemment, autour de la ministre de l'Éducation nationale,
10:02 Emelie Oudéa-Castera, qui a fait des débuts qui ont déplu très fortement à la profession.
10:07 Est-ce que vous avez réussi à renouer un peu le dialogue avec elle ces dernières semaines,
10:11 à pouvoir travailler plus sereinement avec elle ?
10:13 - On verra si elle entend nos revendications et comment elle y répond.
10:17 Et puis alors là, on pourra répondre à votre question plus tard.
10:20 - Donc cette journée sera décisive.
10:21 Merci Géraldine Delay d'être venue ce matin co-secrétaire départementale du syndicat FSU dans le Barin.
10:27 Merci à vous et bonne journée.
10:28 - Merci, pareillement.

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